Comment devenir apôtre auprès de ses amis ?

De Salve Regina

Vie spirituelle
Auteur : Charles de Foucauld
Date de publication originale : mai 1912 et août 1916

Difficulté de lecture : ♦ Facile

D’une lettre à Joseph Hours, Assekrem, le 3 mai 1912

Monsieur,

Je reçois votre lettre, qui me dit, sur le besoin qu’a partout, en France comme en pays de missions, l’œuvre ecclésiastique d’être renforcée d’une œuvre laïque, des choses bien vraies – que je pense moi-même depuis longtemps… Comme vous le dites, les mondes ecclésiastiques et laïcs s’ignorent tellement que le premier ne peut donner à l’autre.
Il est certain qu’à côté des prêtres, il faut des Priscille et des Aquila, voyant ceux que le prêtre ne voit pas, pénétrant où il ne peut pénétrer, allant à ceux qui le fuient, évangélisant par un contact bienfaisant, une bonté débordante sur tous, une affection toujours prête à se donner, un bon exemple attirant ceux qui tournent le dos au prêtre et lui sont hostiles de parti pris. […]

La charité, qui est le fond de la religion (« le premier devoir est d’aimer Dieu, le deuxième, semblable au premier, est d’aimer son prochain comme soi-même »), oblige tout chrétien à aimer le prochain, c'est-à-dire tout humain, comme soi-même, et par conséquent à faire du salut du prochain, comme de son propre salut, la grande affaire de sa vie. Tout chrétien doit donc être apôtre : ce n’est pas un conseil, c’est un commandement, le commandement de la charité.

Être apôtre, par quel moyen ? Par ceux que Dieu met à sa disposition : les prêtres ont leurs supérieurs qui leur disent ce qu’ils doivent faire…Les laïcs doivent être apôtres envers tous ceux qu’ils peuvent atteindre : leurs proches et leurs amis d’abord, mais non eux seuls, la charité n’a rien d’étroit, elle embrasse tous ceux qu’embrasse le Cœur de Jésus.

Par quels moyens ? Par les meilleurs, étant donnés ceux auxquels ils s’adressent : avec tous ceux avec qui ils sont en rapport sans exception, par la bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et si chrétiennes ; avec certains sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, aimant, étant un tendre frère et priant ; avec d’autres en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent le porter ; dès qu’ils en sont à la pensée de rechercher la vérité par l’étude de la religion, en les mettant en rapport avec un prêtre très bien choisi et capable de leur faire du bien… Surtout voir en tout humain un frère.


D’une lettre à Louis Massignon, Tamanrasset, 1er août 1916

Pensez beaucoup aux autres, priez beaucoup pour les autres.
Vous dévouer au salut du prochain par les moyens en votre pouvoir, prière, bonté, exemple, etc… c’est le meilleur moyen de prouver à l’Epoux divin que vous l’aimez : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, c’est à moi que vous le faites »…
L’aumône matérielle qu’on fait à un pauvre, c’est au créateur de l’Univers qu’on la fait, le bien qu’on fait à l’âme d’un pécheur, c’est à la pureté incréée qu’on le fait… Dieu a voulu qu’il en fût ainsi pour donner à cette charité envers le prochain dont il a fait le deuxième devoir « semblable au premier » une véritable similitude avec ce premier de l’amour de Dieu… Il n’y a pas, je crois, de parole de l’Evangile qui ait fait sur moi une plus profonde impression et transformé davantage ma vie que celle-ci : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, c’est à moi que vous le faites ». Si on songe que ces paroles sont celles de la Vérité incréée, celles de la bouche qui a dit « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang », avec quelle force on est porté à chercher et à aimer Jésus dans ces « petits », ces pécheurs, ces pauvres, portant tous ses moyens matériels vers le soulagement des misères temporelles…

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