Conseils aux foyers

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Conseils aux foyers[1]

tirés des exercices spirituels de Saint Ignace

 

par l’abbé Q. Sauvonnet

 

Cette étude est motivée par le constat suivant :

- Nous faisons tous l’expérience dans notre vie quotidienne de périodes où tout nous semble facile et agréable : notre devoir d’état est alors accomplit avec délectation et promptitude. Il y a d’autres périodes où tout nous semble pesant et vain. Et tout s’en ressent.

- Ce qui se vit pour la vie quotidienne se retrouve également dans la vie spirituelle. Prier nous semble parfois facile pendant ce qu’il est coutume d’appeler la consolation, et parfois (voire trop souvent) ardu pendant les périodes de désolation.

Devant l’écueil sur lequel beaucoup s’échouent de nos jours, en raison d’un trop grand penchant à s’écouter, à régler ses actes sur ses sentiments, il nous a paru opportun de tirer quelques considérations des exercices de saint Ignace et en particulier de ses règles du discernement des esprits[2].

Ces règles sont le fruit de l’expérience d’un mystique et d’un fin connaisseur du cœur humain. Aussi pourrons-nous y puiser pour les couples des avis utiles qui les aideront à regarder plus loin que le « sensible » et les impressions.

 

1.    Façon d’agir du Bon et Mauvais Ange  avec une âme en fonction de son état de grâce

 

1 — A l’égard des personnes qui vont de péché mortel en péché mortel, la conduite ordinaire de l’ennemi est de leur proposer des plaisirs apparents, leur occupant l’imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin de les retenir et de les plonger plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés. Le Bon Esprit, au contraire, agit en elles d’une manière opposée, il excite dans leur conscience le trouble et le remords, en leur faisant sentir les reproches de la raison.

 

2 — Dans les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de leurs péchés et vont de bien en mieux dans le service de Dieu, Notre-Seigneur, le Bon et Mauvais Esprit opèrent en sens inverse de la règle précédente. Car c’est le propre du mauvais esprit de leur causer de la tristesse et des tourments de conscience, d’élever devant elles des obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d’arrêter leurs progrès dans le chemin de la vertu. Au contraire, c’est le propre du Bon Esprit de leur donner du courage et des forces, de les consoler, de leur faire répandre des larmes, de leur envoyer de bonnes inspirations et de les établir dans le calme, leur facilitant la voie et levant devant elles tous les obstacles, afin qu’elles avancent de plus en plus dans le bien.

 

Nous constatons d’abord que le Bon et le Mauvais Ange ont une façon d’agir radicalement opposée pour chacune de ces catégories. Bien plus, selon que la personne va de mal en pis ou de bien en mieux, ce n’est pas le même ange qui freine ou qui pousse.

Nous stigmatisions en introduction ceux qui sont guidés par leurs impressions et leurs sentiments. Nous comprenons ici pourquoi. En effet, celui qui chercherait à fuir la tristesse serait guidé, selon qu’il est en état de grâce ou dans le péché, tantôt par le Bon Ange, tantôt par le Mauvais. En effet c’est le Bon qui cause le trouble dans la conscience du pécheur, alors que c’est le mauvais qui le cause dans l’âme en état de grâce. Il ne faut donc pas se focaliser sur le sentiment, mais plutôt regarder objectivement l’état de son âme pour alors déterminer qui cause cette tristesse.

Ce faisant nous pourrons y voir plus clair. En effet nous pouvons savoir que nous faisons de notre mieux pour servir notre Seigneur et Bien-aimé Jésus par des confessions et communions régulières, par notre devoir d’état accompli avec sérieux. Que surviennent ces troubles et obstacles à notre progrès,  et nous saurons non seulement qui en est la cause, mais de surcroît que nous sommes sur bonne voie.

Reprenons l’énumération que saint Ignace nous donne des obstacles du malin :

1. La tristesse.

2. Tourments de conscience. Le Père Louis Lallemant, le célèbre jésuite, disait pour illustrer ce que peuvent être ces tourments de conscience : " Toute proposition conditionnelle qui trouble vient du démon ". (Une proposition qui commence par un si ou un conditionnel : Qui sait si ? Qui sait si je me suis bien confessé ? … si j’ai la vocation ? … si je pourrai persévérer, etc.)

3. Les obstacles : Contre-temps, maladie et surtout le découragement.

4. Le trouble qui accompagne souvent la tristesse.

5. Les raisonnements faux, voisins eux des tourments de conscience.

 

2.    Attitude à avoir lors des désolations et des consolations

 

5 — Il importe, au temps de la désolation, de ne faire aucun changement, mais de demeurer ferme et constant dans ses résolutions et dans la détermination où l’on était avant la désolation, ou au temps même de la consolation. Car, comme ordinairement c’est le Bon Esprit qui nous guide et nous conseille dans la consolation ; ainsi dans la désolation est-ce le mauvais esprit, sous l’inspiration duquel nous ne pouvons prendre un chemin qui nous conduise à une bonne fin.

 

L’expérience prouve que nous regrettons souvent les décisions prises dans les périodes de trouble. Une colère, un mot malheureux qui a dépassé notre pensée… Quand tout va mal et que nous ne sommes pas en état de réfléchir sereinement, alors il faut ne rien faire à moins d’avoir pros conseil auprès de quelqu’un de bon conseil. Dans tout ce qui touche la vie spirituelle, cette personne sera évidemment le directeur spirituel.

Selon cette règle, celui qui, par exemple, a pris comme résolution de réciter son chapelet ne décidera pas, tout à coup, d’arrêter, parce qu’il n’y trouve plus goût ou qu’il croit perdre son temps, en raison de distractions continuelles.

Les couples, qui se séparent parce que plus rien ne va, illustrent également cette règle : la décision malheureuse de se séparer est à chaque fois prise au moment où tout va le plus mal… Relisons saint Ignace : « ainsi dans la désolation est-ce le mauvais esprit, sous l’inspiration duquel nous ne pouvons prendre un chemin qui nous conduise à une bonne fin. »

 

6 — Quoique nous devions jamais changer nos résolutions au temps de la désolation, il est cependant très utile de nous changer courageusement nous-mêmes, je veux dire notre manière d’agir, et de la diriger toute entière contre les attaques de la désolation. Ainsi, il convient de donner plus de temps à la prière, de méditer avec plus d’attention, d’examiner plus sérieusement notre conscience, et de nous adonner davantage aux exercices convenables de pénitence.

 

Cette règle est LA règle d’or, à savoir : la contre-attaque. Il nous faut prendre le contre-pied de ce que le Mauvais Ange nous inspire. Pour ce faire reprenons ce que saint Ignace nous dit :

1.     La prière. Nous ne saurions trop insister sur l’efficacité de la prière.

2.     La méditation.

3.     Les examens fervents de conscience (souvent le démon nous fait croire que nous avons péché alors que non seulement nous n’avons pas consenti mais nous avons gagné des mérites en réagissant. Et s’il y a eu faute, l’examen nous donne confiance, en nous faisant remercier Dieu et nous obtient son pardon par l’acte de contrition et de fermes propos).

4.     Un peu de pénitence… Quelques petites pénitences chassent le démon, par exemples trois Ave Maria les doigts sous les genoux, ou une dizaine de chapelet les bras en croix, ou une petite mortification de gourmandise. Le démon craint cela. Saint Benoît, un jour, eut une tentation terrible de la chair dont il n’arrivait pas à se débarrasser. Ôtant son habit, il se roula dans un de ces buissons d’épines très piquantes. Son corps était plein de sang. Mais tous les démons avaient fui. Nous avons là un grand principe de conduite pour vaincre le démon.

D’après cette règle, quand une personne nous insupporte particulièrement, il nous faut agir à son endroit avec encore plus de délicatesse et de patience. La petite Thérèse nous donne l’exemple d’une telle attitude dans sa vie. Les applications quotidiennes d’un tel conseil sont nombreuses.

 

10 — Que celui qui est dans la consolation pense comment il se comportera au temps de la désolation et qu’il fasse dès lors provision de courage pour le moment de l’épreuve.

 

C’est une certitude, nous aurons après des moments de consolations où tout nous semble facile des périodes beaucoup plus difficiles. En être bien persuadé permet de savourer les périodes faciles et surtout de pas fléchir au moment de l’orage. Si l’orage doit venir, il sera lui-même suivi de l’éclaircie. Saint Ignace nous exhorte avec raison à la patience :

 

8 — Que celui qui est dans la désolation travaille à se conserver dans la patience, vertu directement opposée aux attaques qui lui surviennent, et qu’il emploie, comme nous l’avons dit dans la sixième règle, les moyens nécessaires pour vaincre la désolation.

 

Saint Ignace résume tout cela par une comparaison qu’en la circonstance nous ne pouvons que citer :

 

12 — Notre ennemi ressemble à une femme ; il en a la faiblesse et l’opiniâtreté. C’est le propre d’une femme, lorsqu’elle se dispute avec un homme, de perdre courage et de prendre la fuite aussitôt que celui-ci lui montre un visage ferme ; l’homme au contraire, commence-t-il à craindre et à reculer, la colère, la vengeance et la férocité de cette femme s'accroissent et n’ont plus de mesure. De même c’est le propre de l’ennemi de faiblir, de perdre courage et de prendre la fuite avec ses tentations, quand la personne qui s’exerce aux choses spirituelles montre beaucoup de fermeté contre le tentateur, et fait diamétralement le contraire de ce qui lui est suggéré. Au contraire, si la personne qui est tentée commence à craindre et à supporter l’attaque avec moins de courage, il n’est point bête féroce sur la terre dont la cruauté égale la malice infernale avec laquelle cet ennemi de la nature humaine s’attache à poursuivre ses perfides desseins[3].

3.    Les tentations sous apparence de bien

 

4² – C’est le propre de l’ange mauvais, lorsqu’il se transforme en " ange de lumière ", d’entrer d’abord dans les sentiments de l’âme pieuse, et de finir par lui inspirer les siens propres. Ainsi, il commence par suggérer à cette âme des pensées bonnes et saintes, conforme à ses dispositions vertueuses ; mais bientôt, peu à peu, il tâche de l’attirer dans ses pièges secrets, et de la faire consentir à ses coupables desseins.

Le démon est arrivé à tromper plusieurs fois le curé d’Ars. Comment auriez-vous fait, vous, si vous aviez voulu tromper le curé d’Ars ? Probablement vous lui auriez envoyé une idée de péché. Pensez-vous ! Le curé d’Ars ne l’aurait pas suivi. Le démon est plus fin que cela. Il a regardé de près les vertus du curé d’Ars : sa haine du péché, son amour de la pénitence, son amour de l’oraison. Et voici ce qu’il lui suggéra :

— Va à la Trappe pleurer tes péchés. Va faire de longues pénitences, va mener la vie contemplative !…

Et le curé d’Ars se laissa tromper et cela au moins deux fois.

 

Comment cela peut-il se présenter pour une personne ordinaire ? Le Mauvais Ange peut inspirer à quelqu’un le goût voire l’obsession de l’oraison ; cela est en premier lieu bon. Mais quand il laisse entendre à une mère de famille de préférer l’oraison au soin des enfants, nous sommes alors dans le cas d’une tentation sous apparence de bien. L’attitude à suivre nous est donnée dans la règle suivante :

 

5² – Nous devons examiner avec un grand soin la suite et la marche de nos pensées. Si le commencement, le milieu et la fin, tout en elles est bon et tendant purement au bien, c’est une preuve qu’elles viennent du Bon Ange. Mais si dans la suite des pensées qui nous sont suggérées, il finit par s’y rencontrer quelque chose de mauvais… ou de dissipant… ou de moins bon que ce que nous nous étions proposés de faire… ou si ces pensées affaiblissent notre âme, l’inquiètent, la troublent, en lui ôtant la paix, la tranquillité dont elle jouissait d’abord, c’est une marque évidente qu’elles procèdent du mauvais esprit, ennemi de notre avancement et de notre salut éternel[4].

Un bon moyen pour découvrir la ruse du malin est de tout confier à une personne prudente, ou pour les foyers au conjoint. En effet, on constate souvent que des idées fausses finissent par s’imposer comme des vérités parce qu’on a ruminé de telles idées pendant trop longtemps. Écoutons saint Ignace :

 

13 — Sa conduite est encore celle d’un séducteur ; il demande le secret et ne redoute rien tant que d’être découvert. Un séducteur qui sollicite la fille d’un père honnête ou la femme d’un homme d’honneur, veut que ses discours et ses insinuations restent secrets. Il craint vivement, au contraire, que la fille découvre à son père ou la femme à son mari, ses paroles trompeuses et son intention perverse ; il comprend facilement qu’il ne pourrait réussir dans ses coupables desseins. De même, quand l’ennemi de la nature humaine veut tromper une âme juste par ses ruses et ses artifices, il désire, il veut qu’elle l’écoute et qu’elle garde le secret. Mais si cette âme découvre tout à un confesseur éclairé ou à une autre personne spirituelle qui connaisse les tromperies et les ruses de l’ennemi, il en reçoit un grand déplaisir ; car il sait que toute sa malice demeurera impuissante, du moment où ses tentatives seront découvertes et mises au grand jour.

 

 

Si vous voulez juger de la vérité, de la bonté et de l’opportunité d’une pensée, voici deux conseils :

- Imaginez-vous la conseiller à un de vos enfants : ainsi si la conclusion est aberrante, cela vous apparaîtra mieux.

- Ou encore, projetez-vous au jugement dernier devant tous les hommes. Assumeriez vous alors une telle pensée…

 

4.    La façon pour chaque Ange d’agir sur notre âme

 

7² — Le Bon Ange a coutume de toucher doucement, légèrement, suavement l’âme de ceux qui font chaque jour des progrès dans la vertu ; c’est pour ainsi dire, une goutte d’eau qui pénètre une éponge. Le mauvais ange, au contraire, la touche durement, avec bruit et agitation, comme l’eau qui tombe sur la pierre. Quant à ceux qui vont de mal en pis, les mêmes esprits agissent sur eux d’une manière opposée. La cause de cette diversité est dans la disposition même de l’âme qui est au contraire ou semblable à la leur. Si elle est contraire, ils entrent avec bruit et commotion ; on sent facilement leur présence. Si elle est semblable, ils entrent paisiblement et en silence, comme dans une maison qui leur appartient et dont la porte leur est ouverte.

 

Retenons juste de cette règle, pour nous qui cherchons à bien servir notre Seigneur, que toutes ces pensées – sur des sujets souvent honnêtes et louables – qui surgissent dans notre esprit de façon bruyante et obsédante ne proviennent pas, a priori, du Bon Dieu. Cela est encore plus vrai quand cela a lieu pendant la prière.

Ainsi au moment de la consécration, une inquiétude soudaine, concernant un des enfants ou plus prosaïquement le rôti qui risque d’être trop cuit, n’a certainement pas le Bon Ange comme auteur. Ou bien ces pensées récurrentes qui nous impèrent de dire nos quatre vérités à un conjoint passablement irritant avec « cette » mauvaise habitude, n’a pas Dieu pour auteur. (Ici l’agacement peut avoir un fondement, souvent même ; mais nous voulons juste souligner que parler dans de telles circonstances, comme il est probable que c’est le mauvais esprit qui nous y pousse, sera désastreux).

 

5.    conclusion

« Je puis tout en Celui qui me fortifie » nous dit saint Paul. Vivons de l’abandon à la divine miséricorde, conscients que si le Bon Dieu nous envoie des croix, il nous donne aussi des épaules pour les porter.

Enfin sachons discerner quel Esprit nous inspire, pour ne pas agir au gré de nos passions et de nos sentiments.


[1] Si ces conseils s’adresse ici aux foyers, c’est en raison des circonstances qui les ont motivées. Toute personne, quel que soit son état de vie, pourra en tiré profit.[2] Par discernement des esprits, il faut entendre l’art de déterminer, dans les pensées qui surgissent dans notre esprit, celles qui ont Dieu ou le bon Ange comme auteur et celles qui ont le mauvais ange comme inspirateur.[3] Voici comment les saints confirment cette remarque :

Saint Augustin a un mot célèbre qui résume le jeu du démon : Latrare potest, mordere non potest, nisi volentem, " Aboyer, il le peut, mais mordre il ne le peut pas, à moins qu’on ne veuille se faire mordre ".

Saint Vincent de Paul est devenu saint Vincent de Paul grâce aux Exercices qu’il fit en 1611. Cela, on ne le sait pas assez et, depuis, il les propagea toujours dans toutes ses maisons. Lui-même les faisait deux fois par an, de quinze jours chaque fois. Il fut sauvé d’une tentation grâce à cette règle. Il y avait à Paris un jeune professeur de philosophie en train de perdre la foi. L’abbé Vincent demanda à Dieu de délivrer ce professeur de ses tentations et d’envoyer ces tentations à lui-même. C’est qu’il fût exaucé ! Et tout prêtre, tout saint qu’il était, il eut des tentations contre la foi les plus terribles qui soient. A tous moments, disant la messe, prêchant, faisant oraison, s’occupant des pauvres, toutes les impostures que le démon peut inventer contre la foi lui venaient continuellement à l’esprit. " Tu n’es pas loyal, il n’y a pas de Dieu, le Seigneur n’est pas dans l’Eucharistie, tu racontes des histoires ". Que faire ? Devait-il aller chercher son livre de théologie pour voir s’il avait bien étudié toutes ces preuves ? Il serait devenu fou, car le démon est méchant. Voici ce qu’il fit : il appliqua cette règle. Il écrivit un acte de foi avec des paroles très ardentes demandant à Dieu de mourir martyr pour la foi. Il signa son papier, il l’épingla sur son cœur et convint : chaque fois qu’il mettrait la main sur son cœur cela voulait dire qu’il répétait à Dieu son offrande de mourir martyr pour la foi. A tous moments donc, disant la messe, prêchant, faisant le bien : les tentations : " ce n’est pas vrai, tu es un menteur, etc. " Mais que faisait saint Vincent ? Il posait sa main sur son cœur faisant des milliers de fois, un acte sublime, héroïque. Le démon, voyant que toutes ces tentations ne le poussaient pas à pécher mais plutôt à faire des actes héroïques, finit par le laisser.[4] Voici comment cela est confirmé dans la vie de saints :

Madeleine de la Croix qui au début du siècle de sainte Thérèse avait trompé toute l’Espagne : s’élevant en l’air, l’hostie partant des mains du prêtre venait se poser sur sa langue, à certains jours elle avait des stigmates, des sueurs de sang, elle annonça que François 1er avait été battu à Pavie et s’était constitué prisonnier des soldats espagnols (il n’y avait pas encore de télégraphe à l’époque). D’où enthousiasme. Peuple, curés, évêques, empereur, impératrice, tout le monde la vénérait et venait la consulter.

Un visiteur apostolique envoyé par Rome, entré dans la clôture fut choqué par des petits riens. Il fit parler chacune des sœurs, et surtout la Mère abbesse, Madeleine de la Croix, qui finit par lui avouer qu’étant jeune bergère, elle avait donné son âme au démon afin qu’il lui fasse faire des prodiges. Et la chose durait depuis trente ans. A remarquer que ces pseudo-miracles n’étaient que des prodiges. Un démon peut très bien porter l’hostie, venir en un clin d’œil de Pavie à Cordoue, élever quelqu’un, ou la faire saigner, etc.

 

Il y avait en ce même siècle, à Rome, une religieuse que l’on disait sainte et faisait des miracles (des prodiges). Les cardinaux eux-mêmes n’étaient pas d’accord sur l’origine de ces faits extraordinaires. Ils prièrent donc saint Philippe de Néri d’aller voir.

Philippe va au couvent, sonne, et, brutalement :

— Pardon ma Sœur, je venait voir la sainte.

Et l’autre toute heureuse :

— C’est moi !

Ce fait suffisait. Philippe repartit, fixé sur la sainteté et l’origine des prodiges de la " sainte " religieuse.

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