Cours d'apologétique : Différence entre versions

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Apologétique
Auteur : Abbé Pierre-Henri Gouy
Source : Cours d’Apologétique
Date de publication originale : 1999

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen
Remarque particulière : Cours pour lycéens, donné à Lyon, durant l'année 1999-2000

Sommaire

Introduction à l’Apologétique

Après nous être intéressés pendant plusieurs années à la religion à l’aide de ce que Dieu nous disait (par les Ecritures ou bien son Eglise), voilà le moment venu de découvrir Dieu d’une autre manière.


Objet : L’apologétique a pour but de justifier et de défendre la Foi révélée. Cette matière trouve sa nécessité pour l’incroyant (afin de l’amener à la foi par des preambula fidei) et pour le croyant (afin de le conforter dans ses croyances). L’objet est donc double : démontrer la crédibilité et l’obligation de la foi catholique (positif) & réfuter les objections adverses (négatif).


Définition : c’est la science qui procède de la raison afin de démontrer la crédibilité des vérités de foi révélées. Elle diffère donc de la Théologie qui est la science de Dieu procédant de l’autorité Révélation. Ultimement, l’apologétique aidera le non-croyant voire le non-catholique à trouver le vrai sens de la vie et la vraie religion avant même que la foi les lui indique.


Pour poser un acte de foi qui est l’acceptation d’un enseignement divin par soumission à l’autorité de la parole divine, il faut des motifs de crédibilité. L’apologétique donnera ces motifs préliminaires et nécessaires.

L’intelligence accepte une chose soit parce que quelqu’un digne de foi affirme cette chose, soit parce qu’elle la constate ou la démontre à l’aide de la science.

Pour croire il faut donc savoir. L’acte de foi est raisonnable.


Conditions nécessaires : avoir l’amour de la vérité & être de bonne volonté, générosité !


Les sources sont donc naturelles : les faits historiques & la raison.


La méthode : elle est soit régressive (en remontant de l’œuvre à son auteur: Cf. Premier Concile du Vatican en 1870 : « L’Eglise est d’elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfragable de sa mission divine ») soit progressive (allant de la cause à l’effet: « elle nous conduit successivement de l’idée de Dieu à celle de la religion, de la religion naturelle à la religion révélée, de là à Jésus-Christ, de sa personne à son œuvre, l’Eglise qu’Il a fondée, et à sa mission qu’Il lui a donné à remplir dans le monde »). Remarquons que cette apologétique est scientifique (démonstrative) et non pratique immédiatement (psychologique) : elle exprime la convenance qu’il y a entre la nature et la religion chrétienne.


Division de l’apologétique : La Révélation (Dieu, l’homme, leurs rapports) & l’Eglise (fondation et extension).

Remarque : Toutes les vérités de foi ne sont pas prouvables par l’apologétique… (cf. Modernisme).

Scholion : quels sont les motifs de l’incroyance ?

- L’ignorance, des motifs de la foi (pourquoi croire), des vérités de la foi (ce qu’il faut croire); elle est due aux circonstances défavorables, à la négligence, à la paresse et au laïcisme.

- les préjugés, et les erreurs, i.e. regarder toutes les idées comme égales, commes vraies, ce qui aboutit à diminuer la valeur de certaines.

- La mauvaise foi et l’amour propre,

- L’orgueil, de ce monde blasé

- Les préoccupations, et l’attachement aux richesses; le monde matérialiste. Ainsi que la corruption des cœurs (‘‘bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu’’).

- Le refus de la grâce, supposée par la foi.


En définitive, l’Apologétique nous permettra de montrer par la raison que :

- Il y a un Dieu et l’homme doit avoir une religion;

- Une religion révélée est possible;

- Le christianisme est une religion divine, car Jésus-Christ son auteur est un envoyé de Dieu et Dieu lui-même;

- Le christianisme ne se trouve complet et pur que dans l’Eglise catholique, la seule fondée par Jésus-Christ.


+


Les Preuves de l’Existence de Dieu

Introduction :

La question de l’existence de Dieu requiert de la part de celui qui se la pose un minimum d’effort de réflexion. Et si les prémisses de la réponse sont à la portée de tout un chacun, une réponse solidement charpentée afin de répondre aux objections parfois judicieuses de nos détracteurs demande à la fois de bien poser le problème et d’épuiser les bonnes solutions parmi les mauvaises.


Plan :

Après un préambule survolant quelques points techniques concernant la question de la certitude, nous nous poserons deux questions générales : l’existence de Dieu est-elle (vraiment) évidente et est-elle (vraiment) démontrable ? Nous développerons alors les preuves, distinguant les bonnes des mauvaises avant de terminer sur la question de l’athéisme.


Préambule : La certitude

L’esprit de l’homme peut-il connaître la réalité des choses et arriver à la certitude objective ? Que vaut la ‘‘raison’’ comme instrument ?


INotion :

C’est l’état d’esprit qui à l’intime persuasion de se trouver d’accord avec la vérité; elle s’oppose au doute et à l’opinion. Et si elle n’admet pas de degré, elle se conçoit selon divers ordres ou espèces.

1/ selon la nature des vérités atteintes :

- La certitude métaphysique (le tout est plus grand que la partie);

- La certitude physique (les corps tombent vers le centre de la terre);

- La certitude morale (les vérités historiques ou religieuses).

2/ selon le mode connaissance :

- La certitude immédiate, intuitive ou directe (le tout est plus grand que la partie);

- La certitude médiate, discursive ou indirecte (la somme des angles d’un triangle est égale à deux droits).

3/ selon l’évidence :

- La certitude intrinsèque à l’objet (la science);

- La certitude extrinsèque à l’objet (l’histoire).

Le critérium de la vérité (signe qui permet de déterminer qu’une chose est vraie) ne peut être que l’évidence (le consentement universel, la révélation divine ou même le sentiment sont insuffisants). L’évidence apporte une telle clarté à l’esprit qu’elle constitue une contrainte pour notre conscience.


IILes fausses solutions :

Selon certains, il est impossible de connaître la vérité ! Ce sont les sceptiques, les criticistes, les positivistes et les intuitionnistes niant, voire dépréciant, la valeur de la raison.


1/ Le scepticisme : l’homme est incapable de discerner le vrai du faux.

Motifs invoqués : l’ignorance (nous savons le tout de rien !), l’erreur (errare humanum est; on ne sait pas toujours où se trouve l’erreur), la contradiction (désaccord entre les hommes; la vérité change selon l’espace et le temps), le diallèle (cercle vicieux; la raison ne peut prouver sa propre infaillibilité).

2/ Le criticisme kantien : les jugements se conforment aux lois de notre esprit et non de l’expérience. Les objets ne sont que ce que notre esprit les fait être. Ainsi, n’atteignant que nos idées, il faut effectuer la critique de nos facultés de connaître et la raison ne peut avoir aucune connaissance de l’être en soi.

3/ Le positivisme : l’esprit ne peut atteindre que les vérités de l’ordre expérimental et l’absolu ne peut donc pas être connu.

4/ L’intuitionnisme bergsonien, dont le modernisme a adopté le système philosophique pour son apologétique.


IIILa vraie solution :

C’est le ‘‘dogmatisme’’ qui affirme que l’esprit peut atteindre les choses avec certitude et que cette certitude correspond à la réalité des choses. Voyons pourquoi.

ALa fausseté des systèmes opposés :

Contre les sceptiques : ne savoir le tout de rien n’implique pas ne rien savoir. Et découvrir ses propres erreurs en est la preuve. Et le diallèle invoqué vaut également pour eux.

Contre les criticistes kantiens : il faut affirmer que les principes de causalité sont déductible de l’expérience.

BL’intuition immédiate de la vérité objective :

Ce sont les premiers principes (dit de non-contradiction par exemple).

CLe sens commun :

Les théories issues de l’expérience lui sont en étroit rapport.

Remarque : la raison a sa valeur mais aussi ses limites. Nous aurions un esprit et nous nous tromperions sans cesse ? En fait, il faut dire que la science peut - en dépassant les phénomènes de l’expérience - atteindre l’être en soi, même si la raison a des limites.

IVLa certitude religieuse :

Les vérités religieuses sont plutôt d’ordre moral n’étant pas ou peu fondées sur l’expérience. La vérité est connue non par le sentiment ou la volonté mais par la raison même si la volonté prépare l’esprit à être éclairé et aide à accepter la vérité parfois difficile.

Le syllogisme - technique logique de raisonnement - sera donc insuffisant (s’adressant seulement à l’intelligence). En effet, on ne croit pas pour des motifs intellectuels mais parce que qu’il y a la Grâce et la volonté.


Scholion : Le syllogisme.

C’est un outil de la philosophie scolastique (c’est-à-dire du moyen-âge). Il est de nos jours occulté par il véhicule par sa puissance jusqu’au terme de la vérité niée pas beaucoup !

Il comporte une majeure (M)- une loi en générale, un principe, une mineure (m) - concernant l’exemple concret, un fait, et une conclusion (Ccl), tirée des prémisses.

Ex : Tous les hommes sont mortels; Socrates est un homme; Donc Socrates est mortel.

Notons cependant que certains syllogismes peuvent être faux s’ils sont mal posés.


L’Existence de Dieu est-elle évidente ?

Notion

Posons les termes : existence - évidence - Dieu.

Cette évidence de Dieu est - si elle se vérifie - une preuve en elle-même. C’est l’existence de Dieu tirée de sa notion même. Cette évidence de l’existence de Dieu est affirmée par des grands noms de la pensée : saint Anselme (au xième siècle), saint Bonaventure (au xiiiè siècle), Duns Scot (au xiiiè siècle), puis Descartes, Leibniz et Spinoza (au xviiè siècle).

Cette preuve est une preuve dite à quasi priori (ou a simultaneo) [Car elle conclut à l’existence de Dieu non à partir des effets mais par l’analyse du concept] ou ontologique [Car Kant l’opposera aux preuves basées sur l’expérience].

Sans plus attendre, disons que cette évidence est rejetée par le Docteur angélique Saint Thomas d’Aquin toutes les fois qu’il l’envisage cette preuve ‘‘pour nous’’.


Qu’est-ce qui est connu par soi ?

Par exemple, si on sait ce qu’est le tout, ce qu’est la partie, alors on sait que le tout est plus grand que la partie.

Et voici le raisonnement qui veut prouver l’évidence de Dieu :


Dieu est « un être tel qu’on ne peut s’en représenter de plus grand ». Un tel être existe dans l’intelligence de tout le monde; (Essayons de nous imaginer un tel être). (M)

Or, et là c’est subtil, ce qui est dans l’intelligence, c’est-à-dire cet être tel qu’on ne puisse en imaginer de plus grand, doit exister dans la réalité, car sinon, rien ne nous empêcherait d’en imaginer un de plus grand encore (m) qui lui existerait dans la réalité (car comparé avec celui qui n’existe pas, celui qui existe lui est plus grand : il a l’existence en plus);

Donc, cet être imaginé existe dans la réalité ! (Ccl).


Critique de l’argument :

Il y a là une confusion entre l’évident en soi et l’évident pour nous. En soi, et absolument parlant, l’existence de Dieu est connue. En effet, dire ‘‘Dieu est’’ est évident puisque le significat du mot Dieu est l’être même (Pour Dieu dire ‘‘est-il ?’’ et ‘‘qu’est-il ?’’ est la même chose). Le problème, c’est que la réalité de Dieu ne peut en fait être conçue par notre esprit (Dieu étant si grand). Donc, pour nous, Il n’est pas évident. Car, tout d’abord, il faut constater que beaucoup se sont trompés sur ce qu’était Dieu (les mythologies grecques par exemple). Puis, ce n’est pas parce qu’on pense un être qu’il existe nécessairement dans la réalité. C’est là le problème majeur.

C’est là où s’applique la rigueur de la logique. Car d’après les règles du syllogisme, en admettant que l’existence soit un attribut (ce qui est déjà douteux), l’attribut doit être de même nature que le sujet. Or, quand j’affirme que l’idée d’être parfait implique l’existence de cet être, il s’agit de l’être parfait conçu par mon intelligence; l’attribut que je lui donne (l’existence) appartient à l’être idéal conçu par moi et non à un être réél. Tout demeure dans l’ordre de l’hypothèse.


Remarquons malgré tout que cet argument de saint Anselme a l’avantage non pas d’amener l’homme à la foi, car cet argument part du principe que l’homme a déjà en lui cette idée de Dieu, mais de le conforter dans sa foi.


L’Existence de Dieu est-elle démontrable ?

Ceux qui affirment que Dieu ne peut nous être connu que par la foi nient sa démontrabilité. Ils affirment cela car leurs arguments ne peuvent y parvenir (déficience) ou bien parce que l’existence (Dieu est-il ?) et l’essence (Qu’est ce Dieu ?) étant une seule et même chose, ne pouvant connaître totalement ce qu’est Dieu, on ne pourrait savoir s’Il existe ! Et a fortiori si on ne peut connaître que par le sensible !


Peut-on démontrer Théisme.
l’existence Erreurs Matérialisme.
de Dieu ? Agnosticisme.
Comment peut-on Ontologisme et Intuitionnisme.
démontrer l’existence Erreurs Fidéisme et Traditionalisme.
de Dieu ? Criticisme.
Modernisme.

L’autorité:

Même si l’Ecriture Sainte ne constitue pas une autorité en apologétique, elle nous éclaire sur la conclusion puisque raison et foi ne peuvent s’opposer. Cf. Rom.I : 18 En effet, la colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui tiennent la vérité captive dans l’injustice; 19 car ce qu’on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste: Dieu en effet le leur a manifesté. 20 Ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu’ils sont inexcusables;

Ainsi, le Concile Vatican I dira dans la Constitution De Fide « Notre Mère la Saint Eglise tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude, en partant des choses créées, par la lumière naturelle de notre raison humaine. En effet, ses perfections invisibles, depuis la création du monde, sont rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres ».

L’Existence de Dieu est démontrable :

Si les matérialistes nient sa démontrabilité, les théistes l’affirment. Mais les deux se trompent. Les premiers affirmant au départ que Dieu n’existant pas, Il ne peut être démontré… De plus, selon eux, la matière éternelle et douée d’énergie se suffit à elle-même.

Ce n’est pas très scientifique. Les seconds se trompent sur les arguments. Enfin, les agnostiques déclarent que l’existence de Dieu est du domaine de l’inconnaissable, car il est au-delà de l’expérience.


Comment démontrer l’existence de Dieu ?

Par la raison, le sentiment et la conscience, même si on peut toujours arriver à Dieu par la foi seule.

Le fondement, comme nous le verrons, est le principe de causalité.

Pour les intuitionnistes {Bergson} et les ontologistes {Malebranche}, Dieu n’est pas démontrable par la raison. Ce n’est même pas nécessaire selon eux puisque nous avons l’idée innée de Dieu ou bien son intuition directe.

Pour les fidéistes et les traditionalistes {Joseph de Maistre, Lamennais}, Dieu est inconnaissable par la raison.

Pour les criticistes {Kant}, la raison théorique est incapable de prouver Dieu et seule la raison pratique, sous le motif d’un postulat moral, permet d’exiger l’existence de Dieu [Sans Dieu, tout est permis].

Enfin, pour les modernistes {Loisy}, seule l’expérience individuelle a valeur de preuve. Le cœur découvre Dieu. C’est l’expérience religieuse qui tient lieu de tout. C’est tout à fait ce que nous entendons aujoud’hui. Remarquons que si l’Eglise a condamné la théorie moderniste de l’immanence c’est parce qu’elle établit que nos raisons de croire se fondent sur la seule présence de Dieu dans l’âme.


Les Preuves de l’Existence de Dieu

Le principe général est le suivant : Il n’y a pas d’effet sans cause proportionnée. Ou encore, du plus ne peut sortir du moins. Tous les arguments sont tirés de l’étude de l’univers et de l’humanité. (Ils sont donc à posteriori, quia, et non à priori, propter quid). On conclura qu’il existe un Dieu, acte pur, nécessaire, cause première & parfait.


Les différentes classifications des preuves

Saint Thomas :

La classification adoptée par Saint Thomas d’Aquin qui part de l’observation du monde qui l’entoure est la suivante :

Nous voyons qu’il y a des choses qui sont mues,

des êtres qui sont causés par d’autres,

des choses qui peuvent être et ne pas être,

des créatures qui sont plus ou moins parfaites,

des êtres dépourvus d’intelligence qui sont conformes à leur fin.

Or,tout être mû ne s’explique que par l’immobile [argument du premier moteur];

tout être causé par une cause première [argument des causes efficientes];

tout être contingent par l’être nécessaire [argument de la contingence];

tout être imparfait par l’être parfait [argument des degrés d’être];

tout être ordonné par un ordonnateur [argument tiré de l’ordre du monde].


La classification courante :

La classification la plus courante se fonde sur la nature du fait de départ : nous avons les preuves physiques, métaphysiques et morales. Notons que de cette manière, les preuves se recoupent un peu entre elles, et l’argument de l’évidence peut constituer une ‘‘preuve’’.


La meilleure classification :

La meilleure classification semble donc de distinguer les preuves entre celles tirées du monde extérieur (regroupant les cinq Voies de Saint Thomas), de l’âme humaine puis du consentement universel. Nous l’adopterons. En effet, nous observons dans le monde qui nous entoure trois choses : son existence, son mouvement et l’ordre qui y règne.


Les preuves tirées du monde extérieur

Ce sont les preuves cosmologiques ou physiques.

Préliminaire:

- L’acte est antérieur à la puissance;

- La passage de la puissance à l’acte requiert un être en acte.


Première preuve : l’être créé comme causé et contingent.

L’existence d’un monde contingent ne s’explique pas sans Dieu. (Il s’agit des Deuxième, Troisième et Quatrième Voies de Saint Thomas d’Aquin).

Syllogisme:
M : Les causes secondes supposent une cause première et les êtres contingents supposent un être nécessaire. ===== Une cause seconde est à la fois cause et effet. Un être contingent est celui qui n’a pas en soi la raison de son existence et qui pourrait ne pas être. Mais seconde et contingente signifient la même chose. Seul le point de vue diffère.De plus, il n’est pas possible de remonter les êtres contingents à l’infini: il faut arriver à un être existant par la nécessité de son essence. =====


m : Or, il n’y a dans le monde que des causes secondes et des êtres contingents. ===== La matière brute peut très bien ne pas exister. Toute créature peut nous dire ce qu’elle est, si elle existe, mais pas le fait de son existence. =====


C : Donc, le monde suppose une cause première et un être nécessaire, Dieu. ===== Cet être nécessaire n’est ni la collection des êtres nécessaires, ni le devenir (passage de la puissance à l’acte) et encore moins une substance commune à tous les êtres (qui serait alors sujet et non cause du devenir) [contre le panthéisme].Remarquons qu’ici, à la différence de l’argument ontologique qui affirme qu’un être parfait est nécessaire, nous concluons qu’un être nécessaire est parfait. =====


Objections :

Donner le syllogisme comme suit : Tout ce qui a commencé d’exister n’existe pas par soi et suppose un créateur. Or le monde a commencé d’exister. Donc…est insuffisant car dans ce cas, il faut prouver au préalable l’éternité du monde.

Contre la majeure:
  • Les kantiens et les positivistes rejettent le Principe de causalité qui n’existent selon eux que dans les esprit… Réponse : Tous reconnaissent pourtant que tout ce qui n’a pas sa raison d’être a une cause et qu’une cause n’est pas seulement suivie de son effet mais le produit.
  • La causalité exige le changement de la part de celui qui cause… Réponse : Certes l’acte créateur n’est pas éternel, mais nous avons déjà dit que le mouvement est du coté de la création. et que si la réalisation de la création n’est pas éternelle, l’acte de volonté de créer l’est quant à lui.
Contre la mineure:
  • Puisque le monde est éternel, rien ne nous empêche - à part notre esprit - de remonter les causes à l’infini… Réponse : Nous ne connaissons toujours pas la cause de cette série de causes secondes !
  • Les matérialistes modernes - soutenant la théorie de l’immanence - affirment que le monde contient le principe de son activité du fait qu’il est éternel (selon eux). Ils invoquent l’éternité de la matière, la formation du monde par l’évolution et la génération spontanée… Réponse : Le monde quel qu’il soit est contingent. De plus, les arguments invoqués ne sont pas prouvés, bien au contraire ! Une évolution éternelle vers une fin est contradictoire.

Deuxième Preuve : L’être créé comme mobile.

Le mouvement que nous constatons dans le monde ne s’explique pas sans Dieu. (Il s’agit de la Première Voie de Saint Thomas d’Aquin). C’est la voie ‘‘la plus manifeste’’ et la plus compréhensible car on peut la concrétiser.

Syllogisme:
M : Toute chose immobile est en puissance et tout ce qui se meut est en acte. ===== Tout ce qui est mû est mû au moins partiellement par un autre (on ne donne que ce qu’on a). =====


De plus, sous le même rapport, une chose ne peut à la fois être en puissance et en acte, i.e. mue et mouvante ou bien se mouvoir elle-même. ===== Est en puissance, celui qui a la capacité de recevoir une qualité. L’immobilité n’est pas l’inactivité. =====


Tous les moteurs seconds supposent un premier immobile. ===== Un moteur second n’a pas en lui sa raison d’être et le reçoit d’une impulsion étrangère. =====


En outre, les motions successives ne peuvent remonter à l’infini, car, pour qu’il y ait des moteurs seconds, il faut un premier moteur. ===== On ne peut remonter à l’infini dans la série des moteurs mus. Il faut un moteur non mû qui ait en lui la raison suffisante de tous ces mouvements (un canal prolongé ne supplée pas à l’eau de sa source). =====


m : Or dans ce monde, certaines choses se meuvent. ===== Il y a du mouvement dans les êtres qui nous entourent, non seulement au sens mécanique mais également au sens métaphysique. =====


C : Donc, si une chose se meut, elle est mue par une autre qui, pour se mouvoir à son tour, doit être mue également par une autre. ===== Donc, il existe un premier moteur immobile , acte pur, (panthéisme impossible), donc parfait, spirituel (la matière est un élément potentiel), intelligent, libre, omniprésent (il meut tout et il n’existe aucune action à distance), éternel et illimité (immuable dans sa perfection et unique). =====


Objections :
Contre la majeure:
  • Un moteur immobile est une contradiction… Réponse : un être mû change; un moteur, qui a reçu, son acte change. Mais un moteur - en tant que moteur - ne change pas. Ainsi, un moteur n’est pas mû lui-même par le fait qu’il meut sauf s’il reçoit son activité d’un autre. Il y a immobilité non pas d’inertie mais du moteur en acte de toute perfection. L’opération du moteur s’identifie avec son essence.
  • La Création constitue un mouvement pour le Créateur… Réponse : le mouvement est du coté de la création. si la réalisation de la création n’est pas éternelle, l’acte de volonté de créer l’est.
Contre la mineure:
  • L’hypothèse mécaniste (la loi d’inertie) suppose le mouvement comme éternel… Réponse : la science a prouvé de puis longtemps que le mouvement perpétuel n’existait pas (Laplace). En outre, qu’est-ce qui expliquerait que tel corps soit éternellement en mouvement ?
  • L’hypothèse dynamiste de l’attraction universelle… Réponse : Ceci s’oppose à l’éternité du monde qui aurait du parvenir à l’équilibre !

Troisième preuve : l’être créé comme ordonné.

L’ordre du monde ne s’explique pas sans Dieu. (Il s’agit de la Cinquième Voie de Saint Thomas d’Aquin). Souvenons-nous de Voltaire lui-même qui écrivait « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer Que cette horloge marche et n’ai point d’horloger ». Cette preuve est appelée téléologique. La fin est ce à quoi une chose est destinée. Le moyen est ce par quoi l’on atteint une fin.

Cette preuve remonte à Dieu - intelligence suprême - par le gouvernement des choses.

Syllogisme:
M : Tout ordre [tendre vers une fin] requiert une intelligence ordonnatrice. ===== L’ordre consiste en l’adaptation des moyens à une fin. L’ordre est un effet et suppose donc une cause. Seule une cause efficiente intelligente est capable de percevoir les relations de moyen à fin. =====


m : Or, il y a de l’ordre dans le monde lorsque les choses tendent vers une fin. ===== Cette finalité est interne (fin déterminée grâce à des moyens appropriés) et externe (conspiration au bien général par la hiérarchie). =====


C : Donc, l’ordre du monde suppose une intelligence ordonnatrice qui fait tendre les choses vers leur fin. ===== Donc, il existe un ordonnateur vers lequel tend tout être. =====


Objections :
Contre la majeure:
  • L’ordonnateur (requis) est le hasard… Réponse : Les athées ne donnent là aucune explication. (Cf. la montre de Saint Maximilien Kolbe !). De plus, le hasard a plutôt pour caractéristique l’inconstance et l’irrégularité, c’est-à-dire le contraire de l’ordre. Si l’un n’est pas prévisible, l’autre l’est.
  • La nature est elle-même l’auteur du monde… Réponse : Si on entend par nature la Nature (avec un grand N), oui. Nous l’appellerons Dieu. S’il s’agit de l’œuvre elle-même, non car l’ordre de la nature ne peut pas plus être causé par la nature elle-même que l’ordre de la montre peut l’être par la montre elle-même.
  • L’évolution a abouti à l’ordre du monde. Ainsi l’oiseau n’a pas des ailes pour voler mais il vole parce qu’il a des ailes !…Réponse : L’évolution explique le comment et non le pourquoi des choses. De plus, il y aurait interaction entre fonction et organe, ce qui est absurde. Et cette adaptation des moyens (les ailes) à la fin (voler) suppose un plan, une finalité bien réelle ! Newton écrivait « Celui qui a fait l’œil a-t-il pu ne pas connaître les lois de l’optique ? ». Enfin, si l’évolution est une loi, qui a fait cette loi ? L’évolution… ? Elle peut être une loi mais non une cause.
Contre la mineure:
  • Les pessimistes ne reconnaissent pas l’ordre du monde… Réponse : Le cours sur la Providence répond à l’objection - bien difficile il est vrai - du mal. Les désordre demeure exceptionnel, laissant place à l’harmonie. Affirmer l’existence d’une déchirure dans une trame, c’est déjà affirmer la trame.
Critique et limites des trois premières preuves :

Si les deux premières preuves nous permettent de déterminer un être nécessaire (et donc éternel ne pouvant ne pas être), distinct du monde (qui lui est contingent) et immuable, la troisième preuve a ses limites.

En effet, malgré l’ordre, le monde qui a ses imperfections ne requiert par un art infini mais seulement un ou plusieurs architectes (plusieurs dieux ?). Ces organisateurs ne sont pas en outre nécessairement créateurs. Si l’ordre requiert une intelligence supérieure, il n’exige point un Être infini, unique et créateur.


Les preuves tirées de l’âme humaine

L’observation de notre être, après celle du monde qui nous entoure, nous conduit également à Dieu. Dans notre intelligence se trouve l’idée de parfait; dans notre cœur, les aspirations d’infini; et dans notre conscience, l’existence d’une loi morale. Ce sont les preuves psychologiques.


Première preuve : l’idée de parfait.

Nous l’avons déjà vue : il s’agit moins d’une preuve que d’un argument. C’est l’argument ontologique ou métaphysique. Il a ses déficiences, nous l’avons vu [c’est que cette preuve est à priori (propter quid) et non à posteriori (quia), partant de l’observation sensible de la nature] mais sa qualité de pérennité.

Deuxième preuve : les aspirations infinies de l’âme humaine.

C’est la preuve psychologique à proprement parler.

La science ou la philosophie admet qu’un désir de la nature ne saurait être vain (M);

Or l’homme appelle Dieu de tous ses désirs (m). Donc Dieu doit exister (Ccl).


Critique de la preuve : Il n’est pas absolument prouvé que le bonheur fini ne puisse satisfaire les désirs de l’homme ni que le désir implique l’existence de l’objet désiré.


Troisième preuve : l’existence de la loi morale.

Notre conscience nous demande de faire le bien et d’éviter le mal sous peine de sanction (M); Or la loi morale suppose un législateur et un juge (m); Ce ne peut être que Dieu (Ccl);

Remarquons que ni la morale évolutionniste (dictée par le plaisir, l’intérêt ou la sympathie) ni la morale rationnelle (dictée par l’homme lui-même) ne sont satisfaisantes.

Critique de la preuve : La majeure est déficiente car la connaissance claire et distincte de la loi morale présuppose l’existence de Dieu comme législateur qui a le pouvoir de lier les consciences. Donc, la notion de Dieu est antérieure à la loi morale ! (Argument tautologique).


La preuve tirée du consentement universel

Syllogisme :


Toutes les civilisations ont cru à l’existence de Dieu (M). ===== Les recherches éthnologiques effectuées ont établi que tous les peuples croient en un Dieu. =====


Or ce que les hommes tiennent instinctivement pour vrai est une vérité de nature (m). ===== Ce qui est faux est une infirmité de l’esprit et donc accidentel. =====


Donc, Dieu existe (Conclusion). ===== Il s’est toujours agi en général d’un Dieu rémunérateur. =====


Objections :
  • Pendant longtemps, l’homme a cru que la terre était immobile… Réponse : Il s’agissait avant tout d’une erreur des sens.
  • La croyance en la divinité s’explique par l’ignorance, la peur, des préjugés, le pouvoir religieux… Réponse : La science a déterminé la cause des phénomènes mais non la cause des causes. De plus, des grands noms de la science était de vrais croyants. En outre, les préjugés varient selon les civilisations et les croyances demeurent. Enfin, le pouvoir politique s’il a pu se servir des croyances, c’est la preuve qu’il ne les a pas suscitées. La disparition des prétendues causes n’a pas fait disparaître les religions. En fait la croyance a pour cause le sentiment religieux en notre âme, soit la force du raisonnement de notre esprit.

Critique de l’argument : C’est faute d’être une véritable preuve une démonstration indirecte de l’existence de Dieu, supposant les autres preuves cosmologiques.


Quoi qu’il en soit, on ne peut - pour prouver l’existence - se contenter d’une seule preuve. C’est plutôt l’ensemble qui est probant, même s’il demeure libre à chacun de choisir la preuve qui convient le mieux à son esprit.


Annexe :L’Athéisme

Nous avonc cherché les preuves de l’existence de Dieu, mais y-a-t-il des preuves de l’inexistence de Dieu ? Car, après tout, les athées ont-ils des preuves ? Il est vrai que cette question n’a d’intérêt que spéculatif, mais elle constitue un autre argument en faveur de l’existence de Dieu.

Ainsi, avant de voir que l’athéisme est difficilement soutenable, voyons qui sont les athées.


Qui sont les athées convaincus ?

Qui sont-ils ?

- La définition nominale de l’athée est ‘‘celui qui ne croit pas à l’existence de Dieu’’. C’est très strict. Il ne s’agit donc pas de celui qui est indifférent ou agnostique (pour qui Dieu est inconnaissable).

- Réellement, i.e. en pratique, l’athée est plus celui qui ignore l’existence de Dieu qui ne la nie. On trouve donc plus d’agnostiques que de vrais athées. Par exemple, le scientifique athée ne s’occupant que du quantifiable et du mesurable laisse loin de lui la foi. Il est donc agnostique. Nous verrons que l’athéisme est même plutôt rare. Sans plus attendre, répondons aux agnostiques, que si la connaissance de Dieu par raisonnement est incomplête, n’oublions pas qu’elle est cependant possible.

Il n’y a pas en pratique d’athées convaincus car les arguments qui prouvent l’existence de Dieu sont si convaincants que tout homme de bonne foi doit les admettre. Certes, il y a des athées qui cherchent à se convaincre que Dieu n’existe pas, mais ils demeurent au niveau du doute car ils savent eux-mêmes que leurs arguments ne sont pas profonds.


Il faut donc distinguer les athées vulgaires (95%) des athées intellectuels (les humanistes). En effet, l’athée vulgaire d’aujourd’hui était le croyant vulgaire de jadis (i.e. celui qui se plie aux croyances de son époque).

Remarquons enfin que si le croyant vulgaire est surtout animé par la crainte et l’insécurité de la vie, l’athée vulgaire est quant à lui animé par une vie sécurité, il est influencé par l’enseignement moderne et surtout la science, et ceci pour des raisons contingentes (où science et foi se combattent) et permanentes (par accoutumance aux seuls phénomènes).

Que pensent-ils ?

Ils se condamnent à résoudre un problème insoluble: ils doivent en effet expliquer les effets et les causes secondes sans causes premières, les mouvements sans moteur et un ordre sans intelligence ordonnatrice. A y réfléchir, c’est un comble ! Il n’y a aucune preuve sérieuse. En outre, les conséquences de l’athéisme sont catastrophiques: absence de consolation dans les épreuves, de fondement pour l’ordre social,…

Et en définitive, l’athée remplace Dieu par autre chose: la raison, la science ou l’homme. Et tous ces vecteurs ne peuvent mener à Dieu car ils ne sont pas du même ordre. (Nous le reverrons au chapitre v sur l’Action de Dieu à propos de la Création). La science répondra au comment alors que la philosophie (et particulièrement la métaphysique) répondra au pourquoi. Remarquons enfin, comme la métaphysique répond aux questions de l’existence et de la nature de Dieu, elle n’est plus enseignée dans les lycées !

Remarque :

Pour être plus précis, l’athée n’est pas seulement celui qui ne croit pas à l’existence de Dieu, il peut être aussi celui qui ne croit pas dans le Dieu des chrétiens. Ainsi, nier l’existence de Dieu est parfois mieux que de l’ignorer par négligence car il y a là une âme qui doute en fait.


Les causes de l’athéisme :

Les motifs intellectuels :

Ce sont les préjugés sur la religion, les fausses méthodes scientifiques (la science n’étudiant que le sensible, ne dépasse pas les phénomènes pour atteindre la substance) ou les arguments philosophiques selon lesquels la raison ne peut arriver à une certitude objective.

Les motifs moraux :

Ils sont prépondérants. Le manque de bonne volonté (l’orgueil), les passions (la corruption du cœur) et la culture anti-chrétienne constituent une explication.

Les motifs sociaux :

L’éducation, le respect humain.


+


La Nature divine

Que pouvons-nous dire de Dieu ? Quelle est sa nature, c’est ce demander ce qu’Il est, après s’être demandé s’Il était.

Remarquons que la question de l’existence nous a déjà apporté des éléments concernant la nature de Dieu : il est un Dieu, acte pur, nécessaire, cause première & parfait.

Enfin, de la réponse que nous donnerons sur la nature divine, nous comprendrons mieux les obligations que nous avons à son égard.


L’Erreur de l’Agnosticisme.
Connaissance Dieu incompréhensible mais non inconnaissable.
de Dieu
a priori.
Méthodes Voie de négation.
a posteriori
Voie d’éminence.
Notion & espèces.
Unité.
Négatifs ou métaphysiques Simplicité.

Eternité.

Attributs Immensité.
de Dieu parfaite dans son mode de connaisance.
Intelligence
parfaite dans son objet.
Toute-puissante.
Positifs ou moraux Volonté
Libre dans ses actes extérieurs.
Amour.
Dieu, personne distincte du monde.
Personnalité Définition.
de Dieu naturaliste.
Formes
Panthéisme idéaliste.
métaphysique.
Réfutation psychologique.
morale.

Pouvons-nous connaître la nature de Dieu ?

Est-il possible de connaître la nature divine et comment cela est-il possible ? C’est la question du an sit. La réponse donnée a des conséquences dans notre vie : selon la nature de Dieu (partie de nous-mêmes, créateur, …), devons-nous rendre un culte à Dieu ?


Les erreurs : Dieu est, mais comment pouvons-nous savoir ce qu’il est ?

L’erreur agnostique:

Bien que reconnaissant son existence, certains refusent d’admettre qu’on peut connaître ce qu’est Dieu. Ainsi, Kant déclare que la raison pure peut prouver certaines vérités métaphysiques, ne connaissant que les phénomènes; ces vérités métaphysiques ne peuvent donc être à la base de la vie religieuse. Avec les idéalistes, il faut ajouter les protestants libéraux, les modernistes et les pragmatistes considèrant l’existence de Dieu démontrée par le sentiment et l’expérience religieuse et ainsi déclarent inutile toute représentation de la nature divine. C’est selon eux de l’intellectualisme. La religion se mesure à sa piété et non à ses dogmes !

Réfutation : la piété n’est pas indépendante des idées de l’esprit. En effet, considérer Dieu comme l’âme de la nature, comme un idéal abstrait (panthéisme), peut-on encore le prier et lui rendre un culte ? Il faut d’abord avoir de Dieu une connaissance rationnelle. Ainsi, la prière sortira du cœur pour autant que nous connaissons Dieu comme un Être personnel, distinct du monde, bon et miséricordieux.

Dieu n’est pas inconnaissable:

Il faut distinguer connaissance et compréhension.

Incompréhensible :

Dieu l’est car il est l’Être infini et notre intelligence est finie; il est ineffable.

Non inconnaissable:

Si nous savons peu de choses, nous savons quelque chose. Avec les Preuves de l’existence de Dieu, nous avons appris que Dieu est la Cause première, l’Être nécessaire, éternel, le Premier Moteur, l’Organisateur du monde en même temps que l’Être parfait, le Souverain Bien et le Législateur suprême. A tout ceci , se rajoute la Révélation.

Remarquons qu’il est vrai que notre connaissance n’est pas adéquate à son objet. Mais s’il nous savons le tout de rien, ceci est encore plus vrai à propos de Dieu.

Comment connaissons-nous la nature divine ?

Par la méthode a priori:

En déduisant ce qui est contenu dans les notions de Cause Première, d’Être nécessaire, de Premier Moteur, nous pouvons dire:

  • Dieu est l’Être parfait : sinon il serait limité et contingent, afin de devenir meilleur. Recevant une qualité d’un autre, il ne serait plus Cause Première ni l’Être nécessaire !
  • Dieu est infini : car il a la plénitude absolue de l’être.
  • Dieu est unique : car il ne peut y avoir qu’un seul être infini. (¹ polythéisme).
Par la méthode a posteriori:

En partant des êtres créés, nous déduisons les perfections divines.

Nous trouvons chez l’homme des qualités liées à des imperfections. Dieu - être parfait - doit avoir ces qualités sans les imperfections ! Il y en deux espèces.

  • Par voie de négation : on attribue à Dieu les qualités des créatures, en en retranchant leurs défauts.
  • Par voie d’éminence : on attribue à Dieu les qualités des créatures, en les élevant à l’infini.

Remarque : ceci n’est pas de l’anthropomorphisme mais de l’analogie.


La nature de Dieu : les attributs divins.

Notion :

Définition : l’attribut est ‘‘toute qualité essentielle à un être’’. Pour Dieu, ce sont ses perfections, qui constituent son essence. (Cette distinction entre les attributs est de raison, car Dieu n’est pas composé.

Les attributs négatifs ou métaphysiques :

Les êtres créés sont contingents, composés de parties, sujets au changement, limités par le temps et l’espace. Les attributs divins seront donc

  • L’aséité : Dieu existe seul par soi et non par un autre: il a la plénitude de l’être.
  • La Simplicité : Dieu n’est pas composé de parties; sinon finies ou infinies, il y aurait contradiction; finies, leur somme ne pourrait constituer un être infini; infinies, elle s’opposeraient. Tout ceci implique que Dieu est esprit (la matière étant composée).
  • L’immutabilité : car Dieu est nécessaire (il ne prend pas ses perfections d’un autre) et parfait (il a toutes les perfections).
  • L’Eternité : car il est nécessaire. Ce n’est pas dire qu’il n’a ni commencement ni fin, mais c’est dire qu’il est hors du temps. L’éternité divine est un éternel présent.
  • L’immensité : car Dieu est hors de l’espace, étant un esprit; il pénètre les créatures sans cependant se confondre avec elles.

Les attributs positifs ou moraux :

Les facultés de l’homme sont l’intelligence, la volonté et la sensibilité.

  • L’Intelligence : qui est parfaite (¹ homme qui compose, se trompe et oublie) dans son mode de connaissance (par intuition et non raisonnement) et dans son objet (la totalité)

Objection : La prescience divine et la liberté humaine : si Dieu connaît l’avenir, l’homme n’est plus libre ? Réponse : Il faut préciser : Dieu ne prévoit pas, il voit. Pour les êtres sans raison, la chose arrive de manière nécessaire et pour les êtres doués de raison, elle arrive librement. Pour simplifier, la connaissance de Dieu n’est pas cause de l’action mais conséquence, un peu quand on voit nous-mêmes un événement qui va se réaliser.

  • La Volonté : qui est toute-puissant (¹ volonté humaine qui est limitée) dans son mode d’opération (ni effort, ni limite) et dans son objet (mis à par le mal qu’il tolère seulement). Ainsi, le choix du mal est un signe de la liberté mais non une définition.
  • La sensibilité : Dieu est amour (qui est le mouvement de la sensibilité vers le bien). Le philosophe Plotin (au 3ème siècle) définissait Dieu comme ‘‘Bonum diffusivum sui’’.
  • On peut ajouter la sainteté, la justice et la miséricorde.

La personnalité de Dieu.

Dieu est une personnalité distincte du Monde :

Les attributs forment la personnalité divine. Or si Dieu est un être personnel, c’est qu’il est une substance 1 individuelle 2 de nature rationnelle, distincte des créatures 3.

(1) Il est un être qui demeure;(2) Dieu agit par lui-même;(3) Dieu est un être à part.

Le Panthéisme :

Notion :

Cette doctrine affirme que Dieu n’est pas un être personnel et distinct des créatures. Dieu n’est pas transcendant (existant hors du monde) mais immanent (identique au monde).

Motif invoqué : Dieu étant infini, rien ne peut exister en dehors de lui… ! Le monde fait donc partie intégrante : Dieu est en tout et tout est en Dieu. (Cf. l’étymologie du mot).


Ses formes :
  • Le panthéisme naturaliste ou matérialiste pour qui Dieu et le monde sont deux substances incomplètes : l’âme et le corps.
  • Le panthéisme idéaliste ou évolutionniste de Spinoza et Hegel prétend que Dieu se réalise chaque jour; le monde est ainsi la substance divine qui se réalise nécessairement.
Réfutation :

La raison, la conscience et la morale contredisent cette théorie.

Argument métaphysique :

Le principe de contradiction n’est pas respecté : avec le panthéisme, il faudrait pourtant tenir que - Dieu et le monde étant confondus - le nécessaire et le contingent, l’infini et le fini, l’esprit et la matière sont identique…!

Argument psychologique :

Nous avons pourtant tous le sentiment d’être des êtres individuels et libres et non une même substance ! De plus, nos imperfections, misères et maladies nous distinguent du parfait !


Argument moral :

Si le panthéisme est vrai, alors, la liberté est détruite ainsi que la responsabilité. Si tout est Dieu alors tout est bien ! Tout se rapporte à l’évolution de la substance divine, il n’y a plus ni vice ni vertu, ni droit ni violence, ni mérite ni démérite.

Remarque : Si les panthéistes objectent que l’infinité de Dieu est limitée par le monde fini si on les distingue; or il ne faut pas confondre infini (qui est la plénitude de l’être) avec totalité (qui est effectivement la collection de tous les êtres); tout ceci parce que le fini et l’infini ne sont pas du même ordre; [ce n’est pas parce qu’un savant communique sa science qu’il devient moins savant]; par ailleurs, il faut leur répondre que leur théorie intègrant le monde dans Dieu, intègre le contingent dans le nécessaire,…


+

La Nature Humaine: l’âme humaine

Après avoir prouvé que Dieu existait, et déterminé sa nature, nous allons voir l’autre terme de la relation que nous aurons à établir (à savoir la religion), c’est-à-dire l’homme, sa nature en particulier. Ainsi, après avoir établi ce deux termes, l’analyse rationnelle de leur relation (nécessité, nature de la religion,…), nous donnera le sens de notre vie. Cependant, nous nous arrêterons à l’étude de l’âme humaine, sujet controversé..

Beaucoup de démonstrations utilisées ici, bien qu’établissant une certitude, laissent un certain mystère, car - comme pour l’existence de Dieu - ce n’est pas l’expérience qui nous le dit mais un raisonnement rigoureux !

Rappelons peut-être un principe réaliste dont nous aurions déjà dû faire mention. « Il n’y a rien dans l’intelligence qui ne soit d’abord dans les sens ». Ainsi, pour comprendre le monde physique et en dégager les lois, l’homme doit observer le réel concret, le dépasser, afin d’établir au-delà du visible et de l’imagination les principes explicatifs de la nature.

Nous dégageons plusieurs intérêts majeurs à pouvoir démontrer l’existence de l’âme, sa simplicité, sa spiritualité, sa liberté et son immortalité.

- si l’âme existe, alors l’homme ne peut provenir de l’animal (contre l’Évolutionnisme);

- si elle est simple, alors elle est la forme et principe d’unité du corps pour lequel elle est faite et dont il est l’instrument; (contre la Réincarnation, la Métempsychose & le Manichéisme);

- si elle est spirituelle, alors l’âme est indépendante du corps; (contre le Sensualisme);

- si elle est libre, alors l’homme est responsable de ses actes; (contre le Laxisme);

- si elle est immortelle, alors l’homme ne disparaît pas à sa mort. (contre l’Athéisme).


Le Matérialisme : L’âme n’est ni spirituelle ni libre; L’homme est un animal perfectionné.
chez les végétaux et les animaux;
L’âme existe l’expérience;
chez l’homme d’après la conscience;
l’intuition.
rationnelle.
L’âme humaine est
Le Spiritualisme libre.
Preuves;
L’âme est simple et spirituelle
Objections.
L’âme est créée directement par Dieu.
Argument métaphysique;
Définition Argument psychologique;
L’âme est immortelle
&
Argument moral;
Preuves
Consentement universel.

En étudiant la nature humaine, nous pourrons en déduire l’origine et la destinée de l’homme ainsi que les relations qu’il devra avoir avec son Créateur.

Le matérialisme :

C’est toujours le même principe erroné qui est à la base : il n’y a rien qui existe en dehors de ce qui peut être expéritalement vérifié; il n’y a qu’une seule substance : la matière éternelle qui a produit un jour la vie par ‘‘génération spontannée’’ puis transformation.

Selon cette théorie :

- l’homme est formé d’une seule substance à savoir le corps; (l’âme n’est qu’une hypothèse pour rendre compte de certains phénomènes inexpliqués);

- entre l’homme et l’animal, il n’y a pas de différence essentielle; (l’homme est un animal perfectionné par un cerveau);

- la pensée est un produit de la matière cérébrale;

- le libre arbitre est une pure illusion.


Nous pouvons déjà entrevoir les graves conséquences de ce système :

si l’âme n’a pas une âme spirituelle et libre, il n’y a plus ni religion, ni morale, ni devoir.

Enfin, si nous n’exposons pas toutes nos objections contre cette doctrine, c’est que nous le ferons au fur et à mesure.


Le spiritualisme

Il faudra tenir la doctrine du spitualisme de l’âme alors que les objections des matérialistes devront être réfutées.

Selon cette doctrine :

- l’homme est formé d’une double substance a savoir le corps et l’âme;

- entre l’homme et l’animal, il y a une différence essentielle;

- l’homme est le seul à avoir une âme spirituelle et libre.


L’existence de l’âme chez les êtres vivants

L’existence de l’âme végétale et animale:

L’être vivant :

La contemplation de la nature nous conduit à constater l’existence d’êtres qui se distinguent, bien que présentant des similitudes.

Ex : Mme x et Mme y ont chacune un labrador : ils sont de même nature, même race et même espèce mais ne sont pas égaux.

On peut hierarchiser les êtres dans la nature.

Certains peuvent se mouvoir par eux-mêmes : ce sont les êtres vivants (ou les êtres animés) : les végétaux, les animaux et les hommes ont un principe intrinsèque et actif de mouvement leur conférant une certaine autonomie .

De plus, l’être vivant se distingue par le fait qu’il meurt : on dira non qu’il disparaît mais qu’il est mort (ex: un chien).


Qu’est-ce que l’âme ?

L’être vivant est l’être qui possède en lui-même son principe intrinsèque et actif de mouvement. C’est ce qu’on appelle l’âme.


  • D’après notre expérience et l’observation des mouvements des êtres, nous constatons donc que l’âme est principe de vie du corps. L’être vivant est animé. L’âme est donc en relation nécessaire avec un corps. Contrairement à la thèse de la réincarnation, le vivant n’est pas l’âme seule, mais le composé âme-corps.
  • L’âme est la forme substantielle du corps. Et on entend par forme non pas la silhouette, la figure, mais ce vers quoi tend toute matière : ex : puisque le zygote du chat étant en puissance de devenir adulte, la forme est en quelque sorte le chat adulte. [La forme substantielle actualise progressivement la matière jusqu’à son terme]. Contre la métempsychose, il faut tenir que l’âme humaine ne peut communiquer à un corps la nature végétale car elle donne au corps son essence, i.e. sa nature.

Donc, de façon générale, l’âme est un principe immatériel qui anime, détermine et actualise la matière organisée. Nous prouverons amplement son existence au paragraphe qui lui est consacré.


Les facultés de l’âme en général:

Dire que chaque être vivant a une âme, c’est affirmer qu’il est une unité corps-âme.


Vivants
âme :
Faculté ou Puissance
Végétaux végétative Génération - Nutrition - Croissance.
Animaux sensitive Génération - Nutrition - Croissance - connaissance sensible.
Hommes intellectuelle Génération - Nutrition - Croissance - connaissance sensible et intellectuelle.

Remarque: il n’y a pas chez l’homme superposition de trois âmes.


Les caractéristiques de l’âme animale:

Seul l’animal (et l’homme) est doué de connaissance sensible car il est capable de mobilité et de connaissance, avec des différences de degré. Cette connaissance sensible s’appelle le désir que ne possède pas le végétal. Mais l’animal est-il doué d’intelligence et de volonté ?


L’animal n’a pas d’intelligence:

Si l’homme peut abstraire - en extrayant l’intelligible du sensible, juger et raisonner afin de connaître la nature des choses, l’animal ne fait qu’exprimer des réactions de sa sensibilité (l’agréable, le désagréable, l’utile, le nuisible). Ainsi, il ronronne, il aboie,… Et s’il peut associer des images entre elles, il a donc une certaine mémoire, il ne peut raisonner. On ne raisonnera jamais un animal mais on le dressera afin qu’il associe certains ordres (colère) à un comportement (quitter le fauteuil du maître).

  • Contre le matérialisme : la connaissance sensible est immatérielle car :

- sinon tous les êtres matériels pourraient connaître (à l’aide d’un organe);

- les objets connus seraient présents matériellement dans le sujet.


En outre, comme chez l’animal la connaissance ne peut être que sensible, l’âme ne peut être indépendante du corps. Ainsi, quand se désorganise la matière, l’âme disparaît (puisqu’elle déterminait la matière organisée). L’âme animale n’est pas immortelle puisque la connaissance sensible de l’animal n’a que le singulier matériel comme objet, connu seulement par les sens.


L’animal n’a pas de volonté:

Le comportement animal est entièrement dicté pas les élans de sa sensibilité. L’appétit sensible naît de l’impression plus ou moins forte de l’objet sur les organes sensoriels. Cependant, l’animal n’est pas une machine. L’âme détermine la matière afin qu’elle parvienne à sa fin sa perfection. Chez lui, les désirs sont des tendances naturelles innées auxquelles il ne peut échapper. Ceci ne lui empêche pas d’avoir des sentiments, mais il ne sont pas les nôtres. Enfin, ses hésitations sont seulement la preuve d’une attirance égale entre deux biens.


L’existence de l’âme humaine:

Comme tout être vivant, l’homme a une âme qui lui confère sa nature humaine. Possédant toutes les facultés ou puissances, il est en cela supérieur sur le monde visible.

Idée essentielle : il y a une différence de nature (et non de degré) entre la connaissance sensible et la connaissance intellectuelle qui résulte d’une faculté spirituelle indépendante de la matière étant donné qu’il y a une similitude du connu et du connaissant {entre un éléphanteau et un éléphant, il y a une différence de degré alors qu’entre une statue d’éléphant et un éléphant, il y a une différence de nature}.


Nous devrons alors établir que :

- la mort ne peut détruire cette faculté: indépendante de la matière, l’âme sera dite immortelle;

- l’âme est la forme subsistante du corps, maintenant sa vie, sans en dépendre.

L’expérience nous l’atteste:

Nous constatons chez l’homme des phénomènes physiologiques (nutrition, digestion,…) et des phénomènes psychologiques (pensée, jugement, souvenir,…). Selon le principe ‘‘tel effet, telle cause’’, des phénomènes de nature différente ne peuvent provenir du même principe. Il y a donc deux principes chez l’homme.

La conscience nous l’atteste:

Il y a en nous un lien qui relie les événements passés au présent alors qu’en soi, la succession d’événements ne constitue pas un ensemble; un phénomène ne comporte pas en lui la mémoire de ceux qui l’ont précédé. Un principe demeure alors que, nous, nous changeons.

L’intuition nous l’atteste:

Elle détermine qu’il y a au fond de nous-mêmes un principe qui produit notre pensée et notre action et qui ne peut être le corps puisqu’elle est simple et immatérielle (l’origine d’une substance devant répondre de sa nature).


Conclusion:

Un principe demeure chez l’homme : c’est l’âme qui est inétendue, simple et identique.


La rationnalité et la liberté de l’âme humaine

L’âme humaine est différente de l’âme animale. Elle est en effet rationnelle et libre;

En outre on peut établir le tableau suivant :


A la connaissance, correspond l’appétit qui s’épanouit dans
* sensible


sensible :
Le désir le plaisir.
* intellectuelle


rationnel :
La volonté la joie.

L’homme seul possède la raison :

Il a la faculté de penser et de raisonner. Il a le pouvoir d’abstraire, de dégager du particulier observé de l’idée générale. A la connaissance intellectuelle correspond donc l’appétit rationnel.

De là, l’homme possède un langage artificiel et conventionnel; il est capable de juger et de raisonner; il progresse dans la connaissance; il connaît le bien et le mal; il reconnaît l’existence d’un créateur.


L’homme seul possède la liberté :

C’est une conséquence de la rationnalité de l’âme. Le choix - dont nous avons l’expérience - implique la raison, alors que l’animal reste au niveau du réflexe. L’homme a le pouvoir de choisir entre agir et ne pas agir alors que la matière obéit nécessairement à ses lois. Dans la pratique, le fait que nous puissions choisir nous donne une certitude évidente de notre liberté. L’existence d’une loi morale, de l’éducation, en est une preuve. Cela a pour conséquence que l’homme est responsable et capable de mérite.


La simplicité et la spiritualité de l’âme humaine

En la comparant au monde des corps, on détermine qu’elle est simple et spirituelle. Autrement dit, on affirme qu’elle est immatérielle. Cette question est évidemment essentielle; dans le cas contraire, l’âme matérielle ne pourrait survivre au corps et serait corruptible !

Il nous faut accepter deux choses :

- l’âme produit des pensées qui sont immatérielles;

- Tout effet a une cause qui lui est proportionnée.


Les preuves:

Preuve tirée de la nature des opérations de l’âme:

Nous constatons que si les corps qui nous entourent possèdent une certaine étendue, ce n’est pas le cas de nos pensées (bonté, vérité, devoir,…) qui, elles, ne sont pas mesurables et n’ont aucun rapport avec l’espace, la quantité ou l’étendue, en un mot, avec la matière.

La cause de ces effets (les pensées) doit posséder la même perfection qu’eux; ou bien la nature des effets indique la nature des causes, car le plus parfait ne peut provenir du moins parfait; autrement dit, ‘‘l’agir suit l’être’’: or cette cause est l’intelligence qui abstrait les choses matérielles de leurs conditions individuantes et n’en retient que l’essence commune. Donc, l’intelligence est une faculté de l’âme qui est une substance spirituelle, proportionnée à ses effets (la pensée).

Preuve tirée de la nature de la volonté:

De même, quant à la volonté, les buts que nous recherchons (le bien, la bonté, la vérité, la justice, le devoir,…) sont des idéaux également immatériels; ils supposent donc une faculté immatérielle qui leur est proportionnée (c’est toujours le même principe). En effet, si la matière est inerte, l’âme - quant à elle - est libre. En outre, la volonté peut dominer la sensibilité, elle lui est donc supérieure; or seule une faculté spirituelle peut dominer les appétits sensibles. Si l’homme a besoin de son corps pour agir, il n’en a pas besoin pour vouloir.

Conclusion:

Dans les deux cas, la cause profonde est en nous et c’est notre âme, principe spirituel de vie, d’intelligence et de volonté dans l’homme. Elle est une forme subsistante.

Remarque: - Si l’âme est essentiellement différente du corps (matériel), elle ne peut en provenir; c’est donc un créateur et non l’évolution qui la produite.

- Avec l’âge, si les sens s’affaiblissent, l’intelligence se développe et profite de l’expérience acquise.


Objection : le cerveau est cause de la pensée:

En effet, les lésions au cerveau affectent la pensée… Réponse: certes leur relation est étroite mais le cerveau est plutôt condition (et non pas cause) de la pensée, comme un instrument, un outil. En outre, si l’un est cause de l’autre, il doit y avoir similitude de nature entre l’un et l’autre… ce qui ne serait pas le cas ici où idée (immatérielle) et intelligence (soi-disant matérielle) serait de nature différente.


Conclusion: le cerveau n’est que condition de la pensée. Il n’est donc pas l’organe de l’intelligence mais l’instrument, comme le piano ne sort une belle musique que sous les doigts d’un virtuose. L’âme seule est cause de la pensée. Et si absolument parlant elle n’a pas besoin d’organe, le cerveau demeure néanmoins nécessaire, car ici-bas, les images sont transmises au cerveau par les organes des sens. Même si elle est liée au mouvement (physico-chimique), la pensée ne se réduit pas au mouvement.


L’âme humaine est créée par Dieu

Simple et immatérielle, nous avons que l’âme ne peut être produite par le corps qui est une substance composée et matérielle (car dans le cas contraire, il n’y aurait pas proportion entre cause et effet). Elle ne provient pas - comme le corps - de l’âme des parents puisque leur âme est simple et spirituelle.


L’âme humaine est immortelle

l’immortalité est la survivance de l’âme qui - à sa séparation d’avec le corps - continue de vivre de sa vie propre, gardant ses facultés supérieures, son identité, la mémoire, et le sentiment de sa responsabilité.


Argument métaphysique:

L’immortalité de l’âme découle de sa nature simple et spirituelle.

- simple, elle ne peut périr par décomposition;

- spirituelle, elle ne peut dépendre du corps qui, lui, est corruptible.

Remarque: Bien qu’immortelle, l’âme demeure contingente : elle aurait pu ne pas exister.

Dieu manquerait de sagesse et de bonté en détruisant ce qu’il avait créé d’incorruptible.


Argument psychologique:

Il y a proportion, équation, entre les penchants naturels et les moyens de les satisfaire étant donnée la sagesse et la bonté de Dieu qui donne à toute créature de quoi parvenir à sa fin. Or l’homme aspire à l’immortalité, à l’infini. Donc,…

Il faut en effet une autre vie où l’homme pourra étancher sa soif de bonheur: ‘‘Vous nous avez faits pour Vous, Seigneur, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Vous’’ écrit Saint Augustin au début des Confessions.


Argument moral:

Il est en effet conforme à la justice que l’homme reçoive selon ses œuvres.

Consentement universel:

Tous les peuples croient plus ou moins à l’immortalité de l’âme.


Conclusion

Le fait de savoir que l’âme existe et qu’elle est immortelle prouve que nous sommes faits pour l’éternité. L’homme doit donc apprendre à se détacher des biens de la terre qui passent pour s’attacher à l’essentiel qui demeure. Et citer Notre-Seigneur Jésus-Christ demandant d’amasser des trésors pour le Ciel est déjà un préambule apologétique pour notre religion. En outre, ce trésor qu’il faut amasser consiste en la possession des vertus intellectuelles (perfectionnement de l’intelligence) et des vertus morales (perfectionnement de la volonté). Ces vertus ornent et embellissent notre âme qui se sera préparer pendant cette vie à les acquérir.


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L’Action de Dieu

PLAN :

  • à copier au tableau.

Dieu est Créateur

Introduction : la Foi seule ne suffit pas.

Si le Credo nous demande de croire en Dieu ‘‘Créateur du Ciel et de la Terre’’, il se peut que cela répugne à certaines consciences.

Ainsi, le croyant a le droit et le devoir d’éprouver la solidité, même rationnelle, de sa croyance. En outre dans le dialogue entre le croyant et l’incroyant, le seul langage commun est celui de la raison. Enfin, en expliquant le pourquoi des vérités révélées (et non le comment qui revient à la science), l’apologétique - par la démonstration et non l’autorité - rendra la foi d’autant plus appréciable.


Le monde est pensable.

Si le monde est intelligible, c’est parce qu’il présente de l’ordre. Einstein écrivait ‘‘Je considère la compréhension du monde comme un miracle’’ (Lettre à Solovine, 30 mars 1952). Ainsi, ce monde qui ne pense pas est pensable; bien que opaque, il est non seulement transparent aux sens de l’homme mais aussi à son intelligence.

Ne pensant pas et bien que pensable, le monde a dû être pensé et voulu par un autre.

En outre, l’ordre du monde ne fait qu’un avec l’être des choses; c’est parce qu’une chose est ce qu’elle est qu’elle entre en relation avec les autres. Se poser la question de l’ordre des choses, c’est donc se poser la question de l’existence des choses.


Pourquoi l’univers et l’homme existent-ils ?

Il faut bien reconnaître qu’aucun homme a évité cette question !

Platon puis Aristote ont déclaré que le monde était éternel et donc incréé. Mais comme leur problème était moins celui de l’existence que celui du devenir, cette question était occultée. Cela ne les a pas empêchés de représenter Dieu comme un régisseur, un démiurge, du monde selon Platon ou bien le terme d’un élan d’amour pour Aristote.


L’Évolution ne répond pas à la question de l’éternité du monde !

Pour Dieu, dire qu’Il est éternel, c’est affirmer qu’Il n’a ni commencement ni fin. Il n’a aucun principe. Il est sa propre raison d’être (Cf. Les preuves de l’existence de Dieu, selon lesquelles on ne peut remonter indéfiniment les causes comme un canal sans fin).

Pour le monde, dire qu’il est éternel (c’est-à-dire une succession de passé, présent et avenir infinie), c’est prétendre sa perpétuité. C’est plutôt une manière d’être qu’une raison d’être. Affirmer l’éternité du monde n’explique pas ‘‘pourquoi’’ il est ! (D’autant plus que la science tend à déterminer que l’univers a commencé un jour).


Si on affirme l’évolution du monde, cela ne suffit pas à remettre en cause sa création (nous voyons déjà là qu’il n’y a pas nécessairement opposition). En effet, une chose qui évolue doit d’abord exister. Le devenir étant une manière d’être et non une source d’être. (Souvenons-nous du Roman La case de l’oncle Tom de Harriet Beecher Stowe où une petite fille abandonnée à qui l’on demande son âge et quand elle est née répond ‘‘Je ne suis pas née ! J’ai grandi !’’

Donc, l’évolution n’est pas source première d’existence.


Avant de continuer plus loin, il faut nous mettre d’accord sur ce que nous entendons par Création et Évolution. Ceci nous permettra un certain concordisme entre les deux théories, jusqu’à peut-être affirmer que l’évolutionnisme exige la Création !


Qu’est-ce que la Création ?

Avec la Providence (le gouvernement des choses), la Création constitue pour Dieu les deux manières d’intervenir.


En ce qui concerne l’origine du monde,

Créer, c’est tirer du néant et non de sa substance propre. Sinon, les créatures seraient une partie de Dieu. Et s’il est vrai de dire que du néant il ne sort rien parce que le néant ne peut être cause s’il n’y a que le néant, lorsque Dieu ‘‘tire du néant’’, nous exprimons là une relation mentale sans affirmer une cause à effet entre le non-être et l’être.

La philosophie nous aide à cerner le concept de Création : elle n’est ni un mouvement, ni un changement car elle s’exerce sans matière préexistante. (Or, un mouvement est le passage de puissance à acte; les termes du mouvement appartiennent au même ordre; entre les deux termes du mouvement, quelque chose demeure et le mouvement précède dans le temps le terme).

La Création peut se définir comme la dépendance de l’être créé par rapport au principe qui l’établit dans l’être. Et il est vrai qu’elle est un changement selon notre mode de comprendre (il n’y a rien puis quelque chose). Mais elle ne constitue en rien une succession qui est une propriété du mouvement, car il n’y a ni de moyen terme (ce à quoi parvient le moyen terme avant d’atteindre son but), ni de devenir (précédant le fait accompli) puisqu’il n’y a pas de temps (elle est instantanée) ! Nous avons déjà dit enfin qu’elle n’était elle-même pas créée.


En ce qui concerne l’origine de la vie,

Créer, pour Dieu, c’est produire indirectement. On peut se reporter aux théories expliquant le phénomène : le fixisme, l’évolutionnisme, le transformisme (Lamarck, Darwin).

Ainsi, quant au fait, la Création est la seule solution possible, même si quant au mode, elle demeure incertaine. C’est un mystère.


Que peut-on accepter de sérieux dans l’évolutionnisme ?

Histoire :

Cette théorie comporte certains problèmes malgré tout.

Jadis, on croyait l’univers comme éternel. La Révélation a enseigné qu’il y avait un commencement. Si au XXème siècle, on découvre même que l’univers évolue, le siècle précédent aura vu le développement des théories évolutionnistes avec Lamarck (et le facteur ‘‘milieu’’), Darwin (et la sélection naturelle et l’hérédité des caractères acquis), et Mendel (et la sélection naturelle et les mutations).


Distinction :

Dans tout cela, il faut distinguer les faits (indubitables), les interprétations des faits (certes nécessaires mais demeurant hypothétiques) et enfin les théories elles-mêmes (les concepts).

Des faits sont donc certains : tels que la terre, son évolution, l’apparition de l’animal, de la flore, le pithécanthrope (il y a 1,5 million d’années), le Neandertal (il y a 100 000 ans), et le cro-magnon (il y a 35 000 ans).


Problème :

Le problème surgit quand ces théories s’affirment contre la Foi. Nous nous trouvons en face de la Foi (la Genèse) et la Science (les créatures comme étant le pur fruit hasardeux et non pensé de l’évolution).


Les solutions :

Les attitudes adoptées ont été multiples : rejet de la Foi, rejet de la Science, concordisme exagéré (que nous évoquions dès notre introduction). S’il est certain que les deux premières positions sont aujourd’hui intenables, la troisième constitue une sorte de schizophrénie avons-nous dit. Malheureusement, notre époque idéaliste l’accepte fort bien, selon son adage libéral et insensé ‘‘à chacun sa vérité!’’. Que faire ? Tout simplement résoudre le problème qui est certainement soluble puisque Dieu ne peut exiger que nous croyons des vérités contre notre conscience.


La Solution :

La solution est possible si deux erreurs sont levées : une de type matériel (au sens philosophique du terme) selon laquelle une méconnaissance réciproque des positions empêche toute convergence et une qui est formelle selon laquelle les enseignements sont de même ordre.


Affirmons : Deux domaines différents d’application:

Ainsi, tout d’abord, la Bible ne peut être un livre scientifique mais de religion. La description de l’univers se fonde sur le témoignage des sens; ce n’est pas le cas de la Bible. Ainsi, le Pape Pie xii in Divino Afflante Spiritu (1943) parle des genres littéraires pour interpréter la Genèse. Par la suite, dans son encyclique Humani Generis (1950) sur les erreurs modernes, il écrivit : « … le magistère de l’Eglise n’interdit pas que la doctrine de l’‘‘évolutionnisme’’, pour autant qu’elle étudie l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante - car la foi catholique nous ordonne de maintenir que les âmes sont créées immédiatement par Dieu -, dans l’état actuel des disciplines humaines et de la sainte théologie, soit l’objet de recherches et de discussions de la part des savants des deux domaines, de telle sorte que les raisons de l’une et l’autre opinion, pour ou contre, soient examinées et jugées avec le sérieux nécessaire, avec modération et mesure, dès lors que tous seront prêts à se soumettre au jugement de l’Eglise à qui le Christ a confié le mandat d’interpréter authentiquement les Ecritures et de protéger la doctrine de la foi. Cette liberté de discussion cependant, certains la transgressent avec audace en faisant comme si cette origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivant avait déjà été établie de façon absolument certaine par les indices qu’on a trouvés jusqu’ici et par les raisonnements tirés de ces indices, et comme s’il n’y avait rien dans les sources de la Révélation divine qui, dans ce domaine, impose la plus grande modération et la plus grande prudence. Mais lorsqu’il s’agit d’une autre opinion conjecturale, à savoir de ce qu’on appelle le polygénisme, les fils de l’Eglise ne jouissent pas de pareille liberté. Les fidèles chrétiens en effet ne peuvent embrasser cette opinion dont les tenants soutiennent, ou bien qu’il y a eu sur terre, après Adam, des hommes véritables qui ne descendent pas de lui par génération naturelle, comme du premier père de tous, ou bien qu’Adam désigne une multitude de premiers pères; on ne voit pas en effet comment une telle conception peut être accordée avec ce que proposent les sources de la vérité révélée et les actes du magistère de l’Eglise au sujet du péché originel, lequel procède du péché véritablement commis par l’unique Adam, et qui transmis à tous par génération, se trouve en chacun comme lui étant propre ».


A son tour, Jean-Paul ii lors de l’Audience Générale du 29 janvier 1986 déclara à propos du premier chapitre de la Genèse : « Ce texte a une portée surtout religieuse et philosophique. On ne peut chercher en lui des éléments significatifs du point de vue des sciences naturelles. Les recherches sur l’origine et le développement de chaque espèce in natura ne trouvent en cette description aucune norme obligatoire ni apports positifs d’intérêt substantiel… ».


Démontrons :

D’autre part, cette description des étapes de la formation du monde de la part des scientifique ne nous apprendra rien sur l’origine absolue et radicale de l’univers (c’est-à-dire son motif). Cette réponse n’est pas d’ordre physique mais métaphysique.


Ainsi, penser qu’il y a contradiction entre Création (révélée par la Foi) et Évolution (affirmée par la Science) constitue une erreur. La fusion des deux théories est également inacceptable : L’évolution est nullement créatrice car cela signifierait que la puissance créatrice appartiendrait au monde. Or pour grandir, croître et évoluer, il faut d’abord exister. (Le Père Sertillanges écrira que Bergson dans son ouvrage intitulé L’évolution créatrice parle par métaphore). Donc, l’évolution ne peut produire ce qu’elle suppose, c’est-à-dire l’être, sujet du changement.

Plus concrètement, la théorie du Big Bang initial affirmée par la science (mais qui peut être éprouvée à l’avenir) ne répond pas au problème. Car le Big Bang est une explosion et pour que quelque chose explose, il faut qu’elle soit car le néant n’explose pas !

Rappelons cependant que le néant n’est pas un réservoir d’où sortent les choses : c’est plutôt le non-être, le vide. Ainsi, quand on dit ‘‘Dieu a tiré les êtres du néant’’, on affirme qu’Il a donné l’existence à des être qui ne sont pas. Enfin, la science se limite aux phénomènes (elle étudie les faits); elle n’appréhende donc pas l’acte créateur qui n’est pas une chose. Elle est d’une façon de parler antérieure logiquement à la création. Et si la création était une chose, elle serait une créature, nécessitant l’acte divin,… c’est remonter à l’infini !

Alors, au contraire, on peut dire que la science pose la question métaphysique de l’origine de l’être, question à laquelle elle ne peut répondre car elle n’est pas faite pour cela. Au XIXème siècle, Jean Rostand a posé l’alternative : Dieu créateur ou l’absurde. Or affirmer l’absurde pour la science, est-ce vraiment raisonnable ?


Remarquons en dernier lieu que d’autres solutions ont été proposées. Ainsi, outre le créationnisme (seule façon possible et raisonnable d’expliquer l’existence du monde), théorie selon laquelle en dehors de Dieu rien n’est nécessaire, certain ont déclaré que le monde serait lui-même nécessaire : c’est le panthéisme. Le monde serait Dieu lui-même. Or, le monde est loin d’être parfait… D’autres ont défini le monde comme l’être parfait, parallèle et indépendant de dieu : c’est le dualisme. Or, deux êtres parfaits ne peuvent coexiste indépendamment…


Conclusion : l’évolution, preuve de Dieu Créateur selon St Thomas:

Toute croissance est mystère. Mais le bon sens nous conduit à croire que l’évolution constitue une preuve de Dieu Créateur. En effet, la nature, définie par Aristote comme principe intime de mouvement, ne va pas du tout ‘‘de soi’’ (ex.: une montre trouvée dans un champ ne s’est pas construite au hasard mais sous la direction d’une intelligence !). La science positive va décrire puis expliquer le phénomène de la croissance mais ne va pas du tout en donner la raison d’être ultime avons-nous dit ! En outre, une croissance qui ne recevrait rien de l’extérieur est impossible car tirer de soi-même ce que l’on possède pas est impossible, de même que l’achèvement de virtualités possédées. Il faut un promoteur (cf. Sum.Theol., Ia,q.2,a.3). Enfin, toute croissance est orientée. Ainsi, invoquer le hasard se révèle être insuffisant, bien au contraire. « Quand on songe à la complexité du cerveau humain, sa genèse par mutations fortuites paraît aussi invraisemblable que la rédaction, par une équipe de singes tapant au hasard sur une machine à écrire, des Oraisons funèbres de Bossuet. L’ordre des probabilités est si infime que l’on peut tenir pour impossible une telle réalisation » déclare le Professeur Grassé in L’origine de l’homme vue par un biologiste. Jean-Paul ii déclara à l’Audience du 5 mars 1986 : « Il est donc clair que la vérité de Foi sur la Création s’oppose de manière radicale aux théories de la philosophie matérialiste, qui voient le cosmos comme le résultat d’une évolution de la matière qui se ramènerait simplement au hasard et à la nécessité ».

Se pose alors la question subsidiaire : qu’est-ce qui oriente l’évolution ? Ce ne peut être qu’une intelligence transcendante aux éléments biochimiques (en ce sens, elle est hors du temps, elle est permanente).

Scholion : l’homme descend-il du singe ?

Si l’homme tire son corps d’un animal (pourquoi pas), son âme, par contre, ne peut être le fruit de son corps, puisqu’elle n’a rien de commun avec son activité corporelle. Elle est créée directement par Dieu. En outre, le monogénisme est la réponse la plus probable aux analyses scientifiques (et ainsi, les hommes sont ‘‘frères’’ ayant tous 46 chromosomes de même forme).


Dieu est Providence

Notion:

C’est l’action par laquelle Dieu conserve et gouverne le monde qu’Il a créé, dirigeant tous les

êtres à la fin qu’Il s’est proposée dans sa Sagesse.


Existence:

Elle a été niée par Aristote (l’Être parfait ne peut déchoir à s’occuper d’êtres imparfaits), les fatalistes (le destin des choses est inexorable), les déistes et les rationalistes (le monde est indépendant de Dieu) et les pessimistes (pour qui tout dans le monde est mal).

Preuve:

- a priori : Comme les êtres sont contingents, leur dépendance d’autrui découle de leur

nature, cet autrui étant le créateur.

- a posteriori : en constatant l’ordre du monde (physique, moral et social).

- selon le consentement universel.


Mode d’existence:

La Providence est à la fois GÉNÉRALE et SPÉCIALE et elle s’exerce de manière

générale et spéciale (loi générale et particulière : grâce, miracles et prophéties).


Objections contre la Providence :

I - d’après la nature divine: il y a une telle distance entre la perfection divine et l’imperfection

des créatures, que Dieu ne peut entretenir de rapport avec elles.

Réponse : c’est à travers son essence que Dieu connaît les choses.

II - d’après la Providence et la liberté humaine: si Dieu agit sur les créatures, elles ne sont

donc pas libre !

Réponse : nous l’avons déjà donnée; au moins avec la science moyenne, puis en fait, Dieu meut les créatures selon le mode de leur nature si bien que l’acte de l’agent nécessité est nécessaire et que celui de l’agent libre est libre.

III - d’après l’existence du mal: la question sera examiné à la fin.


Le Problème du mal

C’est la grande objection contre l’existence de Dieu et son action sur le monde. En effet, le mal est incompatible avec les attributs divins : sa toute-puissance, sa bonté, … Bref, Dieu est le bien substantiel. Alors, d’où vient le mal ? Et ce mal n’est-il pas un argument contre Dieu ?

Le mal provient de la création

Sans plus attendre, nous pouvons dire que le mal vient de la création et non du créateur. En effet, le caractère du pouvoir créateur - en raison de sa transcendance - est de conférer à ce qu’il crée une parfaite autonomie ontologique et fonctionnelle. Non pas que le créé puisse subsister un seul instant ni agir en quoi que ce soit en dehors de Celui dont il tient perpétuellement tout son être et tous les pouvoirs de son être, mais en ce sens que de par sa création, il est posé bien véritablement en lui-même, en état de se manifester par l’action dans la pleine autonomie de son acte. C’est la liberté. Dieu est donc dégagé de toute responsabilité du mal, attendu qu’il nous a voulus libres.


Tout être est bon

Sur le plan purement philosophique, tout être est bon. Ens et bonum convertuntur. Tout être agit pour une fin. Et le bien est tout ce qui est désirable: bonum est omnia quod appetunt. Tout être tend vers sa perfection, son amélioration. Donc, ex natura sua, tout être ne peut constituer un mal. Le mal ne pourra donc s’introduire que de biais et jamais comme créé, jamais comme cause première car cause première et cause créatrice sont identiques. Imaginons le problème analogue: le problème mal-liberté avec celui du loup et de l’agneau. (Le problème du mal relatif). En outre, ceci excuse Dieu de tout mal: il a créé POUR le bien.


Tout va vers la vie.

Ainsi, si le mal existe, c’est à titre de manque, de défaut, de déviation. Le monde ne peut être parfait mais il est le meilleur possible (relativement). Même s’il est une participation à la nature de Dieu, il n’est pas Dieu. Et nous avons vu que deux choses ne peuvent être parfaites sans être identiques ! Ainsi, le monde tient de la bonté de Dieu. La communication de la bonté demeure donc imparfaite. Mais la création demeure valde bonum comme dit la Genèse. Même si le degré “au-dessus” de la perfection est lui-même infini et qu’on en est loin. (En ce sens Dieu aurait pu faire un monde plus parfait, mais à quoi bon, puisque le bien dans tous les cas triomphe).

En fait, le mal a une triple forme : métaphysique [imperfection des créatures], physique [désordres apparents de la nature: la douleur] et moral [le péché].


Le mal métaphysique

Il s’agit de l’imperfection des êtres. On constate que le monde n’a pas la perfection qu’il devrait avoir. Il est purement négatif. En outre, les pessimistes tiennent que le bilan est plutôt négatif. La vie est pire que le néant. Réponse: l’optimisme relatif. Le monde étant créé est donc limité et contingent. Qui dit création dit imperfection. Le tout est de déterminer que le monde vaut mieux que le néant. Il est indubitable que la vie vaut mieux que le néant, tout comme l’être. Il dépend de nous qu’elle tende vers le mieux. Et ceci même si Saint Jean dit “le monde entier est plongé dans le mal” (JnV,19).

Le mal physique

Ce mal possède un caractère positif. Il est la privation d’un bien qui devait appartenir à la nature. Ex: tremblements de terre,… les fléaux,… bref, la douleur. Comme si Dieu avait refusé à certains êtres la perfection à laquelle ils avaient droit. Réponse: notre science est trop courte pour expliquer le pourquoi des tremblements de terre. Mais peut-être que dans leur globalité, ils sont positifs. La DOULEUR est la conséquence de ces phénomènes. Comme moyen (et non comme fin) la douleur peut être perçue comme un bien étant donné que d’un mal peut sortir du bien. La douleur est même condition d’un plus grand bien, conséquence de l’action des hommes ou de leur nature. Elle est même source de progrès tant dans l’ordre physique que moral: elle développe la patience, la maîtrise de soi, l’héroïsme. Souvenons-nous des mots de Musset “L’homme est un apprenti; la douleur est son maître. Et nul ne se connaît s’il n’a pas souffert”. La douleur est même moyen d’expiation. L’État n’emploie-t-il pas des peines judiciaires en vue de faire expier le coupable. Il convient donc de ne pas rendre Dieu responsable des maux. Tout au plus, le châtiment divin a un but pédagogique. Dieu agit comme un père.

Ainsi la douleur est un phénomène positif: elle est quelque chose (prise concrètement). Mais prise de façon abstraite, elle est mal. En effet, elle accapare la sensibilité en l’empêchant de jouir du bien. Cependant, elle ne peut être prise isolément. Elle doit être considérée comme le sentiment d’un manque. Et ce sentiment n’est pas un mal, n’est pas négatif. Par exemple, est-ce normal de ne pas souffrir la perte d’un proche ?


le mal moral

Ce sont les infractions à la loi du devoir, les injustices morales. Ces maux demeurent les conditions de l’obtention d’un bien meilleur. Et si le péché est conséquence de la liberté, la liberté sera toujours meilleure que le péché, puisqu’elle rend l’homme - par ses mérites - participant à la création. En outre, les injustices sociales ne sont pas telles que le vertueux est plus malheureux que le vicieux. Car le juste aura toujours sa conscience avec lui, et c’est certainement le bien le plus précieux, surtout au soir d’une vie ! En outre souvenons-nous que la vie est un combat dont la palme est au cieux.


Conséquence morale d’une mauvaise conception du mal:

Luther considérait qu’après le péché originel, le libre arbitre n’était plus qu’un mot !

Or le libre arbitre est à la racine du bien moral, de la responsabilité. Sans libre arbitre, il n’y a

plus de bien moral. Le Protestantisme est devenu indifférent au bien et au mal et prédestine

l’homme à l’enfer !


Conclusion

L’existence du mal justifie plus un Dieu juste, un ciel justificateur,… Le Dieu sage est celui

qui conduit le juste à la gloire éternelle. De plus, le mal est inévitable, mais il est totalement relatif.

Ainsi, l’ordre est l’objet principal de la création. Et c’est pour cela qu’il faut tenir qu’en définitive, c’est le bien qui triomphe. Car sans les voleurs, les tueurs, les haineux, il n’y aurait point de gens généreux, martyrs ou charitables et ces actes ne seraient point méritoires ! Le mal - s’il n’en constitue pas l’essence pour autant - demeure la preuve de notre liberté.


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La Religion

Notion générale de religion

Définition etymologique : vient de “relegere” : recueillir, ramasser, considérer avec soin. (opposé à “negligere” : faire peu de cas, négliger) ou vient de “religare” : relier.


Les termes de la religion sont Dieu (Créateur) et l’homme (créature). Nous voyons que toute religion présente des croyances (divinité supérieure en laquelle dépend la déstinée humaine), des préceptes (distinguant le bien et le mal) et un culte (rites extérieurs).


Définition : C’est l’ensemble des croyances, des devoirs et des pratiques par lesquels l’homme confesse la divinité, lui adresse ses hommages et implore son assistance.

Il faut cependant distinguer religion naturelle (ensemble des obligations qui découlent pour l’homme du fait de sa création) et religion surnaturelle (ensemble des obligations imposées à l’homme par suite d’une révélation divine et qui ne découle pas nécessairement de la nature des choses).


Raison d’être

Dieu est créateur et donc maître souverain en même temps que fin dernière alors que l’homme est créature de Dieu. Ces êtres, dont l’un dépend en tout de l’autre et qui est fait pour cet autre, doivent avoir des rapports qui les relient de façon conforme à leur nature. C’est l’oeuvre de la religion, ou ensemble des vérités à croire et des devoirs à pratiquer. Ainsi, notre vie entière est dirigée vers Dieu, notre fin, en procurant sa gloire par la reconnaissance et l’amour.


Principaux actes

En effet, l’homme est relié à Dieu par les actes de ses facultés humaines; intelligence et volonté. La religion exige donc :

- des actes de l’intelligence : adhésion aux vérités révélées;

- des actes de la volonté : pratique des devoirs à remplir;

- le corps et la sensibilité y auront leur part : l’un par les rites extérieurs du culte, l’autre par les sentiments du cœur.

Ainsi, c’est toute notre nature qui est mise en contact avec Celui par qui nous sommes et pour qui nous existons.


Nécessité de la religion

Les athées, les positivistes et les agnostiques nient la nécessité de ce lien de dépendance, prétendant que ce lien n’est pas évident. Les indifférentistes pensent que Dieu n’a que faire de nos hommages.

Preuve métaphysique

Les titres de Dieu et notre condition l’exigent:

a) Dieu, notre créateur et notre maître, infini et parfait, a par cela même droit à nos hommages. Nous devons lui reconnaître ses titres, et avouer que nous ne sommes rien devant Lui, et que nous Lui appartenons tout entier : c’est notre devoir d’adoration, le principal.

b) Puisqu’Il est notre fin dernière et infiniment bon ne devons-nous pas l’aimer plus que toute chose et le servir par tous nos actes ?

c) Etant notre bienfaiteur, Il a droit à ce que nous Lui exprimions notre gratitude pour tous ses bienfaits : c’est la reconnaissance.

d) Si nous l’offensons, nous Lui devons l’expression de nos regrets et de nos résolutions.

e) Enfin, pour obtenir des faveurs qui nous sont indispensables, il faut Lui adresser nos demandes.

L’attitude par rapport à Dieu est donc un devoir de stricte justice dont l’accomplissement grandit celui qui le remplit. La religion est nécessaire au point de vue de intérieur (l’âme), pour le culte extérieur (le corps, traduisant les sentiments de l’âme) et pour le culte social (puisque la société vient de Dieu et que l’homme est social).

  • Cf. Fiche n°2 Apologétique du MJCF.

Preuve psychologique

La sagesse nous l’impose. Nous devons prendre les moyens pour arriver à notre fin en évitant les obstacles afin de vouloir notre bonheur.

Notre esprit désire connaître la vérité totale des choses et notre volonté et notre cœur désirent le bien infini qui est Dieu.

- Notre intelligence désire connaître la Vérité : « Comment vivre en paix dira un philosophe quand on ne sait ni d’où l’on vient ni où l’on va ni ce qu’on a à faire ici-bas ? ». Nous avons donc besoin par nature d’être relié à Lui puisque nous tendons vers Lui. Ce lien est rempli par la religion, chemin conforme de notre nature. Dieu, vérité pure, bien infini, beauté parfaite est seul capable de nous donner le vrai bonheur.

- Notre volonté tend au bien : et sse sentant faible pour l’atteindre, elle réclame un secours.

- Notre cœur a soif de bonheur que le monde ne lui donne pas !

Preuve historique

L’histoire de toutes les civilisations nous le prouve. La religion est un fait universel. L’homme est défini comme un animal religieux. La religion ne peut être qu’une nécessité !

Tous les peuples se sont toujours crûs obligés de rendre un culte aux divinités, et spécialement par des sacrifices.

Conclusion : la pratique de la religion n’apparaît donc pas comme facultatif mais le premier des devoirs de l’homme et le plus noble de ses besoins. C’est le plus grand bonheur de l’humanité.

L’origine de la religion.

Différentes explications ont été données… Car le problème est savoir si la religion vient de l’homme ou de Dieu ? Les rationalistes prétendent que la religion primitive fut le polythéisme. Nous prétendons le contraire : elle a été monothéiste par Révélation.


Quels sont les argument invoqués par les rationalistes ? Toutes les religions auraient une origine naturelle n’exigeant pas l’intervention d’un être supérieur ! Ceci va contre le dogme prétendant qu’Adam et Eve furent éclairés par Dieu de leurs devoirs.


L’Argument philosophique rationaliste

La thèse de l’évolution: comme l’homme descend du singe, ce n’est que peu à peu qu’il est devenu religieux ! D’une religion vague et grossière (comme cela demeure conscience les peuples primitifs), il idéalisa petit à petit. Fétichiste, idolâtre, polythéiste puis monothéiste. A savoir comment est né ce sentiment religieux - inexistant à l’origine - trois théories proposent une explication : la théorie naturiste, sociologique et psychologique.


L’étonnement et la peur :

Ils apparaissent devant les spectacles de la nature (foudre, tempêtes,…). Ceci conduisit à diviniser les forces matérielles ou leur donner une âme (animisme). [Auguste Comte].

Mais :

- La religion présente d’autres sentiments et actes que ceux dictés par la peur : Foi, espérance, Charité ! De plus, la peur n’est que transitoire alors que la religion est un phénomène permanent. Le fait religieux persévère après la découverte des lois de la nature, et souvent chez les plus grands scientifiques.


La contrainte de la société :

Dans les créatures divinisées, les peuples ont reconnu un ancêtres,… en signe de ralliement. Cette explication sociologique est donnée par le sociologue du XIXè siècle [Durkkeim].

Mais :

-S’il est vraie que la religion soit extérieure et sociale est vraie, elle est surtout personnelle et intérieure.

- Les religions monothéistes peuvent difficilement s’expliquer par le fétichisme ou l’évolution !


La théorie psychologique :

L’organisation religieuse serait le fruit du cœur de l’homme en raison de la permanence et de l’identité du phénomène religieux. Comme il y a les mêmes effets, il y les mêmes causes : la conscience humaine !!!

Le modernisme prétend de la même manière que la religion trouve sa racine dans le subconscient d’où elle jaillirait !


L’argument historique rationaliste

Le problème est surtout historique en fait. Pour les rationalistes, le fond de la religion provient de l’animisme.


l’Hypothèse catholique : la nature humaine

C’esl la seule explication : l’homme a dans sa conscience une loi qui lui indique qu’il doit un culte à un être supérieur et nécessaire de qui il tient tous ses biens. (D’autant plus, nous le verrons, que l’homme a connu une révélation primitive). Ainsi, le fait religieux est universel et présente un fond commun, dont le sacrifice est l’acte.


Argument négatif :

Il se fonde sur la faiblesse des positions rationalistes. L’évolutionisme étant loin d’être prouvé fonde mal l’argument qui lui correspond. Se reporter aux critiques propres à chaque argument.

Argument positif :

Dans l’observation de la naissance du sentiment religieux, nous constatons que l’enfant reçoit sa religion de ses parents et de son milieu. Et s’il est vrai que l’homme a des facultés religieuses et que sa raison - constatant la contingence du monde - s’élève à l’Être nécessaire, ces dispositions ne se développent pas spontanément. La tradition est requise. Il faut supposer que ce qui se passe tous les jours pour les individus se réalisa à l’aurore de l’humanité.

Refuser que Dieu instruise directement le premier, il faut supposer soit que Dieu n’existe pas, soit qu’Il se désintèresse de son œuvre ! La religion primitive est donc la seule explication à rendre compte de ce fond commun.


Après avoir vu la nature, la possibilité et la nécessité de ce mouvement del’homme vers Dieu, voyons maintenant la nature, la possibilité et la nécessité du mouvement de Dieu vers l’homme : la révélation.


Scholion : L’obligation pour toute société de professer une religion.

On appelle société un groupe organisé d’hommes poursuivant une fin commune sous l’autorité d’un seul chef. La société civile a pour fin le bien commun temporel défini par Pie xii comme étant “l’établissement de conditions publiques normales et stables, telles qu’aux individus aussi bien qu’aux familles il ne soit pas difficile de mener une vie digne, régulière, heureuse, selon la loi de Dieu”. (8 janvier 1947).


Ainsi : pour que la société civile subsiste, il faut que ses membres restent unis dans la poursuite du bien commun. Cela nécessite qu’ils pratiquent plusieurs vertus : justice (chacun respectant les droits d’autrui et accomplissant son devoir), obéissance aux lois justes, confiance réciproque, entraide mutuelle… Or c’est la religion qui renforce ces vertus et les stimule. Sans elle tout se dégrade et tout se dissipe : on ne pense qu’à son propre intérêt et à satisfaire ses passions. “Si Dieu n’existe pas, tout est permis” dira Dostoïevsky. La terre devient une jungle…


Enfin : c’est l’autorité des gouvernants qui assure la cohésion d’une société et y coordonne les différentes activités. Or sans religion, c’est-à-dire sans référence explicite à Dieu, l’autorité s’effrite car elle perd son principe. Quand les gouvernants ne cherchent plus à être les représentants d’une autorité divine qui les dépasse, ils enlèvent à leurs sujets le fondement principal de leur obéissance (c’est-à-dire Dieu) : au nom de quoi devra-t-on désormais obéir ? On prendra le moindre prétexte pour accuser le pouvoir d’arbitraire et refuser l’obéissance… avec tout le désordre qui s’ensuit dans la cité. D’autre part, étant donné le péché originel, un Etat sans Dieu ne peut que promulguer des loi qui n’auront pour but que de satisfaire l’ambition des uns et de flatter les vices des autres… on aboutit à l’anarchie.


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La Révélation

Art.1 La Révélation en elle-même

Introduction :

Nous avons vu qu’au cœur de l’homme se trouvait une loi lui dictant les prémisses des principales vérités religieuses, ses devoirs essentiels envers Dieu. Ce en quoi on pouvait conclure que la religion naturelle était sinon un devoir, au moins au besoin. Mais si l’homme peut aussi par lui-même élaborer les pratiques cultuelles traduisant ses sentiments envers la divinité, en fait, constatant que toutes les religions qui se partagent l’humanité revendiquent leur origine divine, il est nécessaire de nous demander si Dieu a parlé sur ce point. En outre, il est certaines vérités que la raison seule n’aurait pas pu deviner sans le secours divin (ex: la Trinité). Enfin, si la religion naturelle suffit si Dieu s’en tient à demeurer créateur, elle demeure insuffisante pour connaître un Dieu qui veut appeler l’homme à une vie surnaturelle et donc l’appeler à d’autres devoirs. Ceci ne peut se faire que par mode de révélation.

Nous chercherons donc à savoir si Dieu s’est révélé; autrement dit, quelle est la nature de la révélation, sa possibilité et sa nécessité puis nous établirons alors l’obligation que nous avons de rechercher si elle existe et où elle se trouve.


Mais avant tout, il s’agit de bien définir la notion de surnaturel.


Le surnaturel

Les Erreurs :

Le surnaturel n’est pas “ce qui dépasse la nature” (car : qu’est-ce que la nature ?); ce n’est pas nécessairement ce qui intéresse la religion humaine (l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu sont improprement des vérités surnaturelles). Enfin, ce n’est pas ce qui dépasse les possibilités et les exigences d’une nature sans en dépasser une autre : ceci est simplement préternaturel (l’immortalité, l’exemption de souffrances,…).

Définition :

Est surnaturelce qui est d’ordre exclusivement et spécifiquement divin et dépasse donc toutes les possibilités actives et toutes les exigences de toutes les natures créées”. Ex : la vision béatifique.

Deux remarques:

1°/ Le surnaturel convient à la nature humaine :
- L’inquiétude intellectuelle de l’homme.

C’est cette tension permanente vers un état meilleur au-delà du désir actuel. C’est s’élever de la beauté corporelle à la beauté de l’âme : atteindre le beau par soi. C’est donc déjà un désir surnaturel d’un objet spécifiquement divin et exclusivement propre à Dieu. La connaissance de l’homme étant ordonnée à la connaissance des essences et étant capable de remonter au fait de l’existence divine. Et si l’esprit humain cherche à percer le mystère intime de l’essence divine, demeurant disproportionné à son objet, aura besoin du don gratuit du surnaturel.

- Le surnaturel est pour la volonté une limite en quelque sorte négative.

De même quant au bien recherché par la volonté, l’amour. Il y a un amour qui porte vers une possession toujours plus intime - mais qui ne peut aboutir à la perfection - de la réalité parfaite, Dieu lui-même. Ceci ne pourra se faire que par une initiative gratuite de Dieu appelant l’homme à son amitié. D’où le sentiment de l’insatisfaction de l’amour humain qui renferme dans sa nature une exigence absolue.

2°/ Le surnaturel dépasse la nature humaine :
La connaissance positive du surnaturel échappe à la raison.

Si chacun des termes d’une propostion surnaturelle est compréhensible, la démonstration intrinsèque ne l’est pas quant à elle. Tout au plus, la raison pourra affirmer que les termes ne sont pas contradictoires (ex: la Trinité), voire convenants.

La vie surnaturelle ne peut être qu’un don de la charité divine.

Seule la Foi peut nous instruire de la réalité de Dieu et seul Dieu peut nous donner cette perfection de notre être naturel.


  • Seule la révélation peut donc donner à l’homme la réponse surnaturelle.

Notion et Objet de la révélation

Définition étymologique :

“Revelare” : enlever un voile d’un objet qui nous empêche de le voir [re(movere)velum], faire connaître.


Définition réelle :

D’une façon générale, c’est la manifestation d’une chose cachée ou inconnue. Elle humaine ou divine. Mais de façon particulière et qui nous intéresse :

« C’est la communication faite par Dieu - moyennant un instrument humain - de jugements (d’informations certaines) touchant des réalités divines dont la connaissance, le désir, la présence en nous et la possession sont propres à nourrir, à promouvoir et à transformer la vie religieuse. »

Explication et conséquences de cette définition :

La Nature de la révélation :

C’est une parole de Dieu, la communication par Dieu d’un jugement qu’Il porte sur une sujet.

Les différentes Sortes de révélation :

Ce sont toujours des instruments humains.

Quant au sujet auquel elle s’adresse :

- La révélation est médiate : quand Dieu nous la transmet par un intermédiaire (aux juifs par Moïse);

- La révélation est immédiate quand il nous la fait connaître directement (ex : à Moïse).

Quant à la façon dont elle s’exerce :

Elle est sensible (par nos sens extérieurs : ex : mot écrit sur un mur), imaginative (par nos sens intérieurs : ex : un songe) ou intellectuelle (formulée par l’esprit : c’est l’inspiration).

L’Objet de la révélation :

Ce sont les réalités divines concernant la nature de Dieu ou ses rapports avec les hommes :

- Les vérités corroborant la loi de la conscience (les préceptes naturels : ex : l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, honorer ses parents). C’est le Décalogue;

- Les vérités compréhensibles mais introuvables par la raison seule (les préceptes positifs : ex : la consécration d’un jour à Dieu);

- Les vérités dépassant la raison humaine (les mystères : ex : la Trinité).


La Certitude de la révélation :

Les jugements sont à prendre comme étant certains, faciles et vrais en vertu de l’autorité de Celui qui parle.

L’Effet de la révélation :

Il a pour but de nourrir notre vie religieuse de vérités utiles en la développant et en la transformant.


Les erreurs concernant la nature de la révélation :

  • Elle n’est pas ce commerce entretenu avec l’Être suprême surtout par la prière (selon les protestants libéraux et Kant).
  • Elle n’est pas non plus la prise de conscience acquise par l’homme ses rapports avec Dieu (les modernistes comme Loisy).

Possibilité de la révélation selon son objet

Selon les différentes natures des vérités, cette révélation est possible et ceci contrairement à ce que prétendent les athées, les matérialistes et les panthéistes d’une part et les déistes et les rationalistes d’autre part.

Constatons avant tout que tous les peuples ont cru à une révélation.

La révélation ne répugne pas :

En effet, la révélation des vérités naturelles est possible. Dieu peut influer sur elles aussi bien que tout homme chargé de nous instruire pourrait le faire (Lui qui est l’auteur de la création et qui nous maintient dans l’être peut très bien intervenir). De notre coté, en vertu de l’acceptation de l’autorité divine, nous le croyons.

La révélation des préceptes positifs est également possible, Dieu voulant simplement faire connaître des volontés particulières.

Enfin, la révélation des mystères peut poser quelques difficultés quant à leur convenance; nous allons le voir.

Ainsi, la révélation ne répugne pas et même elle convient :

Elle ne répugne pas du coté de Dieu :

Elle est physiquement possible dans le sens où Dieu agit hors des lois de la nature mais pas contre ces lois. De plus, le fait de se révéler ne provoque aucun changement en Dieu : il a “prévu” de la faire. Elle est moralement possible dans le sens où elle ne va pas contre les attributs divins (justice, charité, unité, sagesse, majesté). Car enfin, pourquoi Dieu - qui nous a créés - ne pourrait-il pas nous parler ? Ainsi, Dieu veut nous rapprocher de Lui en nous élevant au-dessus de notre nature en nous donnant comme une participation à sa vie par la connaissance de l’existence de mystères qui demeurent malgré tout mystères puisque nous n’en comprenons pas pour autant la nature intime.


Elle ne répugne pas du coté de l’homme :

Car l’homme a besoin de Dieu ainsi que de son assistance dans l’ordre naturel et surnaturel. Pour cela Dieu peut lui perfectionner l’intelligence et mouvoir la volonté. La liberté demeure malgré tout, même si nos facultés ne sont pas totalement indépendantes. En outre, l’homme ne peut rejeter un mystère puisqu’il n’est pas absurde. (Cf. Présence eucharistique).


Elle ne répugne pas du coté de l’objet révélé quel qu’il soit :

Il faut malgré tout encore distinguer les différents objets de la révélation comme nous l’avons déjà fait : Dieu peut nous révéler…

… les vérités corroborant la loi de la conscience (les préceptes naturels : ex : l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, honorer ses parents). C’est le Décalogue accessible à la raison;

… les vérités compréhensibles mais introuvables par la raison seule (les préceptes positifs : ex : la consécration d’un jour à Dieu); Dieu notre créateur et donc notre maître est législateur;

… les vérités dépassant la raison humaine (les mystères : ex : la Trinité, la Rédemption). C’est sans doute là où réside la difficulté et où va s’arrêter notre étude.

Le Problème et la Définition du Mystère :

Ce que Dieu peut dire en s’adressant aux hommes peut demeurer un mystère, mais c’est cependant possible : ainsi, même si ces mystères sont introuvables par la raison et demeurent incompréhensibles (connaissance incomplète), ils sont cependant intelligibles (compréhension relative et analogique et non pas réalité dépourvue de sens !). C’est un peu comme s’il y avait trop de lumière, et que nous n’y voyions alors plus rien !Le mystère est “une vérité cachée et secrète dont la connaissance dépasse absolument ou relativement la raison”.

Notre attitude face aux mystères :

Avant la révélation, on ne peut rien dire sur leur possibilité ou leur existence, puisqu’ils échappent à la raison. Si après la révélation, ils sont, si donc ils sont possibles (ex: le mystère de la Trinité), nous ne comprenons toujours pas comment ils sont possibles ! Les termes du mystères sont compréhensibles mais leur lien demeure caché : ex : la Trinité, c’est trois personnes égales en une même nature. Si les termes de personnes et de nature peuvent être compris, nous ne comprenons pas leur lien entre eux.


Et s’il n’y a rien d’impossible à l’existence des mystères, c’est-à-dire des vérités surnaturelles incompréhensibles, il n’y a rien d’impossible non plus quant à leur révélation : en termes humains, Dieu peut formuler des vérités surhumaines, laissant obscurs d’ailleurs les liens entre les termes qui eux sont clairs.


La révélation n’est pas inconvenante :

Contrairement à ce qu’on peut croire, la révélation de vérités naturelles (connaissables par la raison) ne constitue pas quelque chose de superflue, et celle des vérités surnaturelles n’est pas un obstacle à la raison. Bien au contraire : la révélation apportant de nouvelles vérités (morales et dogmatiques) perfectionne l’intelligence quant au sens de la vie ! De plus, elle favorise l’intimité avec Dieu.


Nécessité de la révélation

Il faut encore distinguer selon l’objet de la révélation : vérités naturelles ou surnaturelles.

Pour les vérités naturelles ou dans le cas d’une religion naturelle :

Thèse : Il y a une nécessité morale. En effet, pour que l’humanité toute entière puisse connaître avec certitude, aisément, complètement et sans mélange d’erreurs, toutes les vérités naturelles et les préceptes moraux naturels, la révélation est moralement et relativement nécessaire.


Explication : En soi, la raison aurait été capable de trouver ces vérités, mais étant données les circonstances, il lui est moralement et relativement impossible de le faire. Et ceci en raison de la faiblesse des facultés humaines (i.e. les circonstances actuelles du péché originel), des occupations et des difficultés de la vie (temps, loisirs, études, talents,…). Cette nécessité demeure morale et relative car bien que les vérités naturelles soient proportionnées à l’intelligence, il lui est très difficile de les connaître avec les qualités de certitude et d’universalité requise. L’expérience nous le prouve : le monde païen avait perdu la révélation primitive (avant la révélation) et cela se voyait dans ses mœurs et ses croyances.

Une religion naturelle et sans révélation est donc insuffisante.


Argument historique : on a vu les Grecs et les Romains tomber dans les plus graves erreurs sur la religion (polythéisme, idolâtrie,…). Et même si certain philosophes ont pu élaborer des doctrines sages, ce n’est pas le cas des civilisations.


Argument psychologique : si le genre humain s’est généralement trompé dans la solution de la question religieuse, il doit y avoir une cause permanente d’erreur : ce ne peut être que la faiblesse relative de la raison. Nous pouvons donc présumer que la connaissance certaine de ces vérités se fait par mode de révélation, ou tout au moins par un secours spécial, puisque la Providence ne peut nous faire défaut dans les choses aussi nécessaires.


  • Les Erreurs : les traditionalistes et les fidéistes (du xixème siècle) ont prétendu que la raison ne peut arriver à connaître aucune vérité religieuse ! Les rationalistes au contraire prétendent que la raison peut par ses propres forces arriver à la connaissance de la religion naturelle.

Pour les vérités surnaturelles ou dans le cas d’une religion surnaturelle :

Thèse : Il y a une nécessité absolue. En effet, si Dieu veut appeler l’homme à une fin surnaturelle, s’il veut que l’homme connaisse en conséquence des vérités surnaturelles touchant sa nature et ses rapports avec la création, la révélation est absolument nécessaire.


Explication : Il y a nécessité absolue parce qu’il n’y a pas proportion entre les vérités à connaître [divines] et la faculté de connaissance [humaine]. En effet, l’homme étant destiné au bonheur - qui est de contempler Dieu - cette fin dépasse les exigences de la nature humaine. Dieu lui en donc les moyens.


De ces deux thèses, il y a obligation de rechercher si une telle religion surnaturelle existe. En effet, si Dieu nous fait un don, nous ne sommes pas libre de le refuser. ou de l’accepter. Comment cela peut-il se faire ?


Art.2 Les Preuves de la Révélation : le Miracle & la Prophétie

Généralités

Autrement dit, ce sont les Critères de la Révélation ou les Motifs de sa Crédibilité.

Dieu pouvait parler; il devait parler; nous devons donc dire qu’il a parlé; Or toutes les religions se disent révélées par Dieu. Comme elles se contredisent, une seule est la bonne (car Dieu ne peut avoir révélé deux jugements opposés) et il s’agit de savoir laquelle puisque elle seule nous permet d’atteindre notre fin dernière.


- Il n’y a qu’une seule religion révélée véritable puisqu’il n’y a qu’une seule vérité sur un même point (dogmatique ou moral); En outre, Dieu - étant unique - ne peut que vouloir être servi d’une seule et unique manière.

- Comme seule une religion est bonne, dans l’ignorance ou le doute, nous avons le devoir de rechercher laquelle est la vraie et ceci par des signes certains, les miracles & la prophétie, motifs de crédibilité.


Sans quoi, nous sommes déraisonnables, nous injurions Dieu et nous sommes en danger pour notre salut.


Remarque préliminaire :

Il faut donc pour cela un motif direct de crédibilité qui doit prouver et exiger la vérité d’une révélation. Et seul le miracle peut le faire, car rien dans l’ordre de la nature ne peut le faire puisque ce qui est dans la nature ne peut prouver ce qui est en dehors. En outre ce motif doit être en dehors de la révélation (constatable expérimentalement) mais propre à Dieu (voulu par Lui).

Espèces

Les critères intrinsèques à la doctrine ou probables :

Ce sont ceux qui sont inhérents à la doctrine elle-même.

Négatifs :

Ce sont des signes qui dénotent :

- la fausseté d’une doctrine (ex: une doctrine qui va contre la raison : le polythéisme, la mortalité de l’âme,…). (¹ dépasser la raison = un mystère). Ces critères permettent donc de déterminer les fausses religions.

- l’exemption d’erreur, ce qui est nécessaire mais insuffisant pour prouver son authenticité.

Positifs :

Ce sont des signes qui démontrent la divinité de la religion qui les possèdent.

Ce sont des signes qui sont des effets de la religion (moral, intellectuel,…) et qui en montrent une certaine transcendance (reconnaissance d’une intervention divine).

Les critères extrinsèques à la doctrine ou certains :
négatifs :

La malhonnêteté de l’intermédiaire permet de conclure à la fausseté de son affirmation.

positifs :

La vertu permet au contraire de conclure à la vérité de l’affirmation (sainteté,…).

Les actes sont considérés comme prophétiques (miracles intellectuels) ou miraculeux (miracles purement physiques ou les miracles moraux : une conversion inattendue).


Le Miracle

Il s’agit donc d’une étude spéculative du miracle : c’est-à-dire du miracle en soi et non des miracles existants, lesquels seront étudiés pour montrer que le Christ était vraiment Dieu.


Nature

C’est un motif externe, positif et direct.

Définition : miraculum vient de miraculi : être surpris. C’est donc tout ce qui est merveilleux et excite la surprise et ceci en raison de la cause inexplicable ordinairement.

- Au sens large, c’est un phénomène insolite dont la cause est un agent surhumain. Si l’agent est un ange ou un démon, on l’appellera prodige ou prestige.

- Au sens strict, le miracle est un fait sensible et certain qui déroge aux lois constantes et connues de la nature et n’est pas possible sans une intervention spéciale de Dieu.


Conditions :

- Il faut que le fait soit sensible, c’est-à-dire constaté; et ceci pour qu’il remplisse la fonction de signe. Ainsi, par exemple, la justification de l’homme par la grâce n’est pas un miracle au sens strict, car cette opération ne tombe pas sous les sens. Les deux termes en quelque sorte sont sensibles et constatable; c’est leur succession immédiate et donc anormale qui est miraculeuse.


- Il faut que le fait soit certain, c’est-à-dire connu par de nombreux témoins et examiné. (¹ fraude, supercherie).

Quelques critères d’analyse :


Circonstances :
Prodige métaphysique ou
Miracle :
- Sujet : ................. Système nerveux détraqué,… équilibré et sage
- Message : ........... Affabulation, immoral, contradictoire,… Nourrisant, confirmation de la doctrine, moral,…
- Lieu : ................. Silence, obscurité, en privé… en public, quotidien,…
- Instrument : ....... Magie,… aucun (prière et foi).
- But : .................. satisfaire la curiosité, le mer­veilleux, orgueil, argent, gloire,… Le salut des âmes, la pénitence,…
- Comment : ......... Fraude, magie, mensonge… Humilité, droiture, sincérité,…
- Quand : ............. Réitération à volonté, bavardage,… Sobriété, irrégularité, discrétion, tempérance,…

- Il faut que le fait soit extraordinaire (absolument ou relativement) : De façon absolue, c’est-à-dire en dehors des lois naturelles et sur­na­turelles, inexplicable par une cause créée qui n’est pas proportionnée. Les prodiges opérés par les démons ne sont donc pas des miracles car ils sont surnaturels par rapport à nous, mais naturels par rapport à eux). Le fait se réalise par la non-application de la loi, c’est-à-dire dérogeant aux lois constantes et connues de la nature (ainsi, l’ignorance des causes ne suffit pas [ex : électricité]). Il s’agit précisément de la non application des lois connues (et non pas l’application de lois naturelles encore inconnues) par l’intervention d’une cause libre de force supérieure. (Ex.: une voix humaine arrêtant une tempête).De façon relative, c’est un fait qui serait ordinairement possible dans d’autres conditions avec les seules forces de la nature mais qui dans les conditions envisagées ne l’est pas. (Ex.: le stratère dans la bouche du poisson péché par saint Pierre sous l’ordre de Jésus).


- Il faut par conséquent que le fait soit produit par Dieu (au sens strict [direct] ou au sens large [intermédiaire]): car Lui seul peut déroger aux lois et dépasser les forces créées, Lui qui en est l’auteur.

Ce dépassement de l’ordre de la nature se fait à des degrés divers :

- miracle quant à la substance du fait : jamais possible sans Dieu : l’ubiquité;

- miracle quant au sujet : jamais possible pour le sujet en question (vie, vue,…);

- miracle quant au mode : jamais possible sans surpasser les conditions défavorables (guérison).


Exemples : La Présence eucharistique n’est pas un miracle au sens strict et absolu car elle n’est ni sensible ni extraordinaire (elle s’explique très bien philosophiquement). La Création n’est pas un miracle non plus car elle est antérieure aux lois (et donc pas en dehors).


Remarque : le miracle n’est pas une conséquence de la Foi comme si la Foi était nécessaire pour croire au miracle ou comme si la Foi causait le miracle devenant une sorte de disposition subjective où l’esprit triompherait de la matière. Ainsi, il faut de dire comme les Protestants libéraux que le miracle est un fait extraordinaire procédant de lois naturelles encore inconnues, mais où le sens religieux voit une manifestation de la bienveillance divine à notre égard.


Possibilité

Adversaires :

Les athées, les panthéistes pour qui il ne peut y avoir d’intervention personnelle en dehors de la nature. Les déistes pour qui le miracle va contre l’immutabilité divine.

Thèse :

Rien ne s’oppose à la possibilité du miracle : ni du coté de la nature, ni du coté de Dieu.


du coté des lois de la nature :

- Dieu peut même agir contre les lois qui bien que nécessaires demeurent contigentes pour Dieu (les évolutionnistes seront d’ailleurs d’accord sur la mutabilité des lois!); il peut également agir en dehors car tout le monde reconnaît que si les lois sont nécessaires leur application ne l’est pas (ex: un obstacle empêche la chute d’un rocher, tout comme une digue enpêche un raz-de-marée !).

du coté de Dieu :

- bien qu’immuable, Dieu a voulu de toute éternité le changement dans la création par son intervention : en fait, c’est la création et non pas Dieu qui change !

- bien que sage, Dieu ne “retouche” pas son œuvre : Il manifeste simplement sa puissance à l’homme devenu aveugle devant le spectacle de la splendeur de la nature devenu habituel et Il manifeste sa bonté et sa miséricorde pour mieux se faire connaître.


Constatation

Remarque : les adversaires des miracles ne les nient pas d’ailleurs mais déclarent ne pas les connaître ! En outre, comme nous ne connaissons pas toutes les causes, ils affirment qu’il est impossible de dire si les phénomènes observés sont en dehors des causes… Or la science a pour rôle de déterminer si les faits sont conformes ou non aux lois de la nature.

Sans trop donner de détails, il faut simplement dire que le témoin doit être bien informé (compétence) quant aux trois conditions du miracle (réalité du fait : sensible, observable, constatable : il est historique; extraordinaire, disproportion entre les causes et les effets puis causé par Dieu : œuvre de nature éclatante, morale, bonne,… : il est théologique; enfin, il conforte une doctrine exigeante ce qui ne se fait pas dans la précipitation : il est apologétique) et sincère (probité) quant à l’état psychologique du témoin.


Le cas de Lourdes par exemple : toutes les objections n’ont pu être retenues (63 miracles) :

- l’eau aurait des propriétés curatives particulières… Or des analyses ont été faites ! et les miraculés n’ont pas tous utilisé de l’eau.

- Il paraît selon certain que toute cellule cérébrale actionnée par une idée actionne les fibres nerveuses qui doivent réaliser cette idée… Bref il suffirait de vouloir une chose pour qu’elle se réalise… Or vouloir réparer des lésions physiologiques est assez insurmontable, et pourtant !

- La nature aurait des forces inconnues…Or si l’ignorance des lois n’est pas synonyme de leur absence, malgré cela, les lois - même si elles sont inconnues - doivent demeurer. Or à Lourdes elles ne s’appliquent qu’à certains !

Remarque : si le progrès de la science a fait reculer le merveilleux, elle ne l’a pas fait disparaître : un résurrection demeurera toujours en dehors du cours normal des choses.

Valeur probante du miracle pour appuyer l’autorité d’une doctrine

Le miracle réalisé dans le cadre d’une doctrine la conforte.

preuve par la raison :

Une intervention divine favorisant une doctrine montre que Dieu la ratifie, sinon Il nous tromperait.

preuve par le consentement universel :

Tous les peuples ont cru à l’existence de miracles opérés par Dieu en faveur d’une doctrine. Autrement dit, toutes le religions ont cherché à se fonder par les miracles en les attribuant à leur fondateur.


Annexe : pourquoi Dieu opère-t-Il des miracles ?

Les miracles qu’a opérés Notre-Seigneur Jésus-Christ, sont des œuvres divines, qui apprennent à l’esprit de l’homme à s’élever jusqu’à la connaissance de Dieu par le spectacle des choses visibles. Car, comme la nature divine ne peut être vue des yeux du corps et que, d’ailleurs, les grands prodiges que Dieu opère dans le gouvernement et l’administration de l’univers ont perdu toute valeur à nos yeux, à raison même de leur répétition continuelle, au point que presque personne ne daigne prendre garde aux merveilles vraiment étonnantes de la puissance divine, qui éclate dans le moindre grain de blé, Dieu, dans sa miséricorde, s’est réservé la faculté d’opérer, à des moments opportuns, certains miracles, en dehors du cours habituel et régulier de la nature, afin que ces miracles, non par leur supériorité intrinsèque, mais bien par leur caractère insolite, vinssent faire une forte impression sur ceux pour lesquels les prodiges journaliers avaient perdu leur valeur. A vrai dire, en effet, c’est un plus grand prodige de gouverner le monde entier que de rassasier cinq mille hommes avec cinq pains, et cependant, personne n’admire le premier de ces prodiges, tandis que le second remplit les hommes d’étonnement, non parce qu’il est plus grand, mais parce qu’il est plus rare. Car qui donc nourrit maintenant le monde entier, si ce n’est celui qui fait sortir d’abondantes moissons de quelques grains de sable ? C’est bien en Dieu qu’il a agi dans un cas comme dans l’autre. C’est par la même puissance qui Lui sert a produire des moissons par la multiplication des quelques grains qui ont servi de semence que ses mains ont pu multiplier les cinq pains. (Saint Augustin, Traité xxiv sur l’Evangile de Saint Jean).


Remarque : le miracle moral est une série d’actes visibles (martyrs, conversions, vocations, héroïcité…) qui procèdent de la volonté aidée par la grâce.


La Prophétie

Nous n’entendons pas dans ce paragraphe l’étude de l’annonce de Jésus-Christ par l’Ancien Testament (Jésus-Christ prophétisé) et de l’accomplissement des prophéties (Jésus-Christ prophète), ce qui sera fait pour prouver la divinité du christianisme; mais il s’agit ici de l’étude de la Prophétie en soi (le miracle intellectuel). Elle est donc un miracle particulier avec des caractéristiques propres.


Nature

Définition :

 signifie prédiction. Au sens large, il s’agit de la prédiction d’un évènement futur (ex: une éclipse). C’est la connaissance d’un fait inconnaissable naturellement. Au sens strict, il s’agit de la prévision certaine et l’annonce de choses futures qui ne peuvent être connues par les causes naturelles. Le Prophète est le porte-parole de Dieu.

Conditions :

- la prévision doit être certaine (¹ oracles païens :“Le tyran sera tué à l’extérieur de Rome” dirent les oracles à Maxence qui allait combattre Constantin ! ¹ “Cette nuit même avant que le coq ait chanté deux fois, tu m’auras renié trois fois”);

- la prévision ne peut être connue que par des causes surnaturelles.


Possibilité

Elle est prouvée par - la croyance universelle : tous les peuples faisant appel à la prophétie pour défendre la vérité de leur croyance;

- la raison : qui nous dit que Dieu connaît l’avenir (omniscience) et peut nous le révèler (comme toute vérité cachée).

En outre, la prophétie ne va pas contre la liberté car par elle Dieu meut notre volonté selon sa condition.

Constatation en vérifiant

- la réalité de la prophétie : (avec ses conditions : cf. supra);

- l’accomplissement de la prophétie : (plus ou moins longtemps à l’avance).


Valeur probante pour autoriser une doctrine

Et ceci n’est pas superflu: l’argument du rejet du miracle comme inutile va presque contre la Foi en en effet, le Concile Vatican I écrit : «Pour que la soumission de notre Foi fut en accord avec la raison, Dieu a voulu joindre aux secours intérieurs de l’Esprit-Saint des preuves extérieurs de sa révélation, à savoir des faits divins, et surtout les miracles et les prophéties, lesquels en montrant abondamment la toute-puissance et la science infinie de Dieu sont des signes très certains de la révélation divine et sont appropriés à l’intelligence de tous ».


Remarquons enfin que la prophétie constitue une preuve importante car elle est une des plus frappantes, nous mettant en contact avec l’éternité divine et l’action de sa Providence.

Art.3 Les Sources de la Révélation : l'Ecriture Sainte

Après avoir établi la nécessité de la révélation et en avoir défini les critères (notamment le miracle), il faut désormais s’attarder sur une source de la révélation à savoir l’Ecriture Sainte, l’autre étant la Tradition abordée quant à elle lors de l’étude sur l’Eglise.

Quand nous aurons prouvé que cette source est un fait historique (c’est-à-dire qu’elle est vraie, intègre et authentique), nous pourrons utiliser le contenu de ce témoignage pour établir avec certitude que le Christ est légat divin et qu’Il l’a prouvé par ses miracles et les prophéties qu’Il a accomplies ou annoncées.


Il s’agit donc de traiter de la valeur historique des Evangiles. Tout homme de bonne foi, qui accepte l’histoire, doit reconnaître les Evangiles comme authentiques, intègres et vrais.

Nous allons tenter de le montrer.

Il sont authentiques, c’est-à-dire de l’époque et des auteurs prétendus;

intègres, c’est-à-dire sans aucune altération substantielle;
véridiques, c’est-à-dire que les auteurs sont compétents et les faits sont certains.


A chaque fois, dans la façon de procéder, nous avancerons des arguments internes et externes.

  • Internes, c’est-à-dire que ce sont des informations tirés des évangiles eux-mêmes (styles, idées, auteurs,…);
  • Externes, c’est-à-dire des témoignages d’auteurs (chrétiens, hérétiques, païens) sur le Christ.

Mais avant tout, il faut savoir que des rationalistes se sont interrogés sur le motif de la présence du merveilleux dans les Evangiles, et partant du principe que tout miracle est impossible historiquement - c’est-à-dire que le miracle ne peut appartenir à l’histoire - deux grandes théories ont été développées et par les protestants libéraux, les modernistes et par des juifs, à savoir le système de l’idéalisation et la théorie comparatiste.


Sans plus attendre, avant d’exposer les preuves de l’historicité des Evangiles, réfutons dans leurs grandes lignes ces théories.


Le système de l’idéalisation :

Défendu par Renan et Loisy (19è s.), il s’agit de l’idéalisation lente, progressive et inconsciente de la vérité historique concernant l’histoire de la part des premiers chrétiens et ceci sous l’influence de leur foi ardente et de leur enthousiasme pour le Christ.

Réponse: s’il y a imagination, elle ne peut être que stérile, car certains faits des Evangiles (le Christ fuyant ses détracteurs, présenté comme buveur, séducteur,…) étant des détails gênants n’auraient pas été rapportés. De plus, la naissance et l’enfance du Christ n’ont pas la valeur des mythologies de cette époque (demi-dieux, polythéisme,…). Enfin, trente années semblent peu pour idéaliser une doctrine qui s’attache à un dogme et une morale et qui se trouve de ce fait loin d’une dégradation de l’idée de Dieu. Une seule personne n’aurait pas suffit.

Donc, la rigueur du culte de la tradition rend impossible une altération substantielle de la figure et de la doctrine du Christ (étant données par exemple les mises en garde de saint Paul sur l’observance de la doctrine : Tit.3,10 «Quant à l’homme de parti, après un 1er et un second avertissement, romps avec lui. »). Terminons avec cette théorie que l’amour des chrétiens pour le Christ était tel qu’il était cause de l’authenticité (respect du message et de la personne) plutôt que l’altération. Nous le reverrons.


La théorie comparatiste :

Défendue par Salomon Reinach, juif du début du siècle, elle a pour a priori la négation du surnaturel. Elle prétend que tous les éléments extraordinaires n’appartenant pas à l’histoire ont été tirés des mythologies et des autres religions.

Réponse : l’originalité justement du christianisme est prouvée par l’histoire (doctrine et vie du Christ rapportées par les auteurs païens) et les différences d’avec les autres religions (judaïsme, mythologie, orient), même si demeurent inévitables des points communs avec toutes les croyances de cette époque (en raison de la révélation primitive et la tendance à l’homme de croire ce qui lui est connaturel).


Conclusion :

Quoiqu’il en soit, leurs explications n’appartiennent pas à l’histoire (ils ne peuvent le prouver); ils sont plutôt une négation métaphysique du surnaturel, ce qui est un a priori idéologique devant lequel les faits doivent plier : il n’y a pas plus anti-scientifique. C’est pour cela que Renan disait : « Que les Evangiles soient en partie légendaires, c’est ce qui est évident, puisqu’ils sont pleins de miracles et de surnaturel »… « Ce n’est pas parce qu’il m’a été démontré préalablement que les Evangiles ne méritent pas créance absolue que je rejette les miracles qu’ils racontent; c’est parce qu’ils racontent des miracles que je dis “les Evangiles sont des légendes; ils peuvent contenir de l’histoire, mais certainement tout n’y est pas historique” ».

Le syllogisme de Renan est le suivant : M: Si ce fait (ex: la tempête apaisée) était historique, ce serait un miracle; m: Or, il n’y a pas de miracle. Ccl : Donc, le fait n’est pas historique.


Authenticité :

Aujourd’hui : Nous savons que les Evangiles ont été écrits par saint Matthieu et saint Jean : témoins oculaires ainsi que saint Marc et saint Luc, disciples respectifs de saint Pierre et saint Paul.

A l’époque : dès les premiers siècles, l’Eglise attribuait déjà les Evangiles à leurs auteurs officiels. Les témoignages sont incessants et unanimes. Remarquons d’ailleurs que ce doit être à nos détracteurs de prouver leurs arguments (c’est l’argument de prescription : possession vaut titre). Or il ne l’ont jamais fait !


Nous disons qu’ils sont authentiques, c’est-à-dire écrits par les auteurs témoins de leur récits (et non pas le fruit de la conscience collective). Est donc authentique « un texte composé par l’auteur auquel on l’attribue et à son époque ».

Remarque : depuis la dernières guerre, on date assez tardivement les Livres du Nouveau Testament; or c’est un a priori, certainement pour permettre aux critiques de dire que la doctrine émane de la conscience collective des premiers chrétiens et non du Christ et des Apôtres.

Nous pouvons avancer des arguments pour défendre les vrais auteurs et la date des textes.

Les arguments externes :

Témoignage général de toute l’Eglise primitive :
  • Il y a eu un développement rapide du christianisme.

Tacite, à propos de l’incendie de Rome en 64, écrit : « Néron supposa des coupables (…); réprimé sur le moment, cette détestable superstition perçait de nouveau, non seulement, en Judée où le mal avait pris naissance, mais encore à Rome ».

Pline le Jeune, gouverneur d’une Province d’Asie mineure, écrit à Trajan en 112 : « Le christianisme est professé par un grand nombre de personnes de tout sexe, de tout âge, de tout rang; il a gagné comme une contagion non seulement les villes mais les bourgs et les campagnes; les temples sont abandonnés et l’on ne vend plus de victimes ».


  • Il y a unanimité sur l’origine apostolique des Evangiles, malgré l’existence de communautés indépendantes et les peuples de cultures diverses. Alors qu’il aurait été logique de n’acce­pter que celui dont elles avaient eu la prédication (Par exemple Saint Marc en Egypte).

Tertullien (160-240) écrit vers 200 « une croyance admise uniformément par de nombreuses Eglises ne provient pas d’une erreur, mais de la tradition ».


Témoignages particuliers du 2ème siècle :

Papias de Hiérapolis, vers 130 écrit (d’après Eusèbe de Césarée [265-340], Histoire ecclésiastique,iii,39) : « Et voici ce que disait l’Ancien : Marc ayant été interprète de Pierre, écrivit exactement mais toutefois sans ordre, ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Christ : en effet, il n’avait pas entendu le Seigneur et ne l’avait pas accompagné, mais plus tard, comme je l’ai dit, Pierre, qui donnait ses enseignements selon les besoins, mais sans faire de mise en ordre des paroles du Seigneur; de sorte que Marc n’a pas commis de faute en écrivant ainsi certaines d’entre elles, comme il s’en souvenait. Car il avait seulement ce but, de ne rien omettre de ce qu’il avait entendu et de ne rien dire de faux à ce sujet » (…) « Matthieu donc écrivit ensemble les paroles en langage hébraïque, et chacun les traduisit comme il en était capable ».

Saint Justin (165) parle des ‘‘deux apôtres [Matthieu & Jean] et des deux disciples [Marc & Luc]’’ : « Dans les mémoires que je dis avoir été écrits par les apôtres (du Christ) et par leur disciples, il est rapporté qu’une sueur de sang a découlé de Lui, tandis qu’Il priait ». (Adversus Tryphonum,163). « Car les Apôtres, dans les mémoires qui nous viennent d’eux et qu’on appelle Evangiles, rapportèrent le commandement que Jésus leur fit, lorsque, ayant pris le pain et rendu grâce, il dit : Faites ceci en mémoire de moi; ceci est mon corps; et que de même, ayant pris le calice et rendu grâce, il dit : Ceci est mon sang » (Première Apologie).

Le Canon de Muratori (texte écrit vers 180, du nom de celui qui en découvrit le texte au xviiiè siècle dans la bibliothèque de Milan) affirme (dans sa partie non mutilée) : « Ce troisième Evangile est de Luc, le médecin, compagnon de Paul…; le quatrième est de Jean, parmi les disciples ».

Saint Irénée (140-202) (Adversus Hæreses,iii,1,1) écrit vers 180 : ‘‘Parmi les Hébreux, Matthieu mit par écrit dans leur propre langue l’Evangile, pendant que Pierre et Paul prêchaient à Rome et fondaient l’Eglise. Après leur départ, Marc, disciple et interprète de Pierre, mit aussi par écrit la prédication de Pierre. A son tour, Luc, compagnon de Paul, publia en un livre l’Evangile prêché par celui-ci. Enfin Jean, le disciple du Seigneur, celui qui reposa sur sa poitrine, donna lui aussi son Evangile, tandis qu’il résidait à Ephèse, en Asie’’

Clément d’Alexandrie (150-211) d’après Eusèbe de Césarée (Histoire ecclé­sias­tique,vi,14) : « Clément…, au sujet de l’ordre des Evangiles, rapporte une tradition des Anciens des premiers temps, dont voici le contenu : il disait qu’ont été écrits d’abord ceux des Evangiles (Matthieu, Luc) qui comportent les généalogies et celui de Marc a vu le jour ainsi : alors que Pierre prêchait en public la Parole et que, par l’Esprit, il proclamait l’Evangile, les assistants, qui étaient nombreux, supplièrent Marc, parce qu’il l’accom­pagnait depuis longtemps et se souvenait de ce qui avait été dit, de mettre par écrit ses paroles; il le fit, et donna l’Evangile à ceux qui l’en avaient prié; l’apprenant, Pierre n’intervint ni pour l’empêcher ni pour l’encourager. Quant à Jean, le dernier, voyant que dans les Evangiles les choses corporelles avaient été montrées, poussé par ses amis, et inspiré divinement par l’Esprit, il fit un Evangile spirituel ».

Origène d’Alexandrie (185-254) a écrit (d’après Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique,vi,14) : « J’ai appris de la tradition… qu’en premier avait été écrit l’Evangile selon Matthieu, qui fut d’abord publicain, puis apôtre de Jésus-Christ, qui le publia, composé en écriture hébraïque, pour les croyants venus du judaïsme; le second est celui de Marc, qui le fit selon ce que Pierre lui avait exposé; le troisième est celui selon Luc, l’Evangile qui se recommande de Paul, et qui a été fait à l’intention des païens; après eux, celui de Jean ».

Tertullien (Contre Marcion,iv,2) écrit : « Nous avons établi avant tout que l’ins­tru­ment évangélique a pour auteurs les Apôtres auxquels le Seigneur lui-même imposa la charge de promulguer l’Evangile. Si des disciples d’apôtres furent auteurs, ils ne sont point isolés, mais en communion avec les Apôtres; car la prédication des disciples pourrait devenir suspecte de vaine gloire, si elle n’était garantie par l’autorité des maîtres, bien plus, de l’autorité du Christ qui conféra le magistère aux Apôtres. Ainsi, d’entre les Apôtres, Jean et Matthieu nous ont communiqué la foi; d’entre leurs disciples, Luc et Marc la renouvellent ».


Les auteurs des trois premiers siècles défendent également l’authenticité (saint Clément, pape; saint Ignace d’Antioche; saint Polycarpe);

Au IVème siècle, Constantin, saint Eusèbe ou Saint Jérôme font mention des évangélistes; les hérétiques et les païens (Marcion qui - faute de nier l’existence d’un évangile - préfère le fausser; mais il est dénoncé; Julien l’apostat). De leur coté, nous le verrons, le juif Flavius Josèphe ou le païen Celse confirme les miracles du Jésus-Christ.


Enfin, rappelons-nous la vision d’Ezéchiel tout simplement qui prophétisa les quatre évangélistes… Ez. I,10 : « Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme [Mtt], et tous les 4 avaient une face de lion [Mc] à droite, et tous les 4 avaient une face de taureau [Lc] à gauche, et tous les 4 avaient une face d'aigle [Jn]. ». On leur attribue les 4 évangélistes.


Conclusion : Tous les auteurs du deuxième siècle, catholiques et hérétiques, infidèles et païens, rendent hommage à l’authenticité du Nouveau Testament. Un tel accord, s’ajoutant à celui de toutes les Eglises est d’autant plus décisif qu’il s’agit d’un fait important alors facile à constater (évidence pour cette époque) et que les intérêts étaient très divers (mais accord sur cette question).


Les arguments internes :

Ils examinent les Evangiles en eux-mêmes. Ils sont toutefois moins probants.

Rappel :


Auteur
Origine
Lecteurs
Langue
Message & remarques sur l’auteur
I
Matthieu, palestinien, publicain. juive juifs hébraïque Jésus est le Messie prophétisé.

L’auteur se place du point de vue des juifs.

II
Marc, palestinien. juive romains grecque (hébraïsmes) Jésus est Fils de Dieu et roi.

Saint Pierre explique les coutumes juives.

III
Luc, médecin. grecque gentils grecque (littéraire) Evangile de la Miséricorde. Médecin, il décrit les miracles. Il a le même style que les Actes
IV
Jean juive gentils grecque et la même doctrine que saint Paul (affinités).
(hébraïsmes) L’auteur se présente comme témoin oculaire.

La langue : Les nombreux sémitismes trahissant l’origine palestinienne de la majorité des auteurs. « Raca », « Ephphatha », « Talita coumi », « Eloi, Eloi, lama sabachthani », « Rabboni »... termes araméens conservés littéralement dans les manuscrits d’Evangile en Grec. Ils sont familiarisés avec la culture de la Palestine.

Les institutions : Les querelles doctrinales sont soulevés contre les Pharisiens et non pas les hérétiques, docètes ou gnostiques; il n’y a aucune persécution (seulement annoncée). Ne parler ni d’évêques, ni de rites précis est signe d’archaïsme.

Histoire : La rupture de 70 (ruine de Jérusalem) n’est pas évoquée mais annoncée.Il n’y a aucune mention non plus de l’opposition publique entre les différentes castes juives, de 50 à 75. En outre, cette histoire est encore très sémite et peu universelle. Enfin, le Actes des Apôtres achèvent l’histoire de Saint Paul au moment où celui-ci attend à Rome l’issue de son procès, vers 62. Or, les Actes sont postérieurs au troisième Evangile du même Saint Luc, puisqu’il commence par cette phrase: « J’ai fait mon premier livre, Théophile, de tout ce que Jésus a fait et enseigné  ».

Ainsi, les Evangiles ne font aucun effort de synthèse, mais constituent un ensemble d’histoires et d’anecdotes dispersées, alors que dès Saint Paul on lit dans ses Epîtres de véritables synthèses doctrinales.


Intégrité :

Nous nous demandons si nos Evangiles sont identiques aux originaux ou s’ils sont une corruption.

Ils sont intègres, car ils n’ont pas été falsifiés, ni aux origines, ni par la suite en ce qui concerne les dogmes ou la substance.

  • L’identité entre nos Evangiles et ceux du IIIème siècle est une constatation de fait;
  • L’identité entre nos Evangiles (ou ceux du IIIème siècle) et les originaux est une hypothèse que nous devons prouver.

* Constatation du fait : si les originaux ont tous disparu, nous avons cependant des copies datant de l’époque de Constantin (début du ivème siècle : Codex Vaticanus (350), Codex Sinaïticus (350)) qui concordent avec les textes qui nous sont parvenus; les traductions arabes, syriaques, arméniennes sont également conformes; enfin, les citations par les Pères sont également concordantes (Saint Augustin (380) rapporte quelque 29000 citations).

« Des 200 000 variantes que pouvaient fournir l’étude des manuscrits, des versions et des Pères, il n’y en pas plus d’une centaine qui méritent attention; et sur cette centaine, il en est une douzaine au plus qui ont une certaine gravité, sans qu’aucune ne mette le moins du monde en péril la pureté de la doctrine » (Vigouroux).

= Donc, il n’y a aucune preuve des altérations, conformité des versions entre elles et conformité des manuscrits avec notre texte actuel.


* Preuve de l’hypothèse : La corruption est impossible car :

1/ les apôtres ne l’auraient pas permise;

2/ les disciples des apôtres respectaient trop les récits de leurs maîtres pour la permettre; il y avait en effet un culte rigoureux de la tradition. cf. St Paul (Tit.iii,10) et St Jean (II Jn.v,10). Ainsi, dans la guérison de l’infirme à la piscine aux cinq portiques de la porte des Brebis (de Béthsaïde) (Jn.vi,1-19). Les copistes et les théologiens chrétiens se sont battus pour conserver le mot “grabat” et non le mot “lit”.

Nous voyons que seul le Christ - alors considéré comme envoyé de Dieu - a pu faire que ses paroles fussent regardées comme de l’or pur et que l’on préféra mourir plutôt que l’en laisser perdre une parcelle. Renan écrira « Pour s’être fait adorer à ce point, il faut que Jésus ait été adorable. Nous ne saurions rien de Lui, si ce n’est la passion qu’Il inspira à son entourage, que nous devrions affirmer encore qu’il fut grand et pur. La foi, l’enthousiasme de la première génération chrétienne ne s’expliquent qu’en supposant, à l’origine de tout le mouvement, un homme de proportions colossales ».

3/ par la suite, le nombre considérable de copies (entre 30 et 60 000 vers le IIème siècle) ne l’aurait pas permise.

4/ Des éléments ne pouvaient être connus que des contemporains du Christ et furent oubliés par la suite.

Exemple : Jean V,1-19 : la guérison de l’infirme à la piscine aux cinq portiques de la porte des Brebis (de Béthsaïde). Saint Jean parle des “Brebis” (et non de la Porte) comme nous on parle de la Concorde (et non de la Place). Il l’a donc connue et on sait qu’elle a été détruite en 70. Ainsi, on en avait perdu le souvenir au point de mettre son existence en doute. Or au 20è siècle, l’archéologie a retrouvé les traces de ces cinq portiques.

= Donc, la corruption demeure impossible car il y eut (nous l’avons vu), une diffusion rapide des manuscrits; altérer aurait été profaner; et les païens ou les juifs surveillaient.


Remarque : Cependant, s’il y a identité entre les manuscrits quant à la substance des faits, il y a parfois divergence voire contradiction (qui demeure apparente) quant aux circonstances en raison des erreurs des copistes. Il faut alors remarquer que les manuscrits que nous possédons sont contemporains des originaux, considérés relativement aux autres manuscrits d’autres auteurs :

Comparatif :

Euripide, Catulle : ………………………… 1600 ans;

Sophocle (Tragédies), Eschylle, Aritophane :1400 ans;

Platon : …….……………………………… 1300 ans;

Démosthène : ………………………………1200 ans;

Cicéron : ………………………………….... 900 ans;

Ancien Testament (Isaïe): ………………..… 400 ans; => [Qumran: datant du 4è s. av. JC :

Nouveau Testament (Codex) : ……………...300 ans;» même texte que d’autres

Nouveau Testament (Papyri) : ……………100 ans;versions du 10è s. après JC].

Les adversaires ont toujours une critique : s’il y a des divergences, ils critiquent la réalité des faits rapportés et s’il y a convergence trop forte, ils critiquent l’historicité du texte ! Alors, dans « L’introduction aux études d’histoire » de Langlois & Seignobos (1905), on peut lire : “la tendance est de regarder la concordance comme une confirmation d’autant plus probante qu’elle est plus complète; il faut au contraire adopter la règle paradoxale que la concor­dance prouve davantage quand elle est limitée à un petit nombre de points. Ce sont les points de concordance de ces affirmations divergentes qui constituent les faits historiques scientifiquement établis ».


Véracité :

Ils sont vrais, car ce sont des écrits dignes de foi. Il ne s’agit ni d’une épopée, ni d’une légende. Les faits sont sensibles, remarquables voire marquants par leur aspect miraculeux.

- Les auteurs sont des témoins oculaires, ou presque;

- De plus, ils ont toutes les raisons d’être fidèles car ils sont vertueux; leurs récits vont contre l’amour propre; les évangélistes n’avaient rien à gagner à tromper (cela ne leur a évidemment pas évité les persécutions); et enfin, ils sont morts pour cette doctrine.

- Le caractère public de l’évangélisation ne pouvait pas leur permettre d’inventer, datant d’une époque proche des événements vécus (par comparaison, il est difficile aujourd’hui d’inventer des faits sur la guerre de 1914). Les événements étaient connus de beaucoup et pas seulement des rédacteurs. (Cf. Luc.I,1-3).


Preuves internes

Les témoins sont bien informés & sincères.

Les témoignages sont authentiques, indépendants et convergents.

- Authenticité : nous l’avons vu : ce sont les œuvres des témoins oculaires du Christ (et non l’œuvre de la puissance créatrice d’une communauté comme l’Iliade, la Chanson de Roland prouvés comme légendaires).

- Indépendance : divergences notables (buts, époques, styles, soucis,…);

- Convergence : pour l’essentiel de la doctrine chrétienne : le Christ est digne, pur, prodigieux, humble, bon. L’accord entre les manuscrits n’est possible que par l’existence d’une source historique unique.

En outre, les évangiles sont la seule explication raisonnable de l’histoire du premier siècle.

Preuves externes

Les écrits des auteurs profanes - bien qu’en désaccord - confirment la doctrine évangélique :

Celse (178) parle du Christ qui fit des miracles par magie;

Lucien (170) se moque de la conversion soudaine des grecs;

Tacite, vers 117, dans ses Annales raconte comment une multitude de gens furent poursuivis par Néron, accusés d’avoir provoqué l’incendie de Rome. Il déclare “que le peuple les appelait chrétiens. L’auteur de la secte, le Christ, avait été condamné au supplice, sous le règne de Tibère, par le procurateur Ponce Pilate”;

Suétone, au début du premier siècle, dans sa vie des douze césars, raconte que l’empereur Claude a expulsé vers l’an 50 les juifs de Rome qui étaient toujours “excités par un certain Christus”;

Pline le Jeune, vers 113, dans une lettre à l’empereur Trajan, évoque cette nouvelle religion qui chante des cantiques “au Christ comme à un dieu”;

Basilide, hérétique (120) écrit que « pour le Sauveur, tout s’est passé comme il est écrit ».

Flavius Josèphe, à la fin du premier siècle, évoque les grands traits du christianisme (même si son texte a probablement été falsifié par la suite par des chrétiens. Et c’est d’ailleurs la preuve qu’une falsification est décelable.

Le silence relatif peut s’expliquer car devant le foisonnement des sectes, on peut comprendre la difficulté à déceler la particularité du christianisme; en outre, une fois connue, la meilleure façon “mondaine” de ne pas adhérer au christianisme, était de l’ignorer.

Les premiers chrétiens par leur martyre confirment également l’historicité :

Saint Ignace d’Antioche (Épître aux Tralliens) écrit « Si Jésus-Christ n’a souffert qu’en apparence, c’est donc pour rien que je meurs ». Et il est mort martyr.

L’archéologie : La découverte de nombreux monuments en Palestine évoqués par les récits des évangélistes.

Preuves par l’absurde :

Sur le fond: si les évangélistes avaient voulu altérer le message du Christ par intérêt personnel, ils l’aurait fait de façon à ce qu’ils obtiennent un pouvoir politique rapidement en prêchant un Messie conquérant et temporel et non pas le martyre qui était sûr !

Sur la forme : inventer des faits qui vont au-dessus et non contre la raison aurait été vraiment judicieux de la part d’hommes peu instruits.

Enfin, les textes, même si l’exégèse dévoile une structure charpentée de façon extraordinaire (et donc inspirée), font preuve de naturel, simplicité, précision et certitude.

Nous remarquons donc que les adversaires du christianisme ne remettent pas en cause les faits (miracles,…) mais leurs causes (pour eux, il s’agit de la magie) parce que leur postulat de départ a priori est que le miracle n’existe pas. Alors c’est surtout Bultmann qui au XIXème siècle a tenté de séparer le Christ de l’Histoire de celui de la Foi. Mais en vain.

Conclusion:

Remarque : Que dirait-on si nous ne possédions de l’Evangile qu’un texte unique, attribué lui aussi, par une tradition plus ou moins contestable, à quelques disciples de Jésus, texte qu’un des premiers Papes aurait fait retoucher ou revoir, pour condamner ensuite au feu toute autre édition que la sienne ? N’objecterait-on pas qu’en supprimant toute rédaction indépendante ce Pontife autoritaire a supprimé du même coup la possibilité d’arriver à une certitude scientifique, par une comparaison minutieuse des traductions ?

Pour le Coran, on sait que « Mahomet meurt en 632. L’un de ses secrétaires, Zeid ibn Tabit, réunit en un volume ses révélations et ses propos… Son livre est remis au beau-père du Prophète, Abou Bekr. A quelque temps de là, on constate des divergences dans les exemplaires d’Emesse, de Damas, de Basrah et de Koufah. La calife ordonne à Zeid de détruire les autres exemplaires » !

Défendre les Saintes Ecritures, c’est comme préserver la clef de voûte de l’Eglise. Les sources de la Révélation sont les Ecritures et la Tradition. Si l’une des deux sources était faussée, alors, Dieu aurait manqué sa mission, ayant lui-même été trompé par les hommes ! Souvenez-vous de Loisy, le père du modernisme : « Jésus-Christ est venu prêcher le Royaume de Dieu et c’est l’Eglise qui est venu » !

Il nous faut maintenant prouver que les autres religions n’ont pas pour source la révélation.

+

Les Fausses Religions

Avant de prouver la divinité du christianisme de façon positive, il faut le faire de façon négative : il s’agit d’écarter l’erreur. Nous allons brosser (sommairement) l’ensemble des religions : les religions païennes, les religions monothéistes (judaïsme, Islam), les religions chrétiennes (Orthodoxie, protestantisme, anglicanisme) et enfin les autres religions (bouddhisme, nouvel-âge, Témoins de Jéhovah…).


Rappel :

Nous avons vu que les critères pour reconnaître la valeur objective d’une religion sont intrinsèques (tirés de la doctrine professée elle-même : conforme ou non à la raison) ou extrinsèques (prouvés par le fondateur par son honnêteté et ses vertus, opérant des miracles).

Nous appliquerons donc ces critères, le temps étant venu d’utiliser la méthode.


Les religions païennes

Il s’agit surtout de la mythologie et des religions antiques. En annexe, nous traiterons de l’animisme.

Il s’agit surtout du polythéisme. Toutes les civilisations antiques étaient polythéistes.


Recherche de l’origine :


La recherche d’un fondateur (pour les religions de l’antiquité tout au moins) reste vaine.

- Un philosophe grec du 4è siècle avant Jésus-Christ, Evhémère, prétend que les mythes seraient né de récits légendaires et que les dieux seraient des héros divinisés.

- Plotin et Porphyre, au 3è siècle après Jésus-Christ, prétendent que les mythes païens seraient des symboles cachant des dogmes philosophiques et des notions morales : par exemple le récit d’Ulysse avec les Sirènes serait une mise en garde contre les séductions du mal.

- D’autres y voient une perversion de la révélation primitive expliquée par l’existence d’un certain parallélisme entre les croyances (le judaïsme étant restée intact).

- Enfin, certains pensent que les dieux ont tout simplement été inventés pour désigner les phénomènes de la nature.


La Doctrine :

Il n’y a pas de dogmes en fait; c’est plutôt la succession de récits qui constitue la doctrine mythologique. Ainsi, en lisant Homère ou Hésiode, nous constatant la multiplicité des dieux et les imperfections de leur nature (où les vertus sont mélées aux vices, les grandeurs aux faiblesses) ce qui est contraire à la raison (cf. cours sur la Nature divine). Ceci suffit à prouver la fausseté de la religion païenne (avec le critère intrinsèque). En outre, les dieux, ayant les mêmes passions et même défauts que ceux des hommes, n’ont pas de morale ! (critère extrinsèque).

Si beaucoup de sociétés avaient développé ces croyances, c’était afin d’exercer un pouvoir politique, ne croyant pas vraiment en définitive à ce qu’elles prêchaient, il se trouvait cependant des hommes qui professaient par leurs dieux les vertus tout simplement naturelles par la bonté, la justice et la miséricorde divine.

Nous devons donc nuancer nos critiques à l’égard du paganisme puisque ce dernier avait le mérite d’entretenir chez l’homme le sentiment religieux, de lui faire lever les yeux vers le ciel et de penser à l’au-delà. Craignant de déplaire aux puissances cachées, l’homme restait humble et trouvait nécessaire de lutter contre les mauvaises tendances de sa nature. En tout état de cause, le polythéisme est préférable à l’agnosticisme, voire l’athéisme : il vaut mieux une civilisation ouverte à une monde invisible et spirituel qu’un société renderné dans le monde matérialiste…!

Mais nous ne pouvons pas comparer ces religions avec les doctrines prétendant une révélation positive, simplement parce que ces religions ne répondent pas au problème de la déstinée humaine.


Les religions culturelles

Nous entendons par là, les religions liées à une certaine culture et limitées géographiquement (encore que le bouddhisme ne s’est jamais autant répandu!). On distingue trois grandes régions : la Perse, la Chine, le Japon et l’Inde.


Les religions de la Perse

C’est dans l’Iran actuelle que le zoroastrisme et le mithracisme ont vu le jour.

- Le zoroastrisme (du nom de son fondateur) ou le mazdéisme (du nom de son dieu) met un dieu, Mazda, au dessus des autres. Zoroastre vécut au 6è siècle avant Jésus-Christ. Il se retira pendant sept ans pour méditer, étant en révolte contre l’idôlatrie de son époque. Il eût alors des révélations de Mazda. Il composa un livre sacré (très composite d’ailleurs!) dont le dualisme est la clef de voûte (égalité du principe du bien et du mal) : l’histoire est donc un combat de 9000 ans à l’issue duquel le bien précipitera le mal en enfer). Si cette doctrine combat l’idôlatrie et présente une morale élevée, son culte est entaché de superstition et de magie. En outre, ses fondements sont faibles : comment Dieu pourrait ne se révéler qu’à un seul homme sans lui donner les moyens de prouver sa parole ?!

- Le mithracisme est dérivée du madéisme en fait. Relevant des ressemblances avec le christianisme, on a objecté que ce dernier en était la copie, arrivant à Rome peu de temps après ! Mithra est en effet un jeune dieu qui naquit dans une étable. Une fois grand, il terrassait les animaux malfaisants; enfin, il remonta au ciel d’où il protège ceux qui le prient et s’initient à ses mystères. En outre, il y a une morale proche du christianisme sous certains aspects, tout comme le culte avec ses sept degrés. Comme Tertullien et Saint Justin dénoncent le plagiat mithrique, on a tout lieu de penser que c’est plutôt une pâle copie du christianisme.


Les religions de la Chine :

- Il s’agit d’abord du Taoïsme qui serait attribué sans certitude à Lao-Tse, philosophe et contemporain de Confucius. C’est un amalgame de sorcellerie et de magie.

- Il y a également le confucianisme qui fut fondé par Confucius en 551 avant Jésus-Christ opposant au taoïsme. Il eut un rôle politique non négligeable sachant qu’il réunit 72 disciples qui eurent des fonctions de gouvernement. Il faudra attendre le xixè siècle pour que disparaisse cette doctrine. C’est avant tout une sagesse, une sorte de philosophie morale. S’il y a un culte, c’est celui rendu aux ancêtres. S’il y a une morale, elle est toute humaine et donc insuffisante par son manque de transcendance.


La religion du Japon :

Le Shintoïsme …


Les religions de l’Inde :

- Le Védisme repose sur les livres sacrés appelés Védas. Cette religion est naturaliste; elle divinise les forces de la nature. Elle se rapproche donc du paganisme.

- Le Brahmanisme a une origine inconnue. Il se fonde sur les livres sacrés Védas mais seuls les brahmanes peuvent l’interpréter. Il y a deux religions superposées en fait : la première qui est le polythéisme naturaliste classique puis la deuxième qui est un panthéisme idéaliste joint à l’idée de métempsychose. Ainsi, le monde est une émanation du dieu Brahma; c’est une émanation cyclique jusqu’à ce que l’âme des êtres soient purifiées jusqu’à ce qu’elles entrent dans le nirvâna. La morale dérive de la théorie de la métempsychose : la vie est un mal suprême puisque elle est une punition pour se purifier ! Pour mettre fin à ce cycle incessant, il faut pratiquer le renoncement, anéantir la concupiscence, bref éteindre la soif de la concupiscence par des pratiques ascétiques plus qu’exagérées. Etant panthéiste et polythéiste, cette religion ne peut être révélée. En outre, malgré l’existence de hautes valeurs morales, il n’y a aucun précepte quant à la bienfaisance et la charité.

- Le Bouddhisme est à considérer un peu plus précisément, tant il envahit notre société.

Histoire : Historiquement, il combla la dimension populaire que n’avait pas le brahmanisme n’avait pas par son régime de castes. La vie de son fondateur Bouddha fut écrite bien après sa mort. Il vécut vers le 5è siècle avant notre ére. Après avoir quitté sa femme et ses enfants, il se fit moine. C’est en méditant qu’il comprit un jour qu’il était le Bouddha (celui qui comprend), donc celui qui est sage. Il avait enfin trouvé le secret pour ne plus renaître. Il prêcha alors sa doctrine. Auparavant, il fit une retraite de quatre semaines pendant laquelle il fut tenté par Mâra qui lui proposa d’entrer directement dans le Nirvâna afin de lui épargner les peines et les déceptions de la vie. Héroïquement, il refusa. Ce parallélisme est à noter avec le christianisme, attendu que les Evangiles ont été rédigé avant la vie de Bouddha. Il fut longtemps consulté jusqu’à ce qu’il mourut à 80 ans d’une indigestion d’un plat de sanglier en 478. C’est alors que Brahma vint l’enlever au ciel pour l’introduire dans le Nirvâna. Avec tous ces faits, c’est à se demander si Bouddha a réellement existé.

Doctrine : Sa doctrine enseigne l’agnosticisme : l’existence d’une Cause première est insoluble et oiseuse.

La croyance à la métempsychose est prépondérante (renaissance perpétuelle dans les êtres mérités par leur vie passée, sauf pour les bouddha). Il y a ainsi un pessimisme provenant du fait que l’existence est un mal puisque le bonheur est au Nirvâna, qui est mal défini.

Le Nirvâna n’est ni un lieu, ni un état, c’est la non-existence, l’identification de l’âme individuelle et de l’âme universelle, la délivrance de la transmigration, de la douleur, sans amour et sans vie : c’est au sens étymologique l’extinction (c’est le contraire de la Béatitude chrétienne où l’homme exerce toutes ses facultés).

Par conséquent, la morale, comme pour le brahmanisme, préconise la pratique du renoncement (méditation, confession des fautes, chasteté, absence de travail manuel et pauvreté et ceci pour les moines puisque les non-religieux pouvaient être polygames et divorcés) : car le désir est la source de la douleur : il s’agit donc de s’en débarasser. Ainsi la morale ne peut être active et pratique (puisque le monde est illusion et qu’il faut s’éloigner de la sensibilité). Il n’y a donc pas de charité. En effet, le bien et le mal sont une impression personnelle. Ainsi, le mal est l’existence d’un désir (vivre par exemple) et le bien la privation des besoins légitimes. Devant se libérer de tout désir, la sérénité devant le malheur s’impose : l’indifférence s’installe et cela construit une société de pauvreté. On en reste donc au coté négatif et défensif de la perfection chrétienne. (D’autant plus qu’on cherche à aboutir non pas à Dieu mais au néant).

Ainsi, l’existence de Dieu étant inconnaissable, il n’y eut pas de culte (tout au moins à l’origine). Il y a cependant une vénération du Bouddha en son honneur, et par la suite, de tous les Bouddha. Il s’est établi une sorte de polythéisme mélé d’idolâtrie et de magie. L’extension de cette philosophie se fit dans tout l’extrême-orient où le brahmanisme ne proposait ni culte ni temple. Nous voyons donc que Bouddha ne se prétendait lui-même pas Dieu mais sage. Sa morale a une valeur incontestable mais sa doctrine métaphysique n’est pas à la hauteur.

La métaphysique est même contradictoire. Parti d’un athéisme théorique, le bouddhisme est polythéiste et idolâtre; Bouddha rejette en effet l’âme universelle et ignore l’âme individuelle : il est matérialiste, l’être suprême étant inexistant - la doctrine de la métempsychose (réincarnation) étant dominante - le monde est présenté comme une illusion. Notons que la réincarnation est un mal dont le bouddhiste veut se libérer (alors que l’occident le perçoit plutôt comme un bien qui est un moyen pour se libérer).

Pour le bouddhisme, la personne humaine n’a pas d’existence propre, car toute multiplicité est illusion; alors que pour le christianisme la personne est ce qu’il y a de plus parfait dans la nature (Saint Thomas in Sum.Theol.Ia,q.29,a.3). Le moi est une illusion; le yoga est donc pratiqué afin de fixer sa conscience sur le vide absolu pour que le sujet se perde en lui-même (c’est un peu le contraire de l’extase). Le yogin doit d’abord contrôler ses sens, puis dompter son imagination, supprimer sa sensibilité et enfin en recueillir le fruit ! C’est en fait une destruction lente de la personne humaine car ceci interdit toute réflexion et concentration intellectuelle sur un quelconque sujet.

Notons que pour le bouddhiste, il ne peut y avoir de rétribution véritable puisque si le sort de chacun dépend de sa vie passée, il dépend avant tout de la société… Le monachisme est trop désincarné pour être un élément de civilisation. Si le bouddhisme a donné une règle de vie à ses moines, il n’a rien fait pour ceux qui ne sont pas religieux. Il est donc une religion d’élite. Le mariage est proscrit en théorie et la femme est considérée comme ne pouvant jamais parvenir au nirvâna puisque elle est méchante, jalouse, envieuse et stupide. Si elle est admise dans l’ordre monastique, c’est après une longue hésitation. Il n’y a alors aucune action sociale, c’est la torpeur et la léthargie.

Si la doctrine initiale (appelée le Petit Véhicule) constitue le cœur du bouddhisme, comme elle ne satisfaisait pas les véritables aspirations religieuses de l’âme humaine, d’autres doctrines se sont développées par la suite. Le Lamaïsme dès le 11è siècle prétend renouer avec la doctrine initiale. Il a établi au Tibet une véritable théocratie avec le Dalaï-Lama (représentant le pouvoir temporel) et le Pantchen-Lama (réprésentant du pouvoir spirituel). Ailleurs, le courant du Grand Véhicule, le plus connu en Occident, s’adresse aux laïcs afin de leur apprendre comment vivre sans douleur. Sont donc mis en avant, la tranquilité, la tolérance, la paix et même la compassion (On s’éloigne donc de la tradition primitive).

Le bouddhisme n’est pas vraiment une religion. L’homme ne cherche que sa propre délivrance. Est-il une philosophie puisqu’il nie la réalité du monde et de l’ordre naturel ? C’est plutôt une discipline pour conduire au nirvâna. Il est donc insatisfaisant pour l’homme.

Si le Bouddhisme a tant de succès de nos jours, c’est parce qu’il propose à l’homme de supprimer la douleur, à la différence du christianisme qui ne la supprime pas mais lui donne un sens.

- L’Hindouisme remplaça le bouddhisme en Inde dès le 3è siècle avant notre ère. C’est une fusion entre le brahmanisme et les cultes idolâtriques primitifs. Il est constitué de deux branches chacun adorant Vischnou ou Civa. Pour le Vishnouisme, il y a la foi en une trinité et en l’incarnation (en une succession d’animaux). Vischnou s’incarne en particulier en Krishna de façon miraculeuse; en outre, il est adoré par des bergers, persécuté par le roi qui le redoute comme un compétiteur et qui ordonne alors le massacre des enfants. Le rapprochement avec le christianisme est frappant. Or le Vishnouisme n’est rédigé qu’au 12è siècle…Malgré tout, à la différence du bouddhisme (ce qui nourrit de profonds débats), l’hindouisme prétend à juste titre d’ailleurs que le moi est doué d’une autonomie. C’est sans doute pour cette raison que l’Hindouisme possède un culte encore barbare au début du siècle (sacrifices humains, suicides des veuves, immolations,…).


Le Bouddhisme.


Les religions monothéistes

Il s’agit du Judaïsme et de l’Islam, les autres religions chrétiennes étant traitées par la suite (Orthodoxie, Protestantisme).


Le judaïsme actuel

Il est bien évident que fondant le christianisme sur le judaïsme nous n’allons pas dire qu’elle constituait une erreur avant Jésus-Christ. Il faudrait plutôt en montrer la vérité. Mais qu’en est-il après l’Incarnation ? Pourquoi le judaïsme n’est plus la vraie religion ?

Nous traiterons sommairement du judaïsme constituant d’une certaine manière l’anti-thèse du christianisme. Si le christianisme est vrai, ses racines doivent mourir d’une certaine manière.

Depuis l’Incarnation, la religion mosaïque est révolue. Elle n’a été qu’une religion préparatoire, son dogme principal étant le messianisme. Il y a désormais une oposition thlgq entre les deux religions : l’ancienne et la nouvelle.

Il faut voir que les Juifs sont un peuple attaché à un Livre, le Pentateuque (Gen.,Ex., Lév., Nomb., Deut.) écrit par Moïse. C’est la Thora. Cependant, ils ne la lisent que par l’intermédiaire des commentaires rabbiniques, le Talmud. Leur religion n’a donc plus vraiment Abraham comme Père mais bien les rabbin.


Quelle est la doctrine de ce Talmud ?

Il est surtout anti-chrétien, au point que le Synode juif de Pologne de 1631 ordonna d’abandonner les passages où on parle de Jésus de Nazareth et de ne l’évoquer que verbalement afin que rien ne leur fut reproché. Cependant, il est toujours question dans certaines versions du Christ dont jamais (évidemment) n’est évoqué sa divinité. Les chrétiens sont par conséquent les pires étant des idolâtres. D’une part dans les préceptes du Talmud il est prescrit que les juifs doivent être respectés et que les chrétiens doivent être exterminés (au point que l’histoire connut des chrétiens mis à mort par les communautés juives). Au cours de l’histoire, il faut relever l’interdiction par les Papes de certaines versions du Talmud tant ils sont blasphématoires.

Qu’est devenu le judaïsme depuis la destruction du Temple et la diaspora ? Il n’y a plus de sacrifice ! La religion n’est manifestement plus la même.


L’Islam

Son étude (il vaudrait mieux parler de survol) revêt une importance non négligeable : nous sommes confrontés à l’islam et nous y seront de plus en plus. Il serait trop long bien qu’intéressant d’étudier cette religion en détail. Nous ne pouvons seulement nous permettre d’en poser les limites.

L’histoire de l’Islam révéle son caractère belliqueux. En la brossant, nous verrons qu’il s’éloigne sans conteste du christianisme.


Le Fondateur :

Mahomet naquit à la Mecque en 570. Pauvre et orphelin, il fut amené par son oncle à faire du commerce. Au cours d’un voyage, il prétend avoir rencontré un chrétien puis un judéo-chrétien qui voulait restaurer la religion d’Abraham. C’est vers 40 ans qu’il se consacra à la méditation et aux questions religieuses. Il eut alors deux visions : de l’archange Gabriel qui lui ordonna de prêcher qu’il n’y avait d’autres Dieu qu’Allah, et que Mahomet était son prophète. Ainsi, il prêcha d’abord à la Mecque mais fut contraint de s’enfuir son message n’étant pas accepté. Il partit donc pour Médine avec des fidèles : c’est l’hégire (16 juillet 1622). Il s’y installa. A partir de cette date, il prêcha la guerre sainte. Cette religion fut très tôt imposée par les armes en Asie (Syrie, Egypte et Perse), en Afrique (Lybie, Tunisie, Algérie et Maroc). Puis l’Espagne et la Gaule jusqu’à Lyon. Mahomet mourut en 632 après avoir eu 11 femmes et prêché la violence comme moyen d’apostolat.


La doctrine :

Le Livre du Coran raconte donc les révélations de l’archange au prophète mais il n’a été écrit que plus tard par ses disciples. Il contient autant la loi civile que la loi religieuse.

- Dieu : Mahomet enseigne l’unité, rejetant la Trinité (V,77) et l’Incarnation (XXIII,92). Ainsi, les chrétiens sont considérés comme des polythéistes. Dieu est avant tout perçu dans sa puissance qui se manifeste plutôt dans la beauté du monde que dans les miracles. Il parle cependant du Dieu “clément et miséricordieux”. Les anciens prophètes sont admis : Abraham, Moïse, Saint Jean-Baptiste et Jésus. Mais Mahomet est le dernir, le plus parfait. Il est le Paraclet promis par le Christ.

- L’homme dépend absolument de la volonté arbitraire et souveraine de Dieu. Si en théorie l’islam n’est pas fataliste, il l’est dans la pratique. Le mot islam ne signifie-t-il d’ailleurs pas résignation ? Enfin, la mort est suivie du jugement particulier. L’âme reste dans la tombe jusqu’à la résurrection. La femme est dépréciée (IV,38).

- La morale et le culte prescrivent cinq devoirs principaux : la foi (“Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète”), la prière (cinq fois par jour, en privé ou à la mosquée à l’annonce du muezzin avec un rituel d’ablutions), l’aumône, le jeûne (Ramadan), un pèlerinage à la Mecque. Il n’y a ni liturgie ni clergé.


Critique :

Enthousiaste en ses débuts, Mahomet était très certainement sincère (persécutions, hostilité). Mais par la suite, il ne recule devant rien pour propager ses idées; il prétexte même de fausses révélations pour excuser son immoralité et ses brigandages. A coté du christianisme, ce dernier eut un fondateur autrement plus vertueux ! Alors, selon le critère extrinsèque, on peut aisément déterminer la valeur de la religion : son opposition à la loi naturelle nous permet de la rejeter..

Cette doctrine est donc un mélange d’erreur et de vérité.

Il semblerait que le Coran fut composé par Mahomet lui-même entre 610 et 632; c’est une suite de 114 sourates, classées non pas dans un ordre logique mais décroissant ! Le Coran connaît un complément de coutumes : la Sunna.

Aucun accord n’est possible avec le christianisme même s’il existe des points communs.

Il semble clair que le Coran est imprégné de judaïsme. En outre, les deux pouvoirs sont intimement mélés.

Dans l’histoire, on voit que sur les quatre premiers califes, trois moururent assassinés (à la différence des quatre premiers papes morts martyrs). De plus Mohammed fut lui-même chef de guerre. Mais au sens strict du mot prophète, il ne le fut pas comme le furent Moïse, Isaïe, Jérémie ou même le Christ : il n’est pas l’interprête d’un Dieu ou celui qui prédit l’avenir, révélant des vérités cachées. Les seules prophéties sont tirées de l’Ancien Testament.


La guerre est bien présente dans le Coran : II,187 (p.133), XLVII,4 (p.481), IX,29 (p.241).


L’Islam n’a jamais été facteur de progrès technique pour la civilisation à proprement parler.


La Sunna complête le Coran : elle en est l’application (coutume).


Les religions chrétiennes

Notre travail se consacrera essentiellement au Protestantisme.

Le Protestantisme

Erreurs sur le protestantisme :

- Il possède comme l’Eglise une hiérarchie : NON.

- Les divergences entre catholiques et protestants ne sont liées qu’aux personnes : NON.

- Le protestantisme n’a pas d’incidences hors de la religion : NON.


Un essai de définition par ce qu’il rejette :

- Un Homme : le pape : problème : les ministères + Infaillibilité pontificale.

- Une Femme : la Sainte Vierge : problème non pas sur la virginité mais sur le Culte et la médiation (Soli Deo gloria).

- Une Chose : la Messe : problème non pas sur la présence réelle mais sur le sacrifice.


Un essai de définition par ce qu’il affirme :

Le protestantisme correspond à une méthode et une piété. Il définit un style et un état d’esprit.

Il se ramène à trois principes :

- Sola Scriptura : l’Ecriture, source unique de la Révélation et autorité unique… et non pas avec la Tradition. Ainsi, d’où tiennent-ils que les Livres de la Bible sont inspirés (canonicité des Ecritures) ?

- Sola Fide : la justification par la Foi seule… et non pas avec les mérites des bonnes œuvres.

Problème initial : comment le pécheur retrouve la grâce (justice et sainteté) ? Calvin et Luther affirment la justification sans les œuvres (sans la volonté humaine, i.e. prières, charité, pénitence). Bref, tout est conditionné par la Foi, confiance pour Luther, connaissance de la promesse du Christ et ceci sans l’homme et même malgré lui ! Car si l’homme participe à son Salut pense Luther, ceci retire une certaine efficacité à la grâce !

Il y a une différence de nature entre la Foi catholique [assentiment surnaturel de l’intelligence à la vérité révélée par Dieu] et la Foi protestante [acte affectif, confiance d’être pardonné : la rôle de la raison est ramené à la raison pratique]. C’est le problème de la volonté seule (Pélage)et de la grâce (Luther). Or, volonté et grâce sont de deux ordres ! La Foi, c’est l’action prévenante de Dieu, la Foi opérant par la charité {justification} puis réparation. La mérites demeurent des dons ! Bref, n’est justifié que celui qui le veut vraiment.

- L’illumination intérieure : c’est le témoignage intérieur de la conscience par le Saint-Esprit.

Conséquences:

La liberté de conscience et le libre examen de l’Ecriture Sainte : il résulte donc déjà une difficulté d’unité d’interprétation de la Foi, une diversité des dogmes selon les “écoles”,.

L’absence de hiérarchie et de médiation spirituelle.

L’absence d’autorité extérieure en matière de Foi.

L’isolation de l’âme.


Il en résulté la prolifération des sectes dont les chefs se prétendent inspirés par l’Esprit-Saint.


  • Or, comment un protestant peut-il imposer à une conscience son point de vue puisqu’il prône cette liberté de conscience et comment peut-il demeurer protestant confesser la foi ? (c’est toujours le même problème fondamental du la liberté mal comprise…). La protestantisme est né de cette révolte contre l’autorité qui imposait ses dogmes.

La paradoxe : c’est que le protestantisme retrouve ce contre quoi il s’était révolté : l’unité imposée ! Ainsi, l’unité protestante se retrouve artificiellement par la Suprématie religieuse de l’Etat (cujus regio, cujus religio : monarchie de droit divin), par la Confession commune de la Foi par l’Etat (La Confession d’Augsbourg) et par la vie et l’action commune (l’intercommunion, la double appartecance, le dépassement des dogmes). La religion devient affaire de sentiment et non de vérité !


Un critère de vérité d’une religion se fait par son initiateur…

Le Calvinisme :


Qui était Calvin ? Ce fut lui qui donna une impulsion nouvelle au protestantisme. Il publia en 1536 « L’institution de la religion chrétienne », 19 ans après le mouvement de rébellion. Il suscita l’anglicanisme par le vecteur des anglais réfugiés à Genève pendant la restauration.

Calvin caractérisa sa doctrine avec le sens de la fatalité. L’Incarnation est nécessaire et elle n’est que pour certains ! Comme Luther, Calvin pense que, par le péché originel, l’homme est foncièrement corrompu, il n’y a de salut que par la foi seule, et enfin, la grâce salvatrice ne fait que couvrir la pourriture humaine : la justification par la foi demeure extrinsèque. Par conséquent, l’origine du mal se trouve en Dieu !. Néanmoins, Calvin a des particularités de doctrine : la prédestination, puisque Dieu est seul responsable de la justification; la volonté unique (divine) dans l’univers et l’absence de liberté de l’homme. En outre, on sait si on fait partie des élus si on ressent [révélation personnelle] notre conversion et nos œuvres sont non pas méritoires mais le signe de notre élection (cause/conséquence inversée). Sola fide + Certitudo Salutis. En moral, il réhabilite la faute de l’usure (au titre du prêt lui-même).


Concernant la vie chrétienne, il y a un tour d’esprit anti-intellectuel (pour qui la raison ne vaut que si elle est pragmatique et terrestre !), le primat de l’action (In God, we trust). Il en résulte un tempérament individualiste (l’isolation de l’âme).

Ainsi, dans la morale, seule la conscience est la norme ! (Kant sera maître en la matière). Le puritanisme est une nouvelle sorte de manichéisme. L’argent et la richesse demeure la seule recherche de l’homme, même s’il ne doit pas en jouir (‘argent moral’).


L’Anglicanisme

L’Orthodoxie

Les sectes

les Témoins de Jéhovah

Les Mormons

Annexe :

Le nouvel-âge
+

Le Saint-Suaire

1998 : Cela fait 100 ans que la première photo du Suaire a été prise (par Secundo Pia).

C’est l’occasion de méditer la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur un cinquième Evangile. Le Saint Suaire comme signe authentique de la mort et de la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ constitue un excellent argument apologétique pour défendre la divinité du christianisme.

Quel est l’auteur du Suaire : un artiste, un faussaire, un cadavre, Jésus lui-même, le Christ des chrétiens ?


Histoire

Les pérégrinations du Linceul sont selon les périodes plus ou moins connues. Elles ont fortement influencé l’iconographie chrétienne dès le 4è siècle. Avant le Christ était représenté imberbe, type Apolon ou Orphée. Désormais, on a un visage allongé1, la raie des cheveux au centre de la tête2, les yeux globuleux3, un V au sommet de l’arête du nez4, un nez fort5, des pommettes très accentuées6, une barbe à deux pointes7,…

Les 6 premiers siècles, on ignore presque tout du Saint Suaire. On pense qu’il quitta Jérusalem en 70, lors de la destruction de la ville par Titus.

Dès le 3è siècle, on a des représentations qui lui ressemblent : le Bon Pasteur, avec une barbe, les cheveux longs. Mais de 260 à 544, rien.

En 544, Evagre le Scolastique dans son Histoire Ecclésiastique rapporte qu’Edesse fut délivrée des Perses par l’image du Christ, « œuvre de Dieu » : c’est la redécouverte du linceul.

Le 15 août 944 : arrivée du Suaire à Constantinople car Edesse était tombée aux mains des musulmans. (On parle de Mandylion sans peinture ni couleurs matérielles). C’est ce que raconte Constantion VII


Description

Au premier coup d’œil :

Le Linceul mesure 4,36 m x 1,10 m. Il a reçu deux empreintes : celles d’un corps mesurant 1,78 m, une frontale et une dorsale, imprimées de façon négative. On remarque très rapidement les brûlures de l’incendie de 1532 à Chambéry, de forme triangulaire, au nombre de 12, compensées par 12 rapiéçages, accompagnées de deux lignes formées par l’eau qui servit pour éteindre l’incendie ainsi que des traces d’un incendie antérieur. On remarque en outre des coulées de sang en divers endroits : sang noir sous forme de caillots, et rose également. Ceci nous intéressera par la suite.

Ce tissu est un sergé de lin à chevrons en arête de poisson, blanc à l’origine. Et on distingue le profil d’un homme de type sémitique, agé de 30 à 35 ans.


Observons le saint-Suaire en suivant la Passion selon les mystères douloureux :


Selon le temps : une image : Une crucifixion romaine1 - le support : un tissage de type archaïque2.Selon le lieu : une sépulture juive3, l’homme de type sémitique4, les pollens indiquent l’origine géographique5.Selon l’action : un homme au visage majestueux6, âgé de 30-35 ans7, un couronnement d’épines8, une flagellation romaine9, le portement de croix10, la crucifixion11, le coup de lance12, le sang et l’eau13, les jambes non-brisées14, le corps laissé moins de trois jours15, le corps non-lavé16 et le linceul blanc (de qualité)17.

Un dernier point : l’encryptage par Impression-Retrait-Sans-Contact. (IRSC)18.


La Flagellation

On peut voir qu’il y avait deux bourreaux car les marques sont jumelées. On compte 98 à 120 coups. Le suaire aurait pu envelopper un autre condamné que le Christ s’il n’y avait eu que la flagellation : or il y a aussi le couronnement (en signe de dérision de sa royauté) ! Comme le Christ est le seul condamné à avoir été flagellé et couronné, il s’agit certainement du Linceul du Christ.

Le Couronnement d’épines

Le sang a coulé jusque vers le nez (3 à l’envers). Les taches claires et sombres distinguent les veines des artères.

Le Portement de la Croix

Le nez est cassé et le genou erraflé : car le supplicié était attaché au linteau seulement (et non pas à la croix entière). La Poète latin Plaute parle de Patibulum ferre et non pas Crucem Ferre ! (Remarquons que la Sainte Tunique d’Argenteuil connue depuis l’an 800) possède les marques analogues !

La Crucifiement

Ce mode d’exécution fut aboli par Constantin en 320. La technique en fut oubliée au point que même les premiers crucifix n’apparraissent qu’au 5è siècle. Sur l’étoffe, on voit que le sang a coulé le long des bras selon deux angles : 55° et 65°, selon l’inspiration et l’expiration du condamné sur la croix. (C’est du sang coagulé noir).

Sur la Croix

Le pouce est rétracté du fait du passage du clou près du nerf médian. Les clous s’enfoncent dans l’espace de Deltot (Saint Jean, en araméen, ne distingue pas entre “main” et “poignet” quand il s’agit de témoigner à saint Thomas des plaies des mains et du coté). Remarquons que les stigmatisés ont les paumes blessées et non les poignets pour respecter la foi, les signes devant soutenir la croyance).

Le Coup de lance

Le coup est porté à droite (car les soldats par leur entrainement évitaient le bouclier porté à gauche par leur adversaire). On distingue une trace de 48 mm de longueur et 15 de largeur. Le péricarde, plein de sérosité (eau) et percé, ainsi que l’oreillette droite et le ventricule (pleins de sang). Il sortit du sang et de l’eau nous dit saint Jean. Remarquons que le coup est présenté à gauche sur le linceul, du fait du “décalque” de l’image.

La Sainte Face

Le tissu par son antiquité a fini par former deux plis… On y distingue 3 coulées de sang clair du fait des épines enfoncées dans le crane, avec des hématomes aux joues et au front. En outre, comme l’a prophétisé Isaïe, on lui a arraché de la barbe (gouttes de sang) : « J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient, et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe; je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats » (Is.l,6);

Au tombeau

On plaçait une mentonnière (pour fermer la bouche). Et des pièces de monnaie sur les yeux (d’où l’iconographie représentant des yeux globuleux).

Du fait de la rigidité cadavérique, le corps reste dans les détails semblable à la croix. (pieds croisés par exemple). Le sang qui a coulé au tombeau est un sérum rougi, clair et lumineux (ou lymphe rose) (poignet gauche). (et non pas noir comme à la croix).

Conclusion

Les détails de l’observation à eux seuls sont étonnants et déjà se profile l’authenticité de la relique. Et puis nous sommes focés de dire, « ce visage, ce n’est pas une image, c’est une présence » (Paul Claudel).


La Science

Le tissu

Nous avons dit que c’est un sergé de lin à chevrons, lin filé écru,… très reconnaissable et identifiable. Bref, ce type de tissu se trouve dans l’Egypte antique, en Syrie et en Judée. Les seuls semblables sont ceux trouvés en Syrie, datant du 3è siècle. Bref, les spécialistes pensent que ce type de tissu a été réalisé dans la région de Sidon.

Donc, par le tissu on détermine le lieu (le Proche-Orient) et la date (l’antiquité).

On a remarqué des traces de coton (espèce seulement cultivée au moyen-orient). Le métier à tisser devait aussi servir pour le coton. Or le coton ne commence à être tissé en Occident qu’au moyen-âge en Espagne arabe et en Italie, et au 17è dans le reste de l’Europe. En outre, il n’y a pas de laine car les fibres végétales et animales ne pouvaient être tissées sur le même métier.

Les pollens

Ces poussières microscopiques proviennent des régions méditerranéennes sub-désertiques : le moyen-orient. Sur 58 pollens relevés, 44 proviennent de la région de Jérusalem.

L’image

Elle n’est pas peinte de main d’homme [acheiropoeitique] (avec des traces de sang en sur­impression). c’est une impression-retrait-sans-contact (aucune altération du tissus, décalque, arrachement de fibres). Ce n’est donc ni une putréfaction (l’image aurait été détruite) ni un enlèvement (il y aurait eu des traces). Enfin, l’image n’a pas été altérée par le temps (à la différence des peintures). Est-ce une vaporographie ? avec sueur amoniacale + parfum d’aloès ? On constate que l’impression n’est pas en profondeur (comme pour la vaporographie…) mais en surface seulement. C’est en fait une oxydation. Une légère brûlure. (par flash).

La Paléographie

On est arrivé à lire : un Lamed puis BER venant de TIBERE ainsi que IN NECE (à mort) puis le long de la face à gauche S¤N¤AZARE venant de JESUS NEAZARENUS (impression par la sueur de l’écriture marquée sur la mitre dont on avait coiffé le Christ).

Les pièces de monnaie

On sait aujourd’hui que c’était l’usage juif pour maintenir les yeux fermés. On trouvait des pièces dans les cimetières (dans les cranes).

A l’aide d’un appareil utilisé par la N.A.S.A. - le VP 8 - qui transforme les intensités lumineuses des étoiles en distance, on a mis en évidence la tridimensionalité de l’image… Apparaît alors une image en relief obtenue par densitomêtrie ! On observe alors sur les yeux des pièces qui constituent un élément de datation !

* Sur l’œil gauche : les lettre ARO: comme sur les leptons de l’an 29 frappés par Ponce Pilate en l’honneur de Julie la mère de Tibère;

* Sur l’œil droit : on y voit une houlette et les lettres Y CAI. Or on a trouvé dans des fouilles archéologiques des pièces marquées d’un bâton augural accompagné de l’inscription TIBEPIOU KAICAPOC (Tibère César). Il y en a de trois types avec au revers : une couronne de lauriers et marquées respectivement LIS (an 16 de Tibère = an 29), LIZ (an 17 = 30) et LIH (an 18 = 31 après JC). Ce serait donc un dilepton également frappé par Ponce Pilate à peu près en 29.

Donc : la datation peut être déterminée : en 29 ! ainsi que la localisation : en Judée.


Remarques curieuses

Outre l’image…

- Les cheveux restent tendus comme si le corps se tenait debout ! (Or on ensevelissait allongé !) : les lois de la pesanteur devant faire tomber les cheveux en arrière n’ont pas dû jouer !

- L’image du dos n’est pas plus foncée que celle du devant, et les chairs ne sont pas écrasées : encore une fois : comme si la pesanteur avait été nulle lors de l’impression !

- La face n’est pas écrasée par le linge : comme si le linge était à distance lors de l’impression !

- Rappelons enfin qu’il y a eu une impression-retrait-sans-contact (pas de fibres arrachées !)

==> ceci ne se contredit pas avec la seule explication : la Résurrection ! Car ce qui s’est passé échappe aux lois naturelles : et c’est la définition d’un miracle.

Le Carbone 14

Ce test est complexe et incertain ! Les trois laboratoires en question auraient dû fournir un rapport complet.

Compter les atomes de C14 est une chose, dater en conséquence en est une autre !

Dans une élément organique, on sait qu’il y a 99% de C12 et 1% de C13 & C14. Proportion de 1 pour 1000 milliards. La désintégration de la masse de C14 se fait à un taux de 50% tous les 5730 ans. Pour 1950 ans (date prétendue de la confection du Linceul), on devrait conserver 79% de C14 initial. Or on a trouvé un taux de 92,4% soit une datatation de 660 ans, vers les années 1260-1390. Explications possibles : soit l’air ambient de l’époque était sur-saturé en C14 (hypothèse historiquement à écarter), soit depuis, le suaire a été rechargé en C14 (lors de la projection d’eau en 1532 ? mais la présence de sel ne fut cependant pas suffisant), soit la “résurection” a chargé de suaire de C14 (or, seule la chimie aurait altéré le linge, jamais le nucléaire). En outre, on sait que les plantes usent du fractionnement isotopique (entre C12, C13 et C14). Quelle explication retenir alors ?

Le 21 avril 1988 : prélévement (cf.Poly CRC). Expérience puis Déclaration du Cardinal Custode Ballestrero… ! Il y a eu supercherie par échange d’échantillon.

Preuves par l’absurde

Des éléments auxquels un faussaire du moyen-âge n’aurait jamais pensé :

En général :

- Peindre en négatif… méthode qui ne date que depuis l’invention de la photographie ! D’autres exemples ont déjà été étudiés mais n’ont jamais été aussi précis (fresque de l’église supérieure d’Assise : imparfait) ! Dans l’archéologie, il n’existerait qu’un seul négatif !

- Il n’existe qu’un seul linceul (dans la multitude trouvée) avec l’empreinte de son cadavre.

- Aucune trace de pinceau détéctée au microscope : comme une photographie en fait. Cette œuvre est achéiropoiétique : il y a incapacité de la science à reproduire le linceul.

- Visibilité à distance seulement entre 2 et 9 mètres seulement… du jamais vu !

- De ce fait déjà, il est non-reproductible.

- Une image qui n’est écrasée ni par le poids du corps (dessous) ni par celui du linge (dessus). (C’est l’encryptage de l’Impression-Retrait-Sans-Contact : IRSC). Il n’y a eu aucune fibrille arrachée et encore moins les tâches de sang. Ainsi, demeure inexpliqué le mécanisme de transfert de l’image du cadavre au linge et ce détachement. Seule une “dématérialisation” (car disparition sans contact) du cadavre peut expliquer ce phénomène et ceci au-delà de nos sciences physiques. C’est le point de rencontre entre le Jésus de l’histoire et celui de la foi ! C’est l’occasion d’identifier Jésus avec le Christ et le Messie. L’homme du Linceul est cet homme appelé Jésus. Tout le monde semble d’accord. L’Ancien Testament nous dit par la prophétie des châtiments que Jésus est le Messie (Is.52,13-14 & 53,7-12) et (Is.50,6 & Za.12,10, Puis.22,2,15-19, Ps.21,17).

- “Peinture” par projection… Le faussaire en plus de l’inversion de l’image aurait dû logiquement penser à l’inversion des côtés.

- Le tissage est fidèle à celui de la Palestine du Ier siècle.

En particulier :

On peut constater des précisions morpho-physiologiques inconnues avant le 20è siècle.

- Distinction entre veines et artères (couleurs de sang différentes)… Noir et rose !

- Longueur de la plaie du coté (4,8 cm) correspondant aux dimensions d’une lance romaine.

- Pouces retractés par la présence des clous près du nerf médian.

- Clous dans l’espace de Deltot. Il n’existe aucune représentation iconographique autre que dans la paume !

- La tridimensionalité… Il y a surinformation face aux méthodes d’investigation de l’époque.

- Les Pièces sur les yeux constituent certainement la preuve la plus cryptée du Linceul !


Il y a donc infalsifiabilité ! S’il y a faussaire : il faut lui accorder : il est modeste, discret, inconnu, préférant la vérité à la séduction, il prend tout son temps, il multiplie les détails invisibles à l’œil nu, et enfin, inimitable ! Il est génial !

Le Saint Suaire constitue la Preuve de la mort et de la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. I Cor.XV,17 : « si le Christ n’est ressuscité, votre foi n’est qu’une illusion ».


+


La Divinité du Christianisme

Après avoir étudié la valeur historique des Evangiles (ils sont authentiques, intègres et vrais), en nous fondant sur eux, nous allons chercher à établir la divinité du christianisme. Nous allons voir que la religion chrétienne est celle fondée par Dieu lui-même.

Pour cela, il faudra considérer ce qu’a affirmé Jésus-Christ {son témoignage}, fondateur du christianisme, et comment il l’a dit {la valeur de son témoignage}.

Ce qu’il a dit : il s’est dit - dans un sens très spécial et surnaturel - légat divin. Et il a affirmé une doctrine de salut.

Comment l’a-t-il dit : autrement dit, quelle est la valeur de son témoignage : il s’agit de l’analyse des motifs de crédibilité : nous considérerons donc sa personne (il n’a dit aucun mensonge, aucune illusion et sa doctrine et sa vie étaient excellentes) avant de voir qu’il a confirmé sa mission par des miracles, le plus grand étant sa propre résurrection, et des prophéties qu’il a accomplies ou annoncées. Les actes sont considérés comme prophétiques (miracles intellectuels) ou miraculeux (miracles purement physiques ou les miracles moraux : une conversion inattendue).


Rappel : Nous affirmerons ceci à l’aide de la Bible en général et des Evangiles en particulier, sans oublier que ces Livres sont historiques !


Le témoignage du Christ

Nous pouvons poser le syllogisme suivant : Jésus s’est affirmé envoyé de Dieu, Messie, Fils de Dieu et Dieu lui-même. Or, il est digne de foi. Donc, il est réellement l’envoyé de Dieu, Messie, Fils de Dieu et Dieu lui-même.


Dans les évangiles, le Christ affirme plusieurs choses de lui-même : Jésus s’affirme maintes fois envoyé de Dieu, comme étant le Messie promis et attendu et enfin Fils de Dieu, i.e. le Verbe Incarné (il appelle Dieu son Père; il parle en Dieu, il s’approprie les attributs de Dieu et il agit en Dieu).


Le Christ s’est dit Légat divin

Envoyé de Dieu

Jésus est envoyé par Dieu le Père pour nous apporter en son nom, une doctrine, une révélation. (Déclarations implicites ou explicites de sa messianité).

Dans l’Evangile selon saint Jean, nous voyons que le Christ s’affirme 42 fois “envoyé de Dieu” afin de nous apporter une doctrine, une révélation.

Jn.V,37: “Le Père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi”.

Jn.VII,16: “Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé”.

Jn.VII,42: “Je suis sorti et je viens de Dieu, je ne viens pas de moi-même, mais c’est Lui qui m’a envoyé”.

Jn.VIII,18: “Je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est Lui qui m’a envoyé”.

LcIV,18: “L’esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consolé par son onction… et il m’a envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé”.


Il s’est affirmé comme étant le Messie promis et attendu

Des opposants (protestants libéraux et modernistes) ont prétendu que le Christ n’a eu conscience d’être le Messie qu’à la fin de sa vie ! Nous allons voir que ce n’était pas le cas.

En lisant les Evangiles, nous voyons qu’il y a dans ses déclarations comme une marche ascendante par degrés.

Par des affirmations implicites : surtout au début de sa vie et de façon réservée. Le contexte historique explique largement cette attitude prudente. Par des affirmation explicites : la dernière année surtout.


[1]C’est lui qui est l’oint (i.e. le Christ). Il est présenté comme étant le Fils de l’homme (titre prophétique du Messie rédempteur et juge signifiant l’humilité de celui qui est envoyé). Ce terme est employé 80 fois dans l’Evangile.

Mtt.VIII,20: “…mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête”.

Mtt.XI,18: “Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant…”.

Mtt.XXVI,64: “Désormais, vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel” (cf.Dan.VII,13).

Mtt.XX,28: “C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu”.

Mtt.XVII,9: “Ne parlez à personne de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité…

Mtt.XXIV,30: “Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme”.

Mtt.XXV,31: “Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire”.

Jn.I,51: “…Et les anges montant et descendant sur le Fils de l’homme”.

Jn.III,13: “Et nul n’est monté au Ciel si ce n’est celui qui est descendu du Ciel, le Fils de l’homme qui est dans le Ciel”.

Mc.X,45: “Afin que vous sachiez que sur la terre le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés”.


[2]Quand Saint Jean-Baptiste lui envoie ses disciples Lui demander s’Il est celui qui doit venir, Il s’applique la prophétie d’Isaïe sur les miracles messianiques :

Lc.VII,22: « Puis il répondit aux envoyés: «Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ».


[3]Dans la synagogue de Nazareth, Il s’applique une autre prophétie messianique d’Isaïe :

L’Esprit de Dieu est sur moi” (…) “Aujourd’hui, cette Ecriture est accomplie parmi vous” (Lc.IV,20-25).


[4]Enfin, à la Samaritaine, il se confirme comme le Messie :

Jn.IV,25-26: “La femme lui dit: «Je sais que le Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout. Jésus lui dit « C’est moi, moi qui te parle »”.


Fils de Dieu, i.e. le Verbe Incarné

Cette vérité se trouve en germe dans l’enseignement du Christ.

C’est l’affirmation centrale de la Révélation : le Christ est le Fils de Dieu au sens propre du mot, par nature, comme étant son Fils unique


- l’histoire et la raison l’exigent :

Car 30 ans après sa mort, le Christ est adoré comme tel. De nombreux juifs convertis meurent pour cela ! Ainsi, seule une affirmation explicite d’une telle doctrine fonde une telle croyance car tout par ailleurs s’oppose à une telle croyance : la mentalité des apôtres (juifs, rudes, peu instruits), l’enthousiasme pour un surhomme aurait été insuffisante (mort au gibet, le Christ même surhomme aurait déçu !). Adoré comme Dieu, c’est qu’Il s’est affirmé comme tel en le prouvant.


- les Evangiles l’attestent :

Indirectement, Jésus ayant parlé et agi en Dieu, les apôtres ont conclu sa divinité. De plus, Jésus se dit supérieur aux prophètes. (Cf. Parabole des Vignerons homicides : Mtt.XXI,33-34 : le fils est tué alors que les serviteurs sont seulement rejetés et repoussés).

Jésus se proclame maître de la loi (du sabbat, du Temple). Enfin, il s’attribue des œuvres proprement divines (JE te dis, lève-toi - JE le veux, sois guéri - Il été dit aux anciens, MOI je vous dis - En SON nom, il remet les péchés - Avant qu’Abraham fut, JE suis). Et il se pose comme terme de tout rapport : Croyez au Père et croyez en MOI - Si quelqu’un aime son père plus que MOI). Directement, il s’affirme Fils de Dieu au sens strict (les prophètes de l’Ancien Testament s’affirmaient comme tel au sens large) : Mon Père et moi, nous sommes un (Jn.X,30). Tu te fais Dieu (Jn.X,34). Afin que vous compreniez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés, prends ton grabat et marche (Mc.II,11).


Jésus s’est appelé Fils de Dieu

Le Christ s’affirme au sens strict Fils de Dieu:


Jn.XI,27: “Oui, je crois que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu ”.

Mtt.XVI,16: “Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant”.

Mtt.XXI,15: “Hosanna au Fils de David”.

Jn.XVII,3:“La vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ”.

Lc.XXIV,26 : “Ne fallait-il pas que le Christ souffrit toutes ces choses pour entrer dans sa gloire ?


Exemples : L’Ange Gabriel annonce à Marie qu’elle deviendrait la mère du Sauveur : “L’Esprit-Saint descendra en vous et le Tout-Puissant vous couvrira de son ombre : voilà pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu” (Lc.I,35). Au bord du Jourdain, Dieu confirme ces paroles : “Voici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances” (Lc.III,22).A Nicodème, Jésus déclare que Dieu a aimé le monde au point de donner son Fils unique (Jn.III,16).A l’aveugle-né, il dira : “«Crois-tu au Fils de l’homme»?  Il répondit: «Et qui est-il, Seigneur, que je croie en lui»?  Jésus lui dit: «Tu le vois; celui qui te parle, c’est lui».  Alors il déclara: «Je crois, Seigneur», et il se prosterna devant lui.” (Jn.IX,35-37).Jésus récompensa la Foi de Marthe en ressuscitant Lazare son frère : “«Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde»” (Jn.XI,27).

Les juifs le poursuivent non seulement parce qu’Il chasse les démons le Sabbat mais aussi parce qu’Il se proclame l’égal de Dieu (Jn.V,16-18). Les Juifs lui demandent et il répond par l’affirmative (Jn.X,23-31). Saint Pierre dira “Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant” (Mtt.XVI,13-20).Déclaration devant le Sanhédrin (Lc.XXII,66-71) : le but du tribunal était de dénoncer le fait que Jésus se faisait Dieu; l’argument de Jésus se fonde sur le Psaume CIX : Dixit Dominus - Le Sanhédrin déclarent le blasphème.


Ainsi,

Il appelle Dieu son Père :

Lc.II,49: “Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ?

Jn.II,16 : “ Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce”.

Jn.X,30 : “Mon Père et moi, nous sommes un”.

Mtt.XXVI,29 : “Je le boirai à nouveau avec vous dans le Royaume de mon Père”.

Mtt.XI, 27 : “Toutes choses m’ont été données par mon Père”.

Il parle et agit en Dieu; il s’approprie les attributs et les pouvoirs que Dieu seul possède :

Il est la vérité : Jn.XIV,6 : “Je suis la Voie, la Vérité et la Vie”.

Il est l’éternité : Jn.VIII,58 : “…avant qu’Abraham existât, Je Suis”.

Il est tout-puissant : Jn.V,21-27 : “Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie, ainsi le Fils donne vie à qui il veut.  Car le Père ne juge personne; il a donné au Fils le jugement tout entier,  afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé.  (…)  Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même  et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement parce qu’il est Fils d’homme”.

Jn.VIII,12 : “Je suis la lumière du monde”.
Jn.XI,25 : “Je suis la résurrection et la vie”.
Jn.X,17: “J’ai pouvoir de quitter et de reprendre mon âme”.

Il affirme sa présence dans le ciel : Jn.III,13: “Et nul n’est monté au Ciel si ce n’est celui qui est descendu du Ciel, le Fils de l’homme qui est dans le Ciel”.

Jn.VIII,42 : “Je le suis (le Christ), et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir environné des nuées du ciel”.

Il proclame sa sainteté : Jn.X,29-30 : “mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. Mon Père et moi nous sommes un”.

Il agit et commande en Dieu. Il faut croire dans le Fils et l’adorer.

Mc.IV,39 : “Etant réveillé, Jésus tança le vent et dit à la mer : Tais-toi, calme-toi. Et le vent s’apaisa, et il se fit un grand calme”.

Jn.V,23: “…afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé”.

Mtt.IX,18: “Comme il leur parlait ainsi, le chef de la synagogue entra, et se prosternant devant lui, il lui dit…

Mtt.XII,8: “Car le Fils de l’homme est maître du Sabbat”.

Jn.XX,28 : “Mon Seigneur et mon Dieu”.


Conclusion :

Il y a entre Dieu et Jésus une filiation stricte et une unité de nature : Jn.X,30: “Mon Père et moi, nous sommes un”. C’est ce que lui reprochent les Juifs : Jn.X,34: “Tu te fais Dieu”. Alors, Jésus le prouve : Mc.II,10-11: “Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés, lève-toi, prends ton grabat”.


Trois récits évidents dans les Evangiles :

- La reconnaissance de la divinité du Christ sur le chemin de Césarée :

Jn.XVI,13-20: “Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant”.

Gravité et solennité de la demande - Solennité de l’approbation - Récompense promise magnifique. Ainsi, la divinité est affirmée, les pouvoirs divins sont promis.


- Unité avec Dieu le Père et le Saint-Esprit :

La nature, la science et les opérations du Fils sont aussi élevées que celles du Père:

Lc.X,22: « Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne sait qui est le Fils si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler». »

Jn.5,17-21: « Mais il leur répondit: «Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi». (…) Ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. ».

Jn.V,30: “Mon Père et moi, nous sommes un”.

Mtt.XXVIII,19: “…baptisez au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit”.

- Témoignage suprême la Déclaration de Jésus devant le Sanhédrin :

Mc.XIV,60-63: « Se levant alors au milieu, le Grand Prêtre interrogea Jésus: «Tu ne réponds rien? Qu’est-ce que ces gens attestent contre toi»?  Mais lui se taisait et ne répondit rien. De nouveau le Grand Prêtre l’interrogeait, et il lui dit: «Tu es le Christ, le Fils du Béni»?   «Je le suis, dit Jésus, et vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel».  Alors le Grand Prêtre déchira ses tuniques et dit: «Qu’avons-nous encore besoin de témoins? »

= Le but du tribunal : obtenir de Jésus un aveu. Or s’affirmer envoyé de Dieu n’est pas de soi un blasphème méritant la mort. S’Il est condamné à mort, c’est que Jésus s’affirme Fils de Dieu. «Tu es le Christ, le Fils du Béni»?   «Je le suis ».

= L’argumentation de Jésus: il déclare « vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance » (faisant référence au Psaume CIX). «Tu es le Christ, le Fils du Béni»?   «Je le suis ». La solennité de la réponse au péril de sa vie montre l’intention claire de Jésus.


Sa doctrine est une doctrine de salut

Etat de la question

Le Christ s’est dit légat divin pour nous enseigner une doctrine divine et pour souffrir la Passion afin d’opérer la Rédemption. Depuis le XVIIIè siècle, les déistes et ensuite depuis le XIXè siècle, les modernistes, nient cette intention du Christ en comprenant les Evangiles comme une sorte de morale sans doctrine.


Existence de la doctrine (preuves & témoignages)

D’après les Evangiles :

Notre-Seigneur se fait appeler Maître et seul Maître.

Mtt.XXI,16: “Maître, nous savons que vous êtes vrai et que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité sans souci de personne…

Notre-Seigneur parle de sa doctrine :

Jn.VII,16 : “Ma doctrine n’est pas de moi mais de celui qui m’a envoyé…”.

Mtt.VII,28-29 : “Jésus ayant achevé ce discours, le peuple était dans l’admiration de sa doctrine. Car il enseignait comme ayant autorité, et non comme les scribes”.

Mtt.XV,12 : “Alors ses disciples lui dirent : Savez-vous que les pharisiens en entendant cette parole ses ont scandalisés ?

Mc.IV,11 : “A vous, il a été donné de connaître le mystère du Royaume de Dieu; mais pour eux, qui sont dehors, tout est annoncé en paraboles”.

Lc.X,16 : “Celui qui vous écoute, m’écoute, et celui qui vous méprise, me méprise”.

Mtt.XXVIII,19-20 : “Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit”.

Jn.XIV,26 : “Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit”.


Les Premiers chrétiens considéraient qu’ils devaient garder un dépôt de doctrine :

Eph.IV,11;14 : “C’est lui qui a fait les uns apôtres, d’autres prophètes… en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère… afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine…

Rom.X,9;17 : “Car c’est en croyant de cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de bouche qu’on parvient au salut… Ainsi, la foi vient de la prédication entendue, et la prédication se fait par la parole de Dieu”.

Rom.XVI,17 : “Je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent les divisions et les scandales, en s’écartant de l’enseignement que vous avez reçu”.

Act.XX,30 : “Et même, il s’élèvera au milieu de vous des hommes qui enseigneront des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux”.

Gal.I,9 : “Et si quelqu’un vous annonce un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème”.

I Tim.VI,3-4: “Si quelqu’un donne un autre enseignement et n’adhère pas aux salutaires paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est conforme à la piété, c’est un orgueilleux…


Quelle est cette doctrine ?

- Un Dieu unique, créateur de toutes choses, Providence, Père des hommes et juge suprême :

Mc.XII,29-32 - Mc.XIII,19 - Mtt.VI,26;30;32 - Mtt.XX,23.


Mc.12,29-32: « Jésus répondit: «Le premier c’est: Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur,  et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.  Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là».  Le scribe lui dit: «Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu’Il est unique et qu’il n’y en a pas d’autre que Lui; »

Mc.13,19: « Car en ces jours-là il y aura une tribulation telle qu’il n’y en a pas eu de pareille depuis le commencement de la création qu’a créée Dieu jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura jamais plus. »

Mtt.6,26-32: « Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit! Ne valez-vous pas plus qu’eux?  Qui d’entre vous d’ailleurs peut, en s’en inquiétant, ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie?  Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter? Observez les lis des champs, comme ils poussent: ils ne peinent ni ne filent.  Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.  Que si Dieu habille de la sorte l’herbe des champs, qui est aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi!  Ne vous inquiétez donc pas en disant: Qu’allons-nous manger? Qu’allons-nous boire? De quoi allons-nous nous vêtir?  Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. »

Mtt.20,23: « _ «Soit, leur dit-il, vous boirez ma coupe; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas d’accorder cela, mais c’est pour ceux à qui mon Père l’a destiné». »


- Son égalité avec le Père : Mtt.XI,27 - Mtt.XVI,17 - Mtt.XXVI - Lc.X,22 - Jn.V,19-28 - Jn.VII,42-58 - Jn.XIV,10 - Jn.XVII,21.


Mtt.11,27-27: « Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. »

Mtt.16,17-17: « En réponse, Jésus lui dit: «Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. »

Lc.10,22: « Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne sait qui est le Fils si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler». »

Jn.5,19-28: « Jésus reprit donc la parole et leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, qu’il ne le voie faire au Père; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.  Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, à vous en stupéfier.  Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie, ainsi le Fils donne vie à qui il veut.  Car le Père ne juge personne; il a donné au Fils le jugement tout entier,  afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé.  En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.  En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient _ et c’est maintenant _ où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront.  Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même  et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement parce qu’il est Fils d’homme.  N’en soyez pas étonnés, car elle vient, l’heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix »

Jn.7,42;58: « Quant à Jésus, il alla au mont des Oliviers.  Mais, dès l’aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s’étant assis il les enseignait. (…)  Jésus leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham existât, Je Suis». »

Jn.14,10: « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même: mais le Père demeurant en moi fait ses œuvres. »

Jn.17,21: « afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. »


- La divinité du Saint-Esprit : Mtt.X,19-20 - Mtt.XXVIII,19 - Lc.XII,12 - Lc.XXIV,49 - Jn.XIV,16;17;26 - Jn.XV,26 - Jn.XVI,13-15.


Mtt.10,19-20: « Mais, lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire: ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment,  car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. »

Mtt.28,19: « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, »

Lc.12,12: « car le Saint Esprit vous enseignera à cette heure même ce qu’il faut dire». »

Lc.24,49: « «Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut». »

Jn.14,16: « et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais,  l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous. (…)  Mais le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »

Jn.15,26: « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage. »

Jn.16,13-15: « Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu’il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à venir.  Lui me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il recevra et il vous le dévoilera.  Tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi j’ai dit que c’est de mon bien qu’il reçoit et qu’il vous le dévoilera. »


- La Rédemption des hommes par l’effusion du sang de Notre-Seigneur : Mtt.XX,28 - Mc.X,45 - Jn.III,16 - Jn.X,18 - Jn.XII,24-33.

Mtt.20,28: « C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude». »

Mc.10,45: « Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude». »

Jn.3,16: « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. »

Jn.10,18: « Personne ne me l’enlève; mais je la donne de moi-même. J’ai pouvoir de la donner et j’ai pouvoir de la reprendre; tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père». »

Jn.12,24-33: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.  Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle.  Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.  Maintenant mon âme est troublée. Et que dire? Père, sauve-moi de cette heure! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure.  Père, glorifie ton nom»! Du ciel vint alors une voix: «Je l’ai glorifié et de nouveau je le glorifierai».  La foule qui se tenait là et qui avait entendu, disait qu’il y avait eu un coup de tonnerre; d’autres disaient: «Un ange lui a parlé».  Jésus reprit: «Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.  C’est maintenant le jugement de ce monde; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors;  et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi».  Il signifiait par là de quelle mort il allait mourir. »


- La grâce sanctifiante : Jn.XIV,23.

Jn.14,23: « Jésus lui répondit: «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui. »


- La nécessité et l’efficacité de la prière : Lc.XVIII,1 - Mtt.XVIII,19-20 - Mtt.XXI,22.

Lc.18,1: « Et il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager. »

Mtt18,19-20: « «De même, je vous le dis en vérité, si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.  Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux». »

Mtt21,22: « Et tout ce que vous demanderez dans une prière pleine de foi, vous l’obtiendrez». »

- L’existence des Sacrements : B : Mtt.XXVIII,19 - Jn.III,5 ; O : Lc.XXII,19-20 - Jn.VI,50-55 ; E : Lc.XXII,19-20 - Jn.VI,50-55 ; P : Jn.XX,22-23 - Mtt.XVIII,18; C : Act.VIII,17 ; EO : Jc.V,15 ; M : Eph.V,32.

Baptême :

Mtt.28,19: « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, »

Jn.3,5: « Jésus répondit: «En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. »

Ordre :

Lc.XXII,19-20: « Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant: «Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi».  Il fit de même pour la coupe après le repas, disant: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. »

Jn.VI,50-55: «  ce pain est celui qui descend du ciel pour qu’on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde».  Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux; ils disaient: «Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger»?  Alors Jésus leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.  Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.  Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. »  


Eucharistie :

Lc.22,19-20: « Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant: «Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi».  Il fit de même pour la coupe après le repas, disant: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. »

Jn.6,50-55: « ce pain est celui qui descend du ciel pour qu’on le mange et ne meure pas.  Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde».  Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux; ils disaient: «Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger»?  Alors Jésus leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.  Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.  Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. »

Pénitence :

Jn.20,22-23: « Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit: «Recevez l’Esprit Saint.  Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus». »

Mtt.18,18: « «En vérité je vous le dis: tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. »

Confirmation :

Act.8,17: « Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l’Esprit Saint. »

Extrême-Onction :

Jac.5,15: « La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis. »

Mariage :

Eph.5,32: « ce mystère est de grande portée; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. »


- La nécessité des vertus et des œuvres pour le Salut : Mtt.V,48 - Mtt.VII,21 - Mtt.X,32 - Mtt.XVI, 24-26 - Jn.XIII,34 - Jn.XV,12-17.

Mtt.5,48: « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Mtt.7,21: « «Ce n’est pas en me disant: "Seigneur, Seigneur", qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. »

Mtt.10,32: « «Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux; »

Mtt.16,24-26: « Alors Jésus dit à ses disciples: «Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.  Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera.  Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie? Ou que pourra donner l’homme en échange de sa propre vie? »

Jn.13,34: « Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

Jn.15,12-17: « Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés.  Nul n’a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis.  Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.  Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.  Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne.  Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. »


- L’existence et la pratique des conseils évangéliques : Mtt.XIX,12;22;29.

Mtt.19,12-29: « Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu’il comprenne»! (…)  Entendant cette parole, le jeune homme s’en alla contristé, car il avait de grands biens. (…)  Et quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle. »


- L’institution de l’Eglise, gardienne de la tradition : Mtt.XVI,13-19 - Mtt.XXVIII,19-20; Mc.XVI,15-16 - Lc.XXII,32 - Jn.XXI,15-17.

Mtt.16,13-19: « Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question: «Au dire des gens, qu’est le Fils de l’homme»?  Ils dirent: «Pour les uns, Jean le Baptiste; pour d’autres, Élie; pour d’autres encore, Jérémie ou quelqu’un des prophètes».  _ «Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je»?  Simon-Pierre répondit: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant».  En réponse, Jésus lui dit: «Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux.  Eh bien! moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle.  Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié». »

Mtt.28,19-20: « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,  et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde». »

Mc.16,15-16: « Et il leur dit: «Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création.  Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné. »

Lc.22,32: « mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères». »

Jn.21,15-17: « Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci»? Il lui répondit: «Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime». Jésus lui dit: «Pais mes agneaux».  Il lui dit à nouveau, une deuxième fois: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu»? _ «Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t’aime». Jésus lui dit: «Pais mes brebis».  Il lui dit pour la troisième fois: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu»? Pierre fut peiné de ce qu’il lui eût dit pour la troisième fois: «M’aimes-tu»?, et il lui dit: «Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime». Jésus lui dit: «Pais mes brebis. »


- La vie éternelle pour les justes et l’enfer pour les pécheurs : Mtt.XXV,46 - Mtt.XIII,13 - Mtt.XXV,34 - Jn.XVII,24 - Mtt.XXIV,23-31 - Mc.XIII,21-27 - Lc.XXI,25-26 - Jn.VI,52-59 - Jn.V,29.

Mtt.25,46: « Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle». »

Mtt.13,43: « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles! »

Mtt.25,34: « Alors le Roi dira à ceux de droite: "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. »

Jn.17,24: « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. »

Mtt.24,23-31: « «Alors si quelqu’un vous dit: "Voici: le Christ est ici"! ou bien: "Il est là"!, n’en croyez rien.  Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d’abuser, s’il était possible, même les élus.  Voici que je vous ai prévenus.  «Si donc on vous dit: "Le voici au désert", n’y allez pas; "Le voici dans les retraites", n’en croyez rien.  Comme l’éclair, en effet, part du levant et brille jusqu’au couchant, ainsi en sera-t-il de l’avènement du Fils de l’homme.  Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours.  «Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées.  Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire.  Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents, des extrémités des cieux à leurs extrémités.»

Mc.13,21-27: « Alors si quelqu’un vous dit: "Voici: le Christ est ici"!, "Voici: il est là"!, n’en croyez rien.  Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour abuser, s’il était possible, les élus.  Pour vous, soyez en garde: je vous ai prévenus de tout.  Mais en ces jours-là, après cette tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière,  les étoiles se mettront à tomber du ciel et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.  Et alors on verra le Fils de l’homme venant dans des nuées avec grande puissance et gloire.  Et alors il enverra les anges pour rassembler ses élus, des quatre vents, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel. »

Lc.21,25-26: « «Et il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots;  des hommes défailliront de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées. »

Jn.6,52-59: « Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux; ils disaient: «Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger»?  Alors Jésus leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.  Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.  Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson.  Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.  De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.  Voici le pain descendu du ciel; il n’est pas comme celui qu’ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra à jamais».  Tel fut l’enseignement qu’il donna dans une synagogue à Capharnaüm. »

Jn.5,29: « et sortiront: ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement. »


La valeur du témoignage du Christ

Remarque : La division des critères intrinsèques et extrinsèques est envisagée par rapport au Christ et non par rapport la révélation (intr.: la doctrine; extr.: la personne : sa vie et ses actes); ainsi, nous aurons la division suivante :


  • Les motifs intrinsèques : la valeur de la personne du Christ et de sa doctrine : nous constaterons l’absence de mensonges et d’illusions; une doctrine et une vie excellentes. Tout cela étant formellement confirmé par tous.
  • Les motifs extrinsèques : la manière de confirmer sa mission : par les miracles (dont le plus insigne fut sa propre résurrection) et les prophéties (celles annoncées par l’Ancien Testament qu’il a accomplies et celles qu’il a annoncées).

Les motifs intrinsèques

Un témoignage ne vaut que ce que vaut le témoin ! Jésus est le Messie, le Fils de Dieu : il l’a dit, nous l’avons lu dans les Evangiles : mais est-ce un mensonge, une illusion ou la vérité ?

Nous constatons que le contenu du témoignage du Christ nous impressionne déjà, sa continuité et sa fermeté nous émeuvent, nous nous demandons alors ce que vaut son témoignage.


Positivement

Nous pouvons dire qu’Il ne se trompe pas. Il sait ce qu’Il dit. Il a la science.

Il ne nous trompe pas. Il dit ce qu’Il sait. Il a la véracité et la sincérité.


* Considérant de façon naturelle ses qualités,

s’Il est Dieu, il est évident qu’une erreur dans sa science aurait été inexplicable ! Or il n’y a pas eu d’erreurs ! Au contraire, s’Il s’affirme Dieu et qu’Il ne l’est pas, cela dénoterait la perte de toute faculté intellectuelle.

Alors qu’en fait, le Christ apporte les preuves de la plus haute intelligence dans sa doctrine même qui est un ensemble merveilleux de dogmes et de préceptes d’une cohésion parfaite, unissant harmonieusement et prudemment des éléments très divers. Oui, le Christ a étonné toute sa vie par sa sagesse et ses réponses. Non, Jésus ne s’est pas trompé. De toute évidence, s’Il s’est affirmé Dieu, c’est qu’Il savait l’être !

En outre, Jésus a parlé avec véracité et sincérité. Car s’Il avait voulu nous tromper, il aurait - comme beaucoup le firent - commis des crimes énormes non seulement contre les hommes (en les trompant et en les chargeant de faux dogmes et de devoirs inexistants) mais aussi contre Dieu (en usurpant ses droits de façon sacrilège ses droits) et lui-même (en s’exposant aux châtiments les plus graves dès ici-bas et dans l’autre vie). Remarquons en outre que nul ne s’est proclamé Dieu en présentant de telles vertus, avec une telle crédibilité. Ainsi, il présenté la plus haute sainteté (absence de défauts, amour de Dieu, bonté, charité, humilité, mortification).


* Considérant ses qualités comme miraculeuses,

il faut bien reconnaître sa science et sa sainteté comme ayant atteint un degré miraculeux. Ceci constitue formellement la signature de Dieu.


Négativement

- Absence de mensonges :

Les rationalistes prétendent que le Christ s’est laissé prendre au jeu de la logique du succès, enthousiasmé par les foules, dans le besoin de répondre à ses adversaires…

- Jésus avait un véritable amour pour son Père : il le manifeste dans sa prière (Mtt.VI,9 - Mtt.XI,35 - Mtt.XV,36 - Jn.XI,41 - Jn.XVII,1 - Lc.XXIII,46), dans sa mission apostolique et dans sa règle de vie (Jn.IV,34 - Jn.V,36 - Jn.VI,38).

- Jésus avait un véritable amour pour les hommes : non seulement pour ses apôtres (Discours après la Cène : Jn.XIV-XVII) mais pour tous (ses miracles en sont les signes : Mtt.XIV,14 - Mtt.XV,32 - Mtt.XX,34 - Mc.VI,34 - Mc.VIII,2 - Lc.XII,13. “Venez à moi vous tous qui peinez et qui souffrez”. Bonté et miséricorde envers la Samaritaine, la femme adultère, Zachée…). Tout ceci n’excluant pas évidemment la réprimande envers les pharisiens !

- Une absence d’illusion :

Le Christ ne s’est pas contenté de dire Dieu m’est apparu; mais il annonce qu’Il va réaliser toutes les prophéties, qu’Il a avec le Père des relations uniques et des pouvoirs uniques.

Son esprit est élevé et profond. Sa doctrine sur la charité est forte : amour des ennemis (Jn.VII,46). Sur les mœurs, il est également clair : pauvreté, détachement, chasteté, virginité, humilité, fidélité au devoir, et ceci par une pédagogie éclatante (les paraboles). Ainsi, son jugement est raisonnable et prudent, ne se laissant pas influencer par les passions.

Demandons-nous encore si le Christ aurait pu se tromper ? Aurait-il été une sorte d’halluciné comme le pensait Renan ? Nous ne constatons aucune trace de l’évolution de la pensée de Jésus (comme une sorte de prise de conscience progressive !). S’il y a évolution, c’est tout au plus dans la manière d’exprimer sa pensée. Ainsi, le Christ n’était pas fou comme le prétendit Renan car ce qui frappe dans sa vie c’est que la foi en lui-même et en son œuvre reste absolument identique à elle-même. Cette confiance inébranlable de Jésus en son œuvre, en son Père et en lui-même était certainement surnaturelle. L’assurance qu’aucun événement extérieur ne trouble constitue une preuve énorme de la nature divine du Christ. Enfin, comment un déséquilibré peut-il être l’auteur d’une doctrine religieuse qui dépasse les plus hautes conceptions des philosophes anciens et d’une morale qui est devenue l’idéal de l’humanité.

- Une Doctrine excellente :

Le Christ a en effet prêché une doctrine d’une excellence sans égal.

Le fait

Historiquement, nous constatons que sa doctrine nous fait connaître la vérité et nous ordonne de pratiquer le bien. 1/ Les vérités enseignées sont sans erreurs, et ne vont pas contre la raison (aucune absurdité ou contradiction). Ainsi, elles comblent en le dépassant par les mystères le désir inné de savoir. Tout est harmonieux. 2/ La perfection de sa morale est irréprochable (Sermon sur la Montagne). Fondée sur les Dogmes, dans son principe, elle affirme que si Dieu est législateur, il est aussi Père. Dans son dessein, elle cherche à mener l’homme au bonheur par la sainteté. Enfin, ses règles demeurent immuables et selon les conditions parvenir jusqu’à l’héroïsme, le motif suprême étant l’amour de Dieu et du prochain (Premier commandement).

Le caractère divin du fait

Cette doctrine paraît à la fois élevée, sublime et accessible à tous, très complète et harmonieuse. Quelle aurait été cette intelligence (qui n’a pas fait d’étude !) capable d’établir une telle doctrine sans tâtonnement et sans défaillance ? L’origine ne peut être que miraculeuse. En effet, aucun philosophe n’avait pu établir l’ensemble des vérités naturelles complètement, certainement et sans erreurs et ceci de façon aussi cohérente. (Les Réformateurs voulant réformer la doctrine chrétienne ont en fait brisé son unité). Ceci constitue donc un vrai miracle intellectuel.

Terminons en établissant que l’excellence de la doctrine se prouve par l’excellence ses fruits. Non seulement au point de vue intellectuel (diffusion des vérités essentielles à l’humanité en la relevant), mais aussi au point de vue moral (amélioration de la conduite et des mœurs) voir politique (rôle des sociétés chrétiennes et des saints sur leur siècle).

- Vie excellente : la Sainteté & la Sagesse de Jésus-Christ.

C’est un peu le miracle moral du christianisme. C’est l’ensemble des actions morales dépassant les forces humaines ordinaires. Dépassement en perfection, en promptitude (conversion instantanées), en difficulté (martyre), en insuffisance des moyens (instruction, nombre).

L’histoire nous confirme la réalité de ces faits.


De façon générale : absence péchés (Qui de vous me convaincra de péché ? Il ne fut pas contredit par ses adversaires), pratique des vertus (individuelles : amour de Dieu, obéissance, pauvreté, pureté, humilité, force, prudence), familiales : respect, soumission, affection et sociales : justice, charité, patience).


De façon particulière :

- Le renoncement : Rom.XV,3 : Christus non sibi placuit : à l’égard des choses : Mtt.XVII,16 : pas de gîte pour dormir et à l’égard des personnes : pas de démagogie, pas d’attachement particulier.

- L’humilité : cherchant non pas sa gloire mais celle de son Père : Phil.II,17 : Mais il s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui. Mtt.X,24-25 : le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Lc.XXII,24-27 : Pour vous ne faites pas ainsi; mais que le plus grand parmi vous soit comme le dernier, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Jn.XXIII,1-11 : le lavement des pieds.…

- Noblesse, fierté, force et magnanimité : il proteste quand la gloire est attaquée, il n’hésite pas à proclamer ses droits de Fils de Dieu.

- Loyauté (Mtt.XXIII,27-28), véracité, sincérité : ni démagogie ni complaisance.


Théologiquement, il faut tenir qu’il faut une cause proportionnée permanente et habituelle. Or cette disposition n’existe pas chez les hommes car une absence prolongée de toute faute et la pratique constante et sans faiblesse de toutes les vertus est au-dessus du cours ordinaire de choses !


Apologétiquement (!), la sainteté du fondateur du christianisme confirme sa doctrine (Les œuvres que je fais témoignent pour moi) (Qui donc me convaincra de péché ? autrement dit, si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?).

Donc seule la divinité du Christ explique sa sainteté, que Dieu n’aurait pu accorder à un imposteur.

La Sainteté de Jésus-Christ

Ferbeck 52

La Sagesse de Jésus-Christ

Ferbeck 53


- Témoignages divers de ces faits :

- Par les juifs eux-mêmes : “Il s’est dit Fils de Dieu”. Enfin, Celse se moque d’un Dieu crucifié; Lucien ridiculise l’adoration d’un Dieu crucifié et Pline le Jeune se plaint que les chrétiens chantent des hymnes au Christ comme à un Dieu.

- L’Eglise a la Foi en la divinité du Christ; or elle ne peut y croire que si le Christ l’a Lui-même affirmée. Il n’y a en effet aucune idéalisation possible en trente années, surtout lorsque le culte d’un homme était dangereux, rivalisant avec l’empereur. L’insistance de Saint Paul quant à la divinité se place dans la volonté des apôtres; Et si le Christ a tardé à affirmer sa divinité, c’est avant tout par prudence (les apôtres ne l’auraient pas cru, les juifs l’auraient pris pour roi temporel,… et son Père le voulait autrement).


Les motifs extrinsèques

Les Miracles de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Rappel de définition : c’est un fait sensible et certain qui déroge aux lois constantes et connues de la nature et n’est pas possible sans une intervention spéciale de Dieu.


Remarque préalable : Les miracles du Christ sont des miracles au sens strict du mot (ils dérogent à la loi de la nature), ils ont eu lieu des milliers de fois et publiquement. Le Christ les opéra en son nom, sans user d’aucun moyen, et ceci afin de confirmer sa doctrine.


Il s’agit de faire une constatation à trois points de vue :

-1- historique : existence certaine du fait;-2- théologique : nature et origine du fait, autrement dit, véracité du miracle; -3- apologétique : mise en relation du fait avec la révélation, autrement dit, confirmation de sa doctrine.


Analyse matérielle et quantitative :


Le Miracle est nécessaire moralement afin d’accréditer la révélation; le miracle étant le signe le plus manifeste de la légation divine du Christ. (Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu).


- en général : Mc.I,32-33 : Il guérit beaucoup de malades affligés de diverses infirmités. Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles.

Mtt.VIII,16-17 - Mtt.IV,20-24 - LcIV,41-49 - Lc.VI,17-19 - Lc.VII,21 - Lc.VIII,2 - Jn.II,23 - Jn.IV,48 - Jn.VII,31 - Jn.XI,47 - Jn.XII,37.


- en particulier :

Les évangélistes relatent entre 39 et 41 miracles.

- miracles opérés sur des éléments matériels : eau changée en vin à Cana (Jn.II,2-11), multiplication des pains (Mc.VI,30-34), pêches miraculeuses, tempête apaisée (Mtt.VIII), marche sur les eaux (Mtt.XIV), figuier desséché,…

- miracles opérés sur les hommes : maladies guéries (belle-mère de Simon (Mc.I,29), fils de l’officier (Jn.IV,43-54), lépreux (Lc.V,12), paralytique (Luc,V), homme à la main desséchée (Lc.VI), serviteur du centurion (Mtt.VIII), fille de la cananéenne (Mtt.XV), sourd-muet (Mc.VII), aveugle-né (Jn.IX), deux aveugles (Mtt.IX), serviteur du grand-prêtre (Lc.XX)), démons chassés (dans la synagogue de capharnaüm (Mtt.I,23), dans le pays des Gérasiens (Mtt.VIII), enfant possédé (Mc.IX), femme possédée (Lc.XIII)), résurrections (fils de la veuve de Naïm (Lc.VII), la fille de Jaïre (Mtt.IX), Lazare (Jn.XI,1-44).


Constatation à trois points de vue : ces miracles sont historiques car


[1] certains :

à la différence des miracles rapportés par les Apocryphes, ceux-ci sont rapportés avec sobriété et majesté (¹ fabuleux). Les circonstances sont précises et détaillées (¹ fable). Enfin, ils sont spontanés (¹ calculés et prémédités). Ces faits nous ont donc été rapportés tels qu’ils ont eu lieu (constatés car sensibles, extraordinaires, publiques et devant des adversaires puis transmis comme éléments majeurs des Evangiles, prouvés par la sincérité des narrateurs et la surveillance des écrits par les adversaires).

Ainsi, la certitude repose sur la valeur historique des Evangiles. Ils ne sont donc pas des interpolations : ils appartiennent à la substance des Evangiles : leur place est considérable, leur rôle est essentiel, et ils constitue le fondement de la foi (Après le miracle de Cana, les disciples crurent en Lui, Jn.II,11;23). Saint Pierre, après la Pentecôte, en appelle aux miracles du Christ pour appuyer son enseignement, -Act.II,22).


[2] authentiques et vrais :

car les seules forces de la nature ne peuvent expliquer les phénomènes : les effets produits étant sans proportion naturelle avec les causes apparentes (salive, imposition des mains : Mc.VI,5 - Mc.VII,32 - Lc.IV,40 - Lc.XIII,13; les yeux levés au ciel : Mc.VII,34 -Jn.IX,6; contact avec l’organe malade : Mtt.VIII,3 - Mtt.XIV,15 - Mtt.XX,34 - Mc.I,41 - Lc.XIX,4).

Raisonnons par l’absurde : si Notre-Seigneur connaissait les forces inconnues de la nature, alors elles auraient été connues : et cette connaissance aurait constitué en elle-même un miracle ! (et il les aurait utilisées comme un technicien : préparation,…) ! S’Il ne les connaissaient pas, la concurrences hasardeuses des forces et de ses gestes était alors impossible.

Ainsi, les forces de l’homme doivent être exclues (les phénomènes sont trop extraordinaires et trop immédiats pour être opérés par la suggestion). L’hypnose ne peut suffir non plus pour opérer une résurrection ou une guérison (instantanées) et le démon ne peut être l’auteur le vecteur d’une doctrine qui le combat (absence de mal).

Remarquons enfin que la Foi exigée par Notre-Seigneur est une condition et non une cause du miracle. En effet, dans certains cas, la Foi n’était pas requise : Malchus, les possédés, le paralytique de la piscine de Béthsaïde, le Fils du centurion…


[3] Enfin, ils confirment une doctrine : c’est leur but.

- Notre-Seigneur utilise des miracles pour prouver une doctrine, pour que l’on se convertisse. “Afin que vous compreniez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés, prends ton grabat et marche” (Mc.II,11).

- Les apôtres ont enseigné la doctrine du Christ grâce aux miracles comme fondement (Act.II - Act.XXVIII,23).


Conclusion :


Les miracles du Christ ont pour but de confirmer sa doctrine et sa divinité : Jésus met une relation générale de preuve à thèse entre sa doctrine et sa personnalité divine d’une part, et tous ses miracles, ses œuvres d’autre part. (“Les œuvres propres à mon Père et que je fais témoignent pour moi”). (Cf. Guérison de l’aveugle-né : Crois-tu au Fils de Dieu ? Jn.X,31 Guérison du paralytique : Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme peut remettre les péchés. Mc.II,10-11)

Enfin, si on supprime dans la vie du Christ l’existence des miracles, on mutile les Evangiles et on enlève la relation entre la doctrine et les faits extraordinaires. Or les miracles sont la cause de l’attachement des Apôtres à leur Maître (Jn.II,11 - Jn.III,2 - Jn.VII,31 - Jn.XII,9-11) ainsi que celui de la foule entière ( Mc.I,28;45 - Mc.VII,36-37 - Mtt.IX,8;31-33 - Mtt.XII,23 - Lc.IV,37;40;42). Si le Christ n’est pas ressuscité, notre Foi est vaine dira saint Paul. En outre, il fallait une cause proportionnée à la foi des chrétiens du premier siècle. Les gens simples avaient besoin de signe évidents et manifestes. La Résurrection même exigeait une préparation progressive de longue haleine.


  • Réponse à une objection: les divergences de récits pour un seul fait son mineures et s’expliquent : elles ne constituent pas un obstacle.

Si aujourd’hui il y a moins de miracles, il y en a toujours. Et ceci pour trois motifs : le but des miracles a été atteint (ils n’ont plus de raison d’être); la sensibilité des juifs les exigeaient vraiment; les miracles moraux ont pris la place des miracles physiques.


Les Prophéties de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Rappel sur la prophétie :

définition : C’est un miracle intellectuel : au sens strict, il s’agit de la prévision certaine et l’annonce de choses futures qui ne peuvent être connues que par des causes surnaturelles.


Le Prophète recevait les communications divines par la parole (une voix au fond de l’âme), des visions (physiques ou imaginaires) ou des songes (pendant le sommeil).


Les Prophètes de l’Ancien Testament sont : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel (Grands) ainsi que Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie (Petits). Mais Moïse, Samuel, Nathan, David, Elie et Elisée prophétisèrent également.

L’ére des prophètes commença au 9ème siècle avec Amos (750) et s’acheva avec Malachie (435).


La preuve extrinsèque de la prophétie est plus faible que celle du miracle physique car :

- son efficacité est moins saisissante (ne s’adressant qu’aux esprits cultivés);

- sa réalisation n’est pas immédiate.

Mais elle est indiscutable, étant une prédiction d’une manière claire et formelle d’un fait.

Lc.XXIV,25-27: « O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes!  Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire»?  Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait. »


Jésus-Christ a été prophétisé :
Généralités :

La personne et les œuvres de Jésus-Christ ont été annoncées par les prophètes. Or le Christ réalise les prophéties de l’Ancien Testament. Donc, il est l’envoyé de Dieu.

Il s’agit donc de prouver l’existence des prophéties messianiques dans l’Ancien Testament [majeure] et leur réalisation en Jésus dans le Nouveau Testament [mineure].


L’idée messianique domine dans l’Ancien Testament : elle est l’attente d’un royaume établi par Israël, groupant tous les peuples dans le culte du vrai Dieu; elle est également l’attente d’un roi temporel et spirituel (Messie) qui sera aussi juge.


Prophéties concernant le Royaume :

Dieu promit à Adam et Eve un Rédempteur (Gen.III,14-15). De même à Noé, Abraham, Isaac et Jacob.

- Gen.XXII,18: « Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu m'as obéi». »

- Gen.XLIX,8-20: « Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda, ni le bâton de chef d'entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne l’envoyé et que les peuples lui obéissent. »

Dès les premières heures, Dieu annonce son plan. Il se mêle cependant à la promesse du royaume spirituel, le rétablissement d’un royaume terrestre, même si certains oracles d’Isaïe excluent totalement cette attente.


Prophéties concernant la personne de Jésus-Christ :
Vérité historique des prophéties : prédites et réalisées :

Origine :


* Le Messie sera de la descendance d’Abraham (Gen.XXII,16-18; Gen.XXVI,4).


* Jésus descend du Patriarche (Mtt.I,1sq).


* Il sera de la tribu de Juda (Gen.XLIX,8-10).


* Il est de la tribu de Juda (Lc.III,33; Hb.VII,1).


* Il sera de la lignée de David (Ps.LXXXVIII,36-38; Is.XI,1-2; Jer.XXIII,5-6; Jer.XXXIII,14-16).


* Il est de la famille de David (Mtt.I,1; Lc.I,3; Lc.II,4; Lc.III,31; Rom.I,3; Act.III,23).


Naissance :


* Le Messie viendra avant la destruction du second temple par une nation étrangère (Ag.II,7-10; Dan.IX,24-27).


* Jésus naît avant la destruction du Temple par Titus en 70.


* Il viendra après que le pouvoir ait été ôté de la tribu de Juda (Gen.XLIX,10).


* Il naît quand les Romains occupent la Judée (Lc.III,1).


* Il naîtra d’une vierge (Is.VII,14).


* Il est né de la Vierge Marie (Mtt.I,18-21; Lc.I,35).


* Il viendra après un temps de paix universelle (Is.II,2-4).


* Il naît sous l’empereur Auguste (Lc.III,1).


* Il viendra avant la destruction du Temple (Dan.IX,25-26; Ag.II,8-10).


* Le Temple a effectivement été rasé par Titus en 70.


* Il naîtra à Béthléem Ephrata en Judée (Mich.V,2).


* Il naît à Béthléem (Mtt.II,1-5; Mtt.II,1;6).


* A sa naissance, Rachel se plaindra (Jer.XXXI,15).


* Hérode massacre des Innocents (Mtt.II,16).


* Les Rois mages viendront l’adorer en lui apportant des présents (Ps.LXXI,10-11; Is.XLIX,23; Is.LX,3;6).


* Des mages venus d’Orient lui rendre hommage suivant l’astre (Mtt.II,1;11).


* Il reviendra d’Egypte (Os.XI,1).


* Après sa fuite, il reviendra en Judée (Mtt.II,15).


Précurseur :


* Un précurseur annoncera le Messie (Mal.III,1-3).


* Saint Jean-Baptiste annonce Jésus (Lc.I,76).


* Sa voix retentira dans le désert (Mal.III; Is.XL,3).


* Saint Jean-Baptiste prêche dans le désert (Lc.III,4).


Sa vie, ses qualités :


* Le Messie sera pauvre, travaillant dès sa jeunesse (Ps.LXXXVII,16).


* Jésus est fils du charpentier (Mtt.XIII,55).


* Il sera humble, doux et miséricordieux (Is.XI,1-5; Is.XLII,1-4; Is.LIII,7; Is.LXI,1-3).


* A Nazareth, dans son enseignement (MXI,29), lors de sa passion (Act.VIII,32).


* Il sera appelé le “Fils de Dieu” (Ps.II,2-7; Bar.III,36).


* Jésus se nomme ou est appelé le “Fils de Dieu” 70 fois dans l’Evangile (Mtt.XXVII,43;54).


* Il sera appelé Dieu fort, prince de la paix (Is.IX,5).


* Jésus présente ces qualités.


* Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur (Is.XI.2).


* A son baptême, le Christ reçoit l’Esprit de Dieu (Mtt.III,13; Mc.I,9).


* Il commencera à prêcher dans le pays de Nephtali et de Zabulon (à l’ouset du Jourdain et de Génésareth, au nord de la Palestine) et à faire des miracles (Is.VIII,23).


* Il commence son ministère en Galilée et fait des miracles (Mc.I,16; Lc.IV,14. Mtt.XIII,54).


* Il sera thaumaturge (Is.XXXV,4-6;10; Is.XXIX,18; Is.XLII,7).


* Jésus guérit de nombreux malades (Mtt.IV,23).


* Il sera docteur et prophète (Is.LXI,1; Is.XLII,1-6).


* Le Christ enseigne la doctrine de son Père (Mtt.XXI,23; Jn.VIII,2); Il prophétise (Mc.IX,31; Jn.VI,64).


* Il sera législateur et roi (Is.LV,3-4; Ps.II,6; Zac.IX,9-10; Jer.XXIII,5)


* Jésus parfait la loi de la première Alliance (Mtt.V,17). Il est Roi spirituel (Jn.XVIII,36-37; Mtt.X,37).


* Il sera prêtre selon l’ordre de Melchisédech et victime (Ps.CIX,4; Mal.I,11; Is.LIII,4-10).


* Jésus est prêtre et s’offre comme victime à son Père (Lc.XXII,15-22; Heb.VII,12; Eph.V,2).


Sa passion et sa mort :


* Le Messie entrera triomphalement à Jérusalem, monté d’une ânesse. (Zach.IX,9).


* Jésus s’assit sur une ânesse. (Mtt..XXI,7).


* Sauveur du monde, Il rachètera l’humanité en s’offrant volontairement comme victime pour les péchés de tous (Is.LIII,3-12; Ag.II,8-10).


* Il est annoncé comme Sauveur (Mtt.I,21; Lc.II,11; Lc.XIX,10; Jn.III,17; Jn.XII,49)


* Il sera trahi par un de ses amis (Ps.XL,10) et abandonné par les siens (Zac.XIII,7).


* Jésus est trahi par Juda (Lc.XXII,48), abandonné de ses apôtres (Mtt.XXVI,56) et renié par Pierre (Lc.XXII,60-61).


* Il sera estimé à 30 pièces d’argent jetées dans le Temple (Zac.XI,12-13).


* Judas reçut 30 pièces d’argent pour sa trahison (Mtt.XXVI,15) puis les jeta dans le Temple (Mtt.XXVII,5).


* Des faux témoins déposeront contre lui et lui ne répondra rien (Is.LIII,7).


* Aux faux témoignages, il ne répond rien (Mtt.XXVI,60;63).


* Condamné à mort, il sera néanmoins innocent (Sag.II,20).


* Il ne mérite pas la mort (Lc.XXIII,15)


* Ses Juges se laveront les mains (Deut.XXI,6-7).


* Pilate se lave les mains pour s’innocenter (Mtt.XXVII,24).


* Il sera flagellé, moqué (Is.L,6; Is.LIII,3-6; Ps.XXI,8-9).


* Jésus est flagellé (Mc.XV,15), moqué (Mtt.XXVII,29).


* On lui percera les mains et les pieds (Ps.XXI,17-18), on le percera d’une lance (Zac.XII,10) et ses habits seront partagés et tirés au sort (Ps.XXI,19).


* Jésus montre ses mains et ses pieds (Lc.XXIV,-39-40), le soldat lui perce le cœur de sa lance (Jn.XIX,37) et ses vêtements sont partagés et tirés au sort (Mtt.XXVII,35; Jn.XIX,24).


* Il sera compté parmi les malfaiteurs (Is.LIII,12) et moqué (Sag.II,16-20); on le soufflettera et on lui crachera au visage (Is.L,6).


* Jésus est crucifié entre deux larrons (Mtt.XXVII,38), se moque de lui (Mtt.XXVII,42-43); on le soufflette et on lui crache au visage (Mtt.XXVI,67).


* Il recevra à boire du vinaigre mêlé d’herbes amères (Ps.LXVIII,22).


* Un soldat lui donna du vinaigre à boire à l’aide d’un roseau (Mtt.XXVII,48).


* Ses insulteurs demanderont que Dieu le délivre (Ps.XXI,8-9).


* Par moquerie les juifs demandent que Dieu le délivre (Mtt.XXVII,43).


* Il sera enseveli dans le tombeau d’un riche (Is.LIII,9).


* Le tombeau du Christ est celui de Joseph d’Arimathie qui était un homme riche (Mtt.XXVI,57).


La Résurrection et la Glorification :


* Le Messie ressuscitera le troisième jour (Ps.XV,9; Os.VI,3; Is.XI,10).


* Jésus n’a pas cessé de dire qu’il ressusciterai au bout de trois jours et ses contemporains l’ont constaté (Mtt.XII,40; Mtt.XVI,21; Mtt.XVII,23; Mtt.XX,19; Mtt.XXVI,6; Mtt.XXVII,63; Mc.VIII,31; Mc.IX,31; Mc.X,34; Mc.XIV,59; Lc.IX,22; Jn.II,19).


* Dieu ne permettra pas que le corps du Messie connaisse la corruption (Ps.XV,10); Il sera ainsi la mort de la mort (Os.XIII,14) et la Fils de l’homme sera porté sur les nuées du ciel jusqu’au Trône de Dieu (Dan.VII,13).


* Act.II,24-28; I Cor.XV,54-56; Mtt.XXVI,64.


* Ces événements arriveront 70 semaines d’années ou 490 ans à partir de l’édit de reconstruction de Jérusalem (Dan.IX,25; Esd.VI,8).


* En 538 av. J.C., l’édit de Cyrus autorise la reconstruction du Temple et en 515 a lieu la dédicace du Temple; or il ressuscite sous Ponce Pilate.


L’établissement d’un culte nouveau :


* Le Messie établira un règne universel (Ps.II,8).


* Le Règne de Jésus est promis à Marie (Lc.I,33), son pouvoir s’étend sur le ciel et la terre (Mtt.XXVIII,18).


* La parole de Dieu sera prêchée d’abord dans Sion [Jérusalem] (Is.II,3) puis aux autres nations (Is.LXVI,18-20;19;23; Is.IX,2) et sur toute la terre (Ps.LXXI,8; Dan.VII,13-14) après l’envoi du Saint-Esprit (Jl.II,28-32) et la ruine de Jérusalem.


* Jésus commença à prêcher à Jérusalem (Jn.II,13;23) puis aux autres nations (Mtt.XXVIII,19) après le Pentecôte (Act.II,1-1) et la chute du Temple.


* Toutes les nations offriront un sacrifice nouveau et une oblation pure (Jer.XXXI,31-33; Mal.I,11).


* Jésus institue la Sainte Messe (Lc.XXII,20; Eph.V,2;Heb.V,1-3).


Vérité théologique des prophéties :

Nous voyons que ce sont de vraies prophéties car :

- elles sont authentiques et antérieures de plusieurs siècles aux événements;

- elles sont claires (on attendait un Messie : “celui qui doit venir”; le monde païen le savait également : Virgile dans son Quatrième églogue, Suétone in Saint Augustin.94, Tacite in Hist.V,13);

- elles sont certaines.


Vérité apologétique des prophéties :

C’est pour confirmer sa doctrine que le Christ fait appel aux prophéties (Lc.XVIII,31 : “Prenant avec lui les Douze, il leur dit: «Voici que nous montons à Jérusalem et que s'accomplira tout ce qui a été écrit par les Prophètes pour le Fils de l'homme”).


Si le juifs ont rejeté le Christ, c’est que cela devait se réaliser (!) et qu’ils étaient aveuglés par l’attente d’un royaume temporel.


Jésus-Christ a prophétisé :

véritablement : Boul 253

MJ 35-36 + Téxier186-194 + Boul 251-253

Pour confirmer sa doctrine : Boul 255


La Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ

La Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ est le miracle des miracles : en effet, elle constitue la preuve la plus éclatante de la divinité du Christ (car seul Dieu peut rendre la vie à un mort en s’en appropriant l’opération) et de la véracité de sa doctrine (Dieu ne confirme pas un imposteur); et ceci non seulement parce qu’il a prédit ce prodige, mais encore et surtout parce qu’il l’a donné comme la preuve de la vérité de ses enseignements.


Importance de la question

Vanité de la Foi sans la résurrection : la Résurrection de Notre-Seigneur constitue la clef de voûte de la prédication chrétienne. Les Apôtres ont cru et prêché que le Christ était ressuscité des morts; Saint Pierre a affirmé la résurrection du Christ en termes formels dans ses deux premiers discours (Act.II,24 : « mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès. Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir; » - Act.III,15 : « tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l’a ressuscité des morts: nous en sommes témoins »). Enfin saint Paul considère la Foi vaine si le Christ n’est pas ressuscité (I Cor.XV,17 : « Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi; vous êtes encore dans vos péchés. »).


Qu’est-ce qu’une résurrection ?

C’est la réanimation d’un corps : réunion substantielle de l’âme séparée avec la matière autrefois animée par cette âme. Ainsi, le composé humain retrouve toutes ses qualités. (Noter que la résurrection de Notre-Seigneur fut parfaite).

Les résurrections dans l’Ancien Testament :

- Le fils de la veuve de Sareptha par Elie : I Rois.XVII,17-21 : “Après ces événements, il arriva que le fils de la maîtresse de maison tomba malade, et sa maladie fut si violente qu'enfin il expira. Alors elle dit à Élie: «Qu'ai-je à faire avec toi, homme de Dieu? Tu es donc venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils»! Il lui dit: «Donne-moi ton fils»; il l'enleva de son sein, le monta dans la chambre haute où il habitait et le coucha sur son lit. Puis il invoqua Yahvé et dit: «Yahvé, mon Dieu, veux-tu donc aussi du mal à la veuve qui m'héberge, pour que tu fasses mourir son fils»? Il s'étendit trois fois sur l'enfant et il invoqua Yahvé: «Yahvé, mon Dieu, je t'en prie, fais revenir en lui l'âme de cet enfant»! Alors elle dit à Élie: «Qu'ai-je à faire avec toi, homme de Dieu? Tu es donc venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils»! Il lui dit: «Donne-moi ton fils»; il l'enleva de son sein, le monta dans la chambre haute où il habitait et le coucha sur son lit. Puis il invoqua Yahvé et dit: «Yahvé, mon Dieu, veux-tu donc aussi du mal à la veuve qui m'héberge, pour que tu fasses mourir son fils»? Il s'étendit trois fois sur l'enfant et il invoqua Yahvé: «Yahvé, mon Dieu, je t'en prie, fais revenir en lui l'âme de cet enfant»! Yahvé exauça l'appel d'Élie, l'âme de l'enfant revint en lui et il reprit vie”.

- Le fils de la Sunamithe par Elisée : II Rois.IV,32-37 : “Élisée arriva à la maison; là était l'enfant, mort et couché sur son propre lit. Il entra, ferma la porte sur eux deux et pria Yahvé. Puis il monta sur le lit, s'étendit sur l'enfant, mit sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, il se replia sur lui et la chair de l'enfant se réchauffa. Il se remit à marcher de long en large dans la maison, puis remonta et se replia sur lui, jusqu'à sept fois: alors l'enfant éternua et ouvrit les yeux. Il appela Géhazi et lui dit: «Fais venir cette bonne Shunamite». Il l'appela. Lorsqu'elle arriva près de lui, il dit: «Prends ton fils». Elle entra, tomba à ses pieds et se prosterna à terre, puis elle prit son fils et sortit”.

- Un mort ressuscité au contact des os d’Elisée : II Rois.XIII,21 : “Il arriva que des gens qui portaient un homme en terre virent la bande; ils jetèrent l'homme dans la tombe d'Élisée et partirent. L'homme toucha les ossements d'Élisée: il reprit vie et se dressa sur ses pieds”.


Les résurrections dans le Nouveau Testament :

- La fille de Jaïre : Mtt.IX,18-26: “Tandis qu’il leur parlait, voici qu’un chef s’approche, et il se prosternait devant lui en disant: «Ma fille est morte à l’instant; mais viens lui imposer ta main et elle vivra».  Et, se levant, Jésus le suivait ainsi que ses disciples. (…)  Arrivé à la maison du chef et voyant les joueurs de flûte et la foule en tumulte, Jésus dit:  Retirez-vous; car elle n’est pas morte, la fillette, mais elle dort». Et ils se moquaient de lui.  Mais, quand on eut mis la foule dehors, il entra, prit la main de la fillette et celle-ci se dressa.  Le bruit s’en répandit dans toute cette contrée”.

- Le fils de la veuve de Naïm : Lc.VII,11-17 : « Et il advint ensuite qu’il se rendit dans une ville appelée Naïn. Ses disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui.  Quand il fut près de la porte de la ville, voilà qu’on portait en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve; et il y avait avec elle une foule considérable de la ville.  En la voyant, le Seigneur eut pitié d’elle et lui dit: «Ne pleure pas».  Puis, s’approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. Et il dit: «Jeune homme, je te le dis, lève-toi».  Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Et il le remit à sa mère.  Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant: «Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple».  Et ce propos se répandit à son sujet dans la Judée entière et tout le pays d’alentour ».

- Lazare : Jn.XI,38-44 : « Alors Jésus, frémissant à nouveau en lui-même, se rend au tombeau. C’était une grotte, avec une pierre placée par-dessus.  Jésus dit: «Enlevez la pierre»! Marthe, la sœur du mort, lui dit: «Seigneur, il sent déjà: c’est le quatrième jour».  Jésus lui dit: «Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu»?  On enleva donc la pierre. Jésus leva les yeux en haut et dit: «Père, je te rends grâces de m’avoir écouté.  Je savais que tu m’écoutes toujours; mais c’est à cause de la foule qui m’entoure que j’ai parlé, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé».  Cela dit, il s’écria d’une voix forte: «Lazare, viens dehors»!  Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit: «Déliez-le et laissez-le aller ».


Pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Christ est-il ressuscité ?

Selon la doctrine de Saint Thomas, on relève cinq motifs :

- pour manifester la justice de Dieu (humilié, il se trouve exalté);

- pour affermir notre foi en la divinité du Christ;

- pour fortifier notre espérance en la résurrection;

- pour donner un modèle à la vie chrétienne;

- pour compléter l’œuvre de notre salut.


Preuves de la Résurrection

Nous devons faire à nouveau une triple analyse ou une triple constatation :

-1- historique : existence certaine du fait;-2- théologique : nature et origine du fait, autrement dit, véracité du miracle; -3- apologétique : mise en relation du fait avec la révélation, autrement dit, confirmation de sa doctrine et da divinité.


[1] La vérité historique du fait de la Résurrection

* vérité historique :

Les Adversaires :
A l’époque des apôtres :

Ce sont ceux qui dirent “Publiez que ses disciples sont venus de nuit et l’ont enlevé pendant que vous dormiez” (Mtt.XXVIII,13) ! (Saint Augustin dit que c’est absurde : s’ils dormaient, comment les ont-ils vus ?). Ainsi, le Juifs font tout pour nier la résurrection.

Aujourd’hui :

Ils se fondent surtout sur leurs préjugés, en particulier l’impossibilité a priori de tout miracle. Pour les rationalistes, la résurrection appartient plus à la foi qu’à l’histoire. Ils développent différents théories (la fraude, l’amplification, comparatisme, hallucination, résurrection spirituelle, fidéisme). C’est surtout Loisy qui a prétendu que les soldats mirent le corps du Christ dans une fosse commune. Or, il existe des témoignages rapportés par saint Paul (I Cor. vers 55), les évangélistes (deuxième moitié du Ier siècle) puis les effets directs de la résurrection.

Témoignage de saint Paul :
Témoignage de saint Paul rappelant la résurrection :

I Cor.XV,1-15: « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes,  par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé; sinon, vous auriez cru en vain.  Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures,  qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures,  qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze.  Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois _ la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et quelques-uns se sont endormis  _ ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres.  Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton.  (…) Or, si l’on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?  S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité.  Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi.  Il se trouve même que nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité, s’il est vrai que les morts ne ressuscitent pas ».

Ainsi, la cause de la conversion de saint Paul est bien la résurrection du Christ et son apparition sur le chemin de Damas.

Valeur du témoignage de saint Paul :

Rappelons son affirmation : I Cor.XV,3-8: « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures,  qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures,  qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze.  Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois _ la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et quelques-uns se sont endormis  _ ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres.  Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton ».


Il fonde également la résurrection de la chair (sa doctrine) sur celle du Christ : I Cor.XV,12-34: « Or, si l’on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts?  S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité.  Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi.  Il se trouve même que nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité, s’il est vrai que les morts ne ressuscitent pas.  Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité.  Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi; (…); le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis.  Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts ».


Ainsi, sans la résurrection, la doctrine de saint Paul est inexplicable :

Rom.I,4 : « établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts, Jésus Christ notre Seigneur, »

Rom.IV,24-25: « nous à qui la foi doit être comptée, nous qui croyons en celui qui ressuscita d’entre les morts Jésus notre Seigneur,  livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. »

Rom.VIII,11: « Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. »

Rom.VIII,34: « Qui donc condamnera? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous? »

Rom.X,9 : « En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé ».


Saint Paul était donc sincère. Mais était-il sans illusion ? Celui qui persécutait l’Eglise était imbu des préjugés; s’il cessa, ce n’est pas qu’il fut pris de remords; il lui fallait d’abord des faits probants pour croire vraiment au Christ : ce fut sur le Chemin de Damas.

Témoignage des Evangiles
La mort de Notre-Seigneur :

Les tourments de la Passion sont suffisamment rapportés par les quatre évangélistes pour ne pas douter que le Christ est bien mort.

- Le Centurion ne lui brisa point les jambes, voyant qu’il était mort;

- Pilate demande si Jésus est mort;

- Les disciples d’Emmaüs sont déçus car leur maître est mort;

- Les Juifs font garder le tombeau où repose le corps du Christ.

La sépulture dans un tombeau neuf :

Joseph d’Arimathie va trouver Pilate et obtient le corps de Jésus pour l’ensevelir (la loi romaine ordonnant de remettre le corps des suppliciés à la famille). Le terme employé par saint Paul pour désigner l’ensevelissement montre qu’il s’agissait d’une sépulture peu ordinaire.

Le tombeau vide :

Jn.XX,1-10: « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient de bonne heure au tombeau, comme il faisait encore sombre, et elle aperçoit la pierre enlevée du tombeau.  Elle court alors et vient trouver Simon-Pierre, ainsi que l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit: «On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis».  Pierre sortit donc, ainsi que l’autre disciple, et ils se rendirent au tombeau.  Ils couraient tous les deux ensemble. L’autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau.  Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre; pourtant il n’entra pas.  Alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait; il entra dans le tombeau; et il voit les linges, gisant à terre,  ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit.  Alors entra aussi l’autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut.  En effet, ils ne savaient pas encore que, d’après l’Écriture, il devait ressusciter d’entre les morts.  Les disciples s’en retournèrent alors chez eux ».

- Ainsi, les apôtres n’ont pas pris le corps du Christ (Reimarus) : ils avaient peur, prenant la fuite la veille; les gardes les en auraient empêchés; ils étaient peu enclin au mensonge.

- Marie-Madeleine n’a pu prendre le corps du Seigneur (Renan) : au contraire, elle le recherche avidement, en suppliant celui qu’elle prend pour le jardinier.

- Joseph d’Arimathie n’a pu s’emparer du cadavre (Holtzmann) : car étant disciple du Christ, il aurait informé les apôtres, qui n’auraient alors pas cru au récit de la résurrection. Enfin, s’il n’avait pas été disciple du Christ, il aurait averti les Juifs et se serait opposé aux apôtres.

- Les Juifs, enfin, n’ont pu voler le corps : car ils affirmé ce vol aux apôtres pour s’opposer efficacement à la doctrine de la résurrection et aux premiers chrétiens. Et puis en tenant un tel discours, ils s’exposaient alors à la rumeur de la résurrection.

Les apparitions :

Jésus apparut - à Marie-Madeleine (Mc.XVI,9; Jn.XX,14-15); - aux saintes femmes (Mtt.XXVIII,9); - à saint Pierre (Lc.XXIV,34); - aux disciples d’Emmaüs (Mc.XVI,12, Lc.XXIV,13-35); - aux Onze (Mc.XVI,14; Lc.XXIV,36; Jn.XX,19-25); - aux Douze au Cénacle (Jn.XX,26-29); - aux Douze au lac de Tibériade (Jn.XXI,1-14); - à saint Jacques (Jn.XXI,1-14); - aux cinq cents sur une montagne de Galilée (Mtt.XXVIII,16-17), - et à Jérusalem avant l’Ascension (Lc.XXIV,50).

Les Apôtres n’ont pas été trompés et n’ont pas trompé. Très nombreuses, les apparitions ne sont pas le résultat de la crédulité des apôtres, et encore moins d’hallucinations, car ils étaient plutôt incrédules et rarement victimes d’illusion, ils tardèrent même à croire. Enfin, les divergences entre les récits sont plutôt la preuve de l’indépendance des sources. (Il y a variante dans les détails mais identité de fond).

Ces apparitions sont plutôt des preuves sensibles (le Christ se laisse toucher, il mange, il boit, il répond aux questions, il enseigne les disciples d’Emmaüs afin de prouver sa nature divine).

Témoignage par les effets

Notons, par l’absurde, on constate rapidement que les apôtres n’avaient aucun intérêt à avoir un tel discours, étant donnés les tourments qui s’annonçaient; c’est vraiment leur sincérité, la conversion par la foi en résurrection qui les mènera au martyre.

Fondation de l’Eglise

Act.I,3 : “…Il s’était montré plein de vie, leur en donnant des preuves nombreuses…

I Jn.I,3 : “Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons”.

Ainsi, comment expliquer ce zèle après la Pentecôte ?

Conversion de saint Paul

Il était avant sa conversion un farouche persécuteur des chrétiens; les honneurs rendus à Jésus qui avait blasphémé étaient pour lui un outrage à Dieu. Enfin, la mort sur la croix lui semblait vraiment incompatible avec la divinité du Christ.

Act.VIII,3: « Quant à Saul, il ravageait l’Église; allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison ».

Act.XXII,4-5: « J’ai persécuté à mort cette secte, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes,  comme le grand prêtre m’en est témoin, ainsi que tout le collège des anciens. J’avais même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, et je m’y rendais en vue d’amener ceux de là-bas enchaînés à Jérusalem pour y être châtiés. »

Act.XXVI,9-11: « «Pour moi donc, j’avais estimé devoir employer tous les moyens pour combattre le nom de Jésus le Nazôréen.  Et c’est ce que j’ai fait à Jérusalem ; j’ai moi-même jeté en prison un grand nombre de saints, ayant reçu ce pouvoir des grands prêtres, et quand on les mettait à mort, j’apportais mon suffrage.  Souvent aussi, parcourant toutes les synagogues, je voulais, par mes sévices, les forcer à blasphémer et, dans l’excès de ma fureur contre eux, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères. »

Gal.I,13-14: « Vous avez certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la persécution effrénée que je menais contre l’Église de Dieu et des ravages que je lui causais,  et de mes progrès dans le Judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères. »

I Cor.XV,9-9: « Car je suis le moindre des apôtres; je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. »

Phil.III,6: « quant au zèle, un persécuteur de l’Église; quant à la justice que peut donner la Loi, un homme irréprochable. »

I Tim.I,13: « moi, naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur. Mais il m’a été fait miséricorde parce que j’agissais par ignorance, étranger à la foi; »


Sa conversion fut alors soudaine et totale :

II Cor.11,24-29: « Cinq fois j’ai reçu des Juifs les trente-neufs coups de fouet;  Trois fois j’ai été battu de verges; une fois lapidé; Trois fois j’ai fait naufrage. Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme!  Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères!  Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité!  Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Églises!  Qui est faible, que je ne sois faible? Qui vient à tomber, qu’un feu ne me brûle? »

Sa conversion a pour origine le Christ ressuscité qui lui est apparu sur le Chemin de Damas.

Act.IX,1-9: « Cependant Saul, ne respirant toujours que menaces et carnage à l’égard des disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre  et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem.  Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté.  Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait: «Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu»?  _ «Qui es-tu, Seigneur»? Demanda-t-il. Et lui: «Je suis Jésus que tu persécutes.  Mais relève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu dois faire».  Ses compagnons de route s’étaient arrêtés, muets de stupeur: ils entendaient bien la voix, mais sans voir personne.  Saul se releva de terre, mais, quoiqu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. On le conduisit par la main pour le faire entrer à Damas.  Trois jours durant, il resta sans voir, ne mangeant et ne buvant rien. »

Act.XXII,5-11: « comme le grand prêtre m’en est témoin, ainsi que tout le collège des anciens. J’avais même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, et je m’y rendais en vue d’amener ceux de là-bas enchaînés à Jérusalem pour y être châtiés.  «Je faisais route et j’approchais de Damas, quand tout à coup, vers midi, une grande lumière venue du ciel m’enveloppa de son éclat.  Je tombai sur le sol et j’entendis une voix qui me disait : "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu" ?  Je répondis : "Qui es-tu, Seigneur" ? Il me dit alors : "Je suis Jésus le Nazôréen, que tu persécutes".  Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait.  Je repris : "Que dois-je faire, Seigneur" ? Le Seigneur me dit : "Relève-toi. Va à Damas. Là on te dira tout ce qu’il t’est prescrit de faire".  Mais comme je n’y voyais plus à cause de l’éclat de cette lumière, c’est conduit par la main de mes compagnons que j’arrivai à Damas. »

Act.XXVI,12-18: « «C’est ainsi que je me rendis à Damas avec pleins pouvoirs et mission des grands prêtres.  En chemin, vers midi, je vis, ô roi, venant du ciel et plus éclatante que le soleil, une lumière qui resplendit autour de moi et de ceux qui m’accompagnaient.  Tous nous tombâmes à terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? Il est dur pour toi de regimber contre l’aiguillon".  Je répondis : "Qui es-tu, Seigneur" ? Le Seigneur dit : "Je suis Jésus, que tu persécutes.  Mais relève-toi et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu : pour t’établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi.  C’est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t’envoie, moi,  pour leur ouvrir les yeux, afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumière et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés". »

I Cor.IX,1: « Ne suis-je pas libre? Ne suis-je pas apôtre? N’ai-je donc pas vu Jésus, notre Seigneur? N’êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur? »

I Cor.XV,8: « Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. »

Gal.I,12-17: « ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ.  Vous avez certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la persécution effrénée que je menais contre l’Église de Dieu et des ravages que je lui causais,  et de mes progrès dans le Judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères.  Mais quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna  révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens, aussitôt, sans consulter la chair et le sang,  sans monter à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m’en allai en Arabie, puis je revins encore à Damas. »

Conversion des juifs

Elle semble inexplicable face à la perspective de la persécution, et surtout après la lâcheté de la foule lors de la Passion.


[2] La véracité théologique de la Résurrection : seul Dieu peut l’opérer.

Attendu la vérité historique de la résurrection, il faut affirmer qu’à la mort, la nature ne peut faire que le corps et l’âme s’unissent à nouveau. L’union suppose que Dieu - auteur de la nature spirituelle - agisse en dehors du cours ordinaire de la nature.


[3] La valeur apologétique de la Résurrection : il l’a prédite.

Si le Christ est ressuscité, alors sa mission est divine, il est le Messie et le Fils de Dieu.

Or le Christ a prédit sa Résurrection :

Mc.VIII,31: « Et il commença de leur enseigner: «Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter; »

Mc.IX,9: « Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, si ce n’est quand le Fils de l’homme serait ressuscité d’entre les morts. »

Matth.20,18-18: « «Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes; ils le condamneront à mort »

Matth.27,63-63: « et lui dirent: «Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit, de son vivant: "Après trois jours je ressusciterai"! »

Matth.12,39-39: « Il leur répondit: «Génération mauvaise et adultère! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. »

Jn.II,18-22: « Alors les Juifs prirent la parole et lui dirent: «Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi»?  Jésus leur répondit: «Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai».  Les Juifs lui dirent alors: «Il a fallu 46 ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras»?  Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.  Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’il avait dite. »


Comment douter de ce miracle à la fois physique et intellectuel ?


+


L’Eglise

Cerner l’ensemble des questions concernant l’Eglise demanderait peut-être une année entière. Ainsi, nous nous contenterons d’un survol afin que nul ne se voit reproché l’ignorance totale de ce que cette question revêt.

Avant d’aborder cette étude de l’Eglise, comme étant fondée par Jésus-Christ et comme en en présentant les signes, nous établirons les manifestations de son assistance divine.


Préambule

Nous utiliserons toujours les mêmes critères d’analyse:


-1- historique : existence certaine du fait; -2- théologique : nature et origine du fait (véracité du miracle); -3- apologétique : mise en relation du fait avec la révélation (confirmation de sa doctrine).


La Propagation et la Conservation du Christianisme

Le christianisme n’a pu s’établir et se propager dans le monde avec une étonnante rapidité que grâce à l’intervention de Dieu. Or Dieu ne pouvait aider à l’établissement et à la propagation d’une fausse religion. Donc le christianisme est une vraie religion.


La Propagation du christianisme

Le fait de cette propagation [vérité historique]
Au Ier Siècle :
Extension numérique :

« Ils prêchent partout » (Saint Marc);

«  Sur toute la terre, jusqu’aux extémités du monde » (Saint Paul);

« Beaucoup de tous rangs, de tout âge, de tout sexe; c’est une contagion » (Pline le Jeune);

« Multitude immense » (Tacite);

« Les vaincus {les chrétiens martyrisés} ont imposé la loi à leurs vainqueurs » (Sénèque).

Extension géographique :

En Orient : Palestien, Syrie, Asie Mineure.

En Occident : Grèce, Rome, Macédoine, Gaule et Espagne.

Au IIème siècle :

Marc-Aurèle décime le christianisme et pourtant il s’étend… (Afrique, Grande Grèce, Germanie, Gaule, Espagne).

Au IIIème siècle :

« Nous emplissons vos villes, vos province; si nous nous retirions, vous seriez effrayés (…). Nous formons à peu près la majorité dans chaque cité » (Tertullien).

Au IVème siècle :

C’est enfin le triomphe du christianisme avec l’Edit de Milan (313) accordé par Constantin.


La propagation se fait aussi dans sa qualité (extension en profondeur) : les humbles, l’armée, les nobles, les fonctionnaires, la famille impériale (les Flavius).

Le Caractère miraculeux de cette propagation [vérité théologique]

En effet, il n’y a pas de proportion entre les causes de succès et les causes d’échecs.

Les causes de succès

Ce sont surtout les préparations divines car les circonstances historiques sont plutôt insuffisantes car elles constituent un obstacle qui a été loin d’être une aide :

- Le judaïsme, religion pure, répandu par la diaspora, demeure malgré tout national alors que le christianisme se veut plutôt universel. Enfin juifs et chrétiens s’opposent;

- Les romains bien qu’unifiant les peuples ont été les instruments des persécutions;

- Les aspirations religieuses bien que n’étant pas négligeables étaient plutôt satisfaites par les superstitions peu exigeantes.

Les causes d’échecs
Dans le christianisme lui-même

Dogme mystérieux et dur aux esprits matériels et une morale difficile annoncés par quelques disciples d’un homme condamné à mort et prétendu ressuscité !

Hors du christianisme

Les Prédicateurs sont plutôt ignorants, illétrés, peu éloquents, sans force ni richesse.

Enfin, le christianisme se présente comme universel, exclusif, élevé et difficile face à un monde corrompu et persécuteur.


Ainsi, un changement période et profond suppose des convictions solides dans l’intelligence et des résolutions énergiques dans la volonté inexplicables naturellement. Il y a bien réellement un miracle.


Remarque : la propagation de l’islam s’explique par les passions et les armes. C’est parce que l’islam a réussi qu’on aurait des raisons de croire que christianisme est voué à l’échec.


La Conservation du christianisme

Le christianisme est divin s’il ne peut se maintenir que par Dieu. Or les luttes incessantes au cours des siècles nous le laissent penser !

Le fait historique [vérité historique]

Il y a un maintien et même une progression des effectifs. De plus, la doctrine demeure inchangée et inviolable et ceci malgré des persécutions sanglantes, les schismes et les hérésies. La chute de l’Empire et la Barbarie n’y ont rien fait, de même que l’islam et la lutte avec les Princes chrétiens (simonie, corruption). Enfin le philosphisme, le rationalisme et la franc-maçonnerie n’arrivèrent pas à leur fin : Dieu demeure dans sa religion !


Le caractère miraculeux de ce fait [vérité théologique]

Les obstacles intrinsèques (doctrine mystérieuse, morale difficile) et extrinsèques (hérésies, persécutions, respect humain,…) ne favorisent rien : seul Dieu a pu le permettre.

La doctrine [vérité apologétique]

« Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mtt.xvi,18).

« Je serai avec vous pour toujours jusqu’à la fin des temps » (Mtt.xxviii,20).


Les Martyrs chrétiens

Le nombre considérable des martyrs morts pour la foi constitue le miracle moral du christianisme. Seule l’intervention de Dieu l’explique. Il voulait donc confirmer le christianisme.


Le fait [vérité historique]

Quand ?

Chrétiens et païens font état d’un grand nombre de martyrs (Tacite, Eusèbe, Lactance,…). Nous en voyons les inscriptions dans les catacombes, les persécutions s’étant étalées dans le temps : pendant 250 ans, de 64 à 313, il y eut dans tout l’Empire romain 129 années de persécutions générales et violentes. De plus les romains prenaient plaisir à exterminer les chrétiens. Enfin, leur haine contre les chrétiens était manifeste alors que les chrétiens n’ont pu se voir imputer justement de crimes.


Qui ?

Etaient martyrs non seulement les Papes (Saint Lin, Saint Clément, Saint Marcel) et des évêques (Saint Ignace d’Antioche, Saint Irénée, Saint Janvier, Saint Polycarpe), mais aussi des prêtres et des diacres (Saint Laurent, Saint Vincent), des gens de famille impériale (Flavius Clemens, Flavia Domitilla), des lettrés et des médecins (Saint Justin, saints Côme et Damien), des soldats (saint Victor, saint Georges), des patriciennes et des esclaves (sainte Cécile, sainte Blandine), des femmes (saintes Félicité et Perpétue, Sainte Catherine, sainte Agnès), des enfants et des vieillards (saint Tharcisius, saint Pothin).


Comment ?

La cruauté et le raffinement de leurs supplices nous sont connus. Et devant cela, il ont fait preuve de patience, douceur, humilité, courage, maîtrise d’eux-mêmes, de charité, de joie et de force héroïque : ceci ne s’explique que par leur attachement à une religion austère dans sa morale et mystérieuse dans ses dogmes. Car ce ne sont pas les richesses ou les honneurs qui étaient recherchés (étant souvent offert pour prix d’une abjuration), encore moins le fanatisme (impensable chez ceux qui manifestaient de telles vertus), mais bien le désir du ciel et la beauté surnaturelle de l’acte suscités par Dieu lui-même.


La force héroïque et la constance des martyrs sont miraculeuses [vérité théologique]

En effet, nul ne supporte de tels supplices, en faisant preuve de patience prolongée et joyeuse, et pour des motifs mystérieux, refusant des avantages temporels. Seul le martyr le peut : seul le miracle moral l’explique.

Le martyr prouve la divinité du christianisme [vérité apologétique]

Jésus-Christ avait prédit le martyr « Les hommes vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront à cause de moi…et vous serez menés devant les gouverneurs et les rois pour servir de témoignage… Lorsqu’on vous livrera, ne vous mettez pas en peine de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à ce moment même. Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais ce sera l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mtt.xvii,17-20). Et c’est ce qu’ont répété les martyrs.

Objections

- On peut donner sa vie pour une erreur…!

Pas en si grand nombre et pas sans être sûr de ce pourquoi on meurt : ainsi, si le martyr (miracle moral) constitue un témoignage divin (marque de Dieu) et humain (argument), c’est seulement s’il se manifeste en grand nombre qu’il peut constituer une preuve d’une doctrine (car des individus peuvent se tromper). De plus, ce sont des faits (vies, miracles,… et non des idées) qui poussent à de tels actes.

- Certains sont morts pour une fausse religion…!

Ils ne témoignaient que pour une idée et non un fait (témoignage humain seulement) et uniquement isolément.


Le Règne de Jésus-Christ sur le monde

Il constitue lui aussi un miracle moral : c’est le rayonnement intellectuel et moral du christianisme sur l’humanité toute entière impossibles sans l’assistance de Dieu.

Le fait [vérité historique]

« Lorsque j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi » (Jn.xii,32). Et nous pouvons constater 2000 ans après l’influence exercée par le christianisme ! Non seulement les intelligences (l’occident chrétien a été le creuset de la civilisation) mais aussi les cœurs (développement de l’esprit missionnaire). De plus ce règne s’étend sur les âmes de manière très intense.

Les sociétés ont changé grâce à la doctrine chrétienne : un regard différent est porté sur certaines catégories de personnes (esclaves, combats de gladiateurs, pauvres, artisans, femmes, enfants, rôle de l’Etat,…).

L’origine du fait [vérité théologique]

Aucun personnage de l’histoire ne s’est fait adorer pendant 20 siècles ! (pas même les philosophes, les politiques,…). Au contraire, le prestige et l’influence de Jésus constituent plutôt un fait unique.

Le fait probant [vérité apologétique]

« Cet enfant sera un signe de contradiction » (Lc.ii,35).

« Vous serez en haine à tous à cause de moi » (Mtt.x,22).


L’Institution de l’Eglise

Qu’a fait le Christ pour mettre la Révélation à notre portée ? (Dans sa sagesse, il a certainement pris le moyen le plus efficace pour y parvenir). Le Christ devait-il fonder une société visible et l’a-t-il fondée ? (Nécessité et Fait).


Nécessité

En soi, une telle fondation était nécessaire pour conserver, propager, expliquer la doctrine chrétienne sans mélange d’erreurs et pour tous.


Le contraire est impossible : car par leurs propres forces, les premiers chrétiens se seraient dispersés en de nombreuses églises : les vérités mystérieuses d’une part, la faiblesse des facultés d’autre part requièrent un secours.


Il y a haute convenance : il convient hautement {nécessité morale}que ce secours soit une société visible et enseignante constituant une autorité doctrinale, vivante et ferme, chargée de conserver la vérité révélée, de la transmettre et de l’expliquer (C’est notre individualisme, hérité de l’esprit des Lumières qui refuse toute société).


Le Christ a donc institué l’Eglise :


- Pour conserver et propager le christianisme: car elle était le moyen le plus simple et le plus efficace tant pour Jésus-Christ que pour les hommes (sensibles, sociables, les hommes ont besoin de la société; en outre, elle est pour eux une condition de progrès et de stabilité; c’est encore plus vrai de la société religieuse moyen naturel et puissant pour atteindre le but principal de l’existence…).

- Pour expliquer et interpréter les vérités révélées: car elle est une règle de foi sûre et complête, universelle et accessible à tous les hommes de tout temps, et apte à clore et à juger en cas d’incertitude ou de controverse : l’Eglise se fonde sur une autorité vivante et authentique : la Tradition (qui avec l’Ecriture Sainte constitue une des deux sources de la Révélation). C’est l’organe de transmission des vérités enseignées par Jésus-Christ et qui constitue l’exercice d’une autorité sociale de l’enseignement infaillible et vivant.


Remarque: les Protestants prétendant comme suffisante l’Ecriture Sainte, négligeant la Tradition, prônent le libre examen de l’Ecriture Sainte par chaque fidèle avec l’inspiration du Saint-Esprit.


Réponse: le libre examen détruit la certitude et l’unité de la doctrine (l’intelligence humaine étant limitée); l’expérience prouve que “l’inspiration individuelle” n’est pas unique ! En outre, ces deux moyens ne sont ni à la portée de tous, ni une règle sûre et complête et encore moins apte à clore les controverses. Ceux-ci seuls au contraire d’ailleurs favorisent le fanatisme, la corruption des mœurs et la libre pensée,…


Le Fait

Il faut affirmer que le Christ a voulu non pas une religion intérieure (un royaume intérieur comme le pensait Harnack) et individuelle (purement eschatologique comme le pensait Loisy) mais une société hiérarchique visible, c’est-à-dire une société avec un chef, des membres soumis, un but et des moyens.

D’abord, nous avons vu qu’elle était moralement nécessaire. Or, étant Dieu, le Christ possède la lumière de ce qui est moralement nécessaire. Donc, il l’a fait.


Mtt.xvi,17-20: « En réponse, Jésus lui dit: «Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien! moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié». Alors il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. »

Par ces paroles, Jésus promet à Saint Pierre l’autorité suprême dans son Eglise;


Mtt.xviii,18: « En vérité je vous le dis: tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. »


Mtt.xxviii,18-20: «  S’avançant, Jésus leur dit ces paroles: «Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. 19 Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, 20 et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde». »

Lc.xxii,32: « …Mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères». »


Jn.xxi,15: «Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci»? Il lui répondit: «Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime». Jésus lui dit: «Pais mes agneaux». »


Que constatons-nous ? Jésus - qui est Dieu - promet puis Il institue une Eglise, société religieuse hiérarchique et visible.


L’Evangile nous le dit

En effet, Jésus fonde 1 son Eglise 2 à laquelle il donne un chef visible 3 aux pouvoirs nécessaires 4 et dont le but (la sanctification) se poursuit par les sacrements 5.


Jésus est le fondateur : « Je bâtirai mon Eglise »; «  Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux »; « Pais mes agneaux, paix mes brebis »; « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ». Pour cela, il commence par choisir des disciples parmi lesquels il désigne 12 apôtres.
Jésus fonde une collectivité visible {royaume, famille, cité, bercail, troupeau, maison,…} de membres unis par des liens extérieurs {baptême, profession de foi, sacrements, obéissance,…}. « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Mtt.XVI,16).

: Saint Pierre est le principe de la solidité ² [donc l’autorité] de l’Eglise « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise »; « Je te donnerai le clefs de mon royaume » (Mtt.XVI,18).

Remarque: Saint Pierre proposa aux apôtres du Cénacle de choisir un successeur à Judas et présida à l’élection de saint Mathias; le jour de la Pentecôte, il prit le premier la parole pour annoncer l’Evangile au juifs; de même pour les Gentils; il présida le Concile de Jérusalem et y prit le premier la parole.

Pouvoir d’enseignement : « Allez enseignez toutes les nations » (Mtt.xxviii,19);

Pouvoir de gouvernement : « Tout ce que tu lieras sera lié dans le Ciel » (Mtt.xviii,18).

Pouvoir de Jugement : « Si quelqu’un n’obéit pas à l’Eglise, il sera regardé comme un païen et un publicain » (Mtt.xviii,17). « Les péchés seront remis à qui vous les remettrez » (Jn.XX,23).

Pouvoir d’ordre et de sanctification : « Baptisez au nom du Père,… »; « Faîtes ceci en mémoire de moi ».

Le but (sanctification) se poursuit par des moyens extérieurs et sociaux. (cf. supra).


L’histoire nous le dit

Comme Saint Pierre ne pouvait gouverner seul, le Christ lui donna des coopérateurs; dès les premiers apôtres, l’Eglise fonctionne comme corps social distinct de la religion juive, visible (cf. Actes des apôtres, Ep.II Cor.), qui enseigne (Act.IV,19-21), qui accomplit des rites et pratique une vie cultuelle (sacrements).

Dans l’essentiel, les apôtres ont réalisés sans attendre le plan dicté par Jésus-Christ. (Les Actes réalisent les Evangiles).


Exemple : A la fin du 2ème siècle, Saint Irénée, disciple de saint Polycarpe, disciple de saint Jean, montre le caractère hiérarchique de l’Eglise : c’est un fait notoire et incontesté, institué par Jésus et les apôtres.


Corollaire

Jésus n’a institué qu’une seule Eglise.

- La raison le dit : l’homme a besoin d’unité sans laquelle il n’y a aucune certitude; et il n’y a qu’une seule vérité;

- L’Ecriture Sainte le dit : « Il n’y a qu’un seul troupeau, un seul pasteur ». « Une seule foi, un seul baptême, un seul corps » (Eph.iv,4-5).


Il y a donc obligation de rechercher l’Eglise de Jésus-Christ. L’indifférentisme est illogique pour la raison, injurieux pour Dieu et dangereux pour nos âmes).


Notre recherche procède par l’établissement de marques rendant l’Eglise reconnaissable.


Les Notes de l’Eglise

Introduction

Mais quelle est cette Eglise fondée par Jésus-Christ puisque plusieurs le réclament comme fondateur. L’établissement des marques de l’Eglise permet de déterminer laquelle est la vraie.

Les notes sont les marques qui font connaître la véritable Eglise.

Avant d’établir les notes de l’Eglise, il nous est possible de déterminer une pré-note : la visibilité (non seulement de ses membres mais aussi de ses liens par la profession extérieure de la foi, l’obéissance aux pasteurs, la participation aux sacrements, unissant la société à son fondateur le Christ lui-même). Si de nombreux versets des Evangiles nous rappellent l’insistance du Christ à appartenir à son Eglise, il est évident qu’Il a établi des marques la rendant visible. Quelles sont-elles ?

Distinction

On distingue les marques négatives (l’absence desquelles montre la fausseté de la société) et positives (la présence desquelles montre la vérité de la société). Et comme il ne peut y avoir qu’une seule société fondée par le Christ (l’unité étant le souci logique du fondateur et la vérité n’étant pas multiple), l’établissement des marques pour une société suffit à écarter les autres.

Propriétés

Les marques doivent être essentielles et inhérentes à la société (appartenir à sa nature; ¹ miracle, qui est extrinsèque), intrinséquement visibles (extérieurement discernable) et exclusives (ne pouvant appartenir qu’à une seule société parce que le Christ l’a voulu {apostolicité}, ou par un miracle {unité, catholicité, sainteté}).

Ces notes ont non seulement été voulues par le Christ mais se trouve réalisées dans l’Eglise romaine. C’est ce que nous allons démontrer pour prouver que notre Eglise est celle voulue et fondée par Jésus-Christ.

« Qu’il n’y ait qu’un seul troupeau, un seul pasteur ». « Que tous soient un comme mon Père et moi nous sommes un ». C’est une unité dont le Pape est le signe.

Cette unité de la société n’est totale que si ses membres professent la même doctrine, recourent aux mêmes moyens pour obtenir la grâce et reconnaissent le même chef.

Unité de doctrine :

« Prêchez l’Evangile à toute créature : celui qui aura cru… sera sauvé, celui qui n’aura pas cru sera condamné » (Mtt.XVI,15);

« Enseignez toutes les nations, apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé » (Mtt.XXVIII,19);

« Qu’ils soient “un” pour que tous croient que vous m’avez envoyé, ô mon Père »;

« Une seule foi » (Eph.iv,4);

En raison d’un magistère infaillible (« Celui qui ne croira pas sera condamné »). Sans immobilité de doctrine, il y a un développement normal, sans contradiction et malgré les obstacles du Magistère infaillible.

Unité de gouvernement :

« Un seul pasteur »; « sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise »; « Pais mes agneaux ».

Elle se manifeste par l’autorité du Pape sur les diocèses.

Unité de sacrements et des moyens de sanctification :

«  Celui qui ne renaît par l’eau et le Saint-Esprit, ne peut entrer dans le Royaume des Cieux » (Jn.III,5);

« Enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit » (Mtt.XXVIII,18);

« Faîtes ceci en mémoire de moi »;

« Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jn.VI,53).

Or nous constatons que ces trois éléments visibles sont constitutifs de l’Eglise : ils montrent donc la véracité de cette société. En outre, cette unité - exclusivement propre à l’Eglise - présente un caractère miraculeux. Ceci rejoint le caractère universel de l’Eglise {sa diffusion}: malgré la diversité de ses membres, l’Eglise rend un même culte, exige les mêmes devoirs et professe une même foi {cohésion}. (Cette unité est en plus surnaturelle : « Soyez “un” comme mon Père et moi nous sommes un »).

Remarque: Seul l’Eglise possède l’unité. (Le Protestantisme n’a ni chef unique ni hiérarchie dans une multiplicité de doctrine et de culte; l’Orthodoxie n’a pas de chef unique).

L’homme est saint dans la mesure où il réalise l’union à Dieu par l’amour et la pratique du bien, la fuite et la haine du mal. Ainsi, une chose sera sainte dans la mesure où elle a un rapport avec la sainteté d’une personne, comme moyen de sanctification, comme partie de cette personne (relique), ou représentation (image).

Cette sainteté est manifeste dans son origine (auteur), dans les moyens (doctrine) et dans son action sur les âmes (sanctification)

Or Notre-Seigneur Jésus-Christ a voulu pour son Eglise la sainteté dans ses principes (transformation intérieure, lutte contre les passions, amour de Dieu et du prochain, accomplissement de la volonté divine), dans ses membres (paraboles des talents [efforts et bonnes actions], de l’ivraie [préférence des vertus, bien que l’Eglise contienne également des mauvais] et des invités au festin [pureté et charité]). « C’est à ceci que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres » (Jn.III,35);

« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il porte sa croix tous les jours de sa vie »; « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Enfin, cette sainteté est miraculeuse.

Et si l’Eglise peut présenter une infinité de saints, ce n’est pas le cas des Eglises protestantes ou Orthodoxes, même si elles présentent des traces de sainteté (principes, membres,…) ! En effet, elles n’ont pas produit partout et en tout temps des saints comme l’a fait l’Eglise. Ainsi, « on juge l’arbre à ses fruits » (Mtt.VII,17).

C’est la note de l’universalité voulue et instituée par le Christ.

Par cette marque, on considére plus la diffusion de l’Eglise que sa cohésion (unité).

« Enseignez toutes les nations - toute créature - jusqu’aux extrémités de la terre ». Comme il n’y a qu’une seule Eglise, elle doit se répandre peu à peu. « Vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et dans le monde entier » (Act.I,8); « On viendra de l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi et l’on prendra place dans le Royaume de Dieu » (Lc.XIII,29); « Ils viendront en grand nombre, de l’Orient et l’Occident et ils prendront place dans le royaume des cieux » (Mtt.VIII,11).

Cette catholicité n’est pas physique (absolue) mais relative et morale (diffusion dans un nombre suffisant de régions assez différentes et nombreuses pour représenter l’ensemble du monde connu à chaque époque. Nous voyons que l’Eglise est universelle dans l’intention du Christ : il veut qu’elle soit répandue partout visiblement et exclusivement. Ainsi, elle se propage au-dessus des nationalismes et des individualismes, depuis ses origines jusqu’à nos jours. Ceci constitue un miracle moral car il n’y a pas de proportion entre les moyens employés et les obstacles rencontrés.

Ce n’est le cas ni pour les sectes protestantes (en raison de leur multiplicité : là où il n’y a pas unité, il n’y a pas catholicité) ni pour les Eglise Orientales (en raison de la nullité de leur ardeur missionnaire).

Cette marque met en évidence la relation directe de la société avec les apôtres (dans le temps, le lieu, la doctrine et les sacrements, puis l’origine et le gouvernement). Et si les quatre premiers éléments ne demeurent que des indications, et sont donc insuffisants à déterminer l’unique société, les deux derniers (l’origine et le gouvernement) apparaissent comme particulièrement vrais pour l’Eglise et donc suffisants (essentiels et inhérents à la société, intrinséquement visibles, et exclusifs).

En effet, Notre-Seigneur Jésus-Christ s’adressant aux apôtres a dit « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». « Qui vous écoute m’écoute » (Lc.X,16). Le Christ étant Dieu n’a pas failli à sa promesse. C’est pour ce motif qu’ils se choisirent des successeurs.

La raison montre la nécessité de l’apostolicité sans laquelle le Christ se contredirait. Ainsi, l’Eglise possède l’apostolicité d’origine (il y a continuité et identité avec l’Eglise des apôtres : même nom, aucun détracteur quant à un schisme) et l’apostolicité de gouvernement (succession des papes). Ce qui n’est pas le cas des autres Eglises : leur origine et leur juridiction ne se fonde pas sur Saint Pierre : ainsi, les Grecs naissent avec Photius et Michel Cérullaire (9ème et 11ème siècle) et les Protestants avec Luther, Calvin, Zwingle et Henri viii (dès le 16ème siècle).


Annexe IL’infaillibilité & la perpétuité de l’Eglise

Ce sont deux autres propriétés de l’Eglise.

L’infaillibilité, c’est l’innerrance de fait (l’Eglise ne peut pas se tromper);

La perpétuité indéfectible, c’est l’innerrance dans le temps (l’Eglise ne se trompera pas).

L’infaillibilité

Nécessité

Comme l’Eglise est l’interprète authentique de Dieu qui est la vérité, elle possède l’infaillibilité, nécessaire à son unité et à la vérité qu’elle enseigne. En outre, l’homme a besoin de certitude quant à son avenir et que sa raison ne peut donner.

Existence
  • D’après Jésus-Christ lui-même:

« Tu es Pierre et, sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » (Mtt.xvi,18); « Pais mes agneaux, pais mes brebis » (Jn.xxi,15). [Il est logique qu’étant fondés sur la foi, les chefs de l’Eglise doivent être infaillibles]. Ainsi, « les portes de l’enfer ne prévaudront pas ». C’est pourquoi « celui qui ne croira pas {à la vérité} sera condamné ». Puisque le Christ a dit « Mon Père vous enverra l’Esprit-Saint, afin que cet esprit de vérité demeure éternellement en vous : il enseignera et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn.xiv,16-17). « Qui vous écoute m’écoute ». « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».

  • D’après les apôtres:

Les apôtres diront à leur tour : « Il a paru bon à l’Esprit saint et à nous »; « Pour toute autre doctrine, anathême »; « Il ne faut donc pas saluer un faux docteur »; « L’Eglise de Dieu est la colonne et le fondement de la vérité ». Ils avaient donc conscience de leur infaillibilité. (Ils font même des miracles pour confirmer ce pouvoir).

  • D’après les premiers chrétiens:

Si Saint Irénée prétend que la tradition apostolique n’est pas qu’une tradition purement humaine, Origène et Tertullien affirment que la règle de la foi est la tradition ecclésiastique à laquelle il faut se rapporter. Saint Ignace déclare que l’Eglise est infaillible et qu’il faut y adhérer pour être sauvé.

Nature

Ce n’est ni une inspiration (action divine sur l’intelligence et sur la volonté), ni une révélation (communication d’une parole divine), ni l’impeccabilité (impossibilité de pécher); mais c’est l’impossibilité de tomber dans l’erreur en vertu de l’assistance du Saint-Esprit.

Objet

Elle porte sur tout ce qui est nécessaire à la mission de l’Eglise: la foi {« L’Esprit saint vous enseignera toute vérité »} et les mœurs {« Apprenez aux hommes à garder tous les préceptes que je vous ai enseignés »}.

Il s’agit donc non seulement des vérités directement révélées, “dites” par Dieu, mais également celles ayant un rapport avec les vérités révélées.

Remarque: seul le Pape, ou les évêques unis à lui (les conciles), sont infaillibles.

Le Concile Vatican I a déclaré comme étant de foi que le Pape est infaillible lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire « lorsque s’acquittant de sa charge de pasteur et docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de son autorité suprême et apostolique, une doctrine en matière de foi et de mœurs, comme devant être tenue par l’Eglise universelle ».


L’indéfectibilité

Non seulement l’Eglise a la perpétuité (dans le temps) mais elle a l’assurance de ne jamais faillir de sa mission.

Preuves

- Notre-Seigneur l’a promis : « Les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle »; « Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles ». « Le Saint-Esprit demeurera avec vous pour l’éternité »;

- L’Eglise a toujours enseigné sa perpétuelle infaillibilité;

- Son but étant de mener au ciel tous les hommes, y compris jusqu’à la fin du monde, l’Eglise est indéfectible.

Conséquences

- Les Apôtres auront perpétuellement des successeurs (Pape et évêques);

- L’Eglise est donc immuable dans sa doctrine. « Mes paroles ne passeront pas »;

- Il y a cependant un développement homogène du dogme.

Annexe IIHors de l’Eglise point de salut

Nous arrivons au terme de notre programme : Dieu existe, l’homme doit l’honorer par la religion, par celle qu’Il lui a révélée par Jésus-Christ. C’est l’Eglise du Christ qui est l’Eglise romaine. Ainsi pour atteindre son but, posons-nous la dernière question, l’homme doit-il appartenir à l’Eglise ?


Nécessité

Rappel sur la nécessité : est nécessaire ce sans quoi la fin ne peut être atteinte. On distingue la nécessité de précepte (obligation par la loi) de la nécessité de moyen (absolue ou hypothétique selon que le moyen est remplaçable ou non par un autre le contenant de façon indirecte).

ex.: de précepte : l’assistance à la messe le dimanche;

ex.: de moyen absolue : la grâce sanctifiante pour aller au ciel;

ex.: de moyen hypothétique : le sacrement de pénitence.


Ainsi, l’Eglise est à la fois nécessité de moyen et de précepte :


  • Le Christ affirme qu’il faut appartenir à son Eglise :

« Je suis la Voie, la Vérité et la Vie »;

« Celui qui ne croira pas et n’appartiendra pas à son royaume, à sa société de quelque façon sera damné » (Mc.xvi,16).


  • Quelle est cette nécessité d’appartenance ou comment faut-il lui appartenir ?

C’est par la grâce sanctifiante qu’on appartient à l’âme de l’Eglise. Ainsi,…

- Ceux qui la connaissent et peuvent y appartenir doivent faire partie de la société visible (baptême, sacrements, soumission au chef);

- Ceux qui en ont entendu parler et savent sa vérité, sans pouvoir y appartenir doivent faire l’acte de désir d’y entrer dès que possible;

- Ceux qui n’en ont jamais entendu parler doivent faire un acte de Foi et de charité ou de contrition parfaites, désirant accomplir tout ce que le Bon Dieu veut. La grâce sanctifiante est ainsi obtenue.

Cette nécessité est donc de moyen hypothétique, même si en outre, Dieu nous y oblige gravement (nécessité de précepte).


Remarque : ce dogme de l’appartenance est dirigé non contre les personnes mais les Eglises non catholiques formellement.


Concrêtement : n’appartiennent pas à l’Eglise :

- ceux qui sont hérétiques ou schismatiques coupables;

- ceux qui refusent d’entrer dans l’Eglise;

- ceux qui redusent de s’éclairer sur la véritable Eglise.

- ceux qui ont perdu l’état de grâce.


Comment comprendre l’adage ?

« Hors du Christ, point de salut ». Il y a donc une nécessité absolue d’appartenir à l’âme de l’Eglise.

Statistique

Source : Documentation Catholique, 1989 : sur 4 899 117 000 habitants.

Catholiques : 864 379 000: 17,64 %;

Chrétiens non catholiques :754 721 000: 15,41 %;

Musulmans :858 000 000;

Hindous :676 000 000;

Confucianistes :317 000 000;

Bouddhistes : 309 000 000;

Juifs : 18 000 000;

Sikhs : 16 500 000;

Athées :820 000 000;

Non déterminés :265 617 000;

+


Hors de l’Eglise point de Salut.

La Vérité & la Libertéune introduction à la politique

Bibliographie sommaire :


- Y a-t-il une vérité ? Jean DAUJAT (Téqui).

- Introduction à la Politique. Amiral BERGER (AFS).

- Fondements de la cité. Jean OUSSET.

- L’intelligence en péril de mort. Marcel de CORTE.

- Libertas. Léon XIII.

- Splendor Veritatis. Jean-Paul II.


La vérité existe-t-elle ?

Après une bien mauvaise introduction je vais tenter pendant cette heure de vous brosser ce problème essentiel qu’est celui de la vérité accompagné de celui de la liberté.

Cette leçon serait une introduction à la philosophie, à la morale, à la politique dans le sens où nous posons la question : une doctrine-elle est possible, autrement dit si des lois générales sont envisageables à partir de l’observation de faits sensibles particuliers. Les libéraux et les anarchistes prétendent le contraire. Alors voyons ce qu’il en est.

Tout ceci nous permettra de ne pas faire partie de ceux qui prétendent “chacun sa vérité”, “nous sommes totalement libres car la liberté s’arrête là où commence celle de l’autre”, …


Après avoir établi que la vérité existe et qu’on peut la connaître, nous verrons qu’il y a une loi naturelle qui régit le bien commun, fondement de toute politique (au sens noble du mot) et qui est la condition de notre liberté.


Je vous rappelle que c’est une introduction à la politique : la politique c’est « l’art de disposer les choses de la cité, au moyen de la liberté ».

Il faut pour parler de politique, nous interroger sur ce qu’est la nature humaine. Et pour cela, il faut évaluer le degré de certitude que nous pouvons accorder à nos jugements, sans quoi nous nous trompons.

La politique implique la notion d’ordre. Or Jean Ousset disait qu’on n’échappe pas au problème du vrai qui précède celui de l’ordre et qui ne se fonde que sur celui de la vérité. L’ordre - nécessaire en politique - est l’expression de la vérité (c’est la disposition des choses correspondant au but à atteindre). C’est de cet ordre enfin que dépend la liberté, que nous expliquerons plus tard.


Le problème de notre connaissance ne réside pas tant sur la possibilité (car un fait est connu, par évidence), que sur sa nature (comment ? quoi ?).

Question :

Comment donner un fondement solide à la discrimination de ce qui est impérieux de ce qui est libre, de ce qui s’impose immuablement de ce qui doit varier selon le temps, le lieu ou les personnes dans l’organisation de la société humaine ?


C’est tout le problème des rapports entre le contingent et le nécessaire, le particulier et l’universel : c’est ce qu’on appelle la querelle (moyen-âgeuse) des universaux. Et c’est le problème de notre époque : négation de la vérité, du réel, refus de croire à la possibilité de sa connaissance, défense de la vraie liberté, du sens de la vie, de l’ordre des choses. C’est ainsi que Pie XII dira « Et si le monde va très mal, c’est qu’on n’y sait plus rien des universaux ».

L’homme ou les hommes ?

Quand je parle de l’Homme, au singulierr et en général, est-ce que je parle d’un objet existant en soi ? Ou bien ce qui existe en réalité, n’est-ce pas plutôt les hommes, une multitude d’individus, tous divers, mais ayant entre eux un certain nombre de ressemblances dont mon esprit s’autorise à les regrouper sous un unique concept ?

C’est donc le problème de notre connaissance qui est tout à la fois sensible (rendant compte d’un donné matériel en perpétuel changement, fait d’une infinité d’éléments singuliers), et aussi intellectuelle, formée d’idées marquées par un caractère essentiel de la permanence et l’universalité.


Cette question fonde l’objectivité de notre connaissance et donc de la vérité. (…).


Ensuite, quelle valeur accorder au caractère perdurable de nos idées ? Ne sont-elles pas que des signes, de simples conventions utiles ? Dans ce sens, il faut voir que la vérité n’est pas, et qu’elle se fait ! Il n’y a donc pas de doctrine et encore moins de morale ou de science ! Conséquences bien réelles dans notre monde moderne pour qui la nature n’a pas de loi !


La pensée se partage donc entre deux extrêmes : le nominalisme qui nie les réalités du monde intelligible et le réalisme qui nie les réalités du monde sensible et matériel. C’est notre monde qui se partage entre l’individualisme et l’internationalisme.


La vraie réponse sera le réalisme intégral, chrétien.


Réfutons sans attendre l’agnosticisme :

Ce système prétend que « l’intelligence humaine ne peut en aucun cas connaître et affirmer la vérité ». Or, nous répondrons : « C’est votre intelligence qui affirme cela. Alors, cela est-il vrai ? ». Autrement dit, est-il certainement vrai que tout est douteux ?

L’agnosticisme (ou scepticisme) est contradictoire et impossible, sauf si on cessait de penser ! On ne peut accorder une part de vérité à un raisonnement qui nierait que l’intelligence puisse accéder à la vérité.

L’agnosticisme fait alors l’objection suivante : « on n’a pas le droit d’affirmer sans preuve que l’intelligence humaine peut connaître la vérité ! Il faut d’abord examiner la capacité de l’intelligence à connaître ! » Ceci est absurde : car qui - à part l’intelligence - va examiner cette capacité ? Alors que vaudra son examen tant que n’aura pas été établi cette capacité que l’on cherche à démontrer ? C’est un cercle vicieux (diallèle).


Réponse : croire que l’existence de la vérité découlerait d’un raisonnement qui justement poserait la question de la véracité des prémisses est une illusion !

Ainsi, la capacité de connaître de notre intelligence n’est pas la conclusion d’un raisonnement mais c’est un fait. Le problème n’est donc pas de savoir si on connaît mais comment ou ce que nous connaissons !


Cependant comme l’erreur ou le doute sont possibles, il y a bien un problème !

La vraie question est : dans quels cas et comment pourrons-nous être assurés de la vérité de nos affirmations ?

- soit nous en avons l’évidence immédiate;

- soit nous concluons après un raisonnement rigoureux fondé sur des principes dont le premier est le principe d’identité (Une chose ne peut être et ne pas êtreen même temps).


Avant de reprendre les grandes positions à l’égard de la vérité, rappelons qu’un concept pourrait se définir comme l’idée que l’on se fait d’une chose. Elle est donc un moyen de connaissance : c’est ce par quoi on connaît : on connaît directement la chose, mais par l’idée.

Un Jugement est une attribution immédiate d’un concept à un autre : le chien + est + méchant : sujet + copule + prédicat.


Il existe deux grandes manières de considérer le concept :


Objet = Sujet. I.

Objet ¹ Sujet. II, III & IV.


IL’idéalisme

AL’idéalisme de Descartes

Descartes est le père de la philosophie moderne. Il met en doute le fondement de la philosophie, c’est-à-dire les affirmations, y compris la capacité même de connaître de notre intelligence (notre connaissance pourrait être l’oeuvre d’un malin génie, dit-il, qui se serait amusé à ce que tout en nous soit faux !). Et s’il est vrai que ce doute n’est chez Descartes qu’un moyen de commencer la philosophie, une méthode, il lui sera impossible de s’en sortir malgré tout (car si l’intelligence est douteuse, qui fournira le raisonnement non douteux ?).


Pour Descartes s’il n’y a aucune réalité que nous connaissions ou puissions connaître, il n’y a plus rien d’autre de vrai, si ce n’est notre pensée elle-même qui n’est pas la connaissance de quelque chose mais qui est enfermée en elle-même sans rien faire connaître. C’est l’idéalisme.

Pour lui, il n’y a donc rien d’autres que les idées (ou la pensée) qui sont intérieures et autonomes et auxquelles aucune vérité extérieure ne s’impose.


Critique :

Si nous ne connaissons que nos idées, sont-elles les fidèles portraits ressemblants de la réalité ? Nos idées ne seraient-elles pas fausses ? Pour répondre par la négative, Descartes prétend qu’il n’y a pas de malin génie en fait ! Dieu qui nous a créés (comment le sait-il d’ailleurs ???), dit-il, n’a pas pu s’amuser à nous tromper, donc, nous ne nous trompons pas !

Or le raisonnement est à l’envers : c’est parce que nous ne nous trompons pas que nous pouvons affirmer notre création par Dieu (qui suppose donc notre capacité de connaître). C’est comme si on disait que Dieu existe parce que Dieu l’a dit !

Ainsi pour savoir si les portraits ressemblent à la réalité, il faut les comparer : il faut donc supposer qu’on puisse connaître la réalité (or Descartes suppose le contraire !).


L’erreur de Descartes est d’avoir cru que l’idée est ce que nous connaissons or c’est ce en quoi et par quoi nous connaissons (l’idée est ce que nous connaissons seulement lorsque nous en prenons conscience !). Sinon, il n’y aurait pas de différence entre la connaissance intellectuelle directe et la réflexion (retour sur soi); en outre, il faudrait pour connaître l’idée, une idée de l’idée ! Et c’est sans fin. Enfin, la valeur de nos idées vient de l’expérience et non de ce que Dieu à mis en nous. C’est pour cela que saint Thomas déclarait que rien n’est connu qui ne fut d’abord dans les sens.


Objections : il est vrai qu’il y a une chose dont Descartes est sûr, c’est qu’il pense, puisque son doute est une pensée. Ainsi, je pense, donc je suis !

- Première erreur : il attribue à l’intelligence la capacité de connaître sa propre pensée, et donc sa propre existence alors qu’il met en doute sa capacité de connaître (le doute sur l’intelligence ne permet plus de s’en servir) ! De plus, mettant en doute le principe d’identité, l’intelligence pourrait à la fois penser et ne pas penser !

- Deuxième erreur : Je pense donc je suis. S’il y a pensée selon Descartes, c’est qu’il y a existence : or s’il y a pensée, c’est qu’il y a sujet (je pense) : c’est plutôt je suis donc je pense.

- Troisième erreur : quand on pense, on pense à quelque chose ! Penser suppose de connaître quelque réalité. Donc ne rien connaître (hypothèse) implique qu’il n’y a aucune pensée !


Il apparaît alors une mauvaise solution proposée au problème du cartésianisme : pour mettre à la fois en doute la capacité de notre intelligence à connaître la réalité (il n’y a pas de vérité; et si elle existe, on ne peut la connaître !) tout en faisant confiance au raisonnement qui affirme ce dout (cette idée), il ne faudra plus considérer la pensée comme connaissance de la réalité mais seulement comme un produit de l’activité intellectuelle : ce sera l’idéalisme de Kant.


BL’idéalisme de Kant
1/ Comment s’est-il développé ?

Pour lui, si la réalité - bien qu’existante - est inconnaissable, la pensée est le produit de l’activité intellectuelle se développant de manière autonome selon des lois de fonctionnnement propres.

Fichte ira plus loin car il critique dans Kant le fait qu’il affirme qu’une réalité existe et qu’on ne la connaît pas : comment peut-on donc savoir qu’elle existe ? Alors Fichte dira qu’il n’y a qu’une réalité : le sujet pensant !

Hegel ira encore plus loin : il n’y a plus aucune réalité ! (Pas même le sujet connaissant). Il n’admet que la pensée qui est la succession des consciences individuelles (il nie donc le principe d’identité et établit sa dialectique basée sur la contradiction : thèse - anti-thèse - synthèse).

Remarquons que de là sont nés l’athéisme, le marxisme et l’existentialisme.

- L’athéisme affirme qu’il n’y a pas de cause à notre existence, puisqu’il n’y a aucune réalité qui existe en dehors de notre pensée !

- Le marxisme qui a poussé le pragmatisme (philosophie de l’action) à son maximum.

- L’existentialisme d’Heidegger ou de Kierkergaard enfin s’oppose à l’échec d’Hegel qui n’admet qu’un monde d’essences (d’idées) s’engendrant les unes les autres et où tout se déduit par des enchainements purement rationnels : Hegel est un essentialiste absolu (niant l’existence) !


2/ Le système et sa critique :

En gros, on réduit l’être au connaître : une chose sera vraie pour autant qu’on l’affirme. On confond en fait l’objet (la chose pensée) avec le sujet (celui qui pense). Et si deux individus pensent différemment ? Problème !

En outre, l’idée est une réalité subsistante (elle existe vraiment), comme pour l’idéalisme de Platon d’ailleurs. Mais le problème, c’est que toute la réalité est ramenée au sujet qui pense. En n’accordant de valeur qu’à ce qui est général, l’idéalisme méprise ce qui n’est pas la norme, l’individuel. On sombre dans l’internationalisme. On exaltera également la Liberté au prix de toutes les libertés. Nous avons alors des idéologies planificatrices qui se lèvent contre l’ordre naturel ! L’homme crée les lois à l’image de ce qu’il veut ! Tout est clair pour l’intelligence.


IILe nominalisme :

1/ La doctrine

Le concept n’a d’existence ni dans les choses ni dans l’esprit. Il n’y a que les individus mais il n’y a pas de nature (ou d’essence). Le concept n’est qu’un rassemblement arbitraire de choses, il devient un étiquette, un nom. Il n’y a plus de science possible.

Cette école affirme que l’esprit ne peut donner aucun crédit au caractère universel des idées : elles n’ont qu’une valeur de signe ! Tout idée issue du réel ne serait que réductrice de la réalité ! Rien n’est clair pour l’intelligence. Cette école condamne par exemple la classification zoologique (Il n’y a pas d’homme mais il y a les hommes selon elle).

C’est le grec Héraclite qui est le père de cette docrine : “Panta rei” dit-il : tout s’écoule !


2/ Conséquences :

- Il n’y a ni bien ni mal, ni vrai ni faux. C’est le refus des valeurs, des dogmes, de la société hiérarchique : cela donne naissance à l’anarchie, à l’athéisme et au communisme.

- S’il n’y a pas de notion d’« homme », il n’y a ni ordre humain ni nature humaine ! Ainsi, l’organisation de notre société n’est qu’une vaine construction de l’esprit à laquelle n’importe quelle autre construction peut tout aussi bien s’opposer (la vérité change !). Seul l’avis du plus grand importe donc : c’est la dictature de la démocratie ! L’opinion décide de ce qui est vrai !


3/ Critique :

L’existence de la science prouve à elle seule qu’il y a bien dans la réalité quelque chose d’intelligible ! L’existence de l’ordre prouve à lui seul l’existence de lois (quand une chose change, il y a un principe qui demeure [sinon c’est un anéantissement puis une création])!

IIIL’idéalisme de Platon :

1/ La doctrine :

Les idées sont réelles et existent vraiment (elles existent dans un monde à part et les choses de ce monde n’en sont que la représentation !). Ainsi, il existe une idée éternelle de l’« homme » ou du « lion » (la nature de l’homme ou du lion demeure, alors que l’individuel disparait : ça, on peut le constater !). Et ce qui passe n’a aucune valeur et c’est l’idée qui est le plus important, car elle commande tout ce qui passe. Le singulier est fugace alors que l’universel demeure. Ainsi, le monde sensible est nié ! Et tout semble clair pour l’intelligence.


2/ Conséquences :

- La science ne porte plus sur le réel car notre connaissance rationnelle est coupée du monde.


3/ Critique :

Et pourtant, nous avons le fort sentiment de connaître des choses extérieures à nous. L’expérience est ce qui nous permet, lorsqu’elle est renouvelée, de poser des lois, de modifier les idées (en les précisant,…).

Rappelons que l’idée est un moyen de connaissance : c’est ce par quoi on connaît : on connaît directement la chose, mais par l’idée.

Ainsi, la connaissance ne peut être une réflexion sur notre propre pensée car pour réfléchir sur une idée, il faut en avoir une. Sinon, on devient ce qu’on appelle un fou : être en désaccord avec le monde mais en accord avec soi-même.


Rem : Nominalisme et Idéalisme se complètent : le premier ayant dévaster les normes de la nature demandera au second d’en construire d’artificielles ! Après avoir fait table rase, on construit son système ! C’est l’esprit de la Révolution française. Ainsi, la vérité n’intéresse pas puisqu’elle est transitoire.


IVLe réalisme d’Aristote et de Saint Thomas d’Aquin :

1/ La doctrine en général :

- Le concept n’a d’existence que dans la pensée.

- Il exprime une part de la réalité.

- Le sujet est distinct de l’objet.

- L’homme - par ses concepts - connaît quelque chose de l’objet.


L’homme a une connaissance intellectuelle (il extrait l’intelligible du sensible) et cela permet de définir la vérité connue : adæquatio rei et intellectus : correspondance entre les choses et les représentations intellectuelle des choses. La connaissance totale des choses (leur substance) est cependant impossible.


2/ Comment les choses se passent-elles précisément ?

- Cette adéquation est avant tout celle entre la chose et l’intellect divin. C’est en ce sens que la chose est dite vraie.

- Ensuite, l’adéquation est celle entre l’intelligence et le réel. C’est en ce sens que la pensée est dite vraie.

- La vérité de Dieu mesure la chose alors que la vérité de l’homme est mesurée par la chose.


Rem : le drame de l’idéalisme est de mettre la vérité humaine à la hauteur de la vérité divine. Pour Kant, dans la mesure où je pense quelque chose, elle doit être ! La pensée devient la mesure de la chose !


La vérité est avant tout dans l’intellect divin puis dans les choses. C’est pour cela qu’elle ne change pas.


Tout ceci est confirmé par un constat : nous savons que nous changeons, que nous ne sommes pas identiques à ce que nous étions autrefois et cependant que nous sommes le même être. Or tout changement suppose un principe sous-jacent qui demeure : c’est l’être.

La connaissance humaine est la saisie de l’intelligible dans le sensible. Le réel - et non pas l’idée - constitue le fondement de notre intelligence. Et si le réel sera appréhendé par les sens, les sens ne peuvent dire ce qu’est ce dont ils perçoivent formes et couleurs, goûts et odeurs, bruits et touchers ! Au-delà des impressions sensibles, l’intelligence va abstraire l’intelligible du sensible : ce sera le passage de l’individuel à l’universel.


Il est cependant vrai que l’intelligence demeure limitée devant la réalité. S’il n’y a pas contradiction dans la réalité, il peut y avoir mystère !


« La vérité, c’est la réalité des choses » (Balmes);

« La vérité est l’éclat de la réalité » (Simone Weil).


Il y a donc vérité quand il y a concordance entre les choses et l’esprit. Cela ne veut pas dire que notre jugement est la norme de la vérité (la sincérité n’est pas la vérité) car la vérité demeure réalité faite des réalités concrêtes.

Remarquons donc que notre intelligence n’est pas incapable de cerner la vérité.

Concrêtement et par conséquent : il y a donc une nature humaine et l’homme peut l’appréhender. On doit admettre ici que l’on peut démontrer que l’homme a une intelligence; créature de Dieu, il est animé par une âme spirituelle et immortelle, ordonné une fin dernière qui est le fondement de la morale (moyen).

Le genre humain trouve son unité dans son origine en Dieu, dans sa nature, dans sa fin immédiate et sa fin surnaturelle.


Il y a un Ordre dans les choses et une Loi Naturelle

Quand Dieu est absent, la loi naturelle disparaît.

Pie XII écrivait en 1939 : « Il est certain que la racine profonde et dernière des maux que Nous déplorons dans la société est la négation et le rejet d’une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle soit dans la vie sociale et dans les relations internationales : c’est-à-dire la méconnaissance et l’oubli de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu. (…) Quand Dieu est renié, toute base de moralité s’en trouve ébranlée du même coup, et l’on voit s’étouffer la voix de la nature… »

1/ L’Ordre

Définition : L’ordre, c’est l’unité du multiple.


Nous constatons l’ordre :

- dans l’ordre physique : en dehors de l’homme, que ce soit dans les êtres vivants ou dans les forces de la nature. Cet ordre constitue à la nature sa stabilité et son équilibre.

- dans les volontés libres : avec l’homme, qu’il soit imposé (une probabilité d’accidents de la route) ou proposé (voler, tuer, secourir les faibles,… constituent un mal ou un bien).


Ceci (et nous l’avons vu dans la preuve métaphysique de l’existence de Dieu : l’ordre du monde) requiert une intelligence ordonnatrice. C’est dans ce sens que René Barjavel affirmait justement que le hasard n’existe pas.


Attention : cette inférence est essentielle : il n’y aura obligation morale que si Quelqu’un nous l’ordonne ! Sinon, nul n’est propriétaire de l’ordre et ne peut dire qu’autrui lèse son droit quand je viole l’ordre dont il n’est pas l’auteur. C’est pour cela - nous le répettons - sans Dieu, la loi naturelle disparaît.


Les normes de la condition humaine sont donc à chercher dans la nature humaine. La nature humaine a des lois (intérieures) qui disent “ce qu’il faut faire”. (Le surnaturel constituera une aide d’ailleurs).


2/ Comment accèder à la loi naturelle ?
- Par les principes :

Elle est écrite dans le cœur de l’homme et elle est confirmée par le Décalogue. Elle part des premiers principes accessible à tous par la seule expérience sensible :


- Une même chose ne peut à la fois être et ne pas être en même temps [principe d’identité];

- Ce qui est un est le même sous ses différents accidents et sous ses différentes manières d’être;

- Tout ce qui est a sa raison d’être;

- Tout ce qui n’a pas sa raison d’être en soi l’a dans l’autre;

- Tout agent agit pour une fin;

- La même cause dans la même circonstance produit nécessairement le même effet;

- Il faut faire le bien et éviter le mal.


- La politique est une œuvre permanente :

Notons cependant que pour en avoir une connaissance claire, il faut la Révélation (moralement nécessaire avions-nous dit). En outre, préciser cette loi, dans les circonstances particulières, comporte - il est vrai - un risque d’erreur. C’est pour cela que c’est une tâche sans fin !


Et ne nous trompons pas, si la Révélation aide à la connaissance de la loi naturelle, les vérités naturelles sont les nécessaires préambules des choses de la foi… Comme la grâce présuppose la nature, la loi divine présuppose nécessairement la loi naturelle.

On ne peut parler de loi sans parler de politique : ainsi, la ligne de partage en politique sera la fidélité ou non à la loi naturelle.

Mais alors, s’il y a une loi, c’est que nous sommes liés : donc nous ne sommes pas libre ?

La liberté

Que nous le voulions ou non, nous sommes les enfants de notre siècle : et nous sommes influencés par la conception libérale de la liberté qui s’oppose avec la conception chrétienne.

Soljénitsyne avait dit « Le temps a érodé votre notion de la liberté; vous avez gardé le mot et fabriqué une autre notion, une petite liberté qui n’est qu’une caricature de la grande, une liberté sans obligation et sans responsabilité… ».

1/ Préambule :
Influence matérialiste :

elle diminue le libre arbitre. En effet, la science moderne présente l’homme comme l’évolution de l’animal, et que l’homme peut sortir spontanément de la matière ! Bref, l’homme est présenté comme une machine perfectionnée comme un ordinateur ! Or tout le monde sait qu’un ordinateur n’est pas libre ! Alors, pourquoi l’homme serait-il libre ? Il est déterminé dit-on par sa nature (hérédité) et sa culture (circonstances). (Cela réduit d’ailleurs sa responsabilité).


Influence libérale :

Elle fait de la liberté un absolu ! Celle en particulier de choisir sa fin ! Or notre nature (qui ne peut plus être niée) nous la dicte. Cette fausse liberté élimine tout ce qui lui fait obstacle, en particulier la loi. La liberté s’arrêtera là où commence celle d’autrui ! La liberté absolue ne respectera plus l’ordre et la vérité des choses. C’est la libre pensée maçonnique, laïque ou socialiste pour laquelle tout opinion est respectable. Pour le libéral, c’est la liberté qui rend vrai.


La doctrine catholique

Qui ne veut pas être libre ?

Il faut distinguer trois sortes de libertés :

Physique : le pouvoir de faire ceci ou cela :

extérieure : aller et venir(1)

intérieure : psychologique (libre-arbitre)(2)

Morale : le droit de faire ceci ou cela.(3)


(1)La liberté physique (extérieure)

C’est le pouvoir de se déplacer ou d’agir extérieurement sans y être empêché par une contrainte extérieure.

Cette liberté est commune aux hommes et aux animaux (voire les plantes). Cette liberté est un fait et nul ne la conteste. On parle de fauve en liberté, de gaz libre,… Bref, il s’agit d’une liberté inférieure. Elle n’est cependant pas absolue sinon fauves, criminels et mauvaises herbes proliféreraient ! Le problème est de savoir limiter cette liberté. C’est à l’autorité de le faire.


(2)La liberté psychologique ou physique intérieure ou le libre-arbitre

C’est le pouvoir que la volonté a de choisir entre deux choix, de se déterminer pour une chose ou une autre, sans y être contraint par aucune force extérieure ou intérieure. Nous sommes à un degré plus profond car là, la volonté intervient. C’est pourquoi cette liberté ne concerne que les hommes doués de raison car les animaux suivent uniquement les lois de leur instinct tout comme les plantes sont déterminées par leurs lois biologiques et les minéraux par les lois physiques.

Pour les matérialistes, l’homme ne possède pas ce libre-arbitre.

Or notre conscience témoigne du contraire : avant d’agir, nous délibérons. Et si des circonstances extérieures nous influencent, c’est bien notre volonté qui choisit. En outre être responsable prouve que nous sommes libres ! Enfin si la loi morale exige le bien, c’est qu’elle considère qu’on peut le vouloir.


Pourquoi sommes-nous libres ?

La liberté est une propriété de la volonté qui est une faculté de notre âme. Or notre raison nous présente le bien dans toute son universalité (l’idée de bien n’a pas de limite). Ainsi, seule une chose réalisant totalement l’idée de bien serait irrésistible à notre volonté : c’est Dieu. Tout le reste, étant limité et imparfait, peut nous attirer mais peut être refusé !


Corollaire :

La liberté est une conséquence de la raison.


(3)La liberté morale (externe ou interne)

C’est le droit que nous avons de faire quelque chose extérieurement ou de choisir intérieurement.

Or dans le cœur de chacun est inscrit qu’il faut faire le bien et éviter le mal.

Il n’y a donc de droit que pour faire le bien, de liberté morale que pour faire le bien.

La liberté morale est donc plus restreinte que la liberté physique : tout ce que je peux faire, je n’ai pas le droit de le faire.

Rem : si on peut faire le mal, c’est un signe de notre liberté et de notre imperfection et non une propriété (quitter la chaussée est signe de l’imperfection de notre conduite et non une propriété !). Enfin, c’est parce que ce mal nous est présenté comme un bien (partiel). Remarquons que les Saints n’ont pas la liberté de pécher !


Corollaire:

Il faut une aide à notre liberté physique afin qu’elle ne se porte point vers le mal : ce sera la loi : elle est une ordination de la raison en lui montrant le vrai bien. La liberté est hélas imparfaite.


Il y a plusieurs genres de lois : éternelle (= essence divine), naturelle (= la conscience éclairée), nouvelle (= la grâce), humaine (= précisions humaines). Ainsi, les lois humaines allant contre la loi naturelle ne sont pas de vraies lois.


Vivants davantage selon notre raison, nous sommes en fait plus libres, c’est-à-dire que nous prenons les meilleurs moyens pour atteindre notre fin. Notre-Seigneur dira « La vérité vous rendra libre » (Jn.viii,32) en tant qu’elle nous dégage de la servitude de nos passions (Par exemple dans le vœu d’obéissance, on augmente la capacité de faire le bien).


Conclusion générale :


Que tous ces éléments soient simplement des moyens pour une réflexion saine !


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