La collaboration des époux : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 2 mai 2017 à 14:50

Topos de formation familiale
Auteur : Par le groupe Domus Christiani Saint Julien, du Mans

Difficulté de lecture : ♦ Facile

INTRODUCTION

Les époux chrétiens bénéficient, par le sacrement de mariage, « d’un joug de grâce » (Pie XII) qui les unit par un lien indissoluble, pour s’aider l’un l’autre en portant, dans la communauté d’une même vie, le poids de la famille. Tout ce qui se fait dans la famille doit être le fruit de la collaboration, œuvre commune des époux. D’un point de vue doctrinal, la sanctification mutuelle des époux est la fin secondaire du mariage après la procréation et son corollaire, l’éducation des enfants.

Qu’est-ce que collaborer ? Est-ce additionner deux forces dont chacune travaille pour son propre compte ? NON ! Nous ne sommes pas deux locomotives unissant parallèlement leurs énergies pour tirer un train trop pesant. Les époux sont plutôt comparables au mécanicien et au chauffeur de la locomotive, qui font œuvre de collaboration matérielle et consciente pour assurer la bonne marche du convoi. Chacun accomplit un travail bien à lui, mais non sans se préoccuper de son compagnon ; il règle au contraire son action sur la sienne selon que ce dernier en a besoin et qu’il est en droit de l’attendre.

Dans un premier temps, nous verrons que cette collaboration des époux se décline selon trois niveaux puis nous nous pencherons sur les conceptions actuelles de la collaboration et les réponses constantes du magistère.


I. LES TROIS NIVEAUX D’UNE BONNE COLLABORATION

La collaboration humaine des époux chrétiens s’articule autour du triptyque esprit, volonté, action.

1. La collaboration de deux esprits

Pie XII, dans ses allocutions aux époux chrétiens, explique que seules les créatures intelligentes peuvent conjuguer leur libre activité et collaborer entre elles, c’est-à-dire subordonner organiquement l’œuvre particulière de chacun à une pensée commune, en vue d’une fin commune : ici, le perfectionnement des époux dont dépend le bien commun familial. Cela implique pour chacun de renoncer à sa propre indépendance en unissant leurs pensées et leur foi. Ce n’est pas chose aisée. C’est pourquoi il faut être, en esprit, bien décidés à se comprendre mutuellement, à s’estimer sincèrement, persuadés de l’aide que l’autre peut apporter à la réalisation de la fin commune.

Ainsi, tels des collaborateurs dont les vues divergent inévitablement, il ne faut pas se réserver les travaux qui plaisent mais travailler dans un esprit d’abnégation personnelle même si son travail se perd dans l’anonymat de l’intérêt commun. Ce terreau spirituel est indispensable pour que naisse une véritable collaboration.

Cette collaboration, indispensable au bonheur que Dieu destine à la famille, passe également par l’étape d’une commune volonté.

2. La collaboration de deux volontés

Pour collaborer, il faut avoir la conviction de la nécessité de cette collaboration. Cela implique une acceptation sincère et entière des efforts à fournir dans un esprit d’amour cordial qui n’est pas la simple résignation. Concrètement, c’est travailler ensemble sans attendre que notre conjoint le propose, le demande ou l’exige, savoir faire les premiers pas avec persévérance même si l’aide de notre conjoint nous paraît parfois disproportionnée ou insuffisante par rapport à la nôtre pour le bien de la famille. Nous parlons ici de « science cordiale » (Pie XII) de la collaboration qui ne se trouve pas dans les livres mais dans le cœur et qui entraîne l’action. Toutes les circonstances de nos vies doivent être utilisées pour discerner les vertus et les défauts, les capacités et les lacunes de son conjoint, non pour lui en faire le reproche, mais pour se rendre compte de ce qu’on peut en attendre et de ce qu’il faudra compenser.

Pie XI précise dans son encyclique Casti connubii du 31 décembre 1930 que les époux devront avoir la ferme volonté de garder les Commandements pour guide et qu’ils acquerront une sainte volonté commune en méditant fréquemment sur l’état d’époux et sur le sacrement qu’ils ont reçu. Celui-ci a été accompli au jour de leur mariage mais ses effets sont durables : les époux verront les effets de la grâce du sacrement s’ils remplissent leurs devoirs avec bonne volonté.

3. La collaboration dans l’action

Cette collaboration s’exerce dans le gouvernement et la marche du foyer. Elle requiert un travail généreux dans l’affection mutuelle, sans se laisser troubler par les changements et les sacrifices inhérents à la vie de famille. Pie XI précise dans Casti connubii que l’amour conjugal pénètre tous les devoirs de la vie conjugale et qu’il doit être à l’image de l’amour du Christ pour son Église : passer des sentiments intimes du cœur à l’action extérieure. « Cette action, dans la société domestique, ne comprend pas seulement l’appui mutuel : elle doit viser plus haut -et ceci doit même être son objectif principal-, elle doit viser à ce que les époux s’aident réciproquement à former et à perfectionner chaque jour davantage en eux l’homme intérieur : leurs rapports quotidiens les aideront ainsi à progresser chaque jour dans la pratique des vertus, à grandir surtout dans la vraie charité envers Dieu et envers le prochain, cette charité où se résume en définitive toute la loi et les prophètes ». Il rappelle ainsi que ce travail de perfectionnement réciproque constitue « la cause et la raison première du mariage, si l’on ne considère pas strictement dans le mariage l’institution destinée à la procréation et à l’éducation des enfants, mais dans un sens plus large une mise en commun de toute la vie, une intimité habituelle, une société ».


Mais cette saine collaboration conjugale s’appuyant sur l’enseignement traditionnel de l’Église est aujourd’hui remise en question par des pratiques sociales mettant en péril l’équilibre de la famille.


II LES PRATIQUES ACTUELLES ET LA RÉPONSE CHRÉTIENNE

Dans cette partie, nous allons traiter de trois traits qui nous ont paru symptomatiques de notre société moderne : le bouleversement de l’ordre hiérarchique au sein du couple, la problématique du travail de la femme, et enfin, la question de la présence du père.

1. Égalitarisme et complémentarité

Ce premier point est la conséquence d’une volonté idéologique de bouleverser l’ordre établi par Dieu au sein de la famille. Depuis 1970, le père n'est plus chef de famille : l'autorité parentale est conjointe quand les parents sont mariés, exercée par la mère seule quand ils ne le sont pas et qu'ils ont tous les deux reconnu l'enfant (Cf. texte joint du Planning familial). Pie XI constate dans Casti connubii (1930) une attaque égalitaire sur les droits de la famille visant à l’émancipation de la femme. « [Les maîtres d’erreurs] décident que cette émancipation doit être triple, qu’elle doit se vérifier dans le gouvernement de la vie domestique, dans l’administration des ressources familiales, dans la vie de l’enfant à empêcher ou à détruire, et ils l’appellent sociale, économique, physiologique : physiologique, car ils veulent que les femmes soient à leur gré affranchies des charges conjugales et maternelles de l’épouse (…) ;sociale en tant qu’ils enlèvent à la femme les soins domestiques, ceux des enfants et ceux de la famille, pour que, ceux-là négligés, elle puisse se livrer à son tempérament naturel et qu’elle se consacre aux affaires et aux fonctions de la vie publique aussi. » Le Souverain Pontife poursuit en disant qu’en fait cela ne constitue ni une émancipation, ni une digne liberté mais une corruption de l’esprit de la femme et de la dignité maternelle, et surtout, que descendue du trône où l’avait installée l’Évangile, elle redevient ce qu’elle était chez les païens : un pur instrument de son mari. (On entend souvent autour de nous dire sur le ton de l’ironie qu’une femme qui ne travaille pas et un capital qui dort).

Historiquement, le monde romain entourait de respect et de dignité la mère de famille : « uxor dignitatis nomen est, non voluptatis. » (le nom d’épouse est un nom de dignité et non pas de volupté). Cependant elle est juridiquement assujettie à la puissance totale et illimitée du pater familias qui a la propriété de la maison et de la famille. « La femme est au pouvoir et dans la servitude de son mari, ou de celui qui tient le mari en son pouvoir et servitude. »

Petit à petit, les femmes devinrent indépendantes de l’autorité maritale, les divorces augmentèrent. Sénèque s’en plaint en ces termes : « est-il désormais une femme qui rougisse de rompre son mariage, depuis que d’illustres et nobles dames comptent leurs années non par le nombre des consuls, mais par celui de leurs maris, et divorcent pour se marier et se marient pour divorcer ? »

Le christianisme voulut rétablir la hiérarchie indispensable à l’unité et au bonheur de la famille. « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Mt XIX, 6) ou encore, « Ni l’homme n’est dans le Seigneur sans la femme, ni la femme sans l’homme » (St Paul 1 Co XI, 11).

En fait, Dieu a établi un principe de subordination clairement borné : l’homme est la tête de la famille et a primauté de gouvernement, la femme en est le cœur et a primauté de l’amour. Apparaît ici clairement le principe de complémentarité des époux dans les tâches que Dieu leur donne tout en reconnaissant l’égalité propre à la personne et à la dignité humaine de chacun devant Dieu. Dans la sainteté, les époux sont égalitairement et immédiatement unis au Christ. Il n’y a pas de différence entre l’homme et la femme car tous sont un dans le Christ Jésus. Mais autres sont les conditions des époux dans l’Église et dans la famille en tant que société visible. « Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur ; parce que l’homme est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’Église » (St Paul 1 Eph v 22-23). « De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre [chair]. (…) on la nourrit (…), on l’entoure de soins, comme le Christ fait pour l’Église, puisque aussi bien nous sommes membres de son propre corps. » (Id).

Mais l’Église permet de moduler cet ordre : « Au surplus, la soumission de la femme à son mari peut varier de degré, elle peut varier dans ses modalités, suivant les conditions diverses des personnes, des lieux et des temps ; bien plus, si le mari manque à son devoir, il appartient à la femme de suppléer dans la direction de la famille. » (Pie XI, Cati connubii).

2. Le travail de la femme

Aujourd’hui, les conditions de vie résultant de notre situation économique, idéologique et sociale amènent l’homme et la femme à travailler côte à côte dans les usines, les bureaux et les différents emplois. En pratique, on aboutit donc à une large équivalence entre l’activité de l’homme et de la femme. Le sens de la complémentarité des tâches de chacun s’affaiblit voire disparaît, remplacé par une conception bêtement égalitariste.

Les « maîtres d’erreur » dont parle Pie XI (cf. II, 1, 1er§) « (…)veulent que la femme, même à l’insu de son mari, et contre sa volonté, puisse librement avoir ses affaires, les gérer, les administrer, sans se soucier autrement de ses enfants, de son mari et de toute sa famille(…). » Le propos n’est pas de brider la femme dans ses capacités à produire un travail équivalent à celui de l’homme mais de protéger la famille cellule de base de toute société : « C’est pourquoi l’Église peut et doit aider la société actuelle, en demandant inlassablement que le travail de la femme à la maison soit reconnu et honoré par tous dans sa valeur irremplaçable. » (JPII, Familiaris consortio 22 nov. 1981). L’enseignement constant du Magistère demande à la société, en fonction de son évolution propre, d’adapter les droits civils de telle sorte qu’ils soient conformes au tempérament différent du sexe féminin, à l’honnêteté des mœurs et au bien commun de la famille.

Cependant, certaines circonstances familiales peuvent nécessiter que l’épouse travaille. Il faut dans ce cas et autant que possible que la famille n’en pâtisse pas trop : « Si le droit d’accéder aux diverses fonctions publiques doit être reconnu aux femmes comme il l’est aux hommes, la société doit pourtant se structurer d’une manière telle que les épouses et les mères ne soient pas obligées concrètement à travailler hors du foyer et que, même si elles se consacrent totalement à leurs familles, celles-ci puisse vivre et se développer de façon convenable. » (JPII, Familiaris consortio).

Nous ne faisons qu’évoquer ce point, celui-ci pouvant faire l’objet d’un topo à lui seul.

3. La présence du père

Les pensées des « maîtres d’erreurs » viennent également influer sur la place du père

D’abord, le père d’aujourd’hui ne doit pas par effet de mode laisser vacante sa place naturelle de chef de famille. Il doit résister. C’est ce que suggère Jean-Paul II dans Familiaris consortio : « En manifestant et en revivant sur terre la paternité même de Dieu, l’homme est appelé à garantir le développement unitaire de tous les membres de la famille. » Notons au passage la comparaison avec la paternité divine.

Ensuite, l’époux est appelé, pour le bien de la famille, à « gagner son pain à la sueur de son front » (Gn III, 19). Pour autant, il faut qu’il se garde des professions l’éloignant trop de la cellule familiale au risque de la déséquilibrer. JPII dans Familiaris consortio parle d’ « un travail qui ne désagrège jamais la famille mais la renforce dans son union et sa stabilité.» Cependant, certaines professions ou certaines circonstances tragiques peuvent éloigner le père. Il est alors du rôle de la mère de le rendre présent et de valoriser dans le cœur de ses enfants son image. « Comme le montre l’expérience, l’absence du père provoque des déséquilibres psychologiques et moraux ainsi que des difficultés notables dans les relations familiales. » (Id).

Enfin et par-dessus tout, même si la mère a une part prépondérante dans l’éducation des enfants, le père doit s’y impliquer tout aussi sérieusement. « Là surtout où les conditions sociales et culturelles poussent facilement le père à se désintéresser d’une certaine façon de sa famille, ou du moins à être moins présent au travail d’éducation, il faut faire en sorte que l’on retrouve dans la société la conviction que la place et le rôle du père dans et pour la famille sont d’une importance unique et irremplaçable.(…) Pour accomplir [sa tâche éducative], il faudra [au père] une généreuse responsabilité à l’égard de la vie conçue sous le cœur de la mère, un effort d’éducation plus appliqué et partagé avec son épouse, (…) un témoignage de vie chrétienne adulte qui introduise plus efficacement les enfants dans l’expérience vivante du Christ et de l’Église. »


CONCLUSION

La collaboration des époux se construit chaque jour. Elle est un jeu d’équilibre mais aussi, dans notre société moderne un beau défi soutenu par l’Église. A nous de rester ferme face aux attaques répétées contre la famille classique et ce dans l’Espérance, portés par la Foi que nous avons dans le Christ, et l’Amour de Dieu pour ses créatures. Rappelons-nous de l’appel de JPII : « n’ayez pas peur, avancez dans l’Espérance », exhortation reprise par Benoît XVI dès les premiers jours de son élection.

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