La foi, don de Dieu

De Salve Regina

Les vertus
Auteur : André Frament

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen

Sommaire

La foi est un don surnaturel de Dieu : Il est important de garder cette réalité à l’esprit pendant l’exposé qui va suivre. Ce don surnaturel nous fait atteindre Dieu Lui Même. C’est une vertu théologale.


DIEU a besoin des hommes titrait un film ancien. Il ne s’agit pas de dire qu’il manquerait quoique ce soit au BON DIEU. Il est Unique et Trine, d’une majesté infinie. L’homme ne peut rien Lui apporter qu’il n’ait d’abord reçu de Lui.


Mais le Verbe de Dieu, deuxième personne de la Trinité, est venu s’incarner. Après sa mort sur la croix et sa résurrection, Il est remonté au Cieux. Avant de partir, Il nous a donné la mission d’achever la conversion du Monde à Sa place. Et c’est si vrai, qu’Il reprochera à SAÜL d’être celui qui Le persécute dans les membres de l’Église naissante. Notre Seigneur a voulu avoir besoin de nous. Essayons de rentrer dans ce mystère.


Dieu veut que tout homme soit sauvé. Notre salut c’est de LE connaître et de L’aimer et LE servir. IL souhaite obtenir notre amour, notre cœur, notre confiance. Notre confiance, c’est à dire la FOI.


DIEU est Bon. Il répand Ses dons et Sa grâce, à profusion. Dans une apparition Notre Dame fait voir des rayons noirs qui partent de ses mains : Ce sont les grâces qu’on ne lui a pas demandées et qu’elle avait mission de nous donner de la part du Seigneur. En conséquence, parce que la Foi est une réponse de l’homme à une grâce donnée par Dieu, nous sommes certains que Dieu ne manque pas de donner les grâces suffisantes. Ce qui manque, c’est peut être la réponse des hommes, mais surement aussi notre engagement dans le rôle que Dieu nous a donné.


L’Église. Ekklhsia en grec veut dire Assemblée du peuple convoqué, appelé. Cette Église, nous dit BOSSUET, c’est ‘‘JÉSUS CHRIST répandu et communiqué.’’ JEANNE D’ARC, répondant à ses juges, affirme : ‘‘ M’est avis que c’est tout un, de JÉSUS CHRIST et de son ÉGLISE’’. L’Église continue la mission du Christ. Nous sommes, nous voulons être d’Église. En tant que membres du corps mystique, nous devons participer à sa mission. DIEU nous fait honneur : IL nous charge de remplacer Son Fils Unique, pour parler au Monde d’aujourd’hui.


Si donc la FOI s’attiédit de nos jours, c’est parce que, DIEU me pardonne, JÉSUS se tait par nous. Nous sommes membres de son corps mystique et nous L’empêchons de parler à nos frères. Nous ne remplissons pas notre mission. Nous ne témoignons plus notre FOI. Nous ne témoignons pas notre confiance à DIEU.


‘‘La FOI serait plus difficile à transmettre à notre époque.’’ C’est ce que disent et prétendent beaucoup ... Ce n’est quand même pas mon avis.


La FOI est contagieuse.

La FOI n’est pas un sentiment. Elle est une certitude intellectuelle. Par la foi, L’homme, accepte de faire confiance en Dieu. "Seigneur, nous avons travaillé en vain toute la nuit, mais sur ta parole, je jetterai les filets." Saint Pierre en disant cela montre qu'il fait confiance. Lui, le pêcheur professionnel, a le sentiment qu'il ne se trouve pas dans un jour faste. Toute son expérience humaine le lui a appris. Et il est fatigué du travail de toute la nuit. Mais le Seigneur en donne l'ordre. Il va donc lancer une fois encore les filets. Et ce sera la pêche miraculeuse.


La FOI est contagieuse. Elle gagne le cœur et l’esprit de ceux qui la rencontrent. Encore faut-il la rencontrer. C’est le problème de nos contemporains ! Ils n’ont pas l’occasion de la rencontrer. En effet, beaucoup de chrétiens et probablement beaucoup de clercs ne savent plus ce qu’est la FOI. Alors, comment pourraient-ils ne pas en gêner la transmission ? Et comment même pourraient-ils l’avoir ?


Au cours de mes travaux professionnels, j’ai été amené à réfléchir sur la nature et le rôle de l’information. Ces réflexions m’ont aidé à entrevoir ce qu’est la FOI, à comprendre la pleine valeur de la définition classique de cette vertu théologale : La FOI est l’adhésion de l’intelligence à un contenu révélé reçu ex auditu. (reçu par l’oreille)


 Je me propose de vous indiquer le cheminement. Je traiterai ensuite de la FOI en N.S. JESUS le CHRIST. Enfin, je passerai en revue - très rapide - les grandes vérités du CREDO, c’est à dire le contenu de la FOI catholique.


I LE CHEMINEMENT.

Partons du concept : information. Cela fait comprendre ce qu’est la foi.

11 L’INFORMATION et LES RUMEURS

Informer quelqu’un, c’est :
  • Lui faire connaître ce se passe (se passera ou s’est passé!),
  • Afin qu’il sache ce qui lui arrive (va lui arriver ou lui est arrivé),
  • Et qu’il comprenne ce qu’il doit faire.


Exemple : Un voyageur essoufflé arrive sur le quai de la gare de Lyon, à PARIS. Il demande à un contrôleur; ancien du métier : « Pardon Monsieur, le premier train pour Lyon, s’il vous plaît ». Le contrôleur, avec le sourire lui répond : « Voie 7, il part dans cinq minutes. Mais voie A, là bas le T.G.V. part dans quarante-cinq minutes, et arrive deux heures avant! » Le contrôleur n’a pas exclusivement répondu à la question posée. Il a quand même donné une bonne information, celle qui permet de se décider en fonction de son intérêt. Parce que le voyageur fait confiance, il croit ce qui lui a été dit. Il va tranquillement acheter le billet spécial pour prendre le train d’après, dans la certitude d’arriver à Lyon avant celui qui partirait par le premier train. La confiance en ce qui a été dit, la foi en celui qui a donné l’information, oriente son action. Dans cette situation, dire que cet homme est mû par ‘‘un sentiment aveugle venu des profondeurs du subconscient.’’ est une stupidité parfaite.


Les nouvelles.

Les informations s’appellent aussi des nouvelles. Elles sont diffusées en tant que faits nouveaux. Leur connaissance serait (théoriquement) nécessaire ou plus simplement utile aux destinataires. Sachant ce qui se passe, ils peuvent comprendre ce qui va leur arriver et déterminer ce qu’ils doivent faire. Elles ont, normalement, pour but de faire connaître ce qui est, et dont les conséquences vont retentir sur la vie du destinataire.


Les médias, on le sait, ne donnent pas de nouvelles qui nous permettent d’agir selon notre intérêt. Ils orientent le comportement des récepteurs conformément à l’intérêt de l’émetteur. Actuellement les pseudo-informations diffusées ont pour objet d’asservir l’homme à ses passions et de lui cacher l’important et même l’essentiel. Et pourtant nos contemporains y croient.

Cette "information" a un fort impact : elle oriente leurs actes. On parle de conditionnement.


L’information essentielle.

Quand il s’agit de nous apprendre :

  • Que la mort a déjà été vaincue une fois,
  • Qu’elle sera, un jour, définitivement vaincue,
  • Que, comme tous les morts, nous ressusciterons,
  • Que nous pouvons vivre aujourd’hui de manière à obtenir alors une vie de bonheur éternel,
  • Que nous pouvons être sauvés de la mort et des supplices éternels si nous agissons comme il convient,

On conçoit que ce soit là une nouvelle importante, fondamentale.

Et c'est, une BONNE NOUVELLE. C’est la bonne nouvelle de l’EVANGILE. Cette information nous libère. Elle éclaire notre vie Elle nous permet d’orienter nos actions en fonction de notre intérêt majeur.


Pourquoi, apportant l’essentiel, ne pourrait-elle pas avoir un impact extraordinaire ?


La rumeur

Certains messages circulent spontanément. Ils se diffusent promptement au sein d’une population. Ils ne sont pour autant ni contrôlés ni même vérifiables immédiatement. Ce sont des ‘‘rumeurs’’. Souvent du crédit leur est accordé. Des actions sont décidées, orientées par ces on-dit. Ce sont autant d’ "actes de foi" qui propagent et relancent la rumeur.


L’acte de foi propage la foi.

Il est logique de déterminer son itinéraire de vacances en tenant compte des encombrements routiers signalés par les autorités compétentes et responsables. Il paraît beaucoup moins rationnel de jouer à la bourse de fortes sommes sur la base de rumeurs. Les petits donneurs d’ordres ne peuvent pas en contrôler la validité. Mais ils y croient, ils agissent en conséquence. Ils déclenchent des mouvements à la hausse... ou à la baisse.


Deux amis, achevaient leurs courses dans un supermarché de province. Ils faisaient la queue devant la même caisse. L’un deux avait exclusivement dans son chariot de nombreuses bouteilles de vinaigre. Son épouse pense, en effet, que c’est, associé au papier journal et à l’huile de coude, le seul bon produit pour traiter les vieux cuivres. L’ami s’étonne, à haute voix, de voir acheter à la fois autant de vinaigre. Le premier, pince sans rire, lui répond : « je fais des provisions, on va en manquer bientôt. »


Ce faisant, le plaisantin généra une rumeur qui traversa la ville. Une semaine plus tard, les épiciers de cette localité ne pouvaient plus fournir de vinaigre. Une ou des personnes de la file avaient cru en la phrase selon laquelle on manquerait de vinaigre. Le chariot plein était un acte de foi (naturelle évidemment!) indiscutable. Elles ont accru leur achat de vinaigre, propageant et renforçant la rumeur...


L’acte de foi naturelle propage la foi naturelle. Il en est de même pour la foi surnaturelle. Si donc la Foi ne se propage pas, c’est que nous ne faisons pas suffisamment d’actes de foi. Peut être devrions nous, nous aussi, nous convertir.


Seigneur, augmentez ma foi.


12 L’impact de l’information

On le constate, l’information nous fait connaître des faits. En tant que tels ils sont neutres. Leurs conséquences, par contre, peuvent être importantes pour le destinataire. Alors les passions entrent en jeu. Cela suppose, naturellement, que l’information soit perçue comme vraie, comme certaine, comme réelle.


Nous avons tous entendu dire dans certaines circonstances : ‘‘Il ne voulait pas y croire.’’ ou plus caractéristique encore : ‘‘Il ne pouvait pas y croire.’’ Cela se produit quand la personne en cause reçoit l’information d’un fait qui, par ses conséquences à un retentissement trop grand pour sa vie. Que ce soit en bien ou en mal.


Il en est de même en ce qui concerne la FOI. Quand l’information leur est donnée, beaucoup de ceux qui la refusent n’en veulent pas parce que cela les dérangerait trop, les mettrait trop fortement en question.


C’est vrai ! Mais aussi, parce que la FOI de l’annonceur n’est pas suffisante pour donner l’idée qu’il faut quand même faire cette remise en cause. Il faut la Foi d’un saint pour convertir. On dit que de grands pécheurs se sont convertis en entendant le Curé d’Ars dire simplement : "Mes frères, si vous saviez comme DIEU est bon !" Parce qu’il est en relation étroite avec Dieu, le saint transmet la force de Sa Parole avec « moins de déperdition. »


Beaucoup refusent la FOI. Ils n’en veulent pas parce que cela les dérangerait trop. Cela se vérifie d’abord quand les hommes sont placés devant cet Homme qu’on appelle le CHRIST.


II LA FOI EN JESUS, LE CHRIST

La première information qui entraîne de très importantes conséquences pour notre vie personnelle, c’est l’annonce de la messianité de Jésus, de la divinité de N.S. Jésus-Christ.


21 UN MESSAGE SCANDALEUX.

A dire vrai une telle information, un tel message est « scandaleux. »


Le vieillard Siméon.

Déjà le vieillard Siméon l’avait prédit lors de la présentation de Jésus au Temple. « Cet enfant est pour le relèvement et la chute d’un grand nombre en Israël. » De nos jours Siméon dirait : « ...d’un grand nombre dans l’Église. »


Saint Paul.

Saint Paul à son tour proclame : « Nous prêchons le Christ et le Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens. »


Jésus lui même.

Jésus lui même s’est déclaré comme cause possible de scandale. Ainsi dans sa réponse aux émissaires de Jean le Baptiste, il dit : « Allez dire à Jean ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. » Il ajoute ensuite : « Bienheureux celui qui ne sera pas scandalisé à cause de moi. »


Chrétiens d’aujourd’hui, avons nous conscience de la dimension folle ou scandaleuse des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption par la Croix ? Un hymne à la Vierge nous met face au mystère :

« Celui que l’univers entier ne peut contenir s’est fait homme en tes viscères. »


Le Créateur et Maître des Univers-îles et des Galaxies contenant des milliards de soleils, est né d’une femme. Il est venu pauvre, dans une étable, parmi des animaux parce qu’il n’y avait pas de place pour Marie et Joseph dans l’hôtellerie.


22 LA PÉDAGOGIE DU SEIGNEUR.

Le Verbe de Dieu, dans sa bonté, ménage la faiblesse humaine. Il révèle très progressivement qui IL EST. Mais s’il se glorifiait lui-même, sa gloire serait vaine. DIEU, Son PÈRE va glorifier le FILS. IL le fera lors du baptême au Jourdain, lors de la Transfiguration...


Mais surtout, des hommes et des femmes vont répondre à la grâce. Ils vont proclamer leur FOI, Ils vont reconnaître en Jésus un être supérieur. Je veux dire qu’ils vont proclamer qu’IL est plus qu’un homme.


Cette proclamation des hommes par la FOI va très loin.


Le Centurion au pied de la croix s’écrie : « Vraiment cet homme était fils de DIEU. » Je n’ai pas l’impression que cet officier romain ait voulu dire Fils du DIEU UNIQUE. Il lui reconnaît pourtant une dimension divine.


La glorification du Christ va culminer avec la profession de PIERRE à Césarée :

TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT !


et la reconnaissance de Saint Thomas huit jours après la Résurrection :


MON SEIGNEUR ET MON DIEU !


Il nous faut prendre les choses par le commencement. Des hommes et des femmes vont se tourner vers Jésus. Ils vont lui demander une aide, un secours, un salut. Ce faisant, ils reconnaissent implicitement en lui un être tout à fait particulier, capable de les aider, de les guérir, de les sauver. Cette démarche nous le verrons est tacite. Notre Seigneur, par ses silences, ses questions ou ses réponses, va provoquer une révélation extérieure de leur attitude intérieure. IL les conduit à témoigner extérieurement qu’ils reconnaissent - ou non - Sa messianité.


221 Un cas de refus : le jeune homme riche. (S; Marc 10, 17 - 22)

Tandis que Jésus se mettait en route, quelqu’un accourût, tomba à ses genoux et l’interrogea : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la Vie Éternelle ?»

Cette scène a de quoi scandaliser un Juif qui ne verrait en Jésus qu’un homme même prophète. Chez les Juifs on ne pliait pas le genou, on n’inclinait pas la tête devant un homme même puissant. Pour cela ils étaient appelés le peuple à la nuque raide. Ils étaient aussi exemptés des cérémonies trop serviles vis à vis des rois et des chefs des autres nations. De plus le jeune homme dit : « Bon Maître ».


Jésus lui demande alors d’expliciter sa position : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon ! » Le jeune homme, interloqué, ne dit rien. Il pourrait se sentir rabroué. Il semble plutôt qu'il soit stupéfait de l'importance de ce que Jésus lui fait entrevoir. Veut-il reconnaître DIEU en Jésus ? Veut-il reconnaître le Christ en Jésus ? A ses yeux comme à ceux de ses contemporains Jésus est un prophète comme un autre, même s’il a la réputation d’être bon. Les quelques mots de Jésus lui demandent d'expliciter son geste. A-t-il compris que Jésus est Celui qui doit venir ?


Comme il hésite devant ce qu'il entrevoit, Notre Seigneur enchaîne alors. Sa divine pédagogie entame une démarche pour le guider sur la voie de la solution : «Tu connais les commandements : Ne tues pas, ne commets pas d’adultère, ne voles pas, ne porte pas de faux témoignages, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »


On peut le remarquer. Le Christ prend les commandements de la Loi dans un ordre différent de celui de leur promulgation. Il part de l’expression la plus concrète et la plus "naturellement" évidente (ne tues pas), et il remonte progressivement (ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère.)


Il s'arrête avant d'arriver aux points concernant le culte à rendre à Dieu. Il ne les oublie pas. Il cadre le débat sur la suite. Le questionneur interrompt semble-t-il Jésus. Comme s'il était déçu. « Maître, tout cela je l’ai observé avec soin depuis ma jeunesse. »


L’interlocuteur ne dit plus BON Maître, mais seulement Maître. Il ne reconnaît pas DIEU en Jésus. Mais il est encore un envoyé de DIEU. Dans son cœur Jésus est homme. Mais cet homme, poussé par la grâce, sent bien que les commandements ne sont qu’une piste d’envol vers le Seigneur. Il voudrait aller plus vite, plus loin, plus haut. Il venait demander à Jésus comment y arriver. Il est donc déçu de la réponse - inachevée - qu’il reçoit.


Ce sont ces sentiments qui font que Jésus, l’ayant regardé se prit à l’aimer, comme le dit l’évangéliste. Notre Seigneur lui donne alors une deuxième chance de le reconnaître au moins comme un Maître exceptionnel qu’il faut écouter et suivre. Il en vient, directement donc, au conseil demandé : « Une seule chose te manque. Va, vends ce que tu as, donnes en le prix aux pauvres, tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi. »


Quelle annonce ! Pour avoir la vie éternelle, il faut tout quitter pour suivre Jésus. Il faut donc le suivre et l'aimer plus que toutes ses propres richesses ? On en arrive à ce qui implique le premier commandement : "Tu aimeras le Seigneur de tout cœur de toute ton âme, de toutes tes forces." Ce que Jésus demande implicitement c'est la reconnaissance de sa divinité.


Une autre interprétation est aussi possible. Elle est montre une étape plus accommodée à la capacité de réception du jeune homme. Elle propose une reconnaissance moins complète de QUI est Jésus. On peut en effet comprendre les propos du Christ de la manière suivante : « Tu as raison, le bien suprême est la vie éternelle. Tu as reconnu en moi un Maître susceptible de t’y mener. Je veux bien te conduire vers l’amour total de Dieu. Mais d’abord libère-toi des biens matériels qui t’encombrent, t’alourdissent et retardent ton ascension vers DIEU ».


Le jeune homme devint sombre à cette parole. Il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Voyant le prix à payer pour monter vers DIEU et acquérir la vie éternelle, le jeune homme refuse de faire le pas. Refusant la lumière, il s’assombrit. Il ne peut éclairer à son tour. Il montre finalement ce à quoi il fait vraiment confiance : la richesse matérielle. Il ne veut pas s’en séparer et faire totalement confiance à DIEU. Au BON DIEU.


Cet homme riche, c’est chacun de nous. Pour des richesses peut-être moins importantes que les siennes. Nous ne voulons pas faire totalement confiance à Notre Seigneur Jésus-Christ, au Bon Dieu, à la Providence divine qui contrôle la chute du moindre de nos cheveux. Nous voulons garder un appui financier, une garantie matérielle. C’est plus sûr croyons nous.


Nous faisons davantage confiance aux ressources matérielles qu’a Dieu Tout-Puissant et à Son Fils Jésus. Notre dieu suprême c’est donc MAMMON, l’Argent, une idole. Par de tels comportements nous contribuons à la diffusion de cette idolâtrie.


Si Jésus nous demandait directement et personnellement de faire la démarche qu’IL demanda au jeune homme riche, serions nous réellement disposés à TOUT laisser pour le suivre ? Pour lui obéir ? Pour manifester notre confiance en LUI, notre FOI en LUI ?


Nous devons en être conscients. Nous ne sommes que les gestionnaires des biens qu’IL nous confie. IL peut donc, à tout moment, nous les reprendre. Sa décision sera déterminée par la volonté de nous faciliter l’accès au royaume de Son Père, même si elle nous paraît une Croix sur la terre.


C’est pour nous rendre capable de recevoir - et d’exécuter - la volonté de DIEU, que Saint Paul nous demande de nous comporter, ayant des biens, comme n’en ayant pas.


221 Ceux qui reconnaissent le Messie.
L’aveugle de Jéricho. (S. Luc 18, 35 - 43)

A l’entrée de Jéricho, un aveugle entend passer une foule. Il s’informe. On lui apprend que c’est Jésus de Nazareth et les gens qui l’accompagnent. Alors, il clame :

« Jésus, Fils de David, aies pitié de moi. »


Tout Israël sait que Fils de David désigne le Messie, Celui qui doit venir. C’est ce qu’enseignent les docteurs et les scribes. L’aveugle proclame donc la messianité de Jésus, alors que les prêtres, les docteurs et les scribes la nient. Il convient donc de le faire taire. En effet :

Ou bien cette déclaration est considérée comme fausse, il faut alors la faire cesser.


Ou bien, cas de celui qui croît au moins un peu au rôle particulier de Jésus, il faut éviter de provoquer la colère des autorités en place. Dans ce cas là, aussi, il faut l’arrêter, la faire cesser.


Mais l’aveugle continue de proclamer de plus belle en une formule concise (huit mots en français, cinq en latin !) « Jésus, Fils de David, aies pitié de moi. » c’est à dire :


JÉSUS est le MESSIE. JÉSUS peut me guérir. S’il le veut Dieu ne s’y opposera pas. Jésus est Sauveur.


Mais pour l’instant la pensée de l’aveugle est semble-t-il implicite. On peut même penser que je sollicite les textes et la pensée du personnage. JESUS, va l’amener à témoigner de sa démarche intime. IL lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi? »

L'aveugle sait, comme tout homme en Israël, qu’il vit dans la période où doit apparaître le Messie.


"Es-tu celui qui doit venir ou doit-on en attendre un autre ?" avaient demandé les envoyés des princes des prêtres et des pharisiens à Jean le Baptiste. Comme l’a annoncé Isaïe le prophète, c’est maintenant que les aveugles vont voir, les boiteux marcher, les lépreux être purifiés, les sourds entendre, les morts ressusciter. Il a confiance qu’il pourra être bénéficiaire d’une grâce de ce genre.


Que répondra-t-il ? En son cœur, docile à la motion interne de la grâce, il a reconnu le Messie en Jésus. C’est pour cela qu’il lui a donné le titre messianique « fils de David ». C’est son acte de FOI. L’aveugle, certain, par la FOI, que Jésus est le Messie, Il espère sa guérison.


Sa réponse arrive donc : Rabonni, Que je recouvre la vue ! Remarquons bien qu’il demande sa guérison, son salut à Jésus. Il ne s’agit pas, à ses yeux, d’obtenir une démarche d’intercession auprès de DIEU.


La réponse est immédiate : « Vois ta FOI t’a sauvé. » et l’homme est exaucé.


Il suivait le cortège en glorifiant DIEU. La gloire de Jésus est proclamée par un homme. L’acte de charité suit l’acte de FOI et l’acte d’Espérance.


La FOI reconnaît Dieu en Jésus. Elle fait entrer cette réalité dans la détermination des décisions d’action. Elle a confiance en la valeur de ce qu’elle entreprend basée sur cette certitude. Elle arrive à l’espérance.


Exaucé dans sa demande, le bénéficiaire fait un acte de reconnaissance. Ou plutôt, il devrait manifester un acte d’amour, de charité. Ce n’est pas souvent le cas. Une fois, sur dix lépreux guéris, un seul revint remercier Jésus.


La femme syro phénicienne. (S; Mt. 15, 21-28)

Nous allons monter un degré de plus dans la FOI en considérant la syro-phénicienne. De nos jours on dirait la libanaise.


Une cananéenne criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de DAVID. Ma fille souffre cruellement d’un démon. » Comme on le voit, cette femme donne à Jésus, son titre messianique : « Seigneur, Fils de David. » Elle appelle au secours. Elle attend que Jésus la sauve. Ou plutôt qu’IL sauve sa fille d’un démon. Par le fait, elle reconnaît publiquement à Jésus le pouvoir de chasser les démons.


Jésus pourtant ne répond rien.


Mais la femme poursuivait le cortège de ses cris. Pour avoir la paix, les disciples interviennent alors. Ils demandent à Jésus de la renvoyer (satisfaite) « parce qu’elle crie derrière nous. » On fait donc approcher la femme. Elle se prosterne devant Jésus. Elle l’adore en quelque sorte. Elle lui demande son secours : « Seigneur, viens à mon secours. »


Jésus semble d’une insoutenable dureté : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». Cette phrase est cruelle mais elle va révéler l’étendue de la FOI de la cananéenne (ce devrait être une leçon pour les juifs.) et proclamer la gloire de Notre Seigneur Jésus - Christ :

« Oui, Seigneur. Mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître. »

Dans cette phrase, la femme qui continue de reconnaître le Christ en Jésus, proclame aussi l’élection d’Israël par Dieu, et, par l’intermédiaire d’Israël, la miséricorde de Dieu envers les nations qu’elle incarne. A ce titre elle est heureuse de récupérer ce que la nation élue laisse tomber.


Jésus s’écrie d’admiration : O femme, grande est ta FOI. Comme l’écrivait Jean Ousset : La FOI est la seule vertu qui permit à l’homme d’arracher à DIEU des cris d’admiration. Dieu ne se laisse pas dépasser et Jésus délègue son propre pouvoir à la femme. « Qu’il te soit fait comme tu le veux.» La délégation de pouvoir est directe et totale. De plus elle est efficace.


Jésus est bien propriétaire de ses pouvoirs et non un délégataire intermédiaire.


Le centurion demande la guérison de son esclave. (Luc 7, 2-10)

Or un centurion avait un esclave qui allait mal et était sur le point de succomber et il lui était cher. Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques anciens des Juifs pour lui demander de venir sauver son esclave.


Ce centurion est ce que les anciens Juifs appelaient un prosélyte. C’est à dire un païen d'origine qui reconnaît le DIEU UNIQUE, révélé à Israël. Cette conversion s’est traduite en actes : Le centurion a bâti la synagogue du village.


Cet officier a la charité. Il aime son esclave et cherche tout moyen de le sauver. Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers LUI quelques uns des anciens des Juifs pour LUI demander de (venir) sauver son esclave.


Le centurion, converti à la religion du Dieu Vivant, a FOI aux prophètes. Il attend lui aussi la venue de Celui qui doit venir. La rumeur qui présente Jésus comme un Guérisseur l’a touché. Mais pour lui il s’agit de Messie. Nous le verrons plus loin. Par la FOI, il se sait « en dessous des Juifs » dans l’économie du salut. Il n’est pas charnellement descendant d’Abraham. Il sent donc la nécessité de passer par des intercesseurs de la race élue. Eux sont intervenus et ont demandé à Jésus d’aller sauver l’esclave.


Jésus faisait donc route avec eux, vers la demeure du centurion. Quelqu’un était sûrement allé devant porter la nouvelle : ‘‘Jésus accepte de venir.’’ Le centurion révèle alors sa FOI. Il va à la rencontre de Jésus : «Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes sous mon toit. Mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri.»


Ce faisant il révèle qu’il a une FOI plus grande que celle de ceux à qu’il a demandé d’intervenir. Pour lui, Jésus est assez puissant pour commander de loin la guérison d’un homme qu’il ne voit pas. Si notre Seigneur le veut, il enverra un ange guérir le malade. D’ailleurs c’est ce qu’il explique : Parce que moi qui ne suis qu’un subalterne, j’ai sous moi des soldats. (Donc toi qui es un Supérieur, tu as sous tes ordres des serviteurs invisibles, des anges, dirions-nous maintenant). Et je dis à l’un va et il va; et à un autre, viens, et il vient; et à mon esclave, fais ceci, et il le fait. (Donc toi, dis à l’un de tes anges-serviteurs de guérir mon serviteur et cela se réalisera.) Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri.


Ce pouvoir sur les bons anges est un pouvoir divin. En entendant le centurion, Jésus l’admira. Et se tournant, il dit à la foule : « Je n’ai jamais vu pareille FOI en Israël. »


Entendant ce qui se dit de Jésus, le centurion, répondant à la grâce, a la FOI. Cela le détermine à une action, un acte de FOI. Il demande aux anciens d’intercéder pour lui auprès de Jésus. Il a la certitude qu’il pourra ainsi obtenir la guérison de son serviteur. C’est déjà de l’espérance.


L’acte de FOI prépare l’acte d’espérance qui en est la suite logique. Imaginer une FOI sans les œuvres, sans les actes de la FOI, est une absurdité. Le Centurion aurait-il provoqué l’admiration du Christ si, certain que Jésus était le Christ, il n’avait pas pour autant demandé la guérison de son serviteur ? Ou bien, apprenant que NS venait chez lui, il l’avait laissé rentrer sous son toit sans rien dire ?


La profession de FOI de Pierre à Césarée. (S. Mt. 16, 13 -20)

- Qui suis-je au dire des foules ? (demande Jésus)

- Pour les uns : Jean-Baptiste; pour d’autres : Élie; pour les autres, Jérémie ou l’un des prophètes.

-Mais pour vous, qui suis-je ?


La question est directe. Elle ne laisse pas d’échappatoire. Le silence commence à s’installer.


Alors Pierre prenant la parole, dit : C’est Toi, le Christ, le Fils du Dieu Vivant !


Cette réponse est surhumaine. Elle dépasse les forces d’un homme. Comment est-il possible de reconnaître le Dieu de suprême majesté en cet homme qui s’appelle Jésus ? IL nous le fait savoir Lui même : Tu es heureux Simon fils de Jona, car ce ne sont pas la chair ni le sang qui t’ont révélé cela mais mon Père qui est dans les Cieux.

La FOI est un don surnaturel de DIEU.


23  L'AUTORITÉ SOUVERAINE.

Dans tous ces exemples, il s’agissait d’humains. Ils peuvent être impressionnés par Jésus. Les satellites des Juifs envoyés pour lui mettre la main dessus, sont revenus sans avoir rien fait. Ils se sont expliqués en disant : «Jamais un homme n’a parlé comme cet homme»


Mais la matière morte ou inerte et les éléments eux-mêmes LUI obéissent. Jésus va le montrer. Ses actions vont donc montrer la gloire de Dieu, la puissance du Fils. Elles vont entraîner la proclamation de cette gloire par les hommes.


231 La domination sur la mort.
Le fils de la veuve de Naïm. La miséricorde de Dieu. (S. Luc 7, 11 -17)

Une veuve pleure son fils unique dont le corps était conduit au tombeau porté sur une civière. Extérieurement, elle ne demandait rien. Voyant la scène, Jésus fut pris de pitié. Il arrête le cortège mortuaire. Il commande au mort de se lever. Et le mort ressuscite.


Notre Seigneur fait cela sans effort. On peut comparer cette résurrection avec celle accomplie par le Prophète Elie sur le fils de la veuve de Sarepta. Elie avait longuement prié et supplié Dieu de l’exaucer. Jésus, lui, commande : « Jeune homme, je te le dis : lève toi. »


Sur la foule qui accompagnait le cortège l’effet est puissant. La crainte les prit tous et ils glorifiaient Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple. »


La résurrection de Lazare. (S. Jean 11, 1- 44)

Lazare est au tombeau. Cela ne se réalise pas comme dans nos pays. Le tombeau est une grotte (ou une cave taillée dans le rocher). Une grosse pierre est roulée devant l’entrée. Cela fait quatre jours que le cadavre y est déposé. La fermeture n’est pas étanche. Déjà il sent. En passant à proximité l’odeur de charogne est prenante.


Pourtant Jésus commande qu’on ouvre le tombeau. La pierre est roulée. Notre Seigneur pleure d’émotion. Une foule est présente. Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux des aveugles faire que cet homme ne mourût pas ? Il est évident pour les assistants que c’est trop tard!


Jésus cria d’une voix forte : Lazare, sors ! L’odeur est encore dans le nez des spectateurs qu’ils voient déjà Lazare, ligoté par les bandelettes, se tenir debout à l’entrée du tombeau. Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes et son visage était enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « déliez le et laissez le aller ».


L’information se répand rapidement. Il est impossible de parler du réveil d’un sommeil cataleptique. Les témoins sont bouleversés. Ils sentaient l’odeur de la putréfaction... Et Lazare, sans discuter l’ordre, est sorti du tombeau. Et même, il en a été éjecté vivant. Comment aurait-il pu marcher lié de bandelettes comme il l’était ? Puis les témoins ont vu Lazare, en bonne santé, sain de corps et d’esprit, leur parler comme avant.


Jésus commande souverainement à la mort. Elle cède devant ses ordres. Il lui fait rendre ceux qu’elle semblait avoir définitivement vaincus.


Cet homme est bien évidemment un sauveur, celui qui doit venir : le Messie. De ce fait, il est en train de séduire le peuple. En latin se ducere = attirer à soi. Mais, alors, les princes des prêtres vont perdre leur pouvoir! Leur révolte contre l’occupant romain et la prise du pouvoir sur le Monde ne pourront pas réussir.


En effet, cet homme, qu’on appelle le Nazaréen, ne prépare pas de troupes, ne rassemble pas d’armes. Sa révolte sera donc écrasée. En conséquence, Caïphe, le Grand Prêtre, conseilla de le faire mourir. Vous n’y entendez rien, vous ; et vous ne réfléchissez pas qu’il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation tout entière ne périsse pas.


Disant cela, le Grand Prêtre prévaricateur est quand même prophète : Les peuples de la Terre entière seront sauvés par le sacrifice de Jésus. De plus la condamnation et l’exécution qui la suivra, vont permettre le miracle suprême.


Mais avant d’y arriver il nous faut revenir sur un autre aspect : l’autorité sur les éléments.


232 L’autorité sur les éléments.
Les noces de Cana. (S. Jean 2, 1-11)

Le troisième jour, il y eût une noce à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à la noce, ainsi que ses disciples. Et le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de vin. » Et Jésus lui dit : «Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée.» Sa mère dit aux serviteurs : «Faites tout ce qu’il vous dira.»


La phrase de Notre Dame à son Fils semble plus une information qu’une demande. La réponse, une formule sémite, nous surprend. La Sainte Vierge, pourtant, se sait exaucée. Elle met les hommes à la disposition de Jésus.


Jésus dit aux servants : «Remplissez d’eau ces jarres.»


Devant ce qui nous aurait semblé être un ordre idiot, les serviteurs obéissent : Ils les remplirent jusqu’au bord.


Et il leur dit : « Puisez maintenant, et portez en à l’intendant du festin. » Ils en portèrent. Quand l’intendant eût goûté l’eau changée en vin, et il ne savait pas d’où cela venait...Tel fut le premier des signes de Jésus. Tout se passe discrètement. Nous sommes désorientés par la concision des propos qui s’échangent. Ils devaient être formulés à voix basse. Jean est le seul évangéliste qui en fasse état et l’intendant du festin ne sait pas d’où vient le vin supplémentaire.


Nous aussi, devant les circonstances où Dieu nous place, nous devons remplir complètement notre devoir d’état. C’est LUI qui changera nos actions terrestres en actes bons pour le Royaume de son Père. Mais cette simplicité du récit ne doit pas nous cacher la grandeur du signe. La matière inanimée a obéi à un ordre de Jésus que le disciple le plus proche n’a même pas entendu formuler. En prendre conscience, éveillerait en nous une crainte révérencielle. Celle-là même qui faisait dire par Saint Pierre à Jésus, après la pêche miraculeuse : « Écarte toi de moi, Seigneur, car je suis un homme de péchés. » Car l’effroi l’avait envahi à cause, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de cette pêche de poissons qu’ils avaient faite. (St Luc 5, 8-11).


La tempête apaisée. (S. Marc 4, 35-41)

Laissant la foule, ils le prennent car il était dans le bateau; il y avait d’autres bateaux avec lui. Survient une violente bourrasque, et les vagues se jetaient dans le bateau, de sorte que le bateau se remplissait déjà. Et lui, (Jésus) à la poupe, sur un coussin, dormait. Et ils l’éveillent et lui disent : « Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? » Et s’étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Tais-toi, reste en silence ! » Le vent tomba et il se fit un grand calme. Et il leur dit : « Pourquoi craignez-vous tant ? Comment n’avez-vous pas de foi ? » Et ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient entre eux : « Qui donc est-il celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent! »

Même le vent et la mer lui obéissent.


24 LA TOUTE PUISSANCE.

La mort et la résurrection de N.S. Jésus Christ.

Il faudrait en faire une méditation complète de la Passion. Il serait alors possible de constater que « la faiblesse de Dieu est plus forte que la force de l’homme. » Mais cela dépasserait le cadre de cette conférence.


Jésus est sur la croix. Tous les moindres détails prophétisés sont en train de se vérifier : les soldats se sont partagé ses vêtements et ils ont tiré au sort sa tunique. Il reste à l’abreuver de vinaigre et de fiel. Jésus dit : « J’ai soif. » Et le détail se vérifie. Il peut maintenant mourir : « Tout est consommé. »


Le « prophète » est mort. Il n’a pas pu se délivrer de ses ennemis. Il ne vient à l’esprit de personne qu’IL n’a pas voulu se délivrer. Durant tout son passage sur la terre, il n’a fait aucun signe à son profit. (...Si je me glorifiais moi-même, ma gloire serait vaine.)


De plus, voilà qu’après sa mort le centurion donne, en professionnel de la guerre, le coup de lance qui tue. Frappant le côté droit, il atteint le cœur à l’oreillette droite. De la plaie, large d’une main, il sort aussitôt du sang et de l’eau. Les apôtres ont fui, trahi, renié leur maître. Il faut être fou pour se solidariser avec un vaincu dont la défaite est irrémédiable.


Sur la route d’Emmaüs. (S. Luc 24, 13 - 35)

Les disciples pleuraient en quittant Jérusalem. Ils vont expliquer leur déception à l’inconnu rencontré sur la route : « Ce qui concerne Jésus le Nazaréen qui s’est montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple; et comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Nous espérions, nous, que c’était lui qui aller racheter Israël; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées ! Comment mieux dire la certitude de la mort de Jésus le Nazaréen ? Comment mieux signifier la fin de tous les espoirs humains placés en lui ?


Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfaits. S’étant rendues de grand matin au tombeau et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues nous dire qu’elles avaient même vu une vision d’anges, qui le disaient en vie. Quelques uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit; mais lui, ils ne l’ont pas vu! »


Mais voilà que ces mêmes personnes, après une journée de marche, vont repartir aussitôt pour revenir sur leur pas et annoncer qu’eux aussi, ils ont vu Jésus ressuscité.


Jésus a été mis au tombeau, mort des blessures de la flagellation et de l’asphyxie de la croix, le cœur ouvert par le fer de la lance d’un centurion romain. Il en est sorti vivant, le troisième jour, par l’effet de sa propre puissance. Comme Il l’avait annoncé.


L’incrédule Thomas est, par la grâce de Dieu, un témoin fiable car il ne voulait pas croire. Il voulait préalablement voir et contrôler qu’il s’agissait du même homme que celui qu’il savait être mort. Il voulait pouvoir mettre son doigt dans le trou des clous et sa main, dans la plaie du côté, faite par la lance. Jésus lui apparaît vivant. Thomas, sur l’ordre de son maître, procède à la vérification qu’il demandait. Il se prosterne en adoration : Mon Seigneur et mon Dieu !


Maintenant, le Christ ressuscité ne meurt plus.

Il ne s’agit pas seulement de sa personne au sens limité mais même de son corps mystique qui est l’Église. Ce corps mystique revit en permanence les étapes de la vie de son Divin Maître. A la fois la naissance obscure, la vie cachée, le massacre des innocents en haine de sa personne, la vie publique en faisant le bien par les Saints qu’il suscite toujours à son Église, le triomphe des rameaux qui annonce la crucifixion, la mort sur la croix et la résurrection.


A côté de cela, cet Homme qu’on appelle Jésus suscite l’amour des vivants. Napoléon voit dans ce seul fait une preuve de la divinité du Christ. Ce qu’aucun chef n’a jamais osé demander, l’amour de ses subordonnés, Jésus l’obtient encore aujourd’hui, à un degré que jalouserait un vivant.


Il continue d’être, encore aujourd’hui, un objet de scandale et de contradiction, un objet de haine ou d’amour placé pour le relèvement ou pour la chute de beaucoup. Bienheureux ceux qui ne seront pas scandalisés à cause de LUI.


Cela sera vrai jusque dans l’éternité.


II LA REVELATION CHRETIENNE.

La révélation chrétienne est le contenu du message chrétien. Ce contenu est unique, comme la réalité qu’il décrit. Cette révélation, entre autres, porte à notre connaissance des faits « historiques » certains.

Leurs conséquences touchent, encore aujourd’hui, tous les hommes. J’ai dit ‘‘ historiques ’’ pour signifier que ces faits se sont réellement produits dans le temps. Quelquefois ils remontent aux origines de l’humanité, quelquefois le témoignage écrit, contemporain de l’événement, ne nous est pas directement parvenu.


La connaissance de ces faits nous permet de mieux comprendre ce que nous vivons, ce que nous voyons, ... ce qui nous arrive.


Le Credo.

Le Credo nous donne le cadre de compréhension du monde. Ce dernier a été créé bon, par Dieu pour l’homme. Par suite de la faute originelle du premier couple, le monde est tombé, et il est momentanément encore (disons : Peut être quelques millénaires) sous l’emprise de Satan, prince de ce monde, le menteur et homicide dès le commencement.


Par ses conséquences, le péché originel ‘‘mord’’ chacun de nous. La séparation du Bien et du Mal ne sépare pas les hommes en Bons et Mauvais par essence ou par nature. Elle passe au-dedans de chacun de nous. Nos choix volontaires déterminent l’importance relative de ces domaines en nous. Nous n’avons donc pas à rechercher l’évacuation du mal sur la terre par l’élimination d’une catégorie d’hommes. Cette erreur criminelle et assassine a été, hier, le fait des Nazis qui se fondaient sur la race. Elle est, aujourd’hui, celle du communisme qui se fonde sur la classe. En particulier l’évacuation prétendue du mal sur la terre en éliminant les ‘‘riches’’, ne peut avoir pour objet que de laisser tous les survivants pauvres, haineux et envieux. Le christianisme a un programme plus ambitieux.


Tout nouveau totalitarisme qui pourrait surgir ferait la même erreur.


A cause de la chute originelle je comprends ce qui m’arrive : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, et je fais le mal que je ne voulais pas. » Je sais que ma faiblesse de nature ne sera éliminée ni par l’éducation - même si j’en fais un conditionnement - ni par les sacrements. Aussi effectuerais-je mon salut avec crainte et tremblement et - vigilate - en faisant attention à ne pas m’égarer, quel que soit mon âge.


A cause du péché originel, je comprends pourquoi mes enfants, même tout petits, ont eu des ‘‘instincts’’ mauvais : destruction gratuite, envies, jalousies, gourmandises, colères, ... Je sais que je dois corriger l’enfant, que je dois l’élever, le libérer, autant qu’il est en mon pouvoir de ces pulsions malsaines. La connaissance des conséquences actuelles du péché originel me fait trembler en voyant les faiblesses de sa nature.


Si je laissais faire l’enfant sans réagir, ou si je riais de ses bêtises, je découvrirai, quand il aura 14, 16, 20 ans ou plus, que mon enfant est devenu égoïste, ou sauvage, ou paresseux... et ce avec des regrets cuisants ou une résignation aveugle.


Le conflit des générations est d’autant plus violent que les parents ont moins compris l’importance du péché originel lorsqu’ils éduquaient leurs enfants. La nouvelle du péché originel sera une information utile donc bonne aussi longtemps que se renouvelleront les générations.


La révélation du péché originel a montré la faiblesse inhérente à la nature humaine. Elle explique pourquoi les hommes quels que soient leur âge et leur époque, sont victimes de cette faiblesse et capables en conséquences des pires aberrations.


Le Credo nous explique que l’homme perdu a été sauvé. Le Fils de Dieu s’est incarné par l’opération du Saint Esprit. Il a pris chair dans le sein de la vierge Marie. Il a souffert sur la Croix pour nous sauver. Il reviendra dans la gloire pour juger tous les hommes. Pour qu’un maximum soit sauvé ce jour là, il a fondé l’Église, instrument de salut. Cette dernière guidée par le Saint Esprit, nous conduit vers le jugement dernier des ressuscités que nous serons tous. Les uns iront alors à la gloire et au bonheur éternel, les autres à la damnation et aux supplices éternels.


Les hommes, incapables de s’en sortir seuls, sont sauvés par le don miséricordieux du Dieu d’amour. Nous avons, grâce à LUI, dès aujourd’hui, la lumière et la force pour nous guider et nous aider à parcourir la route du salut... à condition toutefois d’utiliser cette lumière et d’acquérir cette force.


Le Credo nous donne le sens et la signification de l’histoire universelle.


Les Commandements

Par ses commandements Dieu, Notre Créateur et Père, nous fait connaître les règles morales minimales à respecter pour avoir une chance de Le rencontrer. Si nous les refusons nous faisons de cette terre une antichambre de l’Enfer.


Les Béatitudes.

Les Béatitudes nous font savoir où aller pour trouver le bonheur, le vrai, celui qui perdure dans le cœur et l’esprit malgré les souffrances, les tribulations et les épreuves et les croix affrontées.


Certains refusent les Béatitudes. Elles paraissent en effet, folie pour les païens et elles impliquent d’accepter la Croix. Au lieu de chercher, dans les sacrements, la force de triompher dans et par la Croix, ils fuient les Béatitudes. Nous ne devons donc pas être surpris de voir de telles personnes se suicider. Le désespoir les a saisies alors qu’elles étaient enviées d’avoir tout ce qu’il leur faut pour être heureuses selon les lois du monde qui sont menteuses et homicides comme le prince qui les promulgue.


Au contraire les témoins de la croix et des béatitudes en arrivent à écrire, au milieu d’épreuves qui nous feraient frémir : « Je surabonde de joie dans mes tribulations. »


Le Pater.

Ces témoins de la Croix et du vrai bonheur savent quels sont les vrais biens qu’il faut demander. Et Ils les obtiennent. Ils les ont demandés par ‘‘le Pater’’. Et Dieu les leur accorde, car Il est le Bon Dieu, La Providence, le Père des Pauvres et des miséreux, le dispensateur de tous dons. Et même il fait luire son soleil et tomber la pluie sur ceux qui veulent l’aimer comme sur ceux qui veulent le haïr.


Les Sacrements.

Pires que S. Paul, nous ne faisons pas le bien que nous voudrions et nous faisons le mal que nous ne voudrions pas. Nous avons besoin d’une force divine pour nous aider à progresser vers notre bien durable, vers notre bonheur durable. Cette force nous est donnée par les sacrements. J’ai dit notre bien, pour indiquer qu’il s’agit d’un bien vraiment commun, d’un bonheur commun à tous les hommes. Quand j’acquiers cette force et que je progresse moralement, alors je participe à la libération des hommes de l’emprise de Satan. Au contraire je deviens un instrument du pouvoir du démon, chaque fois que je concède au malin quelque chose en moi.


La Résurrection.

Le massage chrétien est l’information contenue dans la Révélation et que l’Église nous explique par son Magistère. Ce message est basé sur des faits certains. Historique et certain, le fait de la résurrection du Christ est le plus extraordinaire. C’est le plus formidable garant de l’authenticité, de la véracité, de la réalité que nous fait connaître la Révélation. Jésus, le Christ, né de la Vierge Marie, torturé, crucifié, mort, mis au tombeau, en est ressorti vivant avec son corps né de la Vierge Marie.


Nous mangeons ce même corps, né de la Vierge Marie dans la communion eucharistique. C’est ce corps ressuscité qui donne à l’homme - corps et âme - qui le reçoit dignement, la force divine et l’aptitude au bonheur divin.


III AVOIR LA FOI.

Avoir la FOI, c’est accepter l’information apportée par la Révélation chrétienne et maladroitement résumée ci dessus. C’est accepter et accueillir l’information de la Révélation, non seulement pour comprendre la réalité définitive et immuable qu’elle décrit, mais surtout pour en tirer les conséquences inépuisables qui guideront nos actions, pendant toute notre vie, vaille que vaille, jusqu’à l’éternel pardon.


Certes, nous ne pouvons pas, dès ici bas vérifier bien des informations données par la Révélation. Pourtant dès qu’on a un peu vécu, nous avons constaté que la vie nous donne une foule d’illustrations des vérités de la FOI. Or, pour bâtir notre vie, nous avons besoin de cette information AVANT de nous lancer dans des expériences malheureuses. Nous en serions les premières victimes. Au contraire, si nous basons notre vie sur les données de la Révélation, nous attendons avec certitude le bonheur divin promis dans l’Autre Monde. De plus nous jouissons quand même, dès ici bas sur la terre cette vallée de larmes, de la paix divine, l’avant goût du paradis.


On le voit, la FOI n’est pas un sentiment aveugle surgissant des profondeurs du subconscient. C’est l’adhésion de l’intelligence au contenu de la Révélation qui nous a été transmis par le bouche à oreille. C’est la FOI à la Parole. Nous sommes de la Religion du Verbe Incarné. Cette adhésion au contenu révélé, est due à notre soumission aux motions de la grâce divine. Par cette adhésion nous prenons en compte le contenu pour diriger nos vies, pour orienter les moindres de nos décisions d’actions.


La FOI guide nos actes. Ils doivent normalement l’exprimer. La FOI s’épanouit donc dans des œuvres inaugurées, puis menées à terme, malgré les difficultés et les traverses, dans la certitude de leur aboutissement. C’est la persévérance de la FOI, c’est déjà l'ESPÉRANCE.


La FOI débouche normalement sur l’Espérance. Le Credo s’achève par la proclamation de l’espérance en la résurrection de la chair et l’attente de la vie à venir.


Que Dieu, dans sa miséricorde, veuille l’accorder au pécheur que je suis.

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