Nazareth, méditation sur l'obéissance

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Loi et principes
Auteur : P. Jacques Sevin, S.J.
Source : Extrait du livre La loi scoute et l'évangile
Date de publication originale : 1932

Difficulté de lecture : ♦ Facile

Nazareth

Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes.

Luc II, 39-40, 52.


Commentaire du P. Sevin

J’aurais beaucoup à te dire, mon scout, sur Nazareth, car j’y ai passé presque toute ma vie avec mes parents.

Et je leur étais soumis.

Ce n’était pas pour mon agrément que je m’étais incarné. J’étais homme, et j’étais enfant, et j’obéissais comme un enfant.

J’obéissais à Marie, j’obéissais à Joseph, j’obéissais aux clients de mon père nourricier.

Et je me nourrissais d’obéissance. C’était ma vie.

Non seulement à dix ans et à douze ans, mais à dix-sept et à trente.

Et je ne me croyais pas trop grand pour obéir, moi qui commandais à la mer, aux démons et à la mort.

J’obéissais à mes créatures parce que telle était la volonté de mon Père Eternel.

J’obéissais à un charpentier de village, et, quand il m’enseignait à travailler le bois, je ne cherchais pas à lui apprendre son métier.

J’obéissais à une petite fille des hommes, et sans doute que c’était la Reine des Anges, mais c’est moi qui l’avais choisie pour Mère et qui l’avais faite Immaculée.

J’obéissais allègrement, intérieurement, divinement.

Du matin jusqu’au soir.

Pendant trente ans.

Et ma Mère attendait toujours et s’étonnait de mon obéissance en me voyant grandir.

Ceci pour t’apprendre, mon scout, qu’on reste toujours le petit garçon de sa maman.

Quand Joseph m’ordonnait de raboter les planches, je ne disais point que je préférais fendre le bois.

Et quand ma Mère me priait de mettre la table, je ne répondais pas que j’aimais mieux aller aux provisions.

Ils ne me demandaient pas mon avis, et mon Père Eternel non plus.

Le scout obéit sans réplique et ne fait rien à moitié.

Et le Verbe s’est fait chair.

Et il leur était soumis.

Apprends à vénérer les travaux domestiques. Depuis le jour où j’ai eu la force de rendre un service jusqu’au jour où je suis parti pour recevoir le baptême de Jean, je n’ai pas fait autre chose.

C’est ainsi qu’a vécu le Sauveur du monde.


Le scout est fait pour servir son prochain et le devoir du scout commence à la maison.


Sanctifie donc tes actions ordinaires : quand tu allumes le feu, ou quand tu balaies, lorsque tu fais la cuisine ou que tu vas acheter des vivres, songe que ton Dieu n’a pas fait autre chose et qu’il a rendu vénérables ces besognes quotidiennes.

Heureux les petits ménages où tout le monde se sert et sert les autres.

Heureux les ouvriers qui travaillent de leurs mains.

Heureux es-tu si tes parents ne sont pas riches, et si ton travail leur est nécessaire.

Car alors ta maison ressemble à ma maison.


*
* *


Je faisais des progrès.

As-tu vu parfois des camarades qui, à mesure qu’ils grandissent, diminuent en vertu ?

Et des joues qui se flétrissent au lieu de devenir plus vermeilles ?

Et des yeux d’adolescents moins limpides que des yeux d’enfants ?

Et c’est la plus triste des choses, qui fait pleurer les Anges de la Paix.

Il n’en doit pas être ainsi de toi, mon scout, mais, comme moi-même à Nazareth, tu dois grandir en âge et en grâce.

Et l’on doit s’en apercevoir.

Voilà trois ans, quatre ans, que tu portes l’uniforme. Es-tu meilleur qu’au jour de ta promesse ?

Si tu ne l’es pas, à quoi bon ces étoiles sur ta poitrine ?

Comme les insignes sur tes manches, ainsi les vertus doivent se multiplier dans ton cœur.

Et ton degré de grâce doit être plus élevé que celui d’un « novice ».

Ce n’est pas seulement à l’ancienneté que tu dois avancer dans mon amour.

Encore faut-il avancer.

Ton âme est-elle en progrès ? Cela seul importe, et cela seul te fait meilleur scout.

Tu dois être aujourd’hui meilleur qu’hier, et demain meilleur qu’aujourd’hui.

Car tu n’as pas encore accompli la plénitude de la loi.

Tu peux toujours être plus franc, plus dévoué, plus obéissant, plus joyeux et plus pur.

Tu n’as pas encore fini de travailler à me ressembler.

Le scout est une âme en marche vers la perfection.

Sois donc parfait comme ton Frère céleste est parfait.

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