Valeur et censures des propositions en théologie

De Salve Regina

Théologie Fondamentale
Auteur : Abbé Bernard Lucien
Date de publication originale : 2001

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen

Valeur et censures des propositions en théologie[1]

La valeur d’une proposition en Théologie est le jugement exprimant positivement le degré de certitude qui lui revient en raison de sa convenance avec la vérité que les sources de la Révélation et le Magistère universel manifestent.

La censure d’une proposition en Théologie est le jugement négatif exprimant le degré de fausseté qui lui revient en vertu de son écart avec la vérité que les sources de la Révélation et le Magistère universel manifestent.

La valeur et la censure sont nommées notes, ou qualifications.

Nous n’indiquons dans ce qui suit que les notes principales ; bien remarquer qu’elles se prennent soit de la relation aux sources de la Révélation, soit de la relation au Magistère, ce qui contribue à la complexité de la question.


1. Notes en relation aux sources de la révélation

1°) De fide divina

Proposition contenue directement ou formellement dans les sources de la Révélation.

Une proposition contraire est error in fide divina.


2°) Theologice certa

Proposition qui se déduit des sources de la Révélation, moyennant une autre vérité naturellement certaine, par une déduction propre et stricte.[2]

Une proposition contraire est error theologicus.


De fide in genere

Proposition qui concerne la foi, formellement ou virtuellement.[3]

L’expression « doctrina de fide vel moribus » a été entendue en ce sens générique à Vatican I.[4]

Une proposition contraire est error circa fidem.


2. Notes en relation au magistère

4°) Infallibiliter certa (et donc de fide in genere)

Proposition enseignée par le Magistère universel de l’Eglise par un acte infaillible, soit par un jugement sollennel d’un concile oecuménique ou d’un pape, soit par le Magistère ordinaire et universel.[5]

Une proposition contraire peut être dite error in doctrina infallibiliter certa.


5°) Doctrina catholica stricte

Proposition enseignée par le Magistère universel de façon simplement authentique, en sorte que la proposition en question n’apparaît pas comme infailliblement garantie, tout en recevant un véritable appui positif de la part du Magistère divinement assisté. Un tel acte requiert du côté des fidèles (y compris le théologien) un véritable assentiment, mais seulement probable et non pas certain.[6]

Une proposition contraire est dite error in Doctrina catholica.


6°) Doctrina catholica in genere

Enseignée par le Magistère universel, soit infailliblement, soit de façon simplement authentique.

Proposition contraire : error circa Doctrinam catholicam.


3. Notes en relation aux sources et au magistère

A) Doctrines formellement révélées

7°) De fide divina et catholica in genere

Proposition contenue formellement dans les sources, et proposée infailliblement par l’Eglise comme devant être crue (Cf D.1792 et CIC 1917 c.1323 §1).

Ces propositions sont également dites : Dogma fidei divinae.

Une proposition contraire est : formaliter haeretica.[7]


8°) De fide divina definita[8]

Doctrine formellement révélée, infailliblement proposée par l’Eglise comme devant être crue par un jugement sollennel (Concile oecuménique ou Pape parlant ex cathedra).

On parle aussi de Dogma fidei divinae sollemniter definitum.

Proposition contraire : formaliter et sollemniter haeretica.[9]


9°) De fide divina et catholica stricte

Proposition formellement révélée, proposée infailliblement par l’Eglise comme devant être crue, par le Magistère ordinaire et universel.

On parle de Dogma fidei divinae et catholicae.

Proposition contraire : formaliter haeretica.


B) Doctrines connexes au Révélé

10°) De fide catholica in genere

Doctrine certainement et nécessairement connexe au révélé, et infailliblement proposée par l’Eglise ut tenenda.

Proposition contraire : error circa fidem catholicam in genere.[10]


11°) De fide definita

Doctrine certainement et nécessairement connexe avec le Révélé, infailliblement proposée ut tenenda par un jugement sollennel de l’Eglise.

Proposition contraire : error in fide definita.


12°) De fide catholica stricte

Doctrine certainement et nécessairement connexe au Révélé, et infailliblement proposée ut tenenda par le Magistère ordinaire et universel.

Proposition contraire : error in fide catholica.


13°) Proximité

On parle aussi de notes proches des diverses notes que nous venons de définir. On le fait en général quand les théologiens s’accordent de façon presque unanime sur la qualification (de fide, haeresis, etc.) d’une proposition.

Les propositions contraires sont dites proches des censures correspondantes.


14°) Certa in theologia

Proposition qui se déduit avec certitude et nécessité d’une prémisse theologice certa et d’une autre naturellement certaine ; ou encore : proposition considérée par les théologiens, dans un accord commun et constant, comme conclusion théologique certaine.

La proposition contraire est : temeraria et falsa.[11]


  1. Explications : cf BAC, pp. 790ss.
  2. Il s’agit donc des propositions qui ne sont pas révélées formellement, mais qui sont virtuellement révélées; « vérités connexes »... avec tout le problème de la distinction entre l’implicite et le virtuel...
  3. Cf II-II q11 a2; I q32 a4.
  4. Cf citation de Gasser dans BAC p.792 n°890.
  5. C’est-à-dire l’ensemble de l’Eglise enseignante, constituée par le Pape et les évêques subordonnés.
  6. ATTENTION: la BAC renvoie à D.1684, 1820, CIC 1323 §3: il peut aussi y être question d’actes infaillibles. De même: la notion d’assentiment interne et religieux est générique, et peut englober l’assentiment certain lié à l’infaillibilité.
  7. Les deux notes suivantes ne sont que de diversifications accidentelles, selon le mode d’exercice de l’infaillibilité, de cette note 7. (cf BAC p.795 haut).
  8. On dit parfois, souvent dans la BAC, de fide divina et catholica definita; strictement, c’est un pléonasme car « definita » implique « catholica »
  9. La BAC note ici (p.795 n°896, avec renvoi aux n°°906-908) la question de l’intention de Trente et de Vatican I de définir solennellement tant dans les chapitres que dans les canons.
  10. Ceux qui admettent la foi ecclésiastique parlent ici de de fide ecclesiastica in genere, et d’error in fide ecclesiastica in genere. Pour la bibliographie, cf BAC pp.796-797 note 13. On peut faire des remarques semblables pour les notes suivantes 11-13.
  11. Cf D.1684.
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