Traité De Fide : Différence entre versions
De Salve Regina
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=Introduction : la nature de la Foi.= | =Introduction : la nature de la Foi.= | ||
Version actuelle datée du 30 mars 2011 à 11:20
Les vertus | |
Auteur : | abbé G. Loddé |
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Difficulté de lecture : | ♦♦♦ Difficile |
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Sommaire
- 1 Introduction : la nature de la Foi.
- 2 La foi elle-même.
- 3 II. La vertu de foi.
- 4 III. La nécessité de la foi.
- 5 II. Les péchés contre la foi.
- 6 Corollaire : le libéralisme.
Introduction : la nature de la Foi.
Introduction : le terme foi, fides, a plusieurs sens.
- il fait référence à la volonté, un acte, une qualité, une perfection.
- la foi : fidelitas in promicis, dans les choses promises. Saint Paul, Rom. 3,3 : quid enim si quidam illorum non crediderunt numquid incredulitas illorum fidem Dei evacuabit absit 4 est autem Deus verax omnis autem homo mendax sicut scriptum est ut iustificeris in sermonibus tuis et vincas cum iudicaris
- promiscio ipsa. I Tim. 5,12 : 12 habentes damnationem quia primam fidem irritam fecerunt
- existimatio probitatis, réputation d’honnêteté. Eccl. 27, 17 : qui denudat arcana amici perdet fidem et non inveniet amicum ad animum suum
- Il fait référence à l’intellect.
- la conscience. Rom 14,23 : Mais celui qui mange malgré ses doutes est condamné, parce qu'il agit sans bonne foi et que tout ce qui ne procède pas de la bonne foi est péché.
- la véracité. Jér. 7, 28 : Tu leur diras: Voilà la nation qui n'écoute pas la voix de Yahvé son Dieu et ne se laisse pas instruire. La fidélité n'est plus: elle a disparu de leur bouche.
- ipse veritas revelate. Symbole de saint Athanase : circumque vult salvus esse ante omnia opus est ut teneat catholicam fidem.
Tous ces sens nous les abandonnons. Le terme fides peut encore signifier :
Définition de la foi :
" habitus quo assensum prestamus propter auctoritatem locuentis ". Cet acte est appelé CREDERE. Si la personne qui parle en laquelle nous croyons est un homme, nous avons une fides humana ; si c’est Dieu Lui-même nous avons une fides divina vel theologica.
Division :
- La " fides divina et catholica " ou " fides publica ", dont l’objet est la révélation faite à toute l'Église et composé de tous les dogmes de l'Église.
- La " fides simpliciter divina " vel " privata ", dont l’objet est la révélation privée qu’on a pu recevoir. Le fait d’aller contre serait un péché.
- La " fides ecclesiastica " sont les vérités enseignées par l'Église mais elles n’appartiennent pas directement au dogme, ce sont des conclusions théologiques (la majeur est de fide, la mineur de ratione).
Tous les auteurs n’utilisent pas les mêmes termes, ou bien ils ont les mêmes termes sans les mêmes sens.
Les adversaires :
Les protestants emploient le terme fides comme firma fiducia par laquelle quelqu’un croit qu’il a été justifié, la foi/ confiance. Pour les protestants " seul la foi sauve " mais attention car avoir la foi c’est croire que le Christ dans sa miséricorde couvre les péchés, c’est tout.
Définition réelle :
Vatican I, session 3,3, dz ??
" fides est intus supernaturalis qua Dei aspirante et adjuvante gratia ab eo revelata vera esse credimus, non propter intrinsecam rerum veritatem naturali rationis lumine perspectam sed propter auctoritatem ipsius Dei revelantis, qui nec falli nec fallere potest ".
Saint Paul, Heb. 11,1 : Or la foi est la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas.
Saint Thomas [4,1] : si quis recte consideret, omnia ex quibus fides potest definiri in praedicta descriptione tanguntur, licet verba non ordinentur sub forma definitionis….
Fides est habitus mentis, qua inchoatur vita aeterna in nobis, faciens intellectum assentire non apparentibus.
La foi elle-même.
I.1. la notion.
Def : actus fidei est assentio supernaturalis firma ac libera veritatibus revelatis praestita propter auctoritatem Dei discentis.
Def de saint Thomas (2, 9) :
credere est actus intellectus assentientis veritati divinae ex imperio voluntatis a Deo motae per gratiam, et sic subiacet libero arbitrio in ordine ad Deum.
Il montre les 3 causes qui vont concourir à former l’acte de foi.
I.2. l’objet [Question I ].
Il faut distinguer trois objets.
- L’objet formel quo : l’élément formel rendant la couleur visible en acte, la lumière.
- L’objet quod : ce qui est atteint primo et per se. La couleur pour la vue.
- L’objet matériel : tout ce qui tombe sous la capacité d’une puissance ou d’un acte ; tout ce qu’il atteint. Pour la vue c’est tout le corporel tombant au regard par et sous la couleur.
L’objet formel (quo) de l’acte de foi : le motif de la foi.
" Auctoritate Dei revelantis seu primo veritas incendo ". Cette affirmation a été définit par le concile Vatican I, session 3 :
" si quis dixeris fidem divinam a naturali de Deo et rebus moralibus scientia non distingui ac propterea ad fidem divinam non requiri ut revelata veritas propter auctoritatem Dei revelantis credatur : A.S.
A l’intérieur de cet objet on peut distinguer :
- Car Dieu est infaillible in cognocendo et in locuendo.
- Je sais que Dieu a révélé tel chose.
La deuxième partie, de façon ordinaire, l’homme va le savoir par la proposition de l'Église. La proposition de l'Église n’appartient pas à l’objet formel quo. J’y crois parce que l'Église l’a dit : ce n’est pas avoir la foi, c’est la condition sine qua non pour que l’on parle de foi divine et catholique. Si cela appartient à l’objet formel quo, Abraham n’aurait pas eu la foi. La proposition de l'Église est la règle qui nous indique ce que Dieu a dit. Lorsque l'Église définit comme un dogme ce qui était discuté auparavant, l'Église résout le doute " est-ce que Dieu à révélé cette affirmation ".
Ce sont les miracles et les dons du Saint-Esprit , ou encore par rapport au Christ, les prophéties et les figures de l’AT et la voix du Père céleste au Jourdain et sur le Thabor ; par ces signes, on est assuré que certains hommes disent la parole de Dieu.
L’objet formel quod de l’acte de foi : la " Veritas Prima "
" Deus ipse ut excedens rationem naturalem ", car Dieu auteur de la nature peut être connu par la raison. Dieu est ce que primo et per se rejoint l’acte de foi. Tout le reste est ordonné à Dieu, la Trinité, le Christ, les sacrements…
Sous le régime de la grâce, l’homme arrive à une connaissance de la Vérité première. Cependant il s’agit d’une participation imparfaite. La lumière divine ne rend pas l’être divin présent à l’intelligence du croyant ici bas. La révélation, bien qu’elle nous élève à connaître des choses naturellement ignorées, s’adapte à notre mode naturel de connaître à partir du sensible. Elle choisit pour traduire le mystère divin des similitudes et des mots toujours déficients, et qui se trouve consigné dans l’Écriture Sainte. L'Écriture Sainte, " rayon de lumière dérivé de la Vérité Première ", contient la révélation. Interprétée par l'Église qui en a une exacte intelligence, elle constitue la règle objective prochaine de la foi [II II, 5,3] " Or, ce qu'il y a de formel en l'objet de foi, c'est la vérité première telle qu'elle est révélée dans les Saintes Écritures et dans l'enseignement de l'Église, qui procède de la Vérité première. "
Les objets formels quo et quod ne font qu’un. La Vérité première, croyable par soi, ne peut provoquer la foi que si elle dit quelque chose, comme la lumière, visible par soi, n’est vue que si elle tombe sur une surface colorée qui la réfléchit.
L’objet matériel.
Est tout ce qui a été vraiment et formellement révélé par Dieu. Toute parole de Dieu est objet de foi divine. Touche Dieu et tout les effets de la divinité par lesquels l’homme reçoit les moyens de tendre à la fruition divine.
La division.
La révélation peut être formelle explicite ou implicite, ou bien virtuelle.
La révélation formelle : une chose révélée de façon directe.
La révélation virtuelle : à partir d’une proposition formelle révélée par un raisonnement on arrive à une conclusion virtuellement révélée.
La révélation formelle explicite : parole et concept explicité (Trinité, Personne divine).
La révélation implicite : la vérité n’est pas dite avec des paroles expressis verbis, mais elle est incluse dans une autre explicite. On la découvre de façon immédiate et sans discours :
Exemple : le Christ a assumé une nature humaine (explicite) donc le Christ a un corps et une âme (implicite).
Toute la révélation formelle explicite et implicite est objet matériel de la foi divine. La révélation virtuelle est conclusion théologique.
Discussion.
La révélation virtuelle suffit-elle pour qu’une vérité soit crue de foi divine ? Vasquez et Melchior Cano ont pensé que oui. D’autre comme Suarez et Hugon, ainsi que le plus grand nombre de thomistes ont pensé non. Cela semble le plus juste puisqu’une conclusion théologique est construite à partir de deux éléments, un seul est divin, l’autre humain, le motif interne ne sera pas la seule autorité divine nécessaire à la foi divine. Mais si l'Église arrive à définir quelque chose comme révélé virtuellement, l’immortalité de l’âme, il faudra y croire avec foi divine. Dans le particulier il est souvent difficile de déterminer si c’est formellement révélé ou virtuellement.
Par rapport à l’objet matériel, divin et catholique.
Le concile du Vatican I, a défini que l’Écriture Sainte et la Tradition doivent être tenus de foi divine et catholique soit par un jugement extraordinaire ou par le magistère ordinaire et universel.
Canon 750 : On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition, c'est-à-dire dans l'unique dépôt de la foi confié à l'Église, et qui est en même temps proposé comme divinement révélé par le magistère solennel de l'Église ou par son magistère ordinaire et universel, à savoir ce qui est manifesté par la commune adhésion des fidèles sous la conduite du magistère sacré; tous sont donc tenus d'éviter toute doctrine contraire.
Les formules :
L’enseignement à recevoir, les enuntialitio, sont des instruments, indispensables étant donné notre condition qui nous relient au véritable objet de la foi, la Res Divina.
I. 3. L’acte intérieur de la foi [Question II et III]
La division de l’acte de foi.
Interne : est actus par lequel l’intelligence donne un assentiment, CREDERE.
Externe : quo exibemus signum aliquod ejus interioris assensus : CONFESSIO. Cet acte est aussi et vraiment un acte de foi (II II, 3,1)
Explicite : credere aliquid sub propriis et particularibus terminis sub quibus nobis proponitur.
Exemple : quelqu’un croira explicitement à la Trinité celui qui croit que le Père Fils et l’Esprit Saint sont un seul Dieu et trois personnes distinctes.
Les actes de foi implicites : credere aliquid in alio sive ut in principio universaliori in quo continetur ( de l’Incarnation nous croyons à Marie, Mère de Dieu) sive in figura ( Ancien Testament à la foi implicite en la Trinité) quae situs abere significationen quam vis re significata clare non cognoscatur.
Cette distinction peut se ramener à l’acte extérieur :
- Explicite, réciter le credo,
- Implicite, recevoir la communion.
Qu’est ce que croire ? C’est " cum assensione cogitare ".
L’assentiment : il est parfait et total à un jugement de 3 façons différentes :
- parce qu’une fois connu le sujet et le prédicat aussitôt apparaissent comme vrai (les 1er principes)
- à partir d’un principe évident un jugement se dérive de façon évidente et nécessaire (la somme des angles d’un triangle est de 180 degrés).
- Une proposition ni évidente en elle même ni évidente dans ses principes mais le devient à cause de l’avis d’une personne compétente et digne de foi. Il faut bien sur vérifier la science du témoin, sa véracité et s’il l’a vraiment dit : c’est la FOI.
Mais dans cet acte, l’intelligence n’est pas déterminée ad unum, puisque la véracité des propositions n’est évidente ni dans ses principes ni en elle même. Il faut donc que la volonté intervienne en impérant l’assensus.
L’acte de foi divin est un acte souverainement libre donc méritoire car bon. " actus fidei est liber tam quoad exercitum quam quod specificationem id est quoad accensum vel discensum ".
Afin d’impérer l’assentiment de l’intelligence, la volonté elle-même devra être mue nécessairement par la grâce. " intellectus non enim determinatur que par un objet évident ou bien par la motion de la volonté ". Cette motion devra être une pia motio, par le moyen de la grâce, en cas contraire ce ne sera pas un acte surnaturel mais un acte purement humain (Pélagiens et semi- pélagien).
Notons : il ne s’agira pas toujours de la grâce sanctifiante, il s’en suivrait qu’un pécheur ne pourrait jamais éliciter un acte de foi théologal.
Le sujet prochain : est la puissance qui élicite cet acte. Le sujet prochain de l’acte de foi est l’intellect spéculatif. L’acte de foi est un acte de l’intellect, car credere est donner un assensum à une vérité proposée. A la différence de Luther, pour qui croire et avoir confiance ne font qu’un (la foi/ confiance). Il fut condamné par le concile de Trente (s.6, c.12).
L’Ecriture Sainte nous le manifeste clairement :
Heb. 11, 6 : Or sans la foi il est impossible de lui plaire. Car celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il existe et qu'il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
La fiducia dans la Bible n’est pas la foi mais un des fruits de la foi.
Eph. 3,12 :
Cette façon de voir a toujours été enseignée et professée par les Pères. Par exemple saint Augustin [ de praed. Sanc. 2,5] ; saint Thomas [4,2] :
" est un acte de l'intelligence selon qu'elle est poussée par la volonté à donner son assentiment.. ".
Le rôle de la volonté.
Bien que l’acte de foi soit élicité de façon immédiate par l’intelligence, la volonté à un rôle très important. Dans tout acte de l’intelligence en général, la volonté joue un rôle par rapport à son exercice. Mais dans cet acte, la volonté intervient pour commander l’assentiment car les choses à croire ne sont pas évidente en soi, c’est pourquoi elles n’ont pas le pouvoir de forcer l’intelligence à donner son consentement, comme dans l’ordre des sciences (2 + 2 = 4, il n’y a pas d’action de la volonté).
Malgré l’obscurité des vérités révélées quoad nos, qui dépassent notre capacité naturelle, la volonté mue par la grâce divine va impérer l’assentiment de l’intelligence et faire naître l’acte de foi.
De veritate 14,3,10 :
quod fides non est in intellectu nisi secundum quod imperatur a voluntate, ut ex dictis patet. Unde, quamvis illud quod est ex parte voluntatis possit dici accidentale intellectui, est tamen fidei essentiale, sicut id quod est rationis, est accidentale concupiscibili, essentiale autem temperantiae.
Contra gentiles, III, 40 :
In cognitione autem fidei principalitatem habet voluntas: intellectus enim assentit per fidem his quae sibi proponuntur, quia vult, non autem ex ipsa veritatis evidentia necessario tractus.
Cette doctrine est de grande importance. C’est le fondement de la liberté de l’acte de foi.
Parmi les actes de l’intelligence nous avons :
La simplex apprehensio objecti / judicium affirmant ou niant.
Par rapport à ce jugement il y a une divergence de point de vu selon l’ignorance, doute, soupçon ou l’assentiment.
La volonté porte ainsi l’intelligence à donner un assentiment à cause soit que la volonté est tournée vers le bien qu’il y a dans la foi et alors croire est un acte louable, soit l’intelligence est convaincue au point d’estimer qu’elle ne peut faire autrement que de croire à ce qui est dit, encore qu’elle ne soit pas convaincue de la chose (ex. un prophète prophétise et ressuscite un mort ; on croira à cause du miracle).
" Credere Deo, Deum et in Deum "[Q. II art.2] : récapitule tous les modes selon lesquels l’acte de foi regarde son objet.
Credere Deo : c’est à Dieu que l’on fait foi ;
Credere Deum : c’est Dieu que l’on atteint en croyant (intelligence);
Credere in Deum : Dieu dans l’acte volontaire est la fin aimé (volonté).
I.4. le sujet éloigné [Question V].
" Omnes homines vivantes in hoc terra, exeptis hereticis infidelibusque formalibus ".
Les âmes du purgatoire peuvent poser un acte de foi.
Les diables n’ont plus la foi théologale, une foi surnaturelle motivée par la grâce. ( l’épître de Jc. 2, 19 ne parle pas d’une foi théologale). Ils ont des connaissances acquises antérieurement à leur mort, ou acquise dans leur état. Les démons voient en effet beaucoup d’indices forts clairs par lesquels ils perçoivent que l’enseignement de l'Église vient de Dieu ; encore que les réalités même que l'Église enseigne, eux-mêmes ne les voient pas. Ils sont plutôt portés à croire à cause de la perspicacité de leur intelligence.
réfutation : les diables ont la foi surnaturelle ! Ex parte subjecti, ou ils croient dans la Trinité, mais cette foi est naturel ex parte motivi, car ils ont cette connaissance par souvenir ou déduction.
Mais comment savoir ce que Dieu à révélé ? En écoutant l'Église qui a les promesses de la vie éternelle. De plus la foi est une grâce surnaturelle donc croire est une preuve que l’on a la foi.
Les bienheureux du ciel n’ont plus la foi car ils ont l’évidence de l’objet de foi.[I-II q67 art5] Rien de la foi ne subsistera au ciel. Cependant il y a continuité entre les deux :
La différence spécifique : la non-vision disparaît.
Il y a communion dans un même genre : la connaissance.
Même objet matériel : Dieu Lui-même et tout ce qu’il connaît.
Même raison formelle d’objet : Dieu à qui l’on s’abandonne et on adhère pour Lui-même, à l’exclusion de tout autre motif.
[cf exposition super librum Boethii de Trinitate p. 2. 2/ Super saint Jean, XV/ II-II q4 art1]
Corollaires.
1. Les révélations privées.
Selon les destinataires, les révélation sont soit publique, pour l’univers entier, ou bien privé, lorsqu’elle est adressée à une personne ou à un groupe restreint. Doit-on y croire avec foi surnaturelle et théologale ?
Les révélations privées depuis la mort des apôtres n’appartiennent pas à la foi divine et catholique car le dépôt de la foi est fermé.
Si l'Église donne son approbation, qu’elle en est sa valeur ?
L'Église déclare que dans ses message, rien n’est contraire à la foi ni aux mœurs. Cela reste qu’une assurance, que les fidèles peuvent recevoir de façon prudente ces messages. Pourvu qu’il y ait suffisamment de motifs de crédibilité, on peut croire à ces révélations par un acte de fide simpliciter divina. Plus l’approbation de l'Église est forte, plus il sera téméraire de le mettre en doute.
Par rapport aux personnes ayant reçu le message, doivent-elles le croire de foi divine ? Probabilior que oui, pourvu qu’elles aient la certitude morale que c’est Dieu qui a parlé.
2. La foi des hérétiques.
" utrum quis discredit unum articulum fidei possit habere fidem supernaturalem de aliis ? " NON ! [II II 5,3]. Tous les articles de foi sont un, procédant d’une seule et même autorité, Dieu révélant. Ils admettent que Dieu a révélé mais ils refusent de croire une seule vérité. Ils détruisent le fondement même de la foi, l’objet formel quo, l’autorité de Dieu qui révèle. Ainsi donc si quelqu’un refuse un article de foi et croit dans le reste, son adhésion au reste n’est pas attribuée à la foi surnaturelle mais au jugement humain.
" ea quae sunt fidei, alio modo tenet quam per fidem ".
3. utrum eadem veritas possit esses simul credita et scita ?
Cette question est disputée. Il semble que non, pour une seule et même personne [I 1,4] et au même moment. Un objet de foi est non visible et non évident. Un même objet ne peut être évident et non évident pour un même intellect. Oui pour différente personne, car il n’est pas contradictoire que une même chose soit évidente et non évidente pour différentes personnes. (Question 1,5)
1.5. l’analyse et la genèse de l’acte de foi.
1.5.1. l’analyse.
En chimie cette action consiste à réduire un corps dans ses éléments primordiaux. Le principe essentiel de l’acte de foi est son motif intrinsèque, son objet formel quo. Il est certains que l’objet formel quo est l’autorité de Dieu qui révèle.
Mais comment savoir que Dieu révèle ? ex sacra scriptura vel ex propisitione ecclésiastica.
Mais comment savons-nous que l’Ecriture Sainte contient la révélation et que l'Église est infaillible ? Parce que Dieu l’a révélé !!! cercle vicieux…
Cette difficulté est très ardue et comporte une quarantaine réponses. Voici quelques brefs éléments.
Avant l’acte de foi, il faut une connaissance sur Dieu, son existence son autorité, sur la possibilité, nécessité de la révélation. Cette connaissance est appelé les préambules de la foi, elle précède la foi et est connus par la raison naturelle. Préambula fidei : sunt ea qua per rationem naturalem nota possunt esse de Deo.
Après l’on doit connaître nécessairement le fait de la révélation, que Dieu a effectivement révélé quelque chose.
Innocent XI [2121] : " stat cum noticia solum probabili revelationis, immo cum formidine qua quis formidet ne sit locutus Deus, A.S.
De façon ordinaire, le fait de la révélation est connu par l’enseignement des parents, professeurs, lecture…
Viendra s’ajouter la " motiva credulitatis ", signes extrinsèques à la révélation qui viendront certifier la crédulité du fait révélé, prophéties, miracles, vie de l'Église…[Vatican I, 3]. L’acte de foi sera donc prudent. Les motifs ne peuvent pas appartenir au motif interne, à l’objet formel quo. Ils motivent mais ne produisent pas la foi.
Ce qui cause intrinsèquement la foi, c’est la grâce de Dieu, grâce que Dieu donne selon son bon plaisir [q. 6,1,2]. Le rôle de la grâce et de la volonté sont importants [de veritate 14,3,10]. Dans la question 2, 1,3, saint Thomas dit que l’intelligence croyante est déterminée ad unum. Mais donc pourquoi beaucoup de personnes ne croient pas ? Car il y a une défaillance de la volonté qui n’impère pas l’acte et il n’y a pas la grâce. Les fidèles chrétiens ayant la foi, doivent prier Dieu qu’il leur conserve et augmente leur foi, ils doivent le demander car ils ne peuvent le faire eux mêmes.
I.5.2. La genèse.
L’homme connaît que Dieu existe et qu’il s’est révélé et que cette révélation est dans l’Ecriture Sainte et la tradition. Viennent s’y ajouter les motifs de crédibilité. Ils préparent mais ne rentre pas dans l’acte surnaturel de foi. Dieu par miséricorde infuse cher l’homme bien disposé la grâce et la lumière de la foi.
I.6. Les propriétés.
Nous avons parlé de l’acte de foi. Nous sommes maintenant en marche vers la vertu. Ici nous sommes à la charnière.
I.6.1. Supernaruralitas fidei [Question VI, la cause de la foi].
La vertu étant surnaturelle son acte l’est aussi. On l’a vu aussi ex parte objecti materiale, elle est aussi surnaturelle ex parte objecti formale quod : Dieu, sa surnaturalité ex objecti formale quo, Dieu qui révèle, aussi ex parte principii. Cette doctrine est dans l’Ecriture Sainte :
Jn. 6,29 : Jésus leur répondit: "L’œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé."
Ep. 2,8 : Car c'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; il ne vient pas des oeuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes oeuvres que Dieu a préparées d'avance pour que nous les pratiquions.
et définit plusieurs fois :
Orange II, dz 376 : Si quelqu'un dit que la miséricorde nous est donnée par Dieu lorsque, sans la grâce, nous croyons, nous voulons, nous désirons, nous faisons des efforts, nous travaillons, nous prions, nous veillons, nous étudions, nous demandons, nous cherchons, nous frappons à la porte et qu'il ne confesse pas que notre foi, notre volonté et notre capacité d'accomplir ces actes comme il le faut se font en nous par l'infusion et l'inspiration du Saint-Esprit ; s'il subordonne l'aide de la grâce à l'humilité ou à l'obéissance de l'homme et s'il n'admet pas que c'est le don de la grâce elle-même qui nous permet d'être obéissants et humbles, il résiste à l'Apôtre qui dit : " Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? " 1Co 4,7 et : " C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis " 1Co 15,10 .
Concile du Vatican I et Trente, c.3 de justificatione.
La raison théologique :
La foi est le commencement du salut humain, le fondement et la racine de toute justification. Or il est impossible que l’homme fonde par ses propres forces naturelles un effet surnaturel.
I.6.2. liberté.
Il ne s’agit pas de la liberté morale, comme s’il n’y avait pas d’obligation morale de professer la vraie foi. L’homme est obligé d’avoir la foi. Il s’agit de la liberté physique, laquelle peut être :
- Soit exercii : consiste dans la liberté d’écarter la possibilité de la considération, penser ou ne pas penser à telle chose.
- Soit specificationis : possibilité d’assentir ou non aux vérités révélés.
Il est certain que l’acte de foi est libre dans son exercice mais aussi dans sa spécification. Saint Thomas [2,9,2] : assensus autem scientia…….
La raison : l’objet de la foi doit être quelque chose de non évident, d’obscure. Or une vérité obscure quoad nos ne peut déterminer l’intellect. L’assentiment viendra de la volonté donc est méritoire. Une condition nécessaire à l’acte de foi est son obscurité. Les mystères de la foi sont éminemment croyables de par leur motif extrinsèque de crédibilité. Rien ne peut être croyable sans l’évidence de la crédibilité. Celle ci doit être réglée par la prudence, car la foi est une vertu.
I.6.3. infaillibilité.
Elle est une conséquence nécessaire de l’objet formel quo, Dieu qui révèle. Le magistère de l'Église qui nous propose des vérités à croire est infaillible et la grâce divine qui nous illumine et soutien l’acte de foi ne peut nous induire en erreur.
La certitude.
L’assentiment de la foi engendre dans l’âme du croyant la certitude. Elle peut être prise en deux sens :
- Firmitas adhesionis virtutis cognoscive ad suum cognocibile.
- Quietatio intellectus in re evidenter cognita.
La foi est-elle plus certaine que la science ? [4,8].
Si la certitude vient de la cause, la foi est plus certaine puisqu’elle vient de Dieu ; si la certitude vient du sujet, est plus certain ce qui est plus conforme aux facultés de l’homme donc la science est plus certaine que la foi.
Conclusion, de Veritate 10,12,6 :
Ad sextum dicendum, quod illa quae sunt fidei, certissime cognoscuntur, secundum quod certitudo importat firmitatem adhaesionis: nulli enim credens firmius inhaeret quam his quae per fidem tenet. Non autem cognoscuntur certissime, secundum quod certitudo importat quietationem intellectus in re cognita: quod enim credens assentiat his quae credit, non provenit ex hoc quod eius intellectus sit terminatus ad illa credibilia virtute aliquorum principiorum, sed ex voluntate, quae inclinat intellectum ad hoc quod illis creditis assentiat. Et inde est quod de his quae sunt fidei, potest motus dubitationis insurgere in credente.
C’est pour cela que la foi peut être ébranlée.
La force de l’adhésion dans l’acte de foi n’est pas le même chez tous. La raison de cette inégalité vient de la force de l’adhésion dépendant de la grâce qui illumine l’intelligence et pousse la volonté. Le degré d’adhésion sera différent selon le degré de charité.
Celui qui a embrassé une foi la religion catholique n’aura jamais de raison suffisante qui pourra justifier un abandon ou un doute. C’est pourquoi l’hérésie est toujours un péché grave. Il restera néanmoins toujours un doute dans l’intelligence qui le pousse au désir de voir son objet.
Quelques réflexions sur l’acte de foi.
L’acte de foi est un assentiment (le contraire du dissentiment). L’assentiment se divise :
- l’assentiment conditionné : l’opinion,
- l’assentiment inconditionné : la science ou la foi.
La différence entre science et foi ne se porte pas sur l’assentiment mais sur la source de la connaissance, connaissance directe dans un cas, indirecte dans un autre. La foi comporte une obscurité sur l’objet. Il appartient au concept même de foi que l’homme soit sur de ce à quoi il croit.
La relation entre le savoir et le croire. Si personne ne sait, personne ne peut croire. Si rien n’est connu, rien n’est cru. Par l’acte de foi quelqu’un participe à la connaissance d’autrui qui sait. [III, 36,2,1]. La connaissance est toujours antérieur à la foi et nécessaire. [II II,4,8,2].
Mais qu’arrivera-t-il si l’homme peut choisir entre savoir et croire ? il prendra le savoir qui est meilleur.
Mais qu’arrivera-t-il si l’homme peut choisir entre ne rien savoir et croire ? il choisira le croire.
Cette sentence s’applique de façon première à la foi. Lorsque l’on croit, il faut savoir que le témoin est crédible, ce savoir ne peut être acte de foi. S’il était absolument impossible à l’homme d’acquérir par sa propre raison que Dieu existe, qu’il est la vérité même, qu’il nous a parlé…préambula fidei, étranger à la foi…alors il ne pourrait y avoir de foi. Il y a une connexion entre la raison et la foi. Cela ne veut pas dire que tous les hommes connaissent ces préambules, ils sont même souvent minoritaires.
II. La vertu de foi.
La vertu de foi surnaturelle est infusée aux chrétiens lors de la justification. Elle ne se perd que par des fautes qui lui sont directement opposées.
La vertu est ce qui est bon. Or en théologie, le bien suprême est celui qui excède les forces naturelles : la vie éternelle. Aussi n’est bon que les actes méritoires de cette fin ; la vertu est donc le principe de ces actes. Tout acte méritoire pour l’homme viator est issu de la volonté. Sans volontaire pas de mérite.
Définition:
Vatican I, session 3,3, dz ??
" fides est intus supernaturalis qua Dei aspirante et adjuvante gratia ab eo revelata vera esse credimus, non propter intrinsecam rerum veritatem naturali rationis lumine perspectam sed propter auctoritatem ipsius Dei revelantis, qui nec falli nec fallere potest ".
Saint Paul, He. 11,1 : Or la foi est la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas.
Saint Thomas [4,1] : si quis recte consideret, omnia ex quibus fides potest definiri in praedicta descriptione tanguntur, licet verba non ordinentur sub forma definitionis….
Fides est habitus mentis, qua inchoatur vita aeterna in nobis, faciens intellectum assentire non apparentibus.
II.1 Le sujet prochain
Est l’intellect, parce que croire est un acte de l’intellect, puissance qui élicité directement l’acte de foi. L’habitus de la foi se trouve aussi dans l’intelligence. Mais puisque la foi appartient à l’intelligence mue par la volonté on croit donc parce que l’on veut.
Saint Thomas ajoute : il devrait y avoir un habitus de la volonté, à savoir la charité afin que l’acte de foi soit " absolute et omnibus ". Puisque l’acte de foi procède de façon surnaturelle des deux puissance alors il est méritoire. Cet habitus de la volonté n’est pas nécessaire afin que l’acte de foi soit parfait en vertu de l’assentiment. Il suffit d’adhérer fermement par l’intelligence ex pia motive voluntatis absque habitus [II II, 4,2].
II.2. La charité est la forme de la foi.
Elle n’est pas la forme extrinsèque de la foi, celle-ci est ordo ad suum objectum. Elle est forme extrinsèque et accidentelle, en tant que par la charité, la foi comme toute vertu est ordonnée à la fin ultime, surnaturelle.
C’est pourquoi la foi reçoit de la charité la perfection de son acte et l’aspect méritoire. En ce sens elle informe la foi.
Jc. " fides sine operibus mortua est ".
De façon commune, les théologiens distinguent la foi vive ou formata, la foi morte ou informe.
II. 3. La foi informe.
La vertu de foi reste dans le chrétien pécheur pourvu néanmoins qu’il n’ait pas péché contre la foi. Cette affirmation est de fide definita contre Luther.
Concile de Trente : " si quis dixerit anima gratia sancti… "
La raison : la foi est le fondement de la justification. Or rien n’empêche que l’on puisse détruire le bâtiment sans la fondation. Donc …
La fides est informae car la charité est la forme de toute vertu et de la foi. Si la grâce sanctifiante disparaît, disparaît la charité, donc disparaît la forme. Néanmoins la foi morte est vertu théologale et ne diffère pas essentiellement de la foi formée par la charité.
Formé ou informé. Elle ne sont pas différente spécifiquement (II, II, 4,4) car cette différence provient de la charité, siégeant dans la volonté. On ne peut donc diviser la foi, siégeant dans l’intelligence par un facteur étranger.
II. 4. L’augmentation de la foi.
Elle croit avec la grâce sanctifiante, se développe avec elle.
II. 5. La perte de la foi.
Arrive avec le péché d’infidélité ou d’hérésie formelle, ce qui est un péché mortel.
Concile de Trente, dz 1544 : " Contre les esprits rusés de certains hommes qui, "par de doux discours et des bénédictions, séduisent les cœurs simples" Rm 16,18 , il faut affirmer que la grâce de la justification, qui a été reçue, se perd non seulement par l'infidélité 1577 , par laquelle se perd aussi la foi elle- même, mais aussi par n'importe quel péché mortel, bien qu'alors ne se perde pas la foi 1578 . On défend ainsi la doctrine de la Loi divine qui exclut du Royaume de Dieu non seulement les infidèles, mais aussi les fidèles fornicateurs, adultères, efféminés, sodomites, voleurs, avares, ivrognes, médisants, rapaces 1Co 6,9-10 et tous les autres qui commettent des péchés mortels dont, avec l'aide de la grâce divine, ils peuvent s'abstenir et à cause desquels ils sont séparés de la grâce du Christ 1577 . "
Dans l’apostasie, la bonne foi est-elle possible ? Non !!
Non, la lumière ne s’est pas cachée elle même, Dieu n’a pas abandonné le premier.
Concile de Vatican I, dz 3036 : Si quelqu'un dit que les fidèles sont dans la même condition que ceux qui ne sont pas encore parvenus à l'unique foi véritable, en sorte que les catholiques pourraient avoir un juste motif, en suspendant leur assentiment, de révoquer en doute la foi qu'ils ont reçue sous le magistère de l'Église jusqu'à ce qu'ils aient terminé la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi, qu'il soit anathème 3014 .
Dz 3014 : Car le Seigneur plein de bienveillance d'une part excite et aide par sa grâce ceux qui sont dans l'erreur, afin qu'ils puissent "arriver à la connaissance de la vérité" 1Tm 2,4 , et d'autre part confirme par sa grâce ceux qu'il a fait passer des ténèbres dans son admirable lumière 1P 2,9; Col 1,13 , pour qu'ils persévèrent dans cette lumière, n'abandonnant quelqu'un que s'il est abandonné
Concile de Trente, dz 1537 : Car ceux qu'il a justifiés une fois, "Dieu ne les abandonne pas, à moins qu'il ne soit d'abord abandonné par eux".
L’hérésie : certains théologiens ont soutenu que nier un seul article n’était pas équivalant à la perte de la foi. Cela semble faux, puisque ce serait quand même la destruction de l’objet formel quo. Il faudra distinguer entre l’hérétique formel et l’hérétique matériel, celui qui est atteint d’une ignorance invincible.
III. La nécessité de la foi.
III. 1. Introduction : elle est nécessaire de moyen pour aller au ciel.
Il y a deux sortes de nécessité :
- La nécessité de moyen : une nécessité absolue sans laquelle on ne peut obtenir la fin désirée. Si telle chose manque de façon coupable ou non, peut importe, on n’atteint pas la fin. Par exemple, les yeux sont nécessaires de nécessité de moyen pour voir, respirer pour vivre, la grâce pour la vie éternelle.
- La nécessité de précepte : la chose est nécessaire en vertu d’un précepte donné par un supérieur légitime. Il y a une condition sans laquelle il n’y aura pas de fin. La condition n’est pas si absolu que dans le cas de la nécessité de moyen. Ces choses là en générale excuse l’ignorance non coupable ou l’impossibilité. Par exemple, recevoir la communion est nécessitée de précepte pour aller au ciel (celui qui mange ma chaire….), mais quelques fois certaines personnes sans communier peuvent aller au ciel, les enfants morts baptisés avant la première communion. Un adulte non car il doit savoir ce précepte.
La vertu de foi est nécessaire pour tous les hommes, de nécessité de moyen, de telle façon que sans elle, personne ne peut être sauvé. De fide.
Adversaires :
Pélage : nie la nécessité de la grâce et de la foi.
André Véga : Dieu interviendrait par sa grâce et inspirerait à cet homme vertueux un amour surnaturel qui suppléerait à la foi et la contiendrait implicitement.
Ripalda : il suffit de la foi que fait naître le spectacle des créatures.
Berryer : les hommes privés de la foi, peuvent sans cette révélation et cette foi, en pratiquant la religion naturelle avec les sources de la grâce parvenir à la justification.
Naturalistes : Rousseau, Marmontel, Gutberlet.
He. 11,6 : Or sans la foi il est impossible de lui plaire. Car celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il existe et qu'il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
Gal. III,11 : Le juste vit de la Foi.
Pères : cf Hugon p.41 & 42.
Orange, dz 375 : Can.5. Si quelqu'un dit que l'accroissement de la foi comme aussi son commencement, et l'attrait de la croyance par lequel nous croyons en celui qui justifie l'impie et qui nous fait parvenir à la régénération du saint baptême, ne sont pas en nous un don de la grâce, c'est-à-dire par une inspiration du Saint-Esprit qui redresse notre volonté en l'amenant de l'infidélité à la foi et de l'impiété à la piété, mais qu'il nous sont naturels, il s'avère l'adversaire des dogmes apostoliques, puisque saint Paul dit : " Nous avons confiance que celui qui a commencé en vous cette belle oeuvre la mènera à son terme jusqu'au jour du Christ Jésus " Ph 1,6 et ceci : " Il vous a été donné non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui " Ph 1,29 et : " c'est par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi, et cela ne vient pas de vous : c'est le don de Dieu " Ep 2,8 . Ceux qui déclarent naturelle la foi par laquelle nous croyons en Dieu en viennent à considérer, d'une certaine manière, comme fidèles tous ceux qui sont étrangers à l'Église du Christ
Concile de Trente, 1529 : Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11 par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint promis "qui est le gage de notre héritage" Ep 1,13-14 ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis" Rm 5,10 , "à cause du grand amour dont il nous a aimés" Ep 2,4 , par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification 1560 et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, "sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne.
Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes " 1560-1561 , c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit" Ep 4,23 nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes 1Jn 3,1 , recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11 et selon la disposition et la coopération propres à chacun.
Dz 1553 : 3. Si quelqu'un dit que, sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et sans son aide, l'homme peut croire, espérer et aimer, ou se repentir, comme il le faut, pour que lui soit accordée la grâce de la justification : qu'il soit anathème
Dz 1557. Si quelqu'un dit que toutes les oeuvres accomplies avant la justification, de quelque façon qu'elles le soient, sont vraiment des péchés et méritent la haine de Dieu, ou que plus on fait d'efforts pour se disposer à la grâce, plus on pèche gravement : qu'il soit anathème
8. Si quelqu'un dit que la crainte de l'enfer, par laquelle, en nous affligeant de nos péchés, nous nous réfugions dans la miséricorde de Dieu ou nous nous abstenons de pécher, est un péché ou rend les hommes encore pires : qu'il soit anathème 1526 ; 1456 .
Innocent XI, condamne : 23.- La foi au sens large du mot qui vient du témoignage des créatures ou d'un motif semblable suffit à la justification.
Syllabus, dz 2915 : 15. Il est loisible à chaque homme d'embrasser et de confesser la religion qu'il aura considérée comme vraie en étant conduit par la lumière de la raison.
16. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir le salut éternel dans n'importe quelle religion (2775-2786).
17. Il faut avoir au moins bon espoir pour le salut éternel de tous ceux qui ne se trouvent pas du tout dans la vraie Église du Christ
Vatican I, dz 3012 : Parce que "sans la foi il est impossible de plaire à Dieu" He 11,6 et d'arriver à partager la condition de ses fils, personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne, à moins qu'il n'ait "persévéré en elle jusqu'à la fin" Mt 10,22; Mt 24,13 , n'obtiendra la vie éternelle
Pour que la foi soit surnaturelle, il lui faut 1) un principe surnaturel, la grâce ; 2) un objet surnaturel, une vérité révélée surnaturellement ; 3) un motif surnaturel, l’autorité d’un révélateur transcendant, Dieu Lui-même.
Pour les enfants et tous ceux n’ayant pas l’usage actuel de la raison, cette foi vertu infuse l’est par la grâce sanctifiante du baptême. Pour eux cette foi habituelle suffit pour la justification. Mais en plus, pour les adultes, capable de raison, c’est nécessaire de nécessité de moyen la foi actuelle et explicite.
Mc. XVI, 16 : qui crediderit et baptizatus fuerit salvus erit qui vero non crediderit condemnabitur. Il parle de l’acte de croire.
L’enfant n’a pas d’autre moyen pour recevoir la grâce sanctifiante que le baptême, l’adulte oui par le baptême de désir.
III. 2. Les vérités qui doivent être crues de nécessité de moyen dans l’acte de foi.
Pour tous les adultes ayant l’usage de raison de tout temps, pour la justification, il faut avoir la foi explicite en :
Dieu existant et Dieu rémunérateur.
He. 11,6 : Or sans la foi il est impossible de lui plaire. Car celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il existe et qu'il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
Sag. 13,8 : Et pourtant eux non plus ne sont point pardonnables: s'ils ont été capables d'acquérir assez de science pour pouvoir scruter le monde, comment n'en ont-ils pas plus tôt découvert le Maître!
Rom. 1,20 : Ce qu'il a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu'ils sont inexcusables
I Cor. 10,20 : Mais ce qu'on immole, c'est à des démons et à ce qui n'est pas Dieu qu'on l'immole. Or, je ne veux pas que vous entriez en communion avec les démons.
Innocent XI : proposition condamnée (dz 2122) : - Seule la foi en un seul Dieu semble être nécessaire de nécessité de moyen, mais non la foi explicite au Rémunérateur.
Puisque la foi explicite est nécessaire de nécessité de moyen, on ne peut absoudre ou baptiser un adulte dans l’ignorance de ces deux articles.
La foi explicite dans la Trinité et l’Incarnation est-elle obligatoire ?
Dz 2122.- Seule la foi en un seul Dieu semble être nécessaire de nécessité de moyen, mais non la foi explicite au Rémunérateur, A. S.
L’opinion selon laquelle la foi explicite aux mystères de l’incarnation et de la Trinité ont toujours été exigée pour le salut : opinion universellement abandonnée. Cette croyance était contenue implicitement dans la connaissance même de Dieu : " Par le fait qu’ils se fiaient à la Providence, confessant ainsi que Dieu est le sauveur des hommes selon le mode qu’Il Lui a plu de choisir " [II-II q3,7,3]. De plus en cas contraire, les prophéties les concernant n’auraient pas été aussi voilées.
Mais depuis l’Incarnation ? Divergence des théologiens.
Pour Suarez : non obligatoire.
La plupart des thomistes et théologiens, Molina, Valentia, saint Alphonse : obligatoire.
Saint Alphonse : " la sentence de saint Thomas est plus commune et probable ".
Dans la pratique générale cette opinion doit être suivie.
La voie intermédiaire : Hugueny accepte une ignorance invincible.
Pour Vittrant : il est au moins très probable que l’acte de foi nécessaire au salut surnaturel de l’adulte doive s’étendre explicitement au mystère de la Sainte Trinité et à celui de l’Incarnation. Mais puisque la nécessité absolue de l’adhésion explicite à ces dogmes n’est pas rigoureusement démontrée, on pourrait, en cas de besoin, administrer sous conditions les sacrements à des personnes qui sembleraient incapables de donner une adhésion explicite à ces mystères, ne fût-ce que faute du temps nécessaire pour recevoir l’instruction suffisante.
Preuves, à partir de l’Ecriture Sainte :
Enseignez toutes les nations, les baptisant au nom de Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Marc, 16,15 : Et il leur dit: "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création. 16 Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné.
Saint Augustin : il n’y a pas à en douter, Dieu leur ménagera la connaissance de l’Evangile, et ils croiront après l’avoir entendu [de correptione et gratia, cVII].
Saint Thomas : [II II 2,7,8] : oui, de nécessité de moyen et explicitement depuis l’Ascension de notre Seigneur.
[III Sent. 25,2,2,2] : Dieu Lui-même lui en ferait la révélation, à moins que l’homme n’y mette obstacle par sa faute. Un missionnaire, un ange ou une révélation directe sont envisageables.
Arguments :
- Puisque le païen pour être justifié a besoin de croire en un Dieu rémunérateur, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout.
- L’acte de foi étant un acte de vertu théologale doit atteindre Dieu tel qu’Il est en Lui-même, or en Lui-même Dieu subsiste dans la Trinité des Personnes.
Innocent XI : (dz 2164). " - L'homme est capable de recevoir l'absolution quelle que soit son ignorance des mystères de la foi, et même si c'est par négligence, même coupable, qu'il ignore le mystère de la très sainte Trinité et de l'Incarnation de notre Seigneur Jésus Christ. " A. S.
Saint Office : 25 jan 1703 : le missionnaire, même en face d’un moribond, si celui-ci n’est pas absolument incapable de le comprendre, est tenu de lui expliquer les mystères de la foi qui sont nécessaires d’une nécessité de moyen, comme le sont les mystères de la Trinité et de l’Incarnation.
Malgré cela, in articulo mortis on peut baptiser ou absoudre sub conditione un homme pourvu qu’il ait l’intention de recevoir ces sacrements et qu’il croit explicitement en Dieu existant et en Dieu rémunérateur bien qu’il n’ait pas une foi explicite en un Dieu Trine et en l’Incarnation.
Pourquoi : car l’opinion contraire reste probable, et puisque les sacrements sont pour les hommes on peut imaginer que cela sera valide.
Le problème sera pour le salut des infidèles. L’ignorance invincible n’empêchera pas la damnation. Pour saint Thomas Dieu fera un miracle pour l’infidèle de bonne foi, envoyant un missionnaire, un ange, une inspiration intérieur, ou bien grâce à l’évangélisation oubliée mais qui aurait laissée des traces, la tradition primitive.
III. 3. La nécessité de précepte.
III. 3. 1. Relatif à l’acte interne de foi.
Existence.
Ce précepte est de droit divin. Tous les hommes sont tenus à poser cet acte, à croire.
Mc. 16,16 : Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné.
I Jn. 3,23 : Or voici son commandement: croire au nom de son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres comme il nous en a donné le commandement.
On peut dire aussi que c’est un précepte de droit naturel à cause de la relation entre Dieu et l’homme. Si Dieu se révèle à l’homme et lui parle, il est évident qu’il veuille être cru. Celui qui l’écoute est tenu à le croire.
Extension.
L'Église n’a pas donnée une réponse déterminé à cette question. Il y a une certaine fluctuation, mais parmi les théologiens et moralistes le plus courant est QUATRE choses à croire :
- Symbole des apôtres (savoir ce qu’il faut croire).
- Oraison dominicale (savoir ce qu’il faut prier).
- Les préceptes du décalogue (savoir ce qu’il faut faire).
- Les sacrements nécessaires pour tous (baptême, pénitence, eucharistie). En ce qui concernent les autres, ceux qui doivent les recevoir doivent les connaître.
L’objet adéquat de la foi surnaturel s’étend encore plus loin que le credo, pater, les 10 commandements et les sacrements. On doit croire de foi divine catholique tout ce qui, révélé par Dieu à l'Église, est clairement enseigné par elle (dz 1792) ; tandis que la foi ecclésiastique, a pour objet les décisions infaillibles et même certains actes non infaillible de leur nature, dans lesquels l'Église engage son autorité doctrinale, de telle sorte que nous ne pourrions leur refuser notre assentiment intérieur que dans le cas, bien improbable, où nous aurions l’évidence d’une erreur.
En soi il n’est pas nécessaire de connaître cela par cœur, l’essentiel est que les personnes connaissent le contenu, mais il est convenable de les connaître par cœur.
Temps de l’obligation.
Per se, oblige en soi et en dehors de toute obligation.
- Lorsque l’homme pour la première foi à une connaissance suffisante de la révélation divine. Pour des catholiques baptisé dans leur enfance, ce sera au moment de l’usage de la raison. Car l’homme une fois qu’il a connu que Dieu existe et à parlé, il est obligé de s’y soumettre. En effet il serait irrévérencieux de refuser.
- Pour les hérétiques et infidèles : lorsqu’ils reconnaissent la vérité de la religion catholique. Ils sont obligés de s’y soumettre, de se convertir de suite à la vraie religion. Si une confession publique serait difficile à cause de graves dommages pour le sujet, un juif ou un coco, là le fidèle peut se convertir de façon occulte et différer la publicité de sa conversion (ex. Christine de Suède au 17ème, enterrée à Saint Pierre).
- Tout homme est obligé per se d’éliciter des actes de foi fréquemment dans sa vie. Innocent XI à condamné cette doctrine : " il suffit de faire un seul acte de foi dans sa vie ". Les théologiens ont essayé en vain de donner un délai mais sans fondement. Un fidèle pieux qui vit de sa foi n’est pas inquiétée. Une prière ou un office peut être assimilé à un acte de foi. Mais ceux qui n’ont pas pratiqué durant des années ont dû violer le précepte.
Proposions condamnées par Innocent XI :
Dz 2116-7 " 16.- La foi n'est pas censée tomber par soi sous un précepte particulier. 17.- Il suffit de faire un seul acte de foi dans sa vie. "
Dz 2165 : " Il suffit d'avoir cru une fois ces mystères. "
- L’homme est tenu de l’éliciter " in articulo mortis ", opinion la plus probable car c’est le moment de croire en un Dieu rémunérateur et miséricordieux.
- Tentatives contre la foi.
- Après toute faute grave directement contraire à cette vertu.
III.3. 2. Relatif à l’acte externe de foi.
- La profession ou la manifestation est manifestée extérieurement devant les hommes en paroles ou en actions. Cette manifestation est un précepte de loi divine et ecclésiastique.
Rom. 10, 9 : En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car la foi du cœur obtient la justice, et la confession des lèvres, le salut. L'Ecriture ne dit-elle pas: Quiconque croit en lui ne sera pas confondu?
Mt 10,32 : "Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux; mais celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux.
Les raisons :
Dieu a fondé une Église visible avec un culte sensible et visible. C’est pourquoi les fidèles doivent pouvoir être reconnus extérieurement et visiblement. De plus il serait honteux et injurieux à cause de la peur de nier devant les hommes être adorateur et serviteur du vrai Dieu. La foi interne est confirmée et solidifiée par l’acte de foi, personnel et de plus nous nous aidons les uns les autres.
Extension.
Négative : il est interdit de nier extérieurement la foi. Cette négation peut se faire directement ( hérésie infidélité formelle et extérieur) ou indirecte (poser un acte externe qui sera interprété compte tenu des circonstances comme la négation de la vraie foi).
Toute négation de la foi comporte un grave déshonneur pour Dieu devant être souverainement loué et vénéré. Nier sa foi n’est pas la même chose que la dissimuler. Cette dernière sera parfois licite.
Positive : oblige de fait et non pas continuellement mais au moins dans certains cas : le chrétien devra professer positivement sa foi toutes les fois qu’il sera tenu par une obligation de culte extérieur et public et lorsque l’honneur de Dieu et l’utilité du prochain l’exigera. [q3 art2]
- Interrogé juridiquement sur sa foi, obligé même en péril de mort dz 2118 : 18.- Si quelqu'un est interrogé par l'autorité publique, je conseille, comme glorieux pour Dieu et pour la foi, de confesser la foi ouvertement ; je ne condamne pas comme peccamineux de se taire. Doctrine condamnée.
- Interrogé en particulier, que si son silence peut faire penser qu’il a abandonné la foi ou risque de scandaliser les fidèles.
- Pour des raisons exceptionnelles, si les actes posés ne sont pas intrinsèquement mauvais, pour un motif proportionné, ainsi en pays hérétique ou infidèle il est licite d’être discret.
- Le droit ecclésiastique impose en certains cas une profession de foi.
II. Les péchés contre la foi.
Introduction : puisque la foi est le fondement de toute la vie chrétienne et de celle du salut, les péchés contre la foi sont les plus néfastes, pessima, car tant que le pécheur conserve la foi, il reste en lui un germe divin qui pourra peut-être renaître et un jour se convertir. Celui qui vient à perdre la foi, perd la grâce et la charité… il perd tout.
Saint Thomas juge l’infidélité comme le péché le plus grave après la haine formelle et directe de Dieu :
34,2,1 : L'infidélité n'est coupable que dans la mesure ou elle est volontaire. Et c'est pourquoi elle est d'autant plus grave qu'elle est plus volontaire. Or, son caractère volontaire provient de ce qu'on a de la haine contre la vérité proposée. Il est donc clair que la raison de péché, dans l'infidélité, vient de la haine de Dieu, dont la foi reconnaît la vérité. Et c'est pourquoi, de même qu'une cause est plus importante que son effet, ainsi la haine de Dieu est un péché plus grand que l'infidélité.
10,3 : Aussi un péché est-il d'autant plus grave qu'on est par lui plus séparé d'avec Dieu. Or c'est par l'infidélité que l'homme est le plus éloigné de Dieu, parce qu'il n'en a pas la vraie connaissance, et que par la fausse connaissance qu'il en a, il ne s'approche pas, mais s'éloigne plutôt de lui.
II.1. par omission.
Nous considérons l’ignorance coupable lorsque l’on omet l’acte de foi interne ou externe et aussi lorsque l’on ignore volontairement les vérité de foi nécessaire à connaître et à croire.
II.2. par commission.
II.2.1. par excès.
II.2.1.1. par un croyance téméraire.
Lorsque d’une façon trop légère on admettre comme appartenant à la foi des choses qui en réalité sont extérieur à elle ; par exemple donner foi à des révélation suspectes ou douteuses.
II.2.1.2. par la superstition.
Consiste dans la manifestation externe d’une foi superflue, manifester un culte divin à quelqu’un qui ne le mérite pas soit en utilisant des formes ou une manière inadéquate (cf. vertu de religion).
II. 2.2. par défaut, l’infidélité.
Il y a deux sortes d’infidélités.
- La première est négative ou matérielle. Elle est présente chez quelqu’un qui n’a jamais eu une connaissance de la vraie foi ou bien une connaissance trop simple. Elle n’est pas coupable en elle-même mais peut être une conséquence du péché.
Erreur de Baïus condamnée dz 1968 : L'infidélité purement négative, chez ceux à qui le Christ n'a pas été prêché, est péché.
- La deuxième est positive ou formelle. Est le manque de foi chez quelqu’un qui volontairement ne veut pas donner son assentiment aux vérités ou qui les méprises volontairement.
L’infidélité selon saint Thomas se divise en trois [10,5]:
" Si l'infidélité est jugée par rapport à la foi, les espèces d'infidélité sont diverses et en nombre déterminé. Puisque, en effet, le péché d'infidélité consiste à résister à la foi, cela peut arriver de deux manières. Ou bien parce qu'on résiste à la foi sans l'avoir encore reçue, et telle est l'infidélité des païens ou gentils. Ou bien parce qu'on résiste à la foi chrétienne après l'avoir reçue, soit en figure, et telle est l'infidélité des juifs, soit dans sa pleine révélation de vérité, et telle est l'infidélité des hérétiques. Aussi peut-on partager l'infidélité en général entre ces trois espèces. "
Les modernes qui veulent suivre saint Thomas ont coutume de distinguer l’infidélité proprie dicta (carence de foi dans des sujet non baptisés) et infidélité in proprie dicta (carence de foi chez les baptisés). Cette distinction tient compte du langage moderne. On les appelle également les infidèles positifs, les catho ayant perdu la foi (ils sont assimilés aux pécheurs endurcis) ; et les infidèles négatifs, n’ont jamais eu la foi.
En vertu de la volonté salvifique universelle, Dieu prépare et donne à tous les pécheurs adultes, même endurcis, et aux infidèles négatifs, des grâces suffisantes au moins de façon éloignée : doctrine commune et certaine.
II.2.2.1. le paganisme et le judaïsme.
L’infidélité négative ou matérielle n’est pas un péché. Il y a une ignorance invincible, elle est alors non coupable. L’infidélité formelle est un péché mortel car il y a un mépris grave envers l’autorité de Dieu qui parle.
- Le paganisme : c’est refuser la foi qui n’a jamais été reçue dans un sujet. Ainsi les païens sont musulmans, bouddhistes, polythéistes.
- Le judaïsme : c’est le refus de la foi qui leur a été enseignée en figure. Depuis l’Incarnation, par le refus de reconnaître la divinité du Christ est un péché. La synagogue est tombée dans les ténèbres, le peuple juif c’est égaré dans une religion fausse. Donc leur religion est opposée à la vraie religion chrétienne.
Il n’est pas permis de faire embrasser la foi par la force. L’acte de foi doit être volontaire. Ils peuvent être contraints cependant par la force à ne pas mettre d’obstacles à la prédication de l’Évangile.
[10,8] : De tels infidèles ne doivent pas être poussés à croire, parce que croire est un acte de volonté. Cependant, ils doivent être contraints par les fidèles, s'il y a moyen, pour qu'ils ne s'opposent pas à la foi par des blasphèmes, par des suggestions mauvaises, ou encore par des persécutions ouvertes. C'est pour cela que souvent les fidèles du Christ font la guerre aux infidèles ; ce n'est pas pour les forcer à croire puisque, même si après les avoir vaincus ils les tenaient prisonniers, ils leur laisseraient la liberté de croire ; ce qu'on veut, c'est les contraindre à ne pas entraver foi chrétienne. Mais il y a d'autres infidèles qui ont un jour embrassé la foi et qui la professent, comme les hérétiques et certains apostats. Ceux-là, il faut les contraindre même physiquement à accomplir ce qu'ils ont promis et à garder la foi qu'ils ont embrassé une fois pour toutes.
Un état chrétien ex gravi causa peut tolérer le culte des infidèles [10,11], par l’absence de contraintes extérieures. Saint Thomas compare cela avec le régime de Dieu dans l’univers, où il permet le mal.
L'Église ne peut et ne doit jamais tolérer la tolérance dogmatique (professer sa vérité), tout homme a le devoir d’adhérer à la vraie religion. L'Église continue à punir l’hérésie comme un délit. Per se, la liberté de culte, là où elle n’est pas nécessaire est réellement nuisible.
II.2.2.2 l’hérésie et l’apostasie.
Le mot apostasie vient du mot grec qui signifie séparation. Pour saint Thomas l’apostasie est une sous- espèce d’hérésie. C’est la défection totale (tous et chacun des articles de la foi) et volontaire de la foi chez quelqu’un qui l’avait auparavant professée. Elle sera publique ou occulte.
[12,1,3] : Or l'apostasie regarde l'infidélité comme le terme vers lequel s'en va dans son mouvement celui qui quitte la foi et s'en éloigne. C'est pourquoi l'apostasie n'implique pas une espèce bien déterminée d'infidélité ; mais elle implique une circonstance aggravante, selon la parole de S. Pierre ( 2P 2,21 ) : " Il aurait mieux valu pour eux ne pas connaître la vérité que de s'en écarter après l'avoir connue."
Cette circonstance aggravante, il faudra la confesser. Il n’est pas requis que l’apostat passe au paganisme ou au judaïsme, un athée peut être aussi un apostat. C’est un péché GRAVE EX GENERE SUO.
Le mot hérésie vient du grec et signifie sélection, choix. Objectivement, c’est une proposition contraire à un article de foi. Subjectivement c’est une erreur pertinente d’un chrétien contre un vérité de la foi divine et catholique. L’erreur se trouve dans l’intelligence et la pertinacité dans la volonté. Une simple erreur n’est pas une hérésie. Celui qui par ignorance ou inadvertance se trompe n’est pas formellement hérétique. Cela peut être peccamineux si l’ignorance est coupable.
Si par crainte ou respect humain on en vient à nier extérieurement la foi mais que dans son cœur on professe la vraie foi, on pèche contre la foi mais ce n’est pas un péché d’hérésie. L’hérésie est un péché EX TOTO GENERE SUO. Elle comporte une série de peine :
Canon 1364 : 1 L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication 'latae sententiae', restant sauves les dispositions du can. 194 Par.1, n. 2; le clerc peut de plus être puni des peines dont il s'agit au can. 1336 Par.1, n. 1, 2 et 3.
2 Si une contumace prolongée ou la gravité du scandale le réclame, d'autres peines peuvent être ajoutées, y compris le renvoi de l'état clérical.
Canon 1330 : Un délit qui consiste en une déclaration ou en quelque autre manifestation de volonté ou de doctrine ou de science, doit être tenu pour non consommé si personne n'a perçu cette déclaration ou manifestation.
Canon 1184,1 : Doivent être privés des funérailles ecclésiastiques, à moins qu'ils n'aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort:
1). les apostats, hérétiques et schismatiques notoires;
corollaire : [de l’autorité dans l'Église, abbé Lucien p.72]
Elle peut être immédiate, directe, par contradiction, médiate, immédiate, par contrariété.
L’hérésie est non plus simplement une doctrine mais l’acte du sujet : le péché d’hérésie. C’est aussi l’adhésion d’un sujet à une doctrine hérétique, adhésion volontaire et pertinace. La profession de foi qui demeure dans l’hérétique ne provient plus de la vertu surnaturelle de foi, mais d’une opinion, ou même d’une certitude morale humaine.
L’élément matériel de l’hérésie : erreur, dans la foi catholique, volontaire.
L’erreur : celui qui nie extérieurement sa foi par crainte sans adhérer intérieurement n’est pas hérétique ni même matériellement.
Dans la foi catholique : opposé à une vérité révélée et présentée comme telle par l'Église.
CIC 1323,1 : De foi divine et catholique doivent être crues toutes les vérités qui sont contenues dans la Parole de Dieu, écrites ou transmises par la tradition, et qui sont proposées par l'Église, soit au moyen d'un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, afin qu'elles soient admises comme divinement révélées.
Volontaire : si une personne adhère volontairement à une telle doctrine ne sait pas qu’elle est hérétique, est l’est seulement matériellement.
Pertinacité : s’opposer à Dieu et à l’Église non par ignorance, même coupable, mais le sachant et le voulant par orgueil, vaine gloire, désir de contredire, légèreté ou autre. . . Il préfère son jugement sachant bien que l'Église enseigne autre chose.
L’ignorance : empêche qu’il y ait péché d’hérésie formelle, et ne laisse place qu’à l’hérésie matérielle, pouvant être coupable. L’ignorance vincible crasse ou supine empêche l’hérésie. Pour l’ignorance affectée, la question est disputée.
Il est difficile de qualifier quelqu’un d’hérétique. Cependant on peut avoir une certitude morale objective si la personne affirme expressément rejeter l’Église ou d’adhérer à une secte hérétique ; et si la personne nie une doctrine actuellement enseignée par le magistère comme révélée ou explicitement confessée d’une seule voix par tous les fidèles vivant actuellement sur la terre.
Conséquence de l’apostasie et de l’infidélité :
- Toute défection dans la foi est un désastre (Tm 1,19)
- Il doit être averti, et se sépare par son hérésie du troupeau (Tt 3,10)
- Devient un antéchrist (I Jn 2,18)
Pour le témoignage des père : Hugon, hors de l’Église point de salut ? p175.
Saint Thomas II-II q11 art3 : En ce qui concerne les hérétiques, il y a deux choses à considérer, une de leur côté, une autre du côté de l'Église. De leur côté il y a péché. Celui par lequel ils ont mérité non seulement d'être séparés de l'Église par l'excommunication, mais aussi d'être retranchés du monde par la mort.
Le schisme n’est pas une hérésie, car elle est le refus pertinent d’obéir au pape et aux autres évêques en communion avec lui, elle s’oppose directement à la vertu de charité et non de foi.
[I. II. 39,1,3] : L'hérésie et le schisme se distinguent selon les choses auxquelles tous deux s'opposent par soi et directement. Car l'hérésie s'oppose essentiellement à la foi ; et le schisme s'oppose essentiellement à 1'unité qui fait l'Église. C'est pourquoi, de même que la foi et la charité sont des vertus différentes, bien que celui qui manque de foi manque aussi de charité, le schisme et l'hérésie sont aussi des vices différents, bien que tout hérétique soit aussi schismatique, mais non l'inverse. C'est ce que dit S. Jérôme : " Entre le schisme et l'hérésie, j'estime qu'il y a cette différence : l'hérésie professe un dogme perverti, tandis que le schisme sépare de l'Église. "
Cependant, de même que la perte de la charité conduit à perdre la foi, selon S. Paul
(1Tm 1,6) : " Pour s'en être écartés (de la charité et des choses de ce genre), d'aucuns se sont perdus en de vains bavardages ", de même le schisme conduit aussi à l'hérésie. C'est pourquoi S. Jérôme ajoute que " le schisme, au début, peut bien, d'une certaine façon, être considéré comme différent de l'hérésie ; mais il n'est aucun schisme qui ne se façonne quelque hérésie, pour justifier son éloignement de l'Église ".
Cette condamnation de Quesnel dz 2491 peut s’appliquer à certains schismatiques :
91. La crainte d'une excommunication injuste ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir ; nous ne sortons jamais de l’Église, même quand nous semblons en être expulsés par la méchanceté des hommes, aussi longtemps que nous sommes attachés à Jésus Christ et à l’Église par la charité. "
Conséquence :
- A eux s’applique cette parole : qui vous méprise me méprise.
- Tout ce qui rompt le lien de la hiérarchie encourt la privation du royaume des cieux (Ga 5,20)
- Saint Paul travaille pour l’unité (Ga 1,18 ; Gal 2,2)
Pour la pensée des pères : Hugon, hors de l’Église point de salut ? p177
Corollaire : le libéralisme.
En tant que doctrine : est un système politique et religieux.
Son fondement : une idéologie et une série de principes faux et contraires à la révélation.
Son point de départ : indépendance totale de la raison humaine, donc rationalisme. De là, ils organiseront une société avec
- la séparation totale entre la société civile et religieuse,
- naturalisme,
- laïcisme, athéisme pratique et effectif.
En tant que tel, le libéralisme est une hérésie. Après pour juger le péché personnel de chacun des adhérents il faudra juger selon :
- si c’est une adhésion consciente et plénière aux principes,
- adhésion à quelques doctrines concrètes contraire à la foi (nient le sacrement du mariage).
Souvent il ne s’agit que d’une adhésion par ignorance non coupable mais chez les gens plus cultivés elle peut être crassa vel supina vel affectata. Beaucoup y adhèrent comme moindre mal.