Le bon Pasteur : Différence entre versions
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Version du 18 mars 2011 à 17:40
Prière chrétiennes | |
Auteur : | Dom Augustin Guillerand |
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Difficulté de lecture : | ♦ Facile |
Le bon pasteur doit d’abord connaître ses brebis et se faire connaître d’elles, créer les relations qui établissent l’accord et la mutuelle pénétration ; la connaissance qui en procède est un amour, et elle n’est une connaissance que parce qu’elle est un amour. La voix qu’entendent les brebis quand le berger les appelle nommément est une voix qui part du cœur et qui va au cœur ; c’est pourquoi elles répondent. Elles savent que celui qui les appelle veut leur bien ; elles le savent parce qu’il a l’habitude de le leur procurer ; elles ont l’expérience de sa bonté pour elles ; et le son qu’elles entendent, quand sa voix retentit, est lié à cette expérience. Intérieurement, elles voient une porte qui s’ouvre, une silhouette humaine qui se dresse devant elles, le mouvement calme, lent, adapté à leur pas, qui les conduit et qui s’arrête dans les bons pâturages, l’herbe épaisse, tendre, qui leur offre sa substance vivifiante, tout leur corps refait, leurs forces reconstituées, se développant, leur sécurité assurée, et le soir le même mouvement, la même ombre, la même porte et le repos dans la bergerie.
Elles savent que s’il les approche c’est pour les caresser ou les panser, que sa vie leur appartient, qu’il ne veut que le déploiement de la leur : « Pour qu’elles aient la vie, et une vie abondante. »
Le bon pasteur, dans ces cas ordinaires, les garde la nuit du voleur en les ramenant à la bergerie close et gardée, dont il est la porte, dont le portier le représente et tient la place, - et le jour du loup en se tenant en avant, en les tenant groupées et en les défendant activement s’il y a lieu.
« Ego sum pastor bonus. » Jésus est le bon Pasteur ; il ne s’oppose pas seulement aux ennemis qui veulent tuer et perdre les brebis ; il les garde des pasteurs qui ne sont que mercenaires et qui ne songent qu’à eux-mêmes. Pour ceux-là, l’intérêt des brebis ne compte pas, mais le leur. Ils les conduisent volontiers aux pâturages ; il les gardent s’il n’y a pas de danger ; mais ils ne s’exposent pas pour elles. Ils les connaissent, mais ils ne les aiment pas ; ils ne sont pas pasteurs ; ils ne sont pas bons pasteurs.
Le trait distinctif qui marque le bon pasteur, qui le fait reconnaître entre tous, c’est l’amour jusqu’au don de soi : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. »
Ce trait dérive de la connaissance très spéciale qui le caractérise, et il la produit. Il connaît parce qu’il aime, dans la mesure où il aime, et il aime parce qu’il connaît. L’esprit qui l’anime est un amour qui donne à la connaissance de pénétrer son objet, et à l’objet de reproduire cet amour et cette connaissance. C’est pourquoi le bon pasteur marche en tête du troupeau. Il se montre et il indique le chemin en le faisant le premier. Les brebis n’ont qu’à suivre, à faire ce qu’il fait, à se rendre où il veut.
Le rapport est donc un rapport mutuel : « Cognosco meas, et cognoscunt me meae. Je les connais et elles me connaissent. » Il y a deux termes : « me », « meae », mais il n’y a qu’une seule connaissance qui part du pasteur et va aux brebis, qui se communique de celui-là à celles-ci, qui les anime du même mouvement, qui fait que le troupeau et le pasteur ne font qu’un.
Cette unité ne fait elle-même que reproduire une unité plus vaste, dans laquelle elle s’insère comme pour la prolonger et compléter. C’est l’unité que Jésus chante et prêche et révèle en tous ses entretiens, qui en fait la trame, et qui est le fond de son Evangile : c’est sa propre unité avec son Père.
Les rapports entre le bon pasteur et ses brebis sont constitués sur ce modèle. Le bon pasteur connaît ses brebis comme son Père le connaît, et ses brebis doivent le connaître comme il connaît son Père : c’est donc une connaissance qui communique une forme et qui assimile. Les brebis doivent être l’expression du Verbe, comme le Verbe exprime le Père. Le Verbe doit se prononcer en elles, et elles doivent répéter ce mot, réfléchir ses traits.
Le Verbe incarné donne sa vie pour elles, parce qu’il voit le Père donner lui-même sa vie qui est son Fils… et les brebis à leur tour doivent se donner à lui comme il se donne à elles : Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis. »