Marie, Mère de miséricorde : Différence entre versions

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Textes de méditation
Auteur : P. Lallement
Date de publication originale : Mater Misericordiae, 1938

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen

Marie est l’antithèse de Satan parce qu’elle est celle qui a accepté, non pas seulement la grâce, que Satan a refusée, mais le pardon parfait à elle donné dans la création même de son âme. Elle a accepté la pureté de sa conception l’immaculée, non pas seulement comme un don gratuit, mais comme un don de miséricorde, une grâce de pardon, — car, de droit, elle eût été incluse dans la déchéance des fils et des filles d’Adam. Bien qu’elle n’ait pas été touchée par le péché, elle a été plus qu’aucune autre pardonnée ; elle a été l’objet d’un pardon prévenant quand elle a été soustraite à la corruption de la race humaine, non seulement sans aucun droit de sa part, mais contre la loi qui, normalement, sans l’exception dont elle était l’objet, l’aurait englobée.

La sainteté de l’Immaculée recevait là un caractère propre. Son intégrité n’est pas seulement l’intégrité de la nature, puisqu’il s’agit d’une intégrité de grâce surnaturelle. Allons plus loin : c’est l’intégrité d’une créature qui a été soustraite par une pure grâce de miséricorde à la corruption du péché. La douceur et l’humilité de l’âme de la Vierge sont quelque chose de tout différent de l’intégrité de nature ou de l’intégrité d’Eve en sa grâce première ; sa reconnaissance à Dieu pour le don de la conception immaculée est tout autre que la reconnaissance pour un don de nature ou pour une grâce qui ne serait pas de pure miséricorde.

Le vrai nom du démon, c’est « Absque misericordia, pas de miséricorde » (Osée, I, 6, 8). Le nom qui dit l’attitude foncière du démon, c’est celui-là. Il n’a pas voulu d’abord de cette miséricorde au sens large qui était la grâce première ; quelque chose qui ne lui était pas dû par sa nature, qui était un pur don de libéralité divine. — Non. Ce que je suis, ce qui m’est dû, et c’est tout ! Recevoir quelque chose par pure complaisance de Dieu, par une libéralité nouvelle, en dehors de la constitution même de ma nature et de la place hiérarchique qu’elle me donne, jamais ! — Et ensuite le démon, de par sa nature entière, est celui qui ne peut pas, qui ne veut pas demander pardon. Il essaie quelquefois de faire croire à des âmes, pour les apitoyer sur son sort, qu’il implore la miséricorde divine et que Dieu ne veut pas lui par donner. Non pas. De même que le démon a refusé la grâce première, il refuse l’humiliation du pardon. S’humilier, de mander pardons c’est la seule chose qu’il ne sache pas faire.

Il l’a avoué à des saints. Il disait, par exemple, à saint Macaire « Je te surpasse en toutes tes œuvres. Tu jeûnes parfois, moi je ne me restaure jamais d’aucun aliment ; tu veilles souvent, moi le sommeil ne m’a jamais vaincu ; mais, en une seule chose tu me domines : ton humilité. Tout ce que vous avez, nous l’avons aussi ; par ta seule humilité vous différez de nous et vous prévalez sur nous »

Le nom de la Vierge, en antithèse de celui du démon, c’est « Misericordiam consecuta, celle-qui-a-reçu la miséricorde » (cf. Osée, II, 1). Le nom qui, dans les plans divins, définit la Vierge, « notre sœur », la première rachetée, c’est celui-là.

C’est bien cela qu’elle a appris à Bernadette. Lorsque l’enfant lui demandait avec insistance son nom, quand la Vierge, dans un mouvement inouï de douceur précédé d’un mouvement de reconnaissance, lui a confié le nom qu’elle a dans les plans de Dieu, elle n’a pas dit seulement « Je suis l’Immaculée », mais bien « Je suis l’Immaculée Conception ». Par ce mot de « Conception », elle se situe dans la lignée des enfants d’Adam, et elle nous présente son privilège d’Immaculée précisément comme une miséricorde de Dieu qui l’a arrachée au fleuve du péché. Retenons bien cela, car là est notre lien avec la Vierge, et cela nous fait comprendre l’intime de son cœur.

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