L'Ascension : Différence entre versions

De Salve Regina

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Version du 24 mars 2011 à 10:57

L'Ascension du Christ est notre élévation

Après le chant de l'Évangile, le diacre éteint le cierge pascal, le symbole de la Résurrection. Par cette simple cérémonie, la liturgie veut exprimer que le Christ est monté aujourd'hui au ciel. A chaque messe, le prêtre dit : " Nous nous rappelons la bienheureuse Passion, la Résurrection des morts et la glorieuse Ascension de ton Fils... "


Premières impressions

Quand des personnes chères se séparent de nous, nous nous affligeons, même si nous savons qu'elles rencontreront un sort meilleur. Aussi nous pourrions penser que l'Église assistera à l'Ascension avec mélancolie. Il n'en est rien. La fête est exclusivement une fête de joie. Une double joie remplit nos cœurs; nous nous réjouissons pour le Seigneur et pour nous-mêmes.

a) La journée de l'Ascension est un triomphe du Christ, une fête de victoire. Le Seigneur a bien mérité son triomphe. Rappelons-nous toutes les phases et toutes les étapes de sa vie terrestre. Il a quitté le trône de son Père et s'est abaissé dans le sein de la Vierge, il a été couché sur la rude paille de la Crèche de Bethléem, il a dû fuir en Égypte, fuir son propre peuple; il a vécu dans l'obscurité à Nazareth, comme un simple artisan; puis il s'est fatigué à parcourir la Galilée et la Judée à la recherche de, la brebis perdue. Il a été méconnu, il n'a pas été aimé par ses frères. Enfin, il a enduré sa Passion rédemptrice depuis le mont des Oliviers jusqu'au Golgotha. Pourquoi tout cela ? Parce qu'il nous a aimés. Quel but poursuivait-il ? Nous racheter du pouvoir du diable et nous introduire dans la patrie céleste. Et maintenant son œuvre, à laquelle il a consacré son amour et le sang de ses veines, est achevée. Il peut, aujourd'hui, jeter un regard joyeux sur sa vie écoulée. Hier, la liturgie nous a montré son Ascension en deux images : le vainqueur s'avance triomphant, il entraîne avec lui dans son triomphe les prisonniers, c'est-à-dire nous-mêmes, les enfants de Dieu rachetés par lui; il fait part de son butin, c'est-à-dire des grâces de la Rédemption à l'Église. Le Fils rentre dans la maison paternelle, il est reçu avec joie par son Père; mais il lui présente des nouveaux frères et sœurs, l'humanité rachetée. Nous pouvons dire que la fête de l'Ascension est, en même temps, l'accession au trône et le couronnement du Christ comme Roi du ciel et de la terre.

b) Cette fête est aussi un jour de joie pour nous. La glorification du Seigneur dans son Ascension est aussi l'élévation de la nature humaine; c'est notre glorification. C'est là une pensée qui a profondément impressionné les Pères. Notre nature humaine participe aux plus hauts honneurs divins. Le Christ, en effet, est entré au ciel avec son corps humain, avec sa nature humaine; il est assis sur le trône de Dieu et il restera avec sa nature humaine éternellement. C'est là une distinction inouïe pour les hommes. L'un des nôtres, notre chef, est assis sur le trône de Dieu; ainsi donc nous aussi, les membres de son corps, nous sommes divinisés. C'est pourquoi la préface de la fête chante d'une manière significative : " Il a été élevé pour nous faire participer à sa divinité. " C'est là une divine noblesse qui nous est communiquée par l'Ascension. Mais cela constitue, pour nous, une impérieuse exigence : Sursum corda. Le péché ne monte pas au ciel avec le Christ. Le péché est comme une chaîne qui nous lie à la terre. Brisons ces liens du péché. Nous devons d'abord monter au ciel avec la volonté et le désir (" demeurer de cœur au ciel "). Ensuite, nous y suivrons le Seigneur en corps et en âme.


Solennité du jour

Cette fois encore, célébrons cette fête entièrement avec l'Église, dans la prière des Heures et à la messe. Hier, nous avons récité les Heures du soir en commun ou, tout au moins, nous avons récité les vêpres dans notre particulier. Dans les antiennes, nous voyons le Roi montant au ciel. L'image centrale, au bréviaire comme à la messe, est celle-ci : " Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous vers le ciel? Comme vous l'avez vu monter au ciel, ainsi il reviendra, Alleluia " (I. Ant. Intr.). L'hymne est d'un magnifique mouvement (Salutis humanae Sator)

Auteur du salut des humains,

Jésus, délices de nos cœurs,

Du monde racheté tu fus le Créateur

Et ta chaste clarté brille sur ceux qui t'aiment.

Sois, vers le ciel, le guide et le sentier,

Sois l'idéal de tous nos meurs,

Sois, dam nos pleurs, le réconfort,

Sois, de la vie, la douce récompense.

A l'antienne de Magnificat, nous voyons le Seigneur sur le seuil de la céleste maison paternelle : " Père, j'ai annoncé ton nom parmi les hommes que tu m'as donnés maintenant, je te prie pour eux, non pour le monde, car je viens vers toi, Alleluia. "

Dans la nuit ou de bonne heure le matin, nous récitons les Matines. C'est la réunion des psaumes royaux. Les antiennes font ressortir avec prédilection des expressions comme celle-ci : exalter, élever (exaltare, elevare). Les leçons du deuxième et du troisième nocturnes sont très riches de pensées et d'autant plus précieuses que toutes les deux furent prononcées comme homélies par les papes saint Léon Ier et saint Grégoire Ier. " Il y avait vraiment une grande et ineffable cause de nous réjouir quand la nature humaine qui était unie au Fils de Dieu s'éleva devant les yeux de la sainte troupe des disciples, bien au-dessus de tous les Esprits célestes, bien au-dessus des chœurs des anges et même au-dessus des hauteurs des archanges. Elle devait dépasser toutes les hiérarchies célestes et ne s'arrêter qu'au trône de Dieu, où elle participerait à sa gloire puisqu'elle est unie à sa nature dans la Personne du Fils. Puisque l’Ascension du Christ est notre propre élévation, et puisque là où nous a précédés le Chef glorieux le corps (mystique) peut lui aussi diriger son espérance, tressaillons mes bien-aimés, d'une joie profonde et que de pieuses actions de grâces s'unissent à, notre joie. Aujourd'hui, en effet, nous ne recouvrons pas seulement le paradis (perdu), mais nous avons pénétré dans les hauteurs du ciel. Nous avons beaucoup plus reçu par la grâce ineffable du Christ que nous n'avions perdu par l'envie du diable. Car les enfants d'Adam, que l'ennemi venimeux avait chassés du bonheur de leur premier séjour, le Fils de Dieu se les est incorporés et les a placés à la droite du Père " (Saint Léon).

" Quand nous lisons que les disciples ne crurent à la Résurrection du Seigneur qu'après une longue hésitation, pensons moins à leur faiblesse qu'à ce que je pourrais appeler notre future fermeté dans la foi. Car, précisément, par ce fait qu'ils doutèrent, la, Résurrection fut démontrée par de nombreuses preuves. Et nous qui lisons maintenant ce récit, nous sommes, par leur doute, affermis dans la foi. Assurément Marie-Madeleine m'a moins servi que Thomas qui douta longtemps. Celui-ci, en effet, parce qu'il douta, toucha les cicatrices des blessures et, ainsi, guérit les blessures du doute dans notre cœur " (Saint Grégoire).

Il conviendrait de réciter les Laudes sur une hauteur (de se transporter en esprit sur le mont des Oliviers). Notre âme ressent aujourd'hui toute la fraîcheur de la joie et tous les transports de l'allégresse. Quand le soleil se lève, nous entendons le Sauveur qui nous quitte nous adresser ces paroles : " je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu, Alleluia. "


La messe : Viri Galilaei

Après les petites Heures de Prime et de Tierce, nous célébrons la messe solennelle. C'est le point culminant de la fête et la réalisation mystique de son mystère. L'église de station est Saint-Pierre. Nous nous réunissons dans la grande église mondiale de Rome pour célébrer les saints. mystères, dans cette église où saint Léon et saint Grégoire prononcèrent les homélies que nous avons lues au bréviaire. Les fêtes du Christ Roi se célèbrent à Saint-Pierre (Noël, Épiphanie). Mais Saint-Pierre est aujourd'hui, pour nous, Jérusalem; nous y prenons notre repas avec le Christ (Leçon et Évang.). C'est aussi le mont des Oliviers où nous accompagnons le Seigneur et d'où nous le voyons monter au ciel. L'Introït nous présente une belle image. Les Apôtres lèvent les yeux vers le ciel. C'est un symbole de l'Église. Depuis que le Christ est remonté au ciel, elle ne cesse de regarder vers le ciel dans une ardente attente jusqu'à ce qu'il " revienne "(Ici aussi, le désir de parousie de l'Église se fait jour). Nous chantons le psaume proprement dit de l'Ascension (46) qui revient aujourd'hui dans presque tous les chants psalmodiques : " Que tous les peuples battent des mains " (nous sommes dans l'église Saint-Pierre qui est l'église des gentils). Oraison : Depuis que le Maître est au ciel, " nous devons aussi demeurer de cœur au ciel ". Dans la leçon et l'Évangile, nous prenons part aux dernières heures terrestres du Seigneur. Les deux lectures font remarquer que le Seigneur apparut aux siens " pendant le repas ". Il nous apparaît aussi à nous, maintenant, pendant le banquet eucharistique. Après le chant de l'Évangile, on éteint le cierge pascal, le symbole du Ressuscité. Dans la procession de l'Offrande, nous formons un cortège de fête et nous accompagnons le Seigneur montant au ciel, avec des chants d'allégresse et au son des trompettes. A la procession de la Communion, nous nous dirigeons encore vers l' " Est " et nous voyons le Seigneur s'élever au-dessus de tous les cieux.


Le psaume de l’Ascension (Ps. 46)

Le Roi de son peuple

Vous tous, peuples, battez des mains,

célébrez Dieu par des cris d'allégresse;

Car Dieu, le Très-Haut, est redoutable,

le grand Roi du monde entier.

C'est lui qui nous assujettit les peuples,

qui met les nations sous nos pieds.

Pour nous, il nous a choisis pour son héritage,

il a aimé le beau pays de Jacob.


Le Roi des Gentils

Dieu s'élève au milieu des acclamations,

le Seigneur monte au son des trompettes.

Louez notre Dieu, oui, louez-le,

chantez notre Roi, chantez,

Car Dieu est le Roi de toute la terre;

jouez d'une main habile

Dieu règne aussi sur les Gentils,

il siège sur son trône saint.

Les princes des peuples se réunissent au Dieu d'Abraham;

les puissants rois de la terre se sont élevés bien haut.


Sens littéral et construction

Le psaume est court, d'une construction simple et facile à comprendre. Ce cantique se divise en deux strophes de quatre vers (le dernier vers est peut-être une addition postérieure.)

Nous nous demandons quelle fut l'occasion du psaume et quel fut son sens originaire. Le peuple juif était en guerre avec les païens. On apporta l'arche d'alliance au-dessus de laquelle se manifestait la présence de Dieu dans la nuée sainte, car le Dieu d'alliance s'avançait lui-même au combat avec l'armée de son peuple. L'objet du combat était le saint " héritage ", la " gloire de Jacob ", la terre promise. Israël fut vainqueur de ses ennemis et le peuple, dans des chants de victoire et d'allégresse, accompagne le divin Roi, le Dieu de l'alliance qui trône sur l'arche d'alliance, jusque sur les hauteurs du mont Sion. Maintenant, le psaume est intelligible : Tous les peuples sont invités à rendre hommage au Dieu vainqueur (le battement de mains était un signe d'hommage, cf. IV Rois, XI, 12). Cette victoire est la continuation de celle de Josué qui prit possession de la terre promise. Il " assujettit " les peuples de Chanaan (" les nations sous nos pieds "). Depuis, le divin Roi a " choisi Israël pour son héritage et a aimé le beau pays de Jacob ". Dans la seconde strophe, nous suivons le cortège triomphal vers le mont Sion " au milieu des acclamations et au son des trompettes "; le Roi monte. Les musiciens du temple sont invités à jouer de leurs instruments pour recevoir le Roi. Le psaume s'achève par une vue de l'avenir messianique. Le psalmiste voit, dans une vision prophétique, les gentils, sous la direction de leurs princes, entrer dans le royaume de Dieu et le Christ régner sur l'Église unie des Gentils et des Juifs (le dernier verset est un peu obscur).

Application liturgique

Pour nous, chrétiens, le Christ est le divin Roi. Lui aussi est entré en lutte avec les princes du monde. Ce fut le combat de la Rédemption; sur le champ de bataille du Golgotha, l'ennemi héréditaire fut vaincu et le Christ conquit un butin (Psaume LXVII, 18- 19) : Tu montes sur la hauteur, emmenant la foule des captifs, tu partages le butin parmi les hommes, et maintenant tu emmènes dans les hauteurs l'humanité rachetée, y compris les rebelles (les Gentils). Aujourd'hui, en la fête de l'Ascension, nous suivons le Christ dans son entrée triomphale au ciel " avec des acclamations et au son des trompettes ". Nous rendons hommage au Roi de tous les peuples, au Père de son peuple. Le verset typique de l'Ascension est celui-ci. " Dieu s'élève dans les hauteurs au milieu des acclamations, le Seigneur monte au son des trompettes. " Nous entendons trois fois ce verset au cours de la messe, à des moments profondément impressionnants. La première fois, c'est au moment de l'entrée du prêtre (de l'évêque) : L'Église voit dans le prêtre qui s'avance vers l'autel, revêtu de ses ornements de fête, le Christ-Roi faisant son entrée dans le sanctuaire du ciel (vers. ad repetendum). La seconde fois, c'est au moment de la procession de l'Évangile : Le diacre porte l'Évangile sur l'ambon - c'est encore l'image du Christ montant au ciel. La troisième fois, c'est au moment de la procession de l'Offrande. Les fidèles eux-mêmes participent à la procession d'Offrande du ciel avec le Christ, leur Roi.

Les temps liturgiques
Auteur : Pius Parsch

Difficulté de lecture : ♦ Facile
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