Le don de crainte : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 24 mars 2011 à 16:36

Les vertus
Auteur : M-D Poinsenet
Source : Extrait du livre Les sept voiles de mon bateau, éd. DDB

Difficulté de lecture : ♦ Facile

Le petit Jean de Yépes joue avec ses amis sur les bords d’une grande mare. Une mare boueuse, pleine de vase noire et sale. Ils ont cassé des branchettes de bois qu’ils lancent sur l’eau de toute leur force : cela fait une petite flottille. Comme c’est amusant ! Mais tout à coup, plouf ! En jetant son bâton, Jean est tombé dans l’eau. Ses petits compagnons, sur la berge, poussent des cris affolés. Jean est tout petit : cinq ans à peine ! Il va se noyer ! On ne voit plus, déjà, que sa tête qui émerge de l’eau bourbeuse.

Mais non, quelqu’un lui tend les bras. Une dame éblouissante de pureté et de lumière que Jean, tout étonné, voit se pencher vers lui au-dessus de l’eau : la Vierge Marie. Déjà le petit garçon essaie de sortir de la vase. A son tour, il tend les bras pour qu’on l’arrache à cette horrible mare. Et puis, tout à coup, volontairement, il les replonge dans l’eau. Mettre ses mains toutes noires, toutes sales, toutes puantes, dans les mains si blanches, si pures de la Vierge ? Oh non ! Jamais ! Il préfère enfoncer jusqu’au fond dans la vase, y mourir s’il le faut.


Le don de Crainte, c’est cela. C’est la peur de salir par le plus petit péché, d’égoïsme, de mensonge… ce reflet de la pureté infinie de Dieu en notre âme. C’est la peur de contrister, si peu que ce soit, l’Esprit-Saint qui habite en nous. C’est la peur de faire la moindre peine à Jésus qui a tant souffert à cause de nos péchés. Mais ce n’est pas la crainte d’être puni, ou de se faire mal, ou de se donner de la peine. C’est même juste le contraire.


Jean n’avait pas eu peur d’enfoncer dans la vase : il avait craint seulement de ne pas être assez pur pour toucher les mains de la Vierge Marie.

Bien sûr, il fut tiré de l’eau. Un homme qui passait par là lui tendit une perche, il s’y accrocha et regagna la rive. Mais plus jamais il n’oublia cette vision de lumière et de pureté, à côté de la mare si sale où il était tombé. Plus tard, il s’appellera Frère Jean de la Croix, avant que l’Église ne le nomme SAINT JEAN DE LA CROIX.


Il écrira des choses merveilleuses sur la pureté de Dieu et sur la pureté que doit atteindre l’âme qui veut s’unir à lui : « Notre âme est comme une vitre qui baigne dans la lumière resplen­dissante du soleil. Si elle est pure, si elle n’a point de tache, elle resplendit comme le soleil lui-même : et le soleil, c’est Dieu. »


Mais il faut faire très attention pour conserver son âme toute pure, pour éviter le plus possible de faire le moindre péché. Le péché, c’est le seul mal, au fond, parce que lui seul nous éloigne de Dieu, et pourrait même – s’il était grave – nous séparer de lui tout à fait.


Par le don de Crainte, le Saint-Esprit murmure au fond de notre âme :

Fais attention de ne pas te laisser prendre au piège du péché. Prends garde de ne pas me contrister, moi qui suis infiniment bon, infiniment pur, et qui ai, forcément, horreur de tout ce qui est sale et laid.

Fais attention de ne pas tellement t’attacher aux choses que je t’ai données, que tu finisses par m’oublier, même un tout petit peu, à cause d’elles.

Tout ce que tu as, c’est moi qui te l’ai donné : tu peux aimer tout ce qui est bon, tout ce qui est beau, tout ce que j’ai créé pour toi. Mais prends bien garde : il faut m’aimer, moi, plus que tout le reste. Il faut même savoir, de temps en temps, me faire le sacrifice de ce que tu aimes le plus, pour me prouver que tu m’aimes plus encore.

Le don de Crainte nous rend alors très pauvres, de cette pauvreté dont Jésus a dit : « Bienheureux les pauvres, parce que le royaume des cieux est pour eux. »


Il nous vide de tout ce qui est inutile, de tout ce qui est encom­brant, de tout ce qui n’est pas Dieu. Pourquoi ? Pour que Dieu puisse venir prendre toute la place, et nous combler de la seule vraie richesse qui est son amour.

Il y a des petits enfants qui savent parfaitement écouter cette voix de l’Esprit-Saint. Alors, lui, s’il peut faire en leur âme tout ce qu’il veut, il les conduit sur le chemin de la sainteté, bien qu’ils soient tout petits.

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