Le don de force : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 24 mars 2011 à 16:41

Les vertus
Auteur : M-D Poinsenet
Source : Extrait du livre Les sept voiles de mon bateau, éd. DDB

Difficulté de lecture : ♦ Facile

Vivre en enfants de Dieu, ce n’est pas toujours si facile qu’on le croit. Est-ce que Jésus n’a pas dit justement : « Vous qui êtes ses enfants, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » ? Aussi nous avons besoin que le Saint-Esprit vienne nous aider tout le temps, nous rappeler que nous sommes les enfants de Dieu, les frères de Jésus, les frères de tous les hommes. Saint Paul expliquait déjà aux premiers chrétiens, dans une des belles lettres qu’il leur écrivait de temps en temps :

« Le Seigneur a envoyé en nos âmes l’Esprit-Saint qui nous fait crier du fond de notre cœur : Papa ! Papa ! » Même pour bien dire le « Notre Père », nous avons besoin de l’Esprit-Saint. Tout seuls nous pouvons, évidemment, « réciter » les paroles des prières, mais nous ne comprenons pas ce que nous disons, nous ne réalisons pas, surtout, que celui à qui nous parlons est présent au fond de notre âme, ou vivant dans le tabernacle. C’est pourquoi, trop souvent, nous les disons si mal, nos prières ! Heureux encore quand nous ne les oublions pas !

Avec le Saint-Esprit, nous comprendrons que prier c’est une joie, puisque c’est parler avec quelqu’un qu’on aime.


Dans la demi-obscurité des catacombes, l’Évêque vient d’offrir le saint Sacrifice de la Messe. Gravement, il se retourne vers le petit groupe des fidèles qui terminent leur action de grâce. Des yeux, dans la pénombre, il cherche à quel messager sûr il va pouvoir confier le pain consacré – c’est-à-dire le corps du Christ – pour qu’il puisse être porté là-bas, dans les prisons humides où des chrétiens attendent l’heure du martyre.

– Tarsicius !

Un enfant s’est levé, un garçon au beau regard droit. Sans bruit il s’approche de l’Évêque. Il a compris ce qu’on attend de lui. Ce n’est pas la première fois que les choses se passent de la sorte.

– Père, j’irai.

Sous son ample manteau de laine, Tarsicius tient caché son Dieu. Calme, recueilli et fort, il s’avance maintenant à travers les rues de Rome. Il n’est qu’un petit enfant. Personne ne le remarquera, personne ne soupçonnera, parmi tous ces gens qui – on ne sait pas bien pourquoi – en veulent à mort aux chrétiens, d’où il vient, où il va. Tarsicius le pense du moins. Mais il sait très bien ce qui l’attend au cas où un païen découvrirait qu’il porte aux prisonniers l’Eucharistie. Pour lui aussi ce serait la mort.

Il est tellement heureux qu’on lui ait confié cette mission difficile, il est tellement recueilli dans sa prière silencieuse, qu’il n’a pas vu, à l’angle de cette petite place, un groupe de ses compagnons de classe qui ont organisé une grande partie de jeu.

- Tarsicius ! Tarsicius ! Viens donc jouer avec nous !

- On a besoin d’un partenaire ! Viens avec nous !

- Non, dit Tarsicius, pas maintenant, je ne peux pas.

- Pourquoi ?

- Où vas-tu ?

- Qu’est-ce que tu portes donc sous ton manteau ?

- Fais voir !

Les garçons, tout d’abord, n’ont pas pensé à mal. Tarsicius, d’habitude a très bon caractère, et, tout chrétien qu’il est, c’est un gentil camarade. Mais c’est un chrétien tout de même. Les com­pagnons, païens, le savent ou le devinent. L’un d’eux, par plaisan­terie peut-être, a lancé le slogan que toute la ville, depuis quelque temps, répète avec mépris : « C’est un âne de chrétien qui porte les mystères. »

Les autres ont bondi.

Vrai, Tarsicius ? Alors montre-nous ça !

- Qu’on puisse rire un peu !

Tarsicius se recule :

- Laissez-moi, je vous en prie.

Mais les autres, maintenant, ne veulent plus le lâcher. Ils le tirent, le secouent, l’assaillent de coups de poings, de coups de pieds, de coups de pierres.

Tarsicius n’essaie pas de se défendre.

Le sang a jailli de son nez, de sa bouche. Tout son visage est lacéré de coups. Ça ne fait rien. De ses deux mains serrées, il tient encore le pain consacré. Et cela lui suffit. Mais voici que tout se met à tourner autour de lui, et à bout de forces il s’écroule sur les dalles de pierre.

Un centurion accourt, les garçons se dispersent. Tarsicius a cessé de vivre. SAINT TARSICIUS, dit maintenant l’Église.


Cette histoire-là, elle se répète bien souvent, sous des formes un peu différentes, toutes les fois que l’Église est persécutée. Il y a quelques années, un petit garçon a été tué, d’une injection de poison, parce qu’il avait, lui aussi, porté l’Eucharistie à son papa emprisonné par les ennemis de Dieu.

Ces petits enfants n’ont pas eu peur de la souffrance ni de la mort. Comment cela se fait-il ?

Tout seuls, évidemment, ils n’auraient jamais eu un tel courage. Mais le Saint-Esprit a mis en eux le don de Force. Alors, ils sont allés jusqu’au bout, jusqu’à donner leur vie pour prouver qu’ils étaient chrétiens.

Mais, une fois encore, il faut le redire, nous ne sommes pas tous appelés au martyre. Le Seigneur Jésus a dit qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est vrai. Mais il y a deux façons de donner sa vie pour Dieu. D’un seul coup, comme Tarsicius, comme Salsa, par le martyre. Ou bien, par une générosité de tous les jours à faire très bien, par amour, de toutes petites choses, sans jamais se lasser. Et la seconde façon est peut-être la plus dure.

Non, ce n’est pas facile, de vivre à chaque instant en véritable enfant de Dieu. Ce n’est pas facile d’éviter toujours le plus petit péché pour garder son âme toute pure dans l’éblouissante lumière de Dieu. C’est même parfois très difficile, parce que, depuis le péché originel, nous sommes entraînés vers le mal, et que le diable est toujours aux aguets pour nous tenter et nous faire faire une faute.

C’est pourquoi nous avons grand besoin que le Saint-Esprit mette en notre âme le don de Force, qui nous attire à Dieu comme l’aimant attire la limaille de fer. Oh ! si nous pouvions être, simplement, cette petite limaille de fer, comme les saints, tout deviendrait pour nous tellement plus simple !

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