Le don de science : Différence entre versions

De Salve Regina

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Version actuelle datée du 24 mars 2011 à 16:49

Les vertus
Auteur : M-D Poinsenet
Source : Extrait du livre Les sept voiles de mon bateau, éd. DDB

Difficulté de lecture : ♦ Facile

Le don d’Intelligence nous est donné par l’Esprit-Saint pour que notre foi soit plus vive, puisque, déjà, d’une certaine façon, ce don d’Intelligence nous fait voir, ou au moins « deviner Dieu ».

Le don de Science aussi va nous aider à mieux croire, parce qu’il nous donne de comprendre la parole de Dieu : la Bible, l’Évangile, le catéchisme… Il y a dans les psaumes une jolie phrase qui dit ceci : « Votre parole, ô Seigneur, est une lumière, et elle donne l’intelligence aux tout petits. »


Bernadette a quatorze ans : elle ne sait ni lire ni écrire. Petite, maigrichonne – elle a des crises d’asthme qui la font bien souffrir et l’empêchent de se développer – elle aide comme elle peut sa maman à soigner ses petits frères et sœurs dans la misérable maison de Lourdes, si pauvre, si noire qu’on l’appelle « le cachot ». Parfois, elle passe quelques semaines, quelques mois, dans un petit village voisin, chez sa nourrice, et elle garde les moutons dans la mon­tagne. Sa nourrice voudrait bien qu’elle sache lire : à quatorze ans, tout de même ! Elle essaye. Mais c’est fou ce que Bernadette a la tête dure.

« Ça n’entre pas, dit la pauvre femme désolée, ça n’entre pas ! » Et le mot à mot du catéchisme qu’elle tâche également de lui ânonner, n’entre pas non plus. C’est à désespérer ! « Quand Bernadette pourra-t-elle faire sa première communion, si elle est inca­pable de retenir les réponses obligatoires du catéchisme ? » En fait de prières, elle sait tout juste le « Je vous salue Marie », peut-être le « Je crois en Dieu ». C’est tout. Oui, c’est tout. Mais dans l’âme de cette petite fille ignorante, si peu douée, humainement, le Saint-Esprit a répandu la Science des Saints. Et bientôt, tout le monde sera forcé de le recon­naître.


A Massabielle, la très Sainte Vierge s’entretient elle-même avec Bernadette. Elle lui parle du Ciel, des pécheurs, pour qui il faut que tous les chrétiens fassent pénitence. Elle lui confie des messages. Elle lui confie des secrets. Et Bernadette qui, par le don d’Intelligence, comprend parfaitement tout ce que lui explique la Sainte Vierge, sait aussi, grâce au don de Science, écouter son message et le mettre en pratique.

Elle n’a peur ni des gendarmes, ni du préfet, ni de Monsieur le Curé qui se montre sévère pour être sûr que la petite fille n’invente pas, dit vrai. Elle étonne les gens savants, les commissaires, comme les prêtres et même les évêques, par ses réponses sensées, limpides comme l’eau du Gave qui descend de la montagne. On lui demande, pour essayer de lui faire dire une sottise : « Est-ce que tu as été plus heureuse, Bernadette, de recevoir le bon Dieu le jour de ta première communion, ou de causer avec la Sainte Vierge ? »

Et, finement, elle répond : « Ces choses-là vont ensemble et ne peuvent être comparées. »


Elle a parfaitement compris le message de la Vierge Marie : tout ce qui est de la terre, ça ne dure pas, aussi il ne faut pas y attacher une trop grande importance. L’essentiel, c’est de connaître Dieu et de l’aimer. C’est d’arriver au Ciel, c’est d’y amener les pécheurs – qui n’y pensent pas, eux, – en faisant pénitence et en priant pour eux.


« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en cette vie, mais dans l’autre », lui a dit Notre-Dame.

Mais elle ne se figure pas que, pour autant, elle doit se laisser aller.

« Je serai heureuse ! Oui. Mais, attention, si je fais comme il faut, et si je marche droit mon chemin. Le Paradis, il faut que je me le gagne ! »

Elle comprend très bien que les créatures doivent nous conduire à Dieu, et non pas devenir entre lui et nous une barrière, un écran qui empêche sa lumière de passer, un obstacle, même très léger qui nous empêcherait d’aller tout droit vers lui. Elle comprend que la souffrance même peut être un grand cadeau que Dieu nous fait.


Depuis qu’elle a parlé avec la Sainte Vierge, les gens veulent la voir, lui faire des compliments, lui offrir des cadeaux. Des cadeaux ? Ce serait tellement bon à recevoir pour sa famille si pauvre, si misé­rable ! Mais Bernadette les refuse tous. Tous, même ce chapelet à chaîne d’or, qu’un évêque veut lui faire accepter en échange du sien…

Un jour où des gens l’ont suivie, entourée, et veulent couper un petit morceau de son capulet pour s’en faire une relique, en l’ap­pelant « la petite sainte », elle s’échappe de leurs mains, et, haussant les épaules : « Quels imbéciles ! Ces gens sont fous ! »


Jusqu’à sa mort, elle acceptera joyeusement la souffrance, les maladies, les rebuffades. Elle ne s’étonne pas que la très sainte Vierge — qui en guérit tant d’autres à la grotte — ne la guérisse pas, elle.

« Elle veut peut-être que je souffre, disait-elle simplement. »

Au fond de son cœur, il y avait cette grande certitude que tout ce que Dieu nous a promis, il le fera. Par le don de Science, elle com­prenait, tous les jours un peu plus, que la vraie vie, ce n’est pas celle de la terre, mais celle du Ciel. C’est ce qui lui donnait à la fois une si grande peine, quand elle pensait aux pécheurs qui vivent comme si le Ciel n’existait pas, et une si grande sérénité en face de tout ce qui lui arrivait, à elle, de douloureux ou de désagréable.


Voilà ce que peut faire le Saint-Esprit dans l’âme d’une pauvre petite fille que les gens appelaient « sotte et ignorante ». C’est qu’il avait répandu dans l’âme de SAINTE BERNADETTE – qui n’y mettait pas d’obstacle – la plus magnifique de toutes les sciences, la Science des Saints.

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