Les évêques et la contraception

De Salve Regina

Questions de morale sur le mariage
Auteur : Abbé V.-A. Berto
Source : Extrait d’Itinéraire n°129
Date de publication originale : janvier 1969

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen


On sait comment des épiscopats entiers ont refusé d'entendre l'adjuration finale aux évêques de l'Encyclique Humanae vitae, si touchante, si émouvante pour tout cœur bien né.

 

L' « Assemblée plénière » française vient de se signaler par une énorme imposture collective, qui est en même temps une énorme insulte à toute la tradition catholique, à la tradition des saints comme à la tradition des docteurs, auxquels on impute frauduleusement d'avoir dit ce qu'ils ont constamment refusé de dire.

 

On ose imputer à la « morale » et à la « sagesse traditionnelle » d'enseigner que, dans ce qu'on appelle un « conflit de devoirs », elles « prévoient » (quel français !) « de rechercher devant Dieu quel devoir en l'occurrence est majeur ».

 

Mais, quand on se trouve en présence d'une action INTRINSÈQUEMENT MAUVAISE, ni la « morale », ni la « sagesse traditionnelle » n'admettent qu'il y ait « conflit de devoirs ». On doit éviter à tout risque l'INTRINSÈQUEMENT MAUVAIS, en faisant d'ailleurs ce qu'on peut pour porter remède aux conséquences éventuelles. Et de ce qu'on ne pourrait pas éviter, on se remet à Dieu qui l'a ainsi permis.

L'INTRINSÈQUEMENT MAUVAIS est un mur infranchissable, ou plutôt on est devant la face de Dieu, et il n'y a qu'à dire avec le patriarche Joseph : « Comment donc pourrais-je faire ce mal, et pécher envers mon Dieu ? Quomodo ergo possum hoc malum facere et peccare in Deum meum ? »

 

Ou bien, selon l'interprétation que la tradition catholique unanime a toujours donnée du mot de saint Paul, il n'est pas permis de faire ce qui est (intrinsèquement) mal pour qu'il en arrive du bien : « non faciamus mala ut veniant bona ». Ce que l’on traduit couramment, et presque vulgairement, par l'axiome : la fin ne justifie pas les moyens. La moralité des moyens doit être pesée en elle-même, et un moyen intrinsèquement mauvais doit être rejeté, quelque soit le bien qu'on se promet de son emploi.

 

On ne peut supposer que l’ « Assemblée plénière » ait ignoré ces vérités élémentaires ; on doit donc crier qu'en faisant dire à la « morale » et à la « sagesse traditionnelle» ce qu'elles ne disent pas, ce qu'elles ont toujours condamné avec dégoût, l' « Assemblée plénière » a MENTI et CALOMNIÉ.

 

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Parlant du même exécrable abus, la contraception directe et volontaire, saint Augustin dit que les époux qui vivent ainsi dans le mariage ne sont pas des époux, « LA FEMME Y EST LA PROSTITUÉE DE SON MARI, LE MARI Y EST L'ADULTÈRE DE SA FEMME, aut illa est quodammodo meretrix mariti, aut ille adulter uxoris » [1].

 

Quinze siècles plus tard, le cardinal Pie, s'entretenant avec son clergé du même triste sujet (car, si on n'en était pas aux procédés hormonaux ou chimiques, on savait déjà, et de plus d'une manière, procurer la contraception), le cardinal Pie, disions-nous, rappelait à ses prêtres que « le Saint-Office a condamné, comme scandaleuses, erronées, contraires à la nature de l'union conjugale, et déjà implicitement réprouvées par Innocent XII, les propositions qui tendaient à excuser ce hideux abus du mariage, ou à jeter quelque doute sur son opposition avec le droit naturel... Le péché dont. il s'agit est contraire à la loi naturelle et, commis volontairement, il est toujours mortel en lui-même, voilà ce qui est hors de tout doute ». Il ajoutait un peu plus loin : « Mais enfin, Messieurs, ou il faut déchirer toute la théologie, ou les sacrements ne peuvent pas, ne doivent pas être sciemment donnés aux indignes. » [2]

 

Aussi l' « Assemblée plénière » n'y est pas allée par quatre chemins : ELLE A DÉCHIRÉ TOUTE LA THÉOLOGIE.

 

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Sous cette calomnie dont elle a souillé la « morale » et la « sagesse traditionnelle », l' « Assemblée plénière » a camouflé l'arrière-pensée que la contraception directe et volontaire ne serait pas intrinsèquement mauvaise. Oh! ce n'est pas dit franchement ! Comme toute assemblée officielle ‑ sauf assistance particulière de Dieu ‑ celle-ci est de sa nature fourbe et lâche, ayant en vue, non point ce qui est, mais l'effet que produiront ses déclarations : « dites-nous des choses qui nous plaisent, loquimini nobis placentia ». En vain y chercherait-on la droiture évangélique : « Oui quand c'est oui, non quand c'est non, est, est ; non, non. » On laisse seulement entendre que la contraception directement et volontairement procurée n’est pas intrinsèquement mauvaise, qu'elle ne brise pas la finalité essentielle du mariage, alors que l'union conjugale est non point par circonstance, mais par identité, en vertu de l'émission masculine qu'elle comporte, l'acte essentiellement ordonné à la procréation ; on laisse entendre qu'elle peut être nécessaire à « l'équilibre des époux » ou à « l'harmonie du foyer », alors que, comme dit le P. Vermeersch, après saint Augustin, après le cardinal Pie, après mille autres, « ce vice est exécré de la nature même, a natura abhorreri », et que « c’en est fait de la dignité du mariage, de dignitate mairimonii actum est, si on le tolère » ; alors qu'au contraire, comme tout directeur en a fait cent fois l'expérience, comme l'enseigne Humanae vitae, « l'harmonie du couple » et « l'équilibre du foyer » se trouvent, et ne se trouvent que dans l'humble soumission à la loi de l'institution primordiale du mariage, dans l'aide mutuelle, dans la piété, dans la prière, dans le recours assidu aux sacrements.

 

Pour faire plus que « laisser entendre », il faudrait d'abord démontrer cette proposition : « la contraception directement et volontairement procurée n'est pas intrinsèquement mauvaise » , démonstration cent et mille fois elle-même démontrée impossible, et l' « Assemblée plénière » le sait pertinemment. Ensuite, ce serait ouvertement contredire l'Encyclique, et l' « Assemblée plénière » s'en garde avec soin ; il est plus conforme à son génie de ne la contredire qu'hypocritement.

 

On laisse donc dans une pénombre utile ce point fondamental, principal, capital, et à la faveur de l'obscurité, on jette sur la couche nuptiale sans tache, thorus immaculatus, des couples qui se chargeront de la salir, ‑ mais vertueusement, comment donc!

 

Et comme aucune distinction n'est faite dans la « Note pastorale » entre les voies et moyens de contraception, rien n'empêchera les jeunes fiancés de demander  à leur évêque de bénir, avec leur anneau de noces, quelques capotes anglaises. Il ne peut vraiment pas leur refuser ça!

 

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Telle est la situation présente, et elle est épouvantable. L' « Assemblée plénière », en matière doctrinale, s'est séparée d'avec le Souverain Pontife, et d'avec l’Église de tous les siècles. C'est une séparation dans l'espace d'avec le Pape aujourd'hui régnant, d'avec d'autres épiscopats, et c'est une séparation dans le temps, une séparation d'avec l'enseignement constant, universel, ininterrompu, de toute l’Église.

 

Les textes que nous disposons ci-dessous sur deux colonnes pour plus de clarté, sont décisifs. Non seulement la « Note pastorale » s'écarte de l'Encyclique, mais elle met calomnieusement au compte de l'enseignement constant de la « morale » et de la « sagesse traditionnelle » une solution qui ne fut jamais la leur dans le cas considéré. Un cas analogue est celui de l' « avortement thérapeutique ». Que faire, si l'on ne peut sauver la mère qu'en assassinant l'enfant ? Une certaine déontologie parlait alors aussi d'un prétendu « conflit de devoirs », et concluait à sauver la mère par le meurtre de l'enfant. L’Église n'a jamais, nous disons bien jamais, accepté cette solution. Le médecin doit jusqu'au bout faire tous ses efforts pour sauver les deux vies, on ne peut assimiler l'enfant à un « injuste agresseur », et le meurtre d'un innocent est alors intrinsèquement mauvais. Mais alors la mère et l'enfant périssent ? Peut-être, et ce seront deux grands malheurs, mais aucun péché. L'ancien professeur de théologie morale ‑ et actuellement aumônier de clinique ‑ qui nous a remis en mémoire si fort à propos le cas de l' « avortement thérapeutique » ajoutait que grâce à la fermeté de l’Église (jointe aux progrès de la médecine) façonnant la conscience des médecins et des époux chrétiens, on en est venu peu à peu à transformer la déontologie médicale, et à faire disparaître la pratique criminelle de l' « avortement thérapeutique ».

 

Voici donc les textes

HUMANaE VITAE, (§ 14)

 

« Il n'est jamais permis, même pour de très graves raisons de FAIRE le mal afin qu'il en résulte un bien, c'est-à-dire de prendre comme objet d'un acte positif de volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et par conséquent une chose indigne de la personne humaine, même avec l'intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux. »

NOTE PASTORALE, (§ 16)

 

« Il arrive en effet que les époux se considèrent en face de véritables conflits de devoirs ... A ce sujet nous rappelons simplement l'enseignement constant de la morale : quand on est dans une alternative de devoirs où quelle que soit la décision prise on ne peut éviter un mal, la sagesse traditionnelle prévoit de rechercher devant Dieu quel devoir en l'occurrence est majeur. »

 

Il est impossible de s'y méprendre : la « Note pastorale » ne se justifierait que dans l'hypothèse où la contraception directe, et volontaire ne serait pas intrinsèquement mauvaise. Et le Souverain Pontife, avec toute la tradition depuis l’Évangile, écrit en effet qu' « il est parfois licite de TOLERER un moindre mal moral afin d'éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand ». Alors, en effet, il y a « conflit de devoirs », ou pour parler plus justement, et encore avec le Pape, « hiérarchie de valeurs ». Ainsi de la maman qui a le devoir d'assister à la messe le dimanche, et aussi le devoir de rester à la maison pour prendre

soin de son enfant malade ; les exemples seraient infinis. Les deux devoirs « hiérarchisés » ne s’élident pas, puisqu'ils procèdent de chefs différents, mais la loi qui prescrit le moins important est suspendue par la loi qui impose l'autre. Manquer la messe demeure un mal dans l'en-soi, mais n’en est pas un pour Mme Dupont ou Mme Durant, qui reste chez elle un dimanche pour garder son bambin qui a gagné une pneumonie. Tout cela va vraiment de soi. Mais jamais, nous le redisons, jamais, au grand jamais, ni « la morale », ni « la sagesse traditionnelle » n'ont transposé ce raisonnement au cas où l'une des actions proposées constitue « un désordre intrinsèque », la rupture d'une finalité essentielle, inscrite dans la nature des choses, et l'Encyclique n'est pas moins ferme là-dessus. Mais si l'on ne perçoit pas ce désordre ? Alors il est absolument insuffisant de dire qu'on doit suivre sa conscience, même erronée. Il faut d'abord réformer cette conscience erronée, la remettre dans le vrai, et non comme le fait la « Note pastorale » l'entretenir dans le faux. Certes, il n'est pas toujours facile de redresser une conscience erronée ; il faut l'épurer de la passion, de l'intérêt, il faut fixer son intention sur le bien puisque, comme le dit saint Thomas, « c'est par rapport à la volonté rectifiée que l'on détermine la vérité de l'intellect pratique, veritas intellectus practici sumitur per conformitatem ad appetitum

rectum ». Nous n'hésitons pas à dire que dans la plupart des cas et dans la plupart des hommes, il faut s'en remettre. Mais à qui s'en remettre ? A l'autorité. Pour calculer la surface de la circonférence, s'il fallait avoir au préalable calculé la valeur de  p, ce ne sont pas seulement les écoliers du certificat d'études, c'est la multitude des adultes qui ne s'en tirerait pas. Mais on leur a appris, par voie d'autorité, que p = 3,1416. Et sachant cela, rien de plus aisé que de calculer  pR2. Il n'en va pas autrement en morale, soit par l'imperfection de la raison naturelle, même supposée intacte en sa vigueur, soit par les suites du péché originel. Il est absolument certain que dans l'état historique de l'humanité, la morale naturelle, non seulement ne peut être pratiquée intégralement et durablement sans l'appoint d'une grâce surnaturelle, mais même ne peut être connue totalement et clairement sans l'appoint de la lumière d'une Révélation surnaturelle (en fait la Révélation chrétienne). Si donc deux autorités égales prononçaient différemment en un point très grave de la morale, la conscience chrétienne serait jetée dans des ténèbres qu'elle ne dissiperait jamais. C'est à ce coup qu'il y aurait un « conflit de devoirs » ; et un conflit sans solution. Mais il n'en est pas ainsi, et Dieu y a pourvu. Nulle autorité en ce monde ne prévaut sur celle du Pontife romain ni ne lui est égale. Toute autorité qui se prononce contre elle est en cela abusive, trompeuse, et en outre, si l'Autorité suprême s'est déjà prononcée, rebelle et en son fond schismatique ; autant de chefs de nullité.

 

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La question dépasse même la personne du Pontife régnant, en ce que l'Encyclique Humanae vitae ne fait autre chose que renouveler un enseignement irréformable, aussi ancien, que l’Église romaine. Ceux qui ont amené Paul VI à supprimer l'ancienne Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office ont bien su ce qu'ils faisaient. Que le Pape, de sa personne, prît son temps, se donnât du champ pour la réflexion, pour l'étude, pour la prière, nul n'y a trouvé à redire. Il avait d'ailleurs, et à plusieurs reprises, déclaré que, jusqu'à ce qu'il, se prononçât, nul ne devait tenir pour abrogées ou « périmées » les normes  établies par ses prédécesseurs. Mais il n'y avait plus, dans sa propre Église locale de Rome, seule indéfectible de droit divin [3], aucun organe de vigilance qui pût faire respecter cette volonté du Saint-Père : il l'avait détruit de ses propres mains. Pendant quatre ans, les plus pernicieuses propagandes ont eu libre cours ; pendant quatre ans, les époux les plus fidèles, les plus chrétiens, les plus romains ont été non seulement troublés dans leur conscience par ces propagandes, mais bafoués, tournés en ridicule, insultés et méprisés, livrés sans protection à la raillerie, à l'insulte, à la perfide insinuation du doute; pendant quatre ans, ils ont fidèlement tenu leurs yeux levés vers ces collines romaines d'où ils espéraient le secours : levavi oculos meos ad montes unde veniet auxilium mihi. Qu'il y eût eu un Saint-Office, la vérité, l'ordre, la paix étaient en sûreté ; faute du Saint-Office, C'est le chaos. Quelles qu'aient pu être les espérances dont on pouvait se flatter en 1965, l'expérience a montré, et montre plus abondamment tous les jours, que les Évêques catholiques sont incapables de se passer de l'autorité, non seulement du Pape, mais de l’Église particulière de Rome. La distorsion présente, cet écartèlement effroyable, sont dus tout entiers à la suppression du Saint-Office qui a engendré, qui devait inévitablement engendrer, l'anarchie épiscopale. Ceux qui ont vu le péril ont été littéralement écrasés sous les clameurs « progressistes », C'étaient des « inquisiteurs », des « immobilistes », des « fanatiques de la romanité ». Et cependant l'illustre auteur du Paysan de la Garonne, tout en se plaignant d'avoir été lui aussi « dénoncé au Saint-Office » (plainte fort injuste, tout écrivain catholique étant exposé à de telles « dénonciations ») n’en écrit pas moins : « Il faut un Saint-Office ; seulement ce n'est pas moi que cela regarde. »

 

Non, cela ne regarde pas M. Jacques Maritain, mais son opinion n'est pas négligeable. Élevant donc notre humble voix vers « Celui que cela regarde », nous ne finirons pas sans adresser notre supplique au Saint-Père, à ce qu'il lui plaise rétablir la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office, avec ses prérogatives connaturelles d'organe nécessaire de l’Église Mère et Maîtresse. Les reproches qui ont été faits jusqu'en plein Concile au Saint-Office étaient la plupart très immérités et eux aussi calomnieux ; eussent-ils été tous mérités, tous fondés, ce n'était rien auprès des maux terribles que sa suppression a entraînés. Puisse donc revivre la très glorieuse et très vénérable Suprême Congrégation du Saint-Office, portion la plus illustre de la sainte Église romaine, vouée par son nom même au devoir le plus sacré de tous les devoirs, celui de garder jalousement intact, pour l'honneur de la vérité de Dieu, pour la paix et l'union de la famille catholique, le « dépôt de la foi, depositum fidei ».

 

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Que fera Paul VI ? Content d'avoir rempli sa fonction de Rocher et d'avoir ainsi sauvé l'avenir et même le présent, s'enfermera-t-il dans le silence pour éviter un plus grand mal ? Exigera-t-il que cette « Note pastorale », publiée aussitôt qu'arrêtée, et sans son aveu, soit révisée et refondue ? Nous ne savons. Les catholiques n'ont qu'une chose à faire, la tenir pour nulle. N'étant point juge, nous ne pouvons rien déclarer avec autorité. Mais, comme théologien particulier, reprenant les termes que le cardinal Pie empruntait du Saint-Office, nous constatons que la « Note pastorale » de l'Assemblée plénière contient des propositions « scandaleuses, erronées, contraires à la nature de l'union conjugale, déjà implicitement réprouvées par Innocent XII », et explicitement, ajoutons-nous, par l'Encyclique Humanae vitae. Le Pontife romain jouissant, aux termes de Vatican I – et c’est un article de foi ‑ d'un pouvoir vraiment ordinaire , épiscopal et immédiat sur tous les fidèles et sur chacun d'eux, étant l'Evêque de l'Eglise catholique, Episcopus Ecclesiae catholicae, l'Encyclique lie immédiatement la conscience de tous, sans aucun intermédiaire nécessaire. Ainsi, il y a obligation morale grave de se tenir purement et simplement à l'enseignement de l'Encyclique.

 

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L' « Assemblée plénière » est en droit une personne morale collégiale, un « dernier sujet d'attribution, ultimum subiectum attributionis », qui ne se résout pas dans les membres qui la composent, et LES PROPOSITIONS QU'ON ÉNONCE A SON SUJET NE CONVIENNENT PAS A CHACUN D’Eux. On ne peut donc attribuer à chacun d'eux pris à part ce qui n'est vrai que de la personne morale comme telle. Ceci n’est pas une précaution oratoire, nous croyons avoir montré que nous prenons nos responsabilités. Mais c'est notre persuasion profonde que ce texte néfaste n'a pas reçu des évêques une approbation unanime, et beaucoup s'en faut. Nous ne voyons pas comment plusieurs évêques, qui ont parlé déjà, et bien parlé, comme pasteurs de leurs diocèses, auraient pu, sans s'infliger à eux-mêmes le démenti le plus déshonorant, donner leur Placet à la « Note pastorale ». Quand le secret des Conférences épiscopales (bien plus étouffant, bien plus opprimant, bien plus noir que le secret du Saint-Office ne le fut jamais) aura été levé, on verra ce qu'on a vu, depuis que le monde est monde, dans l'histoire de toutes les Assemblées, les Conciles non exceptés. Quelques phraseurs non-évêques, glorieux de leur vain titre d'experts, habiles à faire prendre des vessies pour des lanternes, auront intimidé les uns, surpris la bonne foi des autres, mais non pas de tous. Seulement, quand il s’agit des Conciles œcuméniques, on est sûr au moins, que venue l'heure de la promulgation, l'Esprit-Saint fera toujours que nulle hérésie ne soit définie. Verrons-nous ici-bas la levée de ce secret ? Nous l'ignorons, mais ce qui se lèvera, c'est le jour de la lumière d'or de l'éternité, où tous les secrets seront révélés.



  1. De nuptiis et concupiscentia, XV, 17.
  2. Lettre synodale au clergé diocésain, décembre 1857.
  3. Nous nous proposons de nous expliquer plus tard sur la distinction entre l'autorité personnelle du Pape et l'autorité propre de l’Église romaine, « mère et maîtresse » de toutes les Églises épiscopales.
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