La Sainte Vierge et la France : Différence entre versions

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Philosophie historique
Auteur : P. Réginald Garrigou-Lagrange, O.P.
Source : Appendice de l'ouvrage La mère du Sauveur et notre vie intérieure
Date de publication originale : 1941

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen

La Sainte Vierge et la France

Nous achevons cet ouvrage un an après la défaite de juin 1940, défaite qui a été la suite manifeste des fautes accumulées par les gouvernants qui déchristianisaient la France, en désorganisant le travail, la famille et la patrie. Comme l'a dit le maréchal Pétain après ces douloureuses journées de juin 1940 : « L'esprit de jouissance a détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. On a revendiqué plus qu on n'a servi. On a voulu épargner l'effort; on rencontre aujourd'hui le malheur... Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal... Mais j'ai foi dans le relèvement de la France... Son passé répond de son avenir. La patrie demeure intacte tant que subsiste l'amour de ses enfants pour elle. La France remettra en honneur les grandes vérités de la morale chrétienne qui ont formé la base solide de notre civilisation. »

La défaite a eu du moins l'heureux résultat de nous délivrer des mauvais bergers. Depuis un an on constate l'effort généreux de beaucoup pour le relèvement intellec­tuel, moral et spirituel de notre patrie dont, l'honneur est sauf.

Pour retrouver la vitalité et les saines énergies néces­saires à ce relèvement, nous avons besoin du secours de Dieu, nous l'obtiendrons par l'intercession de Marie, en, nous rappelant ce qu'elle a fait pour la France au cours de notre histoire, lorsque tout paraissait perdu. Rappe­lons d'abord les centres de prière de notre patrie.


Les sanctuaires anciens et nouveaux de Notre-Dame

Depuis le haut moyen-âge, l'ancienne France était cons­tellée de sanctuaires de la Sainte Vierge. Il suffit de rap­peler les principaux : Notre-Dame de Paris, commencée au début du VIe siècle, continuée sous saint Louis ; Notre­-Dame de Chartres, plus ancienne encore ; Notre-Dame de Rocamadour, où allèrent prier Blanche de Castille et saint Dominique ; Notre-Dame du Puy, que visita saint Louis ; Notre-Dame de la Garde à Marseille ; Notre-Dame de Fourvière à Lyon ; beaucoup de sanctuaires connus sous le nom de Notre-Dame du Bon Secours, Notre-Dame de Pitié, Notre-Dame de la Délivrance, Notre-Dame de Recouvrance, Notre-Dame de Toutes-Aides. Que de mira­cles et de grâces accordés au cours des siècles en ces lieux de pèlerinages !

Les sanctuaires plus récents de Notre-Dame du Laus, dans les Alpes, de Notre-Dame de la Salette, Notre-Dame de Lourdes, Notre-Dame de Pontmain, Notre-Dame de Pellevoisin et combien d'autres, nous disent que la béné­diction de Marie est toujours sur nous. Récemment, qua­rante-trois paroisses, quarante-trois nouvelles Notre-­Dame ont été construites autour de Paris.

C'est elle aussi qui a inspiré autrefois sainte Geneviève, patronne de Paris, et Jeanne d'Arc, la sainte de la patrie.

Aux moments les plus difficiles, elle a suscité des Ordres religieux, comme celui de Cîteaux, illustré par saint Bernard ; celui de saint Dominique, fondé à Tou­louse ; elle a donné au Carmel de France une admirable vitalité, ainsi qu'à beaucoup de congrégations religieuses fondées avant ou après la tourmente révolutionnaire, et qui souvent portent son nom.

Comme le rappelait Pie XI, en proclamant en 1922 Notre-Dame de l'Assomption patronne principale de notre patrie, la France a été justement, appelée « le royaume de Marie », car elle lui fut consacrée par Louis XIII, qui ordonna que chaque année des fonctions solennelles se fassent le 15 août en la fête de l'Assomp­tion. Dans le même discours, Pie XI rappelait que trente-­cinq de nos églises cathédrales sont placées sous le voca­ble de Notre-Dame ; il évoquait, comme une réponse du ciel à la piété française, les apparitions et les miracles de Marie sur notre sol et saluait en Clovis et plusieurs de nos rois les défenseurs et les promoteurs de cette dévo­tion à la Mère de Dieu.


Dans un livre récent, La Vierge Marie dans l'histoire de France, 1939, écrit par M. A.‑L. de la Franquerie, on trouve l'exposé des interventions multipliées de la Sainte Vierge pour le salut de notre patrie. Comme le dit dans la préface de ce livre S. Em. le cardinal Baudrillart : « On tourne les pages de cet ouvrage, on s'étonne, ou se demande : est-ce possible ? Et puis le regard. descend au bas de ces pages vers d'abondantes références, vers des lectures innombrables, vers les sources, vers une érudi­tion de première main… Nous devons aussi à M. de la Franquerie un étonnant tableau, à travers les âges, un éclatant et merveilleux bouquet des vertus religieuses et de la piété mariale en France. C'est le flux et le reflux incessant un mouvement entraînant l'autre, de la nation qui invoque et du ciel qui exauce. Vision d'espérance pour le présent et pour l'avenir. »

Nous rappellerons les principaux documents recueillis par M. de la Franquerie, ceux relatifs aux grandes pério­des de notre histoire, pour souligner les principales inter­ventions de la Sainte Vierge en notre faveur.


De Clovis et de saint Remi jusqu'à la mort de Jeanne d'Arc

Ce que nous savons du sanctuaire de Ferrières dans le Sénonais, que visita Clovis, à la reconstruction duquel il contribua, et où venait prier sainte Clotilde, montre assez clairement l'action de Marie dans la conversion de Clo­vis et l'établissement de la royauté chrétienne[1]. Les paroles de saint Remi qui nous ont été conservées et qu'explique son testament sont bien connues : « Le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l'Eglise romaine qui est la seule véritable Eglise du Christ… Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera fidèle à la foi romaine. Mais il sera rudement châtié tou­tes les fois qu'il sera infidèle à sa vocation[2]. » Cette prophétie s'est incessamment réalisée.

De tous les rois de France, le plus fidèle à cette voca­tion fut incontestablement saint Louis, qui eut pour la Sainte Vierge la plus grande dévotion, comme le mon­trent les églises qu'il fit construire en son honneur (cf. op. cit ., pp. 63‑75). Il venait souvent prier Marie à Notre-­Dame de Paris et quand il eut construit la Sainte-Cha­pelle, attenante à son palais, pour y recevoir les précieu­ses reliques de la Passion du Sauveur, sa piété ne séparant pas la Mère du Fils, il tint à ce que la crypte, de la chapelle soit dédiée à la Sainte Vierge. Avant sa première croisade, il vint s'agenouiller à Notre-Dame de Pon­toise devant l'image miraculeuse pour lui consacrer le sort de la France, de son armée et de sa personne (p. 70). Au cours de la croisade, au milieu des pires dangers, le calme ne l'abandonna jamais. C'est au prestige de sa sainteté qu'il dut aussi l'universelle influence qu'il exerça sur ses contemporains et put mener à bien les réformes fondamentales qu'il imposa. Pendant la dernière croisade, à laquelle il prit part, il mourut de la peste à Tunis, le samedi 25 août 1270, en manifestant une dernière fois sa piété pour la Mère de Dieu (p. 74).

Son fils, Philippe III le Hardi, se montre son digne héritier. Mais dans la suite les fautes de Philippe le Bel à l'égard du pape Boniface VIII sont châtiées comme l'a­vait annoncé saint Remi. Ses trois fils lui succèdent sur le trône sans laisser d'héritier. La couronne passe à la branche des Valois et la guerre de Cent ans commence du fait que le roi d'Angleterre refuse de reconnaître la loi salique qui régit l'ordre de succession au trône de France (op. cit., pp. 77‑79).

Pendant toute cette période, les Valois règnent, con­naissant le plus souvent la défaite malgré leur incontes­table courage, et ne cessant d'invoquer le secours de Marie, jusqu'au jour où, les fautes enfin expiées, la Reine du ciel interviendra par Jeanne d'Arc pour maintenir inviolée la loi salique et sauver la France du joug de l'Angleterre, qui aurait pu nous entraîner dans l'héré­sie, car elle passa au protestantisme au siècle suivant.

Sous Philippe VI de Valois et sous Jean le Bon, les désastres vont s'amplifiant, c'est la déroute de Crécy, puis celle de Poitiers. Le roi Jean est fait prisonnier. Le peu­ple se jette aux pieds de Marie. Humainement, la France est perdue; en 1360, elle est presque réduite à l'état de province anglaise. La situation est désespérée, Marie y pourvoit. L'armée anglaise se dispose à mettre le siège devant Chartres, lorsqu'un ouragan des plus violents ne lui permet pas d'avancer. Le roi d'Angleterre voit dans ce fléau l'intervention de Notre-Dame de Chartres et fait la paix, qui ne dure guère.

Sous Charles V le Sage, qui a une foi profonde et une grande piété envers Marie, Bertrand du Guesclin et Oli­vier de Clisson réorganisent l'armée et libèrent une grande partie du territoire du joug anglais.

Mais le règne de Charles VI est marqué par l'invasion anglaise, la trahison de la reine, Isabeau de Bavière, et celle du duc de Bourgogne, la guerre civile, la famine, la folie du roi met le comble au désarroi général. Finale­ment. le roi meurt en 1422. La situation paraît désespérée.

Le peuple supplie la Sainte Vierge de venir au secours, et Charles VII n'a plus d'autre espoir. C'est le moment où Jeanne d'Arc vient nous sauver de l'invasion anglaise : « Je suis venue au roi de France de par la bienheureuse Vierge Marie ! » dira-t‑elle à ses juges; et de fait il n'est pas de grand événement de la vie de la Pucelle auquel Marie ne soit mêlée. Sur son étendard, deux noms sont inscrits : « Jhésus-Maria ! » A Orléans, c'est après avoir prié Marie, près de la chapelle de Notre-Dame des Aides, que Jeanne remporte sur les Anglais la grande victoire qui sauve la France. Aussitôt après, elle fait chanter le Te Deum dans l'église de Notre-Dame des Miracles. Elle renouvelle le pacte conclu à Tolbiac; elle demande son royaume à Charles VII, qui le lui donne. Elle-même l'of­fre à Jésus-Christ, qui par elle le remet au roi (cf. op. cit., p. 100). Ce pacte proclame la royauté universelle du Christ sur le monde et particulièrement sur notre patrie.

Mais après le sacre du roi à Reims, le reste de la mis­sion de Jeanne d'Arc : l'achèvement de la délivrance de la France et la reconnaissance de la royauté du Christ, ne pouvait s'accomplir que par son martyre, qui est le point culminant de la vie de Jeanne et la preuve de la sainteté de sa mission scellée par son sang. Après la déli­vrance du territoire, Charles VII tient à venir faire hom­mage de ses victoires à Notre-Dame du Puy, au pied de laquelle il était venu si souvent prier au temps de ses malheurs. Jeanne d'Arc avait catégoriquement affirmé que, « nonobstant sa mort, tout ce pourquoi elle était venue s'accomplirait » (op. cit., p. 107).


Depuis la mort de Jeanne d'Arc jusqu'aux martyrs de la Révolution

Louis XI réunit à la Couronne : le Berry, la Norman­die, la Guyenne, la Bourgogne, l'Anjou, le Maine et la Provence. Malheureusement, il commet un abus de pou­voir doublé d'un crime, il participe au meurtre du prince évêque de Liège. Saint François de Paule annonce alors au roi qu'il a un an pour expier son crime. Louis XI, pen­dant cette année, se livre à une rude pénitence, fait construire une chapelle réparatrice, et meurt le jour annoncé. Son crime était pardonné, mais l'expiation devait suivre : sa descendance fut rejetée : son fils Charles VIII n'eut pas d'héritier salique et le trône passa à son cousin Louis XII. Saint Remi avait écrit dans son testament, au sujet du roi infidèle à sa vocation : « Que ses jours soient abrégés et qu'un autre reçoive la royauté » (op. cit., p. 118). C'est la seconde fois que cette prophétie se réa­lise, elle se réalisera encore et prochainement.

Louis XII témoigne sa reconnaissance à Marie pour plusieurs faveurs qu'il avait reçues. François Ier fait de même après l'éclatante victoire de Marignan, il construit à Milan une église en l'honneur de la Mère de Dieu. Mais la protection divine l'abandonne quand il favorise la renaissance païenne, pactise avec les protestants, érige en dogme le droit à l'erreur. Il est fait prisonnier à Pavie (1525). Il se repent, offre une réparation à la Sainte Vierge en trois églises, de Bayonne, du Puy, de Paris ; mais il retombe dans ses erreurs et de nouveau la protection divine lui fait défaut, la prophétie de saint Remi se réa­lise une fois de plus : coup sur coup, six sur sept de ses enfants meurent, et le pays est mûr pour les guerres de religion.

La situation s'aggrave avec Catherine de Médicis. Les protestants ne tardent pas à ravager la France, à incen­dier et détruire les églises, les monastères, mais ils ont compté sans Marie ; c'est à la dévotion de la France à la Sainte Vierge que le protestantisme doit sa défaite. L'un des premiers attentats des Huguenots avait été une sacri­lège profanation d'une statue de la Sainte Vierge. Par contre, le traité de Péronne, qui organise la Ligue, est confié à Celle qui triompha toujours de l'hérésie. Sous son influence, l'âme de la France se réveille. Les princes de la maison royale sont les premiers à s'inscrire. Cha­que ligueur s'engage par serment : « A maintenir la dou­ble et inséparable unité catholique et monarchique du saint royaume de France telle qu'elle fut fondée miraculeusement au baptistère de Reims, par saint Remi ; telle qu'elle fut restaurée miraculeusement par Jeanne d'Arc ; telle qu'elle est inscrite dans la loi salique.

« A faire dans ce but le sacrifice de leurs biens et de leur vie… »

Finalement, après bien des luttes, c'est aux pieds de Notre-Dame que vient échouer l'hérésie Dans la conversion d'Henri IV, qui revient au catholicisme, et par son sacre à Notre-Dame de Chartres (op. cit., p. 130).

Avec son premier ministre Sully, il restaure complète­ment le royaume, réduit les impôts, réorganise l'agriculture, relève le commerce et l'industrie, favorise les entreprises coloniales, et grâce à son appui, Champlain fonde Québec. A la fin de son règne, la France était redevenue le pays le plus riche, le plus prospère, le plus peuplé.


Après Henri IV, Louis XIII, le juste, modèle du roi très chrétien, consacre la France à Marie. Ayant appris la ferveur avec laquelle on récitait le Rosaire à Paris dans l'église des Frères Prêcheurs tous les samedis pour le royaume, il fait pratiquer la même dévotion dans son armée, pour triompher des protestants.

La victoire sur les Calvinistes soutenus par l'Angleterre est si éclatante que l'Université de Paris, le 1er novembre 1628, déclare : « Nous attestons hautement que la plus grande partie de notre France infectée par la peste de l'hérésie a été assainie par le Rosaire de saint Dominique » (cf. op. cit., p. 144).

Louis XIII, ayant été ainsi exaucé, fonda Notre-Dame des Victoires, le 9 décembre 1629.

Le 5 septembre 1638, la naissance de Louis XIV est l'occasion déterminante de l'acte officiel par lequel Louis XIII consacre la France à la Sainte Vierge et institue la procession solennelle du 15 août.

Le règne même de Louis XIII s'achève dans la gloire et une pléiade de saints est donnée à la France : saint François de Sales, sainte Jeanne de Chantal, saint Vincent de Paul, sainte Louise de Marillac, saint Jean Eudes. Tout le renouveau chrétien du XVIIe siècle, comme le grand siècle lui-même, sont issus directement du règne de Louis le Juste et de son acte de consécration de la France à Marie.

L'auteur de l'ouvrage que nous résumons conclut (p. 166) : « En consacrant la France à la Sainte Vierge, Louis XIII donnait à la Reine du ciel un droit de pro­priété total et irrévocable sur notre pays, et Marie ne peut pas abandonner définitivement au Pouvoir de Satan ce qui lui appartient spécialement, sans encourir du même coup, une diminution définitive de sa toute-puis­sance d'intercession, de sa souveraineté et de sa royauté, ce qui est une impossibilité. »


Louis XIV vint à Chartres le 25 août 1643, dès le début de son règne, pour le placer sous la protection de Marie ; il renouvela cette consécration chaque année et, même au temps de ses erreurs, il conserva une réelle dévotion à la Mère de Dieu ; c'est ainsi qu'il s'imposa l'obligation de réciter quotidiennement le chapelet. Comme le mon­tre Mgr Prunel dans son livre, La Renaissance catholique en France au XVII° siècle, l'épiscopat eut dans son ensemble une vie profondément digne et apostolique, il prit pour modèle saint François de Sales. Les Ordres religieux furent réformés : bénédictins, cisterciens, augus­tins, dominicains, rivalisent d'ardeur pour refaire une France nouvelle. Saint François de Sales et sainte Chantal fondent la Visitation, les carmélites sont introduites en France par Mme Acarie, le cardinal de Bérulle institue l'Oratoire, saint Jean Eudes la congrégation des Eudistes, saint Vincent de Paul les Prêtres de la Mission et les Fil­les de la Charité. M. Olier établit le séminaire de Saint-Sulpice et peu à peu s'organise un séminaire en chaque diocèse. A la fin du règne de Louis XIV, le Bx de Montfort, fondateur de la Compagnie de Marie et des Sœurs de la Sagesse, évangélise le Poitou, l'Anjou, la Vendée, et en ces contrées inculque aux âmes une profonde dévotion au Sacré-Cœur et à Marie, qui les protégera contre les habiletés des philosophes du XVIIIe siècle et contre l'impiété révolutionnaire, d'où l'héroïsme de ces populations pendant les guerres de Vendée, sous la Terreur.

Le tableau de la renaissance catholique en France au XVIIe siècle serait incomplet si l'on ne parlait pas de l'évangélisation du Canada par les religieux et les reli­gieuses françaises, qui de Québec rayonnent dans toutes ces régions ; c'est ainsi qu'en 1642 commence à s'établir Montréal sous le nom de Ville-Marie (cf. G. Goyau, L'E­popée française an Canada).

Saint Vincent de Paul envoie des Lazaristes évangéli­ser Alger, Bizerte, Tunis et même Madagascar. Des jésui­tes français, des carmes, des capucins, partent pour la Chine et le Tonkin. Le séminaire des Missions étrangères est fondé et aussi la Congrégation du Saint-Esprit, pour former également des missionnaires.

Ce renouveau catholique au XVIIe siècle montre les fruits de la consécration du royaume de France à Marie, consécration renouvelée par Louis XIV lorsqu'il plaça son règne sous la protection de la Mère de Dieu.

Dans son Histoire du culte de la Sainte Vierge en France (I, pp. 128 ss.), Hamon remarque : « Jusqu'au XVIIe siècle, la dévotion à Marie va toujours croissant, et là, plus que jamais, elle resplendit de toutes parts... (Mais peu après) l'esprit religieux et par une conséquence nécessaire l'amour de la Sainte Vierge, s'affaiblirent sous la Régence, diminuèrent sous le souffle glacé du Jansé­nisme ; les jours néfastes de la France se préparaient. »

Débauché et sans convictions religieuses, le Régent laissa les incrédules et les libertins préparer le terrain aux sociétés secrètes et battre en brèche les traditions les plus sacrées. Les premières loges maçonniques s'instal­lent en France et vont essaimer dans tout le royaume, formant un réseau formidable et secret qui minera sour­dement l'édifice et le fera s'écrouler lors de la Révolution. La prophétie de saint Remi va se réaliser de nouveau.

Comme le confirment des travaux récents sur les socié­tés secrètes, avec une duplicité et une adresse sataniques la Maçonnerie flatte l'orgueil, l'ambition, la jalousie, se sert des esprits chimériques. Elle pousse ses adeptes aux plus hautes charges et mine peu à peu toutes les admi­nistrations, jusqu'à l'armée et la marine. Tous les philo­sophes du XVIIIe siècle sont ses adeptes, et l'Encyclopé­die est la somme de ses erreurs. Elle travaille sans relâche à la déchristianisation de la France.

A la mort de Louis XV, les loges, par la bouche de Turgot, cherchent à obtenir la suppression du sacre, pour laïciser la royauté très chrétienne. On calomnie grave­ment la reine.

Louis XVI s'aperçoit que la tourmente commence ; le 10 février 1790, il renouvelle le vœu de Louis XIII en consacrant la France au Cœur immaculé de Marie.

Plus tard, en opposant son veto au décret de déporta­tion des prêtres, il comprend qu'il joue sa couronne et s'expose à la mort ; mais devant l'émeute déchaînée, il répond fièrement aux meneurs : « Plutôt renoncer à la couronne que de participer à une semblable tyrannie des consciences. » Il meurt plutôt que de trahir la mission confiée par Dieu à sa race.

La Révolution est alors le signal des crimes les plus atroces ; dans sa haine satanique contre Dieu, elle va beaucoup plus loin que ceux qui l'ont déclenchée, elle les mène et veut déchristianiser à jamais la France. Satan semble triompher. Mais sa victoire ne peut être défini­tive : la France a été consacrée à Marie. C'est un des grands motifs qui permettent d'espérer sa résurrection, lorsque l'expiation aura été suffisante.

Au point de vue de la foi, qui est celui de Dieu, ce qu'il y a de plus grand sous la Terreur c'est évidemment le martyre de beaucoup de victimes qui consommèrent leur sacrifice en invoquant la Sainte Vierge, telles les martyres d'Orange et les carmélites de Compiègne, les ursulines de Valenciennes.

Comme l'a montré M. Gautherot dans son livre L'Epo­pée vendéenne, après la résistance la plus héroïque et souvent victorieuse, c'est en chantant le Salve Regina, le Magnificat ou les cantiques populaires à la Sainte Vierge, que les Vendéens versèrent leur sang.

En dix ans, le P. de Montfort avait remué si profondément, à la fin du XVIIe siècle, ces provinces de l'Ouest, que les petits-fils de ses auditeurs se levèrent d'un bond pour défendre leur foi, portant sur la poitrine le scapulaire du Sacré-Cœur et le chapelet à la main. Si bien que, de son propre aveu, Napoléon a négocié le Concordat parce qu'il n'aurait pu venir à bout de ces provinces sans y rétablir la religion. Chouans et Vendéens sauvèrent ainsi la religion en France, malgré leur défaite.

Mgr Freppel, dans son Panégyrique du Bx de Montfort prononcé à Saint-Laurent-sur-Sèvre le 8 juin 1888, concluait : « On peut dire que la résistance de la Vendée à l'œuvre satanique de la Révolution sauva l'honneur de la France… Contre le désordre révolutionnaire issu des utopies dangereuses d'un Jean-Jacques Rousseau et des philosophes du XVIIIe siècle, elle défendit, au prix de son sang, cet ordre social chrétien, qui avait fait, pendant des siècles, l'honneur et la force de la France. Surtout, c'est grâce à la résistance acharnée et indomptable de la Vendée que la France put recouvrer ses libertés religieuses. Infructueux en apparence, leur sacrifice ne restera pas stérile. Car s'il est vrai que le sang des martyrs de vient une semence féconde et que Dieu mesure son pardon à nos expiations ; si, quelques années après cette guerre de géants, comme l'appelait un homme qui s'y entendait, vous avez vu vos autels se relever, vos prêtres revenir de l'exil et l'Eglise de France se relever de ses ruines, plus forte que jamais, c'est que le sang des justes avait mérité toutes ces restaurations. »


Depuis la Révolution jusqu'à nos jours

C'est en la fête de l'Assomption, le 15 août 1801, que Pie VII ratifia le Concordat, et le 8 septembre suivant, autre fête de la Sainte Vierge, le Premier Consul y apposa sa signature. Marie résolut de sauver la France, dont la résurrection avait été achetée par les plus pures victimes sous la Terreur.

Les régimes politiques qui, dans la suite, ne voulurent pas reconnaître les droits de Dieu et nos devoirs, s'écrou­lèrent misérablement pour montrer que Dieu seul peut donner la stabilité et la durée.

Marie manifesta son action par la restauration ou la fondation d'instituts religieux pleins de zèle, en suscitant de vaillants défenseurs de la foi, et par des interventions personnelles comme celles de la Salette, de Lourdes et de Pontmain.

Tout d'abord, l'abbé Emery restaure Saint-Sulpice, où se forment la plupart des grands évêques de la première moitié du XIXe siècle ; peu à peu reparaissent en 1808 les Frères des Ecoles chrétiennes, en 1814 les Jésuites, en 1815 les Missions étrangères, la Trappe, en 1816 les Chartreux, en 1837 les Bénédictins avec Dom Guéranger, en 1839 les Dominicains avec le P. Lacordaire.

Puis surgit un nombre considérable de congrégations nouvelles, en particulier celles des Maristes, des Oblats de Marie Immaculée, des Marianistes, des Pères du Sacré-Cœur de Bétharram, celles des Dames du Sacré-Cœur, des religieuses de l'Assomption, des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, des Oblats et des Oblates de saint François de Sales, celle du Bon Pasteur d'Angers, etc.

Dès 1825, à Lyon, Pauline Jaricot organise l'œuvre du « Rosaire vivant » et trois ans après fonde la Propaga­tion de la Foi.

Pour évangéliser la classe ouvrière restée sans défense depuis que la Révolution avait supprimé les corporations, qui assuraient aux ouvriers la sécurité dans l'honnêteté, d'admirables œuvres sont fondées : les conférences de Saint-Vincent-de-Paul, établies par Ozanam, l'Institut des Frères de Saint-Vincent-de-Paul, les cercles ouvriers, les œuvres de patronage. Pour assister les pauvres et les vieillards, plusieurs congrégations sont fondées, en parti­culier en 1840 les Petites Sœurs des Pauvres, qui assis­tent aujourd'hui quarante mille vieillards, et ensuite les Petites Sœurs de l'Assomption.

La France a repris aussi depuis la Révolution sa noble mission d'évangéliser le monde entier, par les anciens Ordres restaurés, par les fondations nouvelles des Mis­sions africaines de Lyon, des Pères Blancs du cardinal Lavigerie, des Missionnaires de la Salette, des Mission­naires Franciscaines de Marie.

La Sainte Vierge a suscité encore d'éminents défen­seurs de la foi comme Joseph de Maistre, de Bonald, La­cordaire, Montalembert, Louis Veuillot, Dom Guéranger, le cardinal Pie, qui vit dans la proclamation du dogme de l'immaculée Conception le signe certain des prochains triomphes de l'Eglise et de la France.


Marie est enfin personnellement intervenue de façon exceptionnelle plusieurs fois au cours du XIXe siècle.

En 1830, au moment où les secousses de la Révolution agitent le sol de la patrie et renversent le trône, la Sainte Vierge apparaît à une humble fille de Saint-Vincent de Paul, encore novice, Catherine Labouré, et lui révèle la médaille miraculeuse qui porte l'inscription : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! » Elle prélude ainsi à la proclamation du dogme de l'immaculée Conception, aux apparitions de Lourdes et aux prodiges qui en seront la conséquence. Sur cette mé­daille sont aussi représentés le cœur sacré de Jésus, entouré d'une couronne d'épines, et le cœur immaculé de Marie, percé d'un glaive.

En 1836, la Sainte Vierge inspire à son serviteur l'abbé Desgenettes, curé de Notre-Dame-des-Victoires, l'idée de l'archiconfrérie de son Cœur Immaculé, pour la conver­sion des pécheurs. Cette paroisse à partir de cet instant est transformée; et aujourd'hui cette archiconfrérie compte plus de cinquante millions de membres répartis dans l'univers entier.

En 1842, la Sainte Vierge suscite un grand mouvement pour la conversion des juifs, en apparaissant telle qu'elle est sur la médaille miraculeuse au jeune israélite Alphonse Ratisbonne, pendant qu'il visitait en curieux l'église de Saint-André delle Fratte à Rome et ne pensait nullement à se convertir. Marie lui fait signe de s'age­nouiller, il sent une force irrésistible, qui le convertit instantanément et lui fait ardemment désirer le baptême. Comme son frère aîné Théodore, Alphonse Ratisbonne entre peu après dans les Ordres et tous deux fondent l'Institut des Prêtres et des Religieuses de Notre-Dame de Sion dont l'action est très efficace en France et s'étend fort loin à l'étranger, notamment au Brésil.

En 1846, Marie apparaît à deux enfants à la Salette, elle leur donne un message pour « son peuple ». « Elle ne peut plus, dit-elle, retenir le bras de son Fils. » Elle énu­mère les fautes qui vont provoquer les châtiments divins, si l'on ne se repent pas ; elle signale comme des crimes« le blasphème, la profanation du dimanche, la violation de l'abstinence et du jeûne, l'oubli de la prière. » L'avertissement de la Mère de miséricorde est peu compris, mais cette indifférence ne lasse pas son amour.

Le 8 décembre 1854, le jour même de la proclamation du dogme de Immaculée Conception, l'évêque du Puy posait la première pierre de la statue gigantesque qu'il voulait élever à Notre-Dame de France sur le mont Corneille et qui fut faite avec deux cent treize canons pris sur l'ennemi pendant l'expédition de Crimée par le maréchal Pélissier.

En 1858, Marie apparaît à Lourdes dix-huit fois à Bernadette, elle se nomme « l'Immaculée Conception » comme pour dire : je suis la seule créature humaine qui ait échappé complètement à la domination infernale. En vertu de ce privilège qui lui assure la victoire sur l'ennemi de notre salut, elle nous apporte le pardon de son Fils en disant : « Priez et faites pénitence. »

Ce deuxième avertissement est encore peu entendu. Aussi la France ne tarde-t‑elle pas à connaître en 1870 l'invasion allemande et la guerre civile. Il en coûte de n'avoir pas suivi les conseils de la Vierge de la Salette et de Lourdes.

Cependant, de divers côtés, plusieurs personnes reçoivent alors l'inspiration du vœu national au Sacré-Cœur dont la basilique de Montmartre perpétue le souvenir.

Le 17 janvier 1871, Marie se montre à des enfants à Pontmain et leur dit : « Priez, mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. » Or, c'est un fait certain qu'à. partir du moment où la Vierge apparaît à Pontmain l'ennemi ne fait plus un pas en avant sur le sol français. Deux mois plus tard la paix était faite, et six mois après la Commune était vaincue, la France était sauvée.

En 1876, à Pellevoisin, Marie se montre à Estelle Fa­guette paralysée et phtisique, elle la guérit, et lui fait entendre qu'elle veut aussi guérir la France, dont Satan a fait, au point de vue spirituel, une phtisique et une pa­ralysée, par de fausses doctrines et des lois impies. Dé­barrassée de ces chaînes, la France doit revenir à la santé, à la prière, aux traditions séculaires de la foi. Marie, en même temps, demande la diffusion du scapulaire du Sacré-Cœur, car les mérites de son Fils sont la source du salut, et elle promet son assistance.

Malgré ces interventions surnaturelles, le travail sata­nique opéré par les loges pour la déchristianisation de notre patrie continue. Mais la générosité des âmes les plus croyantes est telle, que la France est plus encore victime que coupable ; la qualité, l'emporte sur la quantité dans les plateaux de la balance du bien et du mal. Aussi Marie n'abandonne pas son royaume. La France est encore sau­vée malgré une nouvelle invasion allemande en 1914. Lors de la victoire de la Marne, l'arrêt subit des troupes allemandes reste humainement inexplicable, puisqu'elles possédaient une artillerie très supérieure en nombre et en puissance à la nôtre et que nos troupes étaient privées de munitions[3].

Depuis 1918, nous avons encore commis bien des fau­tes, qui méritaient une nouvelle leçon de la Providence. Le Maréchal Pétain, nous le rappelions plus haut, les a résumées au lendemain de la défaite de juin 1940, en di­sant : « L'esprit de jouissance a détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal… » ‑ « La lutte des classes considérée comme le grand moteur du progrès universel est une con­ception absurde, qui conduit les peuples à la désagréga­tion et à la mort, soit par la guerre civile, soit par la guerre étrangère... La vie n'est pas neutre : elle consiste à prendre parti hardiment. Il n'y a vas de neutralité possible entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal. » Il faut réorganiser « le travail, la famille et la patrie ».

Le robuste bon sens qui s'exprime en ces lignes et qui touche au génie, est avec la grâce de Dieu le principe du relèvement de la France si profondément meurtrie.

Ce relèvement a été prévu par plusieurs âmes saintes, et en particulier, il y a vingt ans, par une simple ouvrière dont les écrits furent réunis en une plaquette en 1936[4].


Toutes ces grâces accordées par Marie au cours des siècles depuis près de deux mille ans pour rétablir la paix parmi les peuples lui ont fait décerner le titre de Reine de la paix. C'est pour nous une nouvelle raison de demander au Souverain Pontife la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de Marie pour obtenir aux peuples et à ceux qui les dirigent les grâces de lumière, d'attrait, d'union, de stabilité et de force, qui, dans les temps si troublés où nous sommes, sont indispensables pour la pacification du monde, que Dieu seul peut réaliser.


Formule d'oblation de soi-même à Marie pour qu'elle-même nous offre pleinement à son Fils

Il convient que les âmes intérieures, surtout les âmes consacrées, qui vivent de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, telle que l'a exposée le Bx de Montfort, s'offrent à Marie, pour qu'elle-même les offre pleinement à son Fils selon sa parfaite prudence et l'étendue de son zèle maternel. Nous n'irons ainsi ni trop vite par présomption, ni trop lentement par manque de générosité. On peut pour cela se servir par exemple de cette formule :

« Sainte Mère de Dieu, je m'offre à vous, pour que de vous-même m'offriez pleinement et sans réserve à votre Fils selon l'étendue de votre zèle et selon votre prudence parfaite, qui connaît bien mes limites, ma faiblesse, ma fragilité, mais qui connaît aussi toutes les grâces qui me sont offertes et les desseins de Dieu sur chacun de nous. ‑ Daignez m'offrir de plus en plus et je m'offre moi-même à l'amour miséricordieux et consumant du Sau­veur, qui détruit tout ce qui en nous doit être brûlé, et qui surtout nous attire de plus en plus en nous vivifiant et en nous incorporant à Lui. Préparez-nous, sainte Mère de Dieu, à cette rencontre vivifiante de notre amour puri­fié et de celui de votre Fils, préparez-nous à cette ren­contre qui est le prélude de la vie du ciel, et faites-nous comprendre que plus nous nous offrons ainsi à Lui sans réserve, plus Il nous prend pour nous vivifier et nous faire travailler avec lui à la régénération des âmes. Ainsi soit-il. »


On voit, pour finir, comment il faut répondre à la ques­tion : Peut-on trop aimer la Sainte Vierge ? Il faut répon­dre comme un Petit catéchisme de la Sainte Vierge très bien fait : « Non, si Marie est un chemin vers Dieu, plus on l'aime, plus on aime Dieu, et le véritable amour de la Sainte Vierge, qui est un amour, non d'adoration, mais de vénération, doit toujours grandir. »


  1. Cf. HAMON, Notre‑Dame de France, t. 1, p. 352 ; Dom MORIN, Histoire du Gâtinais, p. 765.
  2. P. L., t. CXXXV, pp. 51 ss., 1168 ; Vita sancti Rernigii, c. 54 ;FLODOARD, Hist. Eccl. Rem., 1. I, c. 18.
  3. Voir ce que dit à ce sujet M. de la Franquerie, La Vierge Marie dans l'histoire de France, 1939, P. 271.
  4. L'Apôtre du Foyer de décembre 1940, dans un article, « La Rénovation de la France entrevue par une âme privilégiée », cite une plaquette de 120 pages, publiée à la fin de 1936 par Gabrielle-Maurice-Brunod, chez Casterman, avec l'imprimatur de l'archevêché de Paris, sous le titre « Une âme privilégiée : Jeanne Vergne, 1853‑1927 ». Celle simple ouvrière écrivait le 19 novembre 1920 : « Il faut faire confiance à la France ; elle se relèvera par ses propres moyens, sans l'appui des nations qui l'ont aidée dans la guerre parce que leur existence était en jeu, et qui aujourd'hui nous font une guerre indi­gne de notre confiance et de notre amitié. Je crois que ce qui se trame contre nous tournera plus tard à l'avantage d'une France assagie et visiblement guidée par Dieu vers les destinées qu'il lui prépare. Comment un pays appauvri, ruiné, pillé, pourra-t-il se relever ? Le bon Dieu a ses moyens à, lui. C'est à nous de vivre au jour le jour en nous mettant entre ses mains. » ‑ Le 20 mars 1925, la même personne écrivait : « Oui, je pense que Notre-Seigneur est le Maître et que ceux qui nous ruinent seront un jour balayés par un vent de révolte et de colère provoqué dans ce pays par leur bêtise et leur infamie. Il faut que Dieu revienne chez nous, qu'il y soit le maître adoré et que les suppôts de Satan ne puissent plus empêcher les enfants de le connaître et de l'aimer. Il faut qu'on oblige les éducateurs de la jeunesse à lui enseigner le Décalogue, qu'il y a un Dieu et une autre vie. » Le 18 janvier 1926, la même plume écrivait : « Les temps difficiles que nous traversons et, qui menacent, de devenir plus durs encore, me font adresser à Notre-Seigneur de plus ardentes prières. ‑ L'homme de génie que sa divine sagesse a promis à la France chrétienne et fidèle à son amour sera accueilli avec joie, même par ceux qui sont aujourd'hui ses adversaires. ‑ Je crois que, pour cela, il faut que nous passions par telles épreuves, qu'il soit nécessaire de bouleverser toutes nos institutions pour rétablir l'ordre, rendre à ce malheureux pays une organisation qui lui manque et rétablir son crédit. »
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