Réflexion sur l'article 3 : Différence entre versions
De Salve Regina
(Page créée avec « {{Infobox Texte | thème = Loi et principes | auteur = P. Jacques Sevin, S.J. | source = Extrait du l... ») |
(Aucune différence)
|
Version actuelle datée du 24 novembre 2012 à 23:10
Loi et principes | |
Auteur : | P. Jacques Sevin, S.J. |
---|---|
Source : | Extrait du livre Le scoutisme |
Date de publication originale : | 1922 |
| |
Difficulté de lecture : | ♦ Facile |
Le scout est fait pour servir et sauver son prochain
Ce devoir passe avant tout le reste, fallût-il sacrifier son plaisir, sa commodité, sa sûreté personnelle. Le scout doit en toute circonstance être prêt à opérer un sauvetage, à secourir la victime d'un accident. Et il doit faire tous ces efforts pour accomplir chaque jour une Bonne Action si modeste soit-elle.
Tel est le mot d'ordre, le fond même du scoutisme : servir. « Pas de jours sans un exploit qui le couronne », dit le héros de Shakespeare. C'est le dévouement à toute réquisition et sans réquisition. Il faut donc que le scout acquiert deux choses : en premier lieu l'esprit de dévouement, puis les connaissances pratiques, secourisme, débrouillardise, qui permettent de se dévouer avec intelligence. Créons des compétents, pour multiplier les dévoués, car ce qui manque à tant d'hommes pour devenir tel, ce n'est pas le courage et la générosité, c'est le savoir-faire. On n'aime à faire que ce que ce que l'on sait bien faire.
Cet apprentissage du dévouement, c'est l'œuvre de la « Bonne Action Quotidienne ».
Le scout n'est pas en règle avec sa loi dès qu'il peut se dire le soir qu'il a accompli quelque chose de bien, une action bonne, dans sa journée. A ce compte, prière, travail consciencieux, résistance à une tentation, œuvres excellentes et nécessaires, suffiraient, mais c'est le dressage personnel au dévouement qui est la fin propre de cette prescription[1].
Le texte de la règle détermine sans possibilité d'erreur le sens de l'expression « Bonne Action ». Il s'agit d'un service à rendre, d'un acte qui requiert donc toujours un minimum de dévouement :
« Faire sa B.A. », c'est, par exemple, aller chercher la provision de bois d'une voisine, indiquer la route à l'étranger et l'accompagner jusqu'à ce qu'il soit sur le bon chemin, aider un vieillard à pousser une charrette à bras en montant la côte, sacrifier une réunion scoute pour porter jusqu'à la gare, à trois kilomètres, la valise très lourde d'un monsieur encombré de deux paquets (exemples authentiques).
Et naturellement, défense de rien accepter, en remerciement ou un pourboire, même un centime ! Il n'est même pas requis que le bénéficiaire de la bonne action nous soit connu : enlever de la chaussée un pavé déplacé qui risque de faire broncher un cheval, refermer la barrière d'une pâture où se trouve le bétail, cela compte.
Oh ! Evidemment ce sont là petites choses, mais peu à peu le scout s'entraîne, le pli se prend : l'enfant en vient à ne plus se croire autorisé à dénouer son foulard que pour compter les actions qui lui ont coûté du temps ou de la peine, et il ne se contente pas d'en faire une et puis de croiser les bras : non, à l'affût de l'occasion, toujours sur le qui-vive.
Il écoute partout si l'on crie au secours.
Parfois, il a la chance de pouvoir noter : « lundi : arrêté une voiture parce qu'un petit aurait été écrasé » ; un autre jour, tel jeune assistant, malgré son horreur du sang, panse en pleine rue un malheureux qui vient d'être écrasés par un tombereau : « Je n'aurais jamais eu le courage de le faire, si je n'avais été scout », avoue-t-il ensuite. D'autres fois, c'est l'accident, non pas secouru, mais empêché, même avec un vrai risque personnel, comme le firent ces deux petits scouts qui, voyant brûler vif un de leurs camarades, sans se soucier des grenades dont celui-ci avait les poches pleines, au lieu de se sauver affolés comme les autres témoins de l'accident, se précipitèrent sur la victime et réussirent à lui ôter sa veste et à éteindre ses vêtements[2] . Voilà où mène « la Bonne Action Quotidienne, si modeste soit-elle », et il n'y a pas plus à en sourire que ceux qui n'ont pas touché du doigt les transformations qu'elle accomplit dans des âmes d'enfants.
Je me suis étendu un peu sur cette deuxième règle : est cardinale dans le système. La valeur d'une troupe se mesure, non à la multiplicité des brevets conquis, mais à son estime et à la pratique de la Bonne Action.
- ↑ Attention à la méprise. Elle est double : il ne s'agit point de proposer simplement un acte bon moralement et de n'en proposer qu'un par jour. La religion catholique demande la soumission constante dans tous les actes de sa vie au surnaturel...
- ↑ Ce sauvetage à mérité à ses jeunes auteurs la croix de bronze des scouts catholiques de Belgique.