Marie, mère du Dieu rédempteur

De Salve Regina

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Mariologie
Auteur : Abbé Pierre-Henri Gouy, fssp
Source : Travail personnel
Date de publication originale : 1996

Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen

Sommaire

Marie, Mère du Dieu Rédempteur

Sources

Sum.Theol.IIIa,q.27-30; Commentaire: l’Immaculée Conception, Marie pleine de Grâce, l’Assomption.

DTC: IX, 2339-2433: Maternité divine, Médiatrice, dons.

VII, 845-1218: Immaculée Conception.

I, 2127: Assomption.

Bartmann,P.456., 1944

Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur et notre vie intérieure, 1948

Cours du P. Mehrlet en 1994-95

Cours du P. Margelidon en 2000-2001, fidèle copie des ouvrages sur la sainte Vierge des frères Nicolas.

P. J. H. Nicolas, synthèse dogmatique, 1985.

Journet, l'Église du Verbe Incarnée, 1962, Marie et l'Église p. 652 à 757.

Mura, le corps mystique du Christ, 1936, Marie, cœur du Christ mystique, p. 278.

Rouët de Journel, textes ascétiques des pères de l'Église. 1947.

Rouët de Journel, Enchiridion Patristicum, 1922.

Introduction

«  En écrivant ce traité, nous avons constaté, pour plusieurs des plus belles thèses, que assez souvent le théologien, dans une première période de sa vie, y est incliné par un sentiment de piété et d’admiration; dans une seconde période, se rendant compte de certaines difficultés et des doutes de quelques auteurs, il est moins affirmatif. Dans une troisième période, s’il a le loisir d’approfondir ces thèses au double point de vue positif et spéculatif, il revient à sa première affirmation, non plus seulement par un sentiment de piété et d’admiration, mais en connaissance de cause, en se rendant compte, par les témoignages de la Tradition et l’élévation des raisons théologiques généralement alléguées, que les choses divines et particulièrement les grâces de Marie sont plus riches qu’on ne le pense; alors, le théologien affirme non plus seulement parce que c’est beau et assez généralement admis, mais parce que c’est vrai ».

[Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur et notre vie intérieure, 1948]

C’est la grâce que je lui souhaite. . .

Il faut lutter spécialement dans ce traité contre un esprit matérialiste, rationaliste ou protestant qui minimise en tout notre foi, au lieu de reconnaître que les dons surnaturels de Dieu dépassent toutes nos conceptions.


« Les dons de Dieu sont plus riches qu’il ne paraît, et il ne faut pas les limites sans de justes raison ».

[Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur]


I. Introduction: Évolution de la Doctrine des Mystères de Marie.

La vérité en elle-même, ontologique, n’évolue pas mais c’est notre connaissance (la vérité logique) qui se perfectionne: évolution quantitative & qualitative. On parle d’évolution historique de la doctrine.


I.Marie dans l’Écriture Sainte:

Marie est toujours présente au début de l’Église dans la Sainte Écriture, mais elle n’est pas directement en jeu. Pour beaucoup de sacrements, elle est sûrement intervenue pour expliciter la doctrine de son Fils.


1) Gal IV, 4: Premier témoignage.


  • « Mais lorsque est venu la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, »

La femme = Marie. C’est le grand privilège de Marie: elle est mère du Christ.: Maternitas Filii Dei secundum naturam humanam.

C’est de ce premier privilège que découlent les autres.

Le Christ descend de David par Marie.


2) Mc III, 31-35 & Mc VI, 3.

  • « Sa mère et ses frères étant venus, ils se tinrent dehors et l’envoyèrent appeler. Or, le peuple était assis autour de lui, et on lui dit: ‘Votre mère et vos frères sont là dehors, qui vous cherchent.’ Il répondit: ‘Qui est ma mère et qui sont mes frères?’ Puis, promenant ses regards sur ceux qui étaient assis autour de lui: ‘Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère’. »

Le Christ parle de la Sainte Vierge, sans la nommer explicitement par son nom. Ici, le Christ ne nie pas sa mère, mais il veut signifier qu’il y a une chose plus grande que la filiation physique, naturelle, qui est la filiation spirituelle, surnaturelle.


  • « N’est ce pas le fils du charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon? »

Les pharisiens se scandalisent de l’origine humaine de Jésus. Il n’ont pas vu la maternité divine de Marie, mais seulement sa maternité humaine.

3) Mt I.

  • Table généalogique de Jésus-Christ.

Sa naissance. Marie se trouva enceinte par le fait du Saint-Esprit.


L’ange à Joseph: ne crains pas de prendre Marie pour épouse, car l’enfant qu’elle attend est du Saint--Esprit.

Le texte d’Is.VII, 14, est à mettre en parallèle avec Mt.I: Texte messianique. (Hébreux: « jeune fille non mariée »; Septante: « La Vierge »).


4) Lc I, 26-38: L’Annonciation.


Saint Luc nous donne la généalogie du Christ dans son Chap.III[1]. Texte très important: Mathieu présentait l’enfance du point de vue de Joseph; Luc se place du point de vue de Marie.

  • Salutation de l’Ange in Lc I, 28.
  • Cf Soph. III, 14-17: Annonce de la présence de Yahweh auprès de Israël[2].

Marie n’est pas troublée par l’apparition de l’ange, mais plutôt de la façon selon laquelle sera conçu l’Enfant. Or, il s’agit bien d’une origine humaine: Tu concevras et enfanteras un fils, toi, Marie.


Annonciation de David par Nathan in II Sam. VII, 12-27[3]: promesse de la présence de Dieu. Celle-ci se réalise pleinement avec l’Annonciation de Christ. En effet, ce qui est dit de David peut être pleinement appliqué à Jésus et Marie. L’antique promesse de Dieu se réalise d’abord en David puis dans le Christ.


Marie ne connaissait pas d’homme. Elle est vierge et a la volonté de le RESTER sinon elle aurait demandé à l’ange: « Quel homme dois-je prendre comme époux? ». Ce fait indique l’origine DIVINE du Christ qui va naître d’une vierge. Cette naissance miraculeuse prouve l’origine divine.

5) Le sentiment (affectus interiores) de la Vierge chez Lc II.

La vie intérieure de Marie est plus décrite par Saint Luc que les autres évangélistes.

  • Lc.II, 12 & Lc.II, 51: Et Marie méditait toutes ces choses en son cœur.

Marie a donc une âme contemplative.


Dans le Magnificat: Foi, Humilité, Obéissance, Action de Grâce.


De même, nous devons mettre ces 4 attitudes dans notre prière.

La Foi de Marie, c’est la même que la notre; pour elle aussi, il y a des zones d’ombre: « Mêmes eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire. » (Lc.II, 50)


  • Lc.XI , 27: « Bienheureux le sein qui t’a allaité... ». De même, le Christ ne nie pas la grandeur de sa mère qui a mieux que tout le monde écouté et suivi la Parole de Dieu, mais il met l’accent justement sur ce qui fait son grand mérite.

Marie est Bienheureuse parce qu’elle a cru. Source de la Béatitude: la Foi.

La compassion de la Sainte Vierge avec son fils: Lc.II, 35: « Un glaive de douleur te transpercera le cœur  » dira le Vieillard Siméon.

6) Jn II, 1-11 & Jn XIX, 25-27.

  • A Cana (Jn.II, 1-11): Marie a toute confiance en son Fils. Elle ne doute pas de l’accomplissement: elle dit « Faites-le ». Puis, « Mon heure n’est pas encore venue » dira-t-il. De quelle heure s’agit-il ? - de quitter sa famille ? - de sa Passion ? Marie intercède pour les invités - Jésus semble refuser mais accomplit les désirs de sa mère - le terme ‘mulier’ exprime une certaine distance -’nondum venit hora mea’: l’heure est-elle le commencement de sa vie publique ou celle de sa Passion ?
  • Sur le Golgotha (Jn.XIX, 25-37): Jésus & sa mère: « Femme, voici ton Fils ». Il s’agit d’une maternité spirituelle ou pour tous les hommes ? Ou seulement pour les chrétiens, puisqu’il s’agissait du Disciple qu’il aimait. Or, la mère de Saint Jean était aussi là et si celui-ci a pris Marie chez lui, cela ne veut pas dire que Marie est devenue sa mère mais la mère spirituelle de tous les hommes.
  • Jn.XII, 1-18: l’Onction de Béthanie:

Marie n’avait pas souffert de la Naissance du Christ, mais seulement lors de sa Passion.

  • Is.XXVII, >

Is.LX, > Jérusalem est désignée sous le nom d’EPOUSE.

7) Apo XII, 1-6.

  • Vision de la femme & du Dragon: Fille de Sion. (Cf. Is. LCVI, 7). Une femme est apparue dans le Ciel... ‘Partus Dolorosa’. L’enfantement est douloureux à cause de la Croix. La majorité des exégètes pense que ce n’est pas la Sainte Vierge mais « la communauté théocratique »: Israël est désignée sous le nom d’épouse qui souffre.

II.De Saint-Jean jusqu’au Concile d’Ephèse (431).

1. De Saint Justin à Saint Irénée:

Un parallèle est établi entre MARIE et EVE par Saint Justin et Saint Irénée. (Mutans Evae nomen). Eve a désobéi et a mérité la mort; Marie a obéi et a mérité le salut et la vie.

2. Foi en la virginité perpétuelle:

Tertullien nie la Virginité perpétuelle de Marie car il y voit un danger de manichéisme qui considère la conception et la naissance comme quelque chose de peccamineux.


3. Virginitas in partu:

Saint Jérôme, Saint Ambroise, Saint Augustin différent de la position de Tertullien à propos de la Virginité perpétuelle de Marie. Saint Jérôme a douté de la virginité ‘in partu’.

4. La Sainteté de Marie

L’objet de la discussion :la Sainteté de Marie: Certains Pères (Saint Basile, Saint Grég. de Naz., Saint Jean Chrysostome) ont trouvé une connexion entre la Sainteté et la virginité de Marie. D’autres ont voulu affirmer la Sainteté du Christ sur celle de Marie. (Seul le Christ est sans péché, donc, la Vierge avait au moins le péché originel. Saint Ambroise. Saint Augustin.

Mais depuis Éphèse: la Sainteté de Marie est affirmée. Saint Ambroise et Saint Augustin apportent des éléments essentiels pour une juste réponse.

5. Marie, Mère de Dieu:

- Nestorius n’acceptait pas ce nom de « Marie, mère de Dieu ». (Theotokos).

- A Éphèse: Saint Cyrille d’Alexandrie établit le Dogme de « Marie, Mère de Dieu. »


-Pour Saint Augustin, Marie est sainte, mais c’est la conséquence de la volonté de Dieu. Pour lui, la Vierge n’est pas née sans la tache du péché originel, donc elle n’a pas pu concevoir sans péché; elle n’est pas immaculée.

6. Absence du péché originel:

Saint Augustin concède à Pélage que Marie est Sainte: il l’attribue non au libre-arbitre mais à la Grâce.

Contre Julien d’Eclane, il affirme la loi universelle du péché originel: conséquence : elle s’étend jusqu’à la Sainte Vierge: il n’y a donc pas d’Immaculée Conception pour lui. Sa position influencera beaucoup Saint Thomas d’Aquin.

III.D’Éphèse jusqu’à la Réforme grégorienne (1050).

Vers 1050, c’est l’époque de l’introduction de nouvelles fêtes mariales.

En Orient:

- > Sainteté de Marie >

- > Médiatrice de la Grâce > Ceci ne posait pas de problème en Orient.

- > Assomption de Marie >

En Occident:

A cause de Saint Augustin, les Latins ont du mal à accepter l’Immaculée Conception de Marie.

De même pour Saint Jérôme quant à l’Assomption. Difficultés que l’Orient ignore.

IV.De la Réforme grégorienne jusqu’à la fin du Concile de Trente (1562).

En Orient, l'Immaculée Conception ne pose pas de problèmes. Une fête est même instituée et introduite dans la liturgie avec un objet cependant indéterminé (Gaule, puis Normandie).

En Angleterre, cette même fête est introduite.

Saint Bernard (bien qu’il nia l'Immaculée Conception comme Saint Thomas; mais malgré ces théologiens, la piété publique affirme de plus en plus l'Immaculée Conception ) veut propager de plus en plus le culte de la Sainte Vierge. De même Saint Anselme.

Une œuvre attribuée à Saint Augustin confirme la foi en l’Assomption.

La doctrine de la Nouvelle Eve se développe. Marie a introduit le Christ: elle est Mère de la Vie.

Eve a introduit le Péché: elle est Mère de la Mort.

Elle est associée à l’œuvre de la Rédemption:

Marie est ‘Reine de l’Église’ & ‘Médiatrice’: elle est le « cou  de l’Église ».


Saint Thomas croit en la maternité divine de Marie, mais sous l’influence de Saint Augustin, il nie l'Immaculée Conception de Marie.

Scot prône l'Immaculée Conception (il en élabore le dogme). Mais avec le Nominalisme, la théologie mariale s’effondre. Quelques exagérations sentimentales certes, mais de nets progrès en théologie à la fin de cette période. Avec la réaction des Protestants, Trente proscrit leur erreur sans pour autant accomplir de vrais progrès à la mariologie.

V.De la fin du Concile de Trente jusqu’au 18ème siècle.

Le culte marial est restauré en Italie, Espagne puis Gaule et Bavière.

Suarez: il traite le premier de manière systématique de mariologie.

Puis: Saint Pierre Canisius, Saint Robert Bellarmin, Saint Jean Eudes, Saint Alphonse de Liguori (‘Les Gloires de Marie’) et Saint Louis-Marie Grignon de Montfort (‘Traité de la Vraie dévotion’ et ‘le Secret de Marie’).

De nouvelles pratiques liturgiques sont introduites.

Les théologiens rediscutent l'Immaculée Conception de Marie.

VI.Aux 19ème & 20ème siècle.

Rôle des apparitions mariales:

Sainte Catherine Labouré et la Médaille miraculeuse entraînent une grande dévotion populaire.

Pie IX définit l'Immaculée Conception en 1854: ceci constitue un accroissement de la mariologie.

Newmann, Scheeben, le Cardinal Mercier.

Discussion sur la place de Marie dans la Rédemption et par rapport à la grâce (médiatrice).

L’expression Co-Rédemptrice est malheureuse, car il n’y a pas en fait d’égalité entre le Christ et Marie.

Pie XII définit l'Assomption de Marie en 1950.

Aujourd’hui se posent les problèmes concernent la co-rédemption de Marie et l’élaboration d’un traité scientifique de Mariologie. Une évolution est possible du côté de notre intelligence.

Mar.27/09.


Pour résumer, nous pouvons dire

dans l’Écriture:

Mtt: Vierge et Mère;

Lc: Vierge, Pleine de Grâce, vie intérieure de Marie;

Jn: La Vierge intercède à Cana avec la certitude que le Christ l’exaucera, elle a part à la Rédemption même.

- Marie est la mère de Jésus.

- Elle avait une vraie Foi (Elle ne savait pas tout clairement).

- Elle menait une vie contemplative.

- Elle était vierge et voulait le rester.

- Elle a conçu un Enfant du Saint-Esprit et non d’un homme.

- Elle est pleine de grâce.

- Ses vertus (Cf Magnificat) sont: Humilité, Obéissance et Action de grâce.

- Elle compatit aux souffrances du Christ.

- Elle intervient auprès de son fils avec confiance (à Cana).

- Elle prend Saint-Jean comme fils.

Jusqu’au Concile d’Éphèse:

Intuition fondamentale: Rapport Marie // Ève comme chez Saint Paul Adam // Jésus.

Des Pères refusent la Virginité de Marie par crainte contre le Manichéisme hostile à toute vie non totalement spirituelle (la matière étant vue comme source de péché).

difficulté: la sainteté de Marie est un maximum mais: problème du péché originel et le Christ est absolument le seul Saint : il faut que Marie eut comme un péché.

Jusqu’à la Réforme grégorienne:

En Orient, trois vérités apparaissent clairement: Sainteté, Médiation et Assomption de Marie.

Jusqu’au Concile de Trente:

Les plus grands théologiens nient encore l’Immaculée Conception. Il y a cependant un développement dans la liturgie. On parle déjà d’Assomption corporelle de Marie. Vérité de plus en plus admise. Rôle de Duns Scot. Enfin, à Trente on parle peu de Marie, même si on définit des vérités contre le Protestantisme.

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle:

Restauration du culte de Marie: rôle des jésuites, de L.M. Grignon de M. et d’Alph. de Liguori.

La période moderne:

Foi des fidèles et des simples mais mal fondée sur la théologie. Comme la piété doit exprimer la Foi chrétienne, une théologie est nécessaire pour éviter des exagérations, corriger et donner des limites.

Ainsi: deux dogmes sous Pie IX et Pie XII.

Rôle de Marie comme Épouse.

Problèmes actuels: la co-rédemption & le fondement théologique pour une mariologie scientifique: participation à la rédemption et privilège de la maternité divine.


II° partie : Marie, Mère de Dieu.

II. 1. L’éminente dignité de la Maternité divine.

État de la question[4] : qu’est-ce qu’il y a de plus grand en Marie? Est- ce sa maternité divine, son titre de Mère de Dieu ou bien est-ce la plénitude de grâce? Où comme pour certains modernes Mère de l'Église ?


Ils invoquent le verset (Luc, XI,27) « Or il advint, comme il parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit: "Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés!" 28 Mais il dit: "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent!" ».

La grâce est principe des actes surnaturels et méritoire, et cela est supérieur à la maternité Divine qui est d’ordre corporel. [Biel et Vasquez]


Réponse : non, cette femme ne parlait pas de la maternité divine, considérant Notre Seigneur comme un prophète. Elle ne considérait pas ce que la maternité divine comporte spirituellement, comme consentement surnaturel et méritoire au mystère de l’incarnation rédemptrice.


Pour de nombreux théologiens[5] (Contenson, Gotti, Hugon, Merkelbach) et de nombreux père de l'Eglise (Saint Ambroise, Damascène, Pierre Damien, Anselme, Bernard. . . ).

Il faut en effet prendre en compte la maternité intégrale, c'est à dire dans sa réalité charnelle, surnaturelle (acceptation de l’Incarnation) et spirituelle (acceptation de toutes les prophéties douloureuses).


L’éminente dignité de la Vierge lui vient de sa maternité divine. De là découle sa plénitude de grâce. Cependant secundum quid, la grâce sanctifiante et la vision béatifique sont plus parfaites que la maternité divine, car la grâce habituelle sanctifie formellement, ce que la maternité divine ne peut pas faire, car elle n’est qu’une relation. Certes, mais c’est cette relation au Verbe fait chair qui exige et postule la plénitude de grâce qui lui est accordée pour qu’elle fut et restât toujours à la hauteur de son exceptionnelle mission.

II. 2. La prédestination de Marie.

Marie a été prédestinée à la maternité divine avant de l’être à la plénitude de gloire et de grâce.


Note : généralement admis, au moins implicitement.


Raisons théologiques de la thèse :


  1. Par un même décret, Dieu a prédestiné Jésus à la filiation divine naturelle et Marie à la maternité divine.
  2. Vierge Marie a d’abord été prédestinée à la maternité divine, et par voie de conséquence à un très haut degré de gloire céleste puis à la plénitude de grâce, pour qu’elle fût pleinement digne de sa mission de Mère du Sauveur.
  3. Marie a mérité de condigno le ciel, elle n’a pas pu mériter l’Incarnation, ni la maternité divine, car l’incarnation et cette maternité divine dépasse la sphère du mérite des justes, lequel (le mérite) est ordonné à la vision béatifique comme à sa raison ultime.

II.2.1 L’éminente prédestination de Marie.

Remarques : le décret.

Le Christ est le premier de tous les hommes, le premier de tous les prédestinés, puisque sa prédestination est l’exemplaire de la nôtre. Il nous a mérité en effet tous les effets de notre prédestination[6].

Le décret de l’Incarnation porte sur l’Incarnation abstraitement considérée et sur ses circonstances hic et nunc.

Le décret de la maternité divine est compris dans le décret de l’Incarnation.

Quant à la prédestination de Marie à la gloire et à la grâce est également gratuite comme suite et conséquence moralement nécessaire de sa prédestination à la maternité divine ( Dieu ne pouvant permettre la damnation de sa Mère).


Cependant Marie a mérité le ciel, car elle a été prédestinée à l’obtenir par ses mérites.[7]

« la Vierge Marie fut la plus proche du Christ selon l'humanité, parce qu'il a reçu d'elle la nature humaine. Et c'est pourquoi elle devait obtenir du Christ, plus que tous les autres, plénitude de grâce. » [III q27 art5]


II.2.2 La gratuité de la prédestination de Marie.

Remarques :

Jésus-Christ a été prédestiné à la filiation divine naturelle indépendamment de ses mérites. Rien ne peut être cause et effet sous un même rapport.

Il en est de même pour la Sainte Vierge. Elle n’a pu mériter sa maternité ce qui aurait été mériter l’Incarnation.


III. I. Le mystère fondamental de Marie ou sa maternité divine.

Maria sensu proprio est Dei genetrix.


Note : de Foi


Magistère :

Éphèse (432) [DZ 252] : 1. Si quelqu'un ne confesse pas que l'Emmanuel est Dieu en vérité et que pour cette raison la sainte Vierge est Mère de Dieu (car elle a engendré charnellement le Verbe de Dieu fait chair), qu'il soit anathème.


Chalcédoine (451) [DZ 301] : (Définition) Suivant donc les saints pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d'une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l'humanité, en tout semblable à nous sauf le péché (voir He 4,15 ), avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l'humanité,


Constantinople II (553) [DZ 427] : 6. Si quelqu'un dit que c'est en un sens impropre et non véritable que la sainte, glorieuse et toujours vierge Marie est Mère de Dieu ou qu'elle l'est par transfert, comme si un simple homme avait été engendré d'elle, mais non pas au sens où le Verbe de Dieu s'est incarné ; mais la génération de l'homme à partir de Marie étant selon eux attribuée par transfert au Dieu Verbe en tant qu'uni à l'homme qui est né et s'il calomnie le saint concile de Chalcédoine en disant que celui-ci déclare la Vierge Mère de Dieu dans le sens impie imaginé par Théodore ;

ou si quelqu'un l'appelle mère de l'homme ou mère du Christ, comme si le Christ n'était pas Dieu,

mais ne confesse pas qu'elle est proprement et en vérité Mère de Dieu, parce que le Dieu Verbe, engendré du Père avant les siècles, s'est incarné à partir d'elle dans les derniers jours et que c'est avec ce sentiment religieux que le saint concile de Chalcédoine l'a confessée Mère de Dieu, qu'un tel homme soit anathème.


Il est déjà contenu dans le Symbole des Apôtres [ DZ 10] : « Natus exemple Maria Virgine ».


Le Concile Vatican II : Marie n’avait pas besoin de la Rédemption par préservation, à cause de ses mérites.


Lumen Gentium 53 : La Vierge Marie en effet, qui, lors de l'Annonciation faite par l'ange, reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son coeur et dans son corps, et présenta au monde la vie, est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur.


Lumen Gentium 55 : Les Saintes Ecritures de l'ancien et du Nouveau Testament et la Tradition vénérable mettent dans une lumière de plus en plus grande le rôle de la Mère du sauveur dans l'économie du salut et le proposent pour ainsi dire à notre contemplation. Les livres de l'Ancien Testament décrivent l'histoire du salut et la lente préparation de la venue du Christ au monde. Ces documents primitifs, tels qu'ils sont lus dans l'Eglise et compris à la lumière de la révélation postérieure et complète, font apparaître progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur. Dans cette clarté, celle-ci se trouve prophétiquement esquissée dans la promesse d'une victoire sur le serpent faite à nos premiers parents tombés dans le péché (cf. Gn 3,15 ). De même, c'est elle, la Vierge, qui concevra et enfantera un fils auquel sera donné le nom d'Emmanuel (cf. Is 7,14 cf. Mi 5,2-3; Mt 1,22-23 ). Elle occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s'accomplissent les temps et s'instaure l'économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d'elle la nature humaine pour libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair.


Lumen Gentium 61 : La bienheureuse Vierge, prédestinée de toute éternité, à l'intérieur du dessein d'incarnation du Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d'une disposition de la Providence divine, la vénérable Mère du divin Rédempteur, généreusement associée à son oeuvre à un titre absolument unique, humble servante du Seigneur.


Lumen Gentium 66 : Marie a été élevée par la grâce de Dieu, au-dessous de son Fils, au-dessus de tous les anges et de tous les hommes comme la Mère très sainte de Dieu, présente aux mystères du Christ ; aussi est-elle légitimement honorée par l'Eglise d'un culte spécial.


Les Pères de l'Eglise :

Avant le concile d’Éphèse: Origène et Athanase parlaient déjà de « Marie, Mère de Dieu ». De même, Justinien. C’est donc une Foi très ancienne. Le « Sub tuum præsidium » remonte au IIIème siècle.

Certaines sectes, qui niaient la divinité du Christ (Les Ébionites), niaient aussi que Marie fut Mère de Dieu.

D’autres niaient que le Christ eut un vrai corps matériel (les Docètes). Donc Marie ne peut pas être sa mère! (Les Manichéens). Le Christ avait un corps qui venait du ciel...

D’autres encore on dit que le corps est seulement passé par le corps de la Sainte Vierge.

Pour Nestorius, il y avait deux personnes dans le Christ, et Marie n’était la mère que du Christ-homme.

Les Protestants refusent cette position: (cf. Karl Barth).


Ainsi, à Éphèse, Saint Cyrille proposa des « Anathema sit »: « Celui qui dit que la Vierge n’est pas Mère de Dieu... ». DS 252; 301; 553; 427; 10;


Témoignages de l’Écriture Sainte:

Remarque: Il faut d’abord connaître la Foi de l’Église et ensuite en chercher les racines dans l’Écriture Sainte et non pas le contraire.

Gal IV, 4: mais, lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi,

Rom.I, 3: et qui concerne son Fils (né de la postérité de David, selon la chair,

Lc.I, 31-35: « L'ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. »

Lc.I, 43: « Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? »


[Mtt. I, 18; II, 11,13,20; XII, 46; II, 54; Phil. II,6]


Explication théologique:

1°) La maternité divine en elle-même: IIIa, q.35, a.3-4.

1 : Adversaires.

Photius: le Christ est un homme; Marie met un homme au monde qui fut adopté à son Baptême par Dieu.

Nestorius: Il y a deux personnes dans le Christ; Marie n’est la mère que de la personne humaine du Christ.

Valentinus déclarait que le corps du Christ était seulement « passé » par la Vierge Marie.

2: Développement:

La Sainte Vierge est vraiment et naturellement la Mère de Jésus, Dieu, car le corps du Christ est vraiment un corps humain et biologiquement la Sainte Vierge a vraiment conçu ce corps. Elle a tout fait pour la conception du Christ: ce que font les autres femmes. Si elle est restée vierge, c’est vraiment par l’action du Saint-Esprit.

Marie a conçu et mis au monde la personne du Verbe dans sa dimension humaine et divine. Elle n’a pas mis au monde un homme qui fut ensuite adopté par Dieu le Père. Dès le début, c’est la deuxième personne de la Trinité qui est conçu dans le sein de Marie.


Cf. IIIa, q.35, a.4: Marie est mère du Christ, mère de la nature humaine du Christ Dieu: et ceci non parce qu’elle est mère de la divinité mais parce qu’elle est mère selon l’humanité de la personne qui a la divinité et l’humanité.


  • Génération: « via ad esse »: chemin vers l’être.

Elle peut être attribuée à la fois à la nature en tant que terme: « quo existit » [ce par quoi un être existe]

et à la personne en tant que sujet: « quod existit ».


Mutation accidentelle (croissance,..) et substantielle (le bois qui brûle devient cendre) dans la génération: la nature divine par la conception de la Sainte Vierge s’est unie à une nature humaine.


- Les parents ne produisent pas la matière, mais la disposent pour qu’elle reçoive une âme; ils la préparent. De même, la Sainte Vierge n’a pas produit la matière du corps du Christ, mais elle a collaboré à l’œuvre du Saint-Esprit. Pour disposer cette matière à recevoir l’âme divine du Christ.


Marie est mère naturelle du Christ (Conception et naissance). Et si elle n’a pas été l’auteur de la matière du corps du Christ, ni de l’âme (créée par Dieu), l’action génératrice a cependant disposé la matière à recevoir l’âme (qui est forme).


2: Application:

Comment appliquons-nous la chose dans la conception et la génération du Christ?

Ici, on peut résumer: exemple parte Verbi, Maria et Ovuli.


Le Verbe Incarné: la nature divine, rapportée à l’existence, constitue la personne du Verbe (constituée par le Père et le Saint-Esprit). La personne du Verbe revêt la nature humaine lui-même: c’est le Christ. Il est éternellement nature divine et temporellement nature humaine. Il y a eu changement (quand le Verbe s’est incarné) mais seulement du côté de la nature humaine. Il y a incarnation par la génération de la Vierge. Tous ces faits sont donc rapportés à Marie par le moyen de la nature humaine qui a reçu le Verbe, cause efficiente de l’union (et non pas le Verbe seul ou la Trinité) mais le terme ad quem (de l’union) est la personne du Verbe qui unit par Marie la personne divine à la nature humaine. Par transformation, on trouve le corps du Christ. L’ovule est fécondé par le Saint-Esprit, sans semence. Saint-Thomas est évidemment bref sur les questions physiologiques. S’il y a changement substantiel, la materia prima demeure. Pas uniquement une existence humaine. Le Verbe et l’âme ont une existence unie à la matière.

Triple action:

CREATIO

(créé par Dieu) Le terme de la création est l’âme humaine.


Âme du Christ ---- La Vierge Marie unit cette âme au corps par l’action de génération GENERATION


Le Verbe assume l’âme humaine.

ASSUMPTIO



Dès la conception, le Christ est Dieu; ceci contre Photius.


Il est vrai que les Anciens avaient peu de science physiologique. Pour Saint Thomas, l’action vient de l’homme. La femme ne fournit que la matière. Cependant, la Sainte Vierge est intervenue passivement dans la génération. Ainsi, le Verbe devint: vivant - âme - homme.

La génération est un changement substantiel

La mutation réelle s’opère de la part de la nature humaine (Dieu ne change pas).


Cf. René Laurentin: les mystères de Marie ne peuvent être ordonnés spéculativement car il y a une évolution dans le temps; nous n’avons pas un mystère fondamental, duquel découleraient automatiquement les autres.

Ceci n’est pas une raison: même les mystères du Christ ont évolué. Il y seulement une convenance de tirer du mystère fondamental les autres. Il y a une connexion logique.

La relation de maternité.

La valeur d’une relation dépend du terme qu’elle regarde et qui la spécifie.

Or le terme de la relation de la maternité divine est de l’ordre hypostatique.

Donc la maternité divine dépasse sans mesure par son terme la grâce, la gloire de tous les élus et la plénitude de grâce et de gloire reçue par Marie.


[saint Thomas I q25 a6 ad 4] « L'humanité du Christ, du fait qu'elle est unie à Dieu ; la béatitude créée, du fait qu'elle est jouissance de Dieu ; et la bienheureuse Vierge, du fait qu'elle est Mère de Dieu, ont en quelque sorte une dignité infinie, dérivée du bien infini qu'est Dieu. Sous ce rapport rien ne peut être fait de meilleur qu'eux, comme rien ne peut être meilleur que Dieu. »


[Saint Bonaventure] : « Dieu peut faire un monde plus grand, mais Il ne peut faire une Mère plus parfaite que la Mère de Dieu ».


[P. Hugon] : la maternité divine impose à Jésus ces devoirs de justice, que les enfants par une obligation de nature, ont à l’égard de leurs parents et elle confère à Marie domaine te pouvoir sur Jésus car c’est là un droit naturel qui accompagne la dignité maternelle. »


2°) La dignité suréminente de la maternité divine.

Marie est dite réellement Mère du Christ relativement à la génération (réelle). Le Christ, en sa personne est Fils de Marie (réel). Cependant, est-ce que cette relation double (Maternité de Marie & Fils de l’homme) sont réelles? Le Christ a-t-il acquis une nouvelle relation? Non: il n’y a eu changement que d’un côté. Seule Marie a un relation réelle (de maternité).

Dignité de la Mère du Christ de façon adéquate. Pas seulement selon le mode biologique, mais Mère de tous les actes de l’âme: elle est préparée aux actes de son âme. La maternité divine inclut-elle Grâce et plénitude? Selon la maternité divine: non (Elle n’inclut pas la grâce mais l’exige).

Selon la maternité humaine: oui.

Si l’union hypostatique est le fait de la grâce fondamentale du Christ, la maternité divine est le fait de la grâce fondamentale de la Sainte Vierge (Elle la reçut avec d’autres grâces de sanctification). Il y a cependant une grande différence entre l’union hypostatique et la maternité divine. Le Christ est « formaliter  sanctus ». Substance humaine, nature, extrait du Verbe incarné. Le Verbe incarné est sanctifié par l’union au Verbe divin (sans péché originel). De même, la Sainte Vierge, par sa maternité divine inadéquate a une relation ontologique inamissible. Elle n’inclut pas la sainteté morale, mais l’exige. Aussi, il y a une différence: car dans le Christ a la plénitude de grâce de sanctification causée par son union hypostatique. Alors qu’on parle de maternité divine inadéquate. Analogie: sainteté ontologique objective.

Marie est Vierge en raison de la maternité divine, supereminens creata. Elle ne peut pas être plus grande. Dignité pas seulement selon le genre humain.


Cf. IIIa, q.25, a.6,ad4: Il y a trois biens tels qu’il ne peut y en avoir de plus grands:

1- L’humanité du Christ unie à Dieu;

2- Béatitude créée: la fruition de Dieu;

3- La Bienheureuse Vierge Marie en ce qu’elle Mère de Dieu.

Ceci est mieux que la dignité de la nature humaine créée unie au Verbe ou des bienheureux.

Saint Thomas dans le Commentaire du Livre des Sentences: « Il faut croire qu’elle a reçu tout ce qu’elle pouvait recevoir ». Elle est prédestinée de façon éternelle à être la Mère de Dieu et pleine de Grâce. Au commencement, elle est prédestinée au Christ qui est prédestiné à être Fils de l’Homme. Marie est inclue par le décret de l’Incarnation de façon éternelle. Cf. Bulle de Pie IX « Ineffabilis Deus ».


Cf. Prov.VIII, 22: La Sagesse créatrice:

Excursus de Questions:

?) De quelle matière fut formé le corps du Christ?

De la materia prima qui avait déjà une forme substantielle: il y a donc eu mutation substantielle.


?) « Par la force du Saint-Esprit » est compris en quel sens?

Il a fécondé la Vierge Marie comme la semence de l’homme. Il tient lieu de la semence humaine. Mais le corps de la Vierge Marie a du produire quelque chose de semblable à la semence. (Le Saint-Esprit est la cause efficiente et la Vierge Marie la cause matérielle).


?) En quel sens, actif ou passif, doit-on comprendre la maternité de la Vierge Marie?

Selon la Tradition, il s’agit d’une contribution passive. Comme pour toute femme, la Vierge Marie n’a eu qu’un rôle matériel selon Saint Thomas. Or, de nos jours, on admet le rôle actif de la femme, donc également pour la Vierge Marie.


?) Comment peut-on comprendre cette causalité active?

Les Anciens pensaient que la femme ne donnait que le sang, qui n’a pas de disposition active. Cela convenait au rôle donné à la femme. Matériellement, il y a une causalité active, mais formellement, la conception est passive.


?) Selon III,q.25,a.4, la Vierge Marie aurait-elle du être dite « Bienheureuse Mère de Dieu »?

Car Dieu a une nature divin, or le Christ ne l’a pas reçue de la Vierge Marie: comment dire Marie Mère de Dieu? En fait, Marie est Mère du Christ-Homme, qui est aussi Dieu. Elle est également Mère de Dieu. (D’ailleurs, si on s’oppose à cet argument, voulant distinguer le Christ-homme et Christ-Dieu, on peut dire que dans toutes les naissances, le mère n’est mère que du corps et non de l’âme, et cela peut aller loin...)


?) Si elle est Mère de Dieu, elle est aussi Mère du Père et du Saint-Esprit?

Il faut distinguer les personnes, car bien qu’égales, elles ont une opposition de relation. Donc, selon la nature, oui; selon les personnes, non.


?) S’agit-il d’une maternité adéquate ou inadéquate?

La maternité inclut adéquatement et exige inadéquatement la plénitude de Grâce

Adéquate signifie qu’il y a eu aussi acquisition de tout par l’éducation de la mère. Or, pour le Christ, cela n’est pas absolument vrai, du fait de sa nature. Certes, il y a eu production « biologique », mais au sensus plenior, il n’y a pas seulement génération, mais éducation de l’Enfant. Sa maternité au sens strict est une sanctification de la maternité ontologique, comme l’union hypostatique. Être Mère de Dieu est une sorte de Grâce (fondamentale), de don gratuit de Dieu. La Vierge Marie n’a pas produit la Grâce, mais l’a exigée.


?) La maternité divine peut-elle ne pas être exigée?

Étant antérieure à l’union hypostatique, elle ne fut pas objet de mérite. En effet, le principe du mérité est la Grâce du Christ. Donc la Grâce du Christ est supposée par le mérite. La nature humaine a eu une dignité maximum dans le Christ. Mais, sous le Christ, Marie a eu un le maximum de dignité. Le Christ, non pas comme personne humaine, mais existant dans une nature humaine. Dignité de Marie existant dans sa relation personnelle à la nature divine de la Sainte Trinité.


III,q.35,a.5. : Comment le Christ peut-il être dit Fils de Marie?

En tant que filiation humaine, et non pas comme Verbe qui ne reçoit pas d’accident. Marie est réellement Mère de Dieu. Le Christ est Fils de Dieu, du côté de Marie, selon la nature humaine, d’une façon corrélative.


?) Sainte Anne et Saint Joachim pouvaient-ils être appelés « Grands-parents » de Dieu?

De Jésus, certainement. La maternité de Marie a été la cause de l’humanité du Christ; cependant, elle avait une relation personnelle avec le Christ, qui était incommunicable. Dans ce sens-là, Sainte Anne n’était pas grand-mère.


II. II. Les privilèges de la maternité divine.

L’éminente dignité de la maternité divine est la raison pour laquelle la plénitude de grâce a été accordée à la Sainte Vierge, elle en est la mesure et la fin; elle lui est donc supérieure.


La maternité engendre une amitié particulière entre la mère et le fils.

Il y avait donc une amitié naturelle entre Marie et Jésus, mais Jésus étant Dieu, il y avait une amitié surnaturelle entre les deux.

Cette amitié est dès lors sanctifiante car du fait que Dieu aime une âme, il la rend aimable à ses yeux et la sanctifie.


II. II. I.La sanctification de Marie:

1) L’’Immaculée Conception de Marie.

a) A propos du péché originel.


Beata virge Maria a primo instanti vitae suae ex singulari Dei privilegio intuitu meritorum Christi immunis praeservata est ab originali peccato.


Note : de fide.


Quelques notions théologiques sur la grâce.


) La grâce habituelle.


Définition : don gratuit de Dieu qui dépasse les forces de la nature humaine et dépasse les exigences de toute nature créée ou créable.


Les effets de la grâce : participation à la vie même de Dieu, devenus enfants adoptifs de Dieu, cohéritiers, nés de Dieu. Elle nous dispose à la vie éternelle comme un héritage et comme la récompense des mérites dont elle est le principe.


Sujet : elle est reçue dans l’essence même de notre âme comme une greffe surnaturelle, qui la déifie.


Dérivation : les vertus infuses théologales et morales, sept dons du Saint-Esprit.


Conséquences : elle instaure comme une seconde nature, nous exerçons connaturellement des actes surnaturels et méritoires; la Sainte Trinité habite en nous


Degrés[8] : plénitude absolue de grâce ( celle propre au Christ ), la plénitude de surabondance (privilège de Marie), la plénitude de suffisance (commune à tous les saints).


?) La grâce actuelle.


Définition : elle nous dispose à devenir enfant de Dieu, et ensuite nous fait agir, soit par les vertus infuses, soit par les dons ou simultanément par les uns et les autres, comme de vrais enfants de Dieu.


Conclusion : [I II q113 a9 ad2] « Sed bonum gratiae unius maius est quam bonum naturae totius universi. »

Magistère.

Elle est définie: Dz 2803 (en 1854) : «  Pour l'honneur de la sainte et indivisible Trinité, pour la gloire et l'ornement de la Vierge Mère de Dieu, pour l'exaltation de la foi catholique et l'accroissement de la religion chrétienne, par l'autorité de notre Seigneur Jésus Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul et la Nôtre,

Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine

qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout- puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu'ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles.

C'est pourquoi, s'il en était, ce qu'à Dieu ne plaise, qui eussent la présomption d'avoir des sentiments contraires à ce que nous venons de définir, qu'ils sachent très clairement qu'ils se condamnent eux-mêmes par leur propre jugement, qu'ils ont fait naufrage dans la foi et se sont séparés de l'unité de l'Eglise, et que, de plus, par le fait même, ils encourent les peines portées par le droit s'ils osent manifester par parole, par écrit ou par quelque signe extérieur, ce qu'ils pensent intérieurement. »


1. La Vierge a été préservée de toute tâche du péché originel au premier instant de sa conception. Que faut-il entendre par le péché originel dont Marie a été préservée? L'Eglise n’a pas définit la nature intime du péché mais seulement ses effets : inimitié ou malédiction divine, souillure de l’âme, état d’injustice ou de mort spirituelle, servitude sous l’empire du démon, assujettissement à la loi de concupiscence, de la souffrance et de la mort corporelle, considérée comme peine du péché commun, avec bien sur la perte de la grâce sanctifiante[9].

En conséquence directe : Marie a reçu dès sa conception la grâce sanctifiante[10].

2. Bénéfice, dès sa conception. Privilège, non seulement de l’âme, mais aussi de tout le corps.

3. Cause efficiente: la grâce, donnée comme un privilège particulier de Dieu.

4. Cause méritoire: Marie est préservée et non libérée, grâce à la Rédemption du Christ, elle est rachetée par un moyen très éminent; non-Rédemption mais « pré-Rédemption »


Les Adversaires:

Les Protestants, avant et après la Définition dogmatique.

Les Thomistes, avant.


Le Chemin pour la définition a été préparé:


Concile de Latran (649) (Dz 503) : Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte, toujours vierge et immaculée Marie,. . .


Sixte IV (Dz 1425) in « Grave nimis » (1483) interdit de condamner les Privilèges de la Vierge Marie

« Bien que la sainte Eglise romaine célèbre publiquement et solennellement la fête de la conception de l'immaculée et toujours Vierge Marie et qu'elle a institué un office spécial et particulier à son sujet, certains prédicateurs de divers ordres, comme Nous l'avons appris, n'ont pas eu honte jusqu'ici d'affirmer publiquement au peuple de diverses villes et régions, et ne cessent de prêcher chaque jour, que pèchent mortellement ou sont hérétiques tous ceux qui tiennent ou affirment que cette même glorieuse et immaculée Mère de Dieu a été conçue sans la tache du péché originel, et qu'ils pèchent mortellement ou sont hérétiques s'ils célèbrent l'office de cette Immaculée Conception et qu'ils écoutent les sermons de ceux qui affirment qu'elle a été conçue sans cette tache.

... Dans l'intention de Nous opposer à ces hardiesses téméraires..., Nous réprouvons et condamnons - de notre propre mouvement, non à 1a demande d'une requête quelconque qui nous aurait été présentée à ce sujet, mais suite uniquement à notre propre délibération et de science certaine - ces assertions de ces prédicateurs et des autres, quels qu'ils soient, qui osent affirmer que ceux qui croient et tiennent que la mère de Dieu a été préservée du péché originel dans sa conception seraient à cause de cela entachés d'hérésie ou qu'ils pécheraient mortellement, ou que s'ils célèbrent cet office de la conception ou entendent ces sermons ils encourraient la faute d'un péché ; ces affirmations Nous les réprouvons et les condamnons par les présentes, en vertu de l'autorité apostolique, comme fausses, erronées et totalement contraires à la vérité, ainsi que les livres précités qui ont été publiés avec ce contenu ;... Nous soumettons à la même peine et à la même censure ceux qui osent affirmer que les tenants de l'opinion contraire, à savoir que la glorieuse Vierge Marie a été conçue sans le péché originel, se rendent coupables d'hérésie ou d'un péché mortel, puisque la chose n'a pas encore été décidée par l'Eglise romaine et par le Siège apostolique. »


Trente (Dz 1516) :

« Cependant ce même saint concile déclare qu'il n'est pas dans son intention de comprendre dans ce décret, où il est traité du péché originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, mais que l'on doit observer les constitutions du pape Sixte IV, d'heureuse mémoire, sous la menace des peines qui y sont contenues et il les renouvelle. »


Dz 1573 : « Si quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou, au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés, même véniels, à moins que ce soit par un privilège spécial de Dieu, comme l'Eglise le tient au sujet de la bienheureuse Vierge : qu'il soit anathème. »


St Pie V (Dz 1973) contre Michel Baïus : « Personne, hormis le Christ, n'est sans le péché originel; c'est pourquoi la bienheureuse Vierge est morte à cause du péché contracté d'Adam, et toutes ses afflictions en cette vie, comme celles des autres justes, furent des punitions du péché actuel ou originel. »


Paul V disait avec Grégoire XIII, qu’on ne pouvait nier l’Immaculée Conception.

Alexandre VII (Dz 2015) : « Ancienne est la piété des fidèles du Christ à l'égard de la bienheureuse Vierge Marie sa mère, qui pensent que son âme, au premier instant de sa création et de son infusion dans le corps, a été, par une grâce et une faveur spéciale de Dieu, en considération des mérites de Jésus Christ son fils, Rédempteur du genre humain, pleinement préservée intacte de la tache du pêché originel, et qui, dans cet esprit, honorent et célèbrent solennellement la fête de sa conception ; et leur nombre s'est accru après la publication...des constitutions du pape Sixte IV de bienheureuse mémoire 1400 , 1425 , renouvelées par le concile de Trente. 1516 .

Cette Piété s'est accrue et propagée à nouveau... de sorte que la plupart des académies les plus célèbres viennent elles aussi à cette croyance, et que presque tous les catholiques déjà l'embrassent. »


Clément XI a étendu la fête à toute l’Église en 1708.

Témoignage de l’Écriture Sainte:

- Gen. III, 15: « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête, et tu l’atteindras au talon »: Ève est Marie au sensus plenior typique. Il y a de nombreuses comparaisons dans des textes ultérieurs. Le sens ici est très messianique. Marie, en ce sens, a participé à la victoire du Christ.[11]

- l’Annonciation Lc. I,2: « Pleine de Grâce ». Il s’agit d’une grâce surnaturelle, possible, s’il n’y a aucun péché originel. Ces paroles sont répétées par Élisabeth [Luc I,42] « "Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein! ».


Ces deux passages ne suffisent pas pour affirmer que le dogme de l’Immaculée Conception est contenu dans la Bible donc révélée. Il faut adjoindre à cela la tradition exégétique des Pères[12].


La Tradition:

Si avant, il n’y a aucune affirmation de l’Immaculée Conception, il n’y a pas non plus de condamnation. Or, il y a quelque chose de l’Immaculée Conception contenue dans les Pères. Ainsi, après avoir éloigné les empêchements, la définition est possible.

Ont été affirmés par les Pères[13]:

- Pureté et sainteté tout à fait sans limites de Marie.

- Pureté comparée à celle d’Ève, avant le péché originel. (Saint Justin, Irénée, Tertullien).

- Pureté comparée à celle de la Terre, œuvre de la Création de Dieu (Saint Irénée).

- Selon un certain rapport, seule la pureté de la Vierge Marie pouvait être comparée à celle du Christ.


Preuve liturgique :

Depuis le VII et VIII° siècle, on célèbre dans l'Eglise, surtout l'Eglise grecque, la fête de la conception de la Bienheureuse Vierge Marie : en Sicile au IX°, en Irlande au X°, presque dans toute l’Europe au XII°.


Les théologiens :

Au XII° et XIII° de grands théologiens ont nié ce privilège[14]. On peut citer saint Bernard, Anselme, Pierre Lombard, Hugues de saint Victor, Albert le Grand, saint Bonaventure, saint Thomas. Ils n’ont pas assez considéré ce problème sous l’angle de la rédemption préservatrice.


Explication théologique:


1°) La Doctrine de Saint Thomas doit être corrigée[15]:

- Saint Thomas concède qu’elle fut dotée de la purification du péché avant la naissance, dans le sein de sa mère IIIa,q.27,a.1,2 : S. Augustin parle selon la loi commune : on ne peut être régénéré par les sacrements avant d'être né. Mais Dieu n'a pas lié sa puissance à cette loi des sacrements ; par privilège spécial il peut conférer sa grâce à certains hommes avant leur naissance.


- Il nie cependant qu’elle fut sanctifiée avant l’animation de l’âme humaine. Car avant, n’ayant pas d’âme, elle ne pouvait être ‘subjexta’ à la Grâce. De même, elle n’aurait pas eu à subir la loi du péché originel. Elle n’aurait pas besoin du Christ: il ne serait pas rédempteur universel.


- Il nie l’Immaculée Conception. Et ceci non pas dans le sens où elle a été définie par l’Église mais au sens où certains docteurs de son temps la tenaient: la chair avant l’infusion de l’âme aurait été sanctifiée alors qu’elle n’est capable ni de grâce ni de péché puisqu’il faut une personne humaine. Enfin, la rédemption du Christ n’aurait pas été utile à la Bienheureuse Vierge Marie puisqu’elle aurait été sanctifiée indépendamment du Christ. Saint-Thomas tient cependant la très haute sainteté de Marie, étant néanmoins inférieure à celle du Christ. Mais aussi exempte de péché que peut le comporter la qualité de rachetée, elle devait être racheté du péché originel par la mort de son Fils.

Ce que voulait saint-Thomas c’est que Marie soit pécheresse puis rachetée. Or puisque de par ses parents et de par sa nature elle devait contracter le péché, le fait qu’elle ne l’ai pas est réellement une libération par mode de rachat.


2°) Le dogme de Foi est expliqué.


Raison de convenance : puisque Marie devait enfanter le Fils Unique de Dieu, il convenait qu’elle reçue plus que les autres hommes. Si l’on admet de Jérémie et saint Jean Baptiste ont été sanctifiés avant leur naissance, on peut croire que Marie aussi.

Deuxième raison de convenance : plus on approche de la source de toute grâce, plus on reçoit.


Difficultés : puisque le Christ est l’unique rédempteur, Marie né avant Lui ne pouvait pas être racheté avant son Avènement.

Cette difficulté a été écartée par Scot :

  • Le Rédempteur exerce une rédemption souveraine.
  • Or la rédemption souveraine peut se faire de façon libératrice (du péché déjà contracté) comme d’une façon plus parfait : préservatrice. Il est en effet plus parfait de préserver quelqu’un d’un coup mortel que de l’en guérir.
  • Donc . . .

Ineffabilis Deus :

L’honneur des parents comme leur déshonneur rejaillit sur leurs enfants, et il ne convenait pas que le rédempteur parfait eut une Mère qui ait été conçue dans le péché.

Le Verbe procède éternellement d’un Père très saint, il convenait qu’il naquit sur terre d’une Mère qui n’ait jamais manqué de la splendeur de la sainteté.

Pour que Marie puisse réparer la chute d’Ève, vaincre les artifices du démon et donner à tous, avec le Christ, par Lui et en Lui, la vie surnaturelle, il convenait qu’elle-même n’ait jamais été dans l’état de déchéance, dans la servitude du péché et du démon.


Une sanctification peut être faite: soit de contraire en contraire (du péché en grâce) soit du nié en affirmé (du non-saint en saint: cas du Christ). Le cas de la Vierge Marie est intermédiaire (medio). Il fallait une intervention, sans laquelle elle aurait encouru le péché originel. Elle a donc eu la dette du péché (debitum peccati): proximum en raison de son origine humaine et non remotum car Dieu ne l’a pas a priori exemptée de la loi du péché originel.

Ainsi, elle n’a été sanctifiée ni avant sa conception (cf. Saint Thomas) ni après (cf. Dogme) mais à l’instant en raison des mérites du Christ: elle a été rachetée non ‘per liberationem’ mais ‘per præservationem’.

II. II. 2. Les conséquences du privilège de l’Immaculée Conception.

De immunitate beatae virginis a concupiscentia.


Note : ad omnibus theologis ut certum admittitur (Pesch).

Proxima Fidei voire De Fidei: Saltem fide proximum est Bienheureuse Vierge Marie ex speciali privilegio (P. Mehrlet).


Les Adversaires: les Protestants en général.


Le Magistère de l’Eglise:

Le Concile de Trente (Dz 1573) : Si quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou, au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés, même véniels, à moins que ce soit par un privilège spécial de Dieu, comme l'Eglise le tient au sujet de la bienheureuse Vierge : qu'il soit anathème 1537 ; 1549 .


La Bulle « Ineffabilis Deus » de Pie Ix (Dz 2800) : Le Dieu ineffable... a élu depuis le commencement et avant les siècles pour son Fils unique, et lui a destiné une mère de laquelle, ayant pris chair, il naîtrait lors de la bienheureuse plénitude des temps, et il lui a manifesté un tel amour au-dessus de toutes les créatures qu'il mit en elle, d'une manière singulière, ses plus grandes complaisances. C'est pourquoi, puisant dans le trésor de sa divinité, il la combla bien plus que tous les esprits angéliques et que tous les saints, de l'abondance de toutes les grâces célestes, et avec une telle profusion que, toujours exempte de toute tache du péché, toute belle et parfaite, elle manifesta une telle plénitude d'innocence et de sainteté qu'on ne peut, au-dessous de Dieu, en concevoir de plus grande, et qu'excepté Dieu, personne ne peut la concevoir en pensée.


Pie XII dans l’Encyclique « Mystici Corporis » affirme que le Christ est né « d’une Vierge privée de la faute »[16].


La Liturgie.


La Tradition:

Contre: Origène, Basile, Césaire, Cyrille d’Alexandrie.

Pour: Saint Ambroise, Saint Augustin, Ephrem.


La doctrine de l ’Eglise


Ce que nous comprenons par tendance au péché:

Sentence commune: fomitem peccati in Maria cum conciperetur exstinctam esse: => préservation.


Explication théologique:


1°) La Bienheureuse Vierge Marie n’a commis aucun péché actuel: IIIa, q.27,a.4.

Péché ni mortel ni véniel: elle a une vocation spéciale. Et ceci pour trois raisons:

- L’honneur ou le déshonneur des parents retombe sur sa descendance;

- la Vierge Marie a eu une affinité semblable au Christ;

- Le Fils de Dieu a habité en elle, quasi temple de Dieu.


2°) Son immunité face à cette inclination:

Depuis la définition du dogme il faut tenir que le foyer de convoitise n’a pas seulement été lié en Marie dès le sein de sa mère, mais qu’il n’a jamais existé en elle.

En conséquence : parfaite subordination des facultés, jamais sujette à l’erreur ou illusion (jugement soit droit soit suspendu)

IIIa,q.27,a.3: Pour saint Thomas, elle n’en était pas préservée. Le Fomes est soit ‘totaliter’ soit ‘remanans ligatus’ (c’est le cas de la Vierge Marie). Les théologiens modernes affirment qu’elle est ‘ab omni labe immunis’: aucun fomes.

Le Christ a eu les peines, conséquences du péché originel. Et ceci pour pouvoir souffrir. Il y donc conformité de la Vierge Marie avec son fils. Elle est donc morte...


3°) Quant au péché véniel :

D’après le concile de Trente (dz 1573 : Si quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou, au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés, même véniels, à moins que ce soit par un privilège spécial de Dieu, comme l'Eglise le tient au sujet de la bienheureuse Vierge : qu'il soit anathème)

Le juste peut éviter chacun des péchés mais non tous dans leur ensemble, au contraire de Marie.

Saint Augustin : « pour l’honneur de son Fils, qui devait remettre les péchés du monde, il ne serait être question d’elle, quand il s’agit du péché »[17].

Raisons de convenances :

  • Ceux que Dieu a choisis pour une tâche, il les prépare et les dispose pour qu'ils soient reconnus capables de cette tâche, selon S. Paul ( 2Co 3,6 ) : " Dieu nous a rendus capables d'être ministres de la nouvelle alliance. " Or la Bienheureuse Vierge a été divinement choisie pour être la mère de Dieu. Aussi ne peut-on douter que Dieu, par sa grâce, l'ait rendue digne d'un tel honneur, selon la parole de l'ange ( Lc 1,30 ) : " Tu as trouvé grâce auprès de Dieu, voici que tu concevras, etc. " Or elle n'aurait pas été la digne mère de Dieu si elle avait jamais péché.
  • Parce que l'honneur des parents rejaillit sur les enfants, selon les Proverbes ( Pr 17,6 ) : " La gloire des enfants, c'est leur père. " Aussi, à l'inverse, l'indignité de la mère aurait rejailli sur le Fils.
  • Ensuite, la Vierge avait avec le Christ une affinité sans pareille, puisqu'il avait reçu d'elle sa chair. Or il est écrit ( 2Co 6,15 ) : " Quelle complicité peut-il y avoir entre le Christ et Bélial ? "
  • Enfin le Fils de Dieu, qui est " Sagesse de Dieu " ( 1Co 1,24 ) , a résidé en elle, d'une façon unique, non seulement dans son âme, mais dans son sein. Or il est écrit ( Sg 1,4 ) : " La Sagesse n'entrera pas dans une âme mauvaise ; elle n'habitera pas un corps esclave du péché. "

Pour toutes ces raisons, il faut proclamer sans aucune réserve que la Bienheureuse Vierge n'a commis aucun péché actuel, ni mortel ni véniel, si bien que s'accomplit en elle la parole du Cantique ( Ct 4,7 ) : " Tu es toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a pas de tache en toi. "


II. II. 3. Le progrès de la grâce en Marie.

a) La Doctrine de l’Eglise:

i) La doctrine commune des théologiens.

- La Vierge Marie, avant de concevoir son Fils, avait suffisamment été préparée à être Mère de Dieu.

- Lorsqu’elle conçut le Christ, elle reçut une Sainteté encore plus grande;

- Jusqu’à sa mort, elle a crû en Sainteté;

- La sanctification de Marie s’est faite au ciel.


ii) Le Magistère:

Pie IX « ineffabilis Deus »; Pie XII « Mystici Corporis »: la Vierge Marie est plus remplie du Saint-Esprit que l’ensemble des créatures réunies.

CV II in LG Ch.VIII:

- Antecellit omnibus creaturis cælestibus et terrestribus. (n°53).

- Elle occupe le rang le plus élevée; elle est la plus proche du Christ. (n°54).

- Elle toute sainte comme une nouvelle créature du Saint-Esprit. (n°56).

- Elle a fait sienne la salvifique volonté de Dieu, de tout cœur sans le retard d’aucun péché. (n°56).

- Elle mérite d’être honorée d’un culte spécial. (n°66).


b) Explication théologique:

Elle est prouvée par IIIa, q.27,a.5.

Marie fut la plus proche du Christ selon son humanité; de plus, elle fut principe de Grâce, laquelle est exigée par sa maternité physique. Sa plénitude à sa conception n’est pas encore celle qu’elle recevra quand elle concevra le Christ. Cette croissance n’empêche pas la plénitude (de disposition [reçue lors de sa conception], de forme [union au Christ] et de fin [dans la gloire]).

La Grâce a pu croître en Marie ex opere operantis (elle a pu acquérir des mérites et devenir plus digne mère de Dieu) et ex opere operato (contact avec le Christ qu’elle a reçu).

Corollaire:

i) l’élection de Marie (III.a,q.27,a. ,ad 1)

ii) sa Grâce a pu être augmentée: La doctrine de St Thomas doit être corrigée (ad 2).


a) La perfection de la première grâce en Marie : supérieure à celle des anges.


Saint Luc : « Je Vous salue pleine de grâce ».

Ineffabilis Deus : « Marie a été aimée par Dieu plus que toutes les créatures, il s’est pleinement complu en elle, et il l’a comblée admirablement de toutes ses grâces, beaucoup plus que tous les esprits angéliques et que tous les saints ».


Explication de saint Thomas [III q27 a5] :

  • Plus on est proche du principe, en n'importe quel genre, plus on participe de son effet. Ainsi Denys dit-il que les anges qui sont tout près de Dieu participent des bontés divines plus que les hommes. Or le Christ est principe de la grâce : par sa divinité comme premier auteur ; par son humanité comme instrument: " La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ " ( Jn 1,17 ) . Or la Vierge Marie fut la plus proche du Christ selon l'humanité, parce qu'il a reçu d'elle la nature humaine. Et c'est pourquoi elle devait obtenir du Christ, plus que tous les autres, plénitude de grâce.
  • Dans son commentaire sur l’Ave : les anges ne manifestent pas des égards aux hommes leur étant supérieurs. Or l’ange Gabriel salut la sainte Vierge et l’appelle « comblée de grâce ». Donc Marie est supérieure en grâce aux anges.

Raisons de convenances de sa plénitude de grâce :

  • Pour éviter tout péché, si léger soit-il, et pratiquer éminemment toutes les vertus.
  • Pour que cette plénitude débordât de son âme sur son corps et qu’elle conçût le Fils de Dieu fait homme.
  • Pour que cette plénitude débordât sur touts les hommes, et pour qu’elle nous aidât dans la pratique de toutes les vertus.

b) La perfection de la première grâce en Marie : supérieure à celle des saints.


  1. La grâce initiale de Marie fût-elle plus grande que la grâce finale de chacun des anges et des hommes?

La grâce finale : celle qui précède immédiatement l’entrée au ciel.


Réponse : Oui[18], saint Jean Damascène, Suarez, Saint Alphonse, Terrien, Hugon. . . : doctrine certaine.

Raison : à cause de la maternité divine, en tant que la grâce initiale était une préparation à l’union au Verbe, et en tant que la grâce est donnée par Dieu en fonction de son amour pour la personne. On ne peut imaginer Dieu aimer plus un autre que Marie, sa Mère.


  1. La grâce initiale de Marie fût-elle plus grande que la grâce finale des anges et des hommes pris ensemble ?

Négateurs : Raynaud, Terrien, Lépicier répondent non pour la grâce initiale, oui pour la grâce finale. Valentia répond oui pour la deuxième sanctification, au moment de l’Incarnation. Saint Alphonse et la plus grande majorité des théologiens disent oui avec les notes suivantes, pour la grâce finale et la deuxième sanctification : proposition certaine, pour la plénitude initiale : très probable sinon certain.


Les raisons.

Argument d’autorité : Véga, saint Alphonse, Monsabré, Tanquerey, Merkelbach, Hugon, Billot. . .

Pie IX dans sa bulle favorise cette opinion : « Il (Dieu) l’aima plus elle seule que l’universalité des créatures, et d’un tel amour, qu’il mit en elle, d’une manière singulière, ses grandes complaisances. . . Il l’a combla si merveilleusement, bien plus que tous les esprits angéliques, bien plus que tous les saints, de l’abondance de tous les dons célestes.

« Marie est supérieure par la grâce aux Chérubins, aux Séraphins et à toute l’armée des anges ».


Arguments théologiques :

La première grâce était proportionnée à sa maternité divine, or la grâce finale des saints même prise ensemble n’est pas proportionnée à celle-ci qui d’ordre hypostatique. Donc . .

La personne qui est plus aimé par Dieu que toutes les créatures ensemble reçoit une plus grande grâce que toutes les créatures réunies.

Marie dès qu’elle put mériter et prier, pouvait sans les saints obtenir plus que tous les saints ensemble sans elle. Or le degré de mérite correspond au degré de grâce sanctifiante. Donc . . .

Une pierre précieuse comme le diamant vaut plus que la quantité d’autres pierres précieuses.

La valeur intellectuelle d’un saint Thomas dépasse celle de tous ses commentateurs réunis.

La valeur du saint Curé d’Ars vaut plus que tous ses paroissiens réunis.

La valeur d’un saint prêtre vaut plus que plusieurs médiocres.

Pour ne pas tomber dans le piège sur cette question il faut considérer que la grâce fait partie de l’ordre de la pure qualité immatérielle. Il faut donc éviter les analogies faisant entrer des considérations d’étendue, comme l’aigle du haut des Alpes ne vaut pas tout ce que voient les hommes.


Conclusion : il n’est pas douteux que Marie par la première grâce qui la disposait déjà à la maternité divine, valait plus aux yeux de Dieu que tous les apôtres, les martyres, les confesseurs et les vierges réunis, qui se sont succédé et se succéderont dans l'Église, plus que toutes âmes et tous les anges créés depuis l’origine du monde.


c) Les suites de la plénitude initiale de Marie.


La plénitude des vertus et des dons : ils sont les diverses parties de l’organisme spirituel. Elles dérivent de la grâce sanctifiante comme ses propriétés et selon un degré proportionné. Marie avait donc en son âme tout ce qui appartient à l’état de justice originelle dès le premier instant de sa conception : Thèse commune.

Raison : Marie, Mère de Dieu et des hommes ne devait pas être moins parfaite qu’Ève à sa création.


Difficulté : l’exercice de ses vertus exige l’usage de la raison et du libre arbitre!

Il est au moins très probable selon la grande majorité des théologiens[19] que Marie a eu dès le premier instant de sa conception l’usage du libre arbitre par science infuse, celle-ci possédée de façon transitoire. C’est l’avis de saint Vincent Ferrier, saint Bernardin de Sienne, François de Sales, Alphonse, Suarez, Vega, Contenson, Justin de Miéchou, Hugon, Merkelbach, Terrien. . . Elle a eu l’usage de la science infuse peut-être en certaines circonstances plus notables, Incarnation, Passion, Résurrection, Ascension, pour avoir une connaissance plus parfaite des perfections divines et du mystère de la Sainte Trinité.


Raison :

  • Marie était reine des patriarches, prophètes, apôtres et de tous les saints. Or puisque saint Jean Baptiste a eu l’usage de raison dès le sein de sa mère[20]. Donc . . .
  • Puisque Marie a été justifiée dès le premier instant par la grâce à un degré supérieur à la grâce finale de tous les saints, il convient qu’elle l’ait été à la manière des adultes, librement.
  • Sans le libre arbitre, tous ses trésors seraient restés inactifs, cela paraît contraire à la sagesse divine.

La vision de Dieu? Pour Garrigou, rien ne peut l’affirmer. Vega fut le seul à soutenir cette thèse comme probable. Pour Merkelbach il est très probable qu’elle l’ai eu d’une façon transitoire avant de mourir, surtout si saint Paul (II Cor. XII, 2[21]) a joui quelque instant d’un tel privilège. Sainte Thérèse jouissait à la fin de sa vie souvent d’une vision intellectuelle de la Sainte Trinité.


La science infuse? Beaucoup de théologiens l’affirment au moins de façon transitoire et d’autre de façon permanente. Les apôtres l’ont possédé[22].

Science infuse transitoire ou permanente? Il est sérieusement probable qu’elle ait été permanente.

  • Si ce privilège était transitoire, une fois passée, Marie se trouverait moins parfaite. Cela semble contradictoire que la Mère de Dieu puisse déchoire, sa dignité demandant qu’elle marchât sans cesse de progrès en progrès.

Pourquoi la charité a-t-elle dû incessamment grandir en Marie jusqu’à sa mort? C’est un précepte de Dieu que de L’aimer toujours plus durant notre vie. Il n’y a que dans Notre Seigneur Jésus-Christ que la grâce n’a pu augmenter, comme l’enseigne le concile de Constantinople. D’après saint Thomas : « le mouvement naturel ou connaturel devient plus rapide à mesure qu’il s’approche de sa fin ». Confirmé par le Proverbe IV,18 « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, Dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu du jour. » C’est une loi pour saint Thomas que la vie spirituelle s’accentue de plus en plus, se portent d’autant plus promptement et généreusement vers Dieu que le saint se rapproche de Dieu.

Rien ne peut retarder cet élan : ni les suites du péché originel, ni aucun péché véniel, aucune négligence ou distraction, ni aucune imperfection.


Les progrès de Marie par le mérite et la prière : la grâce sanctifiante a grandi en Marie par le mérite et la prière et une plus grande union à Dieu. La charité ne grandi pas en extension mais en intensité.


L’annonciation.

Raisons de convenance :

Afin que la Sainte Vierge pour qu’elle en fut instruite, puisse donner son consentement.

Par un ange : comme la chute est venue du mauvais ange, le salut vient d’un bon.

Avant saint Joseph : car Marie lui était supérieure par sa relation de maternité.

Par une vision corporelle accompagnée d’une illumination intellectuelle : cela est plus sur que la vision imaginative faite en songe.


Bossuet voit ici en Marie trois vertus :

la sainte virginité : renoncement aux joies des sens,

l’humilité parfaite : devant la grandeur de Dieu qui s’incline devant elle,

la foi : Marie a conçu son Fils déjà en esprit et ensuite dans son corps,

grande confiance et grand courage acceptant les prophéties douloureuses.


Augmentation de la grâce en Marie à ce moment.

En raison de la finalité de la grâce : il fallait une préparation qui la rendit immédiatement digne d’être Mère de Dieu.


En raison de la cause de la grâce : Dieu cause principale de la grâce; la mérite et en est la cause instrumentale par son humanité. Or on ne peut concevoir une plus intime union entre Dieu et Marie. On peut comparer l’Incarnation avec la plus excellente communion sacramentelle qui produit son effet ex opere operato.


En raison du mutuel amour du Fils et de sa sainte Mère : la grâce est le fruit de l’amour actif de Dieu pour l’homme, une participation dès ici-bas à la vie divine. Or Dieu aime plus encore sa Mère que tous.


La Visitation. [23]

Mon âme exalte le Seigneur, ( paix parfaite, toute à Dieu)

47 et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, (trouve tout ce qui est nécessaire en Dieu)

48 parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. (par elle même elle n’est rien)

Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, (prophétie réalisée tous les jours depuis 2000 ans)

49 car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. ( œuvre la plus grande de tous les temps l’Incarnation)

Saint est son nom,

50 et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.

51 Il a déployé la force de son bras, (les résultats sont déjà virtuellement atteint)

il a dispersé les hommes au cœur superbe.

52 Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles,

53 Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.

54 Il est venu en aide à Israël, son serviteur,

se souvenant de sa miséricorde, --

55 selon qu'il l'avait annoncé à nos pères -- en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais!"


Les dons intellectuels et les principales vertus de Marie.

La foi de Marie : était la plus forte du côté de l’objet grâce à la révélation immédiate qu’elle reçus le jour de l’annonciation et par la suite de sa sainte familiarité de tous les jours avec le Verbe fait chair. Du côté subjectif, sa foi était très ferme et très certaines, découlant de sa plénitude de grâce. Sa foi était admirablement éclairée par les dons qu’elle avait à un degré proportionné à celui de sa charité. Le don d’intelligence lui faisait pénétrer les mystères particulièrement ceux auxquelles elle fut particulièrement liée. Le don de sagesse lui faisait goûter les choses divines. Le don de science en Marie la ramenait toujours des choses terrestres aux choses célestes.


Les grâces datis datae[24] : sont accordés pour l’utilité du prochain. A ce sujet, les théologiens admettent généralement ce principe : plus que tous les autres saints, Marie reçu tous les privilèges que de hautes convenances réclament pour elle qui n’avaient rien d’incompatible avec son état. De façon certaine, nous devons admettre en Marie une connaissance profonde de l’Écriture, des mystères du Christ, de la grâce et de la Trinité. De plus elle a certainement éclairé saint Jean et saint Luc. Bien sur, la connaissance de Marie avait des bornes (Luc II, 48). Mais c’était là plutôt des limites que des lacunes. La Mère de Dieu, aux différentes époques de sa vie, savait ce qu’il convenait qu’elle sût.

On ne saurait non plus lui refuser le don de prophétie, qui ce manifeste dans le Magnificat « Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse ». Comme de nombreux saints, elle dût posséder les dons de guérison et de discernement des esprits.


Nous ne parlerons pas de sa vertu d’espérance et de charité, présente de façon la plus excellente, fonction de sa plénitude de grâce.


II. II. II.La Virginité de la Mère du Christ.

Maria permansit virgo ante partum, in partu, post partum.


Note : de fide.

La Virginité avant la Naissance :

Adversaires: les Ebionites, Celse, les Sociniens, les Protestants, les Modernistes.


Magistère :

Le Symbole apostolique (DS 2) : « Qui conceptus est de Spiritu Sancto ».

Le Symbole Nicée-Constantinople (Dz 86). « Et incarnatus est de Spiritu Sancto, ex Maria Virgine »

Le Concile de Latran I (Dz 503) : Si quelqu’un ne confesse pas qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné.

Le Concile de Latran IV (Dz 801) : Enfin, le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, incarné par une oeuvre commune de toute la Trinité, conçu de Marie toujours Vierge par la coopération du Saint- Esprit


L’Écriture Sainte:

a. Les textes messianiques ne parlent jamais du père, le Protévangile :

(Ps.XXI,10; Is.XLIX,1,5; Jer.XXXI,22; Mich.V,2)

Is.VII,14 : C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d'Emmanuel.


b. De façon explicite:

Mt.I,18 : Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint-Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint;

Lc.I,26sq : L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. 29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. 30 L'ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. 31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. 32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. 33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. 34 Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme? 35 L'ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. 36 Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. 37 Car rien n'est impossible à Dieu. 38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta.

Luc III, 23 : Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ 30 ans, et il était, à ce qu'on croyait, fils de Joseph, fils d'Héli,


La Tradition:

Cette thèse était cru par toute l’Église primitive: virginité ab initio. Ignace, Origène, Irénée, Tertullien l’affirment ainsi que les évangiles apocryphes: Marie est la porte close: « ostius conclausus ».


Explication théologique: IIIa,q.28, a.1. (ou q.28,a.1?)

La virginité est une partie de la chasteté qui est une vertu: la tempérance et l’orientation du désir sensible.

Intégrité de l’hymen: virginité ‘per accidens’: on peut rompre l’hymen sans perdre sa virginité.

Absence de délectation sexuelle: virginité matérielle.

Intégrité matérielle = virginité matérielle.

Perte de l’hymen + délectation volontaire = perte de la virginité.

Virginité au sens large aujourd’hui.

Au sens strict et théologique: pas de délectation volontaire.

Cf. q.28,a.1: raisons de convenance:

- Il n’aurait pas convenu que le Christ ait un autre Père naturel que Dieu son Père.

- Le Verbe conçu dans le Père sans corruption du Père devait être conçu dans sa Mère sans corruption.

- Le péché originel se transmet par l’acte charnel de conception naturel (même s’il n’y a pas délectation).

- La conception du Christ devait être exemplaire. Ces membres doivent naître selon l’esprit de cette Vierge, son Épouse spirituelle, qu’est l'Église.


La Virginité lors de la Naissance:

Les Adversaires.

Ce point fait davantage difficulté: Tertullien la nie (contre les Docètes) et Jovinien également (combattu par Saint Ambroise). Le Saint-Esprit a-t-il apporté quelque chose de matériel pour la conception ? Ce n’est pas défini. On peut cependant penser que Oui: par un miracle; mais c’est un mystère.


Le Magistère.

La Lettre dogmatique de St Léon à Flavius (Dz 253) : Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe issu du Dieu Père a été uni selon l'hypostase à la chair et qu'il est un unique Christ avec sa propre chair, c'est-à-dire le même tout à la fois Dieu et homme, qu'il soit anathème.

Le Symbole de Nicée-Contantinople (Dz 150) : qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie et s'est fait homme

Le Concile du Latran (Dz 503) : qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné.

Le 11ème Concile de Tolètain (Dz 533) : il est né d'elle selon un nouvel ordre, selon une nouvelle naissance : un nouvel ordre, parce que invisible en sa divinité il paraît visible en la chair ; nouvelle naissance, parce qu'une virginité intacte n'a pas connu le contact de l'homme et a fourni la matière de son corps fécondé par l'Esprit Saint.

(37) Cet enfantement de la Vierge, la raison ne peut le comprendre ; aucun exemple ne l'éclaire. Si la raison le comprend, il n'est pas admirable ; si des exemples l'éclairent, il ne sera plus particulier.

Paul V en 1555. (Dz 1880) : ou que selon la chair le même n'a pas été conçu dans le sein de la très bienheureuse Vierge Marie du Saint- Esprit, mais comme les autres hommes de la semence de Joseph [. . . ] ou que cette même bienheureuse Vierge Marie n'est pas vraiment Mère de Dieu et n'est pas demeurée dans l'intégrité virginale avant, pendant et perpétuellement après l'enfantement A. S.


L’Écriture Sainte:

Is.VII,14 : C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel.


La Tradition[25].

Saint Ambroise « une vierge concevra dans son sien et enfantera un fils ».


Beaucoup de textes liturgiques.

« Nobis datus, nobis natus ex intacta virgine » dit Saint Thomas.


Explication théologique: IIIa,q.28,a.2; et ad 2,3.

Miracle spécial et mystérieux.


Trois raisons de convenance:

1) Cela convenait à ce qui est le propre de celui qui naîtrait, et qui est le Verbe de Dieu. Car non seulement le verbe est conçu dans notre cœur sans le corrompre, mais c'est aussi sans corruption qu'il sort du cœur. Aussi, pour montrer qu'il y avait là le corps du Verbe de Dieu en personne, convenait-il qu'il naquît du sein intact d'une vierge. On lit encore dans un discours du Concile d'Éphèse : " Celle qui engendre la chair seule cesse d'être vierge. Mais parce que le Verbe est né de la chair, il protège la virginité de sa mère, montrant par là qu'il est le Verbe. . . Car ni notre verbe, lorsqu'il est engendré, ne corrompt notre âme, ni Dieu, le Verbe substantiel, lorsqu'il choisit de naître, ne supprime la virginité. "

2) Cela convient quant à l'effet de l'Incarnation. Car le Christ est venu pour enlever notre corruption. Aussi n'aurait-il pas été convenable qu'il détruisît par sa naissance la virginité de sa mère. Aussi S. Augustin dit-il " Il aurait été malheureux que l'intégrité fût détruite par la naissance de celui qui venait guérir la corruption. "

3) Celui qui a prescrit d'honorer ses parents ne pouvait en naissant diminuer l'honneur de sa mère.


Les Pères font le rapprochement avec le Buisson ardent, avec la sortie du Christ du Tombeau, avec le soleil à travers le verre. De même, le Christ dans son Corps glorieux traversant les endroits fermés.


Naissance de Marie: vrai corps: vrai homme.

Naissance virginale: vrai Dieu.

L’Église a toujours enseigné la naissance virginale du Christ.


La Virginité après la Naissance:

Les Adversaires.

Bien que cela soit de Foi, Tertullien et les Protestants sont contre.


L’Écriture Sainte:

Le Propos de Marie: Lc.I, 34 : Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?

Marie veut rester Vierge.


Les Paroles de Jésus en Croix à Marie: Jn.XIX, 26-27 : Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple: Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui.


Les « Frères du Christ » n’ont jamais voulu signifier ‘les fils de Marie’.

Difficulté à propos des « frères du Christ ».

Difficulté in Lc.II,27. & Difficulté in Mt.I, 25.

Ce sont les cousins de Jésus au sens hébreu de frère. Pour Saint Jérôme et la plupart des catholiques, ce sont les enfants d’une sœur de Marie. Car si Marie avait eu plusieurs enfants, pourquoi Jésus en Croix l’aurait-il confiée à Saint Jean ? De plus, l’Écriture Sainte laisse entendre que ces « frères » étaient plus âgés que Jésus. Or il est certain que Marie était très jeune et vierge lors de la conception de Jésus. « Primogenitus » n’implique pas qu’il y ait eu d’autres enfants[26].


La tradition :

Cf. Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 113.


Le Magistère:

On est habitué à citer la Damnation de Bonose par le Pape Sirice en 384. (Dz 256) [??]

Le Concile du Latran (Dz 503) : Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte, toujours vierge et immaculée Marie, puisque c'est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné.

Paul IV en 1555 contre les Sociniens, dz 1880 : que cette même bienheureuse Vierge Marie n'est pas vraiment Mère de Dieu et n'est pas demeurée dans l'intégrité virginale avant, pendant et perpétuellement après l'enfantement, nous requérons et avertissons de la part de Dieu tout-puissant, Père et Fils et Esprit Saint, par l'autorité apostolique...


Explication théologique IIIa,q.28,a.3 :

Il faut sans aucun doute rejeter l'erreur d'Helvidius, qui a osé dire que la mère du Christ, après l'avoir enfanté, a eu des rapports conjugaux avec Joseph et a engendré d'autres fils.

1) Cela porte atteinte à la perfection du Christ. Étant, selon sa nature divine, le fils unique du Père, comme étant parfait à tous égards, il convenait qu'il fût le fils unique de sa mère, son fruit très parfait.

2) Cette erreur fait injure au Saint-Esprit, car le sein virginal fut le sanctuaire ou il forma la chair du Christ ; aussi aurait-il été indécent qu'il fût ensuite profané par une union avec l'homme.

3) Elle rabaisse la dignité et la sainteté de la Mère de Dieu, qui aurait paru très ingrate si elle ne s'était pas contentée d'un Fils pareil et si elle avait voulu perdre par une union chamelle la virginité qui s'était miraculeusement conservée en elle.

4) On devrait encore reprocher à Joseph la plus grande audace s'il avait essayé de souiller celle dont l'ange lui avait révélé qu'elle a conçu Dieu par l'opération du Saint-Esprit. C'est pourquoi il faut affirmer sans aucune réserve que la Mère de Dieu, qui était restée vierge en concevant et en enfantant, est encore restée perpétuellement vierge après avoir enfanté.


Le mariage de Marie et son vœu de virginité.


Explication théologique IIIa,q.28,a.3,4. & q.29,a.1.

Il y a trois raisons de convenance pour le mariage de la Vierge Marie[27] :


- en raison du Christ: - pour qu’il ne paraisse pas un enfant illégitime;

- pour qu’il ait une généalogie;

- pour cacher sa naissance miraculeuse au diable;

- pour que Saint Joseph l’élève.


- en raison de la Vierge: - pour qu’on ne la lapide pas;

- pour la protéger de l’infamie.

- pour être aidée par Saint Joseph.


- à cause de nous:- pour que la Foi de Saint Joseph nous incite à croire;

- pour que l’affirmation de sa virginité par Marie nous soit plus crédible;

- pour que l’honneur de Marie ne soit pas terni;

- pour symboliser le Mariage du Christ et de l’Église.

- pour honorer à la fois la virginité et le mariage.


Le Mariage de Notre-Dame et de Saint Joseph était un vrai mariage. Il servit de plus à l’éducation du Christ. « Matrimonium ratum sed non consommatum ».

q.29,a.2:

- Un enfant: le Seigneur Jésus. - Une fidélité: jamais d’adultère. - Un secret: pas de divorce. - Seules manquent les relations conjugales.


La doctrine commune enseigne que Marie a fait un vœu de virginité perpétuelle.


Saint Augustin [sermo CCCX in Natali Joan Bap] : « Virgo es, sancta es, votum vovisti ».


II. II. III.L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

A. La Mort de Marie:

Marie a subit la mort temporelle.


Note : sententia communior.


La plupart des auteurs affirment en général la Mort de Marie. cf « Munificentissimus Deus »: il n’est pas question de la mort de Marie parce que l’Église ne veut pas la définir. La question reste difficile et non tranchée, mais plutôt en faveur de la mort.

La Liturgie parle rarement de la mort de Marie. La Fête de la Dormition (avapausis) est très ancienne (probablement la plus ancienne de Marie). [B.480]

La mort a deux causes: la composition de corps et d’âme.

Problème : Marie était exempte du péché originel et c’est à cause de celui-ci que l’homme meurt. Ici, il faut rappeler que l’homme est mortel par sa nature et que l’immortalité d’Adam résultait d’une Grâce spéciale. Cette Grâce n’est plus conférée, même dans l’économie du Salut. Ainsi, même sans sa Passion le Christ lui-même serait mort. On ajoute ici que par conformation au Christ, la Vierge Marie devait mourir. Marie est morte, mais pas en raison du péché ni non plus en raison d’une maladie: Marie est morte d’amour: « sa mort fut une mort libre causée par la violence de son amour pour son Fils et pour Dieu ». Cette mort d’amour n’est pas seulement une mort en état de grâce ou dans l’amour, mais qui est une suite de l’intensité d’un amour calme et très fort, par lequel l’âme, mûre pour le ciel, quitte son corps et va s’unir à Dieu dans la vision immédiate et éternelle de la patrie, comme un grand fleuve se jette dans l’océan[28].

Enfin, pour le lieu, rien n’est certain: soit Éphèse, soit Jérusalem.


Marie fut laissée laissé au monde après Jésus-Christ pour consoler l'Église. Elle le fit par sa prière, par ses mérites qui ne cessèrent de grandir; elle soutient ainsi les apôtres dans leurs travaux et leurs souffrances et elle exerça un apostolat caché profond en fécondant le leur.


Témoignage des Pères :

« Comment, ô Immaculée, pourras-tu mourir? Elle se soumet à la loi posée par son Fils, comme fille du vieil Adam, elle accepte de payer la dette paternelle, parce que son fils, qui est la Vie même, ne s’y est pas soustrait non plus » Saint Jn Damascène[29].

B. L’Assomption de Marie:

Marie a été élevée en corps et en âme dans le ciel.


Note : de fide.


Adversaires.

Les Protestants la nient en général mais pas certains luthériens.


Le Magistère.

Pie XII in « Munificentissimus Deus », 1er Novembre 1950 (Dz 3903) : par l'autorité de notre Seigneur Jésus Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul et par notre propre autorité Nous affirmons, déclarons et définissons comme un dogme divinement révélé que : l'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste.


Écriture Sainte:

On ne peut prouver directement le dogme de l’Assomption par l’Écriture. Aucun texte ne contient explicitement cette affirmation.

Insinuations: - Protévangile: Gen.III,15; I Cor.XV,23 (Mais chacun à son rang: comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son Avènement) ; I Cor XV, 53-55.


- Saint Luc : « Ave gratia plena »: cf. Saint Thomas in Expositio super salutationem Angelicam.

- Apo.XII,1 : Un grand signe parut dans le ciel: une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête.

-Ct.VIII,5 : Qui est celle qui monte du désert, Appuyée sur son bien-aimé? -Je t'ai réveillée sous le pommier; Là ta mère t'a enfantée, C'est là qu'elle t'a enfantée, qu'elle t'a donné le jour. -

-Mat XXVII, 52-53 : les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.

[Interprétation des Pères : Cette résurrection fut une résurrection et une glorification définitives. Mais si des justes de l’AT bénéficièrent, immédiatement après l’achèvement de l’œuvre rédemptrice du Christ, du salut complet, alors il est possible et vraisemblable que la Mère du Seigneur en bénéficie également. ]


La Tradition:

- On ne peut pas prouver le dogme par l’histoire antique : « Dieu peut faire tout ce qui Lui plaît, et nous n’avons rien de certain sur la fin de la Vierge » Épiphane[30].

- Mais la Foi en l’incorporation de Marie remonte au moins au 3ème siècle[31].

- Le dogme a surtout été mis de plus en plus en lumière après la définition de Benoît XII en 1336 [DB 530].

- L'Église d’orient comme d’occident célèbre cette fête depuis le VII°, avec procession solennelle à Rome depuis le pape Sergius (687-707).

Le privilège de l’Assomption est considéré comme une vérité certaine enseignée par le magistère ordinaire, c'est à dire par tous les évêques en union avec le pasteur suprême, avant 1950.

Il est probable qu’il y ait eu une révélation explicite faite aux apôtres ou à l’un d’entre eux, car il est bien difficile d’expliquer autrement la tradition universelle qui existe manifestement en orient et en occident depuis le VII° siècle au moins et qui s’exprime en cette fête.

La définition avait demandé au concile du Vatican. [32]


Arguments théologiques:

- Pleine victoire sur le Diable sur le péché et sur la mort.

- Plénitude de grâce de Marie: Marie ne pourrait être soumise à la malédiction de la corruption. L’exemption du péché originel portait aussi sur le « tu es poussière et tu retournera poussière » . De cet argument les théologiens affirment que ce mystère est implicitement révélé dans la plénitude de grâce unie à l’exceptionnelle bénédiction reçue par Marie.

- Dignité de la maternité divine: la Mère du Christ devait être préservée de la prolifération : argument de convenance non démonstratif.

- Virginité de Marie: le Christ a voulu respecter le corps de Marie dans sa naissance. Combien plus dans sa mort préservera-t-il son corps de la corruption.

- Analogie entre le statut de la Rédemption originelle et le statut de Marie. La Grâce de Marie était plus grande que celle d’Adam, qui normalement aurait été préservé de la corruption par Grâce.


Argument principal:

Le Christ était mortel. La mort a une cause éloignée et une cause prochaine.

Nature humaine = composition = dissolution => cause éloignée. Pour les ressuscités, la gloire de l’âme est en redondance sur le corps, et dès lors, ils ne peuvent plus mourir. Le Christ avait cette gloire en son âme, avec redondance sur son corps. Il n’aurait donc pas dû mourir, mais Dieu a empêché la redondance pour permettre la mort. Le Christ est mort mais son corps ne s’est pas corrompu (corruption = conséquence du péché). En Marie, conçue sans péché originel, il ne pouvait y avoir les suites de la malédiction du péché: pas de cause prochaine => pas de mort. (Cause prochaine: malédiction due au péché). Mais il convenait que Marie soit conformée davantage à son Fils, c’est pourquoi Marie est vraiment morte, mais son corps n’est pas corrompu. Les hommes ressusciteront à la fin du monde et leur corps recevra l’incorruptibilité et l’immortalité définitives. Dernière raison: la dignité de la virginité de Marie.

Pie XII: Les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption sont liés l’un à l’autre. La véritable raison de la mort et de l’incorruptibilité de la Vierge Marie est sa conformation à son Fils par la Grâce du Christ.


La Vierge au ciel.

Est-ce que la gloire de Marie au ciel dépasse celle des saints? Oui car la gloire du ciel est fonction du degré de grâce et de charité atteint au moment de la mort. Or puisque Marie était l’Immaculée Conception, elle avait atteint un degré de sainteté bien supérieur aux autres saints. Donc . . .

Marie a donc une vision plus profonde en extension et en intensité. De plus un bienheureux voit in Verbo tout ce qui le concerne. Or Marie est Mère du genre humain, médiatrice de toutes les grâces. Donc elle voit plus de choses que n’importe quel bienheureux.

Par conséquence : la sainte Vierge est appelée « Regina caelorum; Regina caeli, Regina angelorum ». . . [33]


III° partie : Marie, Mère du Sauveur.

Le mystère accompli de Marie rapporté au Corps mystique du Christ.


Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement.


Marie savait que l’Incarnation était rédemptrice, et par son Fiat elle y a coopérée. Le nom de Jésus voulant dire sauveur, elle a du faire le parallèle avec toutes les prophéties de l’Ancien Testament annonçant un Messie souffrant. Ainsi les pères ont-il dit que notre salut dépendait du consentement de Marie, qui a conçu son Fils par l’esprit, avant de le concevoir corporellement[34].


Objection : un décret divin ne peut pas dépendre du libre consentement d’une créature, qui pourrait ne pas le donner !

Réponse : Dieu a donc de tout temps efficacement voulu et infailliblement prévu le consentement de Marie. Lui qui opère tout avec force et suavité, a décidé d’accorder à Marie une grâce efficace qui lui fera donner ce consentement libre, salutaire et méritoire. Ce fiat était tout entier de Dieu comme de sa cause première, et tout entier de Marie comme sa cause seconde.


III.1. Marie, mère des hommes.

Marie est « Mère des hommes » au sens spirituel.


Note : Sententia communis.


Tradition :

- parallèle Eve / Marie.

- Mater Vitæ, Mater omnium: dès le 4è siècle. Mater viventium.

- Scheeben distingue 3 moments selon les Pères : notre conception, notre enfantement; la sollicitude maternelle envers nous. Cf. IIIa,q.27,a5.

Notre mère selon la Charité. Mère de l’Auteur de la Grâce, elle est ainsi mère de la Grâce qui est en nous, d’une certaine façon. Marie nous a englobés dans la douleur au pied de la Croix.


Magistère :

Cf. « Mystici Corporis » de Pie XII: « Ecce Mater tua »: confirmation de cette doctrine. Tout le genre humain était signifié par Saint Jean (Cf. Léon XIII).


Explication théologique:

- Marie est notre mère au sens analogique par rapport à sa maternité envers le Christ.

- Mère au sens spirituel. Mère du Christ-Tête ( le Christ ) et du Corps du Christ (nous).

- Mère du principe de notre vie surnaturelle: la Grâce. Mère de ce qui nous fait vivre surnaturellement. De même saint Paul dit avoir engendré un de ses disciples (I Cor IV, 15 & Gal IV,19), combien plus peut-t-on le dire pour la Sainte Vierge[35].

- Le Christ, auteur de la vie de la Grâce, nous a réconciliés avec Dieu, a mérité la Grâce pour nous, par le moyen de sa nature humaine qui lui vient de Marie. Ainsi, en ce sens, Marie est notre Mère, en tant que mère de la Rédemption, « Mater salutis » (Saint Bernard).

- L’amour unit les volontés. Marie a fait sienne la volonté salvifique du Christ.

- Marie engendre le Christ corporellement, elle est notre Mère spirituellement.

- Analogie avec Ève: Adam -> Christ. Eve -> Marie Mère de tous les vivants.

- Le Christ: époux de l’Eglise: II Cor; Eph.

- D’autres analogies sont possibles.


A quel moment est-elle devenue notre Mère? Au moment de son fiat et plus parfaitement encore au pied de la croix. De plus notre Seigneur le manifeste par ses paroles « Femme, voici ton fils » [36]. Puisque les paroles du Christ son efficace, il y a eu à ce moment une augmentation de charité et d’amour maternel dans le cœur de Marie.


L’extension de cette maternité? Elle est Mère du genre humain en tant qu’elle a donné et qu’elle s’est unie au Sauveur de tous. Mais il faut faire les mêmes distinctions que pour le Christ Tête du genre humain. Par rapport aux infidèles elle est Mère en puissance, en tant que destinée à les engendrer à la vie, mais leur apportant néanmoins les grâces actuelles, pour ceux en état de péché mortel elle veille sur eux pour qu’ils se convertissent, à l’égard des damnés elle n’est plus leur Mère mais elle l’a été, elle est parfaitement Mère des justes et excellemment Mère des bienheureux. [37]

Marie corédemptrice.

La sainte Vierge est associée à l’œuvre rédemptrice comme cause seconde et subordonnée.


Note : doctrine commune et certaine, proche de la foi.


Témoignage de la tradition : dès le deuxième siècle les pères enseignent cette doctrine comme traditionnelle[38].


État de la question.

Question assez difficile[39]. Le terme de corédemption est utilisé par les théologiens et par les papes comme Pie XII. Le terme n’est cependant pas très heureux. Il faut bien le comprendre. Il ne faut pas l’entendre au sens de coordination, mais de subordination.


Magistère :

Saint Pie X (Dz 3370) : En raison de cette communion de douleurs et de volonté entre Marie et le Christ, elle "mérita de devenir de la façon la plus digne la réparatrice du monde perdu", et pour cette raison la dispensatrice de tous les biens que Jésus nous a préparés par sa mort et par son sang.

Certes nous ne nions pas que la dispensation de ces biens ne soit le droit propre et particulier du Christ ; ils sont en effet le fruit exclusif de sa mort, et lui-même est en raison de son pouvoir le médiateur entre Dieu et les hommes. Cependant, en raison de cette communion de douleurs et d'angoisse entre Marie et le Fils dont nous avons parlée, il a été donné à cette auguste Vierge "d'être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier".

La source est donc le Christ, "de la plénitude de qui nous avons tous reçu" Jn 1,16 ; "par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant toutes les jointures qui le desservent... il opère l'accroissement du corps en vue de son édification dans la charité" Ep 4,16 . Mais Marie... est 1aqueduc', ou encore le cou qui relie le corps à la tête...

Il est donc clair que nous sommes loin en effet d'attribuer à la Mère de Dieu le pouvoir d'opérer la grâce surnaturelle (un pouvoir) qui appartient à Dieu seul. Néanmoins, parce qu'elle l'emporte sur tous par la sainteté et par son Union avec le Christ, et parce qu'elle a été associée à l'œuvre du salut des hommes, elle nous mérite de congruo, comme on dit, ce que le Christ a mérité de condigno, et elle est le ministre premier de la distribution des grâces. »


Pie XII, Mystici Corporis (D 2291 supprimé dans le nouveau) : « Elle a offert son fils sur le Golgotha, en même temps que le sacrifice total de ses droits maternels et de son amour maternel, au Père éternel comme une nouvelle Ève, pour tous les enfants d’Adam ».

Dans Munificentissimus Deus : « la vénérable Associée de notre Sauveur ».


Explication théologique :


- Marie ne coopère pas à notre salut uniquement pour avoir physiquement conçu, enfanté et nourri le Rédempteur, mais pour l’avoir moralement conçu par ses actes méritoires, salutaires et libres [croyant aux paroles de l’archange, consentant librement au mystère de l’Incarnation Rédemptrice et tout ce qu’il entraînerait de souffrances pour son Fils et pour elle].

- Marie n’a pas mérité de condigno notre salut. Marie est réellement cause secondaire, subordonnée au Christ et dispositive de notre rédemption. Elle concourt à notre salut par une grâce qui provient des mérites du Christ.


- Marie ne concourt pas à la Rédemption objective, mais en tant que moyen (passive). Cf. Goosens, Billot, Lenertz, Smith, Diekamp, Köster, Semmelroth.

- Marie concourt à la Rédemption immédiatement et activement, avec le Christ, et ‘de congruo’. Cf. Scheeben, Hugon, Meerkelbach, Mesch...


N.B.: Vatican II appelle Marie mère des hommes, mais cependant ne place pas Marie au-dessus de l’Église, mais la considère comme un membre très excellent de l’Église. Cf. LG 8.


Dans son Credo,, Paul VI l’appelle explicitement« Mère de l’Église ». Les documents modernes utilisent plutôt les termes de « avocate », « médiatrice », « auxiliatrice » que « corrédemptrice ». Vatican II a évité de parler du terme de « Médiatrice » pour éviter les discussions.

II. III. II.Marie, médiatrice des grâces.

[1] * Marie est médiatrice des Grâces en tant qu’elle donne au monde le Rédempteur.

Note : De Fide


[2] * Marie est médiatrice des Grâces en tant que par son intercession elle peut distribuer toutes les grâces salutaires pour ceux qui l’invoquent bien.

Note: Fidei Proximum.


[3] * Aucun homme ne reçoit de grâces salutaires sans son intercession.

Note : : Sententia pia et probabilis.


La Sainte Vierge prie pour chacun de nous et son intercession nous est très utile.


Note : de fide.


* Il s’agit donc d’une médiation morale par l’intercession.

* Adversaires: les protestants.


Le Magistère:

- Léon XIII: Encyclique « Octobri Mense » (1891) (dz 3274) : C'est pourquoi il est permis d'affirmer avec non moins de vérité et de justesse, qu'absolument rien de cet immense trésor de toute grâce apporté par le Seigneur - puisque "la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ" Jn 1,17 rien ne nous est distribué, de par la volonté de Dieu, sinon par Marie, de sorte que de même que personne ne peut accéder au Père sinon par le Fils, de même pour ainsi dire personne ne peut parvenir au Christ sinon par la mère...


- Léon XIII : Encyclique « Idemtem piumque » (1896) (dz 3320) : Mais si "rien n'empêche, comme l'enseigne le Docteur angélique, que quelques autres soient appelés, sous un certain rapport, médiateurs entre Dieu et les hommes, en tant qu'ils coopèrent d'une façon dispositive et subordonnée à unir les hommes à Dieu", parmi lesquels se trouvent les anges et les saints du ciel, les prophètes et les prêtres des deux Testaments, alors en vérité la parure de cette gloire revient de façon plus éminente encore à la Vierge très haute.

Il est impossible en effet de concevoir quelqu'un qui, pour réconcilier les hommes avec Dieu, ait jamais pu ou puisse jamais réaliser une oeuvre pareille à celle de Marie. C'est elle en effet qui a donné le Sauveur aux hommes qui couraient à la perte éternelle, à savoir lorsque par son assentiment admirable elle accueillit "au nom de toute la nature humaine" l'annonce du Mystère de paix apporté par l'ange sur la terre ; elle "de qui est né Jésus" Mt 1,16 sa mère en vérité, et, pour ce motif, la digne médiatrice très agréée auprès du Médiateur.


- Pie X : Encyclique « Ad diem illum » (1904) (dz 3370) : Il est donc clair que nous sommes loin en effet d'attribuer à la Mère de Dieu le pouvoir d'opérer la grâce surnaturelle (un pouvoir) qui appartient à Dieu seul. Néanmoins, parce qu'elle l'emporte sur tous par la sainteté et par son Union avec le Christ, et parce qu'elle a été associée à l'œuvre du salut des hommes, elle nous mérite de congruo, comme on dit, ce que le Christ a mérité de condigno, et elle est le ministre premier de la distribution des grâces.


- Benoît XIV : Lettre à la société N.D. de la Bonne mort. En 1921, il concède aussi l’Office en l’honneur de Marie Médiatrice de toutes les Grâces, le 21 janvier.


Écriture Sainte : aucun témoignage explicite.

Par Marie, Jésus sanctifie le précurseur, par elle il confirme la foi des disciples à Cana, par elle il affermit la foi de Jean au Calvaire.


Tradition : implicitement dès le II° siècle avec la doctrine de Marie nouvelle Ève, coopératrice de l’œuvre rédemptrice. [40]

Saint Albert le Grand : « non in ministerium, sed in consortium et in adjutorium »(Mariale, q42).


Explication théologique :

Il y a une double médiation, ascendante sous forme de prière et de sacrifice, et descendante par la distribution des dons divins aux hommes.


[1] est évident: cf. IIIa, q.27, a.5,ad1 : Dieu donne à chacun la grâce conforme à la tâche pour laquelle il l'a choisi. Et parce que le Christ en tant qu’homme a été prédestiné et choisi pour être Fils de Dieu avec puissance de sanctifier, il lui appartenait en propre d'avoir une telle plénitude de grâce qu'elle rejaillirait sur tous selon la parole ( Jn 1,16 ) : " De sa plénitude nous avons tous reçu. "

La Bienheureuse Vierge Marie a obtenu une plénitude de grâce assez grande pour être la plus proche possible de l'auteur de la grâce, au point de recevoir en elle celui qui est plein de toute grâce ; et en l'enfantant elle a pour ainsi dire fait découler la grâce vers tous.

[2]: Cf.IIaIIæ,q.83,a.11 : les saints du ciel intercèdent pour les vivants.

[3]: Il est probable en général que Dieu distribue ses dons par les créatures qui lui sont le plus proche. Quant au mode de la distribution, il est discuté.

Trois possibilités: - elle peut se faire par la seule intercession (Pesch),

- elle peut se faire par une causalité efficiente instrumentale, comme un sacrement (Lavaud, Bernard).


Résumé : il s’agit d’une médiation non nécessaire (car celle du Christ est déjà surabondante et n’a pas besoin de complément); mais elle a été voulue par la Providence, comme un rayonnement de celle du Sauveur, et le rayonnement de tous le plus excellent. Dieu a voulu donner à Marie la dignité de causalité dans l’ordre de la sanctification et du salut.

Ainsi l’œuvre rédemptrice est toute de Dieu comme de la cause première de la grâce, elle est toute du Christ comme médiateur principal et parfait, elle est toute de Marie, comme médiatrice subordonnée.


Raisons de convenances :

-Une Mère au ciel connaît les besoins de ses enfants « in Verbum ».

- Sur terre les saints prient pour la conversion des pécheurs sous l’impulsion de la charité. Combien plus au ciel ils prient pour nous, concile de Trente (dz 1821) « Le saint concile enjoint à tous les évêques et à tous les autres ayant la charge et le devoir d'enseigner que, conformément à l'usage de l'Eglise catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne, et conformément au sentiment unanime des saints Pères et aux décrets des saints conciles, ils instruisent diligemment les fidèles, particulièrement sur l'intercession des saints et leur invocation,. . . »


Ce que l’on admet pour les saints, doit l’être bien plus pour la Vierge.


La prière de Marie est-elle toute-puissance?

La tradition appelle Marie omnipotentia supplex, la toute puissante dans l’ordre de la supplication[41]. Car la puissance d’intercession des saints est proportionnée à leur degré de gloire au ciel, ou d’union à Dieu [II-II q83,art11].

Léon XIII, 1 sept 1883 « coelestium administra gratiarum », de même dans Jucunda semper, Diuturni temporis, Pie X dans ad diem illum « la dispensatrice de toutes les grâces qui nous ont été acquises par le sang de Jésus ».


Toutes les grâces nous viennent par Marie : on peut le dire même les grâces sacramentelles, en ce sens que les dispositions que l’on doit apporter à la réception des sacrements sont obtenues par l’intercession de Marie[42].


La distribution de toutes les grâces : son mode d’influence.


Marie transmet la grâce par une causalité morale.

Note : communément admise, du fait de sa satisfaction, mérites passés, intercession.


Marie transmet la grâce par une causalité physique instrumentale.

Adversaires : Schebeen, Terrien, Suarez, de la Taille, Merkelbach. . .

Favorables : Hugon, Commer, Lépicier, Lavaud, Garrigou-Lagrange. . . Ils se basent sur le fait que Marie est considérée par la tradition comme le coup de l'Église. Marie semble intervenir dans la production même de la grâce, à titre d’instrument conscient et libre, comme lorsque le thaumaturge guérit par son contact et sa bénédiction.


Les mérites de Marie.

Ce que le Christ nous a mérité de condigno, Marie nous l’a mérité de congruo.


Note :

Moralement certaine pour certains, vraie conclusion théologique pour d’autre (Garrigou), ou vérité formellement et implicitement révélée et définissable comme dogme.


Il faut distinguer les trois sortes de mérites :

  • De condigne selon toute la rigueur de la justice : seul le Christ étant Dieu peut le faire.
  • De condigne en justice : en tant que procédant de la grâce habituelle et s’appuyant sur les promesses de Dieu.
  • Le conguo : le juste n’étant pas le Sauveur de l’humanité il ne peut mériter une grâce pour autrui selon la justice. Ce mérite est fondé in jure amicabili.

Magistère :


Saint Pie X (Dz 3370) :

Il est donc clair que nous sommes loin en effet d'attribuer à la Mère de Dieu le pouvoir d'opérer la grâce surnaturelle (un pouvoir) qui appartient à Dieu seul. Néanmoins, parce qu'elle l'emporte sur tous par la sainteté et par son Union avec le Christ, et parce qu'elle a été associée à l'œuvre du salut des hommes, elle nous mérite de congruo, comme on dit, ce que le Christ a mérité de condigno, et elle est le ministre premier de la distribution des grâces. »


Différences entre le mérite de Marie et le notre :

- Marie nous a non seulement mérité quelques grâces mais toutes et chacune.

- Marie nous a non seulement mérité l’application mais aussi l’acquisition car elle a été unie au Christ rédempteur dans l’acte même de la rédemption ici-bas, avant d’intercéder pour nous au ciel.


L’extension du mérite de convenance de Marie :


Marie nous a mérité les mêmes choses que son Fils :

  • Toutes les grâces suffisantes nécessaires pour que les hommes puissent réellement observer les préceptes, alors même qu’ils ne les observeraient pas de fait.
  • Toutes les grâces efficaces suivies de leur effet, c'est à dire de l’accomplissement effectif de la volonté divine.
  • Tous les effets de la prédestination des élus : la vocation chrétienne, la justification, la persévérance finale et la glorification ou la vie éternelle.

La satisfaction de Marie pour nous.

La vierge a satisfait de congruo ou le Christ l’a fait de condigno.


Seul le Christ a pu satisfaire de façon parfaite ou adéquate. Mais à celle-ci a pu s’ajouter une satisfaction de convenance.

En lui étant uni par une parfaite conformité de volonté, par l’humilité, la pauvreté, les souffrance et les larmes au Calvaire et en vertu de son éminente dignité de Mère de Dieu, et de son Immaculée Conception, on parle d’une satisfaction de congruo.[43]


La liturgie :

Les fêtes de la Compassion de la Sainte Vierge, de Notre-Dame des sept douleurs, le Stabat.


Magistère :


Léons XIII, Jucunda semper septembre 1894 « consors cum Christo existit laboriosae pro humano genere expiationis ».

Pie X, ad diem illum, « la réparatrice du monde déchu ».

Benoît XV, inter sodalicia, « elle a racheté le genre humain ».


Raisons théologiques :

En raison de son Immaculée Conception elle a souffert d’une très intense peine pour Dieu offensé, pour son Fils crucifié, et pour nos âmes que le péché ravage et fait mourir.

II. III. III. Marie, reine du monde.

Note : Theologia certa:

La Béatitude de Marie dans l’éternité est supérieure à celle de tous les Saints et de tous les anges. En effet, la Mère de Dieu a la plus grande mesure de Grâce.

Marie est Reine des Anges, des Saints du Ciel et de la Terre: de tout l’univers.


Magistère.

Ces affirmations sont insinuées par diverses expressions employées par les souverains pontifes :

* Martin Ier: « Domina »

* Grégoire II: « Gloriosa Domina Nostra ».

* Sixte IV:  «  Reine du Ciel et de la terre ».

* Léon III: « Marie est à la droite de son Fils ».

* Saint Pie X: « se tient à la droite de son Fils ».

* Pie XII institue en 1954 la Fête de Marie-Reine.

Cf. La Liturgie tant en Orient qu’en Occident: cf. Les Litanies.

Cf. LG 66-67.


Écriture Sainte:

III Rois II,19 :

Jer.XII,18 :

Selon l’Ancien Testament, une révérence est due à la Mère du Roi.


La Tradition:

« Vere antiquissima »: cf. La représentation dans les catacombes.

Regina, Domina, Dominatrix.


Explication théologique:

Deux titres de dignité à la royauté participée:

- en raison d’un droit quasi-natif: prédestinée à Mère de Dieu, au-dessus de toute autre créature.

- en raison d’un droit quasi-acquis: associée à la rédemption de son Fils.


Double coopération aux pouvoirs participés du roi. Elle trône ‘a dextris Filii sui’.

Cf. IIIa,q.58,a.4,ad3 &4 : saint Thomas enseigne que seul le Christ peut siéger à la droite du Père.


II. III. IV. Le culte de la Bienheureuse Vierge Marie.

Marie doit être vénérée d’un culte d’hyperdulie.

Note : Theologice certa.


Adversaires:

- Par excès: les collidiriens, les marianites, des moines éthiopiens, qui adorent Marie comme déesse.

- Par défaut: les antidikomarianites, les protestants.


Le Magistère et la Tradition:

- Toute la liturgie témoigne de la supériorité du culte rendu à Marie par rapport à celui rendu aux Saints.

- La Sacrée Congrégation des Rites déclara en 1884 que devait être attribuée à Marie l’Hyperdulie : « Reginae et dominae angelorum, in quantum est Mater Dei, . . . debetur . . . non qualiscumque dulia sed hyperdulia ».


Histoire :

- Avant Nicée: ...

- Avant Éphèse: (431): Marie est célébrée en connexion avec la naissance du Christ. Cf. Saint Grégoire de Naziance qui écrit que Marie est invoquée par les vierges dans leurs martyres. Au 4ème siècle le nom de Marie est placé au Canon avant celui des apôtres. Puis construction des basiliques en son honneur.

- Après Éphèse:

Cf. Alexandre VIII; le Saint Office contre Molinos.


Écriture Sainte : des racines de ce culte existent:

- La Salutation angélique;

- Élisabeth s’humilie devant la Mère de Dieu.

Le premier à honorer Marie est Dieu lui-même.


Explication théologique:

L’honneur est la protestation de l’honneur et de la bonté de quelqu’un. C’est par l’honneur que nous lui rendons un culte, que nous reconnaissons l’excellence d’une créature.

Supérieure aux anges et aux saints, l’excellence de Marie implique une dulie supérieure, due à sa maternité divine, à ses privilèges et qualités: l’hyperdulie.

Cf.IIaIIæ,q.1,a.3.

C’est en raison de sa maternité divine que l’on dit lui rendre un culte. Apparaît alors la supériorité du culte de Marie face à celui rendu aux saints pour leur haut degré de grâce et de gloire. C’est la doctrine de saint Thomas :

« Et puisque la Bienheureuse Vierge est une simple créature raisonnable, on ne lui doit pas un culte de latrie, mais seulement une vénération de dulie ; vénération plus haut qu'aux autres créatures, parce qu'elle est la mère de Dieu. C'est pourquoi le culte qu'on lui doit n'est pas un culte de dulie quelconque, mais d'hyperdulie. »


Corollaire: Saint Joseph.

Gerson, Saint Bernardin de Sienne, Suarez, Saint Alphonse de Liguori, Garrigou-Lagrange,... enseignent qu’après Marie, Saint Joseph est le premier des Saints.

Culte confirmé par Léon XIII dans son encyclique « Quamquam plurie » en 1889 (dz 2260) : De même il est éminent entre tous par sa très haute dignité parce qu'il était de par la volonté divine le gardien du Fils de Dieu, considéré par les hommes comme le père. Il résultait de cela que le Verbe de Dieu était modestement soumis à Joseph, qu'il obéissait à sa parole, et qu'il lui rendait l'honneur que les enfants doivent rendre à leurs parents. »


Pie IX avait une grande dévotion à Saint Joseph.

LG 50 approuve l’introduction dans le Canon la mention de Saint Joseph : La célébration du sacrifice eucharistique est le moyen suprême de notre union au culte de l'Eglise du ciel, tandis que, unis dans une même communion, nous vénérons d'abord la mémoire de la glorieuse Marie toujours vierge, de saint Joseph, des bienheureux apôtres et martyrs, et de tous les saints.


Explication théologique:

raison du culte: sa proximité de Marie. Par cette proximité, il reçoit la Grâce correspondante. Cf.IIIa,q.27,a.5. Saint Thomas enseigne que plus on est proche du Christ, plus on a de Grâces, il applique ce principe à la Sainte-Vierge que l’on peut étendre à saint Joseph.

Problème: Saint Jean-Baptiste est appelé le plus grand dans le Royaume des Cieux. Ceci est vrai pour les prophètes de l’Ancien testament.

Vertus de Saint Joseph : vie cachée, humilité, confiance, Foi, chasteté.

Il vaut mieux parler de ‘dulie’ que de ‘protodulie’.

RÉSUMÉ de Bartmann: P. 456-485:


La Mère du Rédempteur:


Distinguer mais pas séparer le Christ de Marie. Cf. Père + Bible.

Nouvelle nature non par nouvelle Création, mais une naissance humaine.

Marie est le seul Saint dont on ait fait un Dogme: elle a persommellement une situation objective dans la Rédemption. Cf. Credo: « Né de la Vierge Marie ».

Les privilèges de Marie se fondent médiatement sur l’union hypostatique du Christ.

Premier privilège: la Maternité divine, puis virginité pérpétuelle, privilège de Grâce, gloire et honneurs.

Le Nom de Marie: signifierait: corpulente, la forte, la grande, l’élancée, dame, illuminatrice, goutte de mer, l’amère, l’affligée, celle qui a trouvée la Grâce.


La Mère de Dieu:


Ephése en 431 contre Nestorius (« Marie a seulement donné naissance un homme »). Chalcédoine (451) et Constantinople III (680) répétent cette doctrine. Ce dernier dira « véritablement » et « proprement ». Marie a enfanté une nature subsistante en Dieu.


Preuve: ce par quoi Marie a été Mère est ce par quoi elle a été Mère de Dieu. Is.VII, 14; Lc,I, 31,35,43. Si le Christ ne l’appelle jamais Mère, c’est pour des raisons pédagogiques, pour ne pas charger sa sublime mission. Pour les Apôtres, Marie est Mère de Dieu (Act.I, 14), elle formé le Christ (Gal.IV,4) « né de la postérité de David selon la chair » (Rom.I,3).


Les Pères: Théotokos: Origène, symbole des Apôtres, Saint Ignace, Tertulien, Saint Irénée, Saint Justin.

La raison en est que la Vierge Marie a mis au monde un être qui avait une substance (non pas une nature abstraite, mais une nature concrête. On peut dire que le Christ a deux naissances et deux filiations.


La maternité est le fondement de tous les privilèges de Marie.


Marie toujours vierge:


Saint Ambroise, Saint Augustin Saint Jérôme: contre les Ebionites.

D’abord, sous Martin Ier puis Paul IV.


Preuve: Is.VII,14, puis Mt.I,18,20,Lc.I,35.


La bienheureuse Vierge Marie.


[Petite somme mariale, Mgr Dubois, 1957. ]


La vie de la sainte Vierge[44].

I. Le protévangile de Marie.

Eve : mère du genre humain par la génération naturelle, Marie l’est par génération surnaturelle.


L’échelle de Jacob vue en songe (Gen 28,10) : elle touche la terre et le ciel, comme Marie touche la terre par sa nature, et le ciel par ses immenses grâces. Marie relie le ciel et la terre, permettant au Verbe de descendre, et aux hommes de monter en se sanctifiant.


Le buisson ardant (Ex 3,2) : qui brûle sans se consumer. Antienne des II° vêpres de la circoncision de Notre-Seigneur le 1° janvier : « rubum quem viderat Moyses incombustum, conservatam agnovimus tuam laudabilem virginitatem : Dei Genitri, intercede pro nobis ».


Arche d’alliance : Marie a porté la vraie manne en son sein : Dieu. Litanies de la sainte Vierge : « foederis arca ».


La toison de Gédéon (Juges 6,37) :Antienne des II° vêpres de la circoncision de Notre-Seigneur le 1° janvier : « Quando natus es ineffabiliter ex Virgine, tunc impletae sunt Scripturae : sicut pluvia in vellus descendisti, ut salvum faceres genus humanum : te laudamus Deus noster. »

De même ce passage d’Isaïe (XLV,8) « Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s'ouvre et produise le salut, qu'elle fasse germer en même temps la justice. » En latin cela donne : « rorate caeli desuper et nubes pluant iustum aperiatur terra et germinet salvatorem et iustitia oriatur simul ego Dominus creavi eum ».


L’épouse du Cantique des cantiques : l’épouse est comparée à un lis au milieu des épines (II,2) ; elle est belle et il n’y a de tâche en elle (IV,7). N’est-ce pas l’annonce de son Immaculée conception ? Pie XII le conçoit ainsi (8 déc 53, DC 1954) .


Le jardin fermé et la fontaine scellée (cant IV, 12) : dans le répons VII des matines (avant 62) de l’Immaculée conception « Hortus conclusus soror mea sponsa, hortus conclusus, fons signatus : emissiones tuae paradisus, o Maria. . . »


La sagesse : prov.VIII 22 à 36 ; sag XXIV.


Les femmes célèbres de l’Ancien Testament.


La cité de Jérusalem, montagne de Sion, Temple.

2. Les annonces explicites.

Gen III, 15 : Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon."


Beaucoup de théologiens voient dans ce passage une annonce de la Vierge. Pour ce débat, voir PC n°7 (1951) p86.

Pie IX dans Ineffabilis :

Léons XIII dans Augustissimae 12 sept 1897 :

Pie XII dans fulgeus corona 8 sept 1953 :

Pie XII, dz 3901 dans « minificentissimus Deus », Il faut surtout se rappeler que, depuis le IIème siècle, la Vierge Marie est présentée par les saints Pères comme la nouvelle Eve, soumise sans doute au second Adam, mais très intimement unie à lui, dans le combat contre l'ennemi infernal, combat qui, tel qu'il est préfiguré dans le protévangile Gn 3,15 , devait aboutir à la victoire totale sur le péché et la mort, toujours unis entre eux dans les écrits de l'Apôtre des gentils


De plus il y a les passages suivants :

Isaïe VII,10 à 14 : « Yahvé parla encore à Achaz en disant: Demande un signe à Yahvé ton Dieu, au fond, dans le shéol, ou vers les hauteurs, au-dessus. Et Achaz dit: Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas Yahvé. Il dit alors: Écoutez donc, maison de David! Est-ce trop peu pour vous de lasser les hommes, que vous lassiez aussi mon Dieu? C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, Jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Mais avant que l'enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, Le pays dont tu crains les deux rois sera abandonné.[45] »


Mt I, 18-23 : 18 Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph: or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. 19 Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. 20 Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint; 21 elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés." 22 Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur: 23 Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel,


Luc 1, 31 : Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus.


Miché V,1 à 3 : Et toi, (Bethléem) Ephrata, le moindre des clans de Juda, c'est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques. 2 C'est pourquoi il les abandonnera jusqu'au temps où aura enfanté celle qui doit enfanter. Alors le reste de ses frères reviendra aux enfants d'Israël.

3 Il se dressera, il fera paître son troupeau par la puissance de Yahvé, par la majesté du nom de son Dieu. Ils s'établiront, car alors il sera grand jusqu'aux extrémités du pays.


Apo XII : Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête; 2 elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement.


3. La vie de la Sainte- Vierge.

Les parents de Marie.

Sont de la race de David :

Luc I, 31-2 : Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. 32 Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père;


Luc I, 69 : et nous a suscité une puissance de salut dans la maison de David, son serviteur,


Act II, 30 : Mais comme il était prophète et savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur son trône un descendant de son sang,


Rom I,3 : concernant son Fils, issu de la lignée de David selon la chair,


Les généalogies des évangélistes saints Luc et Mathieu sont vraisemblablement du côté de Joseph.


La tradition (et les apocryphes) nous donnent leur nom : Anne et Joachin. Cela est attesté par saint Grégoire de Nysse (4°) et saint Epiphane (mort en 403).


Il faut noter les apparition en Bretagne à Auray durant les années 1623-5.


La nativité de Marie.

Lieu : Nazareth ou Jérusalem. D’après les études archéologiques sous l'Eglise sainte Anne de Jérusalem on retrouve une minuscule construction élégamment ornée où l’on y vénère la petite chambre de l’Immaculée.

Cette église appartenait à la France encore en 1957. cette fête est célébrée en Orient vers le milieu du VI° siècle, à Rome fin VII°.


Le nom de Marie.

Vient de Myriam en hébreu, Mariam en araméen. Ce nom est très répandu à l’époque. L’étymologie semble vouloir dire « maîtresse de la mer », « illuminatrice » « étoile de la mer ». Au sens propre il signifie « belle ». Il a peut-être une origine égyptienne, la sœur de Moïse portait se nom, alors il se traduit par « chérie de Dieu ». Le sens le plus probable est « maîtresse », « Dame », « princesse ». On lui attribut faussement la signification de « stella maris ». La fête du saint nom de Marie se célèbre le 12 septembre. En 1513, un diocèse d’Espagne vénère cette fête, puis elle est étendue à toute la chrétienté par Innocent XI après que la Pologne eu arrêté les trucs à Vienne en 1683.

Présentation de Marie au temple et son enfance.

Il est normale qu’elle ait été précoce su point de vue de l’intelligence et de la piété comme a pu l’être sainte Thérèse de l’E. J. [cf chp1, manu p. 6].

Les théologiens admettent comme hors de doute qu’elle se soit offerte à Dieu très jeune.

Elle fit vœu de virginité [Luc 1, 34].

Il n’y a pas d’église de la présentation à Jérusalem.

Cette fête se célèbre à Jérusalem depuis le VI°, en Orient XI° et en occident depuis 1372. en 1585, le pape Sixte V l’étend à l'Eglise universelle le 21 nov.


Les fiançailles.

Ils se sont fiancés selon l’usage juif. Joseph était un artisan de Nazareth. La loi permettait les fiançailles à partir de 12 ans, mais l’usage les célébrait vers la vingtième année. Ils durait 1 ans, et avait une telle force qu’une infidélité était considérée comme un adultère [Deut. XXII,23]

Joseph est de la race de David (Luc III,23 & Mt I,20).

La question qui se pose est de savoir pourquoi la Vierge va habiter Nazareth ? Il semble probable qu’elle n’ait plus de parents à cette époque. Pourquoi se fiancer après son vœu ? Si elle était fille unique elle y est obligé (Nbr 36,6-12). Ou bien c’est par une inspiration du Saint-Esprit pour garantir sa virginité ; ou bien que Saint-Joseph voulait aussi vivre du même idéale.


L’annonciation.

Date : entre 744 et 749 de Rome.

Lieu : Nazareth, région dévalorisée, (cf Jn I,46)

Etymologie : « la gardienne », peut-être fut-elle une ville sentinelle.

On connaît l’endroit très précis.

La scène : Lc I, 26-38.

L’ange Gabriel est l’ange des annonciations. Marie savait que cette filiation devait être divine. Elle a déjà dit oui dans son cœur, mais elle veut connaître le modum, comment Dieu va-t-il concilier et sa maternité et sa virginité.

Fête : a Constantinople avant 431 ; Nazareth dans la première moitié du IV° siècle, à Ravenne en Italie avant la seconde moitié du V°, à Rome au VII° : le mercredi des quatre temps de décembre, le 25 mars depuis le VII°.


La visitation.

« En ces jours-là. . . ». on peut en conclure qu’elle partit peut de temps après.

Motif : l’ange l’a invité à partir, la délicatesse envers Dieu qui l’a mise au courant l’y oblige ; un motif de pure charité envers sa cousine plus toute jeune ; de plus étant médiatrice elle doit porter son Fils au précurseur et à sa mère.

Lieu : petite bourgade à l’ouest de Jérusalem, « Aïn-Karim ». Partit vers le 25 mars, elle a du se joindre à une caravane de pèlerins allant à Jérusalem pour la fête pascale.

Fête : depuis le 13° siècle, Boniface IX l’a étendu à toute l'Eglise.

Durée : elle resta 3 mois jusqu'à la naissance de Jean-Baptiste.


Mariage de Joseph et de Marie.

Joseph s’apercevant de la maternité mystérieuse de Marie ne veut la répudier publiquement, ce qui la vouerait à l’infamie. Sans comprendre, il veut l’écarter discrètement. Mais l’ange vient l’avertir. Il n’y a alors plus de raison d’attendre, ils se marient.

Le mariage juif : l’épouse est emmené par toute sa famille chez l’époux pour le repas des noces.

Liturgie : il existe une messe « pour quelques lieux » célébrant le mariage le 23 janvier.


Naissance de Jésus.

Il existe une messe « attente de l’enfantement de la Vierge-Marie » d’origine espagnole le 18 décembre.

Lieu : devait se dérouler à Bethléem (Miché V,1), lieu d’où partir David (I Sam. XVI). Ils se dirigent donc avec une caravane vers Jérusalem.

Jésus ne pouvait naître dans le bruit, les cris, au milieu des animaux. Le Verbe Incarné voulu le silence. La Sainte Vierge ne connue pas les douleurs de l’enfantement dues au péché originel. Cette doctrine est enseignée par toute la tradition unanime. Cela est confirmé par le texte même : (Luc II,7). De suite après, Marie s’occupe elle-même de l’enfant.

Les premiers à venir l’adorer sont les bergers. Ce passage est incontestable et s’appuis sur les textes les plus antiques : le protoévangile de Jacques, saint Justin (dialogue avec Triphon 78,5) Origène (mort en 254, contre Celse I,51).

La crèche est conservée dans la confession de Sainte Marie Majeure.

Avant le III° siècle l’on célèbre Noël dans toute l'Eglise. En occident le 25 décembre, en Orient le 6 janvier.


Après la naissance de Jésus.

La présentation que nous fait le cycle liturgique des faits suivants la naissance de Jésus est matériellement impossible. Mais jamais la liturgie n’a prétendu un tel rôle.

La venue des mages n’a pu avoir lieu qu’après la présentation. Il semble que la sainte famille se soit installée à Bethléem afin d’attendre les purification rituelles prévues à Jérusalem. Il paraît que cette installation soit définitive. On en veut pour preuve que Joseph après la fuite en Egypte voulait y revenir, mais ne l’a pas fait sachant qu’Archélaus, fils le plus détestable d’Hérode régnais sur zone. On pense qu’il restèrent dans cette même grotte jusqu’au départ, d’après le Protoévangile de Jacques XXI,3 et le dialogue avec Tryphon 78,5.

La circoncision.

Culte : huit jour après la naissance devant témoins, le père ou un spécialiste pratiquait l’incision légale.

Signe : manifestait la rémission du péché originel et était un témoignage d’appartenance au peuple élu. Première effusion de sang de Notre Seigneur.

Le nom est imposé de suite après : Jésus voulant dire « Dieu vient an aide » « sauveur ».

La purification.

Rite : lévites XII,2-8.

La sainte famille ne peut acheter que deux tourterelles car ils sont pauvres. En entrant ils tombe sur Siméon qui chante le « Nunc dimitis », chanté par tous les clercs et les moines depuis le V° siècle. Viennent ensuite les prophéties sur le signe de contradiction et le glaive qui transpercera le cœur de Marie. Anne la prophétesse (84 ans) vient également adorer notre Seigneur.

Culte : entre le parvis des femmes et celui des hommes, un prêtre asperge la mère et prit pour elle, l’offrande est prise et consumée sur l’autel. De plus pour un premier né il faut apporter une deuxième offrande pour l’entretien de la tribu sacerdotale.

Fête : attestée vers 400 à Jérusalem le 14 fév, au VI° siècle le 2 fév à Byzance et au VII° à Rome et en France. Sergius 1er (mort en 701) dote la fête d’une procession.

L’adoration des mages.

La date est inconnue. Hérode massacre les enfants de moins d’un an et demi, mais voyant large en matière de massacre on ne peut rien conclure. Joseph devait être absent ce jour là.

Les mages étaient trois d’après Origène, Saint Léon le Grand, saint Maxime de Turin.

Origine : Arabie ancienne (comprenant la Mésopotamie) selon trois indices : savants dans les sciences des astres / mages / nature de leur présent.

L’or était pour sa royauté, l’encens pour sa divinité et la myrrhe pour sa sépulture. A Cologne on conserve des reliques des mages.

La fuite en Egypte.

C’est la première persécution pour le cœur de Marie. Il fallu parcourir 150 km pour arriver à la frontière. Plusieurs lieux revendiquent des souvenirs de la sainte famille. Ces lieus se trouvent tous autours du Caire.

Temps : par beaucoup d’après l’interprétation des Evangiles.

Le recouvrement.

Loi : obligeait tous les Israélites d’aller trois fois l’an à Jérusalem à Pâque, Pentecôte, Tabernacle si l’on se trouvait à moins d’un jour de marche.

Exode 23, 14-17 ; 34, 23 ; Deut 16,16.

Les Israélites venaient souvent à Pâque de très loin. Il y avait jusqu’à trois millions de pèlerins dit Josèphe. Cela était obligatoire pour tous les hommes à partir de 13 ans.

L’enfance de Jésus.

[saint Thomas III q12 ]Il est de foi, défini contre le monothélisme que le Christ possédait d’autres sciences que la science divine. La théologie tient pour théologiquement certain qu’il avait la science des bienheureux, la science infuse et une science acquise.

Par cette dernière il connaissait tout ce qui peut être connu par la science abstractive, parce que la force de son esprit était excellente, les langues, les maths, la physique. A l’objection que le Christ n’a pas pu tout expérimenter, saint Thomas répond qu’Il a pu parvenir à la connaissance de tout le reste à partir de ce dont Il a eu l’expérience.

De plus la science de Notre Seigneur a pu augmenter, tant pour l’habitus que pour l’acte, cependant cette science acquise était toujours parfaite, eu égard aux conditions de son âge.

Le Christ a-t-il appris quelque chose des hommes ? L’épisode de Jésus au Temple pourrait le laisser croire. Saint Thomas répond cependant négativement : parce que le premier moteur n’est pas mû, le suprême docteur n’est pas enseigné. Ainsi, Jésus interrogeait les docteurs non pour apprendre quelque chose d’eux, mais pour les instruire en les interrogeant, (cf. la maïeutique socratique).


L’adolescence et la jeunesse de Jésus.

Jésus aida son père à l’atelier. Durant cette période Joseph mourut. Jésus par son travail devient le soutien de famille.

Il devait avoir de la famille d’après Mc VI,3 [46]:


Joachim + Anne Héli


Marie + Joseph Cléophas + Marie (veuve d’Alphée)Marie + Alphée


Jésus Simon Jude (apôtre)Jacques(apôtre) José



Les cousins de Jésus se trouvait auprès de la Vierge au Cénacle (Act 1 14). Simon fut le successeur de Jacques comme évêque de Jérusalem.

Les noces de Cana.

Date : Mars 28, suit de près l’appel des 5 premiers disciples, Simon, André, Jean, Philippe, Nathanaëlle. Ils sont devenus les compagnons de celui que Jean Baptiste désigne comme le Messie.

La Mère de Jésus est présente au repas des noces.

Cana n’est qu’à une heure de chemin de Nazareth. Les festivités des noces duraient une semaine.

La raison du manque de vin semble être une affluence excessive soulevée par la venue du Messie qui vient de se déclarer.

Marie durant la passion.

Elle devait être présente le jour du Jeudi Saint.

Vendredi Saint : à la suite de l’évangile de Nicodème, de la piété populaire avec l’accord de l'Eglise, place Marie à la IV° station du chemin de croix (16° siècle).

Le cortège a dû s’élancer vers midi. Il y avait 1000 mètres à parcourir.

Trois raisons qui nous font penser que Marie était présente à la descente de la croix :

  • La piété populaire
  • Le cœur d’une mère
  • Jean était là, ils durent partir ensemble.

1423 : le synode de la province de Cologne institue une messe « douloureuse angoisse de Marie au pied de la Croix ».

1727 : Benoît XIII, institue après le dimanche de la Passion le vendredi, « Notre Dame des 7 douleurs » :

  • prophétie de Siméon
  • fuite en Egypte
  • perte de l’Enfant à Jérusalem
  • portement de la croix
  • crucifiement
  • déposition
  • sépulture.

Saint Pie X a institué une deuxième fête au 15 septembre en 1913 : « les sept douleurs de la Vierge Marie ».


La joie pascale.

Il existe une fête propre pour certains lieux, messe à « Notre Dame des Apôtres », réservée au Samedi après l’Ascension, durant la retraite mariale au Cénacle.

Les dernières années et son Assomption.

Elle vécu jusqu’à un âge avancé. On en veut pour preuve que saint Jean n’est parti de Jérusalem qu’en 56 pour Ephèse, peut être parce qu’il avait la garde de la Vierge.


Ephèse ou Jérusalem ? Les deux théories ont leurs défenseurs.


Pour Ephèse :

L’Ecriture nous parle de deux circonstances de deux circonstances importantes de la vie de Jérusalem en 39 et 44, n’y signale pas jean. Donc il était à Ephèse et serait revenu que pour le concile en 49 ou 50.


Galates I,18 : Paul vers 39 trois an après sa conversion, séjourne à Jérusalem auprès de Pierre, voit Jacques le mineur, mais aucun autre apôtre. Donc . .


Lettre du Concile de 431 à Constantinople adressé aux fidèles et au clergé annonçant la condamnation de Nestorius venu d’Ephèse, « où (verbe manquant, sont ?) Jean le Théologien et la Vierge Mère de Dieu, sainte Marie ». Sont ou sont vénérés. . . on ne sait pas trop.


Il y avait une église à Ephèse où elle est morte, ou bien où elle a vécu. On n’a jamais trouvé trace d’une telle affirmation dans les fouilles archéologiques de cette église. Elle semble simplement dédiée à la Vierge.


Catherine Emmerich (1774-1824) religieuse en Allemagne la voyante place la mort de la Vierge à Ephèse. La Congrégation des Rites a écarté tous les récits provenant de son secrétaire Brentano dont fait parti cette révélation.


Contre Ephèse :

Romain XV, 20 : « tenant de la sorte à honneur de limiter cet apostolat aux régions où l'on n'avait pas invoqué le nom du Christ, pour ne point bâtir sur des fondations posées par autrui ». Donc Marie n’y est pas allé avant 56, date du départ de saint Paul.

Marie aurait été très âgé. Un tel voyage n’est pas convenable.


L’épître aux Ephésiens de 61 ne fait pas mention ni de l’un ni de l’autre.


Epiphane mort en 403, (adv Haer 78, 11) « quand jean partit pour l’Asie, nulle part il ne mentionne qu’il eut la Bienheureuse Vierge comme compagne de voyage : là-dessus l’Ecriture est tout bonnement muette ».


Les documents écrits des origines au VI° siècle ne parle jamais d’une habitation de la Vierge. Alors que l’on parle souvent de Jean.

Pour Jérusalem :

Sainte Brigitte de Suède dans ses visions voit le tombeau de la Vierge dans la vallée de Josaphat, à Jérusalem, dans les années 1371.


Les textes :

Le Transitus Mariae, écir au IV° ou V° siècle fait mourir la Vierge à Jérusalem.

L’histoire byzantine dit « Euthymiaque » datant d’au plus tard du 8° voir milieu VI° : parlant d’une église où a reposé le corps de la Vierge.

Breviarus de Hierosolyma (vers 530) : signale la basilique Sainte Marie où est son sépulcre à Jérusalem.

Egalement l’itinéraire dit d’Antonin de Plaisance (570), la relation de saint Arculfe (VII°), le moine de Jérusalem André de Crète (740).


Les documents :

Se lève à Jérusalem une basilique datant du V° au pied du Mont des Oliviers, nous montrant un sépulcre semblable à celui de Notre Seigneur.


La physionomie physique de la Vierge.

« Tota pulchra es, O Maria ».

« Valde decora super omnes speciosa » [Ave Regina Caelorum].


C’est le sentiment unanime du peuple fidèle, des Pères des saints et de l'Eglise.

La nouvelle Ève, Maie, ne peut avoir les tâches ni les laideurs dues au péché originel. De plus elle n’a pas été, comme son Fils, sujette à la maladie.

Le corps est le miroir de l’âme.

Puisqu’elle était Mère de Dieu son créateur, elle ne pouvait être que parfaite même physiquement, car quel fils n’est pas sensible à la beauté de sa mère ?

Tous les voyants sont unanimes.




  1. 23 Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ 30 ans, et il était, à ce qu'on croyait, fils de Joseph, fils d'Héli, 24 fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de Joseph, 25 fils de Mattathias, fils d'Amos, fils de Naoum, fils d'Esli, fils de Naggaï, 26 fils de Maath, fils de Mattathias, fils de Séméin, fils de Josech, fils de Joda, 27 fils de Joanan, fils de Résa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri, 28 fils de Melchi, fils d'Addi, fils de Kosam, fils d'Elmadam, fils d'Er, 29 fils de Jésus, fils d'Eliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi, 30 fils de Syméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonam, fils d'Eliakim, 31 fils de Méléa, fils de Menna, fils de Mattatha, fils de Nathan, fils de David, 32 fils de Jessé, fils de Jobed, fils de Booz, fils de Sala, fils de Naasson, 33 fils d'Aminadab, fils d'Admin, fils d'Arni, fils de Hesron, fils de Pharès, fils de Juda, 34 fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, fils de Thara, fils de Nachor, 35 fils de Sérouch, fils de Ragau, fils de Phalec, fils d'Eber, fils de Sala, 36 fils de Kaïnam, fils d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech, 37 fils de Mathousala, fils de Hénoch, fils de Jaret, fils de Maleléel, fils de Kaïnam, 38 fils d'Enos, fils de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu.
  2. Pousse des cris de joie, fille de Sion! une clameur d'allégresse, Israël! Réjouis-toi, triomphe de tout ton coeur,
    fille de Jérusalem! 15 Yahvé a levé la sentence qui pesait sur toi; il a détourné ton ennemi. Yahvé est roi d'Israël au milieu de toi. Tu n'as plus de malheur à craindre. 16 Ce jour-là, on dira à Jérusalem: Sois sans crainte, Sion!
    que tes mains ne défaillent pas! 17 Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie,
  3. Et quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles (et j'affermirai sa royauté. 13 C'est lui qui construira une maison pour mon Nom) et j'affermirai pour toujours son trône royal. 14 Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils: s'il commet le mal, je le châtierai avec une verge d'homme et par les coups que donnent les humains. 15 Mais ma faveur ne lui sera pas retirée comme je l'ai retirée à Saül, que j'ai écarté de devant toi. 16 Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais." 17 Natân communiqua à David toutes ces paroles et toute cette révélation. 18 Alors le roi David entra et s'assit devant Yahvé, et il dit: "Qui suis-je, Seigneur Yahvé, et quelle est ma maison, pour que tu m'aies mené jusque là? 19 Mais cela est encore trop peu à tes yeux, Seigneur Yahvé, et tu étends aussi tes promesses à la maison de ton serviteur pour un lointain avenir. Voilà le destin de l'homme, Seigneur Yahvé. 20 Que David pourrait-il te dire de plus, alors que tu as toi-même distingué ton serviteur, Seigneur Yahvé! 21 A cause de ta parole et selon ton coeur, tu as eu cette magnificence d'instruire ton serviteur. 22 C'est pourquoi tu es grand, Seigneur Yahvé: il n'y a personne comme toi et il n'y a pas d'autre Dieu que toi seul, comme l'ont appris nos oreilles. 23 Y a-t-il, comme ton peuple Israël, un autre peuple sur la terre qu'un dieu soit allé racheter pour en faire son peuple, pour le rendre fameux et opérer en sa faveur de grandes et terribles choses en chassant devant son peuple des nations et des dieux? 24 Tu as établi ton peuple Israël pour qu'il soit à jamais ton peuple, et toi, Yahvé, tu es devenu son Dieu. 25 Maintenant, Yahvé Dieu, garde toujours la promesse que tu as faite à ton serviteur et à sa maison et agis comme tu l'as dit. 26 Ton nom sera exalté à jamais et l'on dira: Yahvé Sabaot est Dieu sur Israël. La maison de ton serviteur David subsistera en ta présence. 27 Car c'est toi, Yahvé Sabaot, Dieu d'Israël, qui as fait cette révélation à ton serviteur: Je te bâtirai une maison. Aussi ton serviteur a-t-il trouvé le courage de te faire cette prière.
  4. DTC Marie col 2356 et ss.
  5. Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 4 n°1
  6. III q24 art3 et 4.
  7. DTC, art Marie, col. 2358.
  8. Comm. In Joan. CI, lec. X.
  9. Dz 370 et ss, dz 1511 et ss.
  10. Dic Apologétique, art. Marie section Immaculée Conception col. 220 et SS.
  11. Terrien, La Mère de Dieu, T. III, L. I, ch. 2 p. 26-49.
  12. Dico Apologétique Marie col. 223-231.
  13. Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur, p. 44.
  14. Références dans Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 46.
  15. Tentative de réhabilitation de saint Thomas : idem p. 51.
  16. Cf. AAS 1943, Père.208.
  17. De natura et gratia cap. XXXVI.
  18. Référence des ouvrages Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 65.
  19. Références Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 77
  20. Luc I,44, attesté par saints Irénée, Ambroise, Léon le Grand, Grégoire le Grand, Cajetan, citations dans Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur, p. 78.
  21. « Je connais un homme dans le Christ qui, voici quatorze ans -- était-ce en son corps? Je ne sais; était-ce hors de son corps? Je ne sais; Dieu le sait -- cet homme-là fut ravi jusqu'au troisième ciel. ». commentaire de saint Thomas : [II II q175 art3] « Par conséquent il est préférable de dire que S. Paul a vu Dieu dans son essence. » de même saint Augustin [De la genèse, 12,28,56]« Pourquoi ne pas croire que Dieu a voulu , en élevant ce grand apôtre des nations jusqu’à une aussi excellente vision, lui montrer la vie qui doit être notre partage éternel après la vie présente ». Cf aussi saint Augus. Epist 147, 31, saint Thomas de Veritate q13 art2 et Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 141 n°1.
  22. Journet, EVI, T1, p. 278.
  23. Bossuet, élévation sur les mystères, XIV° s. V°; Saint Fransc. de Sales sur la Visitation.
  24. DTC, Marie, col. 2367,2368 et 2409 à 2413.
  25. Témoignage des Pères : Tixeron, histoire des dogmes 1922, tIII p. 422.
  26. Dict. Apologétique, Durant, frères du Seigneur.
  27. Pourquoi le Christ est-il né d’une épouse plutôt que d’une simple vierge? Cf Saint Jérôme, au 19 Mars, leçon 7.
  28. Saint Jn Damascène, Momélie sur la dormition, Franc. de Sales, Traité de l’amour de Dieu 7,13 et 14. Sainte Brigitte, Révélations VI,62.
  29. Homel. II in Dormitionem.
  30. Haer. 78,24.
  31. Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 156.
  32. Renaudin, la doctrine de l’Assomption, sa définitibilité, Partis 1913, p. 222 à 308.
  33. Témoignages patristiques : Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 170.
  34. Références : Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 181.
  35. Références : Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 189.
  36. Témoignage patristique : Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 190.
  37. Saint Louis Marie Grignion de Montfort, traité de la vraie dévotion.
  38. Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 184.
  39. DTC, « Marie » col.2396.
  40. Références patristiques : Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 201 à 3.
  41. Références patristiques, Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 235.
  42. DTC, « Marie », col. 2403.
  43. Références patristiques, Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur p. 218.
  44. Cf. Sedes Sapiantiae.
  45. Pensée Catholique, n°2, explication de la prophétie du l’  « Almah » par le p. Lusseau. Il dit ceci « Nier que Marie et Jésus y soient désignés serait au moins une erreur dans la foi, probablement même une hérésie ». Faite en 735 avant J-C, alors que Juda est menacé de toute part. « Loin de promouvoir la foi, la grande merveille manifestée par le prophète la suppose en ses auditeurs ». Par là, Isaïe annonce la libération de Juda, puisque le Sauveur doit sortir de ce peuple. On remarque le style prophétique où les deux visions ne ce succèdent que devant les yeux du prophète et non dans le temps.
  46. Chronologie de Prat S. J. Jésus-Christ , Beauchesne, tome I, page 137.
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