Le Mystère de Wigratzbad

De Salve Regina

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Apparitions
Auteur : P. Johannes Schmidt, C.P.
Source : Le Mystère de Wigratzbad, petit livret aux éditions Association Notre-Dame de la victoire (Traduction française
Date de publication originale : 15 janvier 1985

Difficulté de lecture : ♦ Facile
Remarque particulière : Ce récit a été écrit par le recteur du Sanctuaire de Wigratzbad (Père Passioniste, décédé en 1987) avant l'arrivée du Séminaire de la Fraternité Saint-Pierre (à l'automne 1988). Les prophéties concernant le grand séminaire contenues dans cet ouvrage n'ont donc en aucune façon pu être interprétées à partir de faits non encore arrivés, et absolument imprévisibles à cette date. Les remarques sur ce séminaire et son rôle aujourd'hui n'engagent que leur auteur, d'après la connaissance des révélations qu'il a pu avoir, directement ou par Antonie Rädler. Les élocutions de la vierge à Antonie ont été reconnues par le diocèse d'Augsbourg.

Le Mystère de Wigratzbad

Traduction française du livre allemand du R. P. Johannes Schmid « Das Geheimnis von Wigratzbad ». Avec Imprimatur de l’autorité ecclésiastique de Fribourg, le 15 janvier 1985. Editions Association Notre-Dame de la Victoire.


Avant-propos

Pour qui étudie l’histoire du centre de prières déjà renommé de Wigratzbad, depuis la bénédiction de la modeste Grotte de Lourdes, en 1936, jusqu’à la consécration du grand sanctuaire de réparation sur la Colline de la Croix, par l’évêque du diocèse, Mgr Josef Stimpfle, en mai 1976, il est évident qu’il ne peut s’agir là de l’entreprise d’une femme hystérique et exaltée, mais bien d’une œuvre de la Mère de Dieu, victorieuse dans tous les combats pour la Gloire de Dieu. Ce n’est pas une volonté humaine qui a donné à cet endroit le nom de « Marie de la Victoire ». Ce n’est pas un esprit humain qui a imaginé cette invocation « Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous. » Non, ces deux faits remontent à un événement encore peu connu que vécut Mademoiselle Antonie Rädler. En attendant que l’autorité légitime de l’Eglise fasse examiner ce cas à fond par des experts compétents et qu’elle prononce son verdict, chacun peut penser ce qu’il veut du récit suivant et de l’exposé des faits ; il peut justifier le jugement de sa conscience devant Dieu à l’aide des arguments qu’il estime conformes.


L’événement vécu par Mademoiselle Antonie Rädler

Tout commença au cours de l’octave de l’Immaculée Conception de Marie de l’année 1936, deux mois après l’inauguration solennelle de la Grotte de Lourdes à Wigratzbad. Poussée par un appel intérieur, Mademoiselle Antonie Rädler se rendit à la Grotte au début de l’après-midi et récita les mystères douloureux du Rosaire. Elle a écrit elle-même, en 1938, le récit suivant : « Au troisième mystère, celui du Couronnement d’épines, j’entendis soudain un bruissement qui s’amplifiait d’instant en instant. C’était comme le battement d’ailes innombrables. Je regardai vers la statue de la Sainte Vierge, mais je ne vis rien. Alors, un chant se mit à retentir en augmentant sans cesse de volume ; il devint si puissant et si intense qu’il semblait que d’innombrables légions célestes étaient rassemblées autour de la Grotte faisant retentir des accords merveilleux. Toutes ces voix chantaient : « Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous. » J’ai entendu ces paroles au moins cinquante fois, puis spontanément, je me suis mise à chanter à l’unisson. Je regardais la statue de Notre-Dame de Lourdes. Je ne vis rien d’extraordinaire si ce n’est que Marie m’a paru sourire. Puis le chant a recommencé, mais devenait de plus en plus faible et finalement il s’est tu. Je m’agenouillai sur mon prie-Dieu, me demandant ce qu’il m’arrivait. J’étais fascinée. Soudain, je pensai : « Rentre à la maison, le travail t’attend. » Cet événement avait duré deux ou trois heures. Ma mère me reçut en me reprochant amèrement ma longue absence. Je me tus et allai au lit de bonne heure. Mon cœur éclatait presque de joie. » Tel est le récit d’Antonie. Cet événement était-ce une duperie ou un fantasme ? Etait-ce une illusion diabolique ? Ou bien une grâce surnaturelle ? Tout d’abord Antonie se tut, réfléchit. Puis elle fut poussée intérieurement à se confier à un prêtre afin de faire examiner cette expérience par l’Eglise.


L’examen ecclésial

Le représentant de l’Eglise

A Eglofs, une localité distante d’environ deux lieues de Wigratzbad, un curé du nom de Feiel exerçait alors son ministère. Il habitait au bord de la route qui mène de Hergatz à Isny. Il était né le 8 juin 1875 à Neukirch près de Rottweil et avait été ordonné prêtre en 1900. De 1903 à 1912, il fut répétiteur de lycée à Ellwangen/Jagst et le 3 octobre 1929, il reprit la paroisse d’Eglofs où il décéda le 10 octobre 1938. Selon son désir, il fut inhumé dans cette église, contre le mur, près de l’entrée postérieure. De nos jours encore, on peut lire sur le sol de l’église près de la nouvelle entrée postérieure une inscription rappelant cette tombe. Elle garde vivant dans la commune le souvenir de ce prêtre pieux. En 1933, le révérend curé Feiel fut arrêté par la Gestapo et emprisonné parce qu’il avait recommandé à ses paroissiens dans un sermon de se saluer en disant « Loué soit Jésus-Christ » ou « Grüss Gott » au lieu de « Heil Hitler. » C’est alors que toute la communauté paroissiale s’éleva si énergiquement en faveur de son curé que la Gestapo jugea plus prudent de lui rendre la liberté. Le 8 septembre 1936, le révérend B. Dobler fut envoyé comme vicaire à Eglofs pour remplacer le curé tombé gravement malade. Il prit soin de lui pendant deux ans et l’assista au moment de sa mort. Par conséquent, il a pu le connaître à fond et il est compétent pour porter sur le défunt un jugement valable. Le révérend B. Dobler, qui fut par la suite curé de Salzstetten, a écrit, à la demande de l’auteur de cette brochure, l’appréciation suivante sur le curé Feiel, dans une lettre datée du 8 septembre 1974 : « Le curé Feiel était très savant. Il était fort en philosophie, c’était un excellent pédagogue et il connaissait bien les hommes. J’ai toujours été en vénération devant lui. C’était un prêtre profondément pieux et à l’autel, il célébrait toujours avec une dévotion saisissante. Il vénérait beaucoup la petite Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Dans son église, il avait fait transformer une pièce servant de dépôt en une chapelle dédiée à Sainte Thérèse et chaque fois qu’il le pouvait, il y célébrait la Sainte Messe. Il y avait fait placer un petit banc contre la paroi et souvent il restait assis là de longues heures, conversant avec « la petite Thérèse ». Il avait l’esprit de pauvreté et de simplicité tout en se montrant extrêmement accueillant. Dans ses hôtes, il voyait toujours le Christ. Il parlait de la Sainte Vierge avec de profonds sentiments de dévotion et aspirait à reproduire dans sa vie son engagement total. Il fut immobilisé dans sa chambre durant toute une année. Il souffrait d’hydropisie du cœur, et pendant de longues années, d’asthme et d’insomnies. J’eus la grâce de lui apporter tous les jours ainsi que le dimanche la Sainte Eucharistie. Il accepta sa maladie avec résignation, dans un saint abandon. Jamais il ne laissait entendre la moindre plainte ou telle question : « Pourquoi dois-je souffrir ainsi ? » Non. Car il savait qu’il pouvait venir en aide aux âmes immortelles en offrant ses souffrances. Il est resté pasteur d’âmes même aussi sur son lit de souffrance. Au cours de la nuit du 10 octobre 1938, il s’est éteint subitement. Il a rendu son âme à son Seigneur et Maître. « Me voici, Seigneur, je viens car Tu m’as appelé. » C’est auprès de ce prêtre profondément pieux, cultivé et expérimenté dans les voies mystiques, qu’Antonie a cherché refuge ; elle lui a raconté de son mieux ce qui lui était arrivé et l’a prié de l’éclairer de ses avis et de ses conseils. Le curé Feiel écoutait attentivement. Il se taisait et réfléchissait. Puis il décréta : « Ce n’était certainement pas une illusion diabolique. Satan ne saurait se présenter avec de telles paroles : « Immaculée Conception, Mère de la Victoire. »‘‘ Ce qu’il vous a été donné de vivre, c’était une rencontre voulue par Dieu. Pour exprimer sa bienveillance, Il a associé à cette grâce extraordinaire l’envoi des choeurs des anges pour faire comprendre au monde éloigné de Dieu et proche du désespoir que Marie veut régner ici, victorieuse du monde et du démon ; qu’Elle veut être nommée victorieuse et qu’Elle veut l’être. Comme telle, Elle veut offrir aux âmes des grâces insignes, liées à ce sanctuaire. ‘‘Dès l’origine du monde, au berceau de l’humanité, Dieu a destiné Marie à être victorieuse, à écraser la tête du serpent infernal. En un mot, Marie veut donc être invoquée en cet endroit comme vous l’avez entendu : « Immaculée Conception, Mère de la Victoire. » Afin d’agir en toute sécurité, demandez à la Mère de Dieu, que dans ce sanctuaire, répondant à cette invocation. Elle vous accorde d’ici huit jours trois grâces importantes. Je désire ce signe de sa part. Quand vous aurez été exaucée, vous reviendrez me voir et vous m’en rendrez compte. Mais si rien ne se produit, vous n’avez pas besoin de revenir. » Antonie obéit. Elle rentra à la maison en passant par la Grotte. Elle voulait accomplir sans plus tarder la mission confiée par le prêtre auprès de la grande Souveraine.

Confirmation du Ciel

A la Grotte, Antonie rencontra l’ancien maire de la ville de Wangen, Monsieur Geray et sa femme. En pleurant, tous deux la supplièrent : « Priez donc avec nous ! Nous sommes dans une détresse terrible. Notre fils - c’était leur fils unique - a été emmené par la Gestapo et depuis des semaines, nous sommes sans nouvelles de lui. Nous ne savons pas s’il est encore en vie, ou s’il est prisonnier en quelque endroit inconnu. » Antonie les consola et les encouragea à réciter avec elle le Rosaire en invoquant Marie après chaque dizaine : « Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous ! » Le soir suivant, le couple était de nouveau à la Grotte. Avec une immense joie, ils racontèrent : « Nous sommes venus rendre grâces. Hier soir, notre fils est revenu à la maison. On l’avait retenu captif dans une étable et soudain, hier, il a été libéré. Nous ne pouvons vous dire combien nous sommes reconnaissants. » Antonie leur demanda : « Donnez-moi une confirmation écrite expliquant comment votre prière a été exaucée. Je désire la conserver. » Ils le firent volontiers et ils apportèrent en même temps une relique qu’ils avaient reçue un jour d’une famille, et qu’ils désiraient suspendre comme ex-voto à la Grotte.

Guérison subite d’un cancer du foie

Le lendemain. Madame Stadelmann, de Scheidegg, vint voir Antonie, accompagnée de sa voisine. Elle revenait de l’hôpital Hoyren à Lindau. Son mari s’y trouvait, agonisant. Il souffrait d’un cancer du foie au dernier stade. Deux médecins et l’infirmière avaient fait venir sa femme pensant que son mari mourrait avant la fin du jour suivant. Il souffrait atrocement. Les deux femmes pleuraient amèrement : « Nous aurions encore tellement besoin du père, disaient-elles. Priez donc pour lui avec nous. » Antonie les encouragea : « A Dieu rien n’est impossible. Nous allons prier un Rosaire ensemble et après chaque dizaine, nous invoquerons Marie en disant : « Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous. » Elles procédèrent ainsi, après quoi les deux femmes rentrèrent chez elles, réconfortées. Dans la soirée, elles téléphonèrent à l’hôpital où une nette amélioration de l’état de santé du malade leur fut annoncée. Tandis qu’elles priaient à Wigratzbad, fièvre et douleurs avaient disparu. Il s’était si bien remis que sa sortie de l’hôpital était prévue pour le lendemain matin, si l’amélioration se maintenait. Tel fut le cas. Ainsi, le lendemain matin, on laissa partir le malade. Une infirmière l’accompagna à la maison pour prendre soin de lui jusqu’à son complet rétablissement. Les médecins et les infirmières parlaient d’un miracle. Antonie demanda une attestation écrite et l’ajouta à la première.

Secours en danger de mort

La même semaine, la fille de Madame Mils à Opfenbach appela Antonie par téléphone. « Antonie ! Ma mère se meurt, son état est désespéré. Elle m’a demandé : Va donc me chercher de l’eau à la source de Wigratzbad. Vite ! Antonie, je t’en supplie, apporte-moi de l’eau. Je me mets tout de suite en route. Cela presse, ma mère peut mourir d’un instant à l’autre. » Antonie se hâta d’aller à la source qui suintait derrière la Grotte de Lourdes. Elle remplit une bouteille de cette eau et se mit en route. A mi-chemin, elle rencontra la fille de la mourante. Cette dernière se rendit aussi vite que possible au chevet de sa mère et la fit boire de cette eau. La pauvre femme but toute la bouteille, elle se remit alors à vue d’oeil et le lendemain déjà, elle put se lever. Tous les témoins parlaient d’un miracle.

Guérison subite d’un cancer de l’estomac

A Wigratzbad vivait un homme nommé Hauber. La radiographie avait révélé un cancer à l’estomac au dernier stade et le médecin refusait de le soumettre à une nouvelle opération, celle-ci s’avérant inutile. L’homme en était réduit à l’état de squelette, il ne pesait plus que quarante kilos et souffrait de douleurs atroces. Alors, Madame Hauber se rendit auprès d’Antonie et la supplia tout éplorée : « Prie donc pour mon mari afin qu’il vive. » « Bien », dit Antonie. « Envoie-moi tes deux filles samedi soir. Nous prierons durant toute la nuit ». La mère rétorqua que ses filles ne réussiraient probablement jamais à tenir la nuit entière. Mais Antonie ne céda pas. « Si moi je peux tenir, elles le pourront aussi. Si vous voulez vraiment obtenir cette guérison, alors il vous faut beaucoup prier ». Elles prièrent toute la nuit, et toujours de nouveau, après chaque dizaine, elles invoquaient l’Immaculée Conception, Mère de la Victoire. Le dimanche à midi, le mourant réclama à manger, il mangea normalement avec appétit et ne ressentit plus aucune douleur. La radiographie révéla une guérison totale. Après quoi, l’homme vécut encore 18 ans. Antonie lui avait également demandé une attestation écrite. Munie de ces documents, Antonie retourna huit jours plus tard à Eglofs, auprès du curé Feiel. Il en fut profondément bouleversé et récita avec elle un Magnificat ; puis il prononça ces paroles que nous osons bien qualifier de prophétiques : « Chère Enfant de Marie ! Cet endroit deviendra grand. Ce sera un lieu de grâces parmi les plus importants et il le demeurera. Restez bien humble. Servez Marie avec plus de ferveur encore. Je mourrai bientôt sans qu’il me soit donné de voir le triomphe de Marie sur ses ennemis devenus si nombreux dans notre pays. Mais, du Ciel, je bénirai ce sanctuaire. Mes jambes ne peuvent plus me porter jusqu’à ce lieu dont j’aimerais tellement baiser le sol par vénération pour cette visite divine dont il a été gratifié. Je vais faire un sermon sur Marie Immaculée, Mère de la Victoire et je vous l’enverrai. Priez toujours le Rosaire avec grande dévotion. Alors, Marie fera éclater bientôt les murailles trop étroites. » Ce sermon, le curé l’a réellement prononcé le 23 mai 1937 à Bühl, village annexé à la paroisse d’Eglofs. Il fut simultanément transcrit par l’institutrice, du nom de Tränkle, et conservé jusqu’à nos jours dans les archives de Wigratzbad. Il parla de Marie victorieuse et déclara : « Dans l’Allgäu, une jeune fille courageuse prie le Rosaire des heures durant, en compagnie d’hommes, de femmes, de jeunes gens, de jeunes filles, devant une Grotte de Lourdes, en invoquant ainsi : « Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous. » La prière est leur seule arme dans leur effort pour sauver le monde. » Et c’est aussi par cette invocation que le prêtre termina son sermon. Le révérend Curé Feiel avait conservé lui-même les documents d’Antonie, lesquels malheureusement ont été perdus après la mort du prêtre. Mais l’auteur du présent ouvrage a dressé un procès-verbal concernant la guérison subite de Monsieur Hauber de Wigratzbad et il en a fait confirmer l’authenticité sous serment par les deux filles encore vivantes du miraculé. Ce document est conservé dans les archives de la cité de prières de Wigratzbad. Il porte la date du 9 décembre 1968 et la signature des deux sœurs qui entre-temps se sont mariées.

Foi et obéissance

Le professeur Karl Rahner exprime ainsi son jugement au sujet des visions, des révélations, des prophéties, etc. (Styria 1952) : « Une fois l’intervention divine certaine, c’est-à-dire prouvée de manière suffisamment claire, alors, quiconque en prend connaissance est tenu au devoir de l’écoute, de la foi et de l’obéissance, pour autant que le contenu de ce qui a été entendu le concerne aussi. » De véritables prophéties et miracles sont des marques indubitables d’une intervention de Dieu. Les miracles opérés expressément par le Seigneur, en gage de l’origine surnaturelle de l’expérience faite par Antonie, exigent de ce fait, la foi et l’obéissance correspondante. C’est un devoir pour nous d’accorder à cet événement toute notre attention, d’en rechercher les intentions de Dieu et d’en tirer les conséquences pour la vie. Monsieur le Curé Feiel a qualifié cet événement de grâce extraordinaire. De toute grâce que l’âme accueille et avec laquelle elle coopère, jaillit une bénédiction incommensurable, mais aussi un malheur équivalent si l’âme la repousse. A chacun de régler son comportement en fonction de sa responsabilité devant Dieu. Dans les pages suivantes, essayons de clarifier l’expérience d’Antonie, de découvrir la volonté de la Reine du Ciel et de la réaliser.


Brève histoire antérieure

La Sagesse divine, la Providence divine ordonne tout d’un bout de l’univers à l’autre, avec puissance et douceur. Il n’est pas question de hasard, rien ne se produit d’une manière fortuite. Toute vie se développe à partir des cellules d’un germe et elle croît selon les plans divins. Ceci s’applique également à l’événement de Wigratzbad.

La prière d’une mère pieuse

Le terrain propice préparé par la divine Providence fut le cœur d’une mère pieuse, le cœur de Madame Maria Rädler, née Gsell, de Rulands, commune d’Opfenbach. Encore enfant, elle témoignait d’une dévotion extraordinaire à l’égard du Saint Sacrifice de la Messe et de la Sainte Mère de Dieu. Pour trouver le temps d’assister à la Sainte Messe quotidienne à Mywiler, hameau éloigné d’environ une demi-heure de chez elle, elle se levait très tôt pour accomplir les travaux qui lui incombaient à l’étable et à l’auberge. Une semaine sur deux, elle se rendait aussi à Mywiler pour se confesser à un prêtre pieux, ancien missionnaire alors très malade, auquel elle avait confié la direction de son âme. Ce n’est que par obéissance au conseil donné par ce directeur de conscience expérimenté qu’elle épousa Andreas Rädler de Wigratzbad. Elle continua sa vie de piété dans le mariage, notamment une dévotion extraordinaire à l’Immaculée Conception, à la Passion du Christ et tout spécialement au Saint Sacrifice de la Messe. Devenue maîtresse de maison, elle continua de se lever à 5 heures du matin, récitait son chapelet et, qu’il plût ou qu’il neigeât, dût-elle se frayer un passage dans la neige profonde, elle grimpait à Mywiler pour assister à la Sainte Messe. Chaque jour à 11 heures, elle faisait le chemin de la Croix. Ce faisant, elle ne se dispensait cependant d’aucune de ses tâches domestiques. Dans son foyer, on respirait l’ordre et l’honnêteté chrétienne. Plus tard, quand elle apprit qu’Antonie était condamnée à mort au camp d’extermination d’Auschwitz, cette vaillante mère se levait chaque jour à 3 heures, priait neuf chapelets en l’honneur des neuf choeurs des anges, afin que soient abattues les neuf puissances de Satan et qu’Antonie reste en vie. Elle avait eu la révélation intérieure qu’en procédant ainsi, Antonie ne serait pas exécutée mais délivrée miraculeusement de ce danger. Lorsque cette mère attendait son quatrième enfant, elle pria le Seigneur jour et nuit de lui accorder un garçon afin qu’il puisse devenir prêtre et consacrer toute sa vie au service de Dieu et des âmes. A cet effet, elle fit même le vœu de réciter chaque soir un chapelet devant la petite grotte de Lourdes de sa chambre à coucher. Elle y resta fidèle jusqu’à la mort. Mais, le 14 décembre 1899, c’est une petite fille qui vint au monde. La déception de la maman fut si grande qu’il lui fallut des années pour la surmonter. « Moi qui ai tellement prié, si longtemps et avec une telle ferveur, et la Mère de Dieu m’a abandonnée ! » Et cependant sa prière avait été bien exaucée, mais d’une manière tellement imprévisible aux yeux de chacun. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que cette bonne maman s’en rendit compte. L’auteur de ces lignes demanda un jour à Mademoiselle Antonie de lui obtenir la grâce de comprendre pourquoi l’Immaculée Conception voulait être vénérée et invoquée particulièrement en ce lieu, sous le vocable d’« Immaculée Conception, Mère de la Victoire. » Se recueillant profondément, Antonie crut recevoir l’explication suivante : « Ce titre est le premier résultat obtenu par ma mère pour ses innombrables prières et sacrifices. C’est la récompense de sa vénération envers le mystère de la Très Sainte Trinité à la messe quotidienne dans la chapelle de Mywiler, qui avait été construite en l’honneur de la Très Sainte Trinité et de la Très Sainte Vierge Marie. C’est ainsi qu’elle a obtenu la grâce de la présence de Marie en ce lieu sous le vocable de « Mère de la Victoire » afin de communiquer à tous ceux qui la vénèrent ici la victoire sur Satan, tout d’abord dans le Reich d’Hitler, puis dans le monde diabolique du communisme. Oui, tous ceux qui depuis 45 années invoquent Jésus ici au Très Saint-Sacrement de l’autel en faisant pénitence et en priant à la Gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit, participeront à sa victoire. Dieu, le Seigneur de tous n’oublie jamais rien. Rien, absolument rien ne demeure sans récompense dans le royaume de Dieu. Ce titre « Immaculée Conception, Mère de la Victoire » demeure une récompense éternelle, une glorification d’un genre exceptionnel, une faveur insigne du Ciel pour Wigratzbad et pour tous les dévots au service de Dieu et de Marie. Aucun autre titre n’est aussi profitable à l’âme que celui-ci. Il garantit la victoire finale de Dieu pour toutes les âmes qui se rendent dépendantes de Marie et suivent ses directives sans respect humain, uniquement préoccupées de l’honneur de Dieu et de Marie. Rien de ce que vous entreprenez ne sera impossible. »

Guérie miraculeusement

Essayons à la lumière d’un autre événement de considérer et de comprendre l’expérience spirituelle d’Antonie. 1918 marqua la fin de la première guerre mondiale. L’épidémie mortelle appelée habituellement « grippe espagnole » qui fit des victimes par millions sévissait dans tous les pays. Elle s’infiltra aussi dans la maison des Rädler et cloua Antonie sur son lit de malade. Durant presque cinq ans, elle demeura entre la vie et la mort, une complication succédant à une autre : affreux maux de tête, douleurs dans les yeux qui la privèrent de la vue pendant quatre semaines, infection des reins, méningite, hydropisie, saignements des reins, et ainsi de suite… Ses parents l’amenèrent d’un spécialiste à l’autre, sacrifièrent une fortune jusqu’au moment où enfin après 12 semaines de traitement inefficace à Wörishofen, le médecin déclara : « La science médicale est impuissante dans ce cas. Impossible de sauver cette jeune fille. Un sursis de quelques jours peut tout au plus lui être accordé. » Ses parents la ramenèrent à la maison. Ses reins suppuraient à tel point que seule une très petite partie fonctionnait encore. Antonie était pleine d’eau et cela ne faisait qu’empirer. Elle était sur le point d’étouffer et ne prenait plus que péniblement quelques bouffées d’air à la fenêtre ouverte. Un soir, elle pria ainsi : « Chère Maman du Ciel, comme je me réjouis de pouvoir te voir bientôt. Mais si Tu veux encore te servir de moi, comme de ta petite servante sur cette terre, alors je me mets entièrement à ta disposition. Je ne me marierai pas. Ma vie te sera totalement consacrée ainsi qu’à Jésus. » La nuit suivante, la Mère du Ciel apparut soudain devant Antonie, lui posa les mains sur la tête avec un amour débordant et dit : « Ne cherche ton refuge qu’en moi. Viens me servir. » Une force merveilleuse se répandit dans le corps torturé et le guérit. Antonie s’endormit. C’était son premier sommeil profond depuis des années. Au matin, elle se leva, en parfaite santé, demanda ses vêtements de travail et déclara : « Donnez-moi à manger, j’ai une faim de loup. » Puis elle se remit au travail, tel auparavant, comme si elle n’avait jamais été malade. C’était en 1923.

La Grotte de Lourdes est érigée

Après sa soudaine guérison miraculeuse, Antonie s’adonna à un apostolat mariai très actif. Avec le consentement du révérend Curé de l’endroit, l’abbé Bäsch, et sous sa surveillance, elle fonda et dirigea des congrégations mariales pour enfants, jeunes gens et adultes et qui se développèrent rapidement, jusqu’au moment où son père lui confia une succursale de la boucherie nouvellement fondée à Lindau. Alors, elle entra en conflit avec le parti national-socialiste en plein essor, parce qu’elle refusait de remplacer une image de la Mère trois fois admirable par celle du Führer Adolf Hitler et qu’elle ne voulait pas saluer en disant « Heil Hitler. » Elle n’accepta pas non plus de vendre de la viande aux jours de fête etc. Les membres du parti la condamnèrent secrètement à mort. Ils tentèrent au cours de trois incursions nocturnes de l’arrêter, de la noyer dans le lac de Constance, puis de répandre le bruit qu’elle s’était suicidée par folie religieuse. Seule une intervention miraculeuse de son ange gardien la sauva de cette fin atroce. Par un de ses amis, membre du Conseil des ministres à Munich et très au courant des dossiers, le père Rädler fut sommé de manière pressante de retirer sa fille de Lindau, sinon ce serait la mort pour elle. Il ferma donc la succursale la nuit même et ramena Antonie à la maison. En action de grâce pour ce sauvetage miraculeux, Antonie demanda l’autorisation de construire une Grotte de Lourdes à ses frais dans la propriété de ses parents, à l’endroit où l’on voit maintenant la petite chapelle devant la maison. La nouvelle Grotte fut consacrée solennellement en la fête du Rosaire 1936, par le prêtre de l’endroit, le révérend curé Bäsch. Ce fut alors le début des heures et des nuits de réparation qui continuent toujours ici depuis plus de 45 ans . La construction de cette Grotte avait été préparée par la prière. Antonie raconte que durant de longues années, le dimanche après-midi, une fois l’office terminé, elle restait dans l’église. Poussée par une force intérieure, elle suppliait alors l’Immaculée Conception d’apparaître aussi en quelque lieu d’Allemagne, d’y accomplir ses miracles afin qu’Elle y soit vénérée, aimée et glorifiée comme à Lourdes. Les désirs que le Saint-Esprit éveille dans une âme, à la réalisation desquels Il incite par une prière persévérante et par beaucoup de sacrifices. Il les exaucera sans aucun doute au moment opportun. Les événements d’octobre et de décembre 1936 à Wigratzbad apparaissent comme un exaucement de prières.


L’événement et son interprétation

Antonie a vécu une triple expérience : - Elle a entendu un bruissement d’ailes s’amplifiant d’instant en instant ; celui de cohortes invisibles se rassemblant autour de la Grotte. - Elle a entendu les accents puissants d’un chant de bataille. - Enthousiasmée, elle s’est mise à chanter à l’unisson.

Alors, on peut se poser ces questions : - Quelles sont ces cohortes invisibles ? - Quelle est la cause et la signification de ce chant de bataille ? - Quelles sont ces grâces extraordinaires ?

Quelles sont ces cohortes invisibles ?

Au récit d’Antonie, chacun fera le rapprochement avec les anges, ces êtres tout spirituels et de ce fait invisibles, qui peuplent le Ciel et la terre. Effectivement, ils n’ont pas d’ailes, mais les artistes les représentent ainsi pour signifier qu’ils sont élevés au-dessus de l’espace et du temps, qu’ils parcourent la création à la vitesse de la pensée pour exécuter les ordres de Dieu et les directives de leur Souveraine. Ils sont absolument sous la mouvance du Saint-Esprit, de Dieu. Le Saint-Esprit Lui-même ne s’est-il pas montré sous une forme lumineuse ailée (la colombe) lorsque Jésus est remonté des eaux du Jourdain dans lesquelles Jean L’avait baptisé. Ce bruissement d’ailes était donc indiqué pour rendre Antonie attentive à la présence de purs esprits. Ces cohortes célestes se rangent pour livrer une bataille gigantesque, elles sont même en pleine bataille puisqu’elles invoquent Marie comme victorieuse. Il n’est pas de victoire sans combat. Elles l’invoquent comme Mère « de la » Victoire et non pas « des » victoires. Il s’agit donc de la bataille, de « cette » bataille plutôt, qui commença autrefois au Ciel et qui se terminera sur la terre à la fin des temps comme l’annonce et la décrit l’Apôtre Jean dans l’Apocalypse, au chapitre 12 et dans les suivants. Ce combat des purs esprits est le thème de l’histoire universelle ; il a décidé du destin d’anges innombrables, il a décidé et il décide toujours du destin éternel d’innombrables hommes sur la terre. C’est le combat du royaume des ténèbres contre celui de la lumière. C’est le combat de Lucifer contre le Fils de Dieu fait homme, le Sauveur du monde qui en Marie a vaincu Satan et qui par Marie continue de le vaincre dans l’humanité. Le lieu du combat et son butin autour desquels se livre une lutte opiniâtre et sans merci, ce sont les âmes immortelles des êtres humains qui ont été appelés à occuper les trônes des anges déchus. Chaque âme humaine est infiniment précieuse pour les deux camps adverses, car chaque âme a été rachetée par le Sang infiniment précieux de Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme. Chaque âme est l’objet de l’amour et de la sollicitude inimaginables de Marie et des saints anges, mais aussi de la haine et de l’envie virulente à l’extrême des démons. Ceux-ci ne peuvent supporter que les humains, qui selon la nature leur sont très inférieurs, puissent parvenir à cette splendeur qu’ils ont perdue pour toujours. Tout être humain qui vient au monde est placé entre ces deux camps. Jour après jour, il doit choisir à nouveau de quel côté il veut se ranger. Là, il n’est pas question de neutralité. Si l’âme choisit Dieu, si elle L’écoute et suit son ange gardien, elle se trouve alliée aux anges et mène son combat avec eux. Mais, si elle écoute la voix du démon, si elle lui fait confiance et accomplit ses œuvres, ce dernier prend une puissance toujours plus grande pour la dominer et la pousse au combat contre Dieu et son Royaume pour la perte des âmes. Un saint est un être tellement animé et mû par le Saint-Esprit que tout ce qu’il pense, veut, dit et fait vient totalement du Saint-Esprit. A l’opposé, nous voyons le pécheur qui est devenu à tel point l’esclave du diable qu’il est complètement inspiré par le démon, qu’il pense, veut, parle et agit en tout dans le sens où ce dernier le mène. Quand nous parlons de ces êtres ailés qui se rassemblent pour combattre Satan et son règne, nous ne devons donc pas seulement comprendre les anges, les purs esprits, mais aussi tous ces êtres humains qui en parfaite connaissance et en pleine liberté optent pour Jésus et Marie, se consacrent à Eux et luttent coude à coude avec les anges pour le royaume de Dieu et le salut des âmes. Parmi eux, il faut compter les élus du Ciel qui sont déjà parvenus à la contemplation de Dieu et qui passent leur ciel à faire du bien sur la terre. Ce sont les enfants de Dieu « dont la cité est dans les cieux » (Phil. 3, 20), les enfants de la lumière, qui cherchent avec persévérance uniquement ce qui est en haut. Ce sont les confirmés, qui ont été marqués du caractère ineffaçable qui fait d’eux les soldats du Christ, qui portent les livrées du Roi des rois, eux qui ont reçu le Saint-Esprit par l’imposition des mains de l’Evêque et qui, mus par l’Esprit-Saint, conquièrent âme après âme pour Dieu. Ce sont surtout les âmes expiatrices qui sont attachées à la Croix avec le Christ, celles qui portent les Plaies ouvertes de Jésus par lesquelles la vie divine se répand dans les âmes. Elles sont un complément aux souffrances de Jésus pour son Corps qu’est l’Eglise. Ce sont les anges de chair, les mystiques, eux qui ont tellement purifié leur âme que, unis nuptialement au Christ, ils peuvent dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » Tous ceux-ci aussi se rassemblent en foule autour de la Grotte de Wigratzbad pour assister ceux qui combattent sur la terre, pour les encourager, pour les guider, les protéger, les fortifier. La communion des anges et des saints qui nous rappelle le bruissement d’ailes de toutes les âmes invisibles à nos yeux, est une merveilleuse consolation, une source inépuisable de lumière et de force pour ceux qui luttent en cette vie terrestre. Susciter et développer la dévotion envers les anges et les saints, garder vivante la foi en la communion des saints et les invoquer feront toujours partie des tâches particulières de ce lieu de prières. Mademoiselle Antonie Rädler se sentait constamment poussée à vénérer et supplier l’Archange Saint Michel, Saint Joseph, l’époux de la Mère de Dieu et le Protecteur de la Sainte Eglise, Saint Antoine, son patron de baptême, ce marteau des hérétiques, qui en ramena d’innombrables à l’Eglise en France et en Italie, ainsi que de très nombreux renégats. L’expérience d’Antonie laisse présumer qu’ici, à Wigratzbad, des puissances célestes et des puissances infernales s’entrechoquent avec la furie et la violence des derniers temps ; qu’ici se livrent de puissantes batailles. Wigratzbad semble appelé à jouer un grand rôle dans le combat final de Marie contre les puissances ennemies de Dieu sur les terres d’Allemagne. Des voyants comblés de faveurs divines prétendent avoir eu la révélation que de Wigratzbad émanerait un jour un grand renouvellement de l’Eglise.

Le chant de bataille

Les armées célestes entonnent un chant épique ; il prend une ampleur de plus en plus puissante, tel le mugissement de la mer, et devient un ouragan irrésistible qui arrache tout ce qui lui fait obstacle. Il domine l’expérience d’Antonie et captive toute son attention. C’est l’élément le plus important de tout cet événement. Les cohortes célestes le chantent avec une telle ferveur, avec des accords si merveilleux qu’Antonie, enthousiasmée, commence à chanter de concert avec elles. C’est à ce chant que nous devons accorder la plus grande attention. L’appel à la lutte s’adresse à une femme marquée par l’Immaculée Conception et la maternité victorieuse. Cette femme ne peut être que Marie, la Mère Immaculée du Sauveur du monde, du vainqueur du péché et de Satan, de la mort et de l’enfer. Déjà son image avait été montrée aux anges, au Ciel, comme signe de la Victoire. Cette image, l’évangéliste Saint Jean, l’a admirablement décrite dans l’Apocalypse, l’Evangile de la fin des temps. Cette femme revêtue de soleil, couronnée d’étoiles, ayant sous ses pieds la lune qui signifie la terre, cette lune qui tourne autour du soleil. Elle est dans le combat contre le dragon. C’est vers cette image que les cohortes célestes fixent leur regard quand elles entrent dans la plus terrible bataille qui sera jamais livrée sur cette terre. La dernière ère, c’est l’ère de Marie. La victoire vient par Marie. Elle viendra immanquablement. Dieu Lui-même l’a prédite d’avance. Le Seigneur ne se trompe jamais et ne peut pas induire en erreur. C’est cette certitude absolue qui comble les armées invisibles d’une confiance inébranlable en la victoire et d’une force irrésistible dans la lutte. De cette confiance en la victoire et par là même, d’un tel enthousiasme, les cohortes terrestres doivent aussi en être imprégnées et entraînées. Cela ne se produira que si ceux qui luttent sur la terre fixent inlassablement aussi leur regard sur Marie, en priant, en contemplant toujours plus profondément les mystères ‘‘de son Immaculée Conception, de sa Maternité victorieuse, de sa médiation intarissable de Grâces,‘‘ jusqu’à ce qu’eux aussi, pris d’étonnement et d’admiration, submergés par l’éclat et la splendeur de sa grandeur et de sa beauté, de sa sagesse, de sa puissance et de son amour, se jettent jusqu’au mépris de leur vie dans le combat, afin que par Elle, avec Elle et en Elle, ils remportent victoire après victoire sur Satan et sur son règne. Le chant martial des choeurs célestes nous montre l’enchaînement des éléments à contempler : ‘‘Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous. ‘‘

L’Immaculée Conception

Le 8 décembre 1854 le Pape Pie IX a promulgué solennellement ce dogme à toute l’Eglise : « En vue des mérites infinis du Christ, Marie a été préservée de toute tache du péché originel ». Près de quatre ans plus tard, le 25 mars 1858, sur l’ordre du révérend Curé de Lourdes, Sainte Bernadette a adressé à trois reprises cette demande à l’Apparition : « Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes ? » A l’instant même, l’Apparition prit l’attitude que l’on peut voir sur la Médaille miraculeuse : Elle tendit ses bras en avant dans un geste de bénédiction, puis les croisa sur sa poitrine comme pour remercier, leva les yeux vers le ciel, avec un regard de tendresse inexprimable et livra son secret : ‘‘« Je suis l’Immaculée Conception‘‘. »‘‘ ‘‘Sans aucun doute, de cette manière l’Apparition a ratifié la promulgation du dogme par le Pape et datant de quatre ans plus tôt. La plupart en restèrent là et continuent d’y rester. Mais est-ce vraiment là tout ce que la Très Sainte Vierge a voulu dire ? Pourquoi ne dit-Elle pas simplement : « Je suis celle qui a été conçue sans péché ? » Est-il erroné de rechercher derrière le nom qu’Elle nous indique et qui est apparemment son nom du Ciel, plus qu’une confirmation du dogme ? Le 17 février 1941, quelques heures avant d’être arrêté par la Gestapo, Saint Maximilien Kolbe a mis par écrit ses dernières et ses plus intimes pensées sur Celle qui, pendant un quart de siècle, a occupé le plus constamment son esprit et s’est emparée totalement de son cœur de prêtre et d’apôtre. Il a écrit :’‘ « Immaculée Conception‘‘. » Ces paroles sortent de la bouche de l’Immaculée Elle-même. Elles doivent donc dévoiler de la manière la plus précise ce qui lui est le plus inhérent, qui Elle est. Les paroles humaines étant dans l’incapacité d’exprimer les réalités divines, il faut donc interpréter ces mots « Immaculée Conception » dans un sens beaucoup plus profond, plus beau, plus élevé qu’on ne les entend couramment. Ce que Saint Paul écrit aux Corinthiens (1 Cor. 2, 9) en se souvenant d’Isaïe (Is. 64, 4) « ce que l’oeil n’a point vu, que l’oreille n’a point entendu et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment » peut s’appliquer ici à Marie dans toute la plénitude de l’expression. De manière identique, plus de 200 ans auparavant, St Louis- Marie Grignion de Montfort, dans son célèbre « Traité de la parfaite dévotion à Marie » (N° 12) a écrit : « Ni l’oeil n’a vu, ni l’oreille n’a entendu, ni le cœur de l’homme n’a jamais compris les beautés, les grandeurs, les excellences de Marie, le miracle des miracles de la grâce, de la nature et de la gloire. Si vous voulez comprendre la Mère, alors comprenez le Fils. C’est une digne Mère de Dieu. Que toute langue demeure muette ici. » Le Père Maximilien Kolbe continue : « Cependant, on peut approfondir le mystère de l’Immaculée Conception, et même c’est un devoir ; il faut essayer de l’interpréter avec les mots que l’esprit humain est capable de former par ses propres moyens. » C’est pourquoi, nous allons tenter dans les pages suivantes, en analysant le nom, d’ouvrir aux simples croyants une approche de ce que les Pères de l’Eglise, les théologiens, et le Magistère de l’Eglise enseignent sur le mystère de l’Immaculée Conception et par la suite, sur la Maternité spirituelle victorieuse de Marie. Il ne s’agit nullement ici d’un traité scientifique en vue d’étendre les connaissances, mais bien plutôt d’édifier « pour qu’ils aient la Vie et qu’ils l’aient en surabondance. » (Jean, 10,10) « Je suis l’Immaculée Conception. » En prononçant ce nom, l’Apparition céleste exprime trois réalités : Je suis’‘ Conception‘‘.’‘ ‘‘Je suis’‘ Immaculée‘‘ Conception. Je suis l’Immaculée Conception. ‘‘ Je suis Conception ‘‘: En disant cela, l’auguste dame avoue : « J’ai reçu mon existence et mon individualité. Cela ne vient pas de moi-même. Celui qui me l’a donné doit me maintenir constamment dans l’existence et dans ce qui m’est propre. S’il me retirait seulement l’espace d’un court instant sa volonté créatrice, je retomberais aussitôt dans le néant. » Marie pratique la vraie humilité. Elle reconnaît les grandes œuvres de Dieu en Elle, mais Elle en fait remonter à Lui tout l’honneur. Par moi-même, je ne suis que disponibilité, accueil. J’ai tout reçu et je reçois tout de Dieu seul, sans mérite de ma part. « Il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. » Plus une créature comprend clairement l’infinie grandeur de Dieu et s’humilie dans la même mesure devant Lui, en reconnaissant son propre néant, plus Dieu l’élève et comble de ses dons l’abîme du néant. Sans aucun doute, Dieu s’est penché avec la plus grande complaisance sur la pureté et la beauté ineffables de l’âme de Marie après sa création. C’est bien plus encore grâce à l’humilité de Marie que la Miséricorde de Dieu s’est penchée sur elle. « Il a regardé l’humilité de sa servante », dit-Elle, Elle ne dit pas, sa beauté, ni sa sainteté. « Désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse. » Dieu donne sa grâce aux humbles. Parce que Marie était plus humble qu’aucune autre créature, Dieu l’a élevée au-dessus de toutes les créatures. C’est parce qu’Elle a reconnu plus clairement l’infinie grandeur de Dieu qu’Elle a été en état de s’humilier plus profondément devant Lui. Oui, Elle l’a reconnue si clairement qu’aucune simple créature ne peut atteindre un degré de connaissance plus profond et plus complet. « Je suis’‘ Immaculée‘‘ Conception ! » Marie confirme le dogme : « J’ai été créée en état de grâce. Je suis préservée du péché originel. » Tous les enfants descendant d’Adam et Eve viennent au monde avec une tache essentielle. Il leur manque la participation à la nature divine que nous nommons la vie surnaturelle, la grâce sanctifiante. Selon le plan originel de Dieu, chaque âme humaine aurait dû recevoir cette vie divine en elle au moment même de sa création, parce que tout être humain, dès le commencement, était destiné à la contemplation de Dieu et au Ciel. Adam et Eve ont perdu cette vie divine, cette vie surnaturelle pour tous leurs enfants. C’est cette faute, ce manquement, que nous nommons péché originel. Eve, en tant que créature parfaite, avait été créée dans l’état de grâce. Elle reçut pour sa vie tout ce qui, au plan de la nature et de la grâce, fait partie d’un homme, d’un enfant de Dieu. Son corps était d’une beauté sans défaut, incapable de souffrir, immortel. Son âme possédait une intelligence digne d’admiration, une volonté qui n’était pas affaiblie ou contrariée par aucune inhibition. Son âme était revêtue de la lumière divine de la grâce avec toutes les vertus correspondantes et les dons du Saint-Esprit. Elle était sans défaut ni souillure, elle était conçue immaculée. Quand Marie dit d’Elle-même qu’Elle est conçue immaculée. Elle reconnaît en un premier temps, qu’Elle aussi, tout comme Eve à l’origine, fut créée avec tous les dons de la nature et de la grâce, image idéale d’une femme et d’une enfant de Dieu. Mais Marie dit davantage, immensément plus d’Elle-même, Elle exprime une réalité qu’Eve non plus n’a pu déclarer ni que personne n’a pu avouer de soi-même : Je suis l’Immaculée Conception. Eve, comme être parfait a été créée dans l’état de grâce, mais sa perfection n’était que relative, c’est-à-dire seulement appropriée à sa mission d’être l’aide d’Adam et la mère selon la nature de tous les humains. Marie, par contre, était destinée à devenir l’aide du Fils de Dieu fait homme, du Sauveur du monde, Mère de la vie surnaturelle et à donner aux enfants de Dieu la vie éternelle. Pour être munie et préparée convenablement à cette dignité et à cette mission, il fallait que Marie, dès le premier instant de sa conception, fût incomparablement plus remplie de la grâce qu’Eve. Est-il erroné de laisser entendre que le Dieu tout-puissant a réalisé en Marie une réceptivité et disponibilité pour ses grâces jusqu’aux limites de ce qui est possible ? Cela signifie que Dieu aurait accordé à Marie une telle part de sa divine perfection qu’il est impossible d’en concevoir de plus grande ni de plus élevée. Cela signifierait que Marie est si belle, si sainte, si puissante, si sage, si divinisée qu’aucun être créé ne pourrait jamais être plus beau, plus saint, plus puissant, plus sage, plus semblable à Dieu ; et encore, que jamais une créature ne pourrait adorer la Majesté divine avec plus d’humilité, ni aimer Dieu plus intensément, ni faire sa volonté plus fidèlement et plus parfaitement. Une créature ne peut en aucune manière devenir Dieu, c’est-à-dire tirer éternellement son être d’elle-même, mais Dieu a doté Marie aussi richement qu’il est possible pour une créature d’avoir part à son Etre et à sa vie. Saint Jean l’a contemplée toute revêtue du soleil, c’est-à-dire absolument une avec la lumière de la lumière qui est Dieu lui-même et couronnée des douze étoiles de la perfection divine, de sorte que l’Ange de Dieu a pu la saluer par ces mots : « Tu es pleine de Grâce », c’est-à-dire toute compénétrée par la Grâce,’‘ la pleine de Grâce‘‘, « Gratia plena ». Le Seigneur est pleinement avec Toi. Tu es tellement une avec Lui qu’il ne peut t’être uni davantage encore. » 34 Mais une telle affirmation n’est-elle pas déplacée ? Peut-on instaurer des limites à la Toute-puissance et à l’Amour de Dieu ? Une telle doctrine, peut-elle découler des sources de la Révélation divine et se fonder sur elle ? Les considérations suivantes tentent de trouver une réponse à ces questions.

Jésus-Christ, mesure de toute choses

Au sens absolu, ce que Dieu a pu créer de plus grand, dans sa Toute-puissance, sa Sagesse, et son Amour, c’est l’Incarnation du Fils de Dieu. Jésus est une Personne divine. Il possède la nature divine, toutes les propriétés divines. Il est tout-puissant, la Sagesse même, la Sainteté en personne, la Vérité, la Lumière, la Vie et l’Amour. Il est la Miséricorde infinie. Dans sa Personne divine. Il a uni mystérieusement la nature humaine à la nature divine, de sorte que la nature humaine, en Lui, n’a pas d’existence propre mais qu’elle reçoit l’existence de la Personne divine. Par cette union (hypostatique) la nature humaine de Jésus a eu part à tous les dons possibles de la nature divine ; la plénitude de tous les dons de la nature, de la Grâce et de la Gloire Lui a été accordée. Dieu, le Saint-Esprit, a formé en Marie un corps absolument parfait, une âme absolument parfaite avec la plus haute intelligence créée, la plus grande force de volonté créée, la plus intense capacité d’amour créée, la participation la plus élevée concevable à la nature divine, donc à la Grâce, et ceci pour Elle-même, et en surabondance pour toute l’humanité. La dignité divine de sa personne et de sa nature divine l’exigent. « Le Verbe s’est fait chair et II a habité parmi nous. Et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu’un Fils unique tient de son Père, plein de grâce et de vérité. » (Jean, 1, 14) Ce que Dieu peut créer de plus grand après la Sainte Humanité du Fils, c’est une digne Mère de Dieu. La mesure de Grâce d’une créature est proportionnée à sa vocation, à son rôle dans l’ordre de la nature, de la grâce et de la gloire. Or, il ne peut y avoir de vocation plus élevée que de devenir Mère de Dieu et son aide dans l’œuvre de la rédemption de l’humanité. St Thomas enseigne à bon droit qu’il convient à la digne Mère de celui qui est l’Infini d’être revêtue d’une certaine infinité. Plus un objet s’approche d’une source de lumière, plus il est inondé et pénétré de sa lumière, de sa chaleur et de sa force. Mais s’il entre dans la source lumineuse elle-même, s’il devient un avec elle, alors il ne peut plus avoir davantage part à son action et à ses propriétés. Pour nous les humains, après la chute du péché originel, il n’existe plus aucune autre possibilité d’avoir part à la nature divine que la vivante union à la nature humaine du Christ. Nous devons devenir un tout vivant avec Lui. Mais, selon la nature, personne ne peut s’unir davantage à un autre être humain qu’un enfant encore dans le sein de sa mère ; lui, qui vit avec et en sa mère, qui vit par les battements du cœur de sa mère, qui est nourri par son sang, qui respire par sa bouche. Par l’unité la plus intime de Marie avec la nature humaine de Jésus, Elle est également devenue participante au plus haut degré concevable à la nature divine de Jésus. C’est pourquoi certains théologiens défendent l’opinion selon laquelle Marie, à l’instant même où la lumière éternelle, Jésus, s’est incarné dans son sein, a reçu la part la plus élevée possible à la nature divine en sorte qu’il est désormais impossible de concevoir une mesure de grâce plus grande dans une simple créature. Elle ne pouvait s’approcher davantage de la Lumière parce qu’Elle était devenue une avec la Lumière elle-même. Marie est le miroir sans tache de Jésus, l’Image de sa Bonté. Dans la bulle « Ineffabilis », par laquelle Sa Sainteté le Pape Pie IX a élevé la doctrine de l’Immaculée Conception au rang de dogme, le Saint Père atteste que « Dieu, puisant dans les trésors de sa Divinité, a comblé Marie bien plus que tous les esprits angéliques, bien plus que tous les saints, d’une abondance de grâces célestes, et l’a enrichie avec une si merveilleuse profusion qu’Elle fut toujours libre de toute tache, entièrement exempte de l’esclavage du péché, qu’Elle devint toute belle, toute parfaite et dans une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut, à part Dieu,’‘ en concevoir de plus grande‘‘,’‘ et que nulle autre pensée que celle de Dieu Lui-même ne peut en mesurer la grandeur‘‘. »

L’œuvre loue l’Artisan

Marie a été préservée du péché originel et créée dans un tel état de Grâce en prévision des mérites de la mort du Christ. Elle est née de la plaie du Cœur du Christ comme Eve de la côte d’Adam. Elle est le fruit le plus merveilleux de ses souffrances rédemptrices et de sa mort. Quiconque loue l’Immaculée Conception glorifie Jésus-Christ, glorifie la victoire du Christ sur Satan en Marie.

La Mère de la Victoire

Les puissances ailées célestes autour de la Grotte de Wigratzbad invoquent Marie non seulement comme Immaculée Conception, mais plus particulièrement encore comme « Mère de la Victoire. » « Immaculée Conception » semble presque n’être qu’une expression désignant une particularité. L’accent principal repose sur le mot « Mère », « Mère de la Victoire. » L’Immaculée Conception était une pure grâce accordée à Marie sans aucun mérite personnel de sa part. C’était une condition, une préparation à son destin de devenir la Mère de l’Homme-Dieu, du Sauveur, la Mère de l’humanité rachetée et par là même, Victorieuse de Satan et de son règne. Seul quiconque demeure attentif aux vérités que nous allons exposer peut comprendre le genre, la grandeur et la portée incommensurable de sa Victoire. Dès l’origine, Marie fut choisie pour être la deuxième mère de toute l’humanité, la Mère de tous les enfants de Dieu. Par Elle, tous les élus devaient recevoir la vie divine et par là, la vie éternelle. C’est ce que nous enseigne Sa Sainteté le Pape Pie XII dans sa célèbre encyclique sur le Corps mystique du Christ « Mystici Corporis » : « Représentant le genre humain tout entier, Marie donna son consentement à l’Incarnation du Fils de Dieu, c’est-à-dire au mariage spirituel entre la nature divine et la nature humaine. Ce fut Elle, qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours le plus étroitement unie à son Fils, le présenta sur le Golgotha au Père Eternel en y joignant l’holocauste de ses droits et de son amour de mère,’‘ comme une nouvelle Eve‘‘ pour tous les fils d’Adam qui portent la souillure du péché originel. » Dans la Constitution dogmatique sur l’Eglise, le deuxième Concile du Vatican enseigne : « Le Père des Miséricordes a voulu que l’acceptation de celle qui était prédestinée à être la Mère précédât l’Incarnation afin que, comme une femme avait contribué à la mort, une femme aussi contribuât à la vie. » Dans le même passage, la Constitution cite cette parole de St Irénée : « Marie, par son obéissance est devenue cause de salut, pour Elle et pour tout le genre humain : « La mort est venue par Eve, la vie par Marie. » Par nature, deux choses sont nécessaires pour l’accomplissement entièrement valable d’une action humaine : la claire connaissance de la raison et le consentement absolu de la volonté. Plus la raison comprend clairement la nature et surtout la qualité morale d’une action ou son caractère condamnable, et plus sérieusement et librement la volonté y correspond, ou au contraire s’en détourne, plus cette action est digne de récompense ou de punition dans l’ordre de la nature. Mais pour qu’une telle action mérite le ciel ou l’enfer, il faut qu’elle provienne de l’amour surnaturel ou qu’elle lui soit contraire. Plus le degré d’amour surnaturel est élevé, plus grand en est le mérite. Mais plus l’amour surnaturel se trouve blessé par cette action, plus elle sépare de Dieu, plus elle devient punissable. L’homme regarde l’apparence, mais Dieu regarde le cœur. Devant Dieu, c’est l’intérieur qui décide : C’est de la clarté de son intelligence, de la liberté et de la force d’acquiescement de sa volonté et surtout de la pureté, de la disponibilité et de la ferveur de son cœur, du feu de son amour surnaturel que dépendent la valeur d’un être humain devant Dieu, la valeur de ses actes et pouvoirs. ‘‘« Tu as trouvé grâce devant Dieu‘‘. »‘‘ ‘‘Nos premiers parents s’étaient détournés de Dieu en pleine conscience et avec toute la liberté de leur volonté. Eux-mêmes voulaient être Dieu. C’était de l’incroyance consciente, ou désobéissance librement voulue, une rébellion orgueilleuse contre la Volonté de Dieu, un refus de l’amour dû à Dieu. Cette chute accomplie devant Dieu en pleine conscience et liberté, au nom de toute l’humanité, il fallait qu’elle soit regrettée, désavouée et réparée d’abord également au nom de l’humanité, par un nouveau couple héréditaire qui rendrait aux enfants de Dieu la vie surnaturelle qu’ils avaient perdue. La chute d’Eve devait être redressée par une deuxième Eve, une deuxième mère des vivants. Seule Marie, l’Immaculée Conception, le pouvait. Comme Eve, Elle avait été créée dans l’état de grâce. Son intelligence était pour le moins aussi claire et profonde que celle d’Eve, sa volonté était tout aussi libre et sans entraves, sa capacité d’aimer nullement affaiblie par une convoitise désordonnée, tout comme Eve avant la chute. Marie seule était en état d’accomplir une mission sur le plan naturel et surnaturel totalement valable et bien plus parfaitement encore qu’Eve. La foi de Marie était si pure et si grande qu’aucune autre créature ne pouvait plus jamais en avoir de telle. Son humilité était si profonde qu’aucune autre créature ne pouvait s’abaisser davantage devant Dieu et Lui rendre Gloire, à Lui seul, aussi intégralement. Aucune simple créature ne pouvait aimer plus ardemment et plus purement qu’Elle Dieu et toutes ses créatures. C’est pourquoi seule Marie était en mesure de réparer le péché d’Eve et y fut appelée, pour autant encore qu’une simple créature puisse en être capable. Quand Marie, illuminée intérieurement ou renseignée de l’extérieur, apprit que l’humanité avait péché et que les êtres humains péchaient de plus en plus et risquaient par là d’être damnés pour l’éternité, son cœur fut empli d’une douleur aussi profonde et aussi aiguë que son amour pour Dieu et pour les âmes étaient immenses. Quand Elle apprit encore que Dieu avait promis un Sauveur, Elle concentra toutes ses pensées et tout son désir sur ce Sauveur qui devait venir. Jour et nuit, Elle implora avec ferveur, offrant des sacrifices dont seul son amour la rendait capable pour l’envoi de ce Sauveur venant du Ciel jusqu’à ce qu’Elle fût exaucée, jusqu’à ce que l’Ange de Dieu lui apportât la nouvelle : « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » « Dieu le Père n’a donné son Unique au monde que par Marie. Quelques soupirs qu’aient poussé les patriarches, quelques demandes qu’aient faites les prophètes et les saints de l’ancienne loi, pendant quatre mille ans, pour avoir ce trésor,’‘ il n’y eut que Marie qui l’ait mérité et trouvé grâce devant Dieu par la force de ses prières et la grandeur de ses vertus‘‘.’‘ »‘‘ (St Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la parfaite dévotion à la Très Sainte Vierge, N° 16). Tu as trouvé Grâce ! Quelle victoire, infiniment plus importante pour toute l’humanité que toutes les victoires du monde. Déjà à cause de cette victoire Marie mérite d’être glorifiée par tous les humains de tous les temps plus qu’aucun autre vainqueur en quelque domaine que ce soit. ‘‘Immaculée Conception‘‘,’‘ Mère de la Victoire‘‘,’‘ par votre toute-puissante intercession‘‘,’‘ priez pour nous !‘‘ ‘‘« Je suis la servante du Seigneur‘‘. »‘‘ ‘‘« Tu as trouvé grâce devant Dieu ! Tu concevras et Tu enfanteras un Fils. Tu lui donneras le nom de Jésus. » (Luc 1, 31) Dès cet instant, le salut du monde reposait dans les mains de Marie, comme dans les mains d’Eve au paradis terrestre. Marie a compris, grâce à sa raison hautement éclairée, toute la portée de cette nouvelle. Mais Elle restait absolument libre de croire à cette annonce, d’accepter la proposition ou de la refuser. Dieu ne viole jamais la volonté libre. Dieu Un et Trine devait à son Infinie Grandeur, Sainteté et Amour que l’annonce de l’Incarnation du Fils soit reçue par l’humanité avec la plus profonde humilité et adoration, avec la gratitude et l’amour les plus fervents qui soient dans la possibilité d’une créature. Seule l’Immaculée Conception le pouvait, cette deuxième Eve d’une perfection insurpassable comme cité ci-dessus. Le symbole de Marie dans la Femme revêtue de soleil, avec les douze étoiles de la perfection de Dieu sur la tête, Reine de toute la création, ne peut nous communiquer qu’une légère approche de la signification, de la glorification de Dieu et de la portée du « Oui » de Marie. Sa foi a vaincu l’incroyance d’Eve, son humilité a confondu son orgueil, son obéissance a chassé son arrogance narcissique, son amour de Dieu et du prochain, l’égoïsme et la volonté d’Eve d’être comme Dieu ! Avec son acceptation, avec son « Je suis la servante du Seigneur », Marie a donné au genre humain tout entier le Sauveur, le Vainqueur du péché et de Satan, de la mort et de l’enfer. Le Vainqueur et avec Lui sa Victoire sont l’offrande de la volonté libre de Marie. La Mère du Vainqueur est devenue la Mère de la grande Victoire. C’est la plus grande des victoires, celle qu’une simple créature humaine a jamais remporté sur le plus puissant des esprits, Lucifer. C’est pourquoi Marie exulte à bon droit : « Il renverse les puissants de leurs trônes et II élève les humbles. Désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse. » ‘‘« Elle était enceinte et elle criait dans les douleurs et le travail de l’enfantement ! »‘‘ (Apocalypse 12, 1) En réponse au Oui de Marie pour l’Incarnation du Fils de Dieu, le Verbe Eternel descendit du Ciel et commença dans le sein de la Vierge l’œuvre du Salut, le combat contre le prince de ce monde pour le vaincre définitivement à la Croix. Mais le Verbe Eternel a pris seulement la nature humaine c’est-à-dire un corps humain et une âme humaine la plus richement dotée de la grâce. Il n’est pas devenu une personne humaine. A tous ceux qui possèdent la nature humaine, Il a préparé les grâces du Salut. Celui qui nous a créés sans nous, ne nous sauve pas sans nous. Il n’écrase jamais la volonté libre. Chaque individu et chaque communauté reste libre de bénéficier des grâces du Salut ou de les repousser. Pour que la grâce salvifique puisse se répandre en nous, il faut d’abord que nous soyons unis de façon vivante au Christ, notre Chef. Jésus est la vigne, nous sommes les sarments. « Celui qui demeure en Moi et en qui Je demeure porte beaucoup de fruits. Sans Moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean, 15, 5) C’est au moment du saint Baptême que nous sommes plantés dans cette vigne. Alors, le Saint-Esprit, le Vivificateur, prend possession de nous et commence à nous animer, à nous mouvoir. Dans la mesure où Jésus, notre Chef, nous anime et nous meut par son Esprit-Saint, dans cette même mesure nos actions deviennent les actions de Jésus. Jésus prie, travaille, souffre avec nous, en nous et par nous et nos actions acquièrent une valeur surnaturelle, éternelle. Cette valeur, cette fécondité est d’autant plus grande que nous sommes animés davantage par l’Esprit de Jésus et que nous nous laissons mieux mouvoir. Par exemple, Jésus a prié le Notre Père et nous a recommandé : « C’est ainsi que vous devez prier. » Si nous agissons ainsi, si, mus par Lui, nous prions sa prière, alors nous désirons les grâces qu’il a obtenues en priant. Nous les saisissons avec les mains de notre volonté et en prenons possession. Quand nous nous en acquittons pour nos frères, alors la Grâce se répand dans leurs âmes à travers nous. Il en va de même pour toutes les autres actions et pour toutes les autres souffrances que nous accomplissons ou supportons comme membres vivants du Christ mus par l’Esprit de Jésus. Jésus continue de vivre en nous sa vie, ses souffrances et sa mort et nous devenons participants des grâces qu’il nous a méritées pour nous-même et pour tous ceux pour qui nous vivons, souffrons et mourons. Alors, toutes nos prières, tous nos travaux et toutes nos souffrances deviennent des vases qui se remplissent des grâces de Jésus. En nous, les blessures de Jésus demeurent ouvertes et la vie divine s’en écoule pour nous et pour le Corps mystique du Christ. Nous complétons dans notre corps ce qui manque encore aux souffrances de Jésus pour son corps qui est l’Eglise. Mais notre communauté de vie et d’action avec le Christ connaît des degrés. On a beau être baptisé, si l’on est en état de péché mortel, on n’est qu’un cadavre ambulant, une branche sèche qui sera coupée et jetée au feu si l’on ne se convertit pas à temps. Cependant, il peut aussi arriver qu’une âme soit en état de grâce, qu’elle ait en elle le Saint-Esprit, mais qu’elle ne vive pas sous sa mouvance. Un tel être peut s’inspirer, dans son comportement, de pensées tout humaines ou même diaboliques, et agir en conséquence. Alors, ses actes ne sont qu’humains ou même diaboliques, des péchés et sont sans valeur pour la vie éternelle. Une âme peut aussi être inspirée par le Saint-Esprit mais Lui opposer une certaine résistance, ne pas accueillir pleinement sa mouvance, se dérober par faiblesse humaine, entravée par sa nature corrompue qui n’a pas encore été complètement purifiée. Dans ce cas, il ne peut en résulter aucune action absolument parfaite, l’œuvre demeure mutilée et ne peut subsister ainsi, devant le Dieu infiniment saint. Par la faute de cette âme, des grâces se perdent pour elle-même et pour d’autres. C’est alors que se vérifie cette Parole : (Epître de St Jean 1, 8) « Nous péchons en beaucoup de choses. Celui qui dit qu’il est sans péché est un menteur et la vérité n’est pas en lui. » Afin que l’œuvre du Salut accomplie par Jésus, le Fils de Dieu, puisse porter intégralement ses fruits, afin que l’humanité ne perde pas la moindre grâce, il fallait qu’une personne humaine se tienne auprès du Sauveur, une aide dans l’œuvre de Rédemption qui par la plus intime communion d’existence et d’action possible complète tout ce qui manquait encore pour l’humanité à la prière, à la vie, à la souffrance et à la mort de Jésus. Aucune petite poussière ne devait opposer la moindre résistance au flux de la Grâce. Seule Marie était apte à cela. Elle seule était si totalement Une avec Jésus, en si parfaite communion avec sa prière, vivant sa vie en si parfaite communion avec la sienne, souffrant de même avec Lui, mourant de même de sa mort ; Elle seule a bénéficié de toutes les grâces pour Elle et pour tout le genre humain, si bien qu’Elle n’en a laissé perdre aucune. Même si tous les humains n’accueillent pas les grâces de Dieu, il n’est cependant aucune œuvre du Sauveur qui reste sans porter pleinement fruit, du moins en Marie. Le Saint Père Pie X, dans sa célèbre encyclique « Ad Diem illum » a bien su trouver les mots pour expliquer ce mystère : « Il y avait entre Jésus et Marie une perpétuelle communion de vie et de peines. Quand vint pour le Fils l’heure suprême, on vit Marie debout sous la Croix, bouleversée sans aucun doute par l’horreur du spectacle, mais pourtant heureuse de voir son Fils s’immoler pour le salut du genre humain et prenant une telle part à sa souffrance que, si c’eût été possible. Elle aurait préféré endurer Elle-même tous les tourments que son Fils endurait. Ainsi, Elle nous a co-mérité toutes les grâces de la Rédemption en vertu de la gratuité (de congruo) tandis que son Fils nous les a obtenues en mesure de la plus sévère justice (de condigno). » Celui qui se plonge dans ces mystères ne peut assez s’étonner et admirer la fidélité sans tache et inébranlable avec laquelle Marie a tout accompli sans jamais manquer un seul instant et sans laisser perdre la plus petite grâce. Aucune douleur, si grande fût-elle, aucune provocation de Satan ne put assombrir la lumière de son âme ni affaiblir la force de son amour et l’amener à se dérober ne fût-ce qu’un seul instant. En Elle, la Passion et la mort de Jésus ont porté des fruits en tout temps au centuple. Seule l’Immaculée Conception en était capable dans la plénitude de la Grâce que nous avons mise en évidence plus haut. Marie est le fruit absolument parfait, le plus grand triomphe de la Passion du Christ, Marie est une rachetée. En Elle, Jésus a remporté une victoire totale sur Satan, en Elle, Il a rétabli la dignité et la beauté originelles de l’homme dont Satan l’avait frustré. Mais par Marie, Il l’a vaincu dans l’humanité de sorte que tous les hommes, y compris les plus grands pécheurs, peuvent arriver de nouveau à la parfaite splendeur, et bien plus, à une splendeur incomparablement plus grande que celle perdue par nos premiers parents. Quelle victoire, infiniment plus importante, plus significative, plus grande, plus éclatante que n’importe quelle victoire sur la terre. En raison de cette victoire, Marie mérite d’être exaltée, vénérée, aimée et placée au-dessus de tous les enfants de Dieu, « Désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse. »

Le Cœur Immaculé de Marie, Berceau de l’Eglise

Quarante jours après sa glorieuse Résurrection, le Sauveur glorieux est monté au Ciel pour entrer dans sa Gloire, pour nous préparer une demeure et nous envoyer le fruit de la Rédemption, le Saint-Esprit. L’Immaculée Conception, la Mère de la Victoire, devait encore rester sur la terre. Le Saint-Esprit, en effet, n’est imposé de force à aucune âme. Chacun doit le désirer en priant et se préparer à L’accueillir. Les Apôtres se retirèrent dans le Cénacle et se réunirent autour de Marie, la Mère de Jésus. Mais qu’étaient donc les prières des Apôtres pour demander le Saint-Esprit, sinon de minces filets d’eau. Lé réceptivité de leurs cœurs si étroits et si petits était minime, « Il fallait que Marie soit avec eux pour obtenir par ses puissantes supplications que l’Esprit du Divin Rédempteur fût communiquée à l’Eglise naissante le jour de la Pentecôte el se répande en dons miraculeux. » (Pie XII, encyclique Mystici Corporis) Marie devait encore rester sur la terre pour accueillir toute la plénitude du Saint-Esprit en faveur de l’Eglise qu’Elle devait protéger et former dans sa naissance et dans sa croissance jusqu’à ce qu’elle fût devenue apte intérieurement et extérieurement à entreprendre la marche de la Victoire sur toute la terre. Seul le cœur de Marie, berceau de l’Eglise, était è même d’accueillir le Saint-Esprit, l’Esprit de Vérité, avec une telle pureté et une telle plénitude que l’Eglise pourrait conserver et annoncer dans tous les temps, sans l’amoindrir ni la fausser, toute la Vérité révélée par Dieu. Ce n’est qu’en ce Cœur, le cœur de la Mère de l’Eglise, que l’Esprit d’Amour a pu se déverser avec un tel feu, que la jeune Eglise fut en état d’éteindre toute la haine à l’égard de Dieu et toute la haine mutuelle des humains. La jeune Eglise ne pouvait recevoir et laisser agir l’Esprit de sainteté avec une telle plénitude que dans le Cœur de Marie, en sorte qu’il puisse transformer par Elle, en Elle et avec Elle tous les êtres humains en saints accomplis s’ils n’opposaient aucune résistance à sa mouvance. En Marie et par Elle, l’Eglise est devenue invincible, parce que Satan n’a aucun accès auprès d’Elle, parce qu’elle est devenue plus forte que toutes les puissances infernales.

Reine de la Gloire

Ainsi, Marie avait accompli sa tâche sur la terre. Elle avait combattu le grand combat et remporté la victoire. Elle a partagé les humiliations de son divin Fils. Avec Lui, Elle est devenue obéissante jusqu’à la mort, voire mystérieusement jusqu’à la mort avec Lui, sur la Croix. C’est pourquoi, désormais, Elle doit aussi être élevée avec Lui, recevoir un nom comme Lui, un nom qui soit au-dessus de tout nom de femme, pour régner à ses côtés comme Reine de toute la création, Reine du Ciel, de la terre et des enfers. Son divin Fils l’a élevée au Ciel en son corps et en son âme. Dans son radio-message à l’occasion du couronnement de Notre-Dame de Fatima, le 13 mai 1946, le Saint-Père Pie XII nous a rappelé ce mystère (l’Assomption) et l’a célébré avec ces paroles : « Cette heure d’incomparable triomphe de notre très sainte Mère évoque à notre esprit d’autres multitudes bien plus innombrables, d’autres acclamations bien plus ardentes, d’autres triomphes bien plus divins, une autre heure éternellement solennelle, au jour sans déclin de l’éternité, où la Vierge glorieuse, à son entrée triomphale dans la Patrie céleste se vit élevée à travers les hiérarchies bienheureuses et les choeurs angéliques jusqu’au Trône de la Très Sainte Trinité qui, posant sur son front un triple diadème de Gloire, la présenta à la Cour céleste, assise à la droite du Roi immortel des siècles et couronnée Reine de l’Univers. » A la fin de la célèbre encyclique sur le Corps mystique du Christ, ce même Souverain Pontife a écrit cette profession de foi : « Ne faisant qu’un avec son Fils tout au long de sa vie, Elle partage aussi avec Lui la royauté. » Ce que la Grâce a commencé sur la terre, la Gloire l’achève dans le Ciel. Tout comme le Fils de Dieu sur la terre révéla en premier lieu ses desseins à Marie et attendit son consentement avant de les exécuter, ainsi est-ce resté au Ciel, immuablement. Le Roi des Cieux lui fait connaître ses desseins et attend qu’Elle les approuve. Elle y répond sous forme de supplication en tant que puissante Médiatrice. C’est pourquoi, aucun être humain ne reçoit une grâce qu’Elle n’ait d’abord demandée de cette manière. Elle est la Médiatrice de toutes grâces, véritable Souveraine régnante. Ainsi, sa victoire est accomplie, le plus haut trône dans la Gloire de la Sainte Trinité lui est accordé. Maintenant, les puissances célestes font retentir des accents de jubilation, sur tous les tons, dans tous les volumes, dans toutes les harmonies célestes :’‘ « Immaculée Conception‘‘,’‘ Mère de la Victoire‘‘,’‘ priez pour nous‘‘. »

Priez pour nous !

Les phalanges célestes prêtes au combat autour de la Grotte de Wigratzbad, éperdues d’enthousiasme et de délices à la vue de la Mère Immaculée et de la Reine du Ciel, clament toutes en un choeur immense et implorent son intercession : « Priez pour nous ! » Et pourquoi ? La Souveraine du Ciel et de la terre n’a pourtant pas besoin qu’on lui demande de prier ni qu’on l’y exhorte. Elle est en elle-même une intercession constante devant le Trône de la Très Sainte Trinité. Toute sa vie, ses prières, ses travaux, ses souffrances sont une intercession éternelle et toute-puissante devant le Père. Elle Lui présente son Fils crucifié ; par son incessante intercession, le Sang, les Plaies de Jésus, son Cœur Sacré supplient continuellement de nous accorder grâce. Elle présente au Père son cœur de Mère embrasé d’amour et transpercé de douleur et Elle s’offre en victime expiatoire au Père, en Jésus, avec Jésus et par Jésus pour chaque âme séparément et pour toutes ensemble. Dieu ne résiste jamais à ces supplications. Mais nous, nous restons libres d’accueillir les grâces ou de les rejeter. Nous devons les désirer, nous devons nous efforcer de les recevoir et nous devons recourir à cette puissante intercession de Marie. Nous recevons ce que nous désirons. Un jour, dans l’Eternité, nous posséderons et nous jouirons des biens célestes dans la mesure où nous les aurons gagnés et mérités en notre vie d’ici-bas selon l’exemple que nous en a donné notre Mère. Celui qui demande, reçoit la grâce. Celui qui prie reçoit les grâces. Celui qui prie davantage en obtient davantage. Celui qui prie sans cesse est plus habité par la grâce que le corps n’est entouré d’air. Les cohortes célestes combattantes veulent nous enthousiasmer pour cette œuvre, elles veulent nous inciter comme Antonie à supplier sans cesse : « Priez pour nous. » Tant que nous nous unissons à leurs supplications, nous sommes victorieux. Mais, si nous nous relâchons, si nous faiblissons, ce sont les ennemis qui ont la victoire. Le combat contre les puissances des ténèbres est un combat spirituel qui ne peut être mené et gagné qu’avec les armes de l’esprit. Mais ce serait une grave erreur à laquelle succombent certaines âmes qui, sous le couvert de la piété, de la paresse, de la lâcheté et de l’indolence pensent et prétendent que la prière seule est suffisante, comme si la Mère de Dieu n’avait réellement pas demandé autre chose. Partout où Elle apparaît, Elle exige des sacrifices, beaucoup de sacrifices, l’engagement de toutes les forces, les plus grands efforts, même la disposition au martyre et la coopération avec la grâce offerte. Les légions rassemblées autour de la Grotte le savent en effet que la victoire vient par Marie, mais qu’elle dépend aussi de leur engagement, de leur coopération avec les grâces obtenues par la prière.


Des grâces extraordinaires

« Ce qu’il vous a été donné de vivre est une rencontre voulue par Dieu. Pour exprimer sa Complaisance, Dieu a accordé cette grâce extraordinaire d’envoyer des choeurs angéliques susceptibles de faire comprendre au monde éloigné de Dieu, en plein naufrage : que Marie veut régner ici victorieuse du monde et du démon et qu’en cette qualité. Elle veut lier de très grandes grâces à ce sanctuaire et les offrir aux âmes. » Ce qu’Antonie a vécu en ce lieu est une véritable expérience mystique. Le Seigneur Dieu l’a confirmée par des miracles. C’était de véritables choeurs angéliques qui témoignaient avec une puissance surnaturelle impressionnante qu’ici leur Reine voulait établir un Trône, se révéler invincible et faire de ce lieu, un lieu de grâces inouïes. St Jean de la Croix, le Docteur mystique, compare une telle expérience à une coupe de fruit sur laquelle des grâces divines sont offertes à une âme pour elle-même et pour l’Eglise. Ce n’est pas la coupe qui est importante, mais les grâces et dans le cas présent, les grâces pour Antonie et les grâces pour l’Eglise. Dieu a appelé Antonie par charisme authentique à faire élever à Wigratzbad un bastion de la foi, de la prière et de l’expiation. Mais les œuvres de Dieu se développent lentement et doivent être fécondées par de multiples tribulations. Notre-Seigneur a vaincu par la Croix. Il nous a indiqué ainsi par avance la voie à suivre et de quelle manière on obtient la victoire sur le péché, sur Satan et l’enfer, sur le monde et la chair. Il ne s’agit pas d’une victoire remportée extérieurement sur l’ennemi, mais bien de la défaite extérieure, L’Amour triomphe par le sacrifice. Antonie fut amenée à parcourir un chemin de Croix d’une difficulté surhumaine. La seule force humaine ne lui aurait pas suffi pour l’endurer. Comme Notre-Seigneur au Mont des Oliviers, il a fallu d’abord qu’elle soit fortifiée par une grâce particulière, surnaturelle, venue d’en-haut. L’expérience qu’elle fit à la Grotte a élevé Antonie dans un autre monde, infiniment plus beau et infiniment plus heureux que celui d’ici-bas. Elle fut illuminée par une lumière divine. Une force divine, mystérieuse s’est répandue en elle. Une certitude inébranlable lui a été infusée et lui a fait comprendre que c’était vraiment l’Immaculée Conception qui était descendue ici pour y établir son Trône ; qu’Elle prenait possession de ce lieu avec des Anges innombrables pour mener d’ici son combat et remporter ses victoires. Avec cette certitude, Antonie reçut un courage indomptable et une force surhumaine pour supporter les situations les plus désespérées, toujours certaine de la victoire, pour obéir inconditionnellement et instantanément à sa voie intérieure, pour faire front à toute la puissance hitlérienne et défendre aussi ses droits à l’égard des organismes ecclésiastiques. Ce n’est nullement le but ici d’évoquer ce chemin de croix de trente-cinq années. Celui qui le connaît, doit reconnaître que Wigratzbad n’est pas l’œuvre des hommes mais celle de Dieu, le combat et le triomphe de la Mère de la Victoire dans tous les combats de Dieu. Mais ce n’est pas seulement la personne d’Antonie qui était en jeu. Le Professeur Karl Rahner écrit dans son livre sur les Visions et les Prophéties etc. (Tyrolia 1952) : « Les visions, etc. sont essentiellement un impératif indiquant à la chrétienté de quelle manière elle doit agir dans telle ou telle situation historique. En réalité, ce ne sont pas de nouvelles affirmations mais une consigne. Savoir comment accomplir la volonté de Dieu dans une situation déterminée ne se laisse pas déduire logiquement et d’une manière précise avec l’aide unique des principes généraux du dogme et de la morale, même pas avec le secours de la situation présente. En principe, ces déductions peuvent indiquer laquelle des différentes décisions possibles dans le cadre de cette question correspond réellement à la volonté de Dieu et comment la réaliser effectivement. C’est pourquoi Dieu fait toujours surgir à nouveau dans l’Eglise des âmes charismatiques dont II se sert pour donner le mot d’ordre au sujet de la voie à suivre dans l’immédiat. » Forts de l’attestation divine, nous reconnaissons à bon droit dans l’expérience d’Antonie, un tel mot d’ordre indiquant ce qui doit être fait ici à Wigratzbad, et à partir d’ici, afin de mener l’Eglise à la Victoire dans les pays de langue allemande et même au-delà. La Souveraine du Ciel ne s’est pas servie du pauvre langage humain pour proclamer ce mot d’ordre, mais d’un symbole de puissance et d’énergie apocalyptiques pour proclamer l’importance des événements de Wigratzbad pour l’histoire universelle.

La situation historique

Lorsque Antonie vécut cette heure de Grâce, on était en 1936. Hitler avait commencé son ascension fulgurante, telle celle d’un météore, vers le pouvoir totalitaire sur l’Allemagne et il préparait la deuxième guerre mondiale. Dans le livre-programme où est exposée la vision nationale- socialiste du monde, c’est-à-dire « Mein Kampf », il a décrit son objectif définitif avec ces mots : « Une conception du monde ne peut accepter aucun compromis avec une autre conception du monde, car elle est totalitaire. On peut le déplorer ou non, mais avec le christianisme un terrorisme infernal s’est installé dans le monde ; ce terrorisme ne peut être brisé que par un terrorisme plus infernal encore. » Si Hitler avait vaincu, avec une méthode systématique toute germanique, il aurait tenté d’exterminer l’Eglise, la chrétienté, en Allemagne et dans tous les pays vaincus. C’était une question de vie ou de mort pour le règne du Christ. Le national-socialisme était un intermède. L’anti-christianisme organisé, la franc-maçonnerie est à l’ouest le véritable danger mondial pour le Règne du Christ. Par contre, à l’Est, c’est le communisme, l’athéisme organisé. Satan aspire à régner sur tous les peuples de la terre. En réalité, le combat ne s’adresse pas à la politique ou à l’économie. Il s’agit d’un conflit spirituel qui ne peut être réglé que par des moyens spirituels. Jamais l’Eglise n’a été autant menacée qu’actuellement. L’ennemi tient en mains tous les moyens du pouvoir terrestre, à savoir : l’autorité de l’Etat, l’armée, la presse, le cinéma, la télévision, la radio, l’argent et l’économie. Dans l’Eglise elle-même, selon les déclarations du Pape Paul VI, la fumée de Satan a pénétré sous forme de néo-modernisme qui détruit l’Eglise de l’intérieur. Nous nous trouvons véritablement dans le combat final. Le dragon rouge-sang, cette créature horrible, ce conglomérat des pires démons, s’est manifesté d’une façon plus menaçante que jamais auparavant. C’est pourquoi, la Femme revêtue du Soleil doit apparaître face à lui dans le ciel. Elle est apparue à Fatima où Elle a donné sa consigne pour le combat final. Elle a donné des directives claires sur ce qui doit être fait à l’heure actuelle. Elle a annoncé à tous les hommes de bonne volonté pour leur consolation et pour affermir leur espérance : « Le Seigneur veut sauver le monde. Il veut le sauver par la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, c’est-à-dire par la pratique du samedi expiatoire, la Sainte Communion reçue en état de grâce, la consécration à son Cœur Immaculé, la pratique quotidienne du Rosaire, autrement dit par notre conversion. Par une telle pratique, beaucoup de pécheurs se convertiront, la Russie se convertira et la vraie Paix sera accordée au monde. A la fin, son Cœur Immaculé triomphera. ». Vingt ans plus tard à Wigratzbad, Elle ne donna pas d’autre consigne. Il est frappant de constater qu’à Wigratzbad lors de cet événement mémorable, Elle n’a prononcé aucun mot. Elle n’avait rien à ajouter à son message de Fatima. Elle a plutôt souligné ici sa consigne par un événement de puissance et d’énergie apocalyptiques. Avec des armées célestes, Elle a mis sous nos yeux le sérieux et l’urgence avec lesquels ses ordres doivent êtres suivis. ‘‘Ressaisissez-vous ! Rassemblez-vous par milliers‘‘,’‘ que dis-je‘‘,’‘ par millions autour de cette Grotte‘‘,’‘ autour de l’image de l’Immaculée Conception‘‘.’‘ Mettez-vous totalement à sa disposition pour la lutte‘‘,’‘ en vous consacrant à son Cœur Immaculé‘‘.’‘ Fixez vos regards sans trêve sur cette image et laissez-vous enivrer par la jubilation victorieuse des armées célestes‘‘.’‘ Jour et nuit‘‘,’‘ laissez-vous entraîner par leur appel au combat‘‘.’‘ ‘‘De la Grotte de Wigratzbad doit s’élever, jour et nuit vers le Ciel, cette invocation toujours plus puissante, toujours plus victorieuse, toujours plus irrésistible « Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous. » Faites le premier samedi de réparation. Convertissez-vous par une confession sincère accompagnée de la contrition parfaite. Recevez la Sainte Communion avec un cœur pur, avec le plus profond respect et avec dévotion. Adorez Dieu dans le Saint-Sacrement. Adorez-Le avec foi et ferveur. Réparez l’effroyable rejet de Dieu dans la doctrine et dans la vie par des nuits de prières. « Que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne. » Réparez l’incroyable ingratitude de la plupart des hommes envers le Rédempteur. Méditez chaque jour par le saint Rosaire, les mystères de l’Incarnation, de la Vie, de la Passion et de la Mort expiatrice de Jésus et les grâces infiniment précieuses qu’il a mises ainsi à notre disposition. Ce faisant, unissez-vous au Cœur Immaculé de Marie afin d’offrir, par son Cœur transpercé de douleurs et immaculé, Jésus au Père et en vous offrant vous-mêmes selon toutes les intentions de Jésus et au nom de toute l’humanité, que ce soit sacramentellement durant la Sainte Messe ou spirituellement en toute volonté par l’offrande de Jésus. Expiez les offenses infligées à Marie, la dénégation de son Immaculée Conception, de son éternelle Virginité, de son exemption de tout péché, de sa Maternité divine, l’outrage fait à ses images et la lutte contre la dévotion mariale. Aux dévots de son Cœur Immaculé, Elle promet le salut. « Ces âmes-là seront aimées de Dieu d’un amour de prédilection, elles seront comme des fleurs que Je place devant son Trône. » Dès le début, Antonie a obéi à ces injonctions de la céleste Souveraine et Mère et a entraîné beaucoup d’âmes, sans se lasser, à faire de même. C’est ainsi que Wigratzbad a grandi et deviendra beaucoup plus grand encore si cet esprit, cette obéissance sont maintenus en haute estime. C’est de cet esprit d’obéissance que dépendra l’avenir de Wigratzbad. Qui pourrait nous blâmer de souhaiter et de prier afin qu’un jour un Grand Séminaire soit fondé ici, dans lequel seront formés des prêtres totalement dévoués à Marie et à Jésus au Saint-Sacrement et dévorés d’un zèle infatigable pour les âmes. Nous en sommes au combat final. Il prendra des proportions gigantesques. Il s’agit du tout au tout. Satan sait qu’il a déjà perdu la bataille. Il sévit toujours plus violemment contre l’Eglise, se déchaîne avec une fureur encore jamais vue. L’Eglise est à la veille du Vendredi-Saint. St Jean voit la Femme enceinte, criant dans le travail et les douleurs de l’enfantement. (Apoc. 12, 2) Elle enfante actuellement le Christ qui régnera dans tous les cœurs. Elle enfante au Seigneur la nouvelle humanité, sur laquelle Il régnera éternellement. Le Vendredi-Saint, les apôtres et les amis de Jésus furent ébranlés dans leur foi. La Sainte Vierge seule a continué de vivre de la Foi de Pâques à travers toutes les ténèbres. C’est ainsi que, dans le combat final actuel, seuls conserveront, sans faiblir dans leur foi et leur amour, les dévots du Cœur Immaculé de Marie qui vivent leur consécration en s’abandonnant entièrement à Elle. A Fatima, la Souveraine des légions célestes nous a indiqué le chemin à suivre à l’heure présente. A Wigratzbad, Elle exige l’action ainsi que la mobilisation de toutes les forces pour l’obéissance : « Maintenant, plus question de parler, mais d’agir ; plus question de faire des expériences, mais de vivre sa consécration. Vous avez accompli votre consécration, mais pour beaucoup elle est devenue une très lourde responsabilité, parce qu’ils ne la prennent pas au sérieux, parce qu’ils ne la vivent pas. » La dévotion à l’Immaculée Conception, Mère de la Victoire, c’est la dévotion au Cœur Immaculé de Marie : Le Cœur de Marie, c’est le berceau de Jésus et notamment de la tête et de son Corps mystique. Oui, son Cœur est la cellule maternelle de toute l’Eglise. Au lieu de dire « Cœur », je peux donc dire « Mère ». Quand Marie annonce : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera », Elle peut dire également : « A la fin. Je triompherai parce que je suis la Mère, la Mère de Dieu, la Mère de l’Eglise, qui vous donne Jésus, la Vie, la Vérité, le Chemin. Mon cœur de Mère est votre refuge, le chemin qui vous conduit à Dieu, qui vous conduit vers la Victoire. » A Wigratzbad, cette promesse solennelle de la Victoire, du triomphe comme source de force, de courage et de confiance doit être continuellement proclamée et annoncée à tous et à chacun. L’histoire des vingt-cinq premières années de ce haut-lieu de prières en offre un témoignage bouleversant. C’est le péché qui a été à l’origine et qui est cause de tous les malheurs de l’humanité. Plus le péché est grand, d’autant plus grand est le malheur. Le plus grand péché est le rejet de Dieu, la haine envers Dieu. Quand l’amour envers Dieu se refroidit, l’amour à l’égard du prochain se refroidit aussi. Jamais autant que de nos jours, on n’a péché contre l’amour du prochain : année après année, des millions d’enfants innocents sont tués déjà dans le sein de leur mère ; jour et nuit, on invente et on fabrique des armes avec lesquelles on peut anéantir en un clin d’oeil des nations entières et rendre des pays entiers complètement stériles, voire réduire à néant le monde entier. Seul un amour plus grand que l’ensemble de toutes les haines envers Dieu est à même de réparer et d’éteindre cette haine ; seul un amour du prochain plus parfait que toute la haine des êtres humains entre eux peut en triompher. Dès lors, seul le Cœur de Marie peut nous sauver. Marie est l’Espérance du genre humain, Marie est victorieuse dans tous les combats de Dieu. Elle seule peut offrir Jésus et son Sacrifice de la Croix au Père avec un tel amour, avec une telle douleur de nos péchés, comme Dieu, la Majesté, la Sainteté et la Justice infinie l’exigent. C’est pourquoi nous avons essayé plus haut de faire comprendre que la plénitude de grâces ainsi que l’Amour du Cœur de Marie sont d’une telle grandeur, qu’il est tout simplement impossible de trouver plus grande sainteté et plu ; grand amour dans une simple créature. Ainsi, nous avons la certitude absolue que Marie peut toujours vaincre et qu’Elle vaincra toujours si nous le lui demandons et si nous nous conformons à ses directives. Alors se réalisera sa promesse solennelle de Fatima que, des millions et des millions de fois, nous reconnaissons dans notre jubilation à travers l’invocation de Wigratzbad, répétée dans tous les volumes de sons et de mélodies possibles, en union avec toutes les légions célestes :’‘ « Immaculée Conception‘‘,’‘ Mère de la Victoire‘‘,’‘ priez pour nous ! »‘‘ Celui qui, tout en priant, lève continuellement les yeux vers le Ciel, vers cette Femme revêtue de soleil, est tellement éclairé au milieu des ténèbres actuelles qu’il ne se laisse aucunement ébranler par les lueurs fallacieuses de notre monde obscurci, ni par les fables de la fausse science, ni par les artifices de Satan, et qu’il garde de manière inébranlable sa foi indispensable au salut éternel. Celui qui en priant invoque sans cesse Marie comme Victorieuse, est tellement embrasé par la flamme de son amour que même au sein d’un monde dont le cœur glacial se paralyse, conserve l’amour de Dieu et du prochain. Celui qui invoque Marie comme Mère de la Victoire est tellement imprégné, vivifié et fortifié par l’énergie solaire de cette Femme, que, même dans les combats les plus ardus et qui semblent sans issues, ne reste jamais perplexe, ni découragé, ni dépourvu de force ; il se sauve lui-même et sauve tous ceux qui lui sont confiés. Le regard fixé inébranlablement sur la Mère victorieuse dans toutes les batailles de Dieu remplit ses soldats d’une telle force et d’une telle certitude de la victoire qu’ils affrontent victorieusement tous les combats. Marie n’est pas inférieure à l’image que nous nous faisons d’Elle, mais bien au contraire. Elle se révèle incomparablement plus grande que tout ce que nous pouvons penser d’Elle. Celui qui la vénère et l’invoque comme Victorieuse, parlera toujours de victoires. « De la Victoire » n’est pas un simple titre honorifique, mais c’est une réalité d’une félicité incomparable. Du point de vue spirituel, il n’est pas de titre qui se révèle aussi fécond que celui-ci. C’est à Wigratzbad que la Mère victorieuse dans toutes les batailles de Dieu a établi son Trône. L’Immaculée Conception a rassemblé autour de son image des armées célestes en vue du combat final de Satan contre le règne de Dieu, spécialement dans les pays de langue allemande. Ici, Elle veut être et sera glorieusement victorieuse de tous les ennemis intérieurs et extérieurs de l’Eglise. Ici, Elle règne. Ici, Elle choisit Elle-même ses instruments. Elle les instruit, les illumine de sa lumière, les enflamme de son Amour, et anime leur volonté avec force et suavité par le Saint-Esprit. Que tous ceux qui veulent agir ici en soient bien persuadés : Il serait insensé de chercher à s’opposer à sa volonté, de façonner cette œuvre selon ses propres idées et de poursuivre des buts personnels. Wigratzbad est un lieu de prières et d’expiation ; il doit le rester et le restera. ‘‘Marie est victorieuse‘‘,’‘ Elle a toujours la Victoire‘‘.’‘ ‘‘

La statue glorieuse de Notre-Dame de la Victoire

Wigratzbad n’a pas seulement reçu du Ciel le nom et l’invocation « Immaculée Conception, Mère de la Victoire », mais aussi sa représentation visible, à savoir l’image glorieuse de Marie Mère de la Victoire. Antonie raconte : « J’étais à genoux à l’intérieur de l’église paroissiale de Wangen pour assister à la Sainte Messe. Tandis que je priais, l’Immaculée Conception se trouva soudain devant moi comme on peut la voir maintenant dans la chapelle. Je fus tellement saisie par la beauté, la majesté, la suavité de cette apparition que j’oubliai complètement le monde d’ici-bas et tout ce qui se passait autour de moi et ne revins à moi qu’au moment où la Sainte Messe se terminait. J’ai revu cette image quand la Souveraine du Ciel me mit sous les yeux le plan de la chapelle tel qu’il a été réalisé. Je revis alors cette Dame d’une majesté et d’une beauté indescriptibles planant au-dessus du tabernacle de la chapelle. Je demandai alors au sculpteur sur bois du Tyrol du Sud, Franz Albertani de Bregenz, d’exécuter une statue selon mes indications, et je suis bien retournée chez lui une trentaine de fois pour obtenir, à la suite de différentes retouches, la statue la plus ressemblante possible. Mais aucun artiste ne saura jamais représenter, même approximativement, la beauté et l’enchantement d’une telle vision. » La statue représente l’Immaculée Conception à peu près comme Sainte Bernadette l’a vue à Lourdes. Son vêtement d’une blancheur lumineuse représente le soleil dont est revêtue l’auguste Dame ; il fait penser à l’éclat infini de la lumière qui émane d’Elle comme d’aucune autre créature. La ceinture bleue autour de sa taille, peut nous rappeler la capacité de souffrance qu’Elle a partagée avec son Fils afin d’endurer avec Lui les abîmes les plus profonds de sa Passion, pour compléter ce qui manque encore à ses souffrances pour la sainte Eglise. Les ronces de la terre maudite à cause du péché sont enfoncées profondément dans ses pieds nus, mais les roses d’or qui les recouvrent démontrent que chacun de ses pas n’était que l’expression du plus pur amour de Dieu et du prochain. En tous ses faits et gestes, son regard et ses mains, c’est-à-dire ses intentions et ses actes, étaient sans cesse tournés vers Dieu seul. L’Immaculée Conception a posé ses pieds sur la lune, c’est-à-dire sur notre terre, qui en lune tourne autour du soleil. C’est un caractère original de notre statue. La terre est enveloppée d’un nuage sombre en forme de serpent. Elle nous rappelle les ténèbres des erreurs et des péchés, la fumée de Satan qui a pénétré dans l’Eglise, selon l’expression du Pape Paul VI. La Femme revêtue de soleil illuminera les ténèbres et Elle écrasera la tête du serpent. Cette représentation rappelle les trois plus importantes vérités de la Révélation divine sur Marie. Elle est l’Immaculée Conception, la Triomphatrice du serpent, la Mère de la Victoire et la puissante intercession continuelle en notre faveur devant le Trône de Dieu. Le Rosaire au bras droit, nous rappelle les événements principaux de sa lutte et de sa victoire, comment par sa prière, Elle a trouvé grâce auprès de Dieu et nous a donné, par son OUI, le Vainqueur et la Victoire sur le péché et sur Satan, sur la mort et sur l’enfer ; par Jésus, avec Lui et en Lui, Elle a contribué à l’œuvre rédemptrice, nous a rouvert les portes du Ciel, nous a obtenu le Saint- Esprit et a pris possession la première, du royaume des Cieux. Elle a été élevée au Ciel avec son corps et son âme et couronnée Reine de l’Univers. Elle nous démontre ainsi, le chemin que nous aussi nous devons parcourir, si nous voulons entrer à notre tour un jour dans la Gloire de Dieu. C’est pourquoi l’Image de l’Immaculée a été placée au centre de la Très Sainte Trinité comme lis blanc de la Très Sainte Trinité, de la Toute-Puissance du Père, de la Sagesse du Fils et de l’Amour du Saint-Esprit, tel qu’il n’est jamais arrivé à aucune autre créature. Pour toute l’humanité, Elle a trouvé grâce auprès du Père, qui étend les bras au-dessus d’Elle pour nous étreindre, nous les fils perdus, dans son Amour divin. Elle nous a enfanté le Sauveur dans l’étable de Bethléem et Elle nous a obtenu par ses prières le fruit de la Rédemption, dans la descente de l’Esprit-Saint. Quand l’empereur Constantin livra la bataille décisive contre le paganisme, la Croix lui fut montrée au ciel avec cette inscription : « Par ce signe tu vaincras ! » (« In hoc signo vinces. ») Dans le combat final du Règne du Christ, c’est-à-dire du Règne de Dieu contre le Règne de Satan, le Dieu Souverain a donné un autre signe éclatant : l’image d’une femme revêtue du soleil, couronnée d’étoiles, sur le point d’enfanter. Elle sauve son enfant de la gueule du Dragon rouge-sang à qui Elle écrase la tête de son pied. C’est l’image de l’Immaculée Conception, Mère de la Victoire. ‘‘Marie est victorieuse‘‘,’‘ Elle a toujours la Victoire‘‘.’‘ ‘‘Elève-toi donc, Marie, belle comme l’aurore, brillante comme le soleil, majestueuse comme la multitude bien ordonnée des étoiles ! Fils de Dieu, Roi des rois, glorifie ta Mère à Wigratzbad afin qu’Elle aussi Te glorifie en ce lieu !

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