Fiche sur le livre Les neuf fondamentaux de l'éducation

De Salve Regina

Topos de formation familiale
Auteur : Par le groupe Domus Christiani de Bruxelles

Difficulté de lecture : ♦ Facile
Remarque particulière : Fiche de travail sur les LES NEUF FONDAMENTAUX DE L’ÉDUCATION, tome 1, Père Yannik BONNET, Presses de la Renaissance, Novembre 2003


L'auteur : YANNIK BONNET

Né le 07/06/33 d’un père chirurgien militaire

1936-1945 : Alger

a/c 1945 : Nancy ; études scientifiques et diplôme d’ingénieur et de docteur en chimie

1955-1978 : (= 23 ans) dans l’industrie chimique et pharmaceutique (Directeur des ressources humaines chez Rhône-Poulenc)

1978-1989 : à 45 ans devient Directeur de l’École supérieure de chimie industrielle de Lyon

1989-1993 : à 56 ans crée une entreprise de conseil en management (Ides Consultants)

1993 : quitte son entreprise à 60 ans suite à la maladie de sa femme, pour travailler en libéral à un rythme moins soutenu. Perd sa femme.

1996-1999 : ses 7 enfants sont tous autonomes, entre au séminaire français de Rome pour y suivre des études de théologie (il a entre 63 et 66 ans et les autres séminaristes ont entre 25 et 35 ans ; l’un a l’âge de son fils aîné, un autre celui de l’aîné de ses petits-enfants – 25 en 2002 !)

04/07/99 : ordonné au Puy-en-Velay (il a 66 ans !) et y entre en paroisse, ainsi qu’en aumônerie, et dans le cadre de formations, d’émissions de radio…


Passionné par le problème de l’éducation, en particulier en entreprise. Tout ce qui concourt à la satisfaction du client, à la viabilité de l’entreprise et au bon climat social (coopération, autonomie, adaptabilité, conscience professionnelle) sont liés à l’éducation.

La crise de société des années 1960-1970 a torpillé l’éducation familiale et de nombreux parents d’aujourd’hui n’ont rien reçu de solide en matière de principes et de pratiques d’éducation.


Auteur de :

  • « Le défi éducatif » (1989) [sous-titre : « Famille, école, entreprise, même combat ! »],
  • « Les hommes, acteurs dans la stratégie de l’entreprise » (1990),
  • « Être heureux au travail » (1992)

Après 7 ans de « harcèlement textuel » de son éditeur, publie :

  • « Les 9 fondamentaux de l’éducation » tome 1 (novembre 2003)
  • « Les 9 fondamentaux de l’éducation » tome 2 en octobre 2004


1ère PARTIE : GÉNÉRALITÉS SUR ÉDUCATION

CHAPITRE 1 : ÉDUCATION – ÉDUCATEUR – ÉDUQUÉ

Les neuf fondamentaux de l'éducation

L’être humain, un cas singulier

Là où l’animal est déterminé par son instinct vital, l’être humain garde la capacité de rester maître de ses décisions. Il s’agit du « libre arbitre », c’est-à-dire la capacité de faire librement, sans contrainte, des choix face à des situations diverses.


Le libre arbitre et son siège

L’homme est pourvu d’un esprit, indépendant du corps biologique, mais intimement lié à lui et qui pilote l’existence de l’être humain grâce à 2 facultés qui sont les 2 outils de notre libre arbitre : une intelligence et une volonté.


Notre libre arbitre est conditionné par :

  • le corps lui-même par les informations sur son fonctionnement,
  • le patrimoine génétique (unique), qui constitue le caractère (= « noyau dur »)
  • le milieu de vie : - naturel (géographique, climatique…)
  • social (famille, Nation, race, religion, condition sociale…)
  • sa propre histoire : accident, perte d’un être cher, violence subie, guerre, cataclysme…)

Mais quels que soient nos conditionnements, ils ne nous déterminent pas. Nous gardons une zone de libre arbitre : nos dons, nous pouvons les développer ou les laisser en friche ; notre milieu, nous pouvons l’accepter en tout ou en partie, ou le rejeter catégoriquement.


Et l’éducation dans tout cela ?

Le jeune enfant doit apprendre à se servir de son libre arbitre, en connaissant ses conditionnements, pour accéder au meilleur de lui-même.

Paradoxe : l’éducation est alors une forme de conditionnement, or elle vise à rendre l’éduqué le plus libre possible vis-à-vis des conditionnements qui pourraient étouffer ou dévoyer son libre arbitre.


L’éducateur, une autorité au service de l’éduqué

L’autorité de l’éducateur vient de la finalité poursuivie, qui est le service de l’éduqué qu’il faut « élever » (= faire grandir), ce qui amènera à en prendre les moyens, quitte à utiliser une forme de violence, à exercer une contrainte, à prononcer des sanctions.

Quelle autorité peut se passer d’avoir le pouvoir de punir les fautes et de récompenser les mérites ?

L’autorité est de l’ordre de l’amour, et seul l’amour peut faire accepter par l’éduqué cette « violence » exercée sur son libre arbitre.


L’éducation de l’éducateur

Éduquer impose vite des exigences :

  • éduquer par l’exemple ;
  • l’autorité s’exerce par amour, et l’amour est inséparable de la vérité qui n’est pas toujours agréable à dire et à entendre ;
  • l’esprit, siège du libre arbitre, doit dominer l’« âme sensible », sujette aux pulsions, aux émotions, aux sentiments ;
  • atteindre un humble détachement vis-à-vis des résultats immédiats et apparents. On n’éduque pas pour être fier de l’éduqué, mais pour lui et il peut, dans son libre arbitre, rejeter son éducation.


Les relations entre l’éducateur et l’éduqué

Le maître-mot est confiance. La confiance doit toujours être donnée d’emblée, sans naïveté, dans la vigilance et donc en vérifiant.


CHAPITRE 2 : L’ACTION ÉDUCATIVE ET SES RÈGLES

L’action éducative et ses niveaux

Il faut que la famille soit éducatrice.

Importance d’une permanence de principes réalistes et bienveillants, nécessité d’un projet éducatif clair et structuré, souci de cohérence dans la durée qui fait que l’éducateur peut dire ce qu’il fait et faire ce qu’il dit.


Éducation et morale

L’esprit s’appuie sur l’intelligence et la volonté ; l’éducation doit donc les prendre comme cibles de son action. Il s’agit d’éduquer l’intelligence au vrai et la volonté au bien.


Conjuguer « savoir-faire » et « savoir-être » et remettre l’affectif à sa place

Le plus important, c’est le savoir-être, l’amour vrai, qui s’appuie sur l’intelligence et la volonté. L’affection nécessaire lui est subordonnée, car elle risque de pousser l’éducateur à chercher à être aimé, à éviter de faire de la peine.

Quant au savoir-faire, certains en ont l’intuition, mais une maladresse technique est moins importante qu’une lâcheté, un mensonge ou une rancœur.


Si l’amour est don de soi, le pardon est le sommet de ce don, car il exige des 2 personnes une attitude d’humilité : celui qui pardonne soit faire effort pour ne pas garder de rancune, celui qui demande pardon fait une démarche humble.

On ne doit jamais punir une erreur, mais punir une faute, c’est-à-dire la transgression d’un interdit.

L’éducateur peut et doit demander pardon quand il a commis une injustice. Reconnaître ses torts et demander pardon grandit moralement et l’autorité de l’éducateur n’en souffre pas, bien au contraire.


CHAPITRE 3 : UNIVERSALITÉ, GLOBALITÉ ET UNITÉ DU PROJET ÉDUCATIF

Universalité du projet éducatif

Il n’y a qu’une nature humaine qui transcende les races, les nations, les cultures.

Quelle que soit sa culture, l’être humain a besoin de :

  • se développer,
  • se connaître,
  • s’aimer,
  • s’intégrer dans la société,
  • être aimé,
  • trouver un sens à sa vie.


Les parents, premiers éducateurs

Les parents se sont reconnus une responsabilité vis-à-vis des enfants et la famille est la cellule de base de la société.

Les parents réunissent les meilleurs atouts pour l’éducation de leurs enfants, puisque celle-ci exige réalisme et amour.

La réalité de leurs enfants, les parents la connaissent mieux que quiconque puisqu’ils la vivent depuis le début ; ils sont les mieux placés pour connaître un certain nombre de caractéristiques propres à leurs enfants, leur hérédité, leur milieu, leur histoire.

Les parents doivent rester les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants pour la société et tous ceux qui vont être amenés à jouer un rôle éducatif (enseignants, entraîneurs de clubs sportifs, responsables de patronages et d’associations…) et qui devront se considérer comme auxiliaires des parents en ce qui concerne l’éducation.


Les vertus de l’éducateur

Certains ont un don pour l’éducation, l’intuition de ce qu’il faut faire, une capacité à calmer, raisonner, écouter, dialoguer.

Nous élevons nos enfants, mais ils nous élèvent aussi, en nous obligeant à nous surpasser. L’éducation requiert alors davantage de vertus que de connaissances pointues. L’éducation demande une intelligence du cœur, elle exige du bon sens pour coller au réel, et beaucoup d’amour.

Elle va demander l’acquisition progressive de vertus morales, particulièrement des 4 vertus cardinales, qui structurent si utilement la personne humaine :

  • justice : savoir reconnaître les efforts, récompenser et punir à bon escient…
  • force : savoir tenir ferme sans violence
  • prudence : prendre des risques pesés, évalués, ni à l’aveuglette ni au sentiment.
  • tempérance : maîtriser ses passions.


2ème PARTIE : LE PROJET ÉDUCATIF

L’éducateur doit user d’autorité pour aider l’éduqué à devenir :

  • personne responsable d’elle-même,
  • capable de vie sociale
  • sachant quel est le sens de sa vie

bref : un adulte qui puisse réussir sa vie


Projet éducatif :

  • 3 champs d’action
  • chacun a 3 sous-domaines
  • = clavier à 9 touches sur lesquelles jouer selon les circonstances du moment, mais elles sont interdépendantes.


CHAPITRE 1 : LE DÉVELOPPEMENT DE LA PERSONNALITÉ

1ER FONDAMENTAL : FAVORISER LA CONFIANCE EN SOI

Définition :

Il s’agit pour l’éduqué d’acquérir un sentiment de valeur (= traduction subjective) fondé sur une valeur réelle (= éléments objectifs), qu’il connaît et dont il peut parler.


Stratégie d’action :

S’intéresser prioritairement aux points forts - pour les développer -, plutôt qu’à points faibles pour les corriger car rendement du travail sans commune mesure avec point faible ; va exiger rigueur, attention, persévérance qui auront retombées positives sur points faibles !

Points faibles : voir si réel danger ou handicap par rapport à la réalisation d’une ambition


Connaissance de soi :

La confiance en soi passe par un légitime amour de soi, qui n’est ni égoïsme ni orgueil : être content de soi / être content d’être soi (= ne pas rêver d’être un autre). L’éducateur ne doit pas faire des comparaisons inutiles avec les autres


Rôle du milieu familial :

Attirance… ou repoussoir (notamment quand les 2 parents ont même métier, mêmes centres d’intérêt…) pour choix des loisirs ou de la profession.

Importance que éducateurs sachent expliquer l’intérêt de leurs activités pour éveiller l’attention, mais sans imposer.


Devenir soi-même est une conquête :

Besoin d’aller de l’avant, de surmonter les épreuves, d’affronter les difficultés.

La confiance en soi vient d’avoir vaincu, de s’être vaincu.

Mais l’échec fait partie de la vie et ne doit pas être source de découragement. Il faut apprendre à analyser – à froid – ces informations pour qu’en sorte du positif.


Dès le plus jeune âge il faut :

  • insuffler cette confiance (prendre son biberon seul, lacer ses chaussures, faire des châteaux de sable),
  • donner le sens de la conquête, apprendre l’exigence et en même temps accepter l’enfant tel qu’il est avec son potentiel et ses limites
  • apprendre à s’évaluer mais pas à se comparer
  • à s’aimer mais pas s’idolâtrer
  • à s’accepter mais pas à se laisser aller.


2EME FONDAMENTAL : FORMER A LA MAITRISE DE L’ANGOISSE

La vie, c’est le risque

La seule chose dont on soit sûr en vivant, c’est que l’on mourra. Chez l’homme un fond d’anxiété.

L’avenir, c’est le risque, mais l’avenir nous offre des opportunités tout en recelant des dangers potentiels.


L’éducation doit préparer à la prise de risque

La confiance en soi n’empêche pas que l’avenir soit incertain et qu’il faille aborder des situations imprévues, voire faire face à des dangers réels.

Plus tard : passage d’un examen, entretien d’embauche, décision du mariage, celle d’avoir des enfants, déménagement, licenciement ; aujourd’hui : changement de classe, arrivée dans une nouvelle école, déménagement de son meilleur ami, changement de méthode de travail, débuts dans un sport.

L’éducateur importe de l’angoisse et exporte de la sérénité.


Ne pas balayer les angoisses, mais les faire émerger

Quand on sent un enfant angoissé, il faut le faire parler pour qu’il exprime ses peurs, ses soucis, ses tracas. L’enfant va être obligé de reformuler, trier, se calmer, préciser, au lieu de se bloquer. Cela permettra aussi de faire le tri entre danger réel et danger imaginaire.

Ne pas prendre de risques, c’est mourir par immobilisme et sclérose ; paniquer devant les risques, c’est perdre sa lucidité et quelque fois sa vigilance vis-à-vis des vrais dangers.


Maîtrise de l’anxiété : un problème à prendre en compte dès le plus jeune âge

Il y a des situations qui sont « potentiellement angoissantes » pour celui qui peut percevoir le danger et qui ne le sont pas quand on est trop jeune pour en avoir conscience (ex : apprendre à skier quand on est adulte). Un enfant faisant du théâtre sera un adolescent moins anxieux à la veille d’un oral et un adulte capable de prendre la parole en public.


Ne jamais dramatiser inutilement les événements

Nos inquiétudes relèvent le plus souvent de l’imaginaire !

En outre, le pire n’est jamais certain et le désespoir est une sottise.

Un bon éducateur doit donner l’exemple en ne dramatisant jamais, en ne cédant jamais ni à la panique ni au désespoir.


3EME FONDAMENTAL : APPRENDRE L’USAGE DE L’AUTONOMIE

Application à l’éducation

Il y a une gradualité de l’autonomie, qui commence effectivement par l’exécution de tâches simples. Au berceau, on donne des jouets au bébé ou on suspend des mobiles au-dessus de lui ; puis il apprend à boire son biberon tout seul ; plus tard, à mettre ses habits sans l’aide de quelqu’un.


Les degrés croissants de l’autonomie

L’autonomie grandit si l’enfant devient en tout ou en partie chargé de gérer son temps.

L’autonomie n’est pas de faire ce qu’on veut, mais ce qu’on doit, comme on veut, dans des limites fixées.


Découverte de l’autonomie et progression dans l’autonomie

Donner de l’autonomie exige d’abord, de la part de celui qui en donne, une méthode rigoureuse.

Il faut savoir être ordonné et précis dans sa manière de donner la mission et ses objectifs et d’évaluer le temps.


Limites et interdits : comprendre la différence entre l’erreur et la faute

La notion de limite est liée indissolublement à la notion d’interdit. L’autorité ne peut se passer du pouvoir de sanction (dans ses 2 acceptions : reconnaissance des mérites et punition des fautes).

La transgression d’un interdit est une faute.

Besoin d’une séquence limite-interdit-transgression-punition. Tout ce qui n’est pas expressément interdit est permis, même si le choix était une erreur.

Dire ce qui est permis réduit l’usage du libre-arbitre à peu de choses, alors que dire ce qui est interdit ouvre un champ immense à l’action.


CHAPITRE 2 : LA SOCIALISATION DE LA PERSONNE

Le travail de socialisation de la personne doit être mené en même temps que celui de développement de la personnalité.


4EME FONDAMENTAL : L’ACCEPTATION DES RÈGLES, CONTRAINTES ET INTERDITS

La vie en société ne peut être « anarchique »

C’est rendre service à ses enfants que de les éduquer à être prêts à vivre en société, à accepter ces contraintes, ces interdits, ces règles du jeu, qui sont le lot de toute vie sociale.

La famille est elle-même une cellule de vie sociale, où cet apprentissage peut se faire « naturellement », sans mise en scène. Il va comprendre que peu à peu l’agrément de la vie familiale passe par l’acceptation de règles, de contraintes, d’interdits. Et cela deviendra une habitude de comportement social, qui lui permettra plus tard de s’intégrer dans la vie professionnelle, associative et de créer lui-même une cellule familiale.


Pour s’habituer aux contraintes, le plus tôt est le mieux

Par quoi va commencer ce nécessaire apprentissage par le nouveau-né ? Par régler le problème de la bonne utilisation du jour et de la nuit, celle-ci étant faite pour dormir… et pour laisser dormir le reste de la famille !

Il y a pour les jeunes parents un discernement à acquérir, un instinct naturel à apprivoiser, mais aussi une obligation à « faire le bien de l’enfant » sans se laisser « manipuler » par lui, ce qui exige une maîtrise de l’affectif et une lutte contre une certaine forme d’égoïsme (cédons pour avoir la paix !).


L’éducation reste fidèle à une ligne directrice, mais la manière dont l’éducateur conduit son action évolue dans le temps avec le développement de la personnalité de l’enfant, l’éveil de son intelligence raisonnable et le renforcement de sa volonté.

L’éducateur va de plus en plus expliquer les raisons de ce cadre, sans pour autant donner l’impression de se justifier.

Il sera ensuite possible à l’éducateur d’apprendre à l’éduqué que dans la vie certains interdits ne seront jamais négociables, tandis que d’autres, moins essentiels, plus contingents, le sont, mais en « adulte », pas en adolescent révolté.


5EME FONDAMENTAL : LA RECONNAISSANCE DE L’AUTRE

La vie en société, c’est la rencontre et la relation avec « l’autre »

« L’autre » est présent partout, dans la famille, à l’école, dans la rue, dans les transports en commun, à l’hôpital, dans la vie associative, les lieux de culte, les stades…

La sociabilité est-elle innée ou acquise ? Probablement, comme la majorité des caractéristiques d’une personnalité, il y a de l’inné et de l’acquis.


Confrontation, acceptation, affrontement, fuite, séduction, indifférence

L’action éducative visant à donner confiance en soi et à aider à maîtriser son stress favorise la sérénité dans cette inévitable confrontation.

La sociabilité de l’éducateur entraîne celle de l’éduqué. Une fois de plus, l’action éducative conduit l’éducateur à parfaire (ou commencer !) sa propre éducation.

Le réalisme nous oblige à viser comme objectif en termes d’action éducative que l’enfant accepte sereinement la confrontation avec l’autre puisqu’il sera amené à vivre avec, d’une manière ou d’une autre.


Évaluation, comparaison, jugement ou constat

Pour être heureux, ou du moins pour ne pas se précipiter dans le malheur, il ne faut jamais se comparer aux autres. Si l’on est réaliste, la comparaison ne tourne pas à notre avantage ; si l’on rêve, on peut se croire inférieur et cela paralyse, ou supérieur et gare au retour sur terre !

Pourtant nous sommes sans cesse évalués à l’école, au travail, dans le sport ou dans l’art… Mais on n’évalue pas des personnes, mais des performances, l’efficacité d’une action, la qualité d’une œuvre.

L’évaluation aboutit inévitablement à des comparaisons… de performances. En aucun cas elle ne doit aboutir à des comparaisons de personnes.


De l’acceptation à la reconnaissance

Dès qu’on s’est intéressé à l’autre pour le connaître, dès qu’on l’a accepté tel qu’il est, on a franchi un palier.

 « L’ennui naquit un jour de l’uniformité ». Prendre conscience de la richesse apportée par l’autre.

Cette propension à reconnaître l’autre comme un bien précieux ne peut être évidemment communiquée que par un éducateur qui la pratique lui-même, notamment à l’égard de l’éduqué.


6EME FONDAMENTAL : LA PARTICIPATION AU BIEN COMMUN

Les étapes de la participation

La participation, la coopération est un cheminement pour l’enfant, qui pourra en faire sa règle de vie personnelle à l’âge adulte.

On commence par demander à l’enfant de ranger ses jouets en lui apprenant à le faire, ce qui demande de la patience à l’éducateur car le faire soi-même va plus vite et énerve moins, mais c’est une contre-éducation !

La participation suit exactement les étapes de l’autonomie. Encouragements et compliments favorisent l’envie de rendre service et la fierté d’avoir servi.


Engagement moral et bien commun

Il est bon de faire progressivement comprendre aux enfants ce qu’est une organisation sociale et les différences qui existent entre :

- les intérêts particuliers des personnes ;

- l’intérêt commun qui facilité la vie d’un ensemble de personnes.


La participation au bien commun est liée à la vertu de justice

Il y a dans le service du bien commun une nécessité qui n’est pas de l’ordre de l’amour, mais de la justice.

Il faut faire comprendre à l’enfant que, dans la vie, il faudra respecter l’équilibre des échanges entre personnes, entre personnes et corps sociaux, et entre corps sociaux l’un avec l’autre. Pour cela, il faut lui donner l’habitude de contribuer à la vie de famille qui lui a donné le jour et l’entretient.


CHAPITRE 3 : LE SENS DE LA VIE, OU LA FINALISATION DE LA PERSONNE

La conquête du bonheur requiert quelque chose d’essentiel, qui est d’un autre ordre : avoir trouvé un sens profond à toute sa vie.

La raison humaine pose des questions mais ne donne pas de réponses qui permettent justement d’être heureux.


7ème FONDAMENTAL :LE TRAVAIL PEUT-IL DONNER UN SENS A LA VIE ?

Discerner les biens et services utiles de ceux qui sont nuisibles

Il existe toutes sortes d’œuvres, biens ou services, dont personne ne peut nier qu’elles facilitent la vie des humains, sans poser par elles-mêmes de problème moral.

Ceux qui produisent de la beauté, de quelque manière que ce soit, qui embellissent donc notre planète par leur art, trouvent sens à leur vie.


Perception de l’œuvre, participation à la qualité, reconnaissance

Pour que le travailleur puisse être fier de son travail, encore faut-il qu’il connaisse l’œuvre à laquelle il contribue. (exemple des 3 tailleurs de pierre du XIIIè siècle : « je taille une pierre selon tel modèle », « je participe à la construction de ce pilier », « je construis la cathédrale de cette ville »).

Quel que soit le travail effectué, il est capital de connaître l’œuvre finale, celle que le consommateur achètera… ou boudera, et de connaître la place que tient dans sa réalisation le travail ou la mission dont on a la charge.


L’importance du travail manuel dans l’éducation

Pour l’enfant, ce qui est immédiatement perceptible dans cette démarche de la qualité, c’est ce qui est relatif au travail manuel, parce que cela se voit.

Le travail manuel est, par sa nature, très éducatif, d’abord parce que la matière a ses lois, auxquelles on est bien obligé de se plier. Il a le mérite de permettre d’être facilement conscient de son utilité ; il a le mérite de révéler toutes sortes de dons.


Quand le travail intellectuel ne donne pas ou plus de sens à la vie

Le travail intellectuel a un côté séduisant car il y a en l’homme un désir légitime d’exercer son rôle de « seigneur » sur le cosmos et pour cela de comprendre comment il fonctionne. Il peut s’ajouter une forme d’orgueil : « je sais ce que les autres ne savent pas » ou un désir de domination : « le savoir conduit au pouvoir ».

Certains ne peuvent échapper au danger de ne plus voir de finalité à leur activité en dehors d’eux-mêmes. Le drame intérieur qui guette est alors une usure, une démotivation progressive, voire une prise de conscience brutale : « je n’ai pas servi à grand-chose », et conduire à la dépression, au suicide ou à une rupture violente avec leur milieu de vie.

Le travail intellectuel peut garder un sens, même s’il n’est pas immédiatement applicable à la transformation du monde matériel, à condition que celui qui l’exerce puisse se sentir reconnu.


Le travail permet à l’homme de se connaître, de développer sa personnalité, de gagner en confiance, en sécurité psychologique et en autonomie.

Il permet également de contribuer au bien commun.

Il est également un élément de notre vie qui lui donne un sens quand il peut être perçu par le travailleur comme une action contribuant à l’humanisation du monde concret dans lequel nous vivons.

Les éducateurs ont le devoir de vanter l’importance du travail et de témoigner de ce que le travail a apporté à leur vie.


8EME FONDAMENTAL :L’AMITIÉ, L’AMOUR VRAI DONNENT UN SENS A LA VIE

La qualité de la relation éducateur/éduqué, notamment celle de la relation parents/enfants, risque de peser d’un poids très lourd dans la capacité d’aimer de l’adulte, en puissance dans l’enfant. Mais, là encore, pas de déterminisme.


L’amour n’est pas réductible au plaisir que l’aimé(e) peut nous donner

L’homme est esprit, mais il est corps également et nous l’appréhendons par nos cinq sens, en termes de plaisir ou de déplaisir.

Le rôle de l’éducateur est important pour mettre le corps à sa vraie place : celui d’un bon serviteur qui mérite une hygiène de vie, et non celui d’une image chargée de révéler la personnalité.


L’amour n’est pas réductible aux sentiments inspirés par l’aimé(e)

La vie affective est une réalité, mais une réalité changeante. Elle est tributaire de notre imaginaire et de l’image que l’autre cherche, consciemment ou inconsciemment, à nous donner de lui. Se fonder sur les sentiments pour aimer est à la fois imprudent et inconséquent. Inconséquent puisque l’affectif ne pèse pas les conséquences d’un lien d’amitié, d’amour, c’est-à-dire de l’importance du don (Ste Thérèse de Lisieux : « aimer, c’est tout donner et se donner »).

L’amour vrai exige de moi un don – que je me donne – avec ce que cela comporte de gratuité. En outre, amour rime avec toujours ; or nos sentiments sont fluctuants.

C’est tout cela que l’éducateur va devoir faire comprendre peu à peu à l’enfant, en utilisant précisément les premières déceptions, les premiers chagrins causés par l’autre, mais aussi en lui faisant voir les dégâts liés à ses propres défaillances, ses propres trahisons.


Discernement et volonté dans le don de soi

L’enfant est tout à fait capable de percevoir ce qu’est l’égoïsme parce qu’il en sera tôt ou tard la victime. Il pourra donc très vite intégrer que l’amour dont il a besoin amène l’autre à dompter ses intérêts égocentriques : amour et égoïsme sont contradictoires.

La voie est alors toute tracée pour lui faire comprendre que lui-même a besoin de refréner son égoïsme pour aimer vraiment. Après avoir, dans la vie sociale, découvert l’autre, appris à l’accepter, à le reconnaître, l’enfant doit maintenant apprendre à l’aimer.

L’enfant doit être inciter à donner et à se donner pour découvrir la joie qu’il y a à donner et à se donner, joie encore supérieure à celle de recevoir.


Les malentendus de la passion

Les ingrédients de la passion sont fragiles, peut-être illusoires, sujets en tout cas à malentendu. Dans la passion, on n’envisage pas l’avenir, on jouit du présent. S’il n’y a pas d’engagement, cela veut dire que la raison n’a pas été consultée ni la volonté mobilisée.

Il faut mobiliser la raison pour examiner à froid les désirs réels d’une union stable et se donner les meilleures chances de discernement.


Pour conclure

Il s’agit d’aider l’éduqué, dès l’enfance, à mettre ou remettre les choses dans l’ordre. C’est l’esprit libre qui commande, pas les sentiments, encore moins les pulsions.

L’enfant apprend à aimer vraiment par l’exemple. Il est important qu’il comprenne que les parents peuvent avoir un conflit à gérer et qu’une dispute est moins grave qu’un silence qui s’installe. Il est capital qu’il se forge la conviction que le pardon est le sommet et le ciment de l’amour.


9ème FONDAMENTAL : ET DIEU, DANS TOUT CELA, A-T-IL SA PLACE ?

La « fusée du bonheur » a besoin d’une tête chercheuse !

L’amitié, l’amour embellissent la vie de l’homme et lui donnent un sens. Mais c’est précisément dans l’amour humain que la personne touche, de la façon peut-être la plus douloureuse, les limites du bonheur. L’amour est un combat toujours renouvelé contre l’orgueil et l’égoïsme, et ce combat n’est pas toujours victorieux !

Et puis, il y a l’interruption brutale, par la mort, de cette relation.


Impossible de laisser les enfants dans l’ignorance de la mort

Aujourd’hui, on prive les enfants d’une réflexion de fond sur la mort, ou à tout le moins d’une information sur ce que dit de la mort et de la vie éternelle la culture chrétienne, qui est celle de nos racines européennes et plus encore françaises.

Le domaine de la religion doit être abordé avec plus de délicatesse que tout autre. Mais la question de la mort est trop cruciale pour qu’on prive les enfants de la réponse chrétienne, a fortiori dans notre monde occidental.


La mort et l’espérance chrétienne

La mort biologique ne signifie pas la disparition de la personne humaine. C’est l’espérance chrétienne qui fait vivre des millions de personnes et fait partie d’une révélation. Sans anesthésier la douleur, cette espérance l’apaise en profondeur.


Pour conclure

Que l’on s’en inquiète ou que l’on cherche à se les masquer, les grandes interrogations sur la mort et son après, sur l’origine de l’homme et de toute la création, sur le mal commis et le mal subi, sur le malheur, ne peuvent manquer de se poser à nos enfants, et beaucoup plus tôt que nous ne le pensons.

Ils ont besoin que leur soient transmises des réponses à ces interrogations.


CONCLUSION GÉNÉRALE

Il ne faut pas se faire une montagne du rôle d’éducateur.

Encore moins culpabiliser de ne pas voir à court terme les effets de notre action.

Nous n’avons pas d’obligation de résultats, mais nous avons une obligation d’action éducative.

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