Le rôle du scoutisme dans l'éducation

De Salve Regina

L'éducation des enfants
Auteur : François Villars, ancien chef scout.
Source : Extrait du Cahier Saint Raphaël n° 63 - Tu seras un homme
Date de publication originale : juillet 2001

Difficulté de lecture : ♦ Facile


« Je ne comprends pasrépète cette pauvre mamannous l’avons pourtant envoyé dans les meilleures écoles catholiques… en acceptant de gros sacrifices financiersTout ça pour qu’il nous fasse ça ! (chacun peut voir ici une des calamités qui s’abattent sur nos jeunes).

Ce père paraît moins dépité mais son amertume est pourtant bien réelle.

Il se rend bien compte que ses grands enfants, sans pour autant perdre la foi, n’ont pas la flamme : Vêtement de marque, soirées fréquentes, vie facile, goûts de luxe, mimétisme social… Pour eux aussi tout a été fait au mieux, sans souci des privations. Si encore ils avaient du caractère ! Mais non, en fait ils sont mous et ne semblent accepter de s’imposer quelque chose que pour atteindre des futilités.

Qui pouvait prédire une telle évolution ? Jusqu’à 10-12 ans ces chers enfants étaient plutôt appliqués à l’école, attentifs au catéchisme, recueillis à la messe, (assez) obéissants à la maison. Alors que le meilleur leur a été systématiquement apporté, Pourquoi donc est survenue cette déviation à l’adolescence, déviation qui n’a fait que s’accentuer depuis ?

Autrefois…

Un enfant n’est pas un adulte en miniature. De manière générale, cette évidence est correctement intégrée dans bon nombre d’activités qui règlent la vie de ces chères têtes blondes. Et pourtant là où la différence est la plus marquée, dans le domaine du psychisme, l’essentiel semble ignoré. Il suffit d’acheter une nouvelle machine à laver pour s’en apercevoir : tandis que le nouvel appareil n’est pas encore installé, les enfants ont fait main basse sur le grand carton d’emballage et, à bord d’on ne sait quel engin, partent à l’aventure par la seule puissance de leur imagination. Plus le support de leur jeu est pauvre et plus ils excitent la créativité de leur imagination. De la même manière, on remarque qu’ils ont besoin de règles communes, de lois à transgresser (sauter sur les matelas), de punitions, de petits drames.

Autrefois personne n’avait pris la peine de se pencher sur cette réalité toute particulière aux enfants : les collèges étaient stricts, les patrons durs avec leurs apprentis, les parents sévères avec leurs enfants. Les résultats au regard des moyens mis en œuvre pour l’éducation des enfants semblaient pourtant meilleurs que ceux obtenus de nos jours par des parents qui font tout ce qu’il faut pour leur progéniture. Pourquoi en était-il différemment autrefois alors qu’il n’y avait aucune connaissance du psychisme de l’enfance ? Pour comprendre ce qu’il y avait autrefois (sans chercher à préciser une période) et qui semble avoir disparu de nos jours, portons-nous par l’esprit dans un de ces villages ou gros bourgs de la France rurale.

Les gamins sitôt libérés de l’école et des tâches de la ferme ou de l’atelier se groupaient en bandes sans réelle distinction d’âge. Il y avait un chef, et souvent une bande rivale. La pauvreté matérielle de cette bande formait sa réelle cohésion. De l’imagination naissait l’aventure. On chapardait des planches dans l’atelier du menuisier et des pieux de clôture sur le territoire de la bande rivale pour se construire un repaire secret dans les bois, de préférence dans un arbre. Un projet de carriole pour descendre à fond de train le raidillon de la butte aux ânes ? Une visite discrète à l’atelier du forgeron sous la couverture de guetteurs anxieux. Bien souvent cela se finissait par une course effrénée dans les ruelles du village en serrant fort sur sa poitrine le bout de ferraille ou la poignée de tire-fonds qui permettrait d’achever le bolide. Vélo « récupérés », bricolages sauvages, squats dans les bois, braconnage au nez du garde-chasse, baignade illégale dans l’étang du château. voilà le programme de la bande dont les membres se prêtaient régulièrement des serments à la vie à la mort. De la même manière, l’appartenance à une famille ou à un village était un sentiment très fort. A la foire du bourg. il ne fallait pas se frotter aux gars de Locminé ou aux gars des Arbois.

Par ailleurs les adultes n’hésitaient pas à confier aux jeunes d’importantes responsabilités : conduire des d’attelages, mener les bêtes aux prés, plus tard conduire le tracteur ou la machine, chasser avec une arme à feu etc.

Je me rappelle mes propres virées au Pays de Thelle. Avec nos cousins, nous sillonnions la campagne sur nos vélos à la recherche de granges sans surveillance. Une fois les vélos cachés dans les maïs ou les blés, la forteresse était investie. Avec les bottes de paille nous nous construisions de véritables citadelles et pendant plusieurs jours nous vivions de véritables aventures. Souvent nous étions découverts et le propriétaire armé d’une trique ou d’un fusil nous délogeait avec force jurons. C’était alors la fuite éperdue par les chemins creux, dans le lit des ruisseaux pour ne pas laisser d’odeur (à cause des chiens). Souvent, pour retourner à la maison, nous faisions des détour énormes afin de contourner d’hypothétiques barrages de gendarmes. Une autre de nos activités préférées consistait à visiter les clochers. Ces lieux étaient extraordinaires, nous y trouvions de véritables trésors. Les sacristains en retirant les échelles ou en verrouillant les portillons pensaient en avoir interdit l’accès. Las ! Il en fallait plus pour arrêter des garnements comme nous.

Il faut bien comprendre que ces jeux d’enfants sont indispensables pour former le caractère. L’enfant y vit ses premières vraies émotions, il affronte le risque et la punition, il tâte les interdits, réalise ses projets, magnifie la réalité par le pouvoir de l’imaginaire et accepte la discipline du groupe. C’est au cours de ces aventures qu’il accepte d’être mouillé, d’avoir froid, d’avoir faim, de vivre avec sa peur. Comme la bande vit dans le dénuement le plus total car elle n’est pas du tout sponsorisée par les adultes, la moindre prise devient un véritable trésor.

Des personnalités inachevées

Malheureusement cette époque est révolue non pas à cause des contrôles, des normes ou de la technique, mais parce qu’il n’est plus possible de laisser courir les gamins seuls dans là campagne. En ville, c’est encore pire, il y a trop de déséquilibrés sans surveillance, trop de risques liés à la circulation.

La religion a besoin d’une base saine pour se développer harmonieusement et donner du fruit. Un bon chrétien est d’abord un homme accompli, bien dans sa tête et bien dans son corps. Sans une base humaine saine et équilibrée, la piété, la vertu, les sacrements ne réalisent qu’une cité aérienne, un monde dans les nuages au lieu d’être enraciné dans le réel.

Les parents catholiques d’aujourd’hui n’hésitent plus à placer leurs enfants dans les écoles catholiques traditionnelles. Ces mêmes enfants ont la chance de vivre dans des familles stables et unies dans lesquelles ils reçoivent l’affection dont ils ont besoin. Les bons abbés leur enseignent le catéchisme, les incitent à la piété, les font vivre des sacrements. Tout cela est bel et bon mais insuffisant, rien ne va former la personnalité humaine de ces enfants ; ils risquent fort de rester mous, malléables et conformistes. Plus tard l’enchaînement logique de la vie conduira les plus faibles d’entre eux au mensonge, à la fausseté, à la dissimulation et à l’appétit de la jouissance.

Si nous retournons dans notre campagne de tout à l’heure, que voyons-nous aujourd’hui ? Il y a les mêmes bandes c’est certain. Mais chacun a son scooter dernier cri, un baladeur voire un téléphone portable et l’accoutrement global des jeunes. Chez eux il y a la télé, le satellite, le DVD, le PC, la chambre individuelle… Mais ce qu’ils ont surtout c’est un ennui prodigieux de la vie. Ils ne font rien et pourtant ils ont tout. Dans les villes, nous observons à peu près le même phénomène. Si nos jeunes ne sont pas structurés, si leur caractère n’est pas formé pendant leur adolescence, ils seront pareils à la masse. Extérieurement ils sembleront différents et pourtant l’inclinaison de leur âme sera celle de la masse à laquelle ils chercheront à ressembler de manière inavouée.

Par ailleurs, je suis toujours surpris quand je vois de grands adultes, dans le cadre de leur entreprise, se lancer dans des activités « d’aventure » et s’enthousiasmer : stage de radel, saut à l’élastique, raid machin, etc… Il est évident pour moi que ces personnes qui semblent pourtant compétentes dans leur travail sont inachevées sur le plan humain, elles n’ont pas vécu de véritable enfance. Cela a forcément des conséquences sur le plan professionnel, mais c’est difficilement quantifiable. Il est un indicateur extraordinaire qui prouve à quel point le tissu humain tend à se déliter un peu partout. Les entreprises dont le but est de gagner de l’argent ne donnent pas dans l’irréel ou l’idéologie ; pour obtenir de leurs salariés de bonnes performances les directions des ressources humaines n’hésitent plus à investir dans des formations lourdes dont les intitulés sont évocateurs : Ecouter l’autre, La négociation raisonnée, Conduire son équipe, Communiquer avec sa hiérarchie, Les clés de la motivation, Vivre ensemble, Préparer sa retraite…

La société actuelle n’achève plus les individus, elle ne forme plus de véritables hommes et de véritables femmes. Et ce n’est pas en plaquant sur ces êtres inachevés un vernis de religiosité que des parents catholiques vont pouvoir éduquer réellement leurs enfants. Il faut autre chose.

Actuellement il n’y a guère que le scoutisme qui puisse aider ces parents.

La réponse du scoutisme

On pourrait ici déployer la théorie et la pratique du scoutisme mais quelques éléments suffiront amplement. Chacun sait comment Baden Powell qui était un grand observateur de la nature humaine a eu l’inspiration géniale du scoutisme sur le tard de sa vie en organisant et structurant des bandes de jeunes en Angleterre. En cela il appliquait en temps de paix ce qui avait fonctionné à merveille avec les jeunes en temps de guerre (guerre des Boers en Afrique du sud).

Le scoutisme apporte une identité sociale à l’adolescent qui a désormais conscience d’appartenir à un groupe dont il partage les valeurs, les aventures et les rêves. L’uniforme joue un rôle important, le foulard surtout. Il y a une loi, un chef et une hiérarchie qui produisent autorité et protection. Il faut se frotter aux autres et tenir sa place.

Ce même chef à peine plus vieux que les jeunes qu’il dirige propose de véritables aventures dans un climat de pauvreté matérielle qui est extrêmement important. Il faut comprendre par pauvreté matérielle, l’absence de technique sophistiquée. Tous ces éléments techniques contemporains sont omniprésents et omnipotents, ils assèchent très rapidement l’imagination, cultivent l’imprévoyance, réduisent l’initiative et amollissent le corps. Pour simplifier, un scout doit savoir-faire face à toutes les situations à l’aide d’un lasso, d’une scie, d’une machette et d’un poncho (il a en plus un sac à dos léger)

Par exemple prenons une activité au puissant goût d’aventure : la descente de rivière. La richesse technique consiste à louer des canoës ou des rafts avec des pagaies ergonomiques et légères, la solution pauvre consiste à récupérer (tous les moyens sont bons) des chambres à air, de les réparer et à l’aide de perches de se construire un radeau. Les pagaies sont taillées dans des dosses. Dans le premier cas c’est la solution club d’activité, accessible à tous ceux qui veulent profiter d’émotions standardisées sans effort (en payant), la deuxième solution est pour les scouts (ou assimilés) elle excite l’imaginaire, façonne le caractère et prédispose pour l’avenir à un style de vie en accord avec les exigences de l’Evangile. Par ailleurs on remarque qu’un certain dénuement resserre les liens d’estime et d’interdépendance entre les membres d’une bande (ou même d’une famille) tandis qu’une vie trop facile fabrique immanquablement des ingrats.

En milieu scout, l’adolescent aura l’occasion de faire ses preuves et de devenir un cador en plusieurs domaines. Je connais des scouts de 16-17 ans qui auraient pu en remontrer à n’importe quel militaire en topographie et en orientation. D’autres sont réellement doués pour se construire au camp toutes les commodités domestiques uniquement à l’aide des ressources de la forêt (technique du forestage). Cette confiance en soi est extrêmement importante pour le garçon, elle contribuera à ne pas le faire hésiter ou reculer devant des engagements importants.

Le terrain d’action des scouts se situe naturellement hors des villes, dans des lieux aussi sauvages que possible. Or tous savent que la vie à la campagne est dans tous les domaines naturellement plus saine que celle de la ville. Le jeune évolue dans le cadre voulu par Dieu pour l’homme et si la vie semble y être plus rude, ses dangers y sont bien moindres qu’à la ville.

A la troupe, l’adolescent doit prendre des responsabilités qui correspondent à son niveau décisionnel et il va devoir les assumer sans faux-fuyant. Dans le cas d’un raté, la sanction n’est jamais bien lourde, elle consiste souvent à avoir le ventre vide, être mouillé, avoir froid ou encore être momentanément perdu.

Enfin, par le scoutisme, l’adolescent n’hésite pas à se défouler et faire le fou avec sa bande. Il n’est coincé ni par le regard de ses parents ni par celui des filles. Cela contribue fortement à son assagissement futur. Ce gars-là dès 22-23 ans aura véritablement une histoire dont il sera fier. Il pourra tourner la page et passer sans complexe et sans regret à sa vie d’adulte.

Le scoutisme est-il trop naturaliste ? Certes, c’est une objection recevable. On pourrait même affirmer qu’il pourrait avoir par certains aspects une tendance païenne ou panthéiste. Il convient donc de rester vigilant. En revanche, de nos jours, je ne connais pas de meilleur moyen pour développer la base humaine indispensable à tout chrétien. A mon avis, pas de solution vraiment bonne sans risque. Le zéro risque ça n’existe pas.

Quel scoutisme ?

Les attaques récentes des médias et du gouvernement envers plusieurs mouvements de scoutisme à tendance traditionnelle peuvent nous éclairer. Les ennemis de Jésus-Christ ont un flair infaillible et savent d’instinct qui et où frapper. Faisons-leur confiance et évitons donc absolument les mouvements de scoutisme réformés. Je ne veux donner ici aucun nom de mouvement car là ne se situe pas l’important. En revanche aux parents qui souhaiteraient que leurs enfants vivent l’aventure scoute, je donnerais les conseils suivants

  1. Le scoutisme est une activité de proximité. Celle-ci doit se passer plutôt dans la ville ; les contacts avec les autres scouts doivent être si possibles quotidiens. Si l’enfant est pensionnaire dans un collège l’idéal est de pouvoir créer une patrouille libre ou une troupe au sein même de ce collège.
  2. Evaluer le chef de troupe. (Ou le chef de patrouille). C’est lui qui va donner le style à son unité. Dans tous les cas ce doit être un garçon équilibré, il a fait ses preuves (c’est donc un scout qui a grandi), il est entreprenant et il réalise ses projetsOn doit nettement sentir en lui le désir de vivre encore des aventures. Je pense qu’en général les parents conçoivent difficilement la résultante positive qu’un bon chef peut avoir sur l’évolution de la personnalité de leur enfant. L’époque de l’adolescence est cruciale.
  3. Adultes discrets. Les mouvements de scoutisme, pour des impératifs réglementaires, ont besoin d’adultes qui structurent cette activité (ce sont souvent des chefs de groupe). S’ils sont indispensables, ils ne doivent pas être omniprésents et doivent s’effacer au maximum pour laisser s’opérer la dynamique de la bande. C’est actuellement la grande plaie du scoutisme « l’interventionite » aiguë de ces adultes (qui la plupart du temps n’ont pas eux-mêmes été scouts) favorise l’ascension des mous et des médiocres et démotive les jeunes chefs de valeur.
  4. Pauvreté. On se méfiera des unités avec trop de spécialisation : Scouts équestres, scouts alpins, scouts canoë… Ces spécialisations entraînent d’abord des dangers accrus et des risques qui sont souvent hors de proportion au regard de la perception des enfants. Elles impliquent aussi la possession de matériels coûteux. Vraiment à éviter car ces sports dénaturent profondément l’aventure vécue par les enfants. Le plaisir disparaît en même temps que l’imaginaire et c’est par l’imaginaire que se bâtissent les caractère. d’hommes équilibrés. En outre dans un climat de pauvreté, les enfants apprendront naturellement à vivre dans la joie et la simplicité. D’instinct ils aimeront ce qu’aimait le Christ et la religion ne leur sera jamais pesante
  5. Un mouvement vraiment catholique ? Au risque de choquer j’affirme que ce n’est pas le problème essentiel. La réponse du scoutisme n’est pas d’apporter le catéchisme et les sacrements mais bien d’offrir une structure pour que vos enfants vivent pleinement leur enfance. Or aujourd’hui il n’existe pas vraiment d’autre solution. Souvent se pose le dilemme suivant : à proximité une troupe religieusement bancale voire pratiquement indifférente à la religion contre un scoutisme religieusement correct à 100km… si le choix se pose ainsi prenez la troupe proche (voir §1). Si toutes les conditions sont remplies le risque pour la foi de vos enfants est presque nul. Si le scoutisme de la troupe choisie est vraiment bon, il ne fera pas obstacle à leur esprit chrétien et vous n’aurez aucune difficulté à compléter la formation religieuse. Vos enfants apprendront alors une vérité qui leur servira dans la vie : un bon chrétien est toujours accepté s’il est excellent dans son domaine.
  6. Respecter son engagement. L’enfant qui s’engage chez les scouts doit participer à toutes les activités. Sinon il ne s’intègre pas à la bande et perd le bénéfice qu’il pourrait en retirer. C’est là un sacrifice de plus qui est souvent demandé aux parents. Je peux non seulement assurer qu’il est payant à court et long terme mais qu’en plus il restaure la profitabilité de tous les renoncements auxquels les parents ont déjà consenti.

La pratique du scoutisme, il est vrai, semble plus complexe de nos jours qu’il y a 10, 20 ou 30 ans. Pourtant il n’y a pas encore de policier à chaque croisement ni de contrôleur derrière chaque arbre et il reste encore suffisamment d’espace de liberté, de solutions inédites, d’imagination et de bienveillance dans la population pour vivre encore de belles aventures. Et puis nous avons de puissants alliés : si nous vivons un scoutisme authentique, je veux dire proche des conseils évangéliques, nous aurons l’appui efficace et discret de nos anges gardiens qui raffolent de la vie dans les bois.

Courage les scouts ! Simplicité (pauvreté), bonne humeur et compétence vous ouvriront toutes les portes et tous les cœurs car si Jésus est avec vous, qui sera contre vous ?

François Villars.


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